Randonnée baie de Somme

Transcription

Randonnée baie de Somme
La randonnée du « crabe vert » (30 et 31 mai 2012 en baie de Somme)
(Par Jean-Paul Bellenger, chroniqueur-randonneur)
Notre randonnée de 2 jours en baie de Somme a, débuté le 30/05/2012 par une bonne surprise : le
remplacement de Jean-Luc par Olympe en tant que « chauffeuse de bus ».
Rien de particulier à signaler au cours de ce voyage, si ce n’est les inquiétudes injustifiées des
hommes devant la complexité d’un tel poste de pilotage confié à une innocente jeune femme et la
mise en condition des participants avant l’atterrissage en terre inconnue.
Hola ! une bien belle Somme !
Et moi je vais faire un petit Somme
Cogito, ergo Somme !!
Pique-nique rapide assis sur les murets de la plage du Crotoy avec rangement des randonneurs en 2
catégories : ceux qui randonnent à l’eau plate et ceux qui randonnent au rosé d’Anjou. Autre
dichotomie classique : ceux qui font la sieste et celles qui vont se confesser.
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Nous rejoignons ensuite nos guides à proximité des écluses, pour
constituer 2 groupes. Il faut choisir rapidement entre Jean-Valery natif du
Crotoy ("Chés matcheux d'hénons du Crotoè") et Guillaume Crotois, natif
de Saint-Valery/Somme ("Chés marchands d'carottes ed'Saint-Wary, chés
maqueux d'flets").
J’ai eu la chance de faire le bon choix et de profiter ainsi de toutes les explications botaniques,
géologiques, zoologiques, économiques, historiques, agriculturologiques et cynégétiques de
Guillaume pendant que nos collègues de l’autre groupe en apprenaient une tartine sur la vie de Jean
Valery, de sa femme et de son fils ingénieur.
3 heures plus tard, le différentiel culturel entre les 2 groupes avait atteint un tel niveau que je me
suis fait un devoir de respecter une des missions de l’UIA et de combler cet écart par ce compterendu.
1° Botanique culinaire :
Les mollières (terres molles) sont les parties végétalisées de la Baie. ... on y trouve entre autres
La Salicorne :
Aussi appelée Passe pierre.
Ses tiges sont croquantes et
salées et se dégustent crues,
cuites, au naturel ou en
condiment.
Le cranson du Danemark
Les fleurs qui se dégustent
dans une salade ont un
gout piquant qui rappelle
celui du raifort.
Les oreilles de cochon :
Elles accompagnent à merveille
l'agneau de prés salés, mais
elles peuvent aussi être
consommées crues.
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L’arroche astée : On en fait
d'excellentes salades.
L’Obione faux-pourpier:
L'obione est le seul arbuste qui pousse dans la baie. Ses feuilles qui
ont une saveur agréable et salée peuvent se déguster crues ajoutées
dans les salades. Mais on en fait aussi de délicieuses chips que l'on
sert à l'apéritif. A l’attention de Josette qui en a ramené une botte
dans le double fond de son sac à dos : ne pas confondre les chips
d’obione avec le chite d’opium !!
L’armoise ou absinthe maritime :
Jules Verne en aurait consommé pour écrire « 20000 lieux sous
les mers » ici au Crotoy
2° Les oiseaux de la baie (ceux que nous avons rencontrés) :
Chevalier gambette :
Cigogne blanche :
Spatule :
Avocette :
Canard col vert :
Tadornes de belon :
Cygne tuberculé :
Mouette rieuse :
Autres occupants invertébrés: les Nereis diversicolor (ou
Gravette), utilisés comme appât par les pécheurs, récoltés et
expédiés ensuite à Ranville(14) chez Normandie appâts,
première marque mondiale dans la distribution des vers de mer
vivants pour la pêche. Cocorico !!
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3° Les moutons de prés-salés de la baie de Somme :
D’une qualité gustative presque comparable au mouton de pré-salé du mont saint-michel, ils sont
plus de 3000, répartis sur 4 lots de pâturage pour 8 bergers.
Mais je laisse la parole à l’un d’eux qui a égaré une lettre à sa maman lors d’une sortie scolaire :
4° La chasse en baie de Somme :
Il y a 3 techniques de chasse : « à la botte » (à pieds), « au hutteau » (le chasseur creuse un genre de
cercueil dans le sable pour guetter le gibier), « au gabion ».
Le gabion est une sorte de garçonnière placée devant une pièce d’eau. Pour attirer le gibier, on place
sur la mare de faux oiseaux et on imite leur chant avec des appeaux (genre de sifflets).
Autre stratégie : avec des vrais oiseaux chanteurs (chanteuses, ½ cri et court cri), sans doute lestés
avec des parpaings de 50 pour les empêcher de partir (le chasseur est fourbe …) ;
Le chasseur qui rate le gibier et dégomme ses appelants est un mauvais chasseur…
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Ci-dessous, la photo d’un gabion flottant (pour suivre le niveau de l’eau), maintenu dans sa cavité par
des câbles en acier.
Arrête de tirer sur les moutons !! On t’a dit « les canards
seulement » ..Oui les trucs verts avec 2 pattes
« C’est le petit vin blanc qu’on boit …
Vous connaissez celle du crabe vert ?
He oui … parfois, le chasseur est un peu « beauf »
Lors des très grandes marées, des canards « limicoles » facétieux coupent les câbles et les caissons
flottants dérivent parfois très loin (j’en ai vu des gros à Arromanches). Ouf ! Le chasseur est parti !!
(vous l’avez compris …je n’aime pas beaucoup la chasse)
Pour les très très curieux, je n’ai pas parlé des écluses, de la Somme navigable, des maisons des
armateurs et des courgins à Saint-Valéry qui n’est plus un port de pêche aujourdhui, des bateaux
baliseurs, ni des palplanches, ni des digues de rencloture. Vous trouverez tout cela sur de très bons
sites internet :
http://www.baiedesommeautrement.net/
ou
http://www.tourisme-crotoy.com/
Nous arrivons au gîte de Cayeux/mer à l’heure prévue et nous installons nos bagages dans les
chambres selon la répartition en sixaines et en patrouilles prévue par Chef Jean-Claude.
Je fais partie de la patrouille des bigorneaux avec
Michel et Roger (chambre Qi22 … c’est un peu vexant
mais les moules sont dans la chambre Qi20). Le vrai
bigorneau s’appelle en fait Littorina littorea et dans le
langage populaire : vignot, borlicoco, caricole,
guignette, borgau ou littorine (pour se limiter aux
appellations francophones) et ¥πβ☺
☺£ en grec
ancien ; tout cela pour en « boucher un coin » à tous
ceux qui ne voyaient dans le bigorneau qu’un bout de
pneu rance dans une capsule en plastoque.
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A 18 h30, rendez-vous apéro « marquisette ». Ceux qui avaient préféré le rosé à l’eau plate lors du
piquenique continuent sur la même trajectoire …
…. et se retrouvent à la même table pour le repas; les carafes ne contiennent que de la grenadine et
du jus de fraise. Cette sobriété surprenante s’explique par le thème de la discussion choisie pour
animer le diner : « Anatomie comparée de l’homo erectus calvadicus et du carcinus maneas » (nom
vulgaire : crabe vert) conférence animée par le professeur Dalheine de l’université Santa Clara
d’Hérrrroubil’. Les débats ont été très animés (selon les tables voisines) et, en fonction d’une
particularité anatomique du crustacé, nous en avons conclu (nos amies randonneuses surtout) que
même Albert Einstein, Barack Obama ou Johnny Haliday étaient tous ½ moins bien pourvus que le
Carcinus en nombre d’organes reproductifs.
Après le repas, nous sommes passés au salon : digestifs et cigares pour les uns, verveine
déverveinisée et camomille light pour les autres. Puis nous rejoignons nos chambres pour un repos
bien mérité et pour tenter de dormir un peu après la fin des conversations de nos voisines bulottes ….
Vers 2h30 du matin.
J’ai promis de ne pas en dire plus sur les allées et venues
incessantes de la nuit. Pour la paix des familles, Bernadette a
obtenu la destruction des enregistrements du système de
vidéosurveillance des couloirs et je n’ai pu sauver qu’une seule
image de l’oubli.
Le petit déjeuner était prévu à 8h ; les 1° arrivés ont découvert Jean-Claude endormi en chien de fusil
sur un petit divan inconfortable du hall d’entrée. La seule explication qu’il a pu fournir (serrure de sa
chambre hors service) ne nous a pas convaincus.
D’ailleurs, lorsque nous sommes passés prendre au casino le verre de fin de rando, nous avons tous
remarqué que le directeur, le croupier et les entraineuses lui servaient du « monsieur Jean-Claude »
par ci, « monsieur Jean-Claude » par là ….. Sans équivoque.
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Au programme de la matinée, une ballade en petit train à vapeur autour de la baie « comme jadis » :
des sièges en bois verni de 3° classe, des fenêtres ouvrantes pour profiter des escarbilles, 18 km/h en
vitesse de pointe.
Et un contrôleur jovial
équipé d’une vraie pince
à poinçonner. Ici, nous
venons de lui raconter le
débat de la veille sur la
reproduction du crabe
vert en baie de Somme :
Après le déjeuner au gîte de Cayeux, la dernière ballade
du périple nous amène à traverser des chantiers
d’extraction de sable et de galets. Nous n’avons pas le
temps de visiter ; nous ne rentrerons donc pas chez
nous avec des sacs d’échantillons que nous aurions pu
offrir à nos épouses pour la fête des mères.
La fin du parcours est la plus difficile : le vent
sablonneux s’engouffre face à nous entre les rangées
de dunes hostiles. Une randonneuse prévoyante
affronte les éléments déchainés à l’abri de son tchador
d’apicultrice.
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Notre descriptif de rando annonçait la présence possible de phoques ou de veaux marins (race
charolaise) dans cette partie de la baie.
Seuls quelques randonneurs attardés ont eu la chance d’apercevoir côte à côte, un phoque et un
veau au loin sur le sable,
Après grossissement, il apparait
que les 2 impétrants se sont
cachés derrière 2 touffes de
choux fleurs de mer.
Compte tenu des relations privilégiées qu’il a su créer avec le personnel du casino, c’est dans cet
établissement que Jean-Claude nous propose de terminer l’après-midi avant le retour sur Caen.
Musique à fond, boules à facettes en action, les faisceaux laser s’entrecroisent au-dessus de nos
têtes, les lampes stroboscopiques flashent nos chaussettes blanches au rythme d’une zouk kizomba
endiablée.
Soudain, Olympe pianote sur sa calculette : « H arrivée – H départ – pause + D/V * 1,609 = départ
dans 5 minutes ou bien arrêt obligatoire de 3 h à Dozulé ».
Nos 2 anges gardiens enfilent diplomatiquement des mitaines sur leurs blanches mains et vont
cueillir les ouailles égarés : 15 derrière les « bandits manchots », 9 au studpoker, 12 à la boule, 5 au
Blackjack, 2 au Baccara et les poussent dans le bus.
Nous arrivons sans soucis au parking Ibis à 21 heures, heureux de ces 2 jours de partage et de
découvertes, juste au peu déçus de ne pas avoir rencontré le personnage éponyme de cette
randonnée dont j’ai trouvé une photo sur le net :
Non, ce n’est pas « le curé de Picardie »
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