Chap. 24 CONTRASTES ENTRE INDUSTRIES DU TIERS

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Chap. 24 CONTRASTES ENTRE INDUSTRIES DU TIERS
Chap. 24 CONTRASTES ENTRE INDUSTRIES DU TIERS-MONDE ET INDUSTRIES
DES PAYS DEVELOPPES. L’INEGALE REPARTITION DE L’INDUSTRIE DANS LE
MONDE
- Comparer la production industrielle des pays industrialisés et émergents avec celle des pays
en développement.
- Comparer la gamme des industries dans ces différents groupes de pays.
- Comparer les facteurs de production industrielle dans ces différents groupes de pays.
INTROUCTION
Aujourd'hui, on ne distingue plus entre pays riches et pays pauvres, ni entre un monde
développé et des pays du tiers-monde, distinctions qui furent, pendant longtemps utilisées
pour décrire la coupure entre les situations des divers pays de la planète. La principale1
distinction se fait désormais entre pays avancés (comme les Etats-Unis, la France, le Japon ou
l'Allemagne), les pays émergents2 (comme la Chine, l'Inde, la Roumanie ou le Brésil)3 et les
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Une autre distinction à vue le jour et consiste aussi à classer les pays en trois catégories: pays à revenus élevés,
pays à revenus intermédiaires et pays à revenus faibles. Cette distinction est utilisée, par exemple, par la Banque
mondiale. Elle permet de toucher plus près la réalité de la vie quotidienne des habitants. Cela n'empêche pas,
néanmoins, des pays comme la Chine, l'Inde ou la Russie, qui ne sont pas dans les pays à revenus élevés, de
compter chaque année de plus en plus de milliardaires en dollars...
2
Les pays émergents sont des pays en développement présentant un fort taux de croissance du PIB, un niveau
relativement élevé d’industrialisation et d’exportation de produits industriels, un fort taux d’ouverture à
l’extérieur et un marché intérieur en expansion. Le taux de croissance très fort des pays émergents leur
permettent, petit à petit, de combler une partie de leur retard par rapport aux pays avancés.
Quatre de ces pays émergents, le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine, disposent d’un formidable potentiel de
développement. C’est pourquoi un économiste de la banque Goldman Sachs, Jim O'Neill, et son équipe ont créé
pour les désigner un nouveau mot : les BRIC, constitué à partir des initiales de ces quatre pays. Depuis, le
concept est passé dans le langage politique et économique courant et en mai 2008, les quatre pays en question lui
ont donné vie sous forme d’une association informelle qui se réunira pour discuter de leurs problèmes communs
et de leur coopération.
Depuis avril 2011, le Bric est devenu le Brics (S pour South Africa) avec l'entrée dans le club de l'Afrique du
Sud lors du sommet de Sanya en Chine.
Mais plusieurs experts ont émis des réserves sur la cohérence de ces deux groupes, notamment de la présence de
la Russie qui n'aurait pas les mêmes critères de développement que les trois autres et une croissance nettement
moins élevée. Ainsi, certains ont proposé un club sans la Russie mais avec l'Indonésie (Bici) ou avec l'Afrique du
Sud (Bics, S pour South africa). D'autres ont gardé la Russie dans le club mais y ont intégré l'Indonésie (Brici)
ou l'Afrique du Sud (Brics) ou les deux (Bricis). D'autres, encore, préfèrent parler d'un club de trois, plus
cohérent, BIC (Brésil, Inde, Chine)
En outre, les membres du Brics ont pour l'instant des intérêts communs mais beaucoup d'intérêts divergents qui
devraient monter en puissance dans les années à venir. Du coup, il est à prévoir, à terme, que ces derniers
l'emporteront sur les premiers et disloqueront ce club ou, tout au moins, en feront une association aux liens très
lâches.
3
Mexique, Brésil, Argentine, Venezuela, Colombie, Chili, Pérou, Chine, Corée du Sud, Inde, Taïwan, Indonésie,
Thaïlande, Hong Kong, Malaisie, Pakistan, Philippines, Singapour, Russie, Turquie, Pologne, République
tchèque, Hongrie, Afrique du Sud, Egypte, Israël, Arabie Saoudite. Cette liste regroupe tous les pays qui sont
qualifiés d’émergents mais dont la qualité d’émergents n’est pas reconnue par tous. C’est le cas, notamment, de
l’Egypte, du Pérou, du Pakistan, des Philippines qui ne sont pas considérés par tous les spécialistes du
développement comme ayant une économie émergente. A contrario, Hong Kong, la Corée du Sud, Israël et
Singapour sont plutôt considérés par certains économistes comme faisant partie des pays avancés aux économies
développées.
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pays en développement (comme le Burkina Faso, le Laos, le Soudan ou Haïti). Bien sûr, les
différences sont grandes à l'intérieur même de ces catégories et les passages de l'une à l'autre
possibles. Au sein de ces différents groupes de pays, l’industrie n’a pas la même importance,
en termes de production, de gamme d’industries et de produits manufacturés et en termes de
facteurs de production.
I- UNE PRODUCTION INDUSTRIELLE INEGALE : UN DECLIN DES PAYS AVANCES
ET UNE PROGRESSION DES PAYS EMERGENTS
En 1964, la part du tiers monde dans la production industrielle mondiale était de 8%. Elle est
passée à 10% en 1980, 13% en 1987 (Chine incluse) et était supposée avoisiner les 20% en
2000. Avant les années 2000, les deux tiers de la production industrielle provenaient des pays
industrialisés à économie de marché (Amérique du Nord 25% ; CEE 25% ; Japon 14% et
autres 3%).
En 2000, les pays émergents représentaient 35% de la production industrielle mondiale. En
2009, et selon une étude d’Euler Hermès, la part des pays émergents dans la production
industrielle mondiale était de 52%. Sur la même année, l’Europe et les Etats-Unis sont passés
de 40 % à 18 %.
De plus en plus d'experts estiment que la Chine ne devrait plus faire partie des pays émergents. Ils soutiennent
que sa croissance au cours des trente dernières années et sa position de deuxième puissance économique
mondiale
cadre
assez
mal
avec
un
statut
de
pays
émergent.
Ils ajoutent que l'une des raisons de la volonté de la Chine de refuser la qualification de pays avancé vient de ce
qu'elle peut ainsi refuser encore d'assumer les responsabilités qui découlent de cette qualité, tout en utilisant sa
puissance économique pour faire valoir ses intérêts, comme le font les pays avancés...Les Chinois - qui tiennent
fortement à ce statut - répondent que leur PIB a beau être le deuxième du monde, il n'en reste pas moins vrai que
le PIB par habitant est encore très bas et que le nombre de pauvres se comptent toujours par centaines de
millions, notamment dans les zones rurales.
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Sur la période 2010, au niveau des principales zones industrielles mondiales, les USA et la
zone euro restent sur une trajectoire positive même si en septembre et octobre, le mouvement
de hausse s’est sensiblement ralenti. En revanche, la production au Japon corrige fortement
depuis la fin du printemps. Elle a déjà baissé près de 5 %. Dans le même temps, la progression
de l’industrie de l’Asie émergente permet de compenser ce mouvement, avec une hausse
toujours très vive sur les derniers mois (+1,5 % sur le mois en octobre).
Au final, l’évolution de la production industrielle mondiale souligne la divergence entre
pays développés et pays émergents. Il semble que le Japon soit dans une récession
industrielle. En revanche, les industries des pays émergents, en Asie mais aussi en Europe de
l’Est, sont toujours sur des rythmes de croissance soutenues.
La Chine est un exemple frappant de l’émergence des pays asiatiques. Elle est parvenue, en
2010, à éclipser les États-Unis qui ont dominé le secteur secondaire mondial pendant un
siècle. La valeur ajoutée de la production industrielle de la Chine est estimée à 1,995 milliards
de dollars au cours de cette année, contre 1,952 milliards de dollars pour les États-Unis. Les
produits manufacturés chinois ont représenté 19,8 % de la production totale de la planète. Les
Américains se trouvent en deuxième place, avec 19,4 %.4
II- AU SUJET LA GAMME DES INDUSTRIES ET DES PRODUITS MANUFACTUTRES
Les pays riches ou avancés disposent d’une gamme complète d’industries, qu’il s’agisse des
industries de pointe ou traditionnelles, des industries légères ou lourdes, des industries de
base, d’équipement et de biens de consommation. Par contre, les pays en développement ne
sont dotés pour l’essentiel que d’industries agroalimentaires, extractives, de base. Pour leur
part, les pays émergents, anciennement appelés Nouveaux Pays Industrialisés (NPI), ont
d’abord développé des industries de main-d’œuvre à technologies simples : industries légères
essentiellement, telles que le textile-habillement, les jouets ou l’électroménager, mais
également les industries lourdes, comme la sidérurgie en Corée du Sud ou le raffinage
pétrolier à Singapour. Puis, rapidement, les NPI se sont lancés dans des productions plus
élaborées, réclamant davantage de savoir-faire et destinées pour l’essentiel aux marchés
extérieurs (informatique, électronique, construction navale, automobile en Corée du Sud,
4
La Chine détrône les États-Unis dans le secteur manufacturier, malgré le fait que la production américaine dans
le domaine ait fortement progressé en 2010 et s’est accrue de 12,6 % en valeur ajoutée. Les industries chinoises
ont connu une croissance exponentielle au cours de cette année. D’autre part, la monnaie nationale, le yuan, s’est
appréciée par rapport au dollar. De ce fait, l’Empire du Milieu est parvenu à surpasser les États-Unis qui ont
largement dominé cette branche de l’économie durant ces cent dernières années.
Les études d’IHS Global Insight démontrent toutefois que, même si la Chine dépasse les États-Unis en termes de
volume global de la production industrielle, les Américains demeurent les plus efficients dans le domaine de la
manufacture. En effet, on ne dénombre que 11,5 millions de salariés dans le secteur secondaire aux États-Unis.
Ils parviennent pourtant à produire la même valeur que celle qui est fournie par les 100 millions de travailleurs
employés par les industries chinoises.
Les analystes tablent sur une progression en valeur de la production américaine, sur le long terme, en raison des
gains réalisés sur la productivité. Le produit intérieur brut (PIB) des États-Unis est 2,5 fois supérieur par rapport
à celui de la Chine. De son côté, l’économie de l’Empire du Milieu qui est surtout basée sur les unités
manufacturières ne cessera de monter en puissance. Il occupe ainsi, au titre de l’année 2010, la place de seconde
puissance économique au monde, après les États-Unis, devançant le Japon.
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aéronautique à Taïwan et au Brésil ; ordinateurs et logiciels informatiques, chimie, énergie
atomique, télécommunications, industries spatiales en Inde).
Par ailleurs, les pays avancés ne vendent presque pas de produits primaires sur le marché
international, mais des produits manufacturés très élaborés. De leur côté et au fil des années,
les pays émergents vendent de moins en moins de produits primaires et de plus en plus de
produits manufacturés, au départ à faible valeur ajoutée, puis de plus en plus sophistiqués,
haussant peu à peu leurs capacités technologiques au niveau des nations occidentales. Après
avoir bénéficié des transferts de technologies, depuis les pays riches et par la suite
massivement investi dans la recherche-développement (2 p. 100 du PNB en Corée du Sud),
les pays émergents les plus avancés vendent aujourd’hui des technologies de pointe et
certaines de leurs firmes se classent parmi les plus grands groupes mondiaux, à l’image des
chaebols (conglomérats) sud-coréens (Daewoo, Samsung). Leurs produits inondent les
marchés et leurs exportations pèsent de plus en plus lourd dans le commerce mondial. A
l’opposé, les pays en développement ne vendent pour l’essentiel que des produits primaires
(ressources agricoles, minières et pétrolières).
III- DES FACTEURS DE PRODUCTION INDUSTRIELLE VARIES
Par facteur de production industrielle, il faut entendre tout élément qui a un impact positif ou
négatif sur la production industrielle.
A- Les facteurs de la puissance industrielle des pays riches et des pays émergents : des
facteurs historiques et favorables
Les pays riches possèdent d’énormes foyers industriels et de l’industrie la plus puissante du
monde.
Cette situation privilégiée est le résultat de la révolution industrielle du XIXe siècle marquant
le passage d’une économie de subsistance à celle de production, d’échange et de
consommation de masse. Cette révolution industrielle est liée aux progrès scientifiques et
techniques, aux changements des mentalités (séparation de l’Etat et de l’Eglise, scientisme), à
la révolution agricole, à la croissance démographique, à l’abondance des sources d’énergie
(charbon et pétrole). Cette révolution industrielle est aussi liée à l’essor du capitalisme qui se
définit ainsi :
•
propriété privée (individuelle ou collective de sociétés par actions) des moyens de
production et d’échange…
•
Libéralisme économique : « Laisser faire, laisser passer… » ;
•
Rôle décisif du marché ouvert à la concurrence selon la loi de l’offre et de la demande;
•
Orientation de toutes les activités vers la recherche du profit maximum…
•
Non intervention de l’Etat dans la vie économique…
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A ces facteurs historiques, il faut ajouter l’importance de la recherche-développement5et de
l’association universités-entreprises, ce qui donne naissance aux technopoles6.
Il en va autrement de l’industrialisation des pays émergents. Bénéficiant d’une conjoncture
favorable liée à la mondialisation de l’économie, de nombreux pays émergents (NPI) ont fait
massivement appel aux capitaux étrangers7 (américains et japonais surtout), parfois au prix
d’un lourd endettement (Brésil et Mexique notamment). Les investissements occidentaux,
attirés par une main-d’œuvre à bas salaire, ont joué un rôle important, du moins au début,
dans le processus d’industrialisation (délocalisations, créations des maquiladoras — usines
d’assemblage et de sous-traitance — mexicaines). Les NPI ont ensuite encouragé le
développement d’entreprises à capitaux nationaux, réussissant ainsi à se doter d’une industrie
puissante et dynamique qui concurrence aujourd’hui, dans de nombreux domaines, celle des
pays les plus développés : construction navale, sidérurgie, métallurgie, automobile,
pétrochimie, textile-habillement, semi-conducteurs, matériel électrique, électronique grand
public, téléviseurs, magnétoscopes, etc. Le rôle de l’État est souvent déterminant
(planification indicative pour certains, création de zones franches, mesures protectionnistes,
etc.).
B- Des facteurs défavorables dans les pays en développement
L’industrie des pays en développement est embryonnaire8. Plusieurs facteurs défavorables
expliquent cette situation.
Ils sont d’ordre humain (populations nombreuses qui accroissent les charges sociales au
détriment des investissements productifs ; faible pouvoir d’achat des potentiels
consommateurs ; main d’œuvre mal formée).
Ils sont aussi d’ordre historique (la colonisation qui a empêché le développement des
industries dans les pays dominés ; le néocolonialisme qui a instauré la division internationale
du travail).
Ils sont enfin d’ordre économique et politique (retard technique, insuffisance et mauvais état
des voies de communication, instabilité politique, corruption et détournements…)
CONCLUSION
En définitive, on voit que l’industrie des pays émergents commence à égaler celle des pays
riches alors que celle des pays en développement reste balbutiante9. Ce contraste10 a par
conséquent un impact sur le niveau de pollution industrielle.
5
Ensemble des activités visant à découvrir ou à développer des techniques, de nouveaux produits.
Nom donné à un pôle d’activités associant, sur un même site, la recherche (universités, laboratoires) et
l’industrie de haute technologie. On parle d’un technopôle lorsqu’il s’agit d’un parc aménagé à cet effet et d’une
technopole lorsque c’est la ville ou la région tout entière qui s’est spécialisée dans les industries et les services de
technologie avancée (à l’instar de la Silicon Valley, ).
7
Délocalisations ou prêts
8
Qui commence à peine à exister ou à se développer
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Qui n'en est qu'à ses débuts et montre donc des hésitations et des maladresses Exemple : une technologie
balbutiante
10
Opposition qui se manifeste par des différences très marquées.
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