Interview avec Commission en direct

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Interview avec Commission en direct
On the Agenda
Delebarre : Flamand français et Européen
L
e Français Michel DELEBARRE est le nouveau
Président du Comité des Régions de
l’Union européenne. Il a été élu le 16
février à Bruxelles. Pour le député-maire de
Dunkerque (région Nord-Pas-de-Calais), le
Comité des Régions, qui rassemble les élus des
collectivités régionales et locales des 25 États
de l’Union, a un rôle essentiel d’interface à jouer
entre les citoyens et les institutions.
M. Delebarre, quelle est votre première
réaction après votre élection à la tête du
Comité des régions ?
Je note deux choses: tout d’abord, les
quatre formations politiques se sont mises
d'accord sur un seul candidat. Et deuxièmement,
ce candidat a été élu à la quasi-unanimité, ce
qui n’était jamais arrivé. Cela traduit la
volonté réelle des membres du Comité des
Régions de s’accorder pour jouer un rôle
politique et de voir ce rôle mieux reconnu par
les différentes instances qui participent au
débat européen.
Comment envisagez-vous aujourd’hui le
rôle du Comité des Régions ?
Je souhaite que le Comité des Régions puisse
être consulté le plus en amont possible de la
rédaction des textes et surtout qu’il soit réactif,
capable de proposer très tôt des infléchissements
au nom des collectivités territoriales.
Aujourd’hui, nous travaillons mieux avec la
Commission avec qui nous avons un protocole
de coopération. Nous travaillons mieux également
avec le Parlement européen, en particulier avec
les rapporteurs. Nous devons encore avancer
avec le Conseil de l'Union européenne et le
Comité économique et social européen. Celui-ci
va être d'ailleurs associé à l'organisation des
« OPEN DAYS », la semaine européenne des
régions et des villes, que nous organisons du 9
au 12 octobre avec la D.G. REGIO de la
Commission européenne.
Par ailleurs, j’ai bien l’intention de rendre
prochainement visite aux présidents de chacune
des institutions pour parler avec eux à la fois
de ce que nous souhaitons et de la manière
dont ils voient le Comité des Régions. Pour
ma part, je pense que le Comité des régions a
un rôle d’interface à jouer: d’un côté, il doit
être capable d’apporter à ceux qui préparent
les textes européens la vision des territoires
et de ceux qui vivent sur ces territoires. De
l’autre, il doit aider les citoyens à mieux
comprendre le rôle de l’Europe. J’attache
beaucoup d’importance à cette double
responsabilité.
bibliothèque à Gaza et formé neuf bibliothécaires.
Cela donne à la ville un élan tout à fait extraordinaire.
La France élira un nouveau Président au
printemps 2007. Que vous inspirent ces
prochaines élections, première consultation
des Français après le « Non » au référendum
sur le projet de Constitution européenne ?
En France, de nombreux citoyens pensent que
les institutions européennes sont très éloignées de
leurs problèmes quotidiens. D’où l’importance
du rôle du Comité des régions dont les membres
sont des élus de terrain. Quant à la campagne
présidentielle, je souhaite qu’elle soit menée par
des gens qui sauront parler de l’avenir de
l’Europe en même temps qu’ils parleront de
l’avenir de la France dans l’Europe. Et je ne peux
pas imaginer que celui qui sera élu n’ait pas de
convictions européennes fortes. Le plus grand
défi sera, après l’Europe de la paix et l’Europe
économique dont nous n’avons pas à rougir, de
construire l’Europe sociale.
Michel Delebarre souhaite que le Comité des Régions « puisse être consulté le plus en amont possible
de la rédaction des textes » — (Photos: Comité des Régions, Klaus Hullmann).
Vous êtes élu en France dans le Nord-Pasde-Calais, une région fortement touchée par
la désindustrialisation. Comment la région
a-t-elle fait face à ce défi ?
Le Nord-Pas-de-Calais est en effet une
des régions françaises les plus exposées aux
conséquences des évolutions industrielles avec
son lot de restructurations. En vingt ans, elle a
vu s’arrêter l’exploitation du charbon — qui
représentait des dizaines de milliers d’emplois —,
la fin des industries textile et chimique, la fermeture
des chantiers navals…. Pourtant, la région a fait
face. Une conversion réussie en bonne partie
grâce aux Fonds structurels européens dont elle
a bénéficié. Reste encore à travailler pour faire
baisser les indicateurs de chômage encore trop
élevés.
Le choix de Lille comme capitale
européenne de la culture en 2004 a-t-il
contribué à redynamiser la région ?
Cela a été un rendez-vous important. Cela a
permis de mobiliser des moyens financiers et de
faire reconnaître l’agglomération lilloise comme une
agglomération qui compte à l’échelle européenne.
D’autres initiatives pourraient être encouragées
par l’Union. Je pense par exemple à la coopération
décentralisée que le Nord-Pas-de-Calais a établie
avec la Silésie, en Pologne. En apportant un soutien
à ce genre de projets, l’Europe crée les conditions
d’un développement des deux côtés. Par ailleurs, la
côte d’Opale autour de Dunkerque, Calais et
Boulogne, a mis en place un partenariat avec la
Flandre belge et le Kent au Royaume-Uni. Ce
partenariat pourrait aller plus loin si l’Europe
développait certaines structures juridiques, par
exemple comme celle du district européen, que
l’on appliquerait à ce genre de coopération. Ce
serait un pas en avant.
Que pensez-vous des jumelages ?
Moi, je préfère le terme de partenariat. Car
pour moi, l’intérêt doit avant tout être de
construire des projets de développement. Avec le
soutien de l’Europe, la Communauté urbaine de
Dunkerque a, par exemple, construit une
Dunkerque est célèbre pour son carnaval,
une tradition populaire appréciée par des
milliers de personnes. On parle souvent d’une
culture européenne des élites, mais pensez-vous
qu’il existe aussi une culture européenne
populaire ?
Je suis un Flamand français. Les Flamands
n’ont jamais appris que deux choses : bosser et
faire le fête. Et quand ils font la fête, ils la font
très bien et beaucoup : le carnaval de Dunkerque
commence début février et finit mi-mars. J’ai donc
encore 6 week-ends de fête ! Ce sens de la fête
traditionnelle, nous la retrouvons dans d’autres
Michel Delebarre a été élu à la quasi unanimité.
— (Photo : Philippe Veldeman).
régions comme en Allemagne ou en Espagne. Si
l’on pouvait forger une culture européenne de
la fête, ce serait formidable. Car faire la fête,
c’est savoir vivre ensemble. Au carnaval, personne
n’est le supérieur d’un autre. On ne sait même
plus d’ailleurs qui est qui.
> Propos recueillis par
Denis Mc Gowan et Aurélie Misery
Territorial co-operation law
A
proposed law which would allow crossborder regions to team up and provide
joint services ranging from hospitals to
civil protection emergency response units was
given the thumbs-up by the Austrian Presidency.
State Secretary for Foreign Affairs, Hans Winkler,
told the Committee of the Regions plenary session
that Austria would be "actively promoting" the
law in the Council.
The draft regulation — first mooted in an
opinion of the CoR in 2000 — was discussed by
a working party and could be in force in time
for the launch of the new generation of structural
funds’ programmes in January 2007.
Cross-border regions currently have to
arrange bilateral international treaties to provide
joint services such as healthcare facilities. One
such example is a hospital in the north-east
Spanish region of Catalonia, close to the French
border region of Midi-Pyrénées. The hospital
accepts both Spanish and French patients and is
funded by both countries.
If the proposed law, known as a European
Grouping for Territorial Cooperation (EGTC),
gets the go-ahead from the Council, such
schemes could be commonplace across the EU –
without the need for scores of separate bilateral
deals and all the red-tape that involves.
The Committee’s political objectives this
year will focus on three broad targets:
• promoting the political and citizens’
Europe
• strengthening regional solidarity
• consolidating the CoR’s political and
institutional role.
> Denis Mc Gowan
C
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numéro 394 • du 24 février au 2 mars 2006
en direct