Armées : « une gamme négociée en commun
Transcription
Armées : « une gamme négociée en commun
23 AVRIL 09 LES MARCHES HEBDO Hebdomadaire Paris 84 BOULEVARD DE SEBASTOPOL 75003 PARIS - 01 42 74 28 00 Surface approx. (cm²) : 676 Page 1/2 THIERRY LEVRIER Armées : « une gamme négociée en commun » CVEXPRESS 1976-1981 Maîtrise de droit, DEA de droit public, école du commissariat de l'air de Salon-de-Provence. 1982-2003 Alternance de postes en état-major sur le terrain (chef de soutien sur base aérienne) ou de conseiller technique à l'étranger. DECS (diplôme d'études comptables supérieures). Commissaire colonel de l'armée de l'air. Chef de projet de la réforme de l'approvisionnement des vivres des Armées. Montage de la direction des achats de la centrale d'achat de la Défense. Depuis 2004 Directeur des achats de l'Économat des Armées. HENAFF 1107579100502/GMA/AJR/3 Le commissaire colonel Thierry Lévrier est directeur des achats de l'Économat des Armées (EdA). L'établissement public a réformé le système d'approvisionnement alimentaire des restaurants militaires de l'Hexagone. LM : Sous (Intitulé « Vivres en métropole », l'Économat des Armées, promu en mars 2004 centrale d'achat de la Défense, fournit des produits alimentaires aux 340 restaurants des trois armées, terre, air, mer, des hôpitaux militaires et de trois écoles de gendarmerie. Ces vivres sont pris en charges par le prestataire logistique Stef-TFE et le transporteur Geodis. Quels sont les atouts de ce fonctionnement I Thierry Lévrier : En pratique, les gérants passent commande par un portail informatique, cinq jours avant d'être livres ou 48 heures en cas d'urgence. Logica est le prestataire informatique ; c'est le GIE STEF-TFE/Geodis qui va chercher ou se fait livrer les produits et les distribue à partir de deux plateformes principales et vingt plateformes secondaires. Il les facture au nom de l'EdA aux clients directement sur le portail avant la livraison. Ce fonctionnement a fait gagner du temps aux responsables locaux qui peuvent se consacrer davantage à la gestion de leur restaurant. Le nombre de livraisons a été considérablement diminué, les camions étant remplis, et l'économie en carburant est estimée à 1,5 million de kilomètres par an. L'achat globalisé permet de peser sur les coûts d'approvisionnement, qui sont nettement plus homogènes qu'avant. On a économisé 12 à 15 millions d'euros en séparant l'achat de vivres de leur distribution par un logisticien. Enfin, ce système permet de connaître avec précision toutes les consommations et les composantes de chaque coût, de mettre en œuvre une comptabilité analytique fine et de favoriser le contrôle de gestion. " ' LM : Les restaurants des Armées sont hétérogènes en effectifs, puisqu'ils vont de 20 DOO personnes à nourrir par jour, comme à Toulon, à une centaine de convives. Les exigences ne sont pas les mêmes. Comment satisfaire tout le monde ? T. L. : Nous sommes effectivement passés d'une multitude de produits, plus de 3 500 pour chaque armée, à une gamme unique de 1500 produits. C'est vrai qu'il y a des spécificités comme le pâté Hénaff pour les marins, des conditionnements à adapter ou des grammages plus importants dans l'armée de terre que dans les hôpitaux... Mais la gamme s'est négociée en commun en préservant certaines particularités. Par ailleurs, les statistiques de consommation et les évolutions des choix ali- LES ACHATS DES ARMÉES EN CHIFFRES L'Économat des Armées a transporté l'an dernier quelque 55 DOO tonnes de produits appertisés, frais, surgelés et boissons, pour le compte de 340 restaurants militaires, permettant de confectionner 48 millions de repas. Le chiffre d'affaires 2008 a été de no millions d'euros HT, en croissance de 25 % sur 2007. Son objectif est d'atteindre 65 % des approvisionnements, à travers une gamme unique de 1500 produits, en se concentrant sur des produits à bonne massifiEléments de recherche : cation, et en excluant dans un premier temps les fruits et légumes et la quatrième gamme. Dans le cadre de la réforme, il a laissé une marge de respiration à ses clients, afin qu'ils gardent un contact avec les fournisseurs régionaux et locaux et puissent choisir eux-mêmes leurs produits festifs ou de proximité. L'Économat vise maintenant un objectif plus ambitieux de taux de prise en intégrant les fruits et légumes et la quatrième gamme en septembre 2009. HENAFF : entreprise d'agro-alimentaire, toutes citations 23 AVRIL 09 LES MARCHES HEBDO Hebdomadaire Paris 84 BOULEVARD DE SEBASTOPOL 75003 PARIS - 01 42 74 28 00 Surface approx. (cm²) : 676 Page 2/2 DESMISSIONS ÉTENDUES mentaires nous aident à adapter cette gamme chaque année. Quant aux petites unités, elles ont plus de choix qu'avant. Elles peuvent être approvisionnées comme les grandes, par camions multitempératures, grâce à un mariage logistique serré. Elles achètent des produits du catalogue et procèdent à des achats spécifiques. LM : Sur un autre plan, celui de la prestation en restauration à l'étranger, certains prestataires comme Sodexo ou d'autres sociétés de restauration collective ne seraient-ils pas plus compétitifs ? T. L. : II s'agit en général de marchés passés à l'étranger pour l'étranger et il doit être tenu compte des conditions difficiles et complexes d'intervention, comme au Kosovo, à Kaboul ou au Tchad. L'EdA a acquis un véritable savoir-faire dans ce domaine. LM : Le ministère de la Défense veut favoriser l'accès des petites et moyennes entreprises aux marchés publia. Est-ce le cas des vivres en métropole ? Pouvez-vous citer quelques-unes de ces PME ? T. L. : Le fait d'avoir dissocié l'achat des vivres de la logistique épargne aux industriels et aux producteurs les contraintes du transport et les coûts d'élongation logistique, sans pour autant écarter des marchés les distributeurs classiques. Les fournisseurs de surgelés et d'appertisés sont choisis à prix départ, le GIE Geodis-StefTFE réalisant le transport amont au rythme d'approvisionnements hebdomadaires. En outre, dès que le volume le permet, le GIE assure la livraison directe du fournisseur aux clients ; c'est le cas pour la fourniture de l'eau. Les fournisseurs de produits frais, comme les produits carnés, livrent sur les plateformes Stef-TFE à un rythme journalier. HENAFF 1107579100502/GMA/AJR/3 Les PME qui me viennent à l'esprit ? Michaud pour le miel, Damien Dejong pour le gibier, Gel Manche en 5e gamme ; des fabricants ou des industriels également : Jean Floch pour la charcuterie, LDC Guillet et Remi Ramon pour les volailles, D'Aucy pour les légumes, à côté de grands comme Coca-Cola et Danone pour les boissons et Lactalis pour les produits laitiers. Soit 35 PME, industriels ou producteurs qui côtoient des grossistes importants comme Pomona, Pro à Pro ou Brake, pour un total de 60 fournisseurs... LM : En tant qu'établissements publics, les restaurants des Armées sont tenus de montrer l'exemple en consommant bio. Où en sont-ils, sachant que l'offre française en produits biologiques reste limitée ? T. L. : Dans le cadre du Grenelle de l'environnement, le ministère de la Défense a demande aux Armées de servir dans leurs unités militaires au moins un repas majoritairement bio par semaine. Nous avons lancé ce projet l'an dernier. A la mi-2008, notre catalogue présentait 4 articles biologiques, 20 à la fin 2008 et en compte maintenant 35. On trouve des produits laitiers, des haricots verts, des lentilles, des cuisses de poulet, du steak haché, de l'huile d'olive... La contrainte était de trouver des fournisseurs pouvant approvisionner au niveau national les quantités demandées. Des chiffres ? Je pense que nous sommes un ministère en pointe dans ce domaine. En 2008, les Armées ont acheté pour 290 DOO euros de produits bio, et plus de 150 ooo euros pour le seul mois de janvier 2009. La gamme va se densifier en septembre prochain avec les accordscadres sur les fruits et légumes, qui intégreront la composante biologique. Propos recueillis par Sylvie CARRIAT Eléments de recherche : De l'approvisionnement des restaurants militaires en métropole à la gestion globale de camps en opérations extérieures, l'EdA, centrale d'achats de la Défense, est spécialisé dans l'achat public. L'Économat de l'Armée (EdA) est un établissement public à caractère commercial, sous tutelle du ministre de la Défense. Chargé du soutien des forces à l'extérieur du territoire, cet établissement a vu en 2002 son périmètre d'intervention élargi au « soutien logistique étala fourniture de services, de denrées et de marchandises diverses aux formations militaires en France et à l'étranger » et est devenu la centrale d'achat de la Défense par un décret du 11 mars 2004. Il a deux missions principales : le soutien des forces sur le territoire national et à l'extérieur du territoire selon trois axes principaux d'intervention : - le soutien national des forces, dont la prise en compte de l'approvisionnement en vivres ; - le soutien des forces à l'extérieur du territoire ; - l'externalisation et la prestation de services (dont la restauration). Spécialiste dans le domaine des marchés publics, il a été le précurseur en matière de dialogue compétitif, et a ainsi sélectionné le GIE Stef-TFE-Geodis pour la prestation de distribution logistique des vivres en métropole. Il a été l'un des premiers à lancer les accords-cadres et est actuellement titulaire du marché de rations de combat de l'Onu, rations assemblées en Espagne, et en a vendu plus d'un million en 2008. En 2008, en dehors des achats à l'étranger pour l'étranger, l'EdA a préparé 204 consultations couvrant 463 contrats notifiés, dont dix appels d'offres ouverts pour 88 marchés majoritairement alimentaires et 103 procédures adaptées (en partie pour les opérations extérieures). Ces dernières durent, selon leur nature, entre 8 et 70 jours et 30 jours en moyenne. Les achats effectués par l'Économat des Armées ont dépassé les 250 millions d'euros en 2008. Pour 2009, une cinquantaine de consultations sont d'ores et déjà en cours. HENAFF : entreprise d'agro-alimentaire, toutes citations Voir le site http://economat-armees.com