Le Horla, Guy de Maupassant

Transcription

Le Horla, Guy de Maupassant
Classe de Quatrième
Le Horla, Guy de Maupassant
Séance 6 : Percevoir l’échec du narrateur dans sa recherche d’une explication
Les cinq premières séances ont été consacrées à l’étude de la mise en place du fantastique dans le récit. Cette
intrusion du fantastique s’accomplit de manière progressive et implacable. Le narrateur se sent possédé par un
être « invisible ». Pourtant, il cherche à comprendre.
Dans cette séance, observons la manière dont il réagit, la manière avec laquelle il tente de se ressaisir.
19 août. – Je sais… je sais… je sais tout ! Je viens de lire ceci dans la Revue du Monde scientifique : « Une nouvelle
assez curieuse nous arrive de Rio de Janeiro.
Une folie, une épidémie de folie, comparable aux démences1 contagieuses qui atteignirent les peuples d’Europe au
Moyen Âge, sévit en ce moment dans la province de San-Paulo. Les habitants éperdus quittent leurs maisons,
désertent leurs villages, abandonnent leurs cultures, se disant poursuivis, possédés, gouvernés comme un bétail
humain par des êtres invisibles bien que tangibles2, des sortes de vampires qui se nourrissent de leur vie, pendant
leur sommeil, et qui boivent en outre de l’eau et du lait sans paraître toucher à aucun autre aliment.
« M. le professeur Don Pedro Henriquez, accompagné de plusieurs savants médecins, est parti pour la province de
San-Paulo afin d’étudier sur place les origines et les manifestations de cette surprenante folie, et de proposer à
l’Empereur les mesures qui lui paraîtront les plus propres à rappeler à la raison ces populations en délire. »
Ah ! Ah ! je me rappelle, je me rappelle le beau trois-mâts brésilien qui passa sous mes fenêtres en remontant la
Seine, le 8 mai dernier ! Je le trouvai si joli, si blanc, si gai ! L’Être était dessus, venant de là-bas, où sa race est
née ! Et il m’a vu ! Il a vu ma demeure blanche aussi ; et il a sauté du navire sur la rive. Oh ! mon Dieu !
À présent, je sais, je devine. Le règne de l’homme est fini.
Il est venu, Celui que redoutaient les premières terreurs des peuples naïfs3, Celui qu’exorcisaient les prêtres
inquiets, que les sorciers évoquaient par les nuits sombres, sans le voir apparaître encore, à qui les pressentiments
des maîtres passagers du monde prêtèrent toutes les formes monstrueuses ou gracieuses des gnomes, des esprits,
des génies, des fées, des farfadets4. […] Malheur à nous ! Malheur à l’homme ! Il est venu, le… le… comment se
nomme-t-il… le… il me semble qu’il me crie son nom, et je ne l’entends pas… le… oui… il le crie… J’écoute… je ne
peux pas… répète… le… Horla… J’ai entendu… le Horla… c’est lui… le Horla… il est venu !…
Le Horla, Maupassant (1887)
Notes :
1. « démence » : folie.
2. « tangibles » : palpables, dont on sent la présence.
3. « peuples naïfs » : primitifs.
4. Cette énumération désigne des créatures merveilleuses.
A- Un bref moment de répit
1- Observe la première phrase de l’extrait « Je sais… je sais… je sais tout ! » et les lignes 15 à
18 qui suivent la lecture de l’article.
a) Quel(s) adjectif(s) utiliserais-tu pour qualifier le narrateur dans la première phrase ?
b) Pourquoi, selon toi, le narrateur est-il dans cet état ?
c) Plusieurs procédés que tu connais déjà traduisent l’agitation du narrateur des lignes 15 à 18. Lesquels ?
2- a) Sais-tu comment s’appellent les mots et expressions suivantes : « Ah ! Ah ! » (l. 15) et « Oh ! mon Dieu ! » (l.
18) ?
b) À quoi servent-elles ?
Les interjections
1- Les interjections sont des mots ou des expressions invariables (on ne peut pas les utiliser au pluriel) qui
permettent de rendre le texte plus expressif. Les interjections insistent en effet sur les sentiments des
personnages. Souvent, les interjections sont accompagnées d’un point d’exclamation.
2- Certaines interjections sont aussi appelées onomatopées lorsqu’elles imitent un bruit :
« boum ! », « cocorico ! ».
3- Par exemple, dans notre extrait, les interjections « Ah ! Ah !» traduisent l’enthousiasme du narrateur qui
commence à comprendre son état et « Oh ! mon Dieu ! » fait comprendre la panique qui s’empare soudain du
narrateur à mesure qu’il poursuit son raisonnement.
1
B- Un début d’explication
1- a) Quelle est la source d’information du narrateur ?
b) D’après le titre, quel genre d’informations s’attend-on à trouver dans cette source ?
2- Quels sont les signes de ponctuation qui te permettent de repérer le début et la fin de cet article ?
3- Extrait ligne 1 à 10 :
a) Complète le tableau suivant
Le narrateur prend connaissance d’informations qui lui semblent utiles pour comprendre sa situation. Pour autant,
ces nouvelles sont-elles vraiment rassurantes ?
C- Le Horla
C’est dans cet extrait qu’apparaît pour la première fois le nom qui donne son titre à l’œuvre : « le Horla ».
Commence par relire le texte à partir de la ligne 15.
1- Comment l’Être est-il présenté ?
2- a) Dans le dernier paragraphe, repère le verbe conjugué au présent de l’impératif.
b) Qui parle à qui ?
c) Qu’en déduisez-vous sur l’état du narrateur ?
3- a) Dans cette partie du texte, souligne tous les mots qui renvoient au réseau lexical de la peur.
b) Qui est à l’origine de cette peur ?
c) Par quel mot est-il désigné à la ligne 14 ?
d) Comment est-il nommé à la fin du texte ?
4- a) À partir de la ligne 25, quel est le signe de ponctuation qui domine ?
b) Quelle impression est suggérée par ces signes de ponctuation ?
c) Pourquoi la pensée du narrateur est-elle ainsi interrompue ?
5- Au final, valide ou non les affirmations suivantes : vrai o faux ?
- Le narrateur trouve des informations dans une revue scientifique.
- Il découvre que le Horla est un être sympathique et bienveillant.
- Le narrateur trouve un certain réconfort dans ces informations.
- Les informations sont très rassurantes.
- Le narrateur veut se rendre au Brésil.
- La panique gagne peu à peu le narrateur.
- Le narrateur semble finalement complètement possédé.
Ces explications qui devaient rassurer le narrateur aggravent au contraire la panique qu’il ressent. Il est
complètement possédé par le Horla !
D- Dictée
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b) Quelle conclusion peux-tu tirer de ce tableau ?
c) Comment le narrateur explique-t-il que l’épidémie brésilienne soit arrivée jusqu’à lui ?
D- Expression écrite
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