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6 W O R L D [email protected] Jeudi 5 mars 2015 L’arme nucléaire démystifiée INTERVIEW MINUTE « La même histoire depuis la guerre froide » BRUXELLES Dans son livre « Armes nucléaires : et si elles ne servaient à rien ? », Ward Wilson ébranle nos schémas de pensée sur l’armement et la dissuasion nucléaires. Après avoir analysé différentes crises nucléaires au moyen d’archives déclassifiées, il déconstruit cinq mythes attribués aux armes de destruction massive. Preuves et chiffres à l’appui, l’auteur nous démontre que le Japon, contrairement à ce que croît la pensée collective, n’a pas capitulé après les bombardements atomiques d’Hiroshima mais bien à la suite de l’entrée en guerre des Soviétiques qui ont bouleversé le rapport de force et dynamité la stratégie nippone sur l’échiquier militaire. Près de 68 villes japonaises avaient déjà été détruites à l’été 1945 à la suite de bombardements conventionnels et Hiroshima n’est jamais « en tête » des statistiques quant au nombre de morts ou de surface détruite. Preuve en est qu’une destruction metro Pour Jean-Marie Collin, chercheur associé au GRIP et directeur France du réseau international des parlementaires pour la non-prolifération nucléaire et le désarmement (PNND), cet ouvrage apporte « une différence dans la pensée francophone qui se soucie trop peu du désarmement nucléaire ». massive n’est donc pas synonyme de victoire. Leur valeur militaire sur un plan pragmatique est aussi quasi nulle. Touchant des alliés, ces armes sont maladroites et peu efficaces. Si elles sont dangereuses, elles ne collent plus à la tendance future qui s’oriente vers des armes intelligentes et précises. Alors que les pro-nucléaires ovationnent la dissuasion lors de la crise des missiles de Cuba, l’auteur maintient que le facteur chance a eu plus de poids dans la résolution du conf lit que le facteur dissuasion ou diplomatique, que la dis- suasion nucléaire ne maintient pas la paix actuelle. Car elle n’a pas empêché certains États détenteurs de l’arme ‘ultime’ de se faire attaquer, à l’image de l’Argentine qui a lancé une offensive sur les îles Falkland (GrandeBretagne) ou des troupes israéliennes attaquées par l’Égypte et la Syrie. Enfin, si certains affirment qu’on ne peut pas « désinventer » une technologie, Wilson pointe la futilité de cet argument : « Quand une technologie n’est pas efficace, elle est soit remplacée par une meilleure soit abandonnée ». (gg) The FASHION FASHION The edition SUPPLÉMENT WEEK-END DE METRO edition VENDREDI 6 MARS 2015 Ne pas avoir de politique européenne commune complique-til le problème ? «Le problème, c’est qu’en Europe, deux pays possèdent l’arme atomique (la France et la GrandeBretagne), des pays refusent toute utilisation du nucléaire dans le militaire comme dans le civil (l’Autriche, la Suède ou l’Irlande) et d’autres sont membres de l’OTAN qui supporte une politique de dissuasion. Ça complique une ligne bien claire. La France a toujours tout fait pour éviter qu’une telle discussion éclate au sein de l’Union européenne. La seule fois où elle l’a abordé, c’est dans les années 90 quand Alain Juppé a demandé aux pays européens de participer financièrement à ‘ leur sécurité ‘.» D’où vient ce refus francophone d’en parler ? «On en parle mais on raconte la même histoire depuis la guerre froide. En Belgique, personne ne veut l’avouer mais tout le monde sait qu’il y a des armes nucléaires américaines sur la base de Kleine- Ph. D. R. Brogel. Pour la France, c’est un instrument de puissance, de domination, de capacité et pour la Belgique, on invoque des arguments de poids politique et économique au sein de l’Otan.» Un intérêt économique douteux… «Croire qu’une vingtaine d’armes nucléaires stationnées en Belgique permettrait à l’État de disposer d’une rente économique est futile. L’argent pourrait être utilisé autrement. Mais surtout la présence de ces armes oblige la politique de défense belge à adopter un certain nombre de mesures qui lui coûtent financièrement. En plein débat sur le rachat de chasseurs bombardiers, la Belgique sera certainement obligée de racheter des avions américains qui, eux, peuvent transporter ces armes nucléaires. Des pays qui n’ont pas d’armes atomiques manquent de courage politique et devraient affirmer avec plus de fermeté leur engagement vers un désarmement des arsenaux nucléaires.» (gg) INTERVIEW TROIS JEUNES DESIGNERS EN ROUTE VERS LE SUCCÈS LIFESTYLE Gagnez l’un des 3 appareils photo BIG, BOLD & BEAUTIFUL Les tendances du printemps Nikon, Canon ou Fujifilm CHECK-IN ou l’un des 10 tickets-duo pour Imaging Days. SÉANCE SHOPPING À TRAVERS LE MONDE METRO SHO OT inclus Canon 700D Accro à la mode, au lifestyle et à l’affût des dernières tendances? Nikon D5500 Fujifilm XQ1 Tentez vite votre chance, peut-être vous réaliserez bientôt vos photos avec un tout nouvel appareil. Participez dès maintenant: www.imaging-days.com/concours Metro vous donne rendez-vous chaque vendredi au cœur du journal avec son magazine lifestyle Metro Weekend. Découvrez ce vendredi notre édition fashion dans les displays, sur application ou sur metrotime.be/weekend! 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