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Grip 10/11/07 – H. Richard – Carrières immobilières en Russie Présentation du mémoire – GRIP Hélène Richard “Carrières immobilières en Russie : du marché du troc au marché immobilier. L’exemple de Moscou” Introduction Mon mémoire portait sur le logement à Moscou. Plus particulièrement son objet était de mettre en parallèle l’émergence du marché immobilier, l’émergence nouvelles formes d’habitat et ce que j’ai appelé des carrières immobilières. Par carrière immobilière, j’entends l’histoire résidentielle de mes enquêtés du point de vue de leur mobilité résidentielle, des pratiques économiques et des stratégies ou évènements qui marquent leurs déménagements successifs. Je me suis penchée plus précisément sur l’achat de logement. Pourquoi ? Etudier les transformations politiques, surtout économiques, postsoviétiques = parler de la « transition » en des termes moins abstraits et se recentrer sur la transformation des pratiques sociales. Cf. littérature en science politique, très prolifique dans les années 1990, actualité oblige = transitologie, étude de la transition à l’Est. Amélioration par rapport à sa grande sœur, celle des transitions démocratique en Amérique du Sud Juan Stepan et Alfred Linz c'est-à-dire diversité des sorties du communismes, poids du passé mais développement très très généraux, mis de côté les pratiques sociales (Claus Offe. Varieties of Transition (1996), Postsocialist pathways. Stark et Brust (dir.) (1998)) + fort intérêt pour les élites (changement historique toujours pensé comme impulsé par le haut) Trop ambitieux réduire mon objet. Cœur étude sur trajectoires résidentielles de personnes ayant récemment acheté un logement. Pourquoi l’achat ? Pratique totalement nouvelle liée à l’émergence d’un marché immobilier et de la propriété privée. Avant que location (quasi-gratuite) à l’Etat, la municipalité ou à l’entreprise d’Etat elle aussi Comment en arrive-t-on à acheter ? En mobilisant quelles ressources ? Sur la question des ressources, le point important était celui de la privatisation des logements ? RAPPEL : privatisation gratuite à partir de 1992 La justification de la réforme était libérer l’Etat de la charge de l’entretien du parc de logements et lancer le marché de l’immobilier. Est-ce que la revente de l’achat l’appartement privatisé a été une ressource importante, quels usages de la privatisation, cette macropolitique, en particulier dans la mobilité résidentielle ? Dispositif d’enquête En effet, le cœur de mon travail s’appuie sur un corpus d’entretiens avec des personnes ou des couples ayant acheté (11), à une date plus ou moins récente, un appartement (1993 à 2006). Je me suis intéressée à l’histoire résidentielle de ces personnes, et quand cela m’a été 1 Grip 10/11/07 – H. Richard – Carrières immobilières en Russie possible à celle de leurs parents, avant l’achat de leur dernier appartement ainsi qu’aux pratiques administratives et économiques qu’ils ont mobilisé ou « subies » pour mettre en œuvre un projet de déménagement. Les bornes chronologiques de mon travail découlent des caractéristiques de mes enquêtés. Les plus âgés, étant nés aux alentours des années cinquante, j’évoque des faits qui s’échelonnent des années 50 à 2006, date du plus récent des achats. L’histoire résidentielle de mes enquêtés enjambent la période soviétique et la période actuelle et, me suis-je dit, c’est un bon observatoire pour saisir les transformations économiques et sociales post-soviétiques. + 7 professionnels (agents immobiliers, directeur d’agence, journaliste) Constitution enquêtés : contacts personnelles (recommandation en recommandation) et milieu de la recherche en sciences sociales française à Moscou. Diversité : acheteurs : le neuf (novostrojki, cottage), l’ancien (parc stalinien prestigieux du centre, parc khrouchtchévien dans quartier populaire de l’Est de Moscou (pas le pire)) Diversité : professionnel : Grande agence immobilière généraliste (2) / juriste (1) d’une agence confidentielle sur le secteur du luxe ou encore / directrice et un agent (2) d’une petite agence spécialisé dans le logement périurbain (maison individuelle) / rédacteur en chef (1) / agent immobilier free-lance (1). Usage des entretiens : Professionnel = plus forme d’expertise sur le marché immobilier Acquéreurs = recueillir des trajectoires o Soit à l’intérieur d’une même histoire résidentielle : en comparant la période soviétique (les combines, tactiques, pratiques mises en œuvre sous l’Union soviétique pour déménager et ses pratiques sur le marché actuel) effet de l’apprentissage du marché, de l’adaptation à mesure que le marché s’institutionnalise. o Soit en comparant les entretiens (le moment de l’achat s’étale entre 1993 et 2006 et acheter en 1993 et 2006 n’a visiblement que peu de chose à voir) = routinisation des transactions immobilières à mesure que le marché s’institutionnalise + différences entre générations, celle qui a bénéficier directement des privatisations et leurs enfants ou petits-enfants qui arrivent aujourd’hui à l’age adulte. Objectifs du mémoire : Décrire les pratiques économiques de l’échange et de la production des logements à Moscou, de les comparer avec celles sous l’Union soviétique, en bref de poser les premiers jalons d’une histoire du marché de l’immobilier. Cela, à travers travaux déjà écrits sur la naissance de la propriété privé (Aurore Chaigneau), sur le marché immobilier en Russie (Bonneville ou le spécialiste américain Struyk) mais surtout à travers les trajectoires résidentielles (on voit des choses que la lecture des textes de droit, des statistiques laissent dans l’ombre). 2 Grip 10/11/07 – H. Richard – Carrières immobilières en Russie Cadre théorique L’idée était de saisir les transformations postsoviétiques à partir de pratiques économiques liées au logement. Je l’ai découvert après, cela s’apparente aux travaux d’une littérature mineure peu connue sur les transformations soviétiques, celle de l’ethnographie économique (dernier repère produit par Florence Weber et Caroline Dufy, cette dernière ayant travaillé sur le troc interpentreprise). La plus prolifique : Caroline Humphrey. Une approche de l’économie comme un domaine de pratiques comme les autres : observer les transactions, l’organisation concrète des marchés, travail de terrain, interrogés les gens sur leur manière de faire des affaires, de s’arranger avec le contexte social… Objectif : montrer des inerties ou des déstabilisations de valeurs, d’équilibres sociaux. Mon sentiment avec cette littérature, c’est qu’elle est assez asymétrique (porte sur les pratiques post-1991, présupposés peu questionnés sur la période précédente). Déstabilisation (c’était mieux avant) ou poids du passé (rien n’a changé) Détail du contenu des parties 1ère partie porte sur les stratégies résidentielles en Union soviétique Partie qui a pris une place plus importante que je ne le pensais au départ. Présentation des filières d’attribution des logements sous l’Union soviétique, leur circulation et des stratégies résidentielles dans ce cadre-là. Rapidement : 3 filières (municipale, entreprise, corporation ou institution (artistes, architectes, Ministères) + 1 secteur coopératif (sorte d’achat échelonné du logement au prix de production par l’intermédiaire de l’entreprise) Sys de file d’attente : municipalité (-) / corporatif (+) + marché du troc : possibilité d’échanger son logement 1ère image contestée mais je n’invente rien : critique du totalitarisme Je reprends les conclusions maintenant canoniques sur l’histoire sociale des « totalitarismes », à la suite de Lewin Moshe, et que les rapports entre le pouvoir et les citoyens n’étaient pas réductible à celui de la répression, de l’écrasement. En effet, stratégies résidentielles, pas de logement assigné même si chance de mobilité sont très inégales (celui qui reçoit un bon apt a plus de chance de l’échanger que celui qui a un mauvais apt). 2ème image contestée : le centralisme Mécanismes de type marchand (sans monnaie ou peu) : chaînes d’échange d’apts. 3ème image contestée : on a souvent remis en cause la notion de totalitarisme en disant que les acteurs avaient des marges de manœuvres, des formes de résistances du quotidien, une distance avec l’idéologie, et dans l’économie, le secteur informelle, le marché noir… Je pense que les rapports entre économie légale et illégale sont plus complexes. Echange est une pratique totalement autorisée (ses bureaux d’enregistrement des échanges, ses publications) mais 3 Grip 10/11/07 – H. Richard – Carrières immobilières en Russie développement d’une économie informelle (les agents immobiliers qui organisaient ces échanges qui étaient rémunérée illégalement et éventuelle compensations officieuses, souvent en biens) CONCLUSION : Les carrières immobilières ont commencé dès la période soviétique. MODULO : limites de la lecture en terme stratégiques : L’histoire résidentielle de mes enquêtés n’est pas que la succession de stratégies mais reflètent aussi les grandes étapes de la politique urbaine de Moscou : Période de construction de masse sous Kh dans les années 1960 Recevoir un appartement individuel c'est-à-dire souvent quitter l’appartement communautaire. 2ème partie La 2ème partie porte sur le moment des privatisations et de la libéralisation des transactions immobilières au début des années 1990. D’abord, j’aborde la politique de privatisation en général et les réappropriations qui en ont été faites. Pour cet aspect, je m’appuie principalement sur les travaux des années 1990 visant à évaluer le rythme des réformes et qui ont montré des différences de propension à privatiser en fonction des catégories socioprofessionnelles et des types d’habitat les privatisations, malgré grand égalitarisme des réformes puisque le choix a été de les rendre gratuite contrairement à d’autres pays, avalisent les inégalités héritées de la période soviétique. 1° tout le monde n’a pas privatisé au même rythme : les personnes âgées d’abord, la nomenklatura car apts de prestige. 2° pas d’intérêt de privatiser pour les personnes ayant un apt de mauvaise qualité (charges, travaux…) 3° Prend un intérêt si on veut vendre pour acheter (retarder stratégiquement le moment de la privatisation pour cette occasion ou pour une succession). De plus droit très fort de l’occupant dans un apt public (expulsion très rare, loyer modique (même si en augmentation depuis les années 1990) + quasi-droit de succession. Ensuite, je suis revenue à mes enquêtés et je me suis posée la question des usages de la privatisation dans les carrières immobilières et de sa relation avec l’achat. Est-ce que ceux qui ont acheté se sont appuyés systématiquement sur la privatisation pour continuer ou démarrer des carrières, cela a-t-il été un facteur d’accélération des carrières immobilières ? PUIS est-ce que la libéralisation des transactions immobilières a fait disparaître la pratique de l’échange ? Revenir au marché immobilier dans les années 1990 : ppale offre = apts communautaires c'est-à-dire partagé par plusieurs familles = elles voulaient se séparer quitte à partir loin en banlieue à Moscou, les appartements communautaires se dispersent = l’offre. Pb = privatisation compliquée (statut des parties communes…) certains privatisent leur pièce, d’autres non statut hybride. Les acheteurs font quoi parfois : ils échangent leur apt non privatisé contre deux pièces par exemple et ils achètent la troisième deux types de propriété là encore. 4 Grip 10/11/07 – H. Richard – Carrières immobilières en Russie Schéma qui concernent les transactions entre particuliers. Il existe à la même époque des agences qui relogent tout le monde, enregistre une famille seulement et privatisation de tout l’appartement. échange perdure / statut hybride qui est conservé. Mais l’échange dans les années 1990 a aussi permis de pallier aux déficiences du cadre réglementaire des transactions immobilières. Ex : une enquêté qui a fait un faux échange (elle s’est enregistré dans un apt en l’échangeant contre un apt fictif) puis dollars de main en main. Elle n’est pas propriétaire mais c’est tout comme. Elle n’a privatisé que l’année dernière lorsqu’un promoteur a été intéressé pour racheter tout l’immeuble pour faire un hôtel. La 3ème partie : le marché immobilier actuel et ses pratiques : héritage de pratiques soviétiques ? La 3ème partie se concentre sur les pratiques économiques sur le marché actuel en partant d’un constat troublant, une ressemblance entre le marché actuel et le marché des échanges, à savoir la constitution de chaînes d’achat-vente qui semblent jouer le rôle symétrique que les chaînes d’échange d’appartements. Comment réfléchir sur la notion d’héritage soviétique de pratiques autrement que sous la forme d’inertie, d’habitude, de routines ? Hypothèse : on continue à utiliser ces chaînes parce qu’elles sont utiles et elles disparaîtront vraisemblablement bientôt. Avant, elles s’expliquaient par interdiction de la monnaie (pas de transactions possibles) alors qu’aujourd’hui elles s’expliquent par la rareté de monnaie (je dois vendre pour acheter et mon vendeur aussi, etc…). Conséquence sur le travail des agents immobiliers : le travail consiste moins à encadrer la transaction qu’à trouver des logements « alternatives » au vendeur en contactant des collègues ou en montant lui-même la chaînes de transactions comme sous l’Union soviétique. Développement important du crédit hypothécaire 4ème partie : Après avoir traité davantage des transactions que des objets des transactions, la 4ème partie apporte un peu de corps à mon analyse en présentant la structure de l’offre immobilière à Moscou où se côtoient le parc ancien (prestigieux ou dégradé, respectivement stalinien et khrouchtchévien) et le parc neuf (de masse ou d’élite). Je montre que ces parcs sont articulés avec des filières d’accession à la propriété diverses et plus généralement à des filières de peuplement bien spécifiques. J’analyse alors les effets sur les formes de ségrégation spatiale et de proximité spatiale entre catégories par ailleurs aux trajectoires sociales divergentes. Sur ce point, surtout parler des moyens de la mobilité résidentielle mais ici rencontre la question des motivations. Exprimé clairement tant dans les discours des enquêtés que dans le discours publicitaires = vivre entre soi = fonction du parc neuf car barrière à l’achat. Lotissement gated-communities. 5 Grip 10/11/07 – H. Richard – Carrières immobilières en Russie Nvx grands ensembles moins (rappelle fortement l’insatisfaction des classes moyennes dans HLM) car une partie de ces grands ensembles sert au relogement après destruction des immeubles kh (fonction des HLM aussi) deux filières tensions sociales éventuelles. PERSPECTIVES thèse : SCIENCE POLITIQUE : articuler avec le niveau politique publique ou plutôt la configuration politico-économique (grands constructeurs, Etat, municipalité, investisseurs, banques (naissance du prêt immobilier…) qui structurent le marché. Question : Est-ce que je me lance en plus dans une transformation de l’action publique ? Pb des archives : comment travailler sur la période 1980’s. Pb des entretiens : comment systématiser le recueil d’entretiens ? Comment articuler avec niveau global ? cohérence géographique : un immeuble ? sur les cités HLM = très dur, souvent il faut soutient, accompagnement de la société de gestion… de recommandation en recommandation, de voisins à voisin : souvent les gens ne se connaissent pas… (mais je peux essayer) travailler avec une agence immobilière : possibilité de demander à des clients de répondre à un questionnaire ? de proposer une enquête ? (éventuellement leur offrir des résultats à l’agence…) ? Continuer à faire une histoire de la genèse d’un domaine de pratiques économiques mais les rapporter plus directement à histoire du marché immobilier dont j’ai posé grossièrement quelques jalons : Pré-1991 : trouver des sources = travailler sur les filières d’attribution des logements et le marché de l’échange (comment ça fonctionnait concrètement) Principal problème = manière de prolonger ce travail et sur quels types de sources je peux travailler. Les choses encore peu faites et faciles : • la presse des années 1990 (renseignement sur l’histoire des grands acteurs du marché immobilier • compléter avec des entretiens (je pense essayer retrouver les analystes économiques des années 1990 ou responsables ou anciens responsables administratifs ou politiques, c’est mieux : un peu plus dur mais faisable à travers l’Institut d’économie urbaine dont l’ancien directeur est l’ami d’un ami. • retrouver les enquêtes faites dans les années 1990, le questionnaire, le traitement des données… (Institut d’économie urbaine) 6 Grip 10/11/07 – H. Richard – Carrières immobilières en Russie La question de mes bornes chronologiques : les années 1980 : premières mesures de libéralisation ? Bornes pertinentes mais… problème des archives (est-ce que je dois remonter plus haut pour avoir la possibilité de consulter ?). Est-il possible d’avoir accès aux archives du bureau des échanges, si oui, pour quelle période, quel type de documents puis-je y retrouver ? 7