Hydroamination catalytique des oléfines dans les solvants ioniques
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Hydroamination catalytique des oléfines dans les solvants ioniques
Université Paul Sabatier, Toulouse III Ecole Doctorale de Chimie DEA de chimie et physico-chimie des éléments de transition Année 2001-2002 Hydroamination catalytique des oléfines dans les solvants ioniques Ngọc Châu CHU Equipe : Complexes de Coordination Laboratoire de chimie de Coordination du CNRS et Synthèse Organique Catalytique (C) Unité 8241 liée par convention à l’Université P.Sabatier Responsable : J.J.BRUNET et à l’Institut National Polytechnique de Toulouse 205 Route de Narbonne, 31077 Toulouse cedex 4 Directeur de stage : O.DIALLO Directeur : J.JBONNET Introduction Les amines sont des composés chimiques qui reçoivent de nombreuses applications dans la vie de tous les jours. La synthèse industrielle de ces composés repose actuellement sur la réaction d'une amine avec un alcool en présence de catalyseurs divers, réaction découverte par P. Sabatier au début du XXème siècle. La plupart des alcools utilisés proviennent de la transformation d'oléfines, ce qui fait que la transformation oléfine -> amines s'effectue en 2 étapes. L'hydroamination des oléfines, c'est-à-dire l'addition directe de la liaison N-H d'une amine sur une oléfine, est une réaction apparemment très simple (analogie avec l'addition de l'eau) qui présente l'avantage très recherché de nos jours d'économie d'atomes (absence de sous-produits, protection de l'environnement). C C + H N [Mt ] C C H N Compte tenu de considérations thermodynamiques, une telle réaction ne peut avoir lieu que sous l'action d'un catalyseur qui permettrait d'abaisser la barrière d'activation très elévée. Malheureusement, jusqu'ici, aucune solution satisfaisante n'a été trouvée, de telle sorte que cette réaction constitue à la fois un défi industriel et un défi scientifique. Depuis plusieurs années, l'Equipe de J.J. Brunet recherche des solutions à ce problème, notamment par la mise en œuvre de complexes amido de métaux de transition. Cependant, des essais récents dans l’Equipe ont permis de déceler une autre voie possible, à savoir l'utilisation directe de sels de métaux de transition comme RhCl3 en milieu ionique (nBu4PBr). De plus, dans le cas étudié dans l’Equipe, il semblait que l'utilisation de n-Bu4PBr provoquait, pour la réaction de l'aniline sur le norbornène, une augmentation sensible de réactivité par rapport aux essais effectués dans un solvant plus classique comme le THF. Le sujet qui m'a été proposé consistait donc à confirmer ces observations préliminaires, à comparer l'efficacité de divers solvants ioniques et à tester d'autres sels de métaux de transition, notamment des sels de platine. I. Généralités I.1. Quelques rappels sur l’hydroamination L’hydroamination directe des oléfines est thermodynamiquement possible mais cinétiquement défavorisée. Face à ce problème, les chercheurs se sont intéressés à l’utilisation d’un catalyseur permettant d’abaisser la barrière d’activation. Malgré le fait que les rendements ne soient pas très satisfaisants, plusieurs mécanismes ont été envisagés, dont on retiendra les deux principaux [1] : - le premier est l’addition oxydante de l’amine sur le métal, suivie de l’insertion de l’alcène dans la liaison M – N, puis élimination réductrice de l’amine formée. Le bilan de la réaction est présenté sur le schéma suivant : H-C-C-N R R R HN L xM LxM - C - C - NR2 H R R L xM H N R C C Catalyse par l’activation de l’amine - la deuxième possibilité est l’activation de la double liaison C=C par coordination π sur un complexe d’un métal de transition, suivie de l’attaque nucléophile de l’amine. Le schéma ci-dessous résume cette voie : LxM B H-C-C-N C C R A R LxM - C - C - NR2 LxM C C H LxM - C - C - NR2 H HN R R Catalyse par l’activation de l’oléfine Pour ce mécanisme, deux chemins réactionnels sont possibles : - l’un (chemin A) procède par une réaction de rupture de la liaison M – C concomitante à un transfert de proton. Cette voie est considérée comme peu favorable. - l’autre (chemin B) envisageable si le métal M est riche en électrons, le métal reçoit le proton de l’amine par addition oxydante puis l’alkylamine est facilement formée par élimination réductrice. Plusieurs données théoriques et expérimentales confortent cette hypothèse. Nous retiendrons les études théoriques de Togni [2] sur le rôle des complexes des métaux des groupes 9 et 10. En effet, il confirme l’idée que l’attaque nucléophile d’une amine sur un alcène lié au metal non seulement est thermodynamiquement mais également cinétiquement favorable pour les métaux du groupe 10. De plus, les ligands phosphines favoriseraient la formation du complexe cationique qui permettrait d’activer l’alcène. D’autre part, les études expérimentales de J.F. Hartwig [3] sur un grand nombre de complexes du palladium à ligands monodentés, et récemment, l’hydroamination de vinylarènes par aniline en utilisant des triflates de palladium, à ligands phosphines, en tant que catalyseur [4] prouvent encore une fois l’intérêt de ces complexes. Tous ces travaux nous ont conduits à nous intéresser outre les complexes du rhodium, aux complexes de platine qui permettent par ailleurs un meilleur suivi de l’évolution du complexe à ligands phosphorés par RMN, du fait de la possibilité d’observer le couplage 195 Pt-31P. I.2. Généralités sur les solvants ioniques Au cours de ces dernières années, pour des raisons liées à l’environnement, parmi les questions portant sur les réactions organiques, le point le plus important est sans doute le choix du solvant utilisé et de la technologie. Il apparaît éclairement qu’un solvant idéal possède une stabilité chimique et physique, ainsi qu’un recyclage du système catalytique et une séparation aisée des produits de réaction. Depuis une douzaine d’années, les solvants ioniques font l’objet d’un regain d’intérêt. Ils se sont avérés être des solvants de choix, en raison de propriétés particulières intéressantes. Plusieurs auteurs [5, 6] ont comparé les propriétés des solvants ioniques à celles des solvants classiques. Les plus importantes sont citées ci-dessous : • Très faible tension de vapeur. • Conductivité élevée. • Stabilité thermique. • Séparation aisée des produits de réaction. • Acidité de Lewis modulable. • Compatibilité avec les composés organométalliques. • Capacité de coordination modulable. • Miscibilité modulée. En particulier, il a été montré dans notre Equipe que certains sels d’ammonium ou de phosphonium présentaient les mêmes propriétés que des solvants aprotiques dipolaires (réaction test : C/O alkylation du naphtoate de sodium par le chlorure de benzyle) [7]. Les sels dont le point de fusion est inférieur à 100 °C sont généralement appelés liquides ioniques. Ils sont constitués d’un cation organique relativement volumineux qui explique principalement le bas point de fusion et d’un anion inorganique ou organique qui détermine largement ses propriétés chimiques. Les cations fréquemment décrits sont : dialkylimidazolium a, pyrrolidinium b, phosphonium c, etc. N [PRxH(4-x)]+ N R1 R2 a N b c Les anions associés sont partagés en deux classes : - l’une correspond aux anions polynucléaires telles que Al2Cl7-, Al3Cl10-... Ils sont formés par la réaction des acides de Lewis avec des anions mononucléaires, par exemple, AlCl3 avec AlCl4-. Ces anions sont particulières sensibles à l’air et à l’eau. - la deuxième classe correspond aux anions mononucléaires comme BF4-, PF6-, CF3SO3-, etc [5]. Néanmoins, ce n’est qu’à partir des années 1990 qu’a commencé l’utilisation des métaux de transition comme catalyseurs en milieu solvant ionique [8, 9]. Compte tenu de ces propriétés, de nombreuses recherches se focalisent de plus en plus vers le domaine d’application des solvants ioniques dans les réactions catalytiques [4, 10, 11, 12, 13]. Afin de comprendre l’influence du solvant, les cinq sels choisis, de différentes compositions, sont les suivants : bromure de tétra n-butylphosphonium (nBu4PBr), hexafluorophosphate, bromure et chlorure de 1-butyl-3-méthyl imidazolium, et chlorure de 1ethyl-3-méthyl imidazolium. II. Résultats et discussion II.1. Evaluation de différents catalyseurs dans la réaction d’addition de l’aniline sur le norbornene en milieu solvant ionique II.1.1. Catalyseurs à base de Rhodium Rappelons que si les lanthanides ont été principalement utilisés pour catalyser les réactions d’hydroamination intramoléculaire, les complexes de métaux du groupe 9 notamment le rhodium et l’iridium ont fait l’objet de quelques d’évaluations dans le cadre des réactions intermoléculaires. Il convenait donc de réévaluer l’activité de certains complexes de rhodium dans les nouveaux solvants. Dans le cas de la réaction du norbornène et de l’aniline, nous avons obtenu les produits déjà décrits lors des travaux antérieurs de l’Equipe. Les résultats obtenus sont représentés dans le tableau 1. NHC6H5 + C6H5NH2 1 2 C6H5NH2 + 3 4 Tableau 1. Hydroamination du norbornene par PhNH2 (catalysée par rhodium)a Produits de réaction Essai Solvant b Précurseur catalytique (nombre de cycles catalytiques en 6 jours) 3 4 Total 3+4 1 THF (7.5 mL) RhCl3. 3H2O (0.13 mmoles) 0 0 0 2 [BMI][Cl] (3.6g) RhCl3. 3H2O (0.13 mmoles) ~0 ~0 ~0 3 [BMI][Cl] (7.2g) RhCl3. 3H2O (0.13 mmoles) ~0 ~0 ~0 4 [EMI][Cl] (3g) RhCl3. 3H2O (0.13 mmoles) ~0 ~0 ~0 5 [BMI][PF6] (6g) RhCl3. 3H2O (0.13 mmoles) 5.1 2.6 7.7 6 [BMI][Br] (5.7g) RhCl3. 3H2O (0.13 mmoles) 8.3 1.5 9.8 7 n-Bu4PBr (7.1g) RhCl3. 3H2O (0.13 mmoles) 7.7 2.5 10.2 8 n-Bu4PBr (7.1g) (Ph3P)3RhCl (0.12 mmoles) 2.1 1.7 3.8 9 n-Bu4PBr (7.1g) [Rh(cod)Cl]2 (0.14 mmoles) 0.5 0.7 1.2 10 n-Bu4PBr (7.1g) [Rh(coe)2Cl]2 (0.17 mmoles) 3.2 2.2 5.5 a) réactions à 150°C, norbornene (13 mmoles) et aniline (45 mmoles). b) [BMI][Cl] = chlorure de 1-butyl-3-methylimidazolium, [BMI][PF6] = hexafluorophosphate de 1butyl-3-methylimidazolium, [EMI][Cl] = chlorure de 1-ethyl-3-methylimidazolium, [BMI][Br] = bromure de 1-butyl-3-methylimidazolium. Au vu de ces résultats, il apparaît que, comparés à un solvant classique comme le THF, les liquides ioniques favorisent sensiblement la formation des produits attendus. De même, en ce qui concerne les chlorures d’imidazolium, les essais 2,3 et 4 n’ont conduit qu’à la formation des traces de produits de réaction. En revanche, quand l’anion Cl- - est remplacé par les anions PF6 (essai 5) ou Br (essai 6), les rendements de la réaction - augmentent significativement. En outre, l’effet bénéfique des anions Br est confirmé par la réaction menée dans n-Bu4PBr (essai7). Il est donc clair que l’anion du sel a une influence non négligeable sur l’activité catalytique. Cela peut être expliqué par la capacité de coordination provenant essentiellement de la nature de l’anion du sel. On sait que l’anion Cl - - - - est fortement coordonnant, par contre, Br (plus volumineux que Cl ) et PF6 sont faiblement coordonnants. En ce qui concerne les complexes de rhodium, l’étude comparative a été réalisée avec n-Bu4PBr comme solvant. Nous avons utilisé les complexes suivants : Rh(PPh3)3Cl (essai 8), [Rh(cod)Cl]2 (essai 9) et [Rh(coe)2Cl]2 (essai 10). Toutefois, ces complexes conduisent à des rendements plus faibles que ceux obtenus avec le sel brut RhCl3.3H2O. Si l’on compare les résultats obtenus avec [Rh(cod)Cl]2 et [Rh(coe)2Cl]2, il apparaît que l’effet chélate, du ligand cyclooctadiène, qui est relativement stabilisant pour le complexe inhibe l’activité catalytique. Ces premiers résultats (essai 5, 6, 7) avec des nombres de rotation supérieurs à ceux obtenus dans l’Equipe depuis une dizaine d’années nous ont incités à évaluer d’autres précurseurs de catalyseurs dans des solvants ioniques tels que [BMI][PF6], [BMI][Br], nBu4PBr. II.1.2. Catalyseurs à base de platine Dans le but de confirmer l'avantage des solvants ioniques par rapport au THF, quelques complexes de platine ont été également considérés comme précurseurs catalytiques pour l’hydroamination du norbornène par l'aniline dans les mêmes conditions que pour les expériences rapportées au-dessus (tableau 1). Afin de faciliter les comparaisons, nous avons résumé les résultats obtenus dans le tableau 2 : Tableau 2. Hydroamination du norbornène par PhNH2 (catalysée par platine)a Produits de réaction Essai Solvant Précurseur Catalytiqueb (nombre de cycles catalytiques en 6 jours) 3 4 Total 3+4 11 n-Bu4PBr (7.1g) PtCl2 (0.13mmoles) 8.1 2.1 10.2 12 n-Bu4PBr (7.1g) (Ph3P)2Pt2+(tfms)-2 (0.13 mmoles) 1.6 1.2 2.8 13 n-Bu4PBr (7.1g) (PPh3)2PtBr2 (0.14 mmoles) 12.8 5.3 18.1 14 n-Bu4PBr (7.1g) [(MeO)3P]2PtBr2 (0.13 mmoles) 6.0 2.4 8.4 15 n-Bu4PBr (7.1g) (Ph2MeP)2PtBr2 (0.05 mmoles) 30 5.6 35.6 16 THF (7.5 mL) (Ph2MeP)2PtBr2 (0.13 mmoles) 2.7 0.5 3.2 17 [BMI][PF6] (6 g) (PPh3)2PtBr2 (0.26 mmoles) 11.1 3.4 14.5 18 Recyclage 17 Recyclage 17 7.4 3.7 11.1 a) notes du tabvoir nleau 1. b) tfms = trifluoromethanesunfonate = triflate = CF3SO3- Nous avons réalisé tout d’abord un essai avec le sel brut de PtCl2. Un nombre de cycle catalytique comparable à celui de l’essai 1 avec RhCl3.3H2O a été observé. Ce résultat encourageant nous a amenés à examiner l’influence de la nature du ligand sur le platine. Dans un des essais, nous avons essayé d’augmenter l’electrophilie du métal en faisant apparaître une charge positive par abstraction de l’halogénure. A cette fin, le trifluorométhanesulfonate d’argent a été utilisé pour provoquer la précipitation de l’halogénure d’argent et former un complexe cationique selon la réaction suivante : PtBr2(PPh3)2 + 2 CH3-C6H4-SO3- Ag+ (PPh3)2Pt2+ + 2 CH3-C6H4-SO3- + 2 AgBr Contrairement aux résultats attendus, le rendement de l’essai 12 est beaucoup plus faible que celui de 11. Nous avons donc pensé que la formation du cation conduisait à une trop forte complexation donnant une entité trop stable ou relativement inerte. Ceci nous a conduits par la suite à n’utiliser que des complexes neutres. Un essai avec le système (PPh3)2PtBr2 a été réalisé (essai 13). Ensuite, ce ligand a été remplacé par le triméthylphosphite et la méthyldiphénylphosphine dans les essais 13 et 14 respectivement. Ces trois ligands ont été choisis en raison de la différence de l’angle de cône de TOLMAN et également de la basicité (tableau 3). Tableau 3. Angle de cône de TOLMAN [14] et basicité de ligands utilisés. Ligand Angle de cône de Basicité (pKa) TOLMAN (°) PPh3 145 2.73 PPh2Me 136 4.65 P(OMe)3 107 2.60 L’analyse des résultats obtenus montre que : - à basicité égale (triméthylphosphite et triphénylphosphine) le ligand le plus encombrant favorise l’activité catalytique. - avec un encombrement moindre mais une basicité plus grande, la methyldiphenylphosphine conduit à un meilleur résultat que la triphenylphosphine. Il apparaît donc que l’angle de cône de Tolman n’est pas le seul paramètre à prendre en considération. Afin de confirmer l’intérêt des liquides ioniques, par rapport aux solvants classiques, un essai avec le complexe (Ph2MeP)2PtBr2 a été réalisé dans THF. On observe une diminution sensible de nombre de cycles catalytiques : 35.6 dans n-Bu4PBr (essai15) et 3.2 dans THF (essai 16). En plus de l’augmentation du nombre de cycle catalytique, les solvants ioniques présentent l’avantage d’être facilement séparés des produits organiques avec préservation du système catalytique. Ceci devait donc permettre une réutilisation ou un recyclage de l’ensemble. Cela a été prouvé par les deux essais 17 et 18. Le nombre de cycles catalytiques atteint presque 75% de celui de la première utilisation. Devant les résultats encourageants avec l’hydroamination catalytique du norbornène en milieu liquide ionique, nous avons étudié la réactivité de l’hex-1-ène moins encombrée et devant donner des complexes plus stable avec les métaux de transition. II.2. Hydroamination de l’hex-1-ène par l’aniline Dans le temps qui m’était imparti, je n’ai pu réaliser que quelques essais sur cette réaction. Les résultats obtenus sont représentés dans le tableau 4 : Tableau 4. Hydroamination de l’hex-1-ène par PhNH2 Essai Solvant Catalyseur Nombre global de cycles catalytiques 19 n-Bu4PBr (7.1g) RhCl3.3H2O 1.60 (0.13 mmoles) 20 [BMI][PF6] (6 g) RhCl3.3H2O ~0 (0.13 mmoles) 21 n-Bu4PBr (7.1g) PtBr2(PPh3)2 1.30 (0.15 mmoles) Malgré les faibles rendements, les deux produits obtenus correspondants aux amines branchées et linéaires de masse 177 ont été obtenus (équation). + C6H5NH2 + CH2NHC6H5 NHC6H5 On peut expliquer le faible rendement par la faible solubilité de l’hex-1-ène dans le milieu solvant ionique utilisé [5]. Donc, une nouvelle voie de recherche basée sur le choix du solvant permettant de résoudre ce problème tel que le trifluoromethanesulfonate de 1-hexyl-3methylimidazolium [HMI] [CF3SO3] doit être envisagée. III. Conclusion et perspectives Au cours de ce travail, nous avons examiné l’influence des solvants ioniques et l’activité de différents complexes de rhodium et de platine pour l’hydroamination catalytique du norbornène et de l’hex-1-ène par l’aniline. Les principales conclusions que l’on peut retenir sont les suivantes : 1) Pour cette réaction, les solvants ioniques provoquent, par rapport au THF, une exhaltation très sensible de l’activité catalytique, quel que soit le métal de transition. 2) Outre des complexes de rhodium, des complexes de platine présentent une activité intéressante qui n’avait jamais été décrite jusqu’ici. 3) Il apparaît, comme souvent en catalyse homogène, que les caractéristiques des ligands (basicité, angle de cône) joue un rôle important sur l’activité catalytique. 4) Bien qu’un seul essai ait été effectué, il apparaît possible de recycler très aisément le système « catalyseur + solvant ». La qualité de ce « recyclage » devrait pouvoir être améliorée. Au delà de ces essais très prometteurs, réalisés sur une réaction modèle, il conviendra de revenir à l’objectif cible, a savoir l’hydroamination de l’ethylène. Enfin, il parait très intéressant d’essayer de comprendre quelle est l’origine de l’activation catalytique observée lorsque l’on passe dans solvant organique, comme le THF, à certains solvants ioniques notamment les bromures de tétrabutylphosphonium ou d’imidazolium. IV. Partie expérimentale IV.1. Généralité IV.1.1. Chromatographie en phase gazeuse (CPG) Les analyses CPG ont été effectuées sur un appareil HP 4890 (détecteur à ionisation de flamme) équipé d’une colonne apolaire HP1 et relié à un intégrateur HP 3395 permettant de mesurer les surfaces de pics. Conditions d’analyse : - gaz vecteur : azote (p = 2,5 psi) - température du détecteur : 250°C - programmation de température du four : 65°C (2 min.), 10°/min., 200°C (20 min.) Tous les dosages ont été réalisés par la méthode de l’étalon externe (N,N- dibutylaniline et N,N-dihexylamine). Les coefficients de réponse ont été déterminés par un étalonnage des différents produits, et sont connus avec une marge d’erreur de 2 à 5%. IV.1.2. Spectroscopie de résonance magnétique nucléaire (RMN) Les spectres RMN 1H, 13C et 31P ont été enregistrés sur des appareils Brucker AM250, AC200. Les déplacements chimiques sont exprimés en ppm, soit par rapport à une référence interne, soit par rapport aux résonances du solvant deutéré utilisé, et les constantes de couplages J en Hz. IV.1.3. Spectroscopie infra-rouge (IR) Les spectres IR ont été enregistrés sur un spectromètre Perkin Elmer IRFT GX2000. IV.1.4. Analyses élémentaires Les analyses élémentaires ont été réalisées par le Service de micro-analyse du Laboratoire. IV.1.5. Spectroscopie de masse couplée à la CPG (CPG-SM) Les spectres de masse ont été enregistrés sur des chromatographes couplés à des spectromètres de masse de type Nermag R10-10, dans le service commun de spectrométrie de masse à l’Université Paul Sabatier, et de type HP 6890/MSD 5973 au Laboratoire de Chimie de Coordination. IV.2. Modes opératoires Nous ne présenterons que les modes opératoires généraux, représentatifs pour chaque partie tel que la synthèse PtBr2(PPh3)2 (précurseur catalytique), 2-phénylaminonorbonane (produit authentique) et la mise en œuvre des essais catalytiques. IV.2.1. Synthèse des précurseurs catalytiques PtBr2 + 2PPh3 THF PtBr2(PPh3)2 Dans un tube de Schenlk purgé et sous argon, une solution de 0.1856g (soit 0.51 mmoles) de dibomoplatine (II) avec 0.2870 g (soit 2 équivalents par rapport au platine) de triphénylphosphine dans 10 mL de THF est réalisée. La couleur du milieu réactionnel vire du vert foncé au beige clair. Après 20h de réaction à température ambiante, un mélange réactionnel non homogène est obtenu. Le THF est évaporé sous vide et le résidu est séché. RMN 31P (CDCl3) δ17.1 (1JPt-P=3200Hz). IV.2.2. Synthèse des produits authentiques Les produits authentiques ont été synthétisés selon la référence [14] : Dans un ballon de 250 mL, sont mélangés 2.575 g (0.023 moles) de norbornanone et 0.9 mL (10 mmoles) d’aniline. Sur cette solution, sont introduits 20 mL d’éthanol, 1.654 g (0.02 moles) de CH3COONa, 8.4 mL d’acide acétique et 25 mL d’eau distillée puis, cette solution est laissée à 0°C ( à l’aide d’un bain de glace) et sous agitation pendant 15 min. Ensuite, l’hydrogénation de l’imine se fait par l’ajout de NaBH4 (2.071 g) en petite portion pendant environ 1.5 heures. Une solution de pH = 4,5 et de couleur jaune pale est obtenue. Le milieu est rendu alcalin (pH= 8-9) par ajout de soude (~ 7 g). Les phases aqueuse et organique sont séparées et cette dernière est lavée avec 3 x 20mL d’éther. L’acide chlorhydrique anhydre est barboté dans la solution pour obtenir le produit sous forme de chlorhydrate, facile à purifier. Enfin, on se sert d’une solution de soude pour neutraliser l’acide chlorhydrique, et extraire le produit pur avec 4 x 30 mL d’éther. En évaporant sous vide, on obtient le produit dont les spectres RMN, infrarouge, et de masse correspondent à la structure de celui attendu (0.885 g, rendement = 47.3%). IV.2.3. Mise en œuvre des essais catalytiques : mode opératoire général Dans le pot de l’autoclave de 100 mL, sont introduits 34 mg (0.129 mmoles) RhCl3.3H2O et 7.147 g (20,64 mmoles soit 160 équivalents/Rh) de n-Bu4PBr. L’autoclave est fermé et mis sous vide pendant environs 3 heures. Dans un tube de Schlenk sec, purgé et sous argon, sont introduits 1.253 g (12.9 mmoles soit 100 équivalents/Rh) de norbornène et 4.1 mL d’aniline (soit 45 mmoles soit 350 équivalents/Rh). Le norbornène se dissout dans l’aniline. Le mélange est dégazé par des cycles vide-argon. Le mélange est ajouté à l’aide d’une seringue à bout plat dans l’autoclave sous argon. Le chauffage de l’autoclave (150°C) est assuré grâce à un bain d’huile thermostaté permettant la circulation de l’huile dans la double enveloppe de l’autoclave. Après 6 jours de réaction, le chauffage est arrêté et lorsque le système est refroidi, l’autoclave est ouvert. Le mélange réactionnel obtenu est versé dans 50 mL d’éther, puis après 30 minutes d’agitation, est filtré. La phase solide est encore extraite 3 fois avec 50 mL d’éther. Enfin, 0.6 mL (soit 20 équivalents/Rh) de N, N- dibutylaniline (étalon externe) est ajouté à la phase ethérée dont le volume est ensuite ramené à 200 mL par ajout d’éther pur. Cette solution est ensuite analysée par CPG. IV. Bibliographie [1] J.J.Brunet, D.Neibecker, Catalytic Heterofunctionalization, Verlag-VCH, 2001, 91-141. [2] H.S.Senn, P.E.Blochl, A.Togni, J.Am.Chem.Soc., 2000, 122, 4098-4107. [3] M.Kawatsura, J.F.Hartwig, J.Am.Chem.Soc., 2000, 122, 9546-9547. 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