1ère oct 2014 livret

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1ère oct 2014 livret
Livret pédagogique
1ère série – saison 2014/2015
2014/2015
* Auditorium du Centre de congrès de l’Aube
Samedi 11 octobre à 18h00
Dimanche 12 octobre à 10h30
* NogentNogent-sursur- Seine – Agora Michel Baroin
Dimanche 12 octobre à 15h30
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Orchestre symphonique de l’Aube – saison 2014/2015 – livret 1
série
-1
Symphonie N°4 en do mineur D.417 « Tragique »
de Franz SCHUBERT
(Vienne, 31 janvier 1797 – Vienne, 19 novembre 1828)
Date de composition : 1816
Création : Leipzig le 19 novembre 1849
Structure : 4 mouvements
1. Adagio molto – Allegro vivace
2. Andante
3. Menuetto, Allegro vivace
4. Allegro
Instrumentation : 2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons, 4 cors, 2 trompettes, timbales,
Violons 1 et 2, altos, violoncelles et contrebasses.
L’historique de l’œuvre : Quand Schubert écrit sa quatrième symphonie, il a dix neuf ans et il est
instituteur dans l’école de son père. En cette année 1816, il tente vainement d’obtenir un poste de
professeur de musique à Lubiana (maintenant en Slovénie).
La partition, achevée dès le 27 avril 1816 ne sera créée que bien après la mort du compositeur, en
1849, par la société de musique d’Euterpe sous la direction de August Ferdinand Riccius. Sa
publication date de 1884 dans le cadre d’une édition complète des symphonies de Schubert.
C’est la première fois que Schubert fait le choix d’une tonalité mineure pour une symphonie. En
effet, les 1re et 3e sont en Ré Majeur alors que la deuxième est en Si bémol Majeur. Ce n’est que
plus tard que le compositeur lui donne le nom de Symphonie tragique en rapport à l’atmosphère
relativement tourmentée de l’œuvre.
En 1884, l’éditeur Breitkopf et Härtel, sous la direction de Johannes Brahms sort une édition
complète de toutes les symphonies de Schubert. A l’époque, Brahms estime que les symphonies
dites de jeunesse de Schubert (les quatre premières) n’ont aucune grande valeur artistique et est
d’avis de ne les publier que par piété.
L’œuvre : La dénomination de « tragique » paraît sans doute excessive mais on sent pendant toute
la symphonie qu’un combat se livre contre l’inquiétude, l’incertitude et le drame. Le combat est
ici plutôt intérieur, comme si l’esprit se battait contre un état dépressif ou inquiet.
On pourra remarquer dans le choix des motifs et des thèmes de la symphonie, une grande volonté
d’unité. On trouve par exemple dans les trois premiers mouvements un motif récurant (voir
l’analyse plus loin). Les thèmes sont souvent liés entre eux par des éléments communs comme par
exemple dans le dernier mouvement qui est presque entièrement basé sur un motif de quatre notes
qui génère la plupart des éléments thématiques du mouvement.
Si l’œuvre révèle quelques maladresses de jeunesse, on sent parfaitement les dimensions
passionnantes que pourront prendre ses œuvres ultérieures.
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Le compositeur: Franz SCHUBERT est le douzième enfant de quatorze (dont cinq seulement
survivront). Le père est maître d’école et la mère, cuisinière.
C’est avec son père qu’il suit sa première scolarité. C’est également avec lui qu’il commence
l’apprentissage du violon. Son frère, Ignaz lui enseigne les rudiments du piano. L’organiste de
Lichtenstal où la famille Schubert habite qui lui enseigne ensuite l’orgue, le chant et la
composition.
En 1808, Franz réussit le concours de jeune choriste à la Chapelle impériale à Vienne. Interne
au Stadtkonvikts, il poursuit des études secondaires jusqu’en 1813. Il a Antonio SALIERI comme
professeur de musique. Contre la volonté de son père, il compose en cachette (Fantaisie en Sol
pour piano à quatre mains – 1810). Suite à des mauvais résultats scolaires, son père découvre les
activités musicales de son fils qui peut ainsi continuer ses études musicales auprès de SALIERI.
Ses œuvres sont jouées par l’orchestre du collège et par l’orchestre familial. Pourtant, il suit un
stage d’instituteur à l’école St Anne et obtient son certificat d sous-maître d’école en 1814. La
même année il achève sa Symphonie N°1 en Ré Majeur, les Quatuor à cordes N°7, 8 et 10, des
lieder, l’esquisse d’un opéra et termine la Messe en fa Majeur. Au mois d’octobre, il écrit son
lied*, Marguerite au rouet sur un poème de GOETHE.
A l’automne 1814, il devient instituteur (sous-maître d’école) avec son père. L’année 1815 est
très féconde puisqu’elle voit l’écriture de quatre opéras, ses 2e et 3e symphonies, deux messes, un
quatuor à corde, deux sonates pour piano, 140 lieder (dont le Roi des aulnes) dont le célèbre Roi
des Aulnes, des chœurs et de nombreuses pièces pour piano. Vers la fin de l’année, il postule avec
le soutien de Salieri pour un poste de professeur au conservatoire de Lubiana (maintenant en
Slovénie). Malheureusement, il n’obtient pas le poste.
En juin 1816, il reçoit sa première commande, une cantate qui lui permet de gagner le double de
son salaire habituel. Il fait la connaissance du chanteur VOGL qui fera la célébrité des Lieder de
SCHUBERT. La même année, il écrit sa 4e symphonie.
En 1817, il obtient un congé. Il donne alors des cours à Marie Esterhazy et voyage en Hongrie
avec la famille. A son retour, il ne reprend pas son emploi de maître d’école. Il se met alors à vivre
de ses compositions et vit dans différentes chambres meublées.
A partir de 1919, Ignaz Sonnleithner, ami des musiciens, l'introduit dans la maison des sœurs
Fröhlich et s'emploie à faire connaître la musique de Schubert qui gagne en notoriété dans les
salons viennois où l'on organise les fameuses Schubertiades, soirées musicales autour de la
musique de SCHUBERT. Il compose le Quintette « La Truite ».
En 1820, il subit un échec avec deux de ses opéras. En 1823, les premiers symptômes de la
syphilis (incurable à l’époque) se déclarent. En 1824, il fait un voyage chez les Esterhazy en
Hongrie et en 1825, il voyage au Tyrol avec VOGL.
En 1826, il achève son Quatuor à Cordes en ré mineur, « La jeune fille et la mort ».
En 1827, le 29 mars, il participe comme porteur de torche à l’enterrement de BEETHOVEN. Il
termine le cycle de lieder Winterreise (« Le Voyage d'hiver »), D. 911. Le 12 juin, il est élu comme
membre titulaire du directoire de la Société des amis de la musique. Le 19 juin, il commence la
composition de l'opéra Der Graf von Gleichen, D.918, sur un texte de Bauernfeld, en dépit de
l'interdiction par la censure d'une pièce mettant en scène un cas de bigamie.
À l'automne 1828, Schubert emménage chez son frère Ferdinand. Après deux semaines de
maladie, il meurt de la fièvre typhoïde (ou typhus abdominal) le 19 novembre 1828 à 31 ans. Sa
dépouille repose d'abord au cimetière de Währing, non loin de celle de Beethoven, avant d'être
transférée en grande pompe en 1888 dans le « carré des musiciens » du cimetière central de Vienne,
où sa tombe voisine aujourd'hui celles de Beethoven, Johannes Brahms et Hugo Wolf.
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Avec Mozart, Franz Schubert est l’un des plus grands génies de l’histoire de la musique. On dit
qu’il composait avec une très grande rapidité et que comme Mozart, il écrivait d’un seul trait,
généralement sans ratures. Lorsqu’il meurt à 31 ans, il laisse donc une production énorme (plus de
600 lieder, 15 opéras, 6 messes, 9 symphonies et une littérature importante de piano, de musique de
chambre et de pièces religieuses et chorales). Pourtant de son vivant, il n’obtient pas le succès
escompté et beaucoup de ses œuvres ne seront découvertes et créées que beaucoup plus tard. Il
faudra attendre presque un siècle pour que Schubert soit considéré comme un grand compositeur.
Analyse de l’œuvre:
1. Adagio molto – Allegro vivace
• INTRODUCTION LENTE Adagio molto : (Extrait N°1)
Le premier mouvement débute par un Do joué tutti à l’unisson et annonçant tout de suite le
ton de Do (mineur) et le caractère tragique de la symphonie.
La musique se poursuit par une grande introduction lente de près de trois minutes (plus
d’un tiers du mouvement), à l’atmosphère à la fois tourmentée et calme, parfois pesante
mais dans tous les cas résigné.
Cette introduction est caractérisée par deux motifs mélodiques et par le mouvement régulier
des croches ininterrompues marquant la pulsation et créant un sentiment de lenteur et de
mouvement pesant et inexorable (Exemples ci-dessous) – Extrait N°1).
Exemple 1 :
1er motif de l’introduction
Croches ininterrompues
appogiature*
Motif mélodique principal caractérisé par ses retards* et
appogiatures*
retard*
note réelle*
Motif mélodique secondaire intervenant au bois
• Allegro vivace:
On sent dans cet Allegro vivace quatre plans dramatiques :
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- 1er Plan (Thème A): Ambiance tragique, inquiétante (Extrait N°2).
Le côté tragique est symbolisé par le thème A en Do mineur, joué par les violons 1 dès le début
de l’Allegro (Extrait N°2). On pourra remarquer que la tension dramatique augment avec le
thème ascendant sur toute sa longueur pour aboutir au pont modulant, symbole du combat
contre le drame.
- 2e Plan (Pont modulant): Bataille contre la tragédie et son côté déprimant (Extrait
N°3).
Séquence modulante change de caractère avant un sentiment de bataille. Elle est
principalement caractérisée par deux types de motifs l’un descendant et un autre ascendant
- 3e Plan (Thème B): Moment de bonheur, peut-être de
répit ou d’un souvenir heureux (Extrait N°4).
Le thème B est exposé en La bémol Majeur et joué d’abord par les violons puis repris avec les
flûtes et bassons. (Extrait N°4).
- 4e Plan (Partie C): Moment de victoire contre le drame dans un style conquérant
(Partie C) avec trois éléments caractéristiques :
1) Motif chromatique (C1) qui introduit les trois interventions du motif
triomphal qui suit (Extrait N°5).
2) Motif arpégé de violons 1(C2). On entend à trois reprises : en Mi
Majeur, en La bémol Majeur puis en Do Majeur, tonalité de la symphonie (Extrait N°5).
3) Introduit par cinq blanches accentuées de cordes et bois, le motif
ascendant de cordes (C3) avec sonnerie de bois en réponse et ponctuations des cuivres apparaît
ensuite et conclue l’exposition de la forme sonate* (Extrait N°6).
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Sonnerie de bois
Ponctuation des cuivres
Motif ascendant de cordes
Le mouvement se poursuit par :
•
•
•
•
•
Développement sur le thème A où l’on distingue parfaitement la thème A (Extrait N°7).
Retour des motifs de Pont en Sol mineur
Thème B en Mi bémol Majeur (ton relatif du ton principal)
Thème C, triomphal en Mi Majeur
Thème C en Do Majeur et motifs de la partie C en guise de conclusion (Extrait N°8).
2. Andante
A l’exception du thème mineur (thème B – Extrait N°9), ce deuxième mouvement, typiquement
Schubertien se déroule dans une ambiance calme, de douce intimité et de lyrisme discret.
Néanmoins, la musique, sous un aspect de simplicité, cache un travail harmonique et thématique
assez fouillé.
Le mouvement, tout en utilisant le principe du couplet/refrain, le refrain correspondant au thème A,
entendu dès le début et les couplets étant constitués par les autres parties, reprend l’esprit de la
forme sonate* avec un thème secondaire contrasté et réexposé à la tonique. Sans trop entrer dans
les détails et en choisissant d’utiliser la terminologie correspondant à la forme sonate*, le
mouvement se déroule de la manière suivante :
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• Thème A La bémol Majeur (Extrait N°10) : Thème construit en carrure et joué d’abord par
les cordes puis repris avec un joli contrepoint de hautbois (Extrait N°11).
• Pont 1 basé sur la cellule trochée de A (Extrait N°12) : La musique se poursuit en
réutilisant le rythme de croche pointée/double du thème A en commençant sur la dominante
pour conclure en La bémol Majeur.
Rythme issu de A
• Pont 2 modulant avec un Thème B en Fa mineur (Extrait N°13) : Nouveau thème au motif
caractéristique réutilisant la tête du thème A du 1er mouvement dans un esprit dramatique.
Ce thème, dans un dialogue entre bois et cordes va passer par différentes tonalités puis la
queue de ce thème va servir de motif à part entière (fin de l’extrait N°13) puis générer le
thème C.
Exemple partiel :
Bassons:
Cors
élément de A du
1er mouvement
Violons 1
Violons 2
• Thème C en Do bémol Majeur (Extrait N°14): Thème issu de la queue de la partie B. Ce
thème contrasté, plus lyrique correspond au thème B d’une forme sonate*. Certain diront
que c’est le thème « féminin ». A la fin de cette partie, on réentend une partie du thème A
qui annonce la réexposition
Thème joué par la flûte 1 et la clarinette 1
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• Thème A en La bémol Majeur.
• Pont 1 différent car allant vers Ré bémol Majeur mais utilisant les mêmes éléments.
• Pont 2 avec le Thème B en Si bémol mineur.
• Thème C en La bémol Majeur : Ce thème est réexposé en La bémol Majeur comme il se
doit dans une forme sonate*.
• Thème A en La bémol Majeur dans une version tronquée puis emprunt à la sous dominante
avant de conclure en La bémol majeur sur les motifs du thème A.
3. Menuetto, Allegro vivace
Ce mouvement, très court et pour le moins curieux reprend le découpage du menuet avec son
Menuet en deux parties et reprises, son Trio en deux parties et reprises et enfin un Da capo* du
Menuet sans reprises. En revanche, le rapport tonal habituellement utilisé n’est pas conservé
puisque le Menuet et le Trio utilisent la même tonalité de Mi bémol Majeur.
Si ce Menuetto peut paraître sans intérêt à certains, je trouve pour ma part qu’il présente quelques
points dignes d’être soulignés. On trouve dans chacune des parties un contraste entre climat stable
et serein et une inquiétude latente, au bord du drame qui est prêt à surgir.
I. Menuet : Le menuet est en deux parties avec reprises :
Partie 1 : Le climat incertain apparaît au début avec un thème fortissimo, dont
l’élément thématique traversera toute la première partie. Le thème est d’abord joué à
l’unisson de tout l’orchestre puis harmonisé (Extrait N°15). On remarquera qu’à
l’audition, la tonalité est difficilement identifiable. En effet, la présence dans le thème
de multiples notes appogiatures* (première note de chaque mesure) brouille
totalement les piste et donne une sensation d’instabilité. Tout ce thème est pourtant en
Mi bémol Majeur. On remarque aussi dans toute cette première partie une sensation
d’instabilité rythmique avec un début de thème en levée et accentué par un fortissimo.
Cela donne l’impression d’un départ sur le temps et une métrique irrégulière.
Thème du Menuet
On voit ci-dessus le motif de 4 mesures repris à l’octave supérieur. Il est à ce moment harmonisé
puis disparaît dans un decrescendo non seulement indiqué mais qui s’amplifie par un allègement de
l’instrumentation parfaitement audible. Cette première partie de Menuet se termine par une arrivée
sur la dominante (Si bémol Majeur) et une reprise de tout le passage.
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Partie 2 : La 2e partie, également en reprise est d’abord plus légère, dansante
avec une tonalité parfaitement identifiable (Extrait N°16). Elle commence en Mi bémol mineur
pour aller aussitôt en Sol bémol Majeur. Cette deuxième partie est également en deux séquence
dont la deuxième est un retour au thème initial se concluant en Mi bémol majeur.
II. Trio : Le trio contrairement à l’habitude est dans la même tonalité que le Menuet.
De tempo plus lent, il utilise la tête du thème A du premier mouvement comme
c’était le cas pour le thème B du 2e mouvement (Extrait N°17).
Hautbois
Clarinette
La construction de ce trio est la même que pour le menuet à cette différence prêt que le
caractère est léger, élégant pour la première partie alors que dans la deuxième, il est d’abord
inquiétant avant la reprise du thème de la première partie. Chacune des deux parties est en
reprise.
III. Da Capo : A l’issu du trio, le Menuet est repris sans reprises.
4. Allegro
Le quatrième mouvement, comme les trois autres oppose plusieurs sentiments contrastés. On y
trouve des partie troublées, inquiétantes (début du mouvement – Extrait N° 18), voire de véritables
batailles (Extrait N°19), des moments plus légers, presque joyeux (Extrait N°20) et enfin des
parties franchement triomphales (Extrait N°21).
Thématiquement, le quatrième mouvement est écrit sur la base du motif de tête du premier thème
(Thème A – Extrait N°18) qui envahit tout le mouvement.
Aussi bien dans les moments les plus tragiques (Extrait N°19) qu’en accompagnement du thème B
(Extrait N°22), ce motif sert de base à une successions de traits de violons ou d’altos en croches
ininterrompues.
Motif principal
Ici pour une séquence « tragique » (Extrait N°19)
Violons 1 et 2
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Là pour l’accompagnement du thème B (Extrait N°22)
Partie du Thème B aux violons 1
Violons 2
Altos
Les principaux moments et thèmes de ce quatrième mouvement sont
donc :
1) Thème A1, précédé d’une introduction de 4 mesures sur un arpège de do mineur (Extrait
N°18)
+ Flûte et hautbois
On remarquera l’intervention des bois venant renforcer le thème de violons à la redite du motif
2) Thème A2 : Moment plus joyeux avec un 2e thème en Mi bémol Majeur aux flûtes,
clarinettes et violons et commençant sur la cellule (Extrait N°23).
3) Moment inquiétant d’abord (Extrait N°19) avec un trait de violons basé sur la cellule de
A. Cette partie apparaît comme un 1er développement sur A.
Puis franchement tragique (Extrait N°19, suite)
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4) Thème B en La bémol Majeur (Extrait N°22). Ce thème est plus doux dans une ambiance
plus calme et plus légère. Il est constitué d’un joli dialogue entre les cordes et les bois qui
se partagent la mélodie. L’accompagnement poursuit la succession de croches des cordes et
permet de garder une certaine tension et ajouter une grande fluidité au discours musical.
Ici, exemple sur la partition partielle
Clarinette 1
Cor 3
Thème B
Violons 1
Violons 2
Altos
Violoncelles et contrebasses
5) Thème A3 en Mi bémol Majeur (Extrait N°21). Thème triomphal en guise de conclusion
de l’exposition.
Après l’exposition, un développement reprend d’abord le motif principal dans un traitement
différent. La partition module alors en La Majeur avec un thème C qu’on pourrait facilement
nommé A3 puisqu’il reprend le même motif au début :
Ce même thème C passe ensuite en Mi bémol Majeur avec un dialogue entre cordes et bois. La
tension monte jusqu’au retour de l’introduction de 4 mesures annonçant la réexposition.
La réexposition reprend le thème A mais en Do Majeur puis en la mineur.
A2 revient en Do majeur puis en la mineur.
B revient Fa Majeur, ce qui peut paraître curieux vu les règles qui régissent la forme sonate* et qui
veulent un retour du thème secondaire à la tonique. Ici, le thème B est en fa Majeur pour des
raisons pratiques. En effet, le compositeur souhaite terminer sa symphonie triomphalement en Do
majeur sans changer beaucoup le cheminement tonal de son exposition. Dans celle-ci le thème B
est en La bémol Majeur et arrive sur le passage triomphal en Mi bémol majeur, donc avec un
rapport de quinte*. Pour la réexposition, le rapport de quinte* reste et, de Fa Majeur, on arrive sur
Do Majeur.
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Ouverture de « Don Giovanni » K.527
de Wolfgang Amadeus MOZART
(Salzburg, 27 janvier 1756 – Vienne, 5 décembre 1791)
Date de composition : 1787
Création de l’opéra: 29 octobre 1787 au théâtre Nostitz de Prague sous
la direction du compositeur.
Origine : Commande du Théâtre National de Prague
Historique de l’œuvre : Suite au succès des Noces de Figaro, le
librettiste, Lorenzo Da Ponte propose à Mozart en janvier 1787 un
nouvel opéra pour le Théatre National de Prague. Ce sera Don Giovanni
d’après le personnage popularisé par Tiso de Molina dès 1630 dans sa
pièce El Burlador de Sevilla et qui vient de faire l’objet d’un opéra créé avec succès à Venise en
1786 par Giuseppe Garzzaniga.
Mozart travaille à ce projet à partir de juillet et l’œuvre est créée avec un immense succès le 29
octobre 1787. La reprise de l’opéra à Vienne deux ans plus tard se heurte par contre au goût très
conservateur du public viennois. L’œuvre sera ensuite oubliée pour être redécouverte au milieu du
XIXe siècle. Depuis, son succès ne s’est plus jamais démenti.
Argument de l’opéra : L’action se déroule à Séville dans le sud de l’Espagne au XVIIe siècle.
Don Giovanni, au cours d’une aventure incognito avec Dona Anna est provoqué en duel par son
père, le Commandeur, qui cherche à la protéger. Finalement, après avoir séduit Zerlina, une jeune
villageoise et repoussé Donna Elvira, une ancienne conquête, le séducteur sera punie sévèrement à
la fin de l’opéra par le célèbre Commandeur, assassiné par Don Giovanni au début de l’œuvre.
Petite histoire de l’ouverture : On raconte que l’ouverture fut composée la nuit précédent la
répétition générale, sa femme, Constance étant obligé de lui raconter des histoires afin de le
maintenir éveillé.
Structure de l’ouverture : Introduction Andante suivie d’un Molto Allegro de forme sonate*
L’ouverture : L’ouverture est composée de deux parties distinctes opposant le caractère
dramatique de l’opéra à son caractère de comédie. N’oublions pas que Don Giovanni n’est pas un
opéra dramatique contrairement à ce qu’on croit généralement mais avant tout un dramma giocoso
(drame joyeux) selon les termes de la partition et qui relate les fantaisies libertines du héro.
Pour son ouverture, le compositeur met d’abord l’auditeur dans une ambiance de drame, dissipé
par la légèreté et l’entrain de l’allegro qui suit. On peut néanmoins sentir dans cet allegro quelques
incursions de drame venant troubler la bonne humeur qui y règne.
Instrumentation : 2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons, 2 cors, 2 trompettes, timbales,
Violons 1 et 2, altos, violoncelles et contrebasses.
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Le compositeur:
Wolfgang Amadeus Mozart est né le 27 janvier 1756 à Salzbourg. Son père Léopold est un très
habile violoniste et compositeur de talent. Il est l’auteur d’une école de violon qui lui vaudra une
réputation justifiée de bon pédagogue. Il deviendra le vice-Kapellmeister de la cour de Salzbourg.
Le prince archevêque de Salzbourg est souverain dans son domaine qui est rattaché au cercle de
Bavière dans l’organisation administrative du Saint-Empire. Wolfgang, durant toute sa vie ne se
dira jamais autrichien mais toujours allemand. Il s’épanouit donc au sein d’un foyer uni et aimant.
Il joue avec sa sœur, également fort bonne musicienne. C’est son père qui est son précepteur. À six
ans à peine, il s’affirme indiscutablement comme un musicien surdoué. Outre de rapides progrès au
clavier ainsi que la composition de petites pièces prometteuses, l’enfant comprend rapidement
comment se fait la musique, en assimile parfaitement la technique et la vit véritablement.
Conscient du don de l’enfant, l’archevêque autorise Léopold à faire des tournées avec son fils. Dès
lors et pendant plusieurs années, vont se succéder les voyages de l’enfant prodige chaperonné de
par son père. Salzbourg sera le port d’attache entre deux triomphes
De 1762 à 1768 le père et l’enfant voyagent et se produisent devant toutes les cours et devant
tous les souverains d’Europe : Munich, Vienne, Bruxelles, Paris, Londres, Zurich…
Si le jeune Mozart est exhibé comme un animal savant, pourtant, la fréquentation des diverses
capitales et la rencontre de nombreux compositeurs enrichissent le jeune musicien. Ilcommence
très à écrit beaucoup de musique. En 1768 il compose un premier opéra-buffa* : La Finta semplice
puis un premier singspiel* : Bastien und Bastienne souvent considéré comme son premier opéra.
Mozart a maintenant 13 ans. Il est nommé Konzertmeister et de 1770 à 1773 il fait trois voyages
successifs en Italie. Ces trois voyages seront pour lui une grande découverte de l’art italien qui
influence sa musique de cette époque.
De 1773 à 1777, le jeune homme reste à Salzbourg. Pour lui qui avait parcouru l’Europe,
l’atmosphère est étouffante et encore plus depuis l’avènement d’un nouveau prince archevêque,
pour qui la seule musique valable est italienne. Celui-ci est donc décidé à mettre au pas les Mozart
père et fils qu’il juge arrogants. À cette nouvelle oppression, Wolfgang répond d’abord par une
surabondance créatrice avec notamment beaucoup de musique sacrée, 6 concertos pour piano et un
Concerto pour basson K191 (au programme de l’orchestre Symphonique de l’Aube de novembre
2011). Mozart séjourne à Salzbourg et fait quelques courts voyages à vienne où ils rencontrent
Joseph Haydn avec qui il se lie d’amitié.
En août 1777, il quitte Salzbourg après avoir démissionné de sa charge de maître de chapelle de
l’archevêque. Accompagné de sa mère, il voyage et séjourne à Munich, à Augsbourg et à
Mannheim. En janvier et février 1778, Mozart s’éprend d’Aloysia WEBER, fille d’un chanteur et
violoniste, lui-même oncle de Carl Maria von WEBER. Amoureux, Mozart ne désire plus partir et
conçoit des projets farfelus que son père stoppe net.
Le 23 mars à 1778, il quitte Mannheim. Il se rend à Paris où il renoue avec le baron Grimm. Une
nouvelle symphonie, « Paris » K.297 connait un grand succès. Le 3 juillet 1778 sa mère meurt suite
à une typhoïde. Le compositeur quitte alors la ville en septembre, passe par Nancy et Strasbourg et
retourne à Mannheim au mois de novembre. Son père le presse pourtant de rentrer à Salzbourg
pour occuper à nouveau sa charge. Wolfgang retrouve Aloysia mais celle-ci est froide et
indifférente. Il retourne alors à Salzbourg le 15 janvier 1779 et est organiste à la cour et à la
cathédrale. A l’automne 1779, il met le meilleur de son génie dans la Symphonie Concertante
(K.364) pour violon et alto. Pourtant, pour le compositeur, c’est le calme plat à Salzbourg. Mozart
finit finalement par se brouiller définitivement avec le Prince-Archevêque Colloredo et le 9 mai
1781, le quitte.
Le 4 août 1782, Mozart épouse la sœur d’Aloysia, Constance. Il donne alors des cours à de
riches familles et connaît de grands succès comme avec l’opéra L’enlèvement sérail. Il vit dans un
certain bien-être. Il écrit les six Quatuors à cordes dédiés à Haydn, la Grande messe en ut mineur,
la Symphonie N°35 dite « Haffner » et la Symphonie de Linz, le Quinette pour piano et vents… En
1784, il est admis chez les francs-maçons, pour lesquels il écrit plusieurs œuvres (4 cantates, des
lieder et de nombreuses œuvres instrumentales). La période est favorable au compositeur malgré
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de nombreuses critiques. En 1786, il triomphe à Vienne et à Prague avec les Noces de figaro
d’après la pièce de Beaumarchais.
Le 28 mai 1787, son père meurt et Wolfgang se montre très affecté par ce décès. La période
heureuse du compositeur s’achève. En septembre, il termine l’une de ses plus grandes œuvres, son
opéra Don Giovanni qui obtient un immense succès lors de sa création le 29 octobre. Malgré ce
succès et une grande assurance, le compositeur est de plus en plus critiqué. Même Don Giovanni,
tombe à plat à Vienne en 1788. Mozart sombre alors petit à petit. Il n’a aucun sens financier et
dilapide ses nombreuses recettes. De plus, il commence à se plaindre de migraines et de
rhumatisme. Pourtant, il enchaîne quelques chefs-d’œuvre tels que ses trois dernières symphonies
(Symphonie N°39 en Mib Majeur, N°40 en Sol mineur et N°41 « Jupiter »).
Au printemps 1789, il entreprend une tournée de prospection mais à part la découverte de
Motets encore inédits de Jean-Sébastien BACH, il revient les mains vides. A l’Automne, Joseph II,
qui l’estime lui commande un opéra. Mozart écrit Cosi fan tutte. A la mort de Léopold II, la
situation de dégrade encore. Pourtant, il continue d’écrire avec beaucoup de vitalité et d’énergie
créatrice. Au début de mars 1791, une vieille connaissance, devenue le directeur du théâtre
viennois Auf der Wieden , vient lui commander un opéra. Ce sera La flûte enchantée (Die
Zauberflöte). Mozart y consacre beaucoup de son énergie. En juillet un inconnu lui commande un
requiem. En Août, il reçoit la commande un opéra seria pour Prague, La Clemenza di Tito pour
lequel il écrit des morceaux admirables en toute hâte, se faisant suppléé par un élève pour les
récitatifs. Le 30 septembre, c’est la première de la « La flûte enchantée » dans le petit théâtre d’un
faubourg populaire de Vienne. Le nom de Mozart, qui avait connu un immense succès à Vienne
attire immédiatement et c’est un succès foudroyant et continu. Chaque jour, l’enthousiasme
s’accroît. Les offres et les commandes vont affluer maintenant, mais trop tard. Une légende tenace
veut que Mozart, hanté de sa mort prochaine passe tout son temps à composer le requiem pour luimême. De cette légende, rien ne subsiste. Au contraire, les lettres de Mozart en octobre respirent
un enjouement souvent facétieux en dépit d’une extrême fatigue et parlent abondamment des
représentations de La flûte enchantée et du Concerto pour clarinette qu’il achève mais nullement
d’un travail acharné pour le Requiem.
Tout à la joie du triomphe, Mozart continue sur sa lancée à travailler encore six semaines,
malgré un état toujours plus maladif. Il continue le concerto pour clarinette, quelques feuillet
d’esquisses pour le Requiem et enfin sa dernière œuvre, une cantate maçonnique : l’Eloge de
l’amitié, exécuté le 15 novembre. Le 19 novembre, il se met au lit pour ne plus se relever. Le 5
décembre 1791, Wolfgang Amadeus Mozart meurt d’une fièvre rhumatismales aigue. Dans les
derniers jours de son agonie, c’est à La flûte enchantée que revient toujours sa pensée. Chaque soir,
montre en main, il en suit mentalement le déroulement.
Wolfgang Amadeus MOZART est enterré le 6 décembre 1791 dans la fosse commune du
cimetière de Saint-Marc. On ne retrouvera jamais son corps.
L’œuvre plus en détail : Comme il a été dit plus haut, l’ouverture s’articule en une introduction
plus lente, Andante suivie d’un allegro de forme sonate*.
I. Introduction Andante (Extraits N°24, 25 et 26): En ré mineur, cette introduction à la fin
« dramatique » de l’opéra quand le Commandeur, le père Donna Anna, assassiné par
Don Giovanni au début de l’œuvre revient se venger.
Elle commence par deux puissants accords de tonique puis de dominante, rythmés par
des syncopes de violons et fortement soutenu par les basses (bassons, altos,
violoncelles et contrebasses) qui coupent d’ailleurs leur note après le reste de
l’orchestre, ce qui renforce la profondeur et la puissance de ce début d’opéra (Extrait
N°24). La suite est une longue attente dans un climat lourd et « orageux » où se
succèdent par séquence de quelques mesures le rythme pointé des cordes surplombé de
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tenues de vents, un motif de violons en syncope avec l’appogiature de la dominante
(Extrait N°25) puis accompagné par une phrases de cordes en ostinato (Extrait
N°25)… C’est enfin une lente progression vers l’aigu de gammes ascendantes et
descendante et progressant vers l’aigu par demi-ton et en crescendo (Extrait N°26).
Elle nous emmène lentement et inexorablement vers le sommet dramatique de cette
introduction et aboutie sur la dominante de Ré pour enchainer sur l’allegro en Ré
majeur qui suit.
Quelques exemples sur l’introduction :
•
•
Rythme pointé présent dès la 5e mesure (Extrait N°24) :
Thème de violons en syncope (Extrait N°25):
Appogiature de la dominante
• Phrase de violons 2 en ostinato (Extrait N°25):
• Gammes de violons 1 et flûtes (Extrait N°26):
On remarque la progression ascendante des gammes par demi ton, ce qui provoque une sensation
de vague envahissante.
II. Allegro de forme sonate* : L’allegro s’enchaîne sans interruption et directement en Ré
Majeur.
EXPOSITION : Le court thème A en Ré Majeur apparaît dès le début aux
violons auxquels répondent les vents sous forme de sonnerie « militaire ». Le pont correspond à la
redite du thème A mais qui module vite et affirmer La Majeur (Extrait N°27). S’enchainent alors
quatre épisodes en La :
1. Thème B1 de violons en gamme descendante de La Majeur ponctué par des accords
tutti (Extrait N°28)
2. Episode plus sombre avec un motifs B2
de violons nerveux en La mineur
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(Extrait N°29)
3. Episode dans un climat d’attente avec un
motif B3 descendant lancé à l’unisson
des cordes et bois auquel répond un
« gazouillis » de violons. Le motif est ensuite traité en entrées en imitations
resserrées entre les cordes, le basson et le hautbois puis les flûtes en octaves
(Extrait N°30).
4. L’exposition se conclue par un épisode triomphal et
conclusif en La Majeur dominé par un thème de violons
1 issu du thème nerveux du 2e épisode (Extrait N°31).
DEVELOPPEMENT : On reconnaît aisément dans le développement les
différents motifs et thèmes utilisés qui sont essentiellement le motif B3 et le thème A.
REEXPOSITION : La réexposition se déroule sans surprise avec une partie B et
une conclusion en Ré au lieu du La de l’exposition.
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Symphonie N°4, opus 49
Symphonie classique « Sturm und Drang »
(Mouvements 1 et 3)
de Nicolas BACRI
(Paris, 1961)
Date de composition : 1995 – 1996
Création : 18 juin 1996 à Amiens par l’orchestre de Picardie sous la
direction de Louis Langrée.
Origine : Commande de l’Orchestre de Picardie dans le cadre de la
résidence du compositeur.
Structure : 4 mouvements
1. Allegro fuocoso : « Omaggio a Richard Strauss »
2. Arietta (Larghetto) : « Omaggio a Igor Stavinsky »
3. Menuetto (Allegretto con malizia) : « Omaggio a Arnold Schönberg »
4. Finale (Allegro spiritoso con una parodica) : Omaggio a Kurt Weill »
8/6/4)
Histoire de l’œuvre :
Par Nicolas BACRI lui-même (propos extraits du site internet http://www.nicolasbacri.net):
Lorsque Louis Langrée me nomma "Compositeur en résidence" à l'Orchestre de Picardie, il
souhaita clore son cycle consacré au style "Sturm und Drang" (dans la période classique, le style le
plus tourmenté et annonciateur du romantisme) par une œuvre nouvelle d'"esthétique" analogue.
Il est évident que si l'on prend la désignation de "Sturm und drang" (Orage et Passion) dans son
sens le plus large (en l'occurence psychologique), l'on peut y faire rentrer les options esthétiques
les plus atemporelles pourvu qu'y domine le caractère orageux et passionné. Pour ne citer qu'un
seul exemple (bien superficiel il est vrai), tout l'œuvre d'Alban Berg pourrait facilement être
étiqueté "Sturm und Drang"... Or, il me semble que l'essentiel de la musique que j'ai toujours écrite
est, elle aussi, largement tributaire de cette orientation. Par conséquent je décidai de prendre la
proposition de L. Langrée au pied de la lettre ! Je me suis donc livré à une tentative de
réactualisation chère à bon nombre de compositeurs néo-classiques de l'entre-deux guerres (mais
aussi au Grieg de la Suite "Au temps de Holberg"), d'où les hommages à Strauss (celui d'Ariane à
Naxos), à Stravinsky, Schœnberg (celui des opus 23 et suivants), et Weill (celui de la deuxième
symphonie et pas celui de "Three pennys opera").
Me voici remontant le temps, me mettant "dans la peau" d'un compositeur de l'époque classique.
j'ai bien sûr tenté de donner un sens à cette visite d'outre-temps avec l'espièglerie inhérente à ce
genre d'acrobatie, en bref, j'ai commis un "pastiche", un hommage à une forme révolue et surtout
pas un "exercice de style", qui n'est que pure copie. Car si je n'ai pas crains de préciser avec une
netteté assumée les contours d'un vocabulaire esthétique passé — jusqu'à la parodie — j'ai essayé
de proposer un contenu émotionnel relevant de préoccupations musicales que j'estime personnelles.
On pensera à la Symphonie classique de Prokofieff et on aura raison si l'on trouve autant de gestes
qui me sont personnels dans ma propre "Symphonie classique" que de gestes inséparables du style
de Prokofieff dans la sienne.
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Instrumentation : 2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons, 2 cors, timbales, Violons 1 et 2,
altos, violoncelles et contrebasses.
Le compositeur: Nicolas Bacri apprend le piano dès l'âge de sept ans puis complète sa formation
par l'étude de l'harmonie, du contrepoint, de l'analyse musicale et de la composition avec Françoise
Gangloff-Levéchin et Christian Manen puis, à partir de 1979, avec le compositeur d'origine
allemande Louis Saguer. En 1980, il entre au CNSM de Paris où il recevra l'enseignement de
Claude Ballif, Marius Constant, Serge Nigg et Michel Philippot. Il quitte le Conservatoire avec le
premier prix de composition en 1983 et devient, pour deux ans, pensionnaire à l'Académie de
France à Rome (Villa Médicis).
En 1987, Radio-France le nomme au poste de délégué artistique du service de la musique de
chambre. Il abandonne cette activité en 1991 pour se consacrer entièrement à la composition en
devenant pensionnaire de la Casa de Velasquez (jusqu'en 1993). Soutenu par la Fondation
d'entreprise Natexis de 1993 à 1996 il réside à La Prée à l'invitation de l'Association culturelle
"Pour Que l'Esprit Vive" de 1993 à 1999 et remporte de nombreux prix parmi lesquels le Grand
Prix de l'Académie du disque 1993 et plusieurs prix de la S.A.C.E.M. et de l'Académie des BeauxArts pour l'ensemble de son oeuvre. Premier compositeur invité de l'Orchestre Symphonique
Français (direction Laurent Petitgirard) il est nommé "compositeur en résidence" à l'orchestre de
Picardie par Louis Langrée pour lequel il a écrit ses 4e symphonie dite Classique « Sturm und
Drang » et 5e Symphonie.
Depuis la création de son premier Concerto pour violon lors de la série de concerts à RadioFrance "Perspectives du XXème Siècle" (1985), Nicolas Bacri a reçoit des commandes régulières
de Radio-France, du Ministère de la Culture et de nombreux orchestres, solistes et festivals.
En 2004 et en 2005, il est nommé aux « Victoires de la musique dans la catégorie « meilleur
compositeur de l’année».
En 2006, La SACEM lui décerne le Grand Prix de Musique Symphonique. Il est nommé à
nouveau aux Victoires de la musique en 2007. La même année, il est Compositeur en résidence au
34° Festival-Académie des Arcs. Il passe quinze mois à Genève et s’installe à Bruxelle à
l’Automne. Parmi les commandes qu’il reçoit cette année là, on notera une de de Radio-France
pour Méditation sur un thème chinois, op. 102, pour vièle chinoise (éhru), ou alto, ou violon, et
orchestre (Le Chant du Monde) (création et diffusion en direct par la télévision nationale chinoise
le 11 mai 2007, Grand Théâtre de Shanghaï).
En 2008, il est une quatrième fois nominé aux Victoire de la musique classique dans la catégorie
« Compositeur de l’année » avec son Quatuor à cordes N°7, opus 101 « Variations sérieuses ». Il
continue à recevoir de nombreuses commandes.
En 2009, il est pour deux saisons, compositeur associé de l’Ensemble Orchestral de Paris. En
2010 et pour trois saisons, il est en résidence au Festival des Forêts (Compiègne). Enfin en 2011, il
est en résidence au Festival Jeunes talents, Hôtel de Soubise, Paris (Directeur artistique, Laurent
Bureau). Il reçoit une commande jointe de l'Ensemble Orchestral de Paris et du Festival des
Forêts : Concerto luminoso (L’été) op. 80 n°4 (Le Chant du Monde) qui est créé le 24 mai dernier
au Théâtre des Champs-élysées, en direct sur France-Musique, par François Leleux, Joseph
Swensen, Lise Bertaud et Marc Coppey.
Il écrit le Magnificat op. 120 pour trois voix féminines, deux violons et violoncelle à la suite d’une
Commande de l'Association "Pour Que l'Esprit Vive".
Auteur de plus de 120 œuvres, dont des Symphonies, des Cantates, Quatuors à cordes, Trios,
des œuvres concertantes pour piano, deux pianos, violon, alto, violoncelle, flûte, hautbois,
clarinette, trompette, violon-piano et orchestre, hautbois-violoncelle et corde…, Nicolas BACRI
est d’abord marqué par l’école de Vienne (Ecole d’avant-garde de la période d’avant la seconde
guerre mondiale avec Webern, Berg et Schoenberg,), de Darmstadt (Période d’après guerre) et plus
particulièrement par la musique d’Eliott CARTER (Compositeur américain né en 1908).
Progressivement, Nicolas BACRI se libère de ces influences, sa musique s’ouvre d’abord pour une
courte période (1984-1987) sur un travail de la matière sonore pour aboutir vers 1987 à "l'examen
de possibilités de renouement avec la pensée symphonique tonale élargie" (Bacri). Le compositeur
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considère la problématique de la musique atonale comme appartenant à la génération de
compositeurs précédente. Il s’agit pour lui "d'expérimenter une nouvelle voie pour tenter de se
rapprocher plus encore de son essence personnelle". « Ce cheminement vers le "sentiment tonal"
qu'il croyait définitivement et historiquement disparu au début de sa vie de musicien et qu'il
retrouvera inéluctablement en même temps que ses racines hébraïques, méditerranéennes mais
aussi Mittle-Europa (son arrière grand-père venait d'Alsace et s'appelait Meyer), c'est ce dont sa
musique nous parle d'œuvre en œuvre, suivant une courbe esthétique progressive et surprenante,
mais toujours animée du même souffle lyrique, dense, et des mêmes couleurs sombres, violentes et
tendues jusqu'à l'austérité, jusqu'au tragique. » (Hélène Thiébault)
L’œuvre : Des quatre mouvements de la symphonie, l’Orchestre Symphonique de l’Aube jouera
les deux premiers, Omaggio a Richard Strauss et Omaggio a Arnold Schoenberg.
I. Allegro fuocoso « Omaggio a Richard STRAUSS »
Richard Strauss (1864 – 1949) est un compositeur post-romantique allemand, et chef d’orchestre
renommé né au milieu du 19e siècle et mort au milieu du 20e siècle. Son œuvre comprend
principalement deux grandes périodes:
1. Avant 1900 avec les poèmes symphoniques, excellents exemples de musique à programme
comme par exemple Don Juan (1889), Till Eulenspiegel (1895), Ainsi parla Zarathustra
(1896) ou Don Quichotte (1897)
2. Après 1900 avec les opéras tels que les audacieux Salomé (1905) et Elektra (1909), le
mythique Chevalier à la rose (1911), Ariane à Naxos (1912) ou encore La femme sans
ombre (1919), Arabella (1933) ou La femme silencieuse (1935).
Pour son premier mouvement, Nicolas Bacri s’inspire du Strauss d’Ariane à Naxos (opéra en un
prologue et un acte sur un livret d’Hugo Hoffmannstahl).
Tout en utilisant son propre langage, le compositeur introduit des éléments thématiques,
rythmiques et mélodiques de l’opéra de Strauss et tente de garder l’esprit de Richard Strauss à la
fois léger avec ses motifs sautillants, ses thèmes généreux et son caractère toujours nerveux et
brillant.
Extrait N°32, début du prologue d’Ariane à Naxos de Richard Strauss.
Extrait N°33, Début, thème principal et fin du mouvement de Nicolas Bacri
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III. MENUETTO Allegretto con malizia « Omaggio a Arnold « Schoenberg »
Arnold Schoenberg (1874 - 1951) est un compositeur allemand de la première moitié du 20e siècle
et chef de file de l’école dite de Vienne. Au début de sa carrière, Arnold Schoenberg écrit de la
musique tonale (dépendant d’une tonalité, c’est à dire des notes d’une gamme Majeure ou
mineures) comme par exemple La nuit transfigurée (1899). Petit à petit, le chromatisme se
développant tellement, le compositeur s’aperçoit que non seulement l’oreille ne peut plus
distinguer réellement une tonalité dans sa musique, mais qu’en plus, il se trouve prisonnier de ce
système et manque de liberté pour laisser libre cours à son inspiration. Il décide donc
d’abandonner le système tonal au profit du système dodécaphonique (Principe d’écriture musicale
basée sur douze demi-tons égaux à la différence des systèmes tonal ou modal basés sur une échelle
plus restreinte de note (sept dans le système tonal, 5 dans les système pentatoniques). Entre 1920
et 1923, il écrit ses 5 pièces opus 23 pour piano dont la cinquième inaugure ce qui deviendra le
système sériel (Principe d’écriture se basant sur une série de 12 sons différents dans un ordre
précis et qui devient la base de composition de tout le morceau comme pouvait l’être le Sujet
d’une fugue auparavant). Ce système sera repris par Alban Berg et Anton Webern (les deux autres
compositeurs de l’Ecole de Vienne) et plus tard par des compositeurs tels que Karlheinz
Stockhausen, Jean Barraqué, Pierre Boulez ou encore Luigi Nono.
Pour son hommage à Arnold Schoenberg, Nicolas Bacri se base sur le penchant du compositeur
pour les formes classique et son systématisme. Le choix de Nicolas Bacri se porte sur un un
menuetto, le menuet étant l’une des formes musicales classiques (issue de la suite de danse) très
utilisées tout au long du 18e siècle. Arnold Schoenberg utilisera un certain nombre de fois cette
forme dans ses œuvres comme par exemple dans sa Sérénade la Suite opus 24 pour baryton et
septuor (1920-1923) (Extrait N°34) ou la Suite pour orchestre à cordes en Sol (1934) (Extrait
N°35).
Pour son Menuetto, Nicolas Bacri reprend la forme générale du menuet avec un Menuet, un trio
qui contraste et un retour au menuet. Ici, le menuet est d’abord constitué de deux parties en
reprises (Extrait N°36, ici, présenté sans reprise) puis d’une variation de la première partie
Energico molto, également en reprise (Extrait N°37). Le trio Dolce molto (Extrait N°38),
contraste avec le menuet par son caractère plus chantant et dans une ambiance intime. Enfin, sans
coupure, le retour des motifs du menuet reviennent et l’œuvre se termine sur l’Energico molto
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L’or et l’argent
de Franz LEHAR
(Komarom, Hongrie le 30 avril 1870 – Bad Ischl, Autriche le 24 octobre 1948)
Date de composition : 1902
Création : 27 janvier 1902 à la Sofiensäle de Vienne.
Structure : Introduction, 3 valses et coda
L’histoire de l’œuvre: Franz Lehár est chef de la musique du 26
régiment de Vienne quand la princesse Pauline de Metternich lui
demande de composer une œuvre spéciale sur le thème de « l’or et
l’argent » pour un gala donné le 27 janvier 1902 dans le Sofiensäle de
Vienne. Cette œuvre devra être une valse qui sera le premier morceau de
la soirée, avant que le bal commence, pour mettre la salle dans l’ambiance.
Lors de la soirée, grâce à une décoration d’or et d’argent, les gens, excités par l’ambiance
commencèrent à danser dès ce premier morceau. Son succès fut tel que rapidement elle devint
célèbre dans toute Europe.
Le compositeur: Franz Lehár est le fils ainé d’une famille dont le père est chef de la fanfare du 50e
régiment d’infanterie de l’armée austro-hongroise. Il étudie le violon et la composition au
conservatoire de Prague. En 1899, après son diplôme, il rejoint l’orchestre de son père à Vienne
comme chef de musique adjoint. En 1902, il compose sa célèbre suite de valses L’or et
l’argent pour la princesse Metternich. Avec cette œuvre, il commence à devenir célèbre dans toute
l’Europe. La même année, il devient chef d’orchestre au Théâtre de Vienne où son opéra Wiener
Frauen est créé au mois de novembre.
C’est surtout par ses opérettes que le compositeur est connu : La veuve joyeuse (1905), Amour
Tzigane (1910), Frasquita (1922), Le pays du sourire (1923). Cependant, on lui doit des sonates,
des poèmes symphoniques, des marches et un certain nombre de valses.
Entre 1925 et 1934, Franz Lehár écrit six opérettes dans un nouveau style pour le ténor Richard
Tauber avec qui il était associé et qui avait déjà chanté plusieurs de ses opérettes dont Frasquita.
Le pays du sourire est ainsi créée à Berlin en 1929 et représente, grâce notamment au ténor fétiche
l’un des plus grands succès du genre.
En 1934, Lehár crée sont dernier grand triomphe, Giuditta qui est retransmis en direct de l’Opéra
de Vienne par cent vint radios dans le monde. En 1935, il décide de créer sa propre maison
d’édition (Glocken-Verlag).
En 1948, il décède en pleine gloire, un an après son épouse. Il est enterré à Bad Ischl, près de
Salzbourg en Autriche.
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L’œuvre : La construction de la pièce correspond à la tradition des grandes valses viennoises (Le
beau Danube bleu de Yohann Strauss par exemple) avec une introduction, une suite de valses
suivie d’une coda.
-
INTRODUCTION en DO Majeur : La longue introduction se déroule en trois parties de
caractères différents :
1. La première, au tempo de marche dans un caractère léger est coupée en deux
par une cadence de harpe.
2. La deuxième, en trois temps est déjà une progression vers le mouvement
ternaire de la valse.
3. La véritable introduction de la valse N°1 est la troisième partie notée Tempo
di valse et placée sur une pédale de dominante (Extrait N°39).
- VALSE N°1 en Do Majeur : La valse N°1 est construite en deux parties, chacune en reprise.
1. La partie 1 expose le célèbre thème de valse en Do majeur, calme et serein
et construit en deux fois seize mesures (Extrait N°40).
2. La partie 2 est plus sautillante et construite en 16 mesures (Extrait N°40)
- VALSE N°2 en Fa Majeur : Cette deuxième valse est également construite en deux parties
en reprise.
1. Sur un phrasé plus lié, la première partie de 32 mesures est légèrement
troublée et peut-être un peu nostalgique. Elle commence en Fa majeur pour
moduler en partie centrale en La mineur (Extraits N°42, 1er extrait).
2. La deuxième partie en 16 mesures redevient légère et conclue la 2e valse en
Fa Majeur (Extraits N°42, 2e extrait).
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-
VALSE N°3 en Ré Majeur : La valse N°3 est également construite en deux parties et
précédée d’une introduction de 4 mesures :
1. La première partie de 16 mesures expose un thème plus tortueux et dans une
ambiance de divertissement (Extraits N°43, 1er extrait).
2. La deuxième partie est un thème de 32 mesures dans une tessiture plus grave
et plus calme (Extraits N°43, 2e extrait).
-
CODA : De Ré Majeur, on passe directement sur ce début de coda en Ré mineur Cette courte
phrase s’enchaîne sur le thème de la 2e partie de la valse 2 mais cette fois en Do Majeur,
tonalité principale de l’œuvre (Extrait N°44).
Le thème est vite tronqué et enchainé avec un retour de la valse 1 sans reprises (Extrait N°44,
fin de l’extrait).
On retrouve une fois encore le thème de la partie 2 de la valse 2.
L’œuvre se conclue par un presto triomphal dans un caractère de fanfare. On y entend un
passage à la sous-dominante, Fa Majeur, minorisé (Fa mineur) avant la dernière séquence
conclusive (Extrait N°45).
Ouverture de « Poète et Paysan»
de Franz von SUPPE
(Split en Autriche le 18 avril 1819 – Vienne le 21 mai 1895)
Date de composition : 1846
Création : Août 1846 au Josephstadt de Vienne
Structure : Deux parties :
1. Andante Maestoso
2. Allegro strepitoso – Allegro - Allegretto
Instrumentation : 2 flûtes (dont 1 picolo), 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons, 2 cors, 2
trompettes, 3 trombones, 1 ophicléide (maintenant tuba), timbales, Grosse caisse, 1 harpe, Violons
1 et 2, altos, violoncelles et contrebasses.
L’histoire de l’œuvre : En 1846, Franz von Suppe vient de terminer ses études musicales lorsqu’il
trouve un emploi au Josephstadt Theater de Vienne, alors dirigé par Franz Pokorny qu devient son
ami. Il obtient rapidement la place de chef d’orchestre dont les obligations sont en plus de diriger,
de composer de la musique pour l’ordinaire de la saison lyrique. Ainsi, il écrit son Dichter und
Bauer (Poète et paysan) qui lui permet de se faire connaître du public. Rapidement, l’ouverture
deviendra très populaire et sera depuis lors l’objet de nombreuses transcriptions pour une multitude
de formations telles qu’orchestres d’harmonie, fanfares et divers ensembles instrumentaux.
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Le compositeur: De son vrai nom Francesco Ezechiele Ermenegildo, Franz von Suppé est né de
parents belges. Il joue très tôt de la flûte et compose une messe à treize ans. Il fait des études de
droit à Padoue (Italie) et à la mort de son père, va à Vienne avec sa mère pour y parfaire ses
connaissances musicales. Il dirige dans différents théâtres allemands puis est engagé en 1846 au
Josephtheater de Vienne où il pourra créer son Poète et Paysan. Son succès grandissant, il crée La
jeune paysanne. Il dirige ensuite l’opéra de Presbourg où il reste quelques années. Il revient ensuite
dans la capitale pour y prendre la tête du Théâtre de Vienne. Se succèdent alors un certain nombre
d’opéras tels que Paragraphe III (1858), le Pensionnat (1860), la Tireuse de cartes (1862), la
Dame de pique (1865), la Belle Galatée (1865) et la célèbre Cavalerie légère (1866). Si Suppé est
surtout connu pour ses œuvres lyriques, on trouve également parmi son œuvre des ballets et
musiques de scène, un Requiem, des symphonies, des ballets, des messes et des quatuors à cordes.
Malgré l’abondance de son catalogue, on ne connait malheureusement Franz von Suppé de nos
jours que par un nombre restreint d’œuvres dont l’ouverture de Poète et Paysan jouée par
l’Orchestre symphonique de l’Aube pour ce concert.
L’œuvre : L’œuvre se divise en deux grandes parties, la première plus lente et la deuxième,
rapide.
I. ANDANTE MAESTOSO
L’œuvre débute par un Andante Maestoso composé de deux parties :
1. C’est un chœur de cuivres très solennelle en Ré Majeur qui ouvre l’œuvre (Extrait
N°46). Deux phrases de quatre mesures la compose et se termine sur la dominante (La Majeur).
La musique se poursuit par quatre mesures de cordes en Si mineur, de caractère plus sombre avec
intervention de grosse caisse (Extrait N°47). C’est enfin quatre mesures majestueuses qui
terminent et s’enchaîne avec le thème de violoncelle qui suit sur une cadence parfaite* fortissimo
en Ré Majeur (Extrait N°47, fin de l’extrait avec l’enchainement du solo de violoncelle).
2. C’est un ravissant thème joué au violoncelle solo qui compose cette deuxième
partie de l’Andante maestoso (Extrait N°47). Le soliste va ensuite dialoguer avec les bois qui
présentent un thème secondaire de rythme ternaire et qui vient contraster avec le thème principal
par son caractère léger (Extraits N°48, 1er extrait). L’Andante maestoso se termine en Ré Majeur
dans un climat très calme et doux, coloré par des arabesques de harpe (Extraits N°48, 2e extrait).
II. ALLEGRO STREPITOSO, ALLEGRO ET ALLEGRETTO
Cette partie rapide et puissante est constituée d’une succession de sections à l’écriture et au
caractère changeant.
Thème A en Si bémol Majeur (Extrait N°50) : Ce thème au tempo Allegro apparaît après un
allegro strepitoso (Extrait N°49) en trois phases mais qui ne reviendra que pour les quelques
premières mesures. Le thème A est caractérisé par son rythme très syncopé.
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Orchestre symphonique de l’Aube – saison 2014/2015 – livret 1
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Thème A
Exemple sur la partition de violons 2
La musique se poursuit dans un caractère plus martial.
Thème B en Si bémol Majeur (Extrait N°51) : Ce thème Allegretto contraste totalement avec les
précédant par sa mesure ternaire et son caractère dansant de valse dans une orchestration allégée.
Thème B
Thème C en Si bémol Majeur (Extrait N°52, 53 et 54) : Une partie C s’enchaine et fait entendre
un galop d’abord léger (Extrait N°52), puis qui se poursuit dans un mouvement rapide et nerveux
aux cordes et aux bois aigus (Extrait N°53).
Thème C1 (Extrait N°52)
Thème C2 (Extrait N°53)
ère
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Cette partie C atteint son sommet de puissance (Extrait N°54) avec des sonneries de vents sur
l’accord de Si bémol Majeur puis modulant en Ré majeur.
Thème C3
Vents (bois et cuivres)
Cordes
La musique s’assombrit soudain avec un thème de violoncelle en sol mineur. C’est une montée chromatique
de premiers violons sert de lien avec le retour du thème B (Extrait N°54, fin de l’extrait).
L’ouverture se poursuit par
•
Le thème B au mouvement de valse
•
Les thèmes C1 et C2
•
Le thème A
•
Coda dans un style conclusif et basé sur les motifs et le style de C3 (voir plus haut)
(Extrait N°55).
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