Léonce et Léna - L`illustre Théatre compagnie Jean

Transcription

Léonce et Léna - L`illustre Théatre compagnie Jean
Compagnie Karagheuz
Léonce et Léna
Présentation
1. BÜCHNER (1813-1837)
Etudiant révolutionnaire, l’agitateur Büchner, du fond de son
groupuscule, a répercuté les tout premiers rayons du socialisme scientifique. Son
théâtre, écrit dans l’urgence, est un à côé de sa vie militante : gagne-pain, tropplein des espérances différées, règlement de quelques comptes avec les
idéologues du pouvoir. Cet à côté est aussi le lieu d’un combat spécifique : celui
qu’il faut continuer pour un art matérialiste. A vin nouveau, outres neuves (et,
peut-être, mieux que des outres).
2. « LÉONCE ET LÉNA » (1836)
« …Réformer la société par la pensée, à partir de la classe cultivée
.. Impossible. » (G.B.).
Dans Léonce et Léna, deux distances : celle que Léonce-acteur,
toujours en avance d’un clin d’œil, prend par rapport à son personnage et qu’il
offre en amorce à l’intelligence d’un public imaginaire ; celle que la
construction de la pièce prend par rapport à ce héros. Léonce, qu’est-il devenu,
lorsque les paysans, protagonistes d’une histoire à venir, cassent le manège de
son aventure personnelle ? Ruinant l’illusion d’une distance critique où le
spectateur lucide se choisit, voici poindre la lutte qui classe chacun à sa classe.
3. « LENZ » (1836)
Dans le même temps où il écrit Léonce et Léna, Büchner met la
main « sur toutes sortes de notes intéressantes concernant un ami de Gœthe, un
malheureux poète du nom de Lenz, qui est devenu à moitié fou ». Léonce
explore la même folie. Sa victoire verbale devient victoire sur lui du verbe, puis
du silence. La solitude où il s’est hissé, le rêve, imprévisiblement y fourmille.
Cette aventure, à côté de l’histoire dont il se croyait l’organisateur, un Autre
hors de lui la gouverne.
4. LES PERSONNAGES ET LA FABLE
Les personnages, qui ne sont pas tous mesurés à la même échelle,
n’existent que dans le moment où ils parlent. La fable se brise, s’éclipse. La
scène n’est pas le lieu d’une narration continue : parfois, l’intérêt se déplace de
l’histoire qui est racontée à la « négligence », à la « hâte d’en finir », chez celui
qui la raconte, l’auteur. Montrer ce que la pièce passe sous silence, au risque de
faire taire un silence éloquent . Illustrer ces dialectiques ? Compléter ces
portraits-robots où se combinent, pour s’annuler, Don Quichotte, Hamlet et
Fantasio, Falstaff, Lazarille et Gil Blas ? Léonce et Léna requiert l’analyse, non
le commentaire.
5. LE SPECTACLE
L’acteur sera déclamateur plus qu’imitateur. Il décrira une pièce, il
en dévoilera la construction, il en désignera l’objet plus qu’il n’en revivra les
épisodes ou qu’il n’en assumera un personnage. Il dispose, à cet effet d’une aire
de jeu, de quelques accessoires, d’un praticable simple dont l’usage est modulé
par son geste et qui ne prend sens que par son intervention. Quant à ce même
geste, il relève de l’action oratoire plus que de l’agir quotidien : il soutient la
parole quand la seule action est de parler, il suit le tracé, l’articulation, la
respiration du discours. Dites, Monsieur, ils vont venir, les danseurs ?
Par ce spectacle nous avons décidé de nous mettre au travail.
Marcel Bozonnet, Hermine Karagheuz, Jean-Marie Villégier

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