Luc Teissonnière : oubliez le bois exotique, pensez châtaignier ! Luc

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Luc Teissonnière : oubliez le bois exotique, pensez châtaignier ! Luc
La châtaigneraie à bois Cévenole
Auprès de nos arbres n°26 - Mars 2012
Luc Teissonnière : oubliez le bois exotique, pensez châtaignier !
Après une formation technique et commerciale au lycée professionnel du bois à Montauban de Luchon (Gers), Luc Teissonnière crée en 1992 aux Plantiers dans la
Vallée Borgne, au plus près de la ressource, la scierie artisanale Bois-SciageTechnique (BST). L’homme est enjoué,
passionné, intarissable sur son métier, sur
le châtaignier. « La valeur châtaignier »
est le slogan de son entreprise !
Spécialités de BST
Luc Teissonnière fait du sciage à façon et étudie tout projet.
Sa gamme de produits est très étendue : ferme ou demi-ferme
traditionnelles (poutres, pannes, linteaux, chevrons…), planches sous toiture, planches de plafond, planches de menuiserie, planchers traditionnel et actuel, terrasses, abris de jardin,
pergolas, marquises…
Les charpentes peuvent être assemblées sur place et ainsi sont
prêtes à poser.
Les chutes de bois sont vendues en bois de chauffage.
Approvisionnement de BST
Luc Teissonnière travaille avec des exploitants forestiers locaux qui lui fournissent l’essentiel de son approvisionnement.
Après séchage 1 à 2 ans sur la coupe, il achète les billes rendues scierie entre 80 et 130 € le m3 suivant leurs qualités.
Il estime qu’il faut exploiter les taillis de châtaignier avant 40
ans car au-delà les risques de roulure* sont démultipliés.
Il précise que, selon sa provenance, le châtaignier n’a pas la
même résistance mécanique, ni le même grain. Dans le massif
cévenol, les châtaigniers souffrent des contraintes climatiques
(sécheresse estivale) et physiques (exposition, profondeur et
texture du sol). Leur bois est donc nettement plus dur que
dans d’autres régions mais, en contrepartie, il est plus souvent
roulé*.
Il affirme «qu’il ne faut pas être trop exigeant au niveau de la
qualité technologique des bois de châtaignier dans les Cévennes. Je suis, bien sûr, preneur de grumes de 6m à fibres droites
(on en trouve dans quelques terroirs très favorables) mais je
travaille avec toutes les qualités confondues en les valorisant
en débits de petites tailles ».
Occasionnellement, il se procure du bois dans l’Isère car le
grain du bois de châtaignier y est plus joli et convient mieux
aux pièces de menuiserie qu’il produit.
* Roulure : défaut du bois qui se traduit par un décollement entre
deux cernes (anneaux annuels de bois) et qui entraîne donc l’éclatement des planches au sciage.
Volumes et Outils de production de BST
Durabilité du bois de châtaignier
« Le châtaignier est naturellement un bois durable, le châtaignier cévenol l’est peut être encore plus qu’un autre ! A la
différence des bois exotiques, il ne nécessite pas de traitement
pour l’extérieur. Il résiste naturellement à la pourriture et aux
piqûres d’insectes, ce qui lui confère une bonne tenue dans le
temps » atteste Luc Teissonnière.
Il est quand même régulièrement attaqué par le capricorne et
la vrillette. Toutefois, ces insectes ne se nourrissant que de
l’aubier, celui-ci est automatiquement purgé lors des débits.
Dans la région PACA, infestée par les termites, le châtaignier
possède une très bonne image. En effet, grâce à ses tanins
naturels, il est moins attaqué que la majorité des autres bois.
Luc Teissonnière a donc de nombreux clients en PACA.
A propos des tanins, afin d’éviter leur remontée (ce qui provoque une coloration noirâtre du bois quand il est utilisé en
extérieur), Luc Teissonnière conseille d’exploiter le châtaignier en hiver, ce qui par ailleurs lui confère une meilleure
durabilité et évite des déformations trop importantes après
débit.
Mais, attention, précise-t-il, « il est courant d’observer une
remonté de sève en janvier ! Le moment le plus propice à l’exploitation du châtaignier se situe donc de février à mars. Cependant, le réchauffement climatique ne va-t-il pas perturber
ces périodes d’exploitation…? »
Propos recueillis par Jérémy Bras, technicien au Syndicat.
La scierie emploie environ 1 000 m3 de châtaignier par an. Les
débits sont réalisés à l’aide d’un chariot à griffes et d’un chariot à table. Le bois de châtaignier ayant tendance à se déformer rapidement, le chariot à table permet d’accompagner
manuellement la grume afin de scier les bois en épousant ses
courbures.
Le rendement relativement faible de ce matériel (environ 1,5
m3/h pour le chariot à griffes) ne lui permet pas d’être en
concurrence avec les unités industrielles. Néanmoins, il répond bien à la demande locale.
Photo J. Lemaire
Parallèlement, la concurrence étrangère est rude. En effet, les
Italiens sillonnent toutes les régions pour acheter de grandes
quantités de châtaigniers.
Avec Luc Teissonnière, quatre autres personnes travaillent à
la scierie.
Luc Tessonnière à son banc de scie
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