Nouveaux collectionneurs
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Nouveaux collectionneurs Collège des Prêcheurs 4ème 1 2009 – 2010 (La mort et la dérision) Nouveaux collectionneurs Argumentaire de la collection Les œuvres sélectionnées : SS noir, Frédéric CLAVÈRE : 3 000 € Série des portraits / Christian, Harald FERNAGU : 3 000 € Vanity Fair, Pascal VOCHELET : 700 € Sans titre, Louise TE POELE : 950 € Les yeux de méduse, Philippe CHITARRINI : 1 700 € Hotel, Episode 1, Benjamin NUEL : 500 € Montant des acquisitions proposées par le collège des Prêcheurs pour ce thème : 9 850 € Dans ces œuvres on peut ressentir toute la violence de la vie, la mort, mais aussi la dérision que les artistes ont voulu exprimer. Certains artistes ont représenté clairement la violence ou la mort alors que d'autres ont préféré les représenter avec dérision. Les œuvres de notre collection expriment toutes la violence d'une certaine façon, par exemple le SS noir et le portrait Christian sont toutes deux sur le thème de la guerre : Le SS noir se moque du parti nazi en créant un hybride, un nazi noir aux ongles vernis. Ce qui rassemble la violence (le nazi) et les principales personnes « mal-aimées » du monde : les noirs et les homosexuels. Le portrait de Christian représente un homme d'Emmaüs, habillé avec des vêtements de récupération qui se pointe un pistolet sur le menton : on peut comprendre qu'il veuille se suicider à cause de sa vie paraissant miséreuse. Les yeux de méduse et le sang expriment la mort déjà passée, les quelques restes de vie après la mort. L'hôtel de Benjamin Nuel, transforme le FPS (First Personnal Shooter) Counter-Strike, jeu vidéo consistant a tirer sur des ennemis à l'aide d'armes, en jeu pacifique et calme, car il retire toutes les armes dans le jeu et préfère donner aux personnages des cartes à jouer, des poupées, ou encore un ukulélé. Les crânes représentent « la mort qui vit » sur le papier (série Vanity Fair). Le portrait retravaillé de Jan (Sans titre de Louise Te Poele) nous montre un homme horrible, il serait comme ça car il serait né dans un village où il y a des problèmes de consanguinité donc on en déduit que tous les habitants sont plus ou moins de la même famille, faisant des êtres horribles, qui donnent l'impression d'être très vieux, voire mort. D'où le rapport avec notre thème principal. De plus, on peut comprendre ce thème de façons différentes, car on peut voir la mort partout, dans les jeux vidéos, les bandes-dessinées, et aussi beaucoup dans la réalité. La mort est omniprésente autour de nous et elle peut toucher n'importe qui à n'importe quel moment : aussi bien par vieillesse que par acte terroriste, autant par étouffement que par crise cardiaque... En bref, la mort est partout (malheureusement). Nouveaux collectionneurs Frédéric CLAVÈRE SS noir 2010 Bas-relief, techniques mixtes, peinture, vernis 340 x 65 x 5 cm Exemplaire unique 3 000 € Explication de l’œuvre L'œuvre de Frédéric Clavère a été intégrée à la collection car l'image des nazis représente directement pour les humains du monde entier la violence, la mort, la destruction, tout ce qui s'oppose à la tolérance ou encore la paix. Ce SS, noir et portant du vernis à ongle orange fluorescent, associe la haine raciale des nazis et celle qui a été portée aux homosexuels en un seul personnage. Cet unique personnage se retrouve à la fois bourreau et victime. On ne sait pas plus si c'est un nazi noir ou un noir nazi. Le noir et l'homosexuel ayant été les principales victimes de la haine qu'a pu porter l'homme à un autre, cette œuvre est surtout symbolique. Cela crée un contraste de deux attributs qui au départ n'ont rien en commun (bourreau – victime). Cela peut séduire les spectateurs en leur montrant qu'on peut créer un assemblage d'éléments qui se repoussent, formant ainsi une sorte d'oxymore visuel. Comment alors ne pas voir l'apparition de la dérision dans cette représentation de la mort ? L'artiste travestit le nazi au moyen de ce qu'il veut éliminer. C'est peut être un moyen de mettre le nazi à la place de celui qui subit ses folies, mais comme il est parallèlement le bourreau, le nazi, celui qui extermine les juifs, on ne sait plus devant qui on se trouve. Ce personnage est il sado-masochiste ? Cette œuvre nous conduit à des conclusions assez farfelues, c'est pourquoi elle nous a intéressée et a été intégrée à la collection. Nouveaux collectionneurs Harald FERNAGU Série des portraits / Christian 1998 Photographie (appareil jetable) 90 x 60 cm Exemplaire 1/3 3 000 € Explication de l’œuvre L'œuvre d'Harald Fernagu a intéressé les nouveaux collectionneurs que nous sommes car, en observant cette photographie on peut trouver une représentation dérisoire de la mort, à l'instar du SS noir de Frédéric Clavère. Cette photographie est la mise en scène d'un vieil homme qui a trouvé refuge chez l'association Emmaüs. Il se pointe la gorge avec un pistolet (qui est en réalité un jouet) de la même façon qu'il le ferait s'il essayait de se suicider. Ce n'est qu'en voyant que le pistolet est un jouet que l'on comprend la supercherie, que l'on comprend que c'est une mise en scène. Si le pistolet est essentiel à cette compréhension, c'est bien que la situation dans laquelle est cet homme est totalement plausible et c'est la raison pour laquelle au premier regard l'œuvre ne choque pas. Cet artiste représente la mort dérisoirement, mais, contrairement au SS noir, il le fait en nous montrant une situation de la vie quotidienne. Un homme qui vit dans une telle situation de nombreuses raisons de vouloir se suicider, alors il semble malheureusement logique de le voir ainsi. Mais, on a rarement vu dans sa vie des images filmées, photographiées ou même réelles d'un suicide, c'est pourquoi on regarde attentivement la photographie. Quand on comprend que le pistolet ne vaut rien et on se retrouve bizarrement presque plus choqué que lorsqu'on a vu l'image en pensant la situation réelle. Comment un artiste peut-il provoquer autant ? Un homme vit dans la rue, n'a pas de quoi se nourrir et peut donc en mourir, et un homme va le voir, lui demande de se mettre dans le rôle d'une personne qui se moque de la mort, qui se moque du suicide. L'homme a peut-être accepté car il fait de la provocation, et peut alors dans un premier temps choquer les gens, mais aussi montrer sa force. En acceptant de jouer ce rôle il pratique de l'auto-soutien, il se convainc lui même qu'il se moque de la mort, et il se montre qu'il est plus fort que les circonstances qui l'ont amenées dans ce centre. Il provoque la mort de façon dérisoire. Nouveaux collectionneurs Pascal VOCHELET Vanity fair 2009 Traits secs, crayons trempés dans l'encre de chine sur papier rodoïd 20 x 27 cm Exemplaire unique 100 € chacun, soit 700 € Explication de l’œuvre Nous avons choisi cette série de sept crânes car elle nous rappelle l'œuvre du SS Noir et celle de Christian. Elles tournent toutes les deux la mort en dérision comme l'œuvre des crânes de Pascal Vochelet. C'est donc une série de sept crânes intitulée Vanity Fair, clin d'œil à la vanité en peinture au 18ème siècle, qui a pour objectif de nous rappeler le temps qui passe et la mort inévitable de tous les êtres vivants. La vanité nous invite aussi à réfléchir à la fragilité de toute chose. Mais Vanity Fair est aussi un magazine de mode féminin aux États-Unis. Cela n'est pas quelque chose d'indispensable à la vie, cela crée donc un contraste important avec la mort et une forte dérision. Le crâne ramène aux cultes de certains indigènes, eux aussi représentent la mort en réduisant les têtes de leur ennemi et en leur enlevant leurs cheveux, ce qui leur ôte la vie. Certains crânes, en revanche, possèdent des cheveux, ils incarnent donc la vie. Un crâne muni de cheveux est considéré comme quelque chose de vivant et de mort à la fois. Le contraste est donc encore une fois très important. Nous en concluons que l'artiste sait que la mort est très présente dans la vie, mais grâce à un contraste vie-mort et grâce à la dérision très présente elle aussi, il arrive à la surpasser. Nouveaux collectionneurs Lousie TE POELE Sans titre 2009 Photographie sur papier photo retravaillée au cutter, à la cire, au feutre, à l'encre 80 x 80 cm Exemplaire unique 950 € Explication de l’œuvre Cette œuvre est le portrait d'un homme, Jan, retravaillé au cutter. Jan est issu d'un petit village hollandais qui a décidé de vivre en autarcie pour se protéger du protestantisme. Cet isolement a conduit le village à un taux de consanguinité élevé, ce qui a des conséquences négatives sur l'aspect physique et l'intelligence de leur descendance. Jan n'est pas très beau. Le fait de retravailler son portait au cutter, un outil très « violent », l'enlaidit encore plus. C’est un moyen d'exagérer la bêtise des habitants du village de l'époque qui ont fermé leurs portes, juste pour éviter le sang « impur », valeur très abstraite si elle existe. On dirait alors que Jan les regarde en disant de manière ironique « Merci pour ce que je suis devenu ! » Ce qui attire immédiatement le regard est le centre de son front. En effet, c'est à cet endroit que les couleurs les plus vives sont présentes. On peut penser qu'elles désignent son cerveau, le seul endroit vivant de sa tête et, peut-être de son corps. On peut y voir une lueur d'espoir : les habitants peuvent changer. Cet enfermement volontaire a tué ce village à cause des décisions arbitraires qui méritent d'être tournées en ridicule. A l'heure actuelle les dirigeants des grandes nations sont eux aussi amenés à prendre des décisions qui, si elles sont prises trop précipitamment pourraient aboutir à de graves conséquences, mais cette fois-ci à l'échelle mondiale, pouvant conduire à la destruction du monde. Nous pensons que Jan, qui vit aujourd'hui, serait une représentation de nous-mêmes, enfants et adolescents d'aujourd'hui, dans vingt ou trente ans. Ce village serait-il une représentation à petite échelle du monde dans trente ans ? Nouveaux collectionneurs Philippe CHITARRINI Les yeux de méduse 2010 Technique mixte Dimensions variables Exemplaire unique 1 700 € Explication de l’œuvre L'œuvre de Phillipe Chitarrini se compose se huits bocaux alignés. Les trois premiers contiennent du sang, les deux suivants, des yeux de bœufs, et les trois derniers également du sang. Devant tout cela, au milieu de l'installation, à été placé une pierre. Cette installation permet aussi de se moquer de la méduse, personnage mythologique qui pouvait pétrifier d'un seul regard, tout humain. L'artiste remplace, les yeux de méduse par des yeux de bœufs gardés dans du formol, comme si ces derniers avaient perdu tous leurs pouvoirs. On peut supposer que l'artiste veut raconter à travers cette œuvre, ses pulsions opposées de créateur et de destructeur. L'artiste crée forcément quelque chose alors il peut se comparer à un dieu. Le sang pourrait représenter celui des victimes des yeux de méduses et la pierre ce qui reste de la victime. L'artiste a le pouvoir des yeux de méduses. Il tourne à la dérision le fait que la méduse peut pétrifier ses victimes d'un seul regard avec ses yeux puissants alors il remplace les yeux de méduses par des yeux de bœuf dans du formol. Bref, des yeux, du sang. C'est assez macabre et en rapport avec la mort et la dérision. Nouveaux collectionneurs Benjamin NUEL Hotel, Episode 1 2009 Vidéo 13' Exemplaire 1/10 500 € Explication de l’œuvre L'auteur de cette œuvre a voulu nous montrer une vidéo tirée d'un jeu de guerre, de combat, appelé Counter Strike. Seulement, cette vidéo représente des terroristes qui sont à la retraite. Ils jouent aux cartes et ont des attitudes de retraités alors que toute leur vie ils ont tué, fait sauter des bombes. Il n'y a aucune trace de violence mis à part leurs habits globalement sombres et des gilets pare-balles. C'est alors notre imagination qui nous renvoie à plusieurs événements mortels commis par des terroristes comme eux, mais l'habit fait-il le moine ? Ils ont aussi des discutions ordinaires, exemple : « que va-t-on manger à midi ? ». Cette vidéo est drôle mais elle choque un peu car des terroristes ne font pas ce genre d'activités. L'œuvre peut tout à fait faire partie de la collection car elle a une part de dérision : le fait de mettre des terroristes à la retraite est une moquerie, une satire. Une satire car au-delà de l'humour, l'artiste se moque des terroristes, joue avec leur apparence. Il les travestit en personnes correctes, bien éduquées mais laisse quand même une seule trace de leur passé : leurs habits. Les mots qui qualifient le thème de notre collection, la mort et la destruction correspondent entièrement avec cette œuvre mais indirectement car finalement aucune violence n'apparaît.