Le pavillon de l`Arquebuse

Transcription

Le pavillon de l`Arquebuse
LE BIEN PUBLIC
BEAUNE
Lundi 28
juillet 2014
11
PATRIMOINE. Notre page spéciale estivale est dédiée à l’histoire de l’architecture locale.
Le pavillon de l’Arquebuse
Tout l’été, Le Bien public et
le CAUE (Conseil d’archi­
tecture, d’urbanisme et de
l’environnement de Côte­
d’Or) font découvrir chaque
jour une partie du patrimoi­
ne de Beaune et de Dijon.
I
l n’y a pas qu’une tradition
viticole à Beaune. La ville
est aussi une place militaire importante, où plusieurs
corps travaillent de concert.
Les arbalétriers, qui donnent
leur nom à une butte au
faubourg de Bouze, les chevaliers de l’arc et le corps des
arquebusiers sont les défenseurs de la cité. Un rituel
très spécifique et prisé de la
noblesse beaunoise survenait
annuellement.
Après avoir demandé, en
1582, la construction d’un pavillon qui leur était réservé, les
compagnies d’arquebusiers
voulaient déterminer le
meilleur des tireurs. Le terrain
de tir est à l’extérieur des remparts, sur un espace laissé vacant par le départ des moines
cisterciens. Posséder une arquebuseestunemarquehistorique de pouvoir. Du fait de la
taille de la crosse, les armes
sont souvent parées de
dorures, de gravures, d’inscriptions pour identifier les
porteurs. Elles sont un gage
Le pavillon de l’Arquebuse est utilisé par la mairie pour servir de local associatif. Photo CAUE 21
d’appartenance à l’aristocratie et les garantes de la
virilité familiale.
Le prix de l’Arquebuse fut
donctiréen1582etconnutun
franc succès. Les seigneurs
LEUR AVIS
ANNICK
CATHERINE
Employée
à la piscine
municipale
Cabinet Henry
« On peut y organiser
des cérémonies »
« Il ne s’accorde
pas avec la piscine »
« Je travaille ici depuis
douze ans et il est vrai que
les Beaunois ne s’interrogent pas vraiment sur l’histoire de ce bâtiment, qui
jouxte la piscine. Je sais que
le club nautique y tient des
permanences et que l’on
peut y organiser des cérémonies et des réceptions. »
«Jepassetrèssouventdevant
cebâtiment.Jetrouvequ’ilne
s’accorde pas tout à fait avec
la piscine et pas vraiment,
non plus, avec le cinéma, juste derrière. Cela dit, on peut
aussi apprécier le mélange
des genres. On voit effectivement des animations, des fêtes à proximité du pavillon. »
alentours se pressèrent pour
faire montre de leur habileté.
Le vainqueur du tir à la cible
ou de l’oiseau en perche est,
selon la coutume, désigné
comme étant le “roi”.
Unerécompense
honorifiqueetfiscale
La récompense n’est pas
seulement honorifique,
elle est aussi fiscale : le “roi
d e l ’o i s e a u ” e s t e x o n é r é
d’une partie des impôts sur la
durée d’un an, puis reçoit, à
partir de 1605, une somme de
cinquante livres.
M.Bouré,en1677,décrocha
à trois reprises consécutives le
premier prix. Devant l’excellence du tireur, on choisit de
créer le titre d’empereur, pour
qui réussirait à nouveau pareil
exploit.Larécompenseestàla
hauteur du titre : l’empereur
est exempté à vie de charges
fiscales.Signalonsquelesmilitaires de Dijon se défiaient
dans des joutes similaires, au
moins depuis François 1er. La
récompense du “roi” y était
aussi d’ordre fiscal : il est
exempté du paiement de l’octroi pour toute l’année et peut
chômer les jours de guet. Le
pavillon dijonnais qui servait
de local pour les tireurs existe
toujours, il abrite désormais le
Muséum d’histoire naturelle
dans le bien nommé jardin de
l’Arquebuse.
À la Révolution, les
compagnies de tir sont dissoutes et le terrain est reconverti
en jardin public. Un jardin anglais perdure à proximité jusqu’à la construction de la piscine municipale. Restauré en
1925, le pavillon est utilisé par
la mairie pour servir de local
associatif.
INFO CAUE, 1, rue
de Soissons, 21000 Dijon.
Tél. 03.80.30.02.38.
www.caue21.fr
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