curiosités nautiques

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curiosités nautiques
TEMPS ET VIE NAUTIQUE – PARTIE 3
CURIOSITÉS
NAUTIQUES
Depuis l’apparition de la montre, les chercheurs du domaine horloger ont toujours
cherché à attribuer des fonctions supplémentaires à leurs produits. Les cadrans
actuels comprennent toute sorte de procédés permettant un accès à quantité
d’informations. Le développement et la production de ces instruments haut de
gamme (dont les mécanismes sont très sophistiqués) sont très prometteurs.
SwissboatYachting vous présente quelques modèles de montres ayant un
rapport avec la vie nautique.
SwissboatYachting
1
que beaucoup de ses propriétaires
apprécient!
Un coup d’œil
sur la montre
peut se
révéler décisif
à l’heure d’un
Match Race.
UN RÉVEIL SOUS-MARIN
Photo: Alinghi / zvg
La liste des fonctions spéciales
disponibles sur des montres est très
longue; force nous est donc de nous
limiter aux montres analogiques. Il
est vrai qu’en cette ère «GPS, ordinateurs de bords et autres prouesses
techniques», ces gadgets ne sont pas
indispensables au quotidien du navigateur; mais le propriétaire d’une
telle montre sera peut-être fasciné
par sa mécanique exceptionnelle qui
ferait un très bon sujet de discussion
assis à la table d’un club de yacht.
UNE MONTRE «À MARÉES»
La marque Corum de La Chauxde-Fonds a sorti une nouvelle montre baptisée «Les
Marées». L’entreprise
s’est fait un nom
dans le domaine de
la voile en sponsorisant durant des
années la légendaire
Admiral’s Cup qui a
atteint son apogée à
la fin du siècle dernier; de ces années
de sponsoring est
née une série de
montres «Admiral’s
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SwissboatYachting
Cup». Depuis, la compétition a quasiment disparu: l’édition prévue cet
été n’a pas pu avoir lieu pour cause
de participation insuffisante.
En plus de donner l’heure, la date et
les phases de la lune, la nouvelle
montre Corum fournit des informations sur l’état des marées (grandes
ou petites), leur coefficient par tranches de 25 (20-45, 95-120), les
temps de flux et de reflux, le niveau
de l’eau à chaque heure de la journée et la force des courants marins.
Il est relativement facile de consulter ces informations sur cette montre. En effet, on trouvera tout ce qui
concerne l’état des marées et du
courant sur la position «9 heures»
du cadran. L’aiguille fait un tour de
cadran en 12 heures. En position
«High Tide», on trouvera le niveau
de l’eau le plus haut et le courant le
plus faible. Enfin, «Les Marées»
nous renseigne aussi sur l’état du
reflux des eaux et sur l’augmentation du courant (qui est à son maximum au milieu de la période de
reflux– half falling). Ce même courant et l’état des eaux vont ensuite
diminuant pour arriver à un courant
nul à marée basse. Au milieu de la
période de flux (half rising), le cou-
rant atteint à nouveau son maximum pour diminuer ensuite avec
l’augmentation du niveau des eaux.
Les phases de la lune, les types de
marées et leurs coefficients (par tranches de 25) se trouvent quant à eux à
12 heures sur le cadran de la montre.
Enfin, à 6 heures, on trouvera les
heures de marée haute et de marée
basse. Les aiguilles indiquent l’heure actuelle (sur 24 heures) et les
deux triangles les heures de marées.
En bref, l’Admiral’s Cup «Les
Marées» de Corum est un outil intéressant si l’on souhaite disposer
d’informations sur ces phénomènes
naturels. Mais attention, il ne faudra
pas oublier de la régler selon l’endroit du monde où l’on se trouve –
une opération d’ailleurs très facile à
réaliser. Cependant, l’utilisation
unique de cette montre ne sera pas
suffisante si l’on navigue dans des
zones marines où les marées sont
importantes: il est même conseillé
de consulter un tableau hydrographique plus précis. Parmi les différents atouts de la montre, signalons
son look typique et ses chiffres pavillons, son apparence robuste (44
mm de diamètre) et sa tendance à
attirer les conversations – un atout
«Cricket»: mot anglais signifiant
grillon. En 1947, la fabrique de
montres Vulcain crée un modèle de
ce nom servant avant tout de réveil
ou d’aide-mémoire et dont la sonnerie était relativement forte. Pour
la petite anecdote, cette montre a
été surnommée la «President’s
Watch» étant donné le nombre de
présidents américains à l’avoir portée. En 1961 fut créée la «Cricket
Nautical», la première montre de
plongée à comporter un réveil.
La spécificité de cette montre réside
dans le fait qu’elle dispose d’une
fonction «alarme» (avec vibreur)
audible sous l’eau; certes, elle ne servira pas de réveil lors d’une plongée
(!) mais aura plutôt un rôle d’avertisseur (il est temps de remonter). Cette
montre est équipée de deux barillets
indépendants: un pour l’affichage de
l’heure et l’autre pour la sonnerie du
réveil. Son alarme sonne pendant 20
secondes à un volume très élevé
grâce à un système très élaboré de triple fond agissant comme caisse de
résonance et garantissant une très
bonne imperméabilité.
Parmi les fonctions supplémentaires de la «Cricket Nautical», signalons l’échelle des temps de décompression. La position 4 heures
MONTRES ET MARÉES – MÉCANISMES «SIMPLES»
Les marées fonctionnent selon un mécanisme relativement simple. Lorsque la lune ou le
soleil se trouve au-dessus d’un endroit précis, elle (il) attire tout ce qui s’y trouve: terre,
objets, êtres vivants et liquides. Certes, nous ne ressentons pas directement les effets de
cette attraction, mais elle est parfaitement visible sur les immenses étendues d’eau que
sont les mers et les océans sous la forme de... marées. Selon le principe des vases communicants, si le niveau des mers monte à quelque part, il doit baisser ailleurs. Donc, lorsque le soleil et la lune font monter les eaux à un endroit du globe, leur niveau baisse à un
autre endroit. Les embouchures des fleuves et les baies se vident, les côtes réapparaissent
et les bateaux finissent par s’échouer sur le fond marin. C’est ce que l’on appelle le
reflux. La force des marées dépend principalement de la disposition de la lune, du soleil
et de la terre. Si ces trois corps célestes sont plus ou moins alignés, les forces d’attraction
de la lune et du soleil s’additionnent et provoquent des altérations considérables du
niveau des eaux: il s’agit des grandes marées. Le phénomène est le même lorsque 14 jours
plus tard, le soleil et la lune se trouvent d’un côté et de l’autre de la terre. Entre ces deux
périodes, le niveau des eaux reste plus ou moins constant: la disposition soleil-terre-lune
formant un angle droit, les forces d’attraction des deux astres s’annulent. Il s’agit là des
petites marées. Les flux et reflux ne sont pas des phénomènes soudains. Bien au contraire, ils ont lieu dans des conditions naturelles et donc évolutives. Pour calculer précisément la force des marées, il est indispensable de connaître les données hydrographiques
d’un lieu. De plus, il faut considérer quantité d’autres facteurs puisque ce phénomène
n’est pas uniquement la résultante de forces agissant sur les mers et les océans. La topographie des côtes joue aussi un rôle très important dans ce calcul, comme la pression
atmosphérique ou la force et la direction du vent.
permet notamment de retourner tout
le cadran; l’évidement ainsi créé
comprend les différents temps de
décompression selon la profondeur
de la plongée.
En 2002, Vulcain créa une réplique
du modèle légendaire de 61 comprenant quelques mises à jour basées
sur les progrès techniques actuels.
Elle est d’ailleurs disponible en
deux versions: une en acier et l’autre
en or, avec bracelet en cuir (un
matériau peu approprié à la plongée...), en caoutchouc ou en acier.
La «Cricket Nautical» a un diamètre
de 42 millimètres, est équipée d’un
verre en hésalite et est étanche jusqu’à 300 mètres. Ce modèle fait
main et doté d’un remontoir manuel
dispose d’une réserve de marche de
près de 42 heures. Un modèle comprenant un affichage de date devrait
prochainement faire son apparition
sur le marché.
En bref, la «Cricket Nautical» de
Vulcain est une montre très stylée et
parfaite pour les amoureux de l’eau.
Et même si l’on n’est pas plongeur,
on appréciera son imperméabilité
exceptionnelle. De plus, sa fonction
«réveil» a été conçue de sorte à ce
qu’il ne soit pas possible de ne pas
l’entendre! Quant à savoir si elle
sera un bon sujet de conversation, il
suffit que le réveil sonne au bon
moment pour le constater.
UN CALENDRIER
PERPÉTUEL
Avec le tourbillon et la répétition
par minute, le calendrier perpétuel
est l’une des fonctions les plus développée de l’artisanat horloger. Difficile de ne pas être admiratif devant
l’ingéniosité des horlogers qui réussissent à emmagasiner les différentes informations d’un calendrier
(longueurs des mois, années bissextiles...) dans un seul mécanisme. Les
montres disposant de cette fonction
de calendrier perpétuel sont d’autant
plus compliquées et chères!
Depuis des dizaines d’années (et
même des siècles), les artisans horlogers se battaient avec les variations
et l’interprétation du temps. Ceci dura jusque dans les années 90 où le
génial Ludwig Oechslin créa le premier calendrier perpétuel pour Ulysse Nardin, un calendrier à l’architecture révolutionnaire! Cette dernière
était composée d’un jeu très compliqué de roues dentelées spéciales, ne
comprenant ni levier ni béquille.
Grâce à ce système, le produit
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d’Oechslin était très
fiable et surtout solide.
Parmi les différents problèmes auxquels devaient faire face les
horlogers lors de
l’élaboration
de
leur calendrier
perpétuel, il y
avait le fait qu’aucune des années
divisibles par 100
(1900, 2100...) n’était
une année bissextile alors
que celles qui sont divisibles
par 400 pouvaient en être une
(2000). C’est d’ailleurs pour
cette raison qu’il faudra mettre
à jour la plupart des calendriers
perpétuels en 2100; une seule
exception à cette règle, la montre
Ulysse Nardin. Contrairement à la
plupart des autres calendriers de ce
type, les fonctions de cette montre
sont très simples et peuvent être
réglées en deux temps, trois mouvements. Vous pouvez donc dormir sur
vos deux oreilles si vous désirez
faire de cette montre un héritage –
vos petits-fils pourront faire euxmêmes les corrections nécessaires!
En général, les calendriers perpétuels sont équipés de boîtiers filigrane en or et sont plutôt portés
avec des complets qu’avec un équipement de voile. Pour remédier à ce
problème, Ulysse Nardin a conçu
des modèles avec boîtier en acier et
parfaitement étanches: l’«Aqua
Perpetual» et la «Marine Perpetual». Le premier des deux modèles
est résistant jusqu’à 300 mètres
alors que le second, limité à 500
exemplaires, atteint les 200 mètres.
La lunette amovible à une face dont
ces montres sont équipées est utile
aussi bien en plongée qu’au quotidien. Leur bracelet en acier ou en
caoutchouc peut être rallongé, un
détail permettant de les porter pardessus un ensemble de plongée. Ces
montres avec mécanisme de remontage automatique ont une réserve de
marche de près de 42 heures.
En bref, l’«Aqua Perpetual» et la
«Marine Perpetual» sont des montres très agréables au quotidien et
tout particulièrement lors de grands
voyages en mer. Lors d’un tour
autour du globe, on ne se rend pas
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forcément compte
du temps qui
passe et c’est
tout de même
plus rassurant
de
pouvoir
consulter jour,
date, mois et
année en regardant son poignet.
De plus, avec Ulysse
Nardin, on a droit à une
petite part d’histoire nautique (cf. SwissboatYachting
de juin 2005).
DEGRÉ DE LONGITUDE
Le nouveau modèle de la petite horlogerie «The British Masters» de
La Chaux-de-Fonds se nomme «Arnold & Son Longitude Timekeeper
II». Grâce à un système de cadran
rotatif, cette montre dispose d’une
fonction permettant de définir sa
position sur le globe avec une précision étonnante.
«The Birtish Masters» est une entreprise relativement jeune. Depuis sa
fondation en 1994, elle fabrique des
montres hors du commun portant
toutes le nom des légendaires horlogers anglais George Graham (16731751) et John Arnold (1735-1799).
La signature «Arnold & Son»
a ainsi toujours été synonyme d’horodatage précis en
haute mer et c’est pour cette raison
que la géographie et la navigation ont
aujourd’hui encore beaucoup d’importance dans la palette des modèles
de l’entreprise.
Le plus frappant sur la «Longitude
II» est son cadran graduel externe. Il
est possible de manipuler ce dernier
dans l’espace en le positionnant sur
2 heures. Si l’on veut estimer sa situation géographique, il faudra
d’abord régler le cadran sur le méridien sur lequel on se trouve.
Ensuite, il ne reste plus qu’à mesurer
le zénith du soleil: selon l’endroit où
l’on se trouve, le soleil se trouvera à
son point le plus haut avant ou après
midi. Une fois la mesure effectuée,
L’AUTEUR
Ancien journaliste, Hans Erb, 43
ans, a parcouru les mers pendant
des années. Il est aujourd’hui propriétaire de la boutique Uhrsachen
dans la vieille ville de Berne.
Outre plusieurs marques horlogères renommées, il propose aux
collectionneurs diverses pièces
spécialement conçues pour l’usage
nautique, dont l’antique chronomètre
de
marine
(photo:
Hamilton 22).
Uhrsachen, 3011 Berne
tél: 031 318 01 18, www.uhrsachen.ch
Cet article est le deuxième d’une série consacrée au temps et aux
montres. Déjà paru:
• Le pouvoir de la précision
• L’étanchéité des montres
Suivront:
• Ulysse Nardin: horloger des mers et des étoiles
la grande aiguille de
la montre désignera sur le cadran
externe la position géographique de
la montre en fonction du méridien.
Mais la valeur ainsi indiquée n’est
pas encore complète: le dos de la
montre comprend un couvercle
ouvrable dévoilant un tableau d’équivalence de temps. Grâce à une
aiguille amovible, il est possible de
calculer la différence entre le temps
conventionnel et le temps naturel (du
soleil) afin de définir précisément la
position géographique de la montre.
En plus de cette fonction de calcul de
longitude, cette nouvelle «Arnold &
Son» est équipée d’un compas solaire réglable situé au milieu de son
cadran. Celui-ci a été conçu en se
basant sur le fait que le soleil se trouve exactement au sud à midi; il suffit
donc de diriger l’aiguille des heures
vers le soleil pour savoir où se trouve
le sud. En positionnant la couronne
sur 4 heures, il est possible d’ajuster
le cadran interne avec une carte du
monde pour connaître exactement la
position des points cardinaux.
La «Longitude II» est composée
d’un boîtier en acier et d’un brace-
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let en caoutchouc; elle est étanche
jusqu’à 100 mètres de profondeur et
dispose d’un chronomètre de qualité automatique visible à travers son
fond en verre de saphir. Enfin, sa
réserve de marche est de 45 heures
environ.
En bref, si votre système GPS vous
lâche au milieu d’un océan et si vous
savez comment calculer le zénith du
soleil à l’aide d’un sextant, vous
serez très heureux d’avoir sur vous
une «Longitude Timekeeper II».
Ceci dit, il est vrai que cette montre
a un petit côté gadget, mais un gadget de bonne qualité et très bien
conçu dans ses moindres détails.
UN COMPTE À REBOURS
DE COMPÉTITION
Tout navigateur de compétition
connaît l’importance d’un départ
réussi. Depuis de nombreuses années, des montres comprenant des
comptes à rebours sont régulièrement mises sur le marché. L’une
d’elles a connu un énorme succès auprès des navigateurs sportifs dans les
années 70: il s’agit de la fameuse
Memosail. Celle-ci affichait un grand
«START» sur son cadran 10 minutes
après le début des comptes à rebours
de l’époque (voir image). La fabrication de cette montre supposait un évidement du cadran permettant l’installation d’une petite fenêtre ce dernier.
Actuellement, de nombreux comptes
à rebours numériques plus précis,
plus lisibles et basés sur la même
technique de construction sont disponibles sur le marché; citons par
exemple les modèles signés Louis
Vuitton et Omega, ou, moins chers,
ceux fabriqués par Atlantic Watch,
une entreprise basée à Granges.
Omega est une véritable tradition
dans le monde de la voile: dans les
années 70 déjà, le légendaire navigateur français Eric Tabarly était
équipé de montres Omega. À partir
de 1990, l’entreprise s’engagea
dans une longue série de sponsoring
dont les heureux bénéficiaires
furent entre autres le défunt Sir
Peter Blake lors de la Whitbread
Race de 1993/1994, le Team New
Zealand lors de la Coupe de l’America et encore tout récemment, Ellen
MacArthur et Russel Coutts.
Le «Racing Chronometer» a été
conçu sur la même base que des
chronographes Semaster normaux
(des montres très solides et étanches). Ce compte à rebours de compétition est équipé d’un boîtier en
titane ou en acier un peu plus grand
(44 mm) que ses «cousins». Il comprend 5 points lumineux sur une
moitié de son cadran. Le compte à
rebours est enclenché dès le premier coup annonçant le départ. À
chaque minute qui passe, les points
prennent une autre couleur (les 5
premières minutes en bleu et les 5
dernières en rouge). Un compteur
situé sur les 9 heures du cadran
indique le temps passé depuis le
début du compte à rebours en utilisant les couleurs citées ci-dessus.
Le «Racing Chronometer» est équipé d’une centrale automatique avec
44 heures de réserve de marche; il
est étanche jusqu’à 300 mètres et
est composé d’un verre de saphir
résistant aux éraflures.
En bref, il s’agit là d’une montre
mécanique très pratique au quotidien et surtout lors de compétitions.
De plus, elle ne passe pas inaperçu.
Hans Erb, Uhrsachen AG

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