Le Matin Dimanche - Page déco

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Le Matin Dimanche - Page déco
5 AOÛT 2012
CHEZ LUI 65
I LeMatinDimanche
L’ex-animateur de télé et de radio niche au troisième
étage de cet immeuble ancien au cœur de Lausanne.
Depuis son balcon au-dessus des toits, il admire le
lac jusqu’à Nyon: «J’y prends mes petits-déjeuners.»
Le bar invite à venir prendre l’apéro chez Ivan
Frésard: «Mes potes aiment tous boire un coup!»
Dans son bureau, où il retravaille ses photos
à l’ordinateur, une affiche du «Dictateur» de Chaplin.
ENSOLEILLÉ L’enfant terrible
des médias, créateur notamment
de «La soupe», a réuni
deux appartements au cœur
de Lausanne pour en faire
un espace aéré, épuré et habité
par tous ses nouveaux projets.
Photos: Yvain Genevay
Ivan Frésard a accroché Chaplin un
peu partout dans son loft lausannois
DÉTACHÉ
«
En arrivant ici,
j’ai jeté et donné des
quantités de choses,
même les couteaux
et les fourchettes!
Du coup, je me suis
senti plus léger»
Anne-Catherine Renaud
anne-catherine.renaud
@lematindimanche.ch
L’appartement en pleine ville, c’est
nouveau pour lui. Jusqu’à l’année dernière, Ivan Frésard, 45 ans, n’avait craqué que pour des maisons dans la campagne. Loin du bruit, des médias, des
foules, bref de tout ce qui faisait sa vie
d’animateur à la radio et à la télé. «Depuis l’âge de 17 ans, je n’avais jamais
vécu en ville, confie-t-il. J’ai longtemps habité dans un chalet à Le Vaud
(VD), mais j’avais l’impression de vivre
sur la photo d’une boîte de chocolats!
Alors je l’ai revendu et me suis ensuite
installé pendant sept ans à Grandvaux
(VD). Il s’agissait d’une villa vaudoise,
avec jardin et vue sur le lac. Je détestais
les appartements, à l’époque. J’avais
besoin de me retrouver à la campagne
et d’être isolé pour me ressourcer. Mais
là, j’étais vraiment trop loin de tout.»
Il y a un an et demi, il fait l’acquisition de deux appartements au troisième étage d’un vieil immeuble lausannois. Il décide alors de les coupler
pour en faire un loft riant et coloré.
«Quand j’ai entrepris les travaux, en
mars 2011, je faisais une expo à Berlin,
«Pets on the Road». Alors j’ai demandé à un architecte d’abattre des
murs et de transformer les lieux selon
mes désirs. Cela a pris deux mois. De
retour de Berlin, j’ai découvert mon
nouveau lieu de vie.»
Un éventail chromatique
très personnel
Or Ivan Frésard a des goûts bien particuliers qui, au début, surprennent le
maître d’œuvre. «Les pièces avec les
murs blancs me semblent tristes, elles
me font penser à un hôpital. Au Moyen
Age, on suspendait de grandes tentures.» Il a donc fait poser du papier
peint et non du crépi sur certains
murs. «Comme tout ce qui n’est pas
courant me parle, j’ai opté pour un
mélange entre gris taupe et vert olive
pour une paroi du salon, explique-t-il.
Pour la cuisine, délimitée par un bar
que je voulais ouvert sur le salon, j’ai
choisi le bordeaux, parce que c’est une
teinte noble.»
Mais il a gardé ce qui fait aussi l’ancienneté de l’immeuble, en ne touchant ni aux boiseries, ni aux portes en
bois qui sont restées gris souris. «En
fait, je voulais que chaque pièce ait sa
couleur.» Un exemple? Sa chambre à
coucher est chocolat: on mordrait volontiers dans les murs! Même les toilettes, vert pistache, valent le coup
Contrôle qualité
4 ans, peuvent dormir, quand elles
viennent me trouver», reprend Ivan
Frésard. Sur une étagère, des figurines
font allusion à «Pirates des Caraïbes», «Wall-E» ou les Chaplin.
D’ailleurs, l’acteur à la moustache
hante l’appartement de l’ex-animateur des «Patriotes», notamment
dans son bureau où une affiche du
«Dictateur» orne un mur.
Rudin et Mafli se côtoient
Les années n’ont pas prise sur Ivan Frésard, 45 ans, qui affiche un air de dandy malicieux dans son salon style sixties.
Au mur, un tableau de Jérôme Rudin: «C’est un ami, et j’ai emporté ces peintures partout où j’ai habité, car elles me parlent.»
d’œil: «L’endroit est petit, alors il fallait lui donner du cachet», dit-il d’un
air malicieux. Pas de doute, ce toucheà-tout qui, aujourd’hui, expose ses
photos prises avec son iPhone*, a la fibre artistique. Le bar, face au salon
avec ses longs rideaux couleur crème,
son canapé et ses fauteuils Club, évoque l’ambiance des sixties. «Les amis
viennent d’emblée s’agglutiner au bar.
C’est un vieux réflexe de bistrot et mes
potes aiment tous boire un coup!»
Un petit balcon en pierre, où se tient
une table en bois avec deux chaises,
pourrait faire partie d’un film de
Woody Allen. En effet, l’endroit,
«d’où l’on voit le lac jusqu’à Nyon»,
inspire de jolis scénarios au-dessus
des toits de la ville. «J’y prends mes
petits-déjeuners avec Julie, ma compagne (la comédienne française Julie
Arnold, actuellement en tournage dans
«Plus belle la vie», ndlr), dit-il, espiègle. On s’est rencontré grâce l’humoriste Tex, un ami commun. Et il y a cinq
mois, cela a été le déclic entre nous.
Alors nous naviguons entre Paris et
Lausanne.» Il nous fait signe qu’il lui
apporte un café dans la pièce où elle
répète ses textes. On profite pour lui
demander ce qu’elle aime dans l’appartement d’Ivan: «La respiration et
la lumière, confie-t-elle, les yeux
rieurs. Moi j’ai des bibelots partout,
des bouquins, des souvenirs de famille. On est à l’opposé pour la déco.
Mais l’eau – il est en face du Léman et
je domine la Seine – nous réunit!»
Elle est assise par terre, dans une pièce
cosy rouge et blanche. «C’est là qu’on
projette des films et que mes filles
Lolita, 23 ans, Alicia, 16 ans, et Oona,
SESOBJETS
PRÉFÉRÉS
«Avant, j’avais aussi beaucoup d’objets, on amasse tellement, racontet-il. Mais en arrivant ici, j’ai jeté et
donné des quantités de choses, même
les couteaux et les fourchettes! Je voulais repartir de zéro. Du coup, je me
suis senti plus léger.» Des toiles du
Vaudois Jérôme Rudin habillent les
murs, çà et là. «C’est un ami, et j’ai
emporté ces peintures partout où j’ai
habité, car elles me parlent.» Dans le
hall plutôt vide, on note pourtant un
tableau de Mafli. «Ce sont les gorges
du Seyon qui me rappellent la ville où
je suis né, Neuchâtel. J’ai trouvé ce tableau chez un brocanteur.»
Alors qu’il se prépare à monter sur
les planches en octobre, il nous tend un
livre: «Je n’avais jamais lu «Roméo et
Juliette», je m’y plonge avec délices. Je
me suis aussi immergé dans «Steve
Jobs», la bio de Walter Isaacson. Un
type imbuvable, mais il faut avoir un
caractère de rebelle pour changer le
monde! Quand j’ai créé «La soupe»,
on m’avait dit que cela ne marcherait
jamais. Et cela a duré treize ans. J’ai eu
raison de suivre mon instinct. C’est ma
plus jolie réussite professionnelle.» x
* Il expose au Bleu Lézard, à Lausanne, jusqu’à
fin août: «lÔsanne oKo» - Il sera les 26 et
27 octobre à la salle Festisport de Courtepin
(FR) pour la première de «Ma locataire est encore une garce», mise en scène par Anne Roumanoff, puis en tournée en Suisse.
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c Les œuvres de ses deux aînées
«Lolita a peint cette acrylique. Elle travaille
à la RTS dans «Cash». Alicia m’a fabriqué cette
vache quand elle avait 4 ans. Studieuse, elle
crée des courts-métrages. La fibre artistique
perdure chez mes filles, j’en suis fier.»
c Son iPhone 4S
«C’est mon instrument de travail, celui avec lequel
je prends mes photos. Ici, c’est une photo de
Julie! Il n’a pas de zoom, donc on ne peut pas
tricher avec la profondeur. L’iPhone est une
invention majeure, avec l’Alka-Seltzer!»
c La chemise de Chaplin!
«Je l’ai achetée aux enchères après la mort
de sa femme Oona, en 1991. A l’époque,
je l’ai payée 300 francs! J’aime voir qu’elle
a été portée, car elle est abîmée aux manches.
Je suis très inspiré par Chaplin et son parcours.»

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