Théorème de Cauchy-Lipschitz
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Théorème de Cauchy-Lipschitz
Sandrine C ARUSO Théorème de Cauchy-Lipschitz Référence : J.P Demailly, Analyse numérique et équations différentielles On s’intéresse au problème de Cauchy 0 X = f (t, X) X(t0 ) = x0 (1) où f : U → Rn , avec U ouvert de R × Rn , et (t0 , x0 ) ∈ U . Théorème (Cauchy-Lipschitz). Si f est continue sur U , et localement lipschitzienne en X (ie pour tout (t1 , x1 ) ∈ U , il existe V ∈ V(x1 ) et W ∈ V(t1 ), et il existe k > 0, tels pour tous x, y ∈ V et tout t ∈ W , kf (t, x) − f (t, y)k 6 k kx − yk), alors (1) admet une unique solution maximale. Remarquons que, comme f est continue, X est solution de (1) sur I si et seulement si pour tout t ∈ I, Z t X(t) = x0 + f (u, X(u))du. (2) t0 Soient V ∈ V(x0 ), W ∈ V(t0 ) et k > 0 comme dans l’énoncé du théorème. Notons M = supW ×V f . Plaçons-nous sur un cylindre de sécurité : soit r > 0 tel que B(x0 , r) ⊂ V , et soit T > 0 tel que T 6 Mr , et [t0 − T, t0 + T ] ⊂ W . Soit F l’ensemble des fonctions continues de [t0 − T, t0 + T ] dans B(x0 , r). Alors F, muni de la norme uniforme, est un espace complet. Soit Φ l’opérateur sur F défini par Z t Φ(Y )(t) = x0 + f (u, Y (u))du. t0 Le fait d’avoir choisi T < Mr assure que si Y ∈ F, Φ(Y ) est encore dans F. L’équation intégrale (2) affirme en outre qu’une fonction X de classe C 1 est solution de (1) si et seulement si elle est point fixe de Φ. Cherchons donc à appliquer un théorème de point fixe. Soient Y, Z ∈ F. Montrons par récurrence que, pour tout p ∈ N, ∀t ∈ [t0 − T, t0 + T ], kΦp (Y )(t) − Φp (Z)(t)k 6 k p |t − t0 |p kY − Zk∞ . p! Cette égalité est vérifiée pour p = 0, par définition de k·k∞ . 1 Soit p ∈ N. Pour tout t ∈ [t0 − T, t0 + T ], Z p+1 t Φ (Y )(t) − Φp+1 (Z)(t) 6 kf (u, Φp (Y )(u)) − f (u, Φp (Z)(u))k du Zt0t 6 k kΦp (Y )(u) − Φp (Z)(u)k du (f loc. lip.) Zt0t p k |t − t0 |p 6 k kY − Zk∞ dt (par hyp. de récurrence) p! t0 k p+1 |t − t0 |p+1 kY − Zk∞ , = (p + 1)! ce qui conclut la récurrence. En particulier, pour tout p ∈ N et tous Y, Z ∈ F, kΦp (Y ) − Φp (Z)k∞ 6 p p kpT p kY − Zk∞ . p! p p Or, k p!T tend vers 0 lorsque p tend vers l’infini, donc il existe p ∈ N tel que k p!T < 1. D’après le théorème du point fixe de Picard, Φ admet un Rpoint fixe X sur F. t En outre, comme X et f sont continues, t 7→ x0 + t0 f (u, X(u))du est de classe C 1 , et donc le point fixe X est de classe C 1 . Finalement, X est l’unique solution de (1) sur [t0 − T, t0 + T ]. Elle se prolonge en au moins une solution maximale. Supposons qu’il existe deux tels prolongements X1 et X2 sur deux intervalles I1 et I2 . L’intervalle I1 ∩ I2 est non vide, puisqu’il contient [t0 − T, t0 + T ]. Soit J le plus grand intervalle inclus dans I1 ∩ I2 , contenant [t0 − T, t0 + T ], tel que X1 − X2 soit nulle sur J. Cet intervalle est nécessairement fermé puisque X1 − X2 est continue. S’il n’est pas égal à I1 ∩ I2 tout entier, en l’une de ses bornes, on peut appliquer l’unicité locale précédemment démontrée1 , et contredire la maximalité de J. Donc J = I1 ∩ I2 , ainsi X1 et X2 sont égales sur I1 ∩ I2 , et par définition de solution maximale, I1 = I2 = I1 ∩ I2 . Finalement, X se prolonge en une unique solution maximale, ce qui conclut. 1 Avec la condition initiale adéquate... 2