Alfred Roll, Le 14 juillet 1880, inauguration du monument à la

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Alfred Roll, Le 14 juillet 1880, inauguration du monument à la
Alfred Roll, Le 14 juillet 1880, inauguration du monument à la République, 1882
Alfred Roll (1846-1919) étudie les Beaux-arts à Paris. Il s’inscrit dans le courant naturaliste qui caractérise la
peinture (mais aussi la littérature avec Emile Zola) à la fin du XIX ème siècle. Ce courant artistique s’attache à
peindre des sujets de la vie quotidienne et tout en s’attachant à reproduire le plus fidèlement possible le réel,
tente d’en faire ressortir le symbolisme.
La IIIème République est née de la défaite de Napoléon III à Sedan devant les Allemands mais ce n’est qu’en
1879 que l’ensemble des institutions passent aux mains des Républicains. Ceux-ci cherchent alors une date
qui permettrait de symboliser la République pour l’ensemble de la population. Le choix se porte sur le 14
juillet, rappel de la prise de la Bastille (fin de l’Ancien Régime et de la monarchie absolue) en 1789 mais aussi
de la Fête de la Fédération de 1790 (unité des Français). Le 21 mai 1880, le député de Paris, Benjamin Raspail
dépose un projet de loi avec un unique article : « La République adopte le 14 juillet comme jour de fête
nationale annuelle ». La loi est promulguée le 6 juillet.
Le 14 juillet 1880 la fête s’organise autour d’un défilé militaire sur l’hippodrome de Longchamp et de festivités
populaires. Alfred Roll reçoit une commande de Jules Ferry, alors Ministre de l’Instruction publique et des
Beaux-arts et Président du Conseil, afin de retranscrire l’évènement et d’en laisser la trace. Il s’agit de montrer
que le 14 juillet est une fête militante, populaire, républicaine et anticléricale. Alfred Roll réalise des esquisses
et finalement une toile immense (63 m²) exposée pour la première fois au Salon des Beaux-arts de Paris de
1882. Le tableau montre une foule nombreuse (de tous âges et de toutes les catégories sociales) autour d’une
place de la République (anciennement place du Château-d’Eau, 3ème, 10ème et 11ème arrondissements)
pavoisée aux couleurs de la République. La foule assiste au défilé militaire. Un orchestre joue pour le bal du 14
juillet. En 1880 le « monument à la République » est seulement en plâtre, la version définitive des frères
Léopold et Charles Morice ne sera édifiée qu’en 1883. Une Marianne de 9,5 mètres de haut repose sur un
soubassement de pierre de 15 mètres de haut. Sur son piédestal figurent 12 bas-reliefs en bronze
représentant les évènements majeurs à l’origine de la naissance de la République de 1789 à 1880 (dont le 14
juillet 1789, le 14 juillet 1790 et le 14 juillet 1880).
Le 14 juillet depuis 1880 est un jour chômé. La signification de l’héritage révolutionnaire tend à disparaitre au
profit d’une démonstration de sécurité militaire et de l’affirmation des pouvoirs du chef de l’Etat (droit de
grâce, intervention dans les médias…).
Thématique : Arts, Etats et pouvoir.