Évolution des superficies viticoles en Hongrie

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Évolution des superficies viticoles en Hongrie
ISSN 1165-7154
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Délégation Régionale
Languedoc-Roussillon
Pierre LABRUYERE
La viticulture hongroise au seuil
de l’Union Européenne
Diana SIDLOVITS
INRA – UMR – MOISA, Montpellier
Conseil National des Communautés de Vin de la Hongrie
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La viticulture hongroise au seuil de l’Union Européenne
Avec l’élargissement, le secteur européen du vin sera sensiblement changé. Parmi
les dix nouveaux États membres se trouvent six pays producteurs de vins. Ainsi avec
leur adhésion, la superficie viticole européenne et la production de vin augmenteront
significativement, avec 151 000 ha supplémentaires et un volume d’environ
6 millions d’hl. La Hongrie contribue pour une part majeure à cet accroissement avec
93 000 ha de vigne et une production moyenne de 3,8 millions d’hl. Pour les pays
viticoles de l’Est, l’adhésion ouvre de grandes perspectives avec le marché unique et
l’OCM vitivinicole, mais les nouvelles règles et la concurrence largement amplifiée
suscitent également des inquiétudes. Cet élargissement sera un grand défi pour les
nouveaux États membres mais également pour les pays producteurs de l’UE de
15. Bien que ces derniers vont probablement gagner des marchés, tous les pays
devront par contre faire face collectivement à la concurrence massive du Nouveau
Monde sur le marché européen.
Aussi nous est-il paru intéressant de montrer à travers l’exemple hongrois quels
défis attendent les pays producteurs nouvellement adhérents.
Dans cet article, après une brève présentation de l’histoire de la viticulture
hongroise, les caractéristiques de la filière vitivinicole et du marché des vins hongrois
seront, dans un premier temps, présentées et analysées. Puis nous nous intéresserons
dans un second temps à la mise en place de l’OCM-vin et aux attentes des
producteurs hongrois vis à vis de l’adhésion à l’UE.
Les superficies viticoles et les productions de vin des nouveaux États membres
Les superficies viticoles, la production et la consommation des vins dans
les nouveaux membres de l'UE
Nouveaux membres Superficies viticoles
(ha)
%
Productions de vins
(hl)
%
Chypre
11 000
7,3
545 000
9,0
République tchèque
14 000
9,3
504 000
8,3
Hongrie
93 000
61,6
3 800 000
62,4
Malte
1 000
0,7
35 000
0,6
Slovaquie
20 000
13,2
514 000
8,4
Slovénie
10 000
6,6
688 000
11,3
Totale
151 000
6 086 000
Source OIV
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Le secteur vitivinicole hongrois
La Hongrie : producteur traditionnel de vins
Sur le territoire hongrois, l’origine de la viticulture remonte à l’Époque romaine
lorsque le Danube représentait une partie de la frontière Est de l’Empire. A cette
époque la viticulture était une activité florissante sur la région Trans-Danube
(l’ancien Pannonie). Après une longue période défavorable pour la viticulture, l’essor
de la production de vin reprend au Moyen Age, particulièrement sur les domaines
royaux, de l’église et de la noblesse, comme partout en Europe. A partir de la fin du
XVème siècle, et pendant 150 ans, l’Empire Ottoman a occupé une vaste partie de la
Hongrie détruisant complètement les vignobles et générant un fort exode rural.
Pendant cette période la viticulture s’est concentrée en Transylvanie et au Nord du
pays.
Aux XVII-XVIIIème siècles, on enregistre un nouveau développement de la
viticulture hongroise. Selon la légende, dans les années 1650, Sepsy Laczkó Máté a
produit pour la première fois le fameux vin de Tokaj : le « Tokaji aszú », un vin de
qualité exceptionnelle produit à partir de baies surmaturées ayant été attaquées par la
pourriture noble de Botrytis. C’est en effet à cette période que les spécialités de Tokaj
(aszú, szamorodni) sont devenues des vins célèbres partout en Europe. Le vin de
Tokaj, qualifié « le vin des rois, le roi des vins », était alors très prisé par l’aristocratie
et les cours impériales. Ainsi au XVIIème siècle, la région de Tokaj est devenue le
leader des vignobles hongrois.
C’est également à cette époque que la région viticole de la Grande Plaine (Alföld) a
été créée. La viticulture a été implantée avec un double objectif : d’une part, la fixation
du sol sableux par la vigne (seule culture apte à résister), d’autre part, la réinstallation
de la population dans les régions les plus fortement touchées par l’exode rural.
Les principales régions viticoles se sont également développées sur les coteaux.
A la fin du XIXème siècle, La Hongrie, comme les autres pays producteurs en
Europe, n’a pas échappé à la crise du Phylloxéra qui a détruit les vignobles sauf ceux
de la Grande Plaine.
Les deux guerres mondiales ont aussi eu une influence considérable sur la culture
de la vigne. Après la première guerre, la Hongrie a perdu 1/3 de sa superficie viticole et
2/3 de ses consommateurs ce qui a provoqué une crise de surproduction. Après la
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deuxième guerre, la filière vin a été complètement bouleversée avec la mise ne place
de l’économie planifiée, l’étatisation et la collectivisation de la propriété privée.
En 1989, la chute du mur de Berlin a déclenché des réformes politiques et
économiques, ainsi que l’ouverture du marché, la privatisation des vignobles et des
firmes viticoles d’état et la réorganisation des coopératives. Il en a résulté un
changement radical du système de production et de l’organisation du secteur
vitivinicole.
La perte des marchés de l’Est et la crise de surproduction ont obligé les acteurs de
la filière à chercher de nouveaux débouchés, qui ont été trouvés dans la Communauté
Européenne ; celle-ci est ainsi devenue le premier partenaire commercial de la
Hongrie. Les exigences des nouveaux marchés ont incité les opérateurs à s’adapter
aux attentes des consommateurs et à faire des efforts pour développer la qualité des
produits. Cette transformation d’une ampleur toutefois limitée, a été réalisée grâce aux
investissements étrangers et à ceux des groupes hongrois, car il était difficile d’obtenir
un accès au crédit bancaire.
Pour la Hongrie, l’adhésion à l’Union Européenne a autant d’importance que la
phase de transition : L’élargissement du marché européen offre des possibilités
commerciales pour les viticulteurs hongrois, l’introduction de l’OCM-vin constitue un
moyen efficace de gestion du marché vitivinicole. Mais bien évidement, cet
élargissement comporte également des risques de concurrence accrue sur le marché
des vins.
La place de la filière vin dans l’économie hongroise
Dans l’économie agro-alimentaire, le secteur viticole joue un rôle majeur, surtout
dans l’exportation qui revêt une importance capitale pour la viticulture hongroise avec
une valeur annuelle de 80 à 100 millions d’€ par an, soit 4,4% de la valeur de l’export
des IAA.
La balance commerciale du secteur est largement positive : approximativement les
¾ de la production sont consommés en Hongrie, et le ¼ restant est destiné à
l’exportation. L’importation ne représente aujourd’hui que 30 000 à 100 000 hl afin
d’élargir la gamme de produit.
Selon les informations de l’Office Central de Statistique, la valeur de la production
de raisin(1) totalise 252 millions d'€ (en 2001) plaçant la viticulture à la 4ème place au
sein des productions végétales (avec 9,2 % de la valeur totale de celles-ci). La
(1) Raisins de table et de cuve ensemble
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production de vins atteint 239 millions d’€ (en 2001) soit 3% de la production
agro-alimentaire. Ainsi le secteur viticole occupe une place relativement limitée par
rapport aux autres secteurs agricoles comme les secteurs viandes, céréales ou
légumes.
En terme d’emploi, 140 000 personnes travaillent dans la viticulture et la production
de vin à temps plein ou à temps partiel ; ce chiffre ne tient pas compte des emplois liés
à la filière vin tels ceux afférents à la production d’intrants (engrais…) ou de matières
sèches (bouteilles…), et à la distribution.
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Les structures de production vitivinicole
Caractéristiques du vignoble
Régions viticoles de la Hongrie
• Csongrá
Csongrád
•
• Hajó
Hajós-Baja
20
• Kunsá
Kunság
• Ászá
szár-Neszmé
Neszmély
• Badacsony
• Balatonfü
BalatonfüredredCsopak
12
10
• EtyekEtyek-Buda
7
5
• Mór
•
Pannonhalma
•
Somló
Somló
21
4
9
11
• Balatonfelvidé
Balatonfelvidék
19
18
17
8
6
13
22
3
15
2
Sopron
•
D-Balaton
•
Pé
Pécs
•
Szekszá
Szekszárd
•
Villá
Villány
•
Bü
Bükk
•
Eger
•
Má
Mátra
•
Tokaj
•
B.mell
B.melléék
•
Tolna
1
14
16
Sources: HNT (Conseil National des Communautés de Vins), 2003
Les vignobles hongrois se situent entre les 45ème et 49ème parallèles à la limite de
la culture de la vigne. Ici le climat continental conditionne les conditions de plantation.
La superficie viticole couvre 1,5% de la SAU totale. La majorité des vignobles s’étale
sur la Grande Plaine (Alföld), sur les collines, les coteaux orientés sud des massifs ou
des montagnes volcaniques (Tokaj, Badacsony, Somló), souvent à proximité des lacs
(Balaton, Fertő-tó) ou des cours d’eaux (Duna, Tisza, Bodrog) pour bénéficier d’un
maximum d’ensoleillement et d’une protection contre le gel. Il en résulte ainsi un
vignoble planté majoritairement, à environ 70%, en cépages blancs qui sont
essentiellement des cépages traditionnels dont les principaux sont : Olasz rizling,
Furmint, Müller-thurgau, Hárslevelű, mais aussi des cépages mondiaux (Chardonnay)
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et des nouveaux cépages (Cserszegi fűszeres). Les cépages de cuve rouges
représentent 24% de la superficie viticole dont les cépages Kékfrankos, Zweigelt,
Kékoportó (Blau portugiese) et Kadarka détiennent la plus grande part. En Hongrie, il
y a beaucoup de cépages différents mais aucun d’entre eux ne couvre plus de 10%
des surfaces. Il convient de mentionner également les variétés interspécifiques, car
elles totalisent presque 9000 ha, soit 10% de la superficie viticole. Elles ne peuvent
être revendiquées en vins de qualité mais, de par leur résistance aux maladies et aux
gelées, elles ont une grande importance dans la production des vins biologiques (qui
représente 2% de la production totale) et dans les régions sensibles au gel.
Part des cépages en superficie
100% = 92 782 ha
Hybrides producteurs
Raisins de table
directs
4%
3%
Cépages rouges
24%
Cépages blancs
69%
Sources: KSH (Office Central Statistique), 2001
La production, en moyenne de 3.8 millions d’hl, fluctue significativement d’une
année sur l’autre en fonction des conditions climatiques (du gel et de la sécheresse),
en conséquence les millésimes présentent des qualités inégales.
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La superficie viticole : Lourde perte après la transition
Aujourd’hui la superficie viticole hongroise s’établit à 93 000 ha. Depuis la fin des
années 60, lorsque la Hongrie détenait 250 000 ha de vigne, l’évolution de la surface
viticole a enregistré une forte baisse (- 62%). La phase de transition a contribué à
aggraver la situation. En 1989, la Hongrie possédait encore 140 000 ha de vigne ; en
12 ans, 35% des superficies viticoles ont ainsi été perdus. Cette chute rapide a
plusieurs origines :
Évolution des superficies viticoles en Hongrie
1000 ha
300
250
1989 mur
Berlin
200
150
-35%
100
-63% sur 30 ans
92 782 ha
50
2001
1999
1997
1995
1993
1991
1989
1987
1985
1983
1981
1979
1977
1975
1973
1971
1969
1967
1965
0
Sources: HNT (Conseil National des Communautés de Vins); KSH (Office Centrale de Statistiques)
Avec le processus de privatisation du foncier, les coopératives et les firmes d’état
qui intégraient tout l’itinéraire technique de la production vitivinicole, de la culture de la
vigne (dans certains cas à partir même de la production des bois et plants de vigne)
jusqu’à la commercialisation, ont complètement éclaté. Une partie des nouveaux
propriétaires sans compétence en viticulture a arraché les vignes, changé la culture ou
mis en location le vignoble. Beaucoup de producteurs ont également abandonné le
vignoble à cause de la faible rentabilité de la viticulture ou de l’effondrement du marché
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des vins. Les autres propriétaires ont fondé leur propre exploitation ou participent à
l’approvisionnement des grandes firmes vinicoles (wineries) ou des PME vitivinicoles
régionales formées pendant les années 90.
L’autre facteur explicatif de la diminution des superficies viticoles est lié au faible
taux de reconversion des vignobles dans les années 1990. En 8 ans (entre 1990 et
1998), en Hongrie, au total seuls 2500 ha de vigne ont été plantés, au lieu des 3000 à
5000 ha annuels qui auraient été indispensables pour le remplacement normal des
vignes ou pour l’adaptation de l’offre de raisin à la demande. De plus, pour les
banques, les activités agricoles et le développement des marchés présentaient des
risques ce qui rendait très difficile l’obtention des crédits pour l’investissement dans le
secteur vitivinicole.
A partir de 1997, le gouvernement a mis en place un régime d’aide pour inciter à la
réalisation de nouvelles plantations et pour préserver le potentiel viticole. Les
viticulteurs peuvent demander une subvention pour le financement des coûts de
plantation des vignes et des vignes-mères. L’état finance 40% des coûts totaux de
plantation. Le résultat de cette aide a été net : Entre 1996 et 2001, 9000 ha de
nouvelles plantations ont été réalisées mais cette accélération des plantations n’a pas
suffi à empêcher le rétrécissement du vignoble. Par contre, elle contribue à la
modernisation et à la reconversion qualitative d’une partie des vignes. Ce type d’aide
ainsi que la liberté de plantation resteront en vigueur jusqu’à l’adhésion afin de pouvoir
planter au maximum car à partir du 1er mai 2004 conformément à l’OCM-vin, la
Hongrie comme les autres pays producteurs européens, ne pourra plus accroître ses
superficies viticoles.
Les régions viticoles : la formation des AOC
Il existe en Hongrie 22 régions viticoles (appellations), qui produisent principalement
des VQPRD. Majoritairement, les zones les plus favorables à la culture de la vigne
sont plantées, ainsi 70% de la superficie viticole se situent dans les régions délimitées
qui couvrent ensemble 69 330 ha. Seuls les vins produits dans les régions viticoles
peuvent bénéficier de l’appellation et peuvent être mis en marché comme vins de
qualité. Le reste, 30% de la surface viticole, est relativement morcelé et dispersé en
des « lieux-dits » où l’on ne peut produire que des vins de table ou des vins de pays.
Les zones les plus favorables pour la viticulture sont déterminées en fonction des
caractéristiques écologiques et pédo-climatiques (type du sol, exposition, relief, niveau
de pluviométrie, ensoleillement…) par l’Institut de Recherche des Vignes et du Vin
(Kecskemét). Après l’établissement de la carte cadastrale du potentiel viticole, les
nouvelles plantations ne peuvent se réaliser que sur les zones classifiées pour la
culture de la vigne dans les catégories « excellents » et « bien ». La Hongrie détient un
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grand potentiel viticole car les zones théoriquement favorables s’étendent sur 320 000
ha dont moins de 20% sont actuellement plantés.
Parmi les 22 appellations, les 8 principaux vignobles représentent 75% du total. La
Région de Kunság (située dans la Grande Plaine), productrice majoritairement de vins
de table et de pays, arrive en tête avec 25 600 ha. Avec des superficies bien
inférieures suivent les régions de Mátra (7 300 ha), de Tokaj (5 800 ha), d’Eger (5160
ha) ainsi que les trois plus importantes appellations situées autour de Lac Balaton, DélBalaton, Balatonmellék et Balatonfelvidék, dont chacune représente 2500 ha et enfin la
Région de Tolna avec 2100 ha.
Superficie par appellation
100% = 78
78 650 hl
Aszar-Neszmely
2%
Villany
2%
Sopron
2%
Autres
10%
Badacsony
2%
Kunsag
35%
Etyek-Buda
3%
Hajos-Baja
3%
Balatonfured
Csopak
3%
Csongrad
Szekszard
3%
4%
Tolna
D-Balaton 4%
4%
Tokaj
7%
Eger
7%
Matra
9%
Sources: KSH (Office Centrale de Statistiques), 2001
Les vignobles de Mátra, de Tokaj et d’Eger se situent au nord de la Hongrie mais
s'étendent sur les collines exposées au sud profitant bien de l’ensoleillement. Ces
régions possèdent une large gamme de vins de qualité et de spécialités. La Région de
Mátra est spécialisée en vins blancs et réputée pour ses vins provenant de vendanges
tardives et de grappes passerillées. Tokaj est la région la plus célèbre, avec ses
fameuses spécialités de vins blancs comme « esszencia », « aszú », « szamorodni »,
« fordítás » et « máslás », grâce aux caractéristiques uniques de l’appellation résultant
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des conditions climatiques particulièrement favorables à la pourriture noble et du
savoir-faire traditionnel. La Région d’Eger est également connue sur le marché
international pour ses vins rouges notamment de « Egri Bikavér » (Sang de Taureau
d’Eger) et ses fameux vins blancs « Egri Leányka » (La Fillette d’Eger) et « Debrői
Hárslevelű ».
Les autres régions viticoles, au nombre de 14, sont de superficie inférieure à
2000 ha : Szekszárd, Csongrád, Hajós-Vaskút, Etyek-Buda, Villány, BalatonfüredCsopak, Badacsony, Bükk, Ászár-Neszmély et Sopron, détiennent chacune entre 1400
et 2000 ha de vigne ; suivent des vignobles beaucoup plus petits comme Pécs
(930 ha), Mór (880 ha), Pannonhalma (740 ha), et Somló (690 ha).
Un nouveau phénomène est à souligner : la formation d’AOC parallèlement aux
VQPRD simples. Les dénominations d’AOC sont réservées aux produits spécifiques
hongrois ou aux sous-régions particulières de VQPRD offrant des caractéristiques
exceptionnelles. Parmi les spécialités, celles de Tokaji, « Egri Bikavér », « Debrői
hárslevelű » sont déjà reconnues comme AOC par la Loi vitivinicole et les décrets
ministériels. En effet, ces produits étaient protégés depuis longtemps et les cahiers des
charges existaient dans les standards et les règlements régionaux, mais pour mieux
protéger ces spécialités, le système d’AOC a été introduit. Pour les sous-régions,
Tihany et Villány ont engagé des démarches de reconnaissance en AOC. On s’attend
à une augmentation du nombre des AOC en Hongrie, car il existe une forte volonté
parmi les producteurs de développer la qualité et la différentiation des produits en
s’appuyant sur le terroir et la tradition.
L’aspect qualitatif est très important. Suivant les déclarations de récolte près des 2/3
de la production classés sont dans la catégorie des vins de qualité et 1/3 comme VDTVDP, sachant que selon la réglementation hongroise les vins de qualité sont classés
selon la teneur en sucre du moût (supérieure à 150 g de sucre/Kg de moût), l’origine et
le rendement (limité à 100 hl/ha). Par contre, la nouvelle loi qui entre en vigueur au 1er
mai 2004, prévoit le classement - en sus des critères mentionnés – selon les cépages,
un rendement plus limité et des critères réglementaires propres à chacune des régions
viticoles. Il est ainsi probable que le volume des VQPRD diminuera après l’adhésion.
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Récolte de raisin par qualité
Sang de taureau
2.8%
100%=558 440 t
Tokaj VQPRD
Raisin de table
spécialité Baies d'aszú
3.4%
0.3%
1.1%
VDT
11.9%
VQPRD spéciales
4.3%
VDP
22.8%
VQPRD
53.4%
Sources: HNT (Conseil National des Communautés de Vins), 2001
Compte tenu des aléas climatiques, la production de vin connaît des fluctuations
inter annuelles importantes. Après la baisse significative résultant de la phase de
transition, elle s’est stabilisée autour de 4 millions d’hl par an. Ce volume de vin est
obtenu à partir de 550 000 à 720 000 tonnes de raisins.
L’organisation de la filière par régions viticoles : le système des
Communautés de Vin
La filière vitivinicole hongroise est organisée selon le système des communautés de
vin ; celles-ci sont des organismes professionnels à caractère public qui jouent un rôle
important dans la représentation des vignerons.
Ces organismes ont été créés par la Loi 102/1994 avec les objectifs suivants : la
représentation des intérêts des viticulteurs, le développement de la production et de la
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qualité des vins, l’incitation à la mise en marché des produits vitivinicoles, la garantie
de l’origine et la traçabilité des vins.
Le fonctionnement de ces organismes est financé par les membres (cotisations
payées par les adhérents aux communautés de vin) et par l’État. Pour cette année, ces
organismes ont reçu 3 millions d’euros comme contribution budgétaire pour la
modernisation du réseau informatique car ils gèreront le Cadastre Viticole Informatisé
après l’adhésion.
Le système des communautés de vin est le système traditionnel d’organisation de la
filière vin en Hongrie. Son ancêtre avait existé à partir du XVIIIème siècle jusqu’à la fin
de la deuxième guerre mondiale quand la centralisation a anémié les communautés de
vin. Dans les années 1990, les communautés de vin ont été rétablies sur la base
traditionnelle à trois niveaux (local, régional et national) mais sous une forme plus
moderne. Au niveau local, la communauté de vin est l’unité de base de l’organisation
professionnelle du secteur viticole. Elle fonctionne comme une structure autonome,
formée obligatoirement dans toutes les communes où il existe au moins 50 ha de
vignes cultivées par au minimum 10 viticulteurs. Les membres de la communauté de
vin sont les producteurs qui cultivent au moins 500 m2 de vignoble et les acheteurs
(caves) qui achètent au minimum 700 kg de raisin ou 5 hl de vins. Ainsi sont réunis
tous les producteurs qui s’occupent de la production commerciale de vin.
L’ensemble des membres de la communauté de vin forme l’assemblée générale, qui
définit le règlement local et élit le président, le secrétaire, les délégués et les membres
des différents comités. L’assemblée décide également le prix minimum garanti des
raisins et le montant de la cotisation payée par les membres en fonction de la taille du
vignoble cultivé ou du volume de vin acheté.
La communauté de vin assume des fonctions réglementaires et administratives qui
sont exercées par le secrétaire. Ainsi la communauté de vin :
•
coordonne l’activité vitivinicole en vue d’une production qualitative,
•
assure la surveillance des vignobles et la protection des plants sur les parcelles
non-traitées,
•
élabore ses propres règlements (utilisation et maintenance des routes, des
caniveaux, protection des plantes, fixation des dates de vendange et du prix
garanti des raisins…),
•
contrôle le respect des dispositions liées à la viticulture et la production des
vins,
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•
enregistre les informations concernant les membres, le vignoble et la
production (cadastre viticole, droit de replantation, déclaration de récolte, de
stock…),
•
transmet les données statistiques agréées à la Douane et au Conseil Régional
des Communautés de Vin,
•
fournit les attestations d’origine des raisins et des vins (VDT, VDP et VQPRD)
selon l’origine par parcelle, par cépage, par rendement, par degré de sucre ou
d’alcool,
•
assure les services aux membres (conseils),
•
émet un avis sur les autorisations de plantation ou d’arrachage de vigne et
l’installation des caves.
Au niveau local, il existe 322 communautés de vin qui couvrent 500 communes
dans les régions viticoles et rassemblent 140 000 membres, viticulteurs et producteurs
de vins.
Le Conseil Régional des Communautés de Vin est formé des délégués
des communautés de vin locales. Il en existe 22 conformément aux régions viticoles
hongroises. Le Conseil Régional :
•
est chargé du suivi de l’activité des communautés de vin de la région viticole
concernée,
•
définit des règlements régionaux, particulièrement celui des vins de qualité de
la région déterminée,
•
collecte les données statistiques enregistrées par les communautés de vin de la
région,
•
délivre des informations aux communautés de vin sur le marché des vins et la
coordination économique,
•
organise les actions de marketing collectif (manifestations régionales, concours
de vin, foires),
•
gère la protection des dénominations des vins de la région,
•
fournit les attestations d’origine des spécialités, des VQPRD et des AOC,
•
contrôle le respect des réglementations.
Le Conseil National des Communautés de Vin se trouve au sommet de
l’organisation. Ses membres sont les délégués régionaux (22) qui choisissent le
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président, le vice-président et le secrétaire. Le conseil national a des sessions
régulières et une petite équipe sous la direction du secrétaire général assure la gestion
quotidienne de l’organisme.
Le Conseil National :
•
donne assistance pour l’activité des communautés de vin et des conseils
régionaux,
•
analyse les statistiques issues des bases de données provenant des régions
viticoles,
•
programme les actions pour encourager la mise en marché de vins, ainsi il
participe aux actions de marketing collectif (participations aux foires,
dégustations, publication des brochures, publicités, spots…),
•
organise et participe aux foires et aux concours de vins nationaux et
internationaux,
•
met en place les conférences professionnelles,
•
diffuse les informations aux membres et au public sur le marché des vins (siteweb, revue professionnelle, lettre statistique),
•
assure le contact avec les organismes professionnels internationaux,
•
collabore avec le Ministère de l’Agriculture, les institutions et les offices liées au
secteur viticole,
•
participe aux travaux de préparation des lois et des règlements concernant le
secteur vitivinicole.
Quatre autres organismes jouent un rôle majeur dans
l’organisation de la filière :
•
OBI (Institut National pour la Qualification des Vins) : réalise les examens
analytiques et organoleptique des vins, donne l’autorisation pour la mise en
marché des vins sur le marché domestique et à l’export, autorise
l’établissement des caves et les enregistre, contrôle les vins et prélève les
échantillons de manière aléatoire dans les caves et dans les différents circuits
de distributions (magasins, CHR, GMS).
•
OMMI (Institut National pour le Contrôle de la Qualité en Agriculture) : Cet
institut étudie les cépages et les porte-greffes, et autorise leur plantation (en
établissant la Liste des Cépages), contrôle la réalisation des plantations et
arrachages de vigne, contrôle et teste les vignes-mères, assure le suivi des
bois et plants de vigne.
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•
MVH (Office de l’Agriculture et du Développement Rural) : Agence de
paiement, elle gère les mesures de l’OCM-vin, les dossiers et le financement
des aides communautaires, délivre les autorisations de plantation et
d’arrachage de vigne, gère la réserve nationale des droits de replantation.
•
VPOP (la Douane) : Le vin étant un produit soumis à accises, la Douane
surveille la circulation et les mouvements des vins, enregistre et contrôle les
entrepositaires agréés, collecte les statistiques sur les sorties de chais,
l’exportation et l’importation des vins.
Les Acteurs du secteur vin
La viticulture hongroise est extrêmement morcelée avec environ 140 000
producteurs dont presque les trois quarts possèdent moins de 0,5 ha de vigne. C’est le
résultat de la privatisation du foncier. Ainsi la taille moyenne d’une exploitation est de
0,3 ha, ce qui génère une offre très atomisée. Logiquement, dans cette situation, les
caves coopératives devraient être présentes mais malgré l’éclatement de la production
de raisin, il n’y a qu’une très faible volonté de création de coopératives parmi les
producteurs à cause du mauvais souvenir de la propriété commune et de la
coopération forcée pendant le socialisme. Officiellement, il existe une trentaine de
coopératives dont seulement 20 fonctionnent effectivement.
La majorité des producteurs vendent le raisin sur le marché libre mais dans
certaines régions viticoles comme dans la région de Mátra, d’Eger, d’Etyek, de Tokaj, il
existe des grandes sociétés vinicoles (qui sont souvent les anciennes firmes d’état
privatisées) qui mettent en oeuvre une collaboration très forte, une quasi-intégration
des viticulteurs. Les entreprises vinicoles possèdent 80% de la capacité de vinification,
ainsi les deux étapes, la production de raisin et la transformation sont nettement
séparées. De plus, les entreprises ne peuvent pas acheter du foncier.
Les relations entre vignobles et entreprises vinicoles sont régies par des contrats à
moyen terme (3-5 ans) qui sont plutôt des déclarations d’intention de collaboration, car
celles-ci constituent des obligations considérées comme peu contraignantes.
Cependant, en pratique, les relations sont souvent très étroites, car les entreprises
vinicoles assurent la protection des plants et la majorité des travaux viticoles à travers
un contrat de service afin de contrôler la qualité de la matière première. La motivation
dans ces relations n’est pas toujours la recherche du prix le plus élevé offert au
producteur, puisque souvent ces entreprises vinicoles, comme leaders régionaux ou
nationaux, sont les premières à fixer le prix du raisin. Par contre, ce sont les
entreprises vinicoles qui détiennent la technologie moderne, les relations commerciales
sur le marché domestique et international. En conséquence, elles représentent un
débouché sûr pour les produits et elles appuient leur approvisionnement sur une
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production de raisin stable. Certaines d’entre-elles offrent un prix garanti ou une prime
pour les qualités supérieures.
Il y a enfin un grand nombre de vignerons indépendants, plus de 50 000, qui
possèdent leur vignoble et s’occupent également de la transformation ou de la
vinification. La taille des caves, leurs activités et stratégies sont très diverses. Ces
producteurs vendent le vin en vrac sur le marché libre, effectuent de la vente directe à
la cave de vins conditionnés en petit vrac (cubitainers, bonbonnes…) mais parmi eux,
les plus importants ciblent le haut de gamme, vendent le vin en bouteilles et se
tournent vers l’exportation.
L’analyse de la typologie des entreprises vitivinicoles hongroises permet de
distinguer 4 groupes :
Le 1er groupe : Les grandes sociétés vinicoles
Au nombre d’une vingtaine, ces grandes entreprises disposent de capitaux
importants issus des investissements des groupes financiers hongrois dans le cas
d’EGERVIN SA, de Szőlőskert SA, Tokaj Kereskedőház SA, Hilltop, Domaine Csányi
et des investissements étrangers comme AXA, GAN, GMF, Vega Sicilia dans la
Région de Tokaj, Henkell&Söhnlein dans la filière des vins effervescents (Hungarovin
et BB), Antinori (GIA Sarl), Binderer (Danubiana) dans la Région d’Eger, de Mátra, de
Szekszárd et Zwack dans le négoce de vin.
Ces sociétés ont formé leurs propres réseaux de distribution en Hongrie et sur les
plus importants marchés sur lesquels elles sont fortement orientées : Allemagne,
Grande-Bretagne, Pays Scandinaves, États-Unis et Japon. Parmi elles se trouvent les
leaders de la commercialisation et de l’exportation des vins hongrois (H&S, EGERVIN,
Szőlőskert, Tokaj Kereskedőház, Danubiana, Hilltop etc.) qui représentent 70% de la
mise en marché. Pour assurer leur approvisionnement en raisin, elles contrôlent la
majorité de la production de celui-ci, soit parce qu’elles disposent de vignobles (de
taille très variable, entre 20 et 900 ha) provenant de la privatisation, soit parce qu’elles
constituent les partenaires privilégiés des producteurs des régions viticoles. Avec leur
technologie moderne, ces sociétés ciblent le segment des vins de qualité, souvent le
haut de gamme, mais elles diversifient également leurs produits destinés aux différents
marchés et créneaux de distributions. Leurs vins peuvent ainsi atteindre des prix
relativement élevés.
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2ème groupe : Les caves particulières
Dans cette catégorie, se rassemblent une cinquantaine de PME familiales qui ne
disposent pas encore de beaucoup de capitaux mais qui investissent régulièrement et
développent leurs domaines viticoles pas à pas depuis 10-15 ans (la création d’une
cave d’une capacité de 5000 hl exige 1,4 millions d’€). Elles contrôlent tout l’itinéraire
technique de la production de vin et elles produisent les raisins sur leurs propres
vignobles d’une superficie variant entre 10 et 100 ha. Ces PME produisent des vins
haut de gamme. Ce sont souvent des produits de niche qui sont mis en marché dans le
circuit traditionnel, dans les CHR et dans les boutiques de vin prestigieuses à des prix
élevés, mais ces producteurs sont présents également avec les VQPRD dans les
GMS. Le marketing des produits est fréquemment axé sur la notoriété du propriétaire
ou de l’œnologue. Ces entreprises connaissent un développement dynamique et
souvent elles complètent leurs activités avec l’accueil de visiteurs et l’œnotourisme ;
elles font partie des routes des vins ou elles construisent un restaurant ou un hôtel à
proximité de la cave. Une partie de ces investissements a été réalisée avec l’appui
d’une subvention d’état (fond de développement des PME) et du programme européen
SAPARD.
Le 3ème groupe : Les anciennes sociétés d’état et coopératives
transformées
Le 3ème groupe est le plus hétérogène. Il regroupe les anciennes firmes d’état et
coopératives transformées (environ 70) sans investissement considérable. Leur
volume de vin commercialisé est relativement faible : De quelques centaines d’hl à 10
000 hl. Ces sociétés travaillent fréquemment avec des matériels obsolètes, car les
moyens manquent pour la modernisation. Ces entreprises ont une situation financière
précaire mais elles jouent un rôle important dans la coordination des viticultures des
régions. Elles produisent essentiellement des VDT de qualité médiocre.
Le 4ème groupe : Les petits viticulteurs
Le 4ème groupe rassemble le plus grand nombre d’acteurs. Ce sont des petits
viticulteurs individuels qui produisent entre 10 et 100 hl de vin. Ils vendent en bouteilles
plastiques ou en petit vrac soit à la cave, soit sur le marché local. Ils vendent
également le vin sur le marché du vrac mais ce débouché est en forte régression, car
la qualité de la matière première n’est ni fiable ni contrôlable Ces producteurs
commercialisent parfois leurs produits à des prix relativement bas.
En résumé, il convient de souligner la grande diversité des acteurs de la filière
vitivinicole hongroise. Nul doute que les deux derniers groupes seront les plus
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fortement touchés par les conséquences de l’adhésion à l’UE et l’intensification de la
concurrence sur le marché de vin. Si ces producteurs ne parviennent pas à se
rapprocher entre eux, certains disparaîtront. Les caves coopératives sont
indispensables pour améliorer l’organisation et accroître le poids de la production sur le
marché. Sans investissements supplémentaires dans les entreprises vinicoles
financièrement fragiles, il est possible qu’elles ne puissent pas résister sur le marché,
limitant en conséquence les débouchés des viticulteurs régionaux.
Après l’adhésion à l’Union Européenne, il faut s’attendre à une concentration des
entreprises vinicoles tout en espérant une nouvelle vague d’investissement surtout
dans les PME vitivinicoles.
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Les débouchés
La consommation des vins
Parmi les nouveaux États membres, la Hongrie est le plus fort consommateur de
vin. La consommation de vin représente 32 litres/an/habitant ce qui est proche de la
moyenne européenne (35 litres/an/habitant). Aussi au total ce sont environ 3 millions
d’hl de vins provenant essentiellement de la production domestique qui sont
consommés annuellement. L’analyse des tendances sur 15 ans fait apparaître une
importante augmentation de la consommation de vin, qui progresse de 45% par
rapport à 1988. Cette évolution a été stoppée en 1994-95 à cause de la forte récession
économique et de la diminution générale de la consommation des habitants. Ensuite
avec la stabilisation et l'accroissement du niveau de vie, la consommation de vins a
repris à un niveau plus élevé.
Consommation de vin en Hongrie
l/hab/an
40
35
30
25
20
+45% sur 15 ans
15
10
5
0
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
Source: KSH (Office Central de Statistique)
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Les analyses systématiques et régulières de la consommation des vins manquent
en Hongrie. Aussi les informations détaillées concernant la fréquence de
consommation et le comportement des consommateurs ne sont malheureusement pas
disponibles. Par contre, il existe une étude de marché des boissons alcoolisées qui a
été réalisée par GfK-Hungary en 2001. Selon cette étude, les Hongrois sont peu
consommateurs de boissons alcoolisées : les non-consommateurs représentent 50%,
les occasionnels 45% et les consommateurs réguliers ne représentent que 5%. En
moyenne, la fréquence de consommation de vin s’établit à 1 fois par semaine, en
augmentation par rapport à 1997, alors que la fréquence de la consommation d’alcool
a diminué sur la même période : d’une fois par semaine à une fois tous les 15 jours.
Par contre, aucune information sur le volume moyen consommé par occasion n’est
disponible. Quant au choix de la boisson, 32% des consommateurs préfèrent le vin, et
ce pourcentage progresse depuis 10 ans (25% en 1992) tandis que la bière, principale
boisson concurrente affiche une légère diminution aux alentours de 30%.
Malgré cet accroissement de la consommation de vin, l’évolution demeure
incertaine tant les volumes consommés sont dépendants de la situation économique et
du niveau de vie. De plus le risque de substitution par la bière persiste.
Exportations
25% de la production hongroise de vin sont destinés à l’exportation. Pendant
longtemps, la Hongrie se situait, avec plus de 5% des échanges mondiaux, parmi les
principaux pays exportateurs de vin au monde. Aujourd’hui l’intensification de la
concurrence sur le marché mondial l’a écartée de ce groupe.
L’analyse détaillée de l’évolution des exportations des vins hongrois permet
d’expliquer cette situation.
Avec la transition politique et économique, la Hongrie a perdu une grande partie des
marchés de bloc de l’Est à cause de l’éclatement du COMECON. Le volume des
exportations a chuté de 2,2 millions d’hl à 667 milliers d’hl de vin (-70%) en 3 ans,
entre 1989-1992. Parallèlement, pour écouler les excédents générés sur le marché, il a
fallu trouver des nouveaux créneaux et, compte tenu des relations commerciales
préexistantes, la Hongrie s’est naturellement orientée vers l’UE, et en particulier vers
la RFA.
Avec la réorganisation du secteur vin et parallèlement à la privatisation, les acteurs
ont accentué leurs contacts avec les pays européens notamment l’Allemagne et la
Grand-Bretagne qui sont rapidement devenus les premières destinations à l’export.
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Les grandes entreprises qui ont été rachetées par les groupes étrangers comme
Hungarovin S.A (racheté par Henkell&Söhnlein Wiesbaden), Danubiana S.A. (qui a
obtenu une ancienne firme d’état à Mátra) ou les autres entreprises viticoles d’état
privatisées et achetées par les groupements d’investisseurs hongrois comme
EGERVIN S.A. ou Szőlőskert S.A. ont été les mieux placées pour développer leur
marché en Europe et en Amérique, car ces entreprises étaient déjà présentes dans
ces pays. Avec des investissements réguliers, elles avaient la capacité de s’adapter à
la nouvelle situation. Par ailleurs, ces entreprises pouvaient bénéficier des relations
commerciales des investisseurs étrangers notamment en Allemagne où il a en outre
été possible de s’appuyer sur une certaine tradition de consommation des vins
hongrois, particulièrement en Allemagne de l’Est.
Malgré l’effondrement des marchés de l’Est, les pays de l’Ex-URSS sont restés des
acheteurs importants de vins hongrois. Dans les années 1990, l’Ukraine et la Russie
occupaient les 3ème et 5ème places dans les destinations d’exportation avec des parts de
marché respectives de 12% et 8%.
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Après le creux de 1992, les exportations de vin se sont à nouveau accrues et cette
hausse a duré pendant 4 ans. En 1996, le volume exporté a dépassé 1,5 million d’hl de
vin mais cette tendance s’est retournée avec une forte baisse sur les 7 dernières
années. Le volume des exportations a en effet chuté de 50%, avec seulement
743 milles d’hl de vin en 2003, soit un niveau presque équivalent à celui de 1991 !. Sur
cette dernière période, la structure des exportations des vins hongrois a complètement
changé. La Hongrie a perdu à nouveau ses marchés à l’exportation en particulier sur
les pays de l’Ex-URSS, qui totalisaient 400 000 hl de vins exportés en 1996 et qui ont
régressé jusqu’à 46 000 hl (soit -88%) en 7 ans. Actuellement, l’Allemagne, la GrandeBretagne, La République Tchèque, la Slovaquie et la Pologne sont les plus importants
partenaires à l’exportation.
Évolution de l’exportation par groupe de pays
hl
1 400 000
42 905
-44%
1 200 000
800 000
600 000
41 241
32 623
17 844
40 662
197 415
318771
389011
-
151 800
400 000
200 000
Océanie
Asie
487 503
1 000 000
35 130
219 208
34 908
7 324
9 728
392 557
382 960
404 533
1995
2000
2003
102 717
270 934
45 772
Afrique
Amérique
Autres en Europe
Ex-USSR
Baltiques
CEFTA
EFTA
EU
1991
Sources: HNT (Conseil National des Communautés de Vins), 2003
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Exportations des vins hongrois par
destination en 2003
100% = 743 206 hl
Italie
Litvanie 3%
3%
Finlande
3%
Denmark
4%
Russie
4%
Pologne
8%
Autre
14%
Allemagne
27%
Grand-Bretagne
13%
Slovaquie
10%
Republique Tcheque
11%
Sources: HNT (Conseil National des Communautés de Vins), 2003
Parallèlement au volume, la valeur des exportations de vin a enregistré une chute
considérable : Entre 1996 et 2001, celle-ci a été divisée par deux, passant de 130
millions de $ à 64 millions de $ mais l’évolution des 3 dernières années montre une
légère reprise (67 millions de $ en 2003). A la fin de la dernière décennie, le prix
moyen des vins hongrois a chuté à 0,75$/l ; en 2003, il s’est redressé mais reste
toujours autour d’1 $/l. A ce niveau les vins hongrois se situent dans la catégorie des
« basic wine ». Bien évidement, il faut mentionner que les spécialités sont
positionnées dans la catégorie d’ultra premium ou ikon mais leur volume est très faible.
95% des vins hongrois sont vendus à moins 3$/l.
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Volume et prix moyen de l'export des vins hongrois
1996 - 2003
hl
Volume (Hl)
prix moy.
$/litre
1,20
1200000
1,05
1,02
1000000
0,94
0,91
0,89
0,85
0,83
800000
0,83
1,00
0,80
600000
0,60
400000
0,40
200000
0,20
0
0,00
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
Sources: HNT (Conseil National des Communautés de Vins), 2003
La structure des produits viticoles exportés regroupe l’exportation des vins en vrac
et en bouteilles, des vins effervescents, des moûts, des moûts concentrés et de
vermouth. Les vins en vrac dominent toujours dans l’exportation des vins hongrois
(50%) et leur part relative augmente depuis quelques années. La même tendance est
observée pour les vins en bouteille qui représentent 41% de l’exportation en 2003 alors
que les parts des moûts et moûts concentrés ont diminué en faveur des produits
transformés générant une valeur plus élevée.
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Exportations par type de produit en 2003
100% = 743 206 hl
Vermouth
2%
Mouts
3% Vins effervescents
3%
Vins en bouteille
42%
Vin en vrac
50%
Sources: HNT (Conseil National des Communautés de Vins), 2003
Le plus grand défi des acteurs du secteur vinicole hongrois est d’enrayer la tendance à la
baisse de l’exportation et de développer les positions sur le marché international, ce qui est
bien sûr extrêmement difficile à réaliser.
La concurrence s’amplifie sur le marché européen de par la progression des pays du
Nouveau Monde et des efforts des pays producteurs traditionnels européens pour conserver
leur part de marché. Dans l’Ex-URSS, outre les vins européens, les vins des PECO (Bulgarie,
Moldavie et Georgie) s’affichent à des prix encore inférieurs à ceux des vins hongrois.
Afin de mieux résister dans cet environnement concurrentiel, la démarche qualitative doit
progresser et la différentiation des produits permettre une meilleure valorisation. Il est
également nécessaire de mieux adapter l’offre (cépages, qualité) à la demande et de renforcer
les actions de communication collective.
Enfin, il est indispensable de développer l’image des vins hongrois. Bien que certaines
spécialités hongroises, comme celles de Tokaj, « Egri Bikavér » et les vins de vendanges
tardives, contribuent à l’augmentation de la notoriété des vins, l’image générale des vins des
PECO, et en particulier celle des vins hongrois, n’est pas formée sur le marché international : ils
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sont considérés comme des vins de médiocre qualité avec des prix bas malgré la
modernisation technologique et le développement qualitatif déjà effectué. Les professionnels
hongrois devront encore consentir beaucoup d’efforts pour améliorer cette vision.
Importations
Le volume des importations – en dehors de la période de socialisme et des échanges
« troc » dans le COMECON – reste toujours marginal par rapport à celui des exportations. Il
s’inscrit dans une fourchette annuelle de 30 000 à 100 000 hl afin d’élargir la gamme de produit.
Depuis 3 ans, les importations ont toutefois nettement progressé, passant de 30 000 hl à 100
000 hl. Les vins importés viennent essentiellement d’Italie et d’Espagne. Ces deux pays
exportent des vins rouges en vrac qui complètent la production domestique, car la Hongrie est
plutôt un producteur de vins blancs mais la demande en vins rouges demeure supérieure au
volume produit. La France est le 4ème exportateur avec une faible quantité, 2900 hl de vins qui
sont essentiellement le Champagne et les AOC. L’évolution de l’importation s’explique par la
faible récolte des 2 dernières années et la progression de la demande car les consommateurs
détenant un pouvoir d’achat élevé sont plus ouverts à découvrir les vins étrangers.
Importations des vins en Hongrie en 2003
100% = 100 320 hl
Espagne
15%
France
3%
Argentine Autres
2%
3%
Autriche
16%
Italie
61%
Sources: HNT (Conseil National des Communautés de Vins), 2003
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La mise en place de l’OCM-Vin
Même si les changements ont été amorcés depuis plusieurs années, l’adhésion à
l’UE et la mise en place de l’OCM vitivinicole modifie radicalement l’organisation du
marché du vin et le régime d’aide qui existait en Hongrie antérieurement au 1er mai
2004. Il est certain que la transposition rapide et l’application de la réglementation
européenne ne se réaliseront pas sans difficultés, car les acteurs devront respecter les
nouvelles obligations et rompre avec un certain nombre de pratiques. Examinons
rapidement les principaux bouleversements.
Potentiel de production et reconversion qualitative
L’OCM-vin met un terme à la liberté de plantation en Hongrie conformément au
règlement 1493/99 et introduit un système de droits de replantation dans la gestion du
potentiel viticole. Les producteurs qui ont arraché leur vignoble avec autorisation après
1996 peuvent faire reconnaître ces superficies comme droits de replantation, ce qui
représente environ 10 000 ha. Selon la réglementation nationale, les droits de
replantation peuvent être échangés librement entre les régions de production. Cela
provoquera probablement un mouvement de migration des vignobles des zones les
moins favorables aux régions les plus favorables où sont produits des vins bien
adaptés aux besoins du marché.
Parmi les aides, les viticulteurs attachent la plus grande importance à celles
afférentes à la reconversion qualitative et à la restructuration des vignobles, car elles
conditionnent leur modernisation. Le besoin est énorme compte tenu d’une part des
difficultés d’accès aux crédits et d’autre part de l’état des plantations réalisées dans les
années 80 dont ont hérité les viticulteurs lors de la redistribution du foncier. Cette
mesure permet également une meilleure adaptation de l’offre à la demande et de plus
elle incite les régions viticoles à conduire une réflexion stratégique sur le
développement qualitatif de leurs vignobles. A ce jour ces aides pourraient concerner
une superficie de 1000 à 1500 ha / an.
La prime d’arrachage définitif ne sera pas introduite en Hongrie dans l’immédiat, car
l’objectif actuel n’est pas la diminution de la superficie viticole mais le maintien du
potentiel de production. Dans deux ans, cette décision pourrait être révisée et
l’arrachage éventuellement s’appliquer à des situations particulières.
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Distillation
La distillation comme outil d’intervention sur le marché existait déjà en Hongrie mais
elle était seulement utilisée en cas de surproduction pour éliminer les stocks
excédentaires. La régulation des marchés dans l’UE repose sur des mécanismes de
distillation que la Hongrie devra mettre en œuvre au moment de l’adhésion. Ce
système génère la plus grande inquiétude parmi les producteurs notamment
l’exécution des prestations viniques, car ce type de distillation n’existait pas en
Hongrie. Seuls les petits producteurs (production inférieure à 80 hl) peuvent retirer
sous contrôle les marcs et les lies par les méthodes autorisées ; les autres doivent les
livrer en distillerie. La crainte des producteurs s’explique par les raisons suivantes :
dans certaines régions les entités vinicoles sont très dispersées et parfois de taille
modeste, la période de vendange est relativement étalée, et enfin il n’existe
actuellement qu’une seule distillerie en Hongrie, capable d’accueillir les sous-produits
et de remplir les conditions de contractualisation avec l’agence de paiement. En
conséquence, l’organisation de la collecte et du transport des sous-produits s’avère
particulièrement délicate et génère des charges élevées pour les producteurs.
VQPRD
La Hongrie met en œuvre une stratégie de développement des vins de qualité en
privilégiant le modèle VQPRD à cause de la grande diversité des terroirs et des
traditions viticoles. La nouvelle loi vitivinicole qui entre en vigueur le 1er mai 2004 (dont
l’objectif est l’harmonisation avec la réglementation européenne) fait clairement
référence au modèle européen des vins de qualité en s’appuyant essentiellement sur
les régions viticoles existantes. En fait, les 22 appellations et les « grandes régions
viticoles » qui réunissent quelques appellations sont reconnues comme VQPRD
simples. Concernant les cépages, on ne peut plus produire des vins de qualité à partir
des variétés interspécifiques mais seulement à partir de Vitis vinifera conformément à
l’OCM-vin.
Les AOC qui représentent une segmentation plus élevée sont réservées aux
spécialités hongroises et aux sous-régions particulières. Pour la réglementation des
VQPRD, les conseils régionaux des communautés de vin définissent les contraintes de
production qui seront fixées par un décret ministériel. Dans le cas des AOC, le Comité
de la Protection d’Origine des Vins examine la demande des producteurs et, suivant
son avis, le Ministère de l’Agriculture prend le décret définissant l’AOC concernée. Les
contrôles liés aux vins de qualité sont effectués par l’OMMI (Institut Nationale pour le
Contrôle de la Qualité en Agriculture), l’OBI (Institut National pour la Qualification des
Vins), les conseils régionaux des communautés de vin et les comités de dégustation.
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Commerce extérieur
L’adhésion apportera également des changements au commerce extérieur des vins.
La Hongrie avait jusqu’ici un accord bilatéral (mis en place en 1994) avec l’UE. Ainsi
les vins hongrois pouvaient entrer sur le marché européen en franchise de droits de
douane avec un quota de 345 000 hl, et réciproquement les vins européens pouvaient
enter en Hongrie dans les mêmes conditions à hauteur de 115 000 hl. En fait, ni la
Hongrie ni les pays européens n’ont jamais rempli leurs quotas. En conséquence, on
ne s’attend pas une augmentation significative des échanges.
Les relations commerciales avec les nouveaux membres de l’UE étaient très fortes,
surtout avec la République Tchèque, la Pologne et la Slovaquie. Avec la simplification
des contraintes administratives liées à la circulation des vins, ces marchés pourraient
être potentiellement mieux captés par les vins hongrois.
Par contre, avec la mise en place du tarif douanier commun, les vins du Nouveau
Monde peuvent aussi entrer en Hongrie avec un niveau de taxe moins élevé que le
niveau précédent qui atteignait à 40%. D’ailleurs, les importateurs semblent d’ores et
déjà augmenter leurs achats en provenance du Nouveau Monde.
Le système de soutien à l’exportation change radicalement, car en Hongrie
l’exportation des vins était subventionnée (28 HUF/litre = 0,11 €/litre) vers les
destinations extérieures à l’UE, quelque soit la catégorie des produits. Dorénavant, les
restitutions à l’exportation ne pourront être demandées que pour l’exportation des vins
de table et dans un nombre très limité de pays destinataires. Ainsi, sur la base des
exportations de l’année 2003, la Hongrie aurait la possibilité d’obtenir les restitutions à
l’exportation pour une quantité très faible, au maximum 53 000 hl de vins (soit 7% de
l’exportation totale) dont 60% à destination de la Russie, 22% de l’Ukraine et 8% du
Japon.
Les résultats des négociations avec l’UE
Suite aux négociations avec l’UE, la Hongrie a été classée dans la zone viticole CIb.
Concernant les pratiques œnologiques, l’adjonction de saccharose (chaptalisation) est
autorisée dans toutes les régions viticoles hongroises. Une dérogation a été octroyée
pour une période de 10 ans pour le degré minimum des VDT ( à 7,7% vol). Les
spécialités de Tokaj ont été intégrées dans l’OCM-vin, avec reconnaissance de leurs
méthodes d’élaboration comme pratiques traditionnelles. Au-delà des vins, la forme de
la bouteille de Tokaj est également protégée. Au regard de la limite maximale en
anhydride sulfureux, les spécialités de Tokaj ont été classées dans la catégorie de
300 mg/litre (« szamorodni ») et de 400 mg/litre (« fordítás », « máslás », « aszú »,
« esszencia ») à cause de la haute teneur en sucre résiduel.
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La Hongrie a par ailleurs reçu une dérogation pour l’utilisation de nom
« Rizlingszilváni » comme synonyme de la variété « Müller-Thurgau » jusqu’à la fin de
2008 pour les vins mis en marché exclusivement en Hongrie.
Enfin, les vins préalablement produits et embouteillés en Hongrie dans des
bouteilles d’un volume de 0,7 litres peuvent être mise en marché en Hongrie à
concurrence des quantités recensées au moment de l’adhésion.
Conclusion
Les atouts de la viticulture hongroise sont nombreux : La Hongrie possède une
longue tradition viticole, un niveau de consommation de vin relativement élevé, une
grande diversité des terroirs et des produits à forte notoriété.
Avec l’appui des investisseurs étrangers et groupement financiers hongrois, les
producteurs ont fait de gros efforts pour l’amélioration qualitative des vins tant au
niveau du vignoble (nouvelles plantations) que de la modernisation des caves.
En revanche, il existe des éléments plus inquiétants comme le morcellement du
vignoble, son très faible taux de renouvellement et sa réduction de 35% sur les 15
dernières années.
Parallèlement les structures des exploitations sont très hétérogènes, les outils de
vinification souvent obsolètes, l’offre extrêmement atomisée et la volonté de
regroupement des producteurs quasi inexistante.
Enfin la filière est fortement touchée par les pertes de marché à l’exportation depuis
7 ans et par l’accès limité aux crédits bancaires.
Les enjeux de l’adhésion pour la Hongrie, comme pour les autres pays viticoles des
nouveaux membres de l’UE, seront de pouvoir bénéficier pleinement de l’ouverture du
marché européen, de profiter des mesures de gestion et de soutien offertes par l’OCM
vitivinicole (plus avantageuses que le système préexistant en Hongrie), et d’attirer de
nouveaux investisseurs dans la filière.
Le plus grand défi, pour les acteurs de la filière vitivinicole hongroise, sera par
contre de préserver le potentiel viticole, de résister et de se défendre sur le marché où
la concurrence s’annonce de plus en plus intense.
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