Paysage Audiovisuel › Législation ›
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Newsletter N°116 – Oct. 2014 #mediamerica TELEVISION Troisième édition du “Future of Television Forum” à New York : Etats des lieux des débats sur le marché américain Le Future of Television Forum qui s’est tenu à New York en septembre dernier a rassemblé plus de 300 professionnels. Broadcasters, câblo-opérateurs, créateurs de contenu numérique, FAI, agences media et publicitaires, investisseurs etc. ont débattu des stratégies de recrutement, fidélisation et monétisation des publics sur toutes les plateformes de diffusion. Cette 11ème édition du Future of Television Forum faisait partie d’un événement plus large : la DMW Week NYC (1 000 participants) au cours de laquelle ont lieu la NY Games Conference et le Digital Music Forum. La conférence plénière d’ouverture, « The view from the top » a d’emblée soulevé la question qui a été au cœur de l’ensemble des débats : Is it the best or the worst of times for TV ?. En d’autres termes, faut-il se réjouir de la croissance du nombre de programmes et de leur qualité, ou faut-il déplorer l’instabilité et la manque de viabilité du business model dans cette industrie en pleine mutation depuis une décennie au moins? Les réponses ont été (trop) nuancées. Pas plus ici qu’en France, on a inventé LE business model adapté à la nouvelle donne télévisuelle. Néanmoins, les opportunités liées au numérique suscitent un enthousiasme général, tant de la part des acteurs du numérique et des plateformes de diffusion (Twitter, Yahoo ! Vimeo, Microsoft, Facebook, Roku, Omnivision…) que des acteurs plus traditionnels de la télévision (les chaînes: PBS, Starz, BET, CBS, Univision, TBS… et les câbloopérateurs : Time Warner Cable). Les nouvelles opportunités liées au numériques : « a frontier to explore » Du Digital à la TV Les conférences sur la distribution ( « TV/Digital Hybrid Programming: How is the Relationship Evolving? ») avec des acteurs majeurs du nouvel écosystème (Roger Keating, SVP, Digital Media, Hearst Television ; Matt Graham, Senior Director, PBS Digital Studios ; Amy Singer, Head of News, North America, YouTube; Russ Torres, Deputy Head, Yahoo Studios; Paul Kontonis, SVP, Strategy & Sales, Collective Digital Studio) ont permis d’avoir des retours d’expériences intéressants, notamment sur la complémentarité des diffusions web et TV. Est-il utile voire nécessaire de développer en ligne une « franchise » que l’on va porter à la télévision « traditionnelle » ? Quelques exemples montrent que la stratégie peut porter ses fruits. En France, on cite souvent l’exemple de Bref. Aux Etats-Unis, on retiendra le succès de Burning Love, la parodie de l’émission de télé-réalité Bachelor, produite par Ben Stiller qui est passée d’une diffusion sur Internet (Yahoo! Screen) à la télévision (sur la chaîne E!). Autre exemple qui montre combien les circuits de création et de diffusion ont évolué : Video Game High School, la websérie de Freddie Wong et Matt Arnold (Rocket Jump studios) a été financée par une campagne de crowdfunding sur kickstarter puis sur Indiegogo ($270 000 ont été levés pour la saison 1 et plus de $ 900 000 pour la saison 3) et a connu un énorme succès sur Youtube (plus de 84 millions de vues). Netflix a ensuite acquis les droits de diffusion VOD de la série (saisons 1 et 2) que l’on peut aujourd’hui également trouver sur iTunes, Microsoft Xbox LIVE, Sony PlayStation 3 et même en Blu-Ray et DVD, alors que la saison 3 vient de sortir sur la chaîne YouTube RocketJump channel. Les avantages du lancement sur Internet ? La possibilité de tester de nouveaux formats et surtout d’établir un lien fort avec le public. L’exemple de Vice a également été beaucoup cité. La marque s’est d’abord développée sur Internet et via sa base de fans sur YouTube, avant de devenir un talk-show d’information provocateur sur HBO en mars 2013. Amy Singer, Head of News chez YouTube Amérique du Nord, souligne que l’indépendance et la flexibilité dont bénéficie YouTube est un avantage essentiel pour la création. Bien des formats n’auraient pas pu être diffusés d’emblée à la télévision. ww.mediamerica.org 1 Dorénavant les chaînes Youtube ou les autres plateformes de diffusion en ligne ont leur têtes d’affiche (iconic brands) comme autrefois les TV avec leur célèbres talkshows. D’ailleurs pour la sortie de la troisième et dernière saison de Video Game High School, le 13 octobre, Youtube a lancé une campagne d’affichage importante (voir l’article du Wallstreet Journal à ce sujet). La websérie est une marque à mettre en avant pour promouvoir la plateforme. Les nouvelles habitudes de consommation conduisent à la naissance d’une génération de « plateforme agnostics ». Peu importante que l’émission soit diffusée sur une plateforme ou une autre (TV, tablette, youtube, Netflix, Playstation…). Les participants au panel sur la « monétisation » (« Monetization Panel : Making Great Original Content for Digital Platforms » avec Steven Amato, President, CEO & Founder, Contend ; David Katz, VP, Digital Media, Starz ; Rob Barnett, Founder & CEO, Omnivision Entertainment; Dan Goodman, Co-Founder, Believe Entertainment Group; Laura Rowley, VP, Video Production & Product, Meredith) étaient d’ailleurs d’accord pour affirmer que Netflix n’est finalement pas particulièrement innovant. La grande innovation de Netflix, c’est d’avoir réussi à devenir gigantesque mais fondamentalement en termes de créativité, cela reste de la télévision. Ce serait d’ailleurs une bonne nouvelle, car cela prouve que le public est prêt à payer pour un contenu diffusé en ligne. Même si pour l’instant la monétisation des vidéos diffusées en ligne est encore loin d’être établie. Russ Torres, le numéro 2 de Yahoo Studios, reconnait qu’une des aspirations de sa compagnie est de voir ses programmes rachetés par les télévisions dont l’impact reste colossal. Mais il sait aussi que l’audience se construit désormais sur le Net, et notamment pour les plus jeunes, ceux que l’on appelle les Millennials (ou génération Y, née entre 1980 et 2000). De la TV au Digital : Développer le lien avec le viewer Le forum rassemblait aussi beaucoup d’acteurs de la télévision, ceux des départements en charge de la stratégie numérique mais aussi des responsables des programmes. Même s’ils s’accordent pour dire qu’ils ne sont pas ébranlés par les évolutions du secteur et que le business model de la télévision reste très profitable, les acteurs traditionnels s’efforcent de redéfinir leur stratégie et surtout leur relation avec le public. Le Keynote de Joan Gillman, la directrice de Tim Warner Cable Media – l’un des plus importants câblo-opérateurs des Etats-Unis dont la fusion avec Comcast est imminente – était très attendu sur ces questions. Elle a d’emblée souligné la complexité de la situation. La multiplication des programmes et des canaux pour les diffuser n’a pas entraîné la multiplication des heures dans une journée ! Le consommateur vote avec son temps autant qu’avec son argent. Il est de plus en plus difficile pour une chaîne de ressortir du lot. Seule solution : diffuser des contenus de très grande qualité car les exigences sont de plus en plus hautes (« bars are being raised »), notamment celles des millennials, que Joan Gillman nomme aussi la cable generation. Depuis leur naissance, ces derniers ont vu tant de vidéos, de publicités et d’émissions qu’ils sont devenus incroyablement exigeants. C’est la génération la plus expérimentée en storytelling. Ainsi pour Joan Gillman, la publicité peut rester une modèle de financement, si les publicités elles-mêmes sont de bonne qualité. Elle ajoute que les millennials ont (presque) toujours connu l’Internet haut débit et ont pris l’habitude de commenter, de partager d’abord par SMS puis en ligne. Or les marques les plus populaires sur les réseaux sociaux sont les séries ou les émissions de télévision. Il leur est donc essentiel de créer un lien fort avec le public pour ressortir du lot. L’importance de l’interactivité, du lien avec le public est revenue comme un leitmotiv du forum. De consommateur anonyme, le viewer est devenu le PDG du contenu. Il a le pouvoir sur la création, la programmation, le marketing. Les programmateurs de chaînes soulignent que ce nouveau consommateur veut avoir accès à son show 24 heures sur 24, pas seulement parce qu’il veut/peut le voir en TV everywhere mais aussi parce qu’il veut suivre sur les réseaux sociaux ou sur des sites dédiés les bonus et behind the scene de l’émission. L’avis de la communauté de fans a une influence croissante. L’exemple de la série Scandal diffusée sur ABC est parlant. La première saison n’a d’abord pas été très bien reçue : critiques tièdes, taux d’audience décevants. Mais la stratégie de l’équipe – et en particulier de la showrunner, Shonda Rhimes sur les réseaux sociaux a été décisive. C’est probablement ce qui a permis au show de ne pas être déprogrammé et même de devenir l’une des séries les plus populaires et les plus twittées aux Etats-Unis – l’un entraînant l’autre. L’utilisation marketing du numérique est une plus-value réelle pour la télévision traditionnelle – c’est ce qu’a assuré Anjali Midha, Head of Global Media & Agency Research chez Twitter, lors de son keynote « Measuring the Impact of Twitter & TV » en s’appuyant sur de nombreux exemples. Le plus marquant est celui du fameux selfie de la soirée des Oscars 2014 : 5 millions de personnes ont envoyé 19 millions de tweets à 37 millions de personnes ! Outre l’impact sur les taux d’audience, et sur l’engagement du public, Twitter permettrait d’accroître l’impact des publicités. Enfin, l’analyse des réseaux sociaux permet de recueillir des données sur les personnes qui regardent le show. Nielsen, l’institut de mesure d’audience américain tente d’affiner ses outils pour que les marques puissent utiliser et monétiser ces informations. L’une des clés du business model reposerait sur l’engagement du public et l’amélioration des analyses des données collectées. Les limites de twitter n’ont évidemment pas été soulignées dans ce keynote au cours duquel le public n’a pas posé de questions. Lors du débat sur le second écran (« Developing Successful Second Screen Experiences ») a été soulevée la question de l’impact de twitter pour les programmes regardés en différé – qui sont très nombreux ww.mediamerica.org 2 puisque les viewers regardent de plus en plus souvent leurs émissions et vidéos où ils veulent et quand ils veulent. Quel est le nombre de tweets sur House of Cards une semaine après la mise en ligne de la saison complète sur Netflix ? Comment mesure l’audience d’un contenu « everywhere » ? Il a été aussi souligné le fait que le terme même de « second écran » était devenu obsolète. Les participants lui préfèrent celui de « personal device » par opposition à « family device ». Les acteurs traditionnels ne se contentent pas d’utiliser le numérique à des fins marketing, ils commencent à y investir des sommes importantes et à se lancer dans la vidéo en ligne avec la création et la diffusion pour et par de nouvelles plateformes. Les exemples sont nombreux. Rappelons que Disney a racheté Maker Studios, l’un des plus gros fournisseurs de contenus pour les chaînes du site de vidéos en ligne YouTube (Google). « La vidéo en ligne de courte durée affiche une croissance d’un rythme incroyable, et, avec Maker Studios, Disney sera maintenant au centre de cette activité dynamique, avec une combinaison inégalée de technologie avancée et d’expertise en termes de programmation », avait commenté le PDG de Disney, Robert Iger, en mai dernier. Un représentant de la chaîne de télévision Starz a aussi participé à ces débats : David Katz est à la tête du département digital qui est particulièrement dynamique. Starz Digital Studio crée des contenus spécifiquement pour ses chaînes YouTube. Il faut aller chercher l’audience là où elle est, a déclaré M. Katz. Son rôle est de distribuer du contenu de qualité sur la plateforme qui lui correspond le mieux. Dans cette effervescence de vidéos, il est important que le spectateur s’y repère. Il faut créer une relation forte avec lui, et cela passe aussi par le travail éditorial – le show doit être à sa place, sur la bonne plateforme au bon moment. Finalement le forum n’a pas apporté de conclusion et de solution claires, mais il a permis de faire un état des lieux. Cela est nécessaire si comme David Poltrack, Chief Research Officer chez CBS, on considère qu’il y a eu plus de changement dans les deux dernières années que dans les quarante dernières. La conclusion revient donc à Joan Gillman de Time Warner Cable : « Le futur est magnifique pour la qualité du contenu mais il faut encore le monétiser ». Voir de le détail du programme. Pervenche Beurier VOD HBO va lancer son propre service de VOD par abonnement Lors d’une réunion avec des investisseurs le 15 octobre, Richard Plepler, patron d’HBO, a annoncé que la chaîne de télévision payante allait lancer en 2015 une offre de vidéo à la demande sur abonnement. Il existait pour l’instant HBO Go, service de visionnage des programmes de la chaîne en streaming sur Internet mais il n’était accessible qu’aux internautes déjà abonnés à HBO via leur opérateur du câble ou du satellite. Le succès de Netflix et la pression des consommateurs auront poussé la chaîne a finalement proposer une offre Over-The-Top (OTT). HBO hésitait en effet à poursuivre cette stratégie de peur qu’elle ne mette en péril ses relations avec ses distributeurs traditionnels, et les fournisseurs du câble et du satellite. Il n’y a pour l’instant aucune information sur le tarif qui sera proposé. Selon le Wall Street Journal, une personne en lien avec l’annonce a déclaré que le service ne serait pas moins cher que ce que paient actuellement les abonnés de HBO à leurs fournisseurs. Selon Richard Plepler, une version accessible uniquement en ligne de la chaîne pourrait se traduire par des centaines de millions de dollars de recettes. HBO a aujourd’hui environ 30 millions d’abonnés aux États-Unis M. Plepler a indiqué que le nouveau HBO Go ciblerait d’abord les 10 millions d’américains qui ne sont pour l’instant ni abonnés au câble ni à la télévision par satellite mais qu’il viserait aussi les 70 millions de foyers qui ont actuellement un abonnement à la télévision payante mais sans souscrire à HBO. HBO to Launch Stand-Alone Streaming Service, de Joe Flint et Keach Hagey, The Wall Street Journal, 15 octobre 2014 Traduit de l’anglais par Nathalie Charles ww.mediamerica.org 3 L’organisme de réglementation de l’audiovisuel canadien dans l’impasse après un bras de fer avec Netflix et Google Au mois de septembre, le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) organisait les audiences « Parlons Télé ». L’objectif était notamment de modifier le cadre réglementaire canadien en l’adaptant aux nouveaux usages de consommation de contenus audiovisuels. Les fournisseurs de vidéo en ligne étaient au cœur des réflexions, et plus particulièrement leur capacité à financer du contenu canadien. La réglementation actuelle oblige les diffuseurs traditionnels à diffuser et investir dans du contenu canadien, mais celle-ci ne s’étend pas aux joueurs émergents, qui bénéficient actuellement d’une exemption. C’est lors de ces débats que le Président du CRTC a demandé à Netflix et Google de bien vouloir fournir les informations sur le contenu canadien de leurs plateformes, le CRTC était notamment intéressé par le nombre d’usagers canadiens et la taille des investissements en production canadienne. Les deux entreprises qui plaidaient contre l’étendue du cadre réglementaire aux plateformes en ligne ont refusé de fournir les informations demandées, évoquant la confidentialité de documents commercialement sensibles pour justifier de leur décision. Un bras de fer a alors commencé entre les deux géants américains et l’organisme de réglementation de l’audiovisuel canadien. Le CRTC a menacé de ne pas prendre en compte les apports des deux entreprises au débat, et risque donc de finaliser son étude sur l’avenir de la télévision sans tenir compte leurs soumissions. Le CRTC ne bénéficie ni du soutien du gouvernement, ni de celui de la population Le CRTC s’est ainsi lancé dans une bataille complexe et risque aujourd’hui de battre en retraite sur son propre territoire. Le gouvernement canadien ne le soutient pas dans cette affaire, le Premier Ministre Stephan Harper et la Ministre du Patrimoine Shelly Glover ont affirmé quelques semaines plus tôt qu’ils ne comptaient pas taxer Netflix. Les canadiens eux-mêmes semblent être passé depuis longtemps du côté de Netflix, les quelques 3,5 à 4 millions d’abonnés ne seront sans doute pas favorables à la régulation du service de vidéo à la demande. Une concurrence déloyale pour les diffuseurs canadiens Certains diffuseurs canadiens plaident pour une déréglementation générale plutôt qu’une réglementation pour les acteurs étrangers. C’est le cas de Québecor, Bell et Rogers, qui doivent en effet produire un quota de contenu canadien et verser de l’argent dans un fonds qui subventionne la production télévisuelle canadienne. Rogers et Shaw, qui préparent le lancement de leur propre service de streaming Shomi, sont particulièrement sensibles à ces questions. La déréglementation de la radiodiffusion permettrait aux canadiens de jouer à armes égales avec les services « over the top ». Le CRTC devrait annoncer début 2015 les décisions qui découleront de ces audiences. Sources : Télévision : l’industrie numérique voudrait éviter la réglementation, Ici Radio Canada, 8 septembre 2014 Québecor s’oppose aux modifications du CRTC, La Presse, 9 septembre 2014 CRTC is doomed to lose the fight it’s picked with Netflix, The Globe and Mail, 29 septembre 2014 CRTC to Netflix: Since you won’t co-operate, we’ll ignore you, CBCNews, 30 septembre 2014 Netflix contre le CRTC: qui remportera la bataille?, Canoe.ca, 4 octobre 2014 Sarah ARCACHE CINEMA Tom Barker et Michael Barker de Sony Pictures Classics décorés de la Légion d’Honneur à New York Tom Barker et Michael Bernard, co-présidents et co-fondateurs de Sony Pictures Classics, ont reçu les insignes de Chevaliers de la Légion d’Honneur le lundi 22 septembre, en présence de professionnels et de talents du cinéma français et américain. Le Ministre des Affaires Étrangères, Laurent Fabius, a décoré ces deux poids lourds de l’industrie cinématographique qui ont ouvert les portes du marché américain à un très grand nombre de films français. Michael Barker et Tom Bernard ont en effet depuis le début de leur carrière distribué plus de 90 films français ou de productions françaises parmi lesquels Le dernier métro (1981) de François Truffaut, Indochine (1992) de Regis Wargnier, Un Prophète (2009) de Jacques Audiard ou encore Amour (2012) de Michael Haneke. Cette décoration s’est déroulée au sein des Services Culturels de l’Ambassade de France aux Etats Unis quelques heures après l’annonce du film représentant la France à la prochaine cérémonie des Oscars : Saint Laurent de Bertrand Bonello qui sera d’ailleurs distribué en avril 2015 aux Etats-Unis par Sony Pictures Classics. Pauline Lamy ww.mediamerica.org 4 Netflix divise Hollywood en produisant son premier film de cinéma Netflix a annoncé le 29 septembre sa participation au financement de la suite du film aux quatre Oscar Tigre et Dragon, dans le cadre d’un accord signé avec The Weinstein Company. La société a annoncé que le film sortirait simultanément sur sa plateforme en ligne et dans les salles de cinéma IMAX, partenaire de l’opération. Après avoir déstabilisé le secteur de la télévision, la société continue de faire évoluer l’industrie de l’entertainment en se positionnant aujourd’hui sur le cinéma. Cette annonce a immédiatement provoqué de vives réactions sur le thème de la chronologie des médias au sein de la profession (le passage du grand écran au petit écran, au profit des très nombreuses chaines câblées aux Etats-Unis). Le lendemain, trois des plus grands exploitants de salles de cinéma américains, annonçaient qu’ils ne diffuseraient pas le film sur leurs écrans. Ces chaînes de cinéma, qui représentent à elles trois environ le quart des écrans IMAX du pays, s’opposent ainsi au raccourcissement de leur fenêtre de diffusion. L’annonce vient raviver un conflit de longue date opposant certains studios de production aux exploitants de salles à Hollywood. La fenêtre d’exclusivité de ces derniers est passée en moyenne de 173 à 119 jours entre 1998 et 2013. A la différence de la France, cette chronologie résulte aux Etats-Unis d’un accord interprofessionnel entre les différents représentants de l’industrie. Les studios cherchent quant à eux à trouver de nouveaux canaux de diffusion, afin de contrebalancer la chute des ventes de DVD et le déclin continu du nombre spectateurs en salle. Les nouvelles pratiques apportées par le numérique La diffusion de leurs productions en ligne, via des fournisseurs de service tels que Netflix et Amazon, leur permettrait ainsi de séduire une nouvelle génération habituée du visionnage sur tablettes, smartphones et ordinateurs portables. Les nouvelles technologies intégrées aux postes de télévision (haute définition, vidéo de rattrapage et à la demande, postes connectés) et l’amplification de l’offre sur Internet participent en effet à la désaffection des spectateurs pour le cinéma, (revenus du box-office en baisse de 21% à l’été 2014 par rapport à l’été précédent) tandis que la télévision (câble ou IP) continue d’attirer plus d’abonnés et de revenus publicitaires. Selon Ted Sarandos, responsable des contenus chez Netflix, il s’agit d’adapter l’industrie aux nouvelles pratiques culturelles apportées par le numérique. Netflix s’était déjà démarquée à travers la production de séries originales à succès (House of Cards, Orange is the New Black,) et prévoit de financer bientôt de nouveaux films. La société cherche aujourd’hui à développer son offre pour faire face à des services concurrents comme Amazon et Hulu sur le marché américain. A l’origine créée comme un service de livraison de DVD à domicile, Netflix a lancé son service de vidéo à la demande en 2007 aux Etats-Unis et compte aujourd’hui plus de 50 millions d’abonnés à l’échelle internationale. Tigre et Dragon 2 sortira en salle le 28 août 2015, période de rentrée scolaire et de faible fréquentation des salles de cinéma aux Etats-Unis. Le premier volet avait généré 213 millions USD de revenus dont 128 millions USD aux Etats-Unis. Ella Filippi Service Economique Régional de l’Ambassade de France à Washington Forte présence française au New York Film Festival La 52ème édition du New York Film Festival aura mis le cinéma français à l’honneur de façon exceptionnelle avec 12 films sur 30 dans la sélection principale, français ou de coproduction française. La chambre Bleue de Mathieu Almaric et la coproduction franco- italienne L’incomprise d’Asia Argento étaient présentés pour la première fois en Amérique du Nord en présence des réalisateurs. Ce fut également l’occasion pour le public nord-américain de découvrir le très attendu Saint Laurent de Bertrand Bonello qui représentera la France à la prochaine cérémonie des Oscars en mars 2015. Bertrand Bonello était présent avec son acteur Gaspard Ulliel. Le festival a accueilli les premières américaines des coproductions Jauja de Lisandro Alonso, Pasolini d’Abel Ferrara et La Sapienza d’Eugène Green. Marion Cotillard et les frères Dardenne ont présenté Deux jours, une nuit avant la sortie par Sundance Select annoncée pour le 24 décembre. Les derniers films d’Alain Resnais et Jean-Luc Godard, Aimer, boire et chanter et Adieu au langage faisaient partie de la sélection du NYFF’52. Le Film Society of Lincoln Center a rendu hommage à Marguerite Duras à l’occasion du centenaire de sa naissance avec la projection de Hiroshima mon amour en version restaurée (Rialto Pictures - sortie prévue pour le 17 octobre) avant une rétrospective de ses films qui a débuté le 15 octobre. Le New York Film Festival a célébré la grande diversité du cinéma français avec des œuvres classiques et contemporaines illustrée par Clouds of Sils Maria d’Olivier Assayas, Timbuktu d’Abderrahmane Sissako, Eden de Mia Hansen Love, Le Roi et l'oiseau de Paul Grimault, La Forêt d’Arnaud Desplechin projeté avec Voilà l’enchaînement, le court métrage de Claire Denis, et P’tit Quinquin de Bruno Dumont. Les productions interactives et les nouvelles écritures françaises étaient également présentes avec le nouveau web documentaire de David Dufresne Fort Mc Money dans la section Convergences. Le département cinéma des Services Culturels de l’Ambassade de France a soutenu la présence du cinéma français au NYFF’52 avec l’organisation de deux évènements célébrant la sélection d’Eden et de Clouds of Sils Maria avec les équipes des films et des professionnels de l’industrie cinématographique présents à New York. ww.mediamerica.org 5 TRANSMEDIA SXSW 2015 : Appel à Start-ups d’Ubifrance (jusqu’au 22 octobre) et Interactive Innovation Awards (jusqu’au 7 novembre) Dans le cadre de South by Southwest (SXSW) 2015 qui se déroulera du 13 au 22 mars 2015 à Austin- Etats-Unis, UBIFRANCE organise pour la 2ème année consécutive un Pavillon France sur l’espace Trade Show du 15 au 18 mars 2015. Le SXSW est un évènement incontournable de l’innovation numérique qui accueille chaque année les entrepreneurs et les visionnaires de l’internet et du numérique. Pour la constitution du French Tech Pavilion, vitrine de l’excellence technologique française sur le Trade Show du SXSW, 15 startups innovantes seront sélectionnées par un jury composé d’experts de l’écosystème du numérique en France et aux États-Unis. Ubifrance a donc lancé un appel aux start-ups qui souhaiteraient décrocher une place sur le French Tech Pavilion du SXSW 2015. Elles peuvent postuler au concours organisé par UBIFRANCE jusqu’au 22 octobre 2014. Plus d’information dans la plaquette de présentation de l’offre UBIFRANCE sur le SXSW 2015 Il suffit de remplir un dossier de candidature en suivant le guide du dossier de candidature pour le SXSW 2015 Aucun frais d’inscription ne sera retenu si la société candidate n’est pas sélectionnée par le jury. Par ailleurs, la sélection des conférenciers via le panel Picker à SXSW est close – les résultats seront annoncés dans le courant de la semaine prochaine. D’autres opportunités pour prendre la parole à SXSW existent cependant. Il est ainsi possible de s’inscrire pour les Interactive Innovation Awards jusqu’au 7 novembre (pour 30$). Plus d’info ici : https://cart.sxsw.com/webapps/6001/edit?lookup_id=webapp6001 Pervenche Beurier Fort Mc Money de David Dufresne présenté dans la section Convergence du New York Film Festival Pour la 3ème année consécutive, le NYFF proposait un programme dédié aux productions interactives et aux nouvelles écritures : Convergence. Depuis son lancement en 2012, Matt Bolish en est le programmateur. A en juger par le public plus nombreux, pour sa troisième édition, Convergence semble avoir pris une nouvelle ampleur. Quelques personnalités étaient invitées pour la première fois, notamment l’inventeur du terme « transmedia », Henry Jenkins. Sa conférence « A Brief History of Transmedia Worlds with Henry Jenkins » a été néanmoins décevante, et ressemblait à un cours magistral peu dynamique par rapport au reste du programme de Convergence. Henry Jenkins a rappelé sa définition du « transmedia » avant d’égrainer une liste interminable d’œuvres aux univers bien construits, de Dante à Highrise (le webdoc collaboratif de l’ONF diffusé sur le New York Times) en passant par Mad Men ou Tim Burton qualifié de maître dans la création d’univers (world building) mais de piètre scénariste (storyteller). Les débats ont permis d’avoir une approche plus concrète du transmedia en confrontant les points de vue des professionnels du secteur. Les frontières de plus en plus mouvantes du cinéma et du jeu vidéo ont pu être explorées lors de deux débats: « Movies You Play: The Future of Interactive Cinema » et « The New New Wave: Exploring Indie Games and Indie Film ». Les créateurs ont été largement mis à l’honneur d’abord parce qu’ils ont été invités à présenter leurs œuvres dans des études de cas très instructives (voir plus bas), mais aussi parce qu’un des débats leur était consacré : « Creators on the Verge of a Nervous Breakdown ». Les créateurs seraient donc au bord de la crise de nerfs car ils doivent maîtriser aussi bien de nouveaux outils technologiques et informatiques sophistiqués, que financiers ou de communication (réseaux sociaux et événements live) sans perdre leur talent de storyteller. Cette conférence a rassemblé des acteurs-clés du secteur : des auteurs comme Jake Price (Unknown Spring), Theo Rigby (Immigrant Nation), Vania Heymann (Like A Rolling Stone), ou Kel O’Neill (Empire) ; le compositeur-réalisateur Daniel Koren (The Most Important Thing) ; Dan Schoenbrun, le responsable des partenariats pour les films chez Kickstarter, et Adnaan Wasey, producteur chez POV, la plateforme de documentaires interactifs de PBS. Comme ces débats, le reste du programme, consacré à des projets novateurs récents, était principalement américain. Seule œuvre étrangère, Fort McMoney, production franco-canadienne (ARTE, ONF, TOXA) du Français David Dufresne, invité par les services culturels de l’Ambassade de France et bientôt en résidence à l’Open Doc Lab du MIT. David Dufresne a fait une présentation interactive de son jeu-documentaire consacré à la vie à Fort McMurray (Alberta, Canada) dont les sables bitumineux représentent la troisième plus importante réserve de pétrole au monde. « Sin City for real », comme le décrit l’auteur, Fort McMoney a été récompensé dans de nombreux festivals, et connait un réel succès public (avec 412 000 joueurs et plus de 2 millions de pages vues de novembre 2013 à juillet 2014). Ce succès devrait se poursuivre avec la sortie cet hiver de la version Ipad. En outre, David Dufresne a ww.mediamerica.org 6 présenté pour la première fois la bande annonce du documentaire TV qui devrait sortir en France sur ARTE en janvier 2015, et au Canada prochainement. La présentation de WeTheEconomy qui sera en ligne sur tous les supports le 20 octobre prochain a fait salle comble. Il faut dire que ce projet réunit 20 cinéastes, dont Morgan Spurlock (Supersize Me), Catherine Hardwicke (Twillight), Ramin Bahrani (Goodbye Solo, 99 Homes), Barbara Kopple (American Dream), Heidi Ewing et Rachel Grady (Jesus Camp), Adam McKay (co-fondateur du site humoristique Funny or Die avec Will Ferrell) … Chacun d’entre eux a créé un court-métrage expliquant de façon amusante une notion d’économie. Dix économistes renommés les ont accompagnés. Le projet qui se veut entièrement philanthropique et éducatif, a pour ambition de porter à la connaissance des citoyens des informations claires et neutres. Les 20 films sont complétés par des quizz, des schémas explicatifs, des articles, des données mises à jour en temps réel, des échanges sur les réseaux sociaux, … développés par Braden King. Immigrant Nation, déjà présenté à Tribeca en avril dernier, compile les histoires des immigrants aux Etats-Unis. Chacun peut raconter la sienne ou celle de sa famille sur le « storyhub » ; des courts métrages documentaires ou des événements live accompagnent le projet. Autre événement qui fera date : la rediffusion 30 ans après sa sortie au NYFF de Los Sures, un magnifique documentaire tourné en 16 mm et restauré pour l’occasion. Diego Echeverria y dresse un portrait vivant de la communauté porto-ricaine dans un des quartiers les plus pauvres de New York au sud de Williamsburg. Pour donner une suite au film de 1984, une association très active à New York dans le secteur du documentaire, Union Docs, a créé un webdoc, Living Los Sures dont des éléments ont pu être présentés à Convergence. Le projet rassemblera une trentaine d’artistes, se déclinera sur divers supports et invitera les habitants du quartier à témoigner. Parmi les autres projets présentés, figuraient Artifacts of Fukushima: Selections from Unknown Spring de Jake Price et Visakh Menon ; Futurestates, la série produite par ITVS qui propose pour sa cinquième et dernière saison une expérience immersive en ligne avec des courts métrages sur notre futur; Last Hijack de Tommy Pallotta et Femke Wolting et Loves of a Cyclops de Nathan Punwar. Enfin, pour la première fois cette année, Convergence 2014 proposait The Vidzor Experience des ateliers gratuits au cours duquel le public pouvait utiliser la plateforme Vidzor et créer ses propres vidéos interactives. Pervenche Beurier Le New Media Fund du Tribeca Film Institute, une opportunité pour les créateurs transmedia Français Parmi les 7 projets interactifs soutenus dans le cadre du New Media Fund du Tribeca Film Institute en 2014, 3 sont des productions ou co-productions françaises. La prochaine sélection est déjà en cours : le premier appel à projets pour 2015 est ouvert jusqu’au 5 novembre prochain. Les lauréats du New Media Fund du Tribeca Film Institute 2014 ont été annoncés cet été. La sélection s’est faite parmi 208 projets documentaires interactifs et transmedia qui explorent un large spectre de sujets sociaux. Voir toute la sélection ici. Parmi les 5 lauréats qui se partageront la bourse de $ 400 000 de la Ford Foundation’s JustFilms Initiative, on trouve une production française : Do not Track (Upian, ARTE, ONF). En outre, pour la première fois cette année, deux soutiens au développement ont été exceptionnellement attribués à The Enemy (Camera Lucida, France Télévisions Nouvelles Ecritures) et Celib. Rwandais Cherche Relation sérieuse (La Maison du Directeur, Simba Productions, Popol’s wisdom), toute deux des co-productions françaises. Ainsi, cette année, pas moins de 3 projets sur les 7 récompensés par le jury du New Media Fund sont français. Les Services Culturels de l’Ambassade de France coopèrent depuis longtemps avec le Tribeca Film Institute. Cet été encore, deux des programmateurs du TFI – Digital Initiatives, Amélie Leenhardt et Opeyemi Olukemi, avaient pu se rendre à Paris à l’occasion d’un hackathon co-organisé avec Storycode et des Cross Video Days, avant de participer à Sunny Side of the Doc (Sunny Lab) à la Rochelle (Bilan par Amélie Leenhardt). Les 3 projets soutenus par le New Media Fund sont ambitieux, innovants et socialement engagés : - DO NOT TRACK de Brett Gaylor et Sébastien Brothier (Upian, ARTE, ONF, BR) Un documentaire interactif et feuilletonnant pour mener une enquête en ligne sur l’économie de l’Internet gratuit, le tracking et comment la personnalisation des données affecte notre compréhension du monde. - THE ENEMY de Karim Ben Khalifa (Camera Lucida, France Télévisions, ONF) Aux frontières du storytelling, de la neurologie, et de l’intelligence artificielle, The Enemy est une expérience immersive qui permet au public et aux combattants de conflits actuels de reconnaître leur humanité respective. - CELIB. RWANDAIS CHERCHE RELATION SERIEUSE de Jacqueline Kalimunda (La Maison du Directeur, Simba Productions, Popol’s wisdom) Celib. Rwandais Cherche Relation sérieuse est un voyage interactif dans le Rwanda d’aujourd’hui, un documentaire à plusieurs voix, sur plusieurs écrans, qui raconte les relations amoureuses et l’avènement d’une nouvelle génération, plus à l’aise pour se rencontrer sur les réseaux sociaux que dans la rue. ww.mediamerica.org 7 La réalisatrice Dawn Porter, membre du jury de la Fondation Ford souligne que « les projets sélectionnés pour recevoir la bourse [du New Media Fund] abordent les sujets sociaux-politiques les plus complexes, mais [que] ces œuvres vont bien au-delà. Leur incroyable créativité – notamment le recours outils les plus innovants pour clarifier, éduquer, et créer des changements sociaux – rend hommage au pouvoir de l’art et à sa capacité mobilisatrice. » Appel à projets pour le New Media Fund jusqu’au 5 novembre 2014 L’appel à candidatures pour le New Media Fund est lancé et restera ouvert jusqu’au 5 novembre 2014. Comme les années précédentes, les projets doivent être non-fiction, porter sur des thèmes sociaux et ne pas se limiter aux écrans traditionnels – avec des éléments sur les diverses plateformes, des jeux vidéo aux applications de smartphones en passant par les réseaux sociaux et des sites Internet interactifs. A noter : les règles pour candidater ont été modifiées. Il faut désormais être à même de présenter un mock-up ou un prototype du projet. La directrice des Digital Initiatives du TFI, Ingrid Kopp a constaté que « le degré de sophistication et de créativité des projets du New Media Fund ne cesse de croître d’année en année ». C’est pour cela qu’elle a décidé d’ouvrir le processus de sélection pour le New Media Fund deux fois par an : « Avoir deux sessions d’appels à projets par an nous permettra d’y répondre plus rapidement d’être plus en phase avec l’actualité, ce qui est particulièrement enthousiasmant. » Ainsi, il sera de nouveau possible de candidater aux New Media Fund du TFI au printemps 2015. Plus d’infos: tribecafilminstitute.org/pages/new_media_about Pervenche Beurier Une équipe d’étudiants de l’université de recherche Paris Sciences et Lettres remporte le “hackathon” de MIT Hacking Arts 2014 MIT Hacking Arts est une initiative étudiante, hébergée au sein du Martin Trust Center for Entrepreneurship, qui vise à créer des liens entre les arts, la technologie et entrepreneuriat. L’édition 2014 de Hacking Arts s’est tenue à la fois au Microsoft Nerd Center de Cambridge et au MIT Media Lab, du 3 au 5 octobre. Elle a débuté le vendredi soir par une performance de Ryan Leslie, producteur et chanteur de R&B, également diplômé en économie de Harvard, puis par une séance d’”idéation” afin d’aider les étudiants à développer leur créativité durant le hackathon, qui est une compétition par équipes pour imaginer le meilleur projet pendant un laps de temps réduit. Les participants ont été ensuite invités à “pitcher” en une minute les idées de projet ou domaines sur lesquels ils aimeraient travailler afin de leur permettre de constituer des équipes. La journée suivante était consacrée aux panels avec des intervenants (souvent issus du MIT ou bien créateurs de start-ups) dans différents domaines : mode, arts de la scène, réalité virtuelle, arts visuels, musique, jeux vidéo, design, films/TV. La liste complète des intervenants est disponible via ce lien. Des présentations de différentes start-ups ayant un lien avec les arts ont également été organisées, le tout étant entrecoupé de performances artistiques. Les étudiants ont eu ensuite la possibilité de “pitcher” à nouveau durant la soirée et de consolider leurs équipes. La matinée du dimanche a été l’occasion pour les différentes équipes de rencontrer des mentors afin de peaufiner leur projet, qu’ils ont ensuite présenté en public devant un jury de professionnels du monde des arts et de l’entrepreneuriat durant 5 minutes (3 minutes de présentation et 2 minutes de questions-réponses avec le jury). En tout, 15 projets ont été présentés en conclusion du hackathon. Pour sa première participation à l’événement « MIT Hacking Arts », l’université de recherche PSL (Paris Sciences et Lettres) s’est particulièrement distinguée puisque deux de ses étudiants (sur les 5 qui avaient été envoyés pour participer à l’événement grâce à l’aide des Services culturels), Ianis Lallemand et Lyes Hammadouche, tous deux inscrits à l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs dans le programme doctoral SACRe (Science, Arts, Création et Recherche), font partie de l’équipe qui a remporté la récompense suprême, le prix « Best Overall Hack », les 3 autres prix ayant couronné un projet dans le domaine du cinéma, le projet “le plus créatif” et le projet “le plus perturbateur”. Le concept « Tomorrow is Another Day » qu’ils ont inventé lors de ce hackathon avec trois autres étudiants venus d’Italie, d’Argentine et d’Israël issus du MIT et de l’école du MFA, a su séduire le jury par sa grande créativité, au croisement de la technologie et des arts. L’idée est simple : comment transformer le temps que l’on passe à pianoter sans but – et parfois de manière addictive – sur son smartphone en une œuvre d’art. Ces projets pourront ensuite être présentés au concours “MIT 100 K” qui permet à l’équipe gagnante de remporter une somme de 100 000 dollars afin de concrétiser son projet. Une section spéciale « the 10 K creative arts competition » a également été créée au sein du concours pour les projets en lien avec le domaine artistique. Tout au long de l’année scolaire, des événements de mentorat auront également lieu, toujours dans le cadre de Hacking Arts. Pour voir des photos de l’événement: www.facebook.com/media Emmanuelle Marchand ww.mediamerica.org 8 RADIO La radio numérique terrestre aux Etats-Unis En 2002, la FCC a adopté la technologie HD Radio, également appelée NRSC-5B ou IBOC (in-band-on-channel), comme norme de diffusion pour la radio numérique terrestre aux Etats-Unis. Le terme « HD Radio », choisi par iBiquity Digital Corporation, société qui a développé cette technologie, signifie Hybrid Digital Radio- Hybrid car cette technologie permet de transmettre sur la même fréquence le signal digital en plus du signal analogue. Incompatibilité avec les autres systèmes : Bien que les normes Digital Audio Broadcasting (DAB) et Digital Radio Mondial (DRM) soient antérieures à la HD Radio, ces trois technologies ne sont pas compatibles. Ainsi, les postes DAB et DRM ne peuvent pas recevoir les signaux HD Radio et, de la même manière, les signaux HD Radio ne peuvent pas être captés par les postes DAB et DRM. D’autre part, alors que les codes AAC (Advanced Audio Coding) sont des standards connus et ouverts au public, ceux des HD Radio sont conservés par iBiquity qui a développé cette technologie. Un système qui a des avantages : Le Bureau des Medias de la FCC, consultée en septembre 2014, considère que les principaux avantages de la HDradio pour les auditeurs sont (dans l’ordre d’importance) : 1/ Qualité d’écoute La HD Radio permet à l’auditeur de bénéficier d’une meilleure qualité d’écoute, puisqu’elle est moins vulnérable aux interférences et aux parasites (comparer le son: http://hdradio.com/what-is-hd-radio). Néanmoins, cela est vrai surtout pour la bande FM. La qualité du son sur la bande AM est bien moindre. En outre, si iBiquity avance que sa technologie permet d’avoir une qualité d’écoute « digne d’un CD », quand une radio diffuse plusieurs programmes sur une même fréquence (en multicasts – explications ci-dessous), la qualité diminue et n’est pas la même que lorsqu’un seul programme utilise toute la fréquence. 2/ L’enrichissement de leur offre avec : a/ la possibilité d’émettre un signal en multicasts, c’est-à-dire de diffuser simultanément plusieurs programmes sur une même fréquence radiophonique. Ces canaux parallèles, souvent désignés par HD2, HD3 et HD4, donnent la possibilité aux radios de cibler des marchés niches. Par exemple, la station 96.9 WTKK-FM à Boston a un canal HD1 principal et un autre canal, HD2, sur lequel elle diffuse exclusivement de la musique irlandaise. En septembre 2013, on comptait 1 475 canaux multicasts (HD2/HD3/HD4). Le multicasts a ainsi permis la création de nombreuses nouvelles radios. Les taux d’écoute des programmes diffusés sur ces canaux HD2/HD3 et HD4 est croissant. Au printemps 2013, Arbitron (l’institut de mesure d’audiences des radios) a estimé à plus de 4 millions le nombre d’auditeurs moyen hebdomadaire de ces canaux, ce qui représentait une augmentation de plus de 200% en un an-et-demi (Ces chiffres sont cependant à prendre avec précaution car ils cumulent les auditeurs qui écoutent ces canaux HD2, HD3 et HD4 à la fois en digital mais aussi en analogique – il existe en effet des translators qui permettent de convertir ces signaux HD en analogique). b/ Info Trafic: Les récepteurs de radio HD permettent aussi de suivre l’évolution du trafic en direct avec un système de géolocalisation et un écran intégré au poste. (voir plus bas : le développement de la HD Radio sur le marché de l’automobile) c/ Les applications interactives sont de plus en plus nombreuses. L’auditeur a la possibilité de tagger une chanson et de la télécharger sur ses tablettes et smartphones (iTunes Tagging) ; il a aussi à disposition des indications géolocalisées comme les prévisions météorologiques ou le prix de l’essence dans les stations-services environnantes. Artist Experience permet aux radios d’afficher des images de façon synchronisée avec leur programme, par exemple la pochette de l’album diffusé ou des logos publicitaires. La réception des signaux HD Radio nécessite l’achat d’un poste de radio spécialement équipé pour recevoir ces signaux. Une fois le poste acheté, la réception est gratuite, comme pour l’analogique. Il est aujourd’hui aisé d’acheter un poste équipé de la HD Radio partout aux Etats-Unis, pour un prix allant de 30 à 400$. Le développement de la HD-Radio Une large couverture Aujourd’hui aux Etats-Unis plus de 2000 stations AM/FM diffusent leurs programmes en utilisant la technologie HDRadio – et plus de 1400 multicasts (HD2/HD3/HD4), ce qui fait un total de 3 400 canaux de diffusion numériques. Ils couvrent 85% de la population américaine. Voici les chiffres des stations de radios AM et FM diffusant en analogique et en numérique, donnés par le Bureau Media de la FCC en septembre 2014 : ww.mediamerica.org 9 Stations AM commerciales diffusant en analogique: 4,721 Stations AM commerciales diffusant en hybrid: 300 (soit 6,3%) Stations FM commerciales diffusant en analogique : 6,622 Stations FM commerciales diffusant en hybrid: 1,130 (soit 17%) Stations FM non-commerciales diffusant en analogique : 4,082 Stations FM non-commerciales diffusant en hybrid : 659. (16%) (2089 stations AM/FM diffusent en Hybrid d’après la FCC ; 2200 d’après les communiqués d’Ibiquity qui compte le marché mexicain) On constate que le ratio de stations AM et FM qui sont diffusées en digital terrestre reste relativement peu important – surtout pour la bande AM. L’ensemble de ces stations est répertorié sur le site : http://hdradio.com/stations Il s’agit des stations les plus populaires : elles rassemblent 78% de l’audience radio (tout type de réception confondue : HD radio, analogique, Internet, satellite…), et parmi elles, on compte 94 des 100 stations qui ont le plus haut revenu. L’investissement que représente la conversion d’une radio à la technologie HD Radio peut refroidir les stations analogiques qui craignent de ne jamais obtenir de retour sur investissement. En plus de l’investissement technique, les radios doivent acheter une licence lors de la conversion de leur canal audio à la technologie HD d’iBiquity (aujourd’hui d’un montant de 12 500$, contre 25 000$ en 2009). Elles doivent ensuite verser 3% des revenus net de chaque canal audio numérique ajouté. Les limite du développement de la HD Radio Il est difficile d’obtenir des informations économiques précises sur le marché de la HD Radio. Les nouvelles applications offertes par les postes de radio (publicité ciblée, diffusion des infos trafic etc.) et la possibilité de multiplier les canaux (multicasts) peuvent certes générer de nouveaux profits. Mais la HD Radio semble aujourd’hui en stagnation. En effet pour la première fois en 2012, les stations ayant abandonné la technologie HD radio sont plus nombreuses que celles qui l’ont adoptée (voir State of New Media 2013). C’est en 2006 que le nombre annuel de stations qui ont adopté la technologie HD Radio a été le plus important. Depuis, il n’a cessé de diminuer pour devenir négatif en 2012. Interrogés sur ce sujet, les dirigeants d’Ibiquity tiennent à rappeler que le marché est cependant largement couvert et que ce sont surtout les plus petites radios instables financièrement qui renonce à la HD radio. Parallèlement à cette stagnation depuis 2006 aux Etats-Unis, on note une progression des autres technologies de diffusion radiophonique. Ainsi, la radio satellite (SiriusXM), lancée au même moment que la HD radio, a convaincu 19 millions d’américains fin 2008 et 24 millions en 2012. Les services en ligne progressent rapidement. En 2012, plus d’un tiers des Américains déclarent écouter en streaming les stations AM/ FM, et/ou des radios diffusées uniquement sur Internet comme Pandora et ces chiffres sont en progression constante. Enfin, il faut ajouter qu’en 3 ans, la proportion de personnes qui utilisent leur téléphone pour écouter la radio (en ligne) dans leur voiture a triplé en (6% à 17% entre 2010 et 2012). Or, c’est justement sur le marché de l’automobile que la HD-Radio tente de poursuivre son développement. Le marché automobile Aujourd’hui le marché automobile représente un important débouché – le principal – pour la radio digitale terrestre aux Etats-Unis. Au NAB Show (la conférence annuelle de la National Association of Broadcasters qui accueille près de 100 000 participants) d’avril 2014 : iBiquity Digital Corporation, qui développe la technologie HD Radio, avait annoncé que 16.5 millions de véhicules équipés de récepteurs HD Radio étaient sur la route (Il s’agit donc d’une estimation cumulative). Ce chiffre est aujourd’hui de 20 millions. En septembre 2014, Ibiquity a confirmé la croissance du marché automobile. Aux Etats-Unis, les principales marques proposent toutes des véhicules équipés de récepteurs HD-Radio – dont la moitié en gamme standard. Ainsi, en 2014, 40% des véhicules vendus seront équipés d’un récepteur HD-Radio. Aspects législatifs Le 29 janvier dernier, le Bureau des Médias de la FCC a annoncé qu’il autorisait les radios diffusant en HD à accroître leur puissance d’émission à 10% de la puissance d’émission de leur canal hertzien au lieu des 1% autorisés jusqu’alors. Cliquer ici pour voir le texte complet. Si la National Association of Broadcaster et iBiquity se réjouissent de la nouvelle, certaines petites stations ont peur que cette augmentation dans la puissance d’émission des radios HD provoque une hausse des interférences avec leur propre signal, déjà nombreuses. La FCC a mis en place un bureau chargé de résoudre ces éventuels différents dans les 90 jours suivant la notification du problème. Si celui-ci n’est pas résolu, la radio victime des interférences ww.mediamerica.org 10 peut porter plainte auprès de la FCC. Toutefois, une série de critères doit être respectée pour pouvoir déposer plainte et certains craignent que les petites radios n’aient pas la possibilité de le faire. Interrogée en septembre 2014, la FCC a confirmé qu’il n’y avait pas de nouvelles régulations importantes en cours sur la HD-Radio. Les institutions publiques ne soutiennent pas financièrement le passage des radios au numérique, et n’ont aucune intention de les y contraindre. D’ailleurs, une telle opération ne résulterait pas dans la récupération de fréquences ensuite commercialisables. Acteurs majeurs HD Digital Radio Alliance La HD Digital Radio Alliance est une association créée début 2005 qui réunit des propriétaires de radios tels qu’ABC Radio, CBS Radio et ClearChannel dans le but de promouvoir la HD Radio. Essentiellement destiné aux stations de radio et aux programmateurs, le site web de l’Alliance propose des « success stories » pour montrer comment rentabiliser les canaux HD2 et HD3, des outils marketing, un guide des stations HD et du contenu. iBiquity Digital Corporation IBiquity Digital Corp. est né de la fusion, en 2000, d’USA Digital Radio et de Lucent Digital Radio. USA Digital Radio avait été créée dix ans plus tôt par CBS, Gannett, et Westinghouse dans le but d’améliorer les technologies radiophoniques et de préparer l’entrée du médium radio dans le 21ème siècle. IBiquity Digital s’inscrit dans cette même démarche puisque c’est elle qui a développé la radio digitale IBOC (in-band-on-channel) ou HD Radio. Sources : www.ibiquity.com www.hdradio.com State if the New Media 2013 Pervenche Beurier et Géraldine Durand MUSIQUE Le label visuel AntiVJ au Festival New Forms A l’occasion de la 11ème édition du festival New Forms, reconnu comme le 6ème meilleur festival au monde pour le mois de septembre par le magasine de musique électronique Resident Advisor, une collaboration audiovisuelle live entre le compositeur mexicain de musique électronique Murcof et l’artiste visuel et développeur Simon Geilfus du label AntiVJ a eu lieu à Science World, Vancouver. Le label d’art visuel AntiVJ a été invité, avec l’aide du Consulat de France à Vancouver, à participer au Festival New Forms. Sur l’écran hémisphérique de l’Omnimax de Science World à Vancouver, Simon Geilfus d’AntiVJ a projeté des visuels qui se mêler en temps réel aux sons classiques et électroniques de Murcof. Les particules microscopiques, les grilles géométriques et les éléments organiques s’enchaînaient tels des « mondes de jeu vidéo », comme se le plait à dire Nicolas Boritch, le producteur d’AntiVJ. L’effet 3D est garanti et le spectateur est alors happé dans un univers qui évolue en permanence et trouble sa perspective. Le travail de Simon Geilfus, originaire de Bruxelles, s’articule entre l’art et le code. Son principal intérêt se concentre autour de la mise en œuvre d’outils et de nouvelles approches graphiques et d’animation. Il crée aussi bien les abstractions visuelles et graphiques que les logiciels et systèmes qui les génèrent. Le logiciel qu’il a utilisé lors de la performance est audio-réactif. Les formes et matrices évoluent au gré des sons. Compositeur de renommée internationale, Murcof allie la musique minimale, post-moderne et baroque afin de toucher les esprits et les cœurs de son auditoire. L’influence de la musique classique pré 20ème siècle et sa passion pour des pionniers de la musique électronique, comme Jean-Michel Jarre ou Tangerine Dream, lui ont permis de produire 3 albums acclamés par la critique sur le label Leaf. A lire, un retour élogieux dans le magazine canadien de musique émergente Exclaim ! Consulat général de France à Vancouver Service de Coopération et d’action culturelle / Service de Presse Les tablettes, un marché en mutation : quels effets pour l’industrie musicale ? Les ventes de tablettes sont en déclin et le type de tablettes vendues change ce qui affecte les habitudes de consommation de la musique sur support mobile. On constate que les ventes de tablettes ne sont plus aussi importantes qu’auparavant et ce à tous les niveaux : au second semestre Apple annonce une diminution de 9%, IDC constate une réduction régulière des expéditions, et Best Buy confirme un fort déclin de ses ventes de tablettes. Cependant, selon Ben Bajarin (analyste chez Creative Strategies), ce marché n’a certes plus la même croissance démentielle de ces dernières années mais il est toujours en croissance et à un taux inférieur. ww.mediamerica.org 11 Il y a quelques temps les tablettes apparaissaient comme la dernière acquisition indispensable. L’industrie musicale était alors enthousiaste à la vue de cette innovation et des possibilités de développement qu’elle représentait. Cependant, ce produit s’est rapidement généralisé et les attentes ont changées : la taille des écrans des smartphones a augmenté, rendant moins utile l’utilisation des tablettes et leur durée de vie est un autre facteur ; les tablettes se remplacent moins souvent et demeurent alors des produits non essentiels (elles sont souvent partagées par plusieurs utilisateurs). On remarque aussi une augmentation du nombre de consommateurs d’applications musicales (+4% en 6 mois sur les smartphones). Cette croissance se fait plus rapidement sur smartphones mais les consommateurs ont tendance à les utiliser plus longtemps sur tablette, l’expérience étant souvent plus qualitative que sur les téléphones. Les tablettes sont plus adaptées au e-commerce et le montant des dépenses est plus proche de celui dédié aux ordinateurs qu’aux portables. Le nombre de personnes qui achète via les tablettes augmente davantage que celui sur téléphone portable et ce chiffre est encore plus important entre les utilisateurs d’iPad et de tablettes Android. Enfin, les applications musicales qui amènent à une expérience passive – de type streaming audio ou de vidéos– sont d’autant plus utilisées sur Smartphone que les applications aux contenus plus actifs et expérientiels. Plus d’informations sur : Billboard Information fournie par le Bureau Export de la musique à New York Quelle place pour les indépendants sur le marché du streaming ? Si le développement de l’industrie du streaming a été une aubaine pour les consommateurs de musique avec la floraison d’entreprises très prospères comme Pandora, Spotify ou Beats Music, les conséquences sur les artistes et notamment ceux aux petites audiences ont été moins positifs. Nicolas Jaar, artiste emblématique des dernières années au succès incontestable dit d’ailleurs “je ne connais aucun musicien qui gagne sa vie en vendant sa musique. Tout le monde s’en sort grâce aux tournées et concerts”. Cependant, être sans cesse en tournée rend compliqué la production de musique et le processus de créativité. Le marché du streaming tend donc à s’étendre mais les conditions de répartition des bénéfices sont encore floues et l’équilibre entre celle des majors et des indépendants cherche toujours à s’ajuster. Difficile notamment de passer à côté de la controverse qui agite depuis quelques mois le monde de la musique indépendante, suite à l’annonce par YouTube du lancement d’un nouveau service de streaming sur abonnement. En réaction, le secteur des maisons de disques indépendantes a lancé une pétition en faveur de meilleurs revenus digitaux. Lancée officiellement le 16 juillet dernier à l’initiative du Worldwide Independant Network, ce sont plus de 700 signatures de labels indies qui ont été récoltées pour une promotion plus juste et transparente des comptes à l’égard des artistes et des maisons de disques, ainsi qu’une meilleure redistribution des bénéfices tirés du digital. Ainsi, Domico, Cooking Vinyl, Epitaph, Because Music, Glassnote, Mushroom Group, Nettwerk, Ninja Tune, Secretly Canadian, Saddle Creek, Sub Pop, Tommy Boy, XL Recordings ou encore Beggars Group soutiennent cette déclaration en cinq points essentiels : 1. S’assurer que la part des artistes des revenus tirés du téléchargement et du streaming soit clairement explicitée dans le contrat. 2. Redistribution pour les artistes au pro rata de tout type de bénéfice et autre compensation tirés des services du digital, ainsi que de la monétisation des enregistrements qui ne seraient pas issus d’un concert ou d’un disque. 3. Fournir de meilleures sources d’information quant à l’utilisation des services du digital et de la monétisation de la musique. 4. Soutenir les artistes qui choisissent de s’opposer, y compris publiquement, à l’utilisation non autorisée de leur musique. 5. Soutenir la position collective des maisons de disques du secteur indépendant. En parallèle, Pandora a signé en août un contrat avec Merlin permettant aux membres de Merlin un accès privilégié aux 77 millions d’utilisateurs mensuels de Pandora, afin d’étendre le champ d’action des artistes et maisons indépendants. Selon Charles Caldas, PDG de Merlin, “cet accord avec Pandora représente la meilleure option des scénarios possibles pour les deux partis : c’est une grande opportunité de croitre les bénéfices des membres et d’offrir en parallèle un accès privilégié et davantage d’exposition, tout en continuant à soutenir l’ensemble de la structure”. Plus d’informations : Nytimes / Billboard / Merlin / a2im Information fournie par le Bureau Export de la musique à New York Personnalisation de contenu dans l’industrie musicale : où en est-on ? Afin de toucher le plus grand nombre et d’augmenter leur base de clients, les différents acteurs de l’industrie musicale accentuent leurs recherches et acquisitions dans les nouvelles technologies, mettant le consommateur au cœur du processus de découverte de la musique : d’un côté le contenu est délivré à l’individu selon ses préférences et ww.mediamerica.org 12 références musicales, et de l’autre ce dernier est au centre du partage d’informations.Ci-dessous un focus sur 3 avancées et actualités majeures du marché de la personnalisation de contenu : Rhapsody, Soundtracking et ExFm Rhapsody a récemment annoncé deux nouvelles activités qui devraient permettre une meilleure connexion entre le consommateur et la musique ; 1) l’acquisition de Soundtracking et 2) l’embauche d’anciens employées d’ExFm. Afin d’incorporer leur créativité et leur communauté au cœur des services de Rhapsody, Soundtracking est actuellement en train de mettre en place une manière inédite de s’exprimer en partageant ses moments musicaux. De plus, en embauchant des anciens employés d’ExFm, Rhapsody compte bien incorporer le savoir-faire de cette société dans ses applications afin d’aider ses clients dans la découverte de nouveaux titres/artistes/genres… Les récentes acquisitions d’Echo Nest et Tunigo par Spotify ainsi que We Are Hunted par Twitter ne font que confirmer cette nouvelle tendance d’incorporation d’une technologie permettant la livraison de nouveaux titres aux consommateurs. Notons également que ces évolutions sont de plus en plus orientées sur les propriétés du consommateur en lui-même. StubHub lance sa nouvelle application : StubHub Music App StubHub, une filiale d’eBay spécialisée dans la revente de tickets, lance sa nouvelle application permettant de se tenir informé des concerts à venir selon une géolocalisation précise et en fonction de la bibliothèque musicale de l’utilisateur. Actuellement disponible sur Iphone seulement, StubHub Music App scanne la librairie musicale, détermine les artistes préférés et recommande des évènements en accord avec les préférences. Dans de nombreux cas, l’application redirigera l’utilisateur vers le site de StubHub pour pouvoir acheter des tickets. De plus, si le concert n’est pas complet, l’application pourra également les rediriger vers des entreprises de vente de billets telles que Brown Paper Tickets, Eventbrite, ou AXS. Ray Elias, manager chez StubHub, insiste bien sur l’objectif de l’application qui est de créer une relation entre la marque et les fans de musique en les aidant à trouver des évènements et à acheter leurs places sans que StubHub leur soit imposé. Rachat de swell par Apple L’acquisition de Swell par Apple est également un nouveau pari sur la personnalisation du contenu. Swell est au podcast ce que Beats Music est à la musique : un service qui délivre une collection personnalisée de contenu audio. L’application apprend sur l’activité musicale de l’utilisateur et lui propose des titres basés sur ses préférences et le bon sens de la communauté. Il s’agit donc d’un bond en avant pour Itunes qui avait pour habitude une approche plus ”old-shool” (sans personnalisation). Le but pour la marque à la pomme est donc d’intégrer cette technologie dans Itunes et Itunes Radio. Bien que ce rachat peut paraitre mineur (les podcasts représentent seulement 1,7% du temps d’écoute de contenu audio pour un américain), l’objectif est ici de pouvoir prendre des parts d’audience sur celle de la radio (52,1%). Etant donné que l’écoute de la radio a principalement lieu en voiture, la technologie de Swell pourrait donc permettre à Itunes Radio de conquérir le marché du service de streaming en voiture. Plus d’informations : Rhapsody/ExFm / StubHub / Swell/Apple Information fournie par le Bureau Export de la musique à New York Les revenus de la filière musicale vont beaucoup baisser ces 4 prochaines années Emportée par le marché du streaming, l’industrie musicale devrait retrouver sa croissance à la fin de la décennie selon une nouvelle étude de MIDiA Research. Ce bilan nous montre que les pertes engendrées par les produits plus anciens contrebalancent avec les gains provenant des services émergeants : le défi sera donc de proposer des offres à des prix attractifs pour les consommateurs traditionnels. La consommation de la musique devrait alors subir quelques modifications. Ci-dessous un aperçu des prévisions qui se dégagent de cette étude pour les années à venir : - En 2014, l’industrie de la musique devrait chuter de 3%. - Le chiffre d’affaires global devrait diminuer doucement ces 4 prochaines années avec une perte moyenne de 1% jusqu’en 2017, suivi d’une hausse de 0,2% en 2018. Augmentation qui devrait amorcer le début d’une nouvelle croissance. - Le top 10 des marchés de la filière devrait diminuer de 11% jusqu’en 2019 pendant que le reste du monde devrait progresser de 62%. D’après MIDiA on peut également noter que le marché japonais devrait chuter de 34% et celui de l’Allemagne de 19% ; la part des ventes de CDs sur ces territoires est encore relativement importante par rapport à leur chiffre d’affaires total. - Le chiffre d’affaires du streaming devrait augmenter de 238% jusqu’en 2019 ; il représentera 71% des revenus digitaux et 41% du chiffre d’affaires global. - Le chiffre d’affaires de l’achat de musique devrait diminuer car les plateformes de streaming devraient être les principales sources de consommation. Les bénéfices des ventes physiques devraient s’effondrer de 41% d’ici 2019 mais devraient représenter 32% du revenu total tout de même. Plus d’informations: MiDIA / Billboard Information fournie par le Bureau Export de la musique à New York ww.mediamerica.org 13