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LE LANGAGE DES USURES
HUMBERT M, DARMANA R
Abstract
En cabinet, lors de l’examen clinique, le pé dicure-podologue a une vision é triqué e et parfois
tronqué e, de la marche de l’enfant du fait de la duré e de la consultation et de son influence sur
le comportement du patient qui marche de façon non naturelle, et qui ne peut pas courir.
Or les chaussures parlent à condition de prendre le temps de bien les examiner surtout si elles
sont vieilles. En effet, l’examen de l’usure des chaussures peut être un moyen de mieux cerner
la marche quotidienne de l’enfant et ainsi permettre un meilleur diagnostic.
Enfant, Examen Clinique, Dynamique, Dé formation, Diagnostic
Introduction
[6]
Les chaussures, vé ritables orthè ses plantaires, sont le reflet du comportement dynamique du
pied ou de sa dé formation statique. Cependant, dans certains cas, la dé formation du soulier ne
correspond pas aux donné es cliniques. En interrogeant l’enfant, on dé couvre alors qu’elle
ré sulte de son mode de vie (exemple : pratique d’un sport, tempé rament hyper actif) ou de
mauvais traitements (exemple : é crasement du contrefort en retirant ou en mettant la
chaussure).
Cette é tude se base sur le relevé des usures externes de la chaussure, ainsi que sur l’examen
clinique des enfants.
Cadre de l’é tude
Ce travail s’intè gre dans une é tude qui a pour but d’observer une population d’enfants de
toutes caté gories d’â ges afin qu’elle serve de ré fé rence et constitue une base de donné es sur la
marche de l’enfant et l’é volution des torsions axiales des membres infé rieurs au cours de la
croissance.
Les enfants passent d’abord un examen clinique toujours effectué par le même mé decin pour
connaître leur taille, leur poids, les amplitudes articulaires et les valeurs des torsions axiales
des membres infé rieurs. [6]
Ensuite, ils se rendent au laboratoire de marche où des analyses ciné matique et
dynamomé trique sont ré alisé es.
Face à des enfants pathologiques pré sentant des anomalies rotationnelles, cette base de
donné es, permettra de pré sumer de l’é volution des pathologies. Ainsi on pourra ajuster leur
traitement à court et à long terme.
Maté riel et mé thode
Ce travail porte sur 85 enfants, â gé s de 4 à 12 ans, observé s lors de leur passage au laboratoire
de marche. Parmi ces 85 enfants, 4 enfants ont é té vus dans le cadre de consultations
mé dicales, ils pré sentent des anomalies rotationnelles ou des paraplé gies. Leurs examens,
donné es cliniques et analyses ciné matique et dynamomé trique seront considé ré s sé paré ment.
Les 81 autres sont ré partis par caté gorie d’â ge : les 4 à 6 ans (12 enfants), les 6 à 8 ans
(36 enfants), et les 8 à 12 ans (33 enfants), seules les valeurs de la jambe droite ont é té
considé ré es.
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La piste de marche est de 12 mè tres de long et de 90 cm de large, et comporte une plate-forme
dynamomé trique à mi-parcours.
L’enfant se doit d’effectuer 10 allers et retours, à son rythme pour le relevé des forces. Il
effectuera un second passage en maillot de bain durant lequel sera ré alisé e l’analyse
ciné matique à l’aide de 2 camé ras à infra-rouges, enregistrant les diffé rentes positions de
marqueurs placé s sur le membre infé rieur et le bassin de l’enfant.
Afin d’é tablir une relation entre les usures de la chaussure et la marche de l’enfant ainsi que
l’é volution des usures en fonction de l’â ge, cette é tude se base sur : [6]
- Les valeurs obtenues aprè s l’examen clinique des enfants (Anté torsion fé morale : AT,
torsion tibiale externe : TTE, é cart inter mallé olaire : EIM, é cart inter condylien : EIC).
- L’analyse dynamomé trique de la marche, pour les enfants de 4 à 6 ans.
- Un examen statique des enfants.
- L’analyse par observation directe de la marche (observation des axes calcané ens, de
l’abduction et l’adduction du pied, ainsi que de la supination et la pronation du pied).
- Le relevé des usures de chaussure.
- La marche chaussé e pour certains enfants.
Ré sultats
Nous pré senterons les ré sultats à l’aide de tableaux et de graphiques, par caté gories d’usures.
Nous mettront ensuite en rapport les paramè tres é tudié s et les usures du semelage.
Relevé s des dé formations du contrefort
Ré sultats obtenus pour la caté gorie des 4 à 6 ans
Pourcentage dans la
population
33 %
60 %
7%
0%
Position du calcané um
Valgus physiologique
Valgus 1
Valgus 2
Varus 1
Nombre de dé formations
du contrefort
0%
0%
100 %
0%
Ré sultats obtenus pour la caté gorie des 6 à 8 ans
Position du calcané um
Valgus physiologique
Valgus 1
Valgus 2
Varus 1
Pourcentage dans la
population
50 %
28 %
6%
16 %
Nombre de dé formations
du contrefort
0%
30 %
100 %
0%
Ré sultats obtenus pour la caté gorie des 8 à 12 ans
Pourcentage dans la
Nombre de dé formations
population
du contrefort
Valgus physiologique
70 %
0%
Valgus 1
12 %
25 %
Valgus 2
6%
100 %
Varus 1
12 %
0%
Valeurs angulaires Valgus 1 : compris entre 5 et 10° ; Valgus 2 : compris entre 10 et 15° ; Varus 1 : compris
entre 5 et 0°.
Position du calcané um
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Relevé des usures du bout dur et de la tré pointe
Seuls les enfants pathologiques ont pré senté cette usure :
- 2 enfants dé jà exclus de l’é tude, infirmes moteurs cé ré braux,
pré sentent une usure trè s importante, allant jusqu’à trouer le
bout dur
- les 2 autres enfants dé couverts dans la population des 81
pré sentent une usure moins flagrante, surtout localisé e
au niveau de la tré pointe.
Relevé des usures plantaires
Il s’agit des usures du semelage :
- du talon et du bon bout en posté rieur, elles sont au nombre de quatre : l’usure posté roexterne ou PE, l’usure posté rieure ou P, l’usure posté ro-interne ou PI, l’usure laté rale LAT
- constituant la partie anté rieure de la semelle, notre é tude en a relevé 5 : l’usure anté rointerne ou AI, l’usure anté rieure ou A, l’usure anté ro-externe ou AE, l’usure situé e sous les
têtes mé tatarsiennes mé dianes ou SSTM, et une absence d’usure anté rieure
Ré sultats obtenus pour les usures du talon et du bon bout en posté rieur
Caté gories d’â ge
4 à 6 ans
6 à 8 ans
8 à 12 ans
PE
42%
71%
67%
Pourcentage des usures posté rieures
P
PI
50%
8%
26%
3%
24%
3%
LAT
0
0
6%
Ré sultats obtenus pour les usures du semelage anté rieur
Caté gories d’â ge
4 à 6 ans
6 à 8 ans
8 à 12 ans
AI
67%
56%
64%
Pourcentage des usures anté rieures
A
AE
SSTM
25%
8%
0
33%
3%
3%
24%
6%
6%
Absce d’usure
0
5%
0
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Mise en relation : usures plantaires posté rieures, paramètres é tudié s
Valeurs trouvé es
Evolution des usures posté rieures et des torsions tibiales externes en
fonction des caté gories d'âge
80,0
70,0
60,0
50,0
40,0
30,0
20,0
10,0
0,0
PE
P
TTE
4 à 6 ans
6 à 8 ans
8 à 12 ans
caté gories d'âge
Discussion
Usures dorsales
- Du contrefort
On constate que ces dé formations sont le reflet de la position du calcané um par rapport au sol.
Dans le cas de valgus 1, avoisinant les 10°, on retrouve 25 à 30 % de dé formation de la tige en
valgus, indiffé remment de l’â ge de l’enfant. Le nombre de dé formations augmente avec cet
angle, jusqu’à être de 100 % pour tous les valgus de 15°. Nous avons donc, pour une variation
angulaire de 5°, une augmentation de 70 % à 75 %.
Il faudrait ré aliser d’autres é tudes basé es uniquement sur cette dé formation systé matique en
valgus (chez les enfants pré sentant un valgus 2) afin de dé terminer avec pré cision s’il s’agit
du seul facteur responsable.
Pour un varus calcané en compris entre 5 et 0°, nous n’avons pas trouvé d’impact sur
l’orientation du contrefort.
Il faut aussi penser, dans ce genre de dé formations à la qualité de la chaussure. A cause de la
mode actuelle, la plupart des enfants sont chaussé s avec des chaussures de sport, dont la tige
est moins rigide que celle des chaussures dites de « ville ». La traduction de la dé formation est
ainsi plus flagrante, plus marqué e.
- Du bout dur et de la tré pointe
On retrouve cette usure uniquement chez les enfants pathologiques, leur marche confirme une
certaine gêne à relever le pied voir même un é quin du pied.
Deux des 4 enfants pathologiques pré sentent un pied é quin, spastique de l’IMC, dans le cadre
d’une hé miplé gie des membres infé rieurs. Ils pré sentent une usure posté rieure du talon trè s
faiblement marqué e (elle est due à son é quin dynamique) et une usure anté rieure trè s
importante surtout en interne allant même jusqu’à trouer le bout dur au niveau du premier
orteil. [15]
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On retrouve ces deux caracté ristiques moins accentué es chez les 2 enfants de la population de
ré fé rence, l’usure dorsale au niveau du bout dur é tant pratiquement imperceptible. L’usure de
la tré pointe, elle, est bien pré sente, associé e à une usure trè s anté rieure de la semelle.
En dehors de ces usures lié es à un pied é quin ou à un petit dé ficit des releveurs du pied, on
retrouve cette usure chez les joueurs de football des cours de ré cré ations ou les bagarreurs.
Cette usure relè ve donc plus du caractè re de l’enfant et du mauvais traitement infligé à ses
chaussures que d’une pathologie à proprement parler.
Usures plantaires
- Anté rieures
Sur la population é tudié e, la proportion des usures du semelage anté rieur ne varie pas en
fonction de l’â ge (et donc pas en fonction de l’é volution des torsions des membres infé rieurs).
On constate, par contre que son intensité est plus faible pour la caté gorie des 4 à 6 ans et
parfois chez certains des 6 à 8 ans. Ce phé nomè ne peut aisé ment s’expliquer par le fait que la
force verticale de propulsion est plus faible chez les jeunes enfants. On note dans certains cas
une absence d’usure anté rieure.
- Sous les têtes mé tatarsiennes moyennes
On retrouve chez ces enfants un pied creux en abduction exagé ré e et pré sente ainsi les têtes
mé tatarsiennes. Ceci expliquerait l’usure trouvé e à cet endroit, exagé ré e dans le cas pré sent
par un pied creux.
Chez les 8 à 12 ans, elle est systé matiquement associé e à un varus calcané en, dans le cadre
d’un pied creux varus.
- Anté ro-externe
Cette usure concerne 1 à 2 enfants par caté gorie d’â ge.
Il semblerait que le positionnement en abduction et en supination du pied, entraînant un hyper
appuis du bord externe du pied, soit à l’origine de cette usure plus prononcé e en externe.
- Anté ro-interne et anté rieure
On peut considé rer ces usures comme physiologiques : il n’y a pas de diffé rences flagrantes
entre les donné es cliniques concernant ces enfants. L’usure anté ro-interne repré sente en
moyenne 62% des usures anté rieures sur les 3 caté gories d’â ge, et l’usure anté rieure, elle,
comptabilise 27%.
Durant toute la derniè re phase du dé roulement normal du pas, l’appui se situe sous le 1 er orteil
et parfois même sous les 2 et 3è me orteils. Une faible variation de la position du pied durant
cette phase peut expliquer ces 2 types d’usures (un pied pré sentant une lé gè re abduction ou
une adduction lors de la fin de la phase de propulsion).
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- Posté rieure
- Laté rale
Elle est retrouvé e uniquement chez 2 enfants de la caté gorie des 8 à 12 ans. Elle semble
coïncider avec la pré sence d’un pied plat du 3è me degré , non algique.
- Posté ro-interne
On la retrouve chez un seul enfant par caté gorie d’â ge.
Elle semble correspondre au reflet de la statique, c’est à dire : à un valgus 2, ou à un é cart
inter mallé olaire important (mêlé à une adduction du pied ou à un valgus 1). Ces troubles
statiques entraînent un pied en pronation, qui induit une ré ception en posté ro-interne au
niveau du talon.
- Posté ro-externe et posté rieure
Ces usures semblent être directement lié es à l’â ge de l’enfant : on remarque que plus l’enfant
avance en â ge, plus la proportion des usures posté rieures diminue (on passe de 50% pour les
4-6 ans à 24% pour les 8-12 ans) avec une augmentation parallè le des usures posté ro-externes
(de 42% à 67%). On peut é galement relier cette é volution avec celle des torsions des membres
infé rieurs et plus particuliè rement l’augmentation de la torsion tibiale externe. Cette derniè re
semble être responsable de l’angle du pied lors de la phase de ré ception, ce qui induit une
usure posté riorisé e et externe.
Conclusion
Cette é tude porte sur un faible nombre d’enfants, elle pré sente donc des ré sultats qui mé ritent
d’être confirmé s.
On peut malgré tout, considé rer que chez l’enfant le couple des usures plantaires
physiologiques est posté rieur ou posté ro-externe / anté rieur ou anté ro-interne, les autres
usures é tant plus le reflet de troubles statiques.
On peut aussi pré sager qu’une usure posté ro-externe exagé ré e, sera le reflet d’une torsion
tibiale elle-même trop importante.
La tige, la semelle, le bout dur, le talon, par leurs dé formations et leurs usures té moignent de
l’attaque au sol, la position du pied lors des diffé rents temps de la marche, et donc de la
dé formation statique ou dynamique du pied et du membre infé rieur. [12] C’est devant ces
petites dé formations que l’é tude des usures trouvera son plus grand inté rêt nous permettant de
confirmer la façon dont marche l’enfant au quotidien.
Afin de dé couvrir plus pré cisé ment à quels paramè tres sont relié s toutes ces usures et ces
dé formations, il serait inté ressant de poursuivre cette é tude en augmentant le nombre de cas
par caté gorie d’â ge, en y incluant d’autres paramè tres tels que la mesure des pressions
plantaires au cours de la marche et l’analyse des amplitudes articulaires.
L’analyse de la chaussure en elle-même est é galement incontournable : la dureté de la tige qui
maintient le calcané um, la rigidité de la semelle pour le dé roulé du pas … sont autant
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d’é lé ments qui pourraient eux aussi, s’ils é taient quantifié s, expliquer la pré dominance de
certaines usures.
Nous espé rons toutefois que ce travail aura au moins dé montré l’utilité de l’examen de la
chaussure lors du bilan podologique.
*
*
*
Bibliographie
[1]BONNANS V et Coll, Podologie courante : quelle place pour les explorations
fonctionnelles biomé caniques ? in Journé es de podologie 1999, Expansion scientifique
Française, Paris, 1999, p92 à 102.
[2]BRACQ H, Troubles de la marche, www.med.univ-rennes1.fr, 1999.
[3]CAHUZAC J-P et Coll, Classification of 125 Children with Rotational Abnormalities in
Journal of Pediatric Orthopaedics, Raven Press, New-York, 1992, Part B 1 :59-66.
[4]DOHIN B, Genou varum, genou valgum et pieds qui tournent, www.cybercable.tm.fr,
1999.
[5]DUCROQUET RJ, La marche et les boiteries, Masson, Paris, 1965.
[6]HUMBERT M, Le langage des usures, Institut de Formation en Pé dicurie Podologie de
Toulouse, Toulouse,2001.
[7]JULLIAN J.-M et Coll, Analyse dynamique de la distribution des forces au cours de la
marche. Son inté rêt en podologie in Journé es de podologie 1993, Expansion scientifique
Française, Paris, 1993, p131 à 140.
[8]LAVIGNE A , NOVIEL D, Etude clinique du pied et thé rapeutique par orthèse, Masson,
Paris, 1991, p90 à 93.
[9]LE GRAND G, Analyse de la marche vue de profil in Journé es de podologie 1999,
Expansion scientifique Française, Paris, 1999, p7 à 20.
[10]LELIEVRE J, Pathologie du pied, Masson, Paris, 2è me é dition, p69 à 120.
[11]MAZAS Y, L’ é tude du pied par les plates-formes de forces in Journé es de podologie
1993, Expansion scientifique Française, Paris, 1993, p142 à 149.
[12]PILLIARD D, TAUSSIG G, Le langage de la chaussure in Monographies de Podologie,
Le chaussage, Masson, Paris, 1988, p44 à 48.
[13]RAOUL C, Etude de la marche normale de l'enfant, Institut de Formation en Pé dicurie
Podologie de Toulouse, Toulouse,2000.
[14]SMEKENS J, Vade-mecum de Podologie, Frisson-Roche, Paris, 1995,p27 à 52.
[15]THEMAR-NOEL C, Chaussage de l'enfant, Encyclopé die mé dico-chirurgicale, Paris,
2000, 27-050-A-20, 5 p.
[16]VALENTI V, Trois entité s à diffé rencier : pied plat valgus, pied creux valgus et pied pré cavus de l’ enfant in Monographies de podologie, Le pied de l'enfant, Masson, Paris,1987, p142
à 145.
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