L`oscar de la diversité pour nos césars

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L`oscar de la diversité pour nos césars
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Le magazine de l'esprit critique
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L’oscar de la diversité pour nos césars
Date : 29 février 2016
Jean Ansar ♦
A-t-on le droit de préférer le « Revenant » à « Fatima » ?
Notre presse idéologique est contente. Elle a pu nous donner de césars en oscars des leçons
d'antiracisme pendant trois jours entre deux informations sur les pauvres migrants bloqués en
Grèce.
Tout d’abord un immense sujet de satisfaction
Le cinéma français l’est de moins en moins. C’est un cinéma qui s’inscrit fièrement dans la
préférence étrangère. Que d'Algériens, de Turcs et autres talents de la diversité pour bien
démontrer combien notre courageux monde du cinéma résiste avec courage à la lepénisation
des esprits. Rien à voir avec ces balourds d'américains qui en sont encore à récompenser du
cinéma spectacle, incapables même d’établir des quotas en attendant la parité pour les talents
noirs.
Et notre belle presse de dénoncer le Hollywood des blancs. Tout cela sans dire vraiment qui a
fait Hollywood, qui le domine, qui le finance et s en sert depuis toujours comme d’une
formidable fabrique des esprits.
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La ségrégation serait elle de retour ?
Difficile à croire dans un cinéma où les noirs sont toujours innocents et persécutés, les femmes
admirables, les gros des génies de l’informatique et les homosexuels attendrissants. Le
problème ce n’est pas le contenu, c’est la récompense. S’il y a un problème de suprématisme
blanc ce n’est certes pas le cas chez nous. C’est pourquoi on ose à peine écrire qu’on ira voir
Le Revenant et pas Fatima.
Nos critiques n’ont que mépris pour cette aventure dans le grand nord glacé d’un Edmond
Dantès des grands espaces entre ours et indiens survivant dans les tempêtes pour revenir se
venger. Ils n’ont qu’admiration pour la femme de ménage voilée d’origine algérienne dont la
banalité de vie est forcément une épopée sociale qui a du sens. C’est facile d’écrire comme
eux.
Peu importe si seule Fatima, sa famille, sans doute nombreuse cependant, et quelques amis
iront voir ce film qui parait-il est bon. Il ne manquerait plus que le cinéma français attire le grand
public, ce ramassis de populistes. On est pas mieux entre nous ?
Des césars de la diversité et féministes comme le note Le Figaro. Il faudra bien sur un quota
mais pour les hommes et les indigènes.
On laissera donc le césar de l’antiracisme ridicule de cette chronique à Adèle Haenel, qui a
estimé, le cinéma français, «blanc et masculin» lors d'une interview pour Télérama, dont elle fait
la Une. Franchement c’est difficile à défendre. Elle aurait sans doute donné les oscars à Star
Wars qui n’a rien obtenu, à son acteur noir insipide et à la nouvelle héroïne peu convaincante.
Hollywood a toujours fait de l’idéologie. Le classique Spotlight mettant en valeur un journalisme
d’investigation dénonçant la connivence de l’église catholique pour ses pédophiles en soutane
en est une preuve. L’anti-catholicisme est assez bien vu à Hollywood, mais il faut dire que le
sujet s’y prête vraiment.
Le meilleur film étranger aussi qui a tant déçu nos critiques. Ils auraient bien vu un film très turc
sur les femmes récompenser la France. Méconnaissance complète d’Hollywood, car là aussi
on a eu du classique avec Le fils de Saul. Le film montre, début octobre 1944, deux journées de
la vie de Saul Ausländer, prisonnier juif hongrois à Auschwitz. Il fait partie du Sonderkommando
de l'un des fours crématoires, groupe d'ouvriers strictement séparé du reste du camp et qui, tout
en attendant leur propre exécution à tout moment, est forcé de participer à la crémation et à la
dispersion des cendres des victimes de l'extermination massive. Saul croit reconnaître son fils
dans un enfant mort, et décide de tenter de le sauver de l'incinération et d'entrer en contact
avec un rabbin, avec qui il l'enterrera selon le rite approprié.
Á Hollywood le palmarès très politiquement correct aime les films qui ont du souffle. En France
le palmarès encore plus politiquement correct préfère les films à prétentions intellectuelles.
On se mord la queue en se scrutant le nombril et c’est au niveau des scénarios à l'exception
notable de Jean-Jacques Annaud que la diversité nous manque.
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