CINQUIEME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE C

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CINQUIEME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE C
CINQUIEME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE C
1ere lecture : Livre d'Isaïe 6,1-2a et 3-8
2eme lecture : 1 Corinthiens 15,1-11
Evangile selon saint Luc 5, 1-11
Tout d'abord lire
Lire plusieurs fois paisiblement. L'idéal serait, comme les moines depuis des siècles, de recopier les
textes, à la main bien sûr, pour les faire entrer jusque dans notre corps. Mais bon!...nous n'avons pas
toujours le temps.
Puis se poser quelques questions, à propos des textes d'abord
On trouve deux formules qui se ressemblent, dans la 1ère lecture et dans le passage de l'Evangile,
elles reflètent une attitude intérieure semblable chez deux personnages. Quelles sont ces formules ?
Et ces attitudes intérieures ?
Ces deux formules marquent, à chaque fois, comme un tournant, qui permet de diviser chaque texte
en deux parties, un "avant" et un "après". Si vous comparez d'abord les"avant", les débuts des deux
textes :
- qu'est-ce qui est commun ?
- qu'est-ce qui est différent ?
- en quoi chaque texte peut-il enrichir l'autre ?
Dans les "après", les fins de texte, qu'est-ce qui se ressemble ?
Qu'est ce qui montre la disponibilité de coeur
- du prophète Isaïe ?
- de Pierre et sses compagnons ?
Tentons maintenant un rapprochement avec la 2ème lecture, le passage de saint Paul :
Y a-t-il dans ce texte 'une formule proche des deux formules semblables relevées dans la première
question ?
Dans la "vision" de Dieu et dans la mission reçue, qu'est-ce qui est proche ? Qu'est-ce qui est
différent ? Qu'est-ce qui enrichit la comprehansion des deux autres textes ?
Dans les Quatre Evangiles, Jésus ne fait jamais de miracles pour le plaisir de montrer ses pouvoirs.
Il révèle toujours quelque chose de Dieu, de sa miséricorde, de sa bonté... Souvent, ses miracles,
comme ici, ont quelque chose de symbolique, il signifie plus qu'eux-mêmes. Que peut annoncer
symboliquement cette "pêche miraculeuse" ?
Enfin, s'interroger soi-même, avec l'Esprit Saint.
PROPOSITIONS DE LECTURE
Voici notre proposition de réponse, mais attention ! Il ne s'agit pas de « bonnes réponses », comme
dans un jeu télévisé ou les pages jeux des journaux, il s'agit seulement d'une proposition de lecture,
en sachant que l'Ecriture est toujours assez riche pour en avoir plusieurs.
Les deux formules qui se ressemblent dans la 1ère lecture et l'Evangile sont :
- "Malheur à moi, je suis perdu, car je suis un homme aux lèvres impures..."
- "Seigneur, éloigne-toi de moi, car je suis un homme pécheur"
Elles reflètent la même attitude : un mélange d'humilité, de reconnaissance de son péché, et de
crainte respectueuse envers Dieu, peur qui saisit l'être huamin devant ce qui le dépasse, et
conscience de l'infinie puissance et de la sainteté divines.
Qu'est-ce qu'il y a "avant" qui soit commun aux deux textes ? On peut dire : une manifestation de
Dieu. Mais bien sûr, très différente.
D'un côté, Isaïe décrit l'apparition majestueuse de Dieu dans le Temple de Jérusalem. Il l'évoque
sous l'aspect d'un roi qui siège sur son trône, recouvert d'un manteau royal à longue traîne, avec une
cour céleste de séraphins qui l'acclament. Les manifestations traditionnelles des apparitions divines
se déroulent alors : tremblement de terre et "fumée", comme au sommet du Sinaï, dans l'Exode.
Cette fumée rappelle aussi la "nuée", celle qui accompagnait les Hébreux lors de la traversée du
désert, leur montrant la Présence de Dieu avec eux - et aussi celle qui recouvrit Jésus, Pierre,
Jacques et Jean, sur le Mont Thabor lors de la Transfiguration, et d'où sortit la Voix du Père.
Dans l'Evangile, on voit d'abord un homme, qui s'assied dans une barque pour être vu et entendu de
tous, quand il enseigne, puis qui donne un ordre à des pécheurs, lesquels obéissent : cadre simple,
actions banales, sauf que... la pêche est "miraculeuse", les filets se déchirent et les barques
enfoncent.
Dans les deux "après", les fins de texte, ce qui est semblable, c'est la "mission" : Isaïe se proposoe
pour être le "messager" envoyé par Dieu ; Pierre sera "pêcheurs d'hommes", ainsi que ses
compagnons. Vision de Dieu et pêche miraculeuse débouchent toutes deux sur un envoi vers les
autres, une annonce de la Parole de Dieu.
Qu'est-ce qui est enrichissement d'un texte par l'autre ?
PIerre a reconnu en Jésus quelqu'un qui vient de Dieu, qui participe à la puissance divine. Nous
pouvons, quant à nous, reconnaître que Jésus, le Galiléen assis dans une barque sur le lac de
Tibériade, est le Fils de Dieu, qu'il est Dieu, le même qui est apparu à Isaïe dans toute sa majesté. Et
vice-versa : ce Dieu "qui siégeait sur un trône très élevé", c'est le même qui viendra un jour s'asseoir
dans une barque, pour manifester aux homme son amour infini pour eux. On peut dire que, lors de
l'apparition grandiose dans le Temple, et surtout en envoyant Isaïe comme messager de sa Parole,
Dieu prépare déjà la plénitude de la Révélation qui se réalisera dans l'Incarnation du Verbe, c'est-àdire dans le Fils de Dieu devenu homme en Galilée, et enseignant la foule, ce jour-là, sur le lac.
Qu'est-ce qui montre la disponibilité d'Isaïe ? Son réflexe de crainte, mais aussi d'adoration devant
la sainteté de Dieu, révèle en fait son amour pour Dieu. Car ensuite, spontanément, il se propose
pour être l' envoyé de Dieu. Toute crainte a disparu, elle a été comme consumée par ce "charbon
brûlant sur l'autel", tenu par un "séraphin" (en hébreu : un "brûlant") symbole du feu divin, du feu
de l'Esprit, peut-on dire, qui purifie tout et embrase tout. Isaïe peut donc s'écrier : " Moi, je serai ton
messager : envoie-moi." Ce cri spontané montre aussi qu'il entre librement dans cette mission, et
que Dieu respecte cette liberté.
La disponibilité de Pierre et de ses compagnons se manifeste deux fois. D'abord, et aussi librement
qu'Isaïe, ils obéissent à Jésus qui leur dit de lancer leurs filets. Certes, Pierre signale : " Maître, nous
avons peiné toute la nuit sans rien prendre..." Il pourrait faire remarquer au jeune Rabbi qu'il n'y
connaït rien et qu'il ne devrait pas se mêler de conseiller les professionnels, mais il ajoute : "mais,
sur ton ordre, je vais jeter les filets." Il a déjà été touché par ce Rabbi qu'il écoutait sans aucun doute
depuis sa barque, au point de lui faire confiance, et c'est sur cette confiance et cette libre obéissance
que va se greffer l'appel de Jésus. Disponibilté aussi, à la fin du texte, dans ce départ soudain à la
suite du Christ, dans cet abandon de tout ce qui faisait la vie de Pierre et des autres apôtres : "Alors
ils ramenèrent les barques au rivage et, laissant tout, ils le suivirent."
Quel rapprochement possible avec la 2ème lecture, le texte de Paul ?
D'abord une formule très proche des exclamations d'Isaïe et de Pierre : "je suis le plus petit des
Apôtres, je ne suis pas digne d'être appelé Apôtre, puisque j'ai persécuté l'Eglise de Dieu." Même
reconnaissance de son péché, même conscience de son indignité, mais aussi de la grandeur de Dieu
et de la mission apostolique. Mais Paul explicité clairement ce qui permet à Isaïe et à Pierre de
répondre à l'appel de Dieu et d'accomplir leur mission : "Mais ce que je suis, je le suis par la grâce
de Diue, et la grâce de Dieu n'a pas été stérile... ce n'est pas moi, c'est la grâce de Dieu avec moi."
On retrouve dans le texte de Paul les deux aspects des autres tetxes de ce dimanche : l'apparition de
Dieu, et l'envoi en mission. Qu'est-ce qui est nouveau ?
- la mission est celle de l'annonce de l'Evangile, "la Bonne Nouvellle que je vous ai annoncée" . Et
plus précisément encore, cet Evangile, c'est le centre de la foi chrétienne, ce qu'on appelle d'un mot
savant le "kérygme", que l'on retrouve à la base de notre Credo: "le Christ est mort pour nos péchés
conformément aux Ecritures, et il a été mis au tombeau ; il est ressuscité le troisième jour,
conformément aux Ecritures..."
- l'apparition n'est plus celle de Dieu trônant dans le Temple, ni celle de Jésus enseignant et
accomplissant des miracles durant sa vie terrestre, mais celle du Christ ressuscité : le verbe
"apparaître" est répété 4 fois. Mais d'une certaine manière, Paul unit les deux bouts de la chaîne,
qu'il ne faut jamais lâcher : Jésus, homme et Dieu, est à la fois le Crucifié, l'humble serviteur mort
pour nos péchés - et le Ressuscité, qui siège sur le trône de Dieu, à la droite du Père, dans la gloire
de la Majesté divine.
Que peut symboliser la "pêche miraculeuse" ?
"Symboliser" ne veut pas dire que cette pêche n'ait pas réellement eu lieu, mais qu'on peut lui
chercher un sens profond, par lequel Jésus veut nous dire quelque chose. Il l'indique lui-même dans
ce qu'il dit à Pierre : "désormais, ce sont des hommes que tu prendras." "Prendre...pêcher...filets...",
cela ne veut pas dire que les humains sont des poissons à capturerr sans leur demander leur avis :
ces filets pleins à craquer annoncent sans aucun doute tous ceux qui vont croire à Jésus sur la parole
des Apôtrres, la diffusion de l'Evangile sur toute la terre, et l'unité des croyants rassemblés dans
l'Eglise. Comme dimanche dernier, Luc dirige déjà notre regard vers les Actes des Apôtres, qui
commecent ce jour là sur le lac de Tibériade, et qui se poursuivent jusqu'à nous, en et par nous. Si
aujourd'hui plus que jamais, les chrétiens ont le sentiment de peiner toute la nuit sans voir aucun
résultat, ils peuvent se souvenir de cette "pêche miraculeuse" : pas forcément des foules dans les
églises, mais le message de Jésus offert à tous.
Avec l'aide du Saint-Esprit, se poser des questions sur soi en face de
ces textes
Devant les difficultés de l'Eglise aujourd'hui, devant les problèmes de transmission de la foi, suis-je
capable d'entendre la parole : " Avance au large, et jetez vos filets pour prendre du poisson..." ?
En-dehors même de l'annonce de la foi, dans le quotidien de la vie, devant les difficultés, les échecs,
tous les petits matins gris et les soirs moroses, suis-je capable de reconnaître la présence aimante de
Jésus, de lui exposer ma peine, et de lui confier la réalisation de mes "pêches miraculeuses"
inattendues ?
A bientôt.