50 shades of Grey extraits - Clarence Edgard-Rosa

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50 shades of Grey extraits - Clarence Edgard-Rosa
17 juillet 2O15
extraits
5o
shades
encore !
vOus Rêviez de savOiR ce qu’il se passait
dans la tête de chRistian gRey ? c’est
ce que dévOile le tOme 4 du ROman d’el
james, en libRaiRie le 28 juillet. assuRément
tROublant, peut-êtRe déRangeant.
extRaits en exclusivité.
par ClarenCe
eDGarD-rosa
illustration
stéphane manel
Une secousse planétaire. De « Cinquante nuances de Grey », on peut regretter la simplicité du
texte, on peut regretter la domination à sens unique, on peut regretter le côté faussement rebelle…
On peut regretter l’eau de rose et la morale à la sauce conte de fées. Mais on ne peut pas nier que
ce roman ait libéré. Libéré la parole : ces « Cinquante nuances » ont permis à certaines femmes
d’embrasser leur penchant pour les cordes et les mains fermes autour de leur cou pendant l’orgasme. Libéré les fantasmes : ces « Cinquante nuances » leur ont permis d’affirmer leurs désirs
auprès d’amants à qui elles cachaient jusque-là le « kink » (la « friponnerie ») en elles. Libéré la lecture : avant ces « Cinquante nuances »-là, vous aviez déjà vu autant de femmes lire des histoires de
fesses dans le bus, vous ?
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a l’heure où une nouvelle nuance s’apprête à débarquer
en librairie – celle du tout puissant Grey qui prend la parole dans le
nouvel opus –, il y a un autre élément qu’on ne peut pas nier : certaines femmes font plus l’amour depuis que Grey est entré dans leur
vie. Le nombre d’incidents impliquant des menottes a augmenté aux
Etats-Unis depuis la parution du premier opus, les ventes de cordes
de bondage, aussi. Et, bien qu’aucun chiffre ne vienne le confirmer
pour l’instant, la rumeur veut qu’un baby-boom soit en marche. L’hôpital de la ville de Leeds, en Grande-Bretagne, a d’ailleurs pris cette
potentielle explosion des naissances très au sérieux : « Posez votre
congé annuel maintenant ! » conseille un panneau d’affichage
adressé au staff de sa maternité, espérant voir les équipes au complet
pour les naissances des « bébés Cinquante nuances ». Finalement,
ça se tient : « Ils vécurent heureux – mariés –, eurent beaucoup d’enfants », et les stéréotypes de genre furent bien gardés.
Mais qui sait, peut-être même qu’EL James donnera envie à ses lectrices de s’intéresser à un érotisme plus nuancé. En attendant, découvrez le quatrième tome de son sex-seller. On vous laisse vous faire
une idée avec cet extrait tout en nuances. Chaud devant.
Je n’ai Jamais vu
de fille aussi gauche
mais, curieusement,
Je trouve ça
à la fois amusant,
charmant et bandant ;
Je songe à toutes
les façons
dont Je pourrais
l’inciter à
améliorer
sa coordination.
e n c o r e
!
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s h a d e s
résUmé
Christian Grey, narrateur et p-DG au cœur froid, à qui
tout réussit, rencontre anastasia, vierge et étudiante, son
opposée en tout point. elle tombe rapidement dans ses bras
et, après une nuit d’initiation sadomasochiste intense, ils se
retrouvent dans la cuisine pour un petit déjeuner très épicé.
« Quand j’ouvre les yeux, le soleil se déverse par les fenêtres et
un arôme appétissant chatouille mes narines. Un arôme de bacon.
J’ai un moment de confusion. Gail est-elle rentrée de chez sa sœur
plus tôt que prévu ?
Puis, ça me revient. Ana. Un coup d’œil au réveil m’apprend qu’il est
tard. Je me lève d’un bond et l’odeur m’attire dans la cuisine.
Ana est là. Elle m’a piqué ma chemise, s’est fait des couettes et danse
au rythme d’une musique que je ne peux pas entendre, puisqu’elle
porte des écouteurs. Sans qu’elle me voie, je m’assois au bar pour
profiter du spectacle. Elle fouette des œufs, ses couettes rebondissent
chaque fois qu’elle se trémousse, et je suis ravi de constater qu’elle
ne porte pas de culotte.
C’est bien, ma belle.
Je n’ai jamais vu de fille aussi gauche mais, curieusement, je trouve
ça à la fois amusant, charmant et bandant ; je songe à toutes les
façons dont je pourrais l’inciter à améliorer sa coordination. Quand
elle se retourne et m’aperçoit, elle se fige.
— Bonjour, mademoiselle Steele. Vous êtes très en forme ce matin.
Avec ses couettes, elle fait encore plus jeune.
— J’ai… j’ai bien dormi, bredouille-t-elle.
— On se demande pourquoi. Je plaisante, mais je dois avouer que,
moi aussi, j’ai bien dormi. Il est plus de 9 heures. Quand me suis-je
réveillé plus tard que 6 h 30 pour la dernière fois ?
Hier. Après avoir dormi avec elle.
— Tu as faim ? me demande-t-elle.
— Très.
Je ne sais pas si c’est de nourriture ou d’elle que je suis le plus affamé.
— Pancakes, bacon et œufs ? dit-elle.
— Formidable.
— Je ne sais pas où tu ranges tes sets de table.
Elle semble un peu gênée. Je crois que c’est parce que je l’ai surprise
à danser. La prenant en pitié, je lui propose de mettre les couverts, en
ajoutant :
— Tu veux un peu de musique pour que tu puisses continuer à… euh…
danser ?
Ses joues s’empourprent et elle baisse les yeux. Merde. Je l’ai blessée.
— Je t’en prie, ne t’arrête pas pour moi. C’est très distrayant.
Elle fait la moue, me tourne le dos, et recommence à fouetter les œufs
avec enthousiasme. Je me demande si elle sait à quel point, pour
quelqu’un comme moi, ce geste est un manque de respect… mais
évidemment, elle ne peut s’en douter, ce qui, Dieu sait pourquoi, me
fait sourire. Je m’approche d’elle en douce pour la tirer délicatement
par une couette.
— J’adore. Elles ne te protégeront pas.
Pas de moi. Pas après t’avoir possédée.
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copyright c 2011, 2015 by FiFty shades Ltd/Jc Lattès pour La traduction Française.
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— Tes œufs, tu les aimes comment ?
Elle a parlé d’une voix étonnamment hautaine. J’ai envie de rire, mais
je me retiens et j’ironise :
— Fouettés.
Elle aussi, elle essaie de rester pince-sans-rire tout en poursuivant sa
tâche, mais son sourire est ensorcelant. En vitesse, je mets le couvert
tout en me demandant à quand remonte la dernière fois que j’ai
dressé la table pour quelqu’un d’autre. Jamais. Normalement, le
week-end, ma soumise assure les corvées domestiques. Mais pas
aujourd’hui, Grey, puisqu’elle n’est pas ta soumise… Du moins, pas
encore.
Je verse deux verres de jus d’orange et fais le café. Mais c’est vrai, au
fait, elle ne boit pas de café !
— Tu veux du thé ?
— Oui, si tu en as.
Je déniche dans un placard les sachets de thé Twinings que j’ai
demandé à Gail d’acheter. Tiens, tiens, qui eût cru que j’aurais l’occasion de les utiliser ? Ana fronce les sourcils.
— Si j’ai bien compris, tu savais déjà qu’on allait conclure.
Je lui réponds d’une voix sévère :
— Nous n’avons encore rien conclu, mademoiselle Steele.
Et arrête de te voir comme ça. J’ajoute sa tendance à se dénigrer à
la liste des comportements qu’il faudra corriger. Evitant mon regard,
elle pose les assiettes sur les sets, puis sort le sirop d’érable du réfrigérateur. Lorsqu’elle lève les yeux, je lui désigne sa place :
— Mademoiselle Steele.
— Monsieur Grey, répond-elle avec une politesse exagérée.
Elle grimace en s’asseyant.
— Tu as mal ?
Je m’étonne de me sentir coupable. J’avais l’intention de la baiser
après le petit déjeuner mais, si elle a mal, c’est exclu. A moins que je
n’aie recours à sa bouche ?
Le rose lui monte aux joues.
— Pourquoi, tu veux t’excuser ? ironise-t-elle.
Son ton sarcastique me prend au dépourvu. Si elle était à moi, ça lui
vaudrait une fessée, au minimum, sans doute sur le bar de la cuisine.
— Non, mais je me demandais si nous pouvions poursuivre ta formation de base.
Elle tressaille :
— Oh !
Eh oui, Ana, on peut aussi baiser en plein jour. Et j’aimerais remplir
cette bouche insolente.
Tandis que je déguste mon petit déjeuner – elle est plutôt bonne cuisinière –, elle ne cesse de me dévisager.
— Mange, Anastasia. Au fait, c’est délicieux.
Ana prend une bouchée puis repousse sa nourriture avec sa fourchette. Elle a recommencé à se mordiller la lèvre. Je lui ordonne
d’arrêter.
— Ça me déconcentre, et je devine que tu ne portes rien sous ma
chemise, ce qui me distrait encore plus.
Elle tripote la théière, sans prendre garde à mon irritation.
— A quel genre de formation de base songes-tu ?
Toujours aussi curieuse… Voyons jusqu’où elle est prête à aller.
— Comme tu as mal, je me disais qu’on pourrait s’en tenir à l’oral.
Elle avale sa gorgée de thé de travers et se met à tousser. Merde. Il
ne manquerait plus qu’elle s’étouffe. Je lui tapote doucement le dos
et lui tends un verre de jus d’orange.
e n c o r e
!
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s h a d e s
son ton
sarcastique
me prend
au dépourvu.
si elle était
à moi, ça lui
vaudrait une fessée,
sans doute
sur le bar de
la cuisine. »
— A supposer que tu aies envie de rester, évidemment.
Mieux vaut ne pas trop tirer sur la corde.
— J’aimerais rester encore aujourd’hui, si tu es d’accord. Demain, je
travaille.
— A quelle heure ?
— 9 heures.
— Je ferai en sorte que tu sois rentrée à 9 heures demain matin.
Quoi ? J’ai envie qu’elle reste ? J’en suis le premier étonné. Oui, j’ai
envie qu’elle reste.
— Il faut que je rentre ce soir pour me changer.
— On peut te trouver des vêtements de rechange à Seattle.
Elle tripote ses couettes et mordille nerveusement sa lèvre inférieure…
encore.
— Qu’est-ce qu’il y a ?
— Je dois rentrer ce soir.
Bon sang, qu’est-ce qu’elle est têtue. Je ne veux pas qu’elle s’en aille,
mais à ce stade, comme elle n’a pas signé, je ne peux pas insister
pour qu’elle reste. » n
GREY
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CINQUANTE NUANCES DE GREY PAR CHRISTIAN
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« CinqUante nUanCes De Grey par Christian »,
de el James, éd. Jean-Claude lattès, en librairie le 28 juillet.
copyright c 2011, 2015 by FiFty shades Ltd/Jc Lattès pour La traduction Française. presse.
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