Prog internet du 20.01 - Orchestre National de Lorraine

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Prog internet du 20.01 - Orchestre National de Lorraine
 Cité musicale – Metz
L’INFLUENCE TZIGANE VENDREDI 20 JANVIER 2017 20H00 ARSENAL -­‐ METZ Direction Jacques Mercier Violon Nemanja Radulović Franz Liszt [1811-­‐1886] Rhapsodie hongroise n°2 Ernest Chausson [1855-­‐1899] Poème Maurice Ravel [1875-­‐1937] Tzigane Zoltán Kodály [1882-­‐1967] Danses de Galanta Georges Enesco [1881-­‐1955] Rhapsodie roumaine n°1 Nemanja Radulović Violon Né en 1985, il commence le violon par hasard, à l’âge de sept ans, dans sa ville natale de Niš, dans le sud de la Serbie. Ses parents l’emmènent à une école de musique où l’on découvre qu’il a l’oreille absolue. On lui met alors son premier violon entre les mains et deux semaines plus tard il sidère ses professeurs. « J’avais déjà atteint la fin du programme de troisième année », admet-­‐il en rougissant. Ses parents déménagent à Belgrade, la capitale, pour lui permettre de poursuivre sa formation. Six mois après avoir joué ses premières notes au violon, il fait ses débuts de concertiste dans sa nouvelle école – à sept ans, dans un concerto de Vivaldi. Jouer en public devient immédiatement une passion. « J’ai tout de suite adoré la scène. Ce premier lien avec le public a été formidable. J’ai découvert qu’on pouvait faire rire les gens. J’ai senti aussi que je pouvais les faire pleurer. Je n’ai jamais rien trouvé d’autre où l’on puisse ressentir autant d’émotion. » Ainsi une star est née. Mais des nuages s’amoncellent. Les Nations Unies imposent un embargo économique à la nouvelle République fédérale de Yougoslavie (la Serbie et le Monténégro), et l’hyperinflation rend même les biens de première nécessité hors de prix à Belgrade. « C’était dur, au moment du blocus, de ne pas avoir d’eau ou d’électricité et de ne pas pouvoir acheter de nourriture, se souvient le violoniste. Ma mère, qui était médecin, faisait du travail humanitaire au front, sauvant des vies humaines, la guerre était donc très présente parmi nous. Pour tout le monde dans la famille, pas seulement pour moi, la musique était notre oxygène. Elle nous aidait à continuer de mener une vie normale et nous donnait un vrai bonheur. C’est à ce moment-­‐là que j’ai vraiment apprécié son pouvoir. C’est quelque chose que je n’ai jamais oublié. » Le premier ensemble de musique de chambre avec lequel se produit le jeune Nemanja, à l’âge de huit ans, est le trio qu’il forme avec ses deux sœurs aînées, Jelisaveta et Danica, toutes les deux violoncellistes. « La musique a toujours été très importante dans notre famille. Mon père chantait et ma mère jouait de l’accordéon à la maison. Il y avait toujours de la musique pendant les repas avec les amis et tout le monde en écoutait, que ce soit du rock, de la pop, du rap ou du classique. » Malgré les conditions difficiles qui prévalent dans son pays, Nemanja réussit à se présenter à des concours dans diverses villes européennes. « Les ambassades étaient toutes fermées, à Belgrade, il fallait donc aller à Budapest en train ou en voiture et ensuite attendre plusieurs jours son visa. » Son premier concours international est à Stresa, en Italie. Il a neuf ans et c’est la première fois qu’il joue du Paganini. 2
Grâce aux concours, il entre en contact avec des musiciens qui mènent une vie bien différente. « C’était formidable pour moi de rencontrer des jeunes gens qui n’avaient pas nos problèmes. Je pouvais parler d’autre chose que de la guerre. » À quatorze ans, Nemanja s’installe avec sa famille à Paris où il continue sa formation avec Patrice Fontanarosa. Il s’est désormais produit partout dans le monde, dans les salles les plus prestigieuses, avec des orchestres de premier plan. Quel que soit l’endroit où il joue, la mission qu’il se donne reste la même : faire découvrir la musique classique à un jeune et nouveau public. « J’aime jouer pour toutes sortes de publics, déclare-­‐t-­‐il. Je n’essaye pas de donner une leçon d’histoire de la musique ou un cours sur la façon de jouer du violon. Je souhaite simplement que le public ressente de vraies émotions en entendant la musique que je joue. Et j’espère que cela peut aider les gens à oublier certains problèmes de leur vie quotidienne. » « Je joue simplement comme je le sens. J’essaye de donner du bonheur quand je me sens heureux, ou de la tristesse quand je suis triste. Parfois je m’adresse au public après le concert et les gens me disent ce qu’ils ont ressenti, et ils ressentent toujours la même chose que ce que j’ai moi-­‐même ressenti en jouant. Voilà mon but. » Ce fonds émotionnel a naturellement des origines dans sa vie personnelle. « Ces dernières années, j’ai perdu neuf personnes qui m’étaient très proches, dont ma mère et ma sœur la même année, confie-­‐t-­‐il. Cela déclenche des émotions qui peuvent être exprimées par la musique. » Nemanja Radulović, travaille son violon deux heures par jour. « J’aime jouer du Bach et du Mozart, explique-­‐t-­‐il. Bach m’aide à garder les pieds sur terre, et Mozart me donne le bonheur et de vraies émotions. » 3
JACQUES MERCIER Chef d’orchestre Premier prix de direction d’orchestre à l’unanimité au Conservatoire national supérieur de Musique de Paris, Jacques Mercier obtient également le Premier Prix du Concours international de jeunes chefs d’orchestre de Besançon. Assistant de Pierre Boulez à l’Opéra de Paris et à l’Ensemble Intercontemporain, il bénéficie des conseils de Herbert von Karajan. Puis rapidement, il entame une carrière internationale dirigeant de prestigieuses formations : l’Orchestre de Paris, l’Orchestre national de France, le London Symphony Orchestra, l’Orchestre de la Suisse Romande… Qualifié de « Souveräner Dirigent » à Berlin, Jacques Mercier se produit au Festival de Salzbourg tout comme à Séoul, Montréal, Kyoto, Helsinki… et Madrid où il est cité par la critique comme « l’un des meilleurs chefs français et européens de sa génération ». De 1982 à 2002, Jacques Mercier est directeur artistique et chef permanent de l’Orchestre national d’Île-­‐de-­‐France. « Déployant une énergie et un enthousiasme communicatif, Jacques Mercier est parvenu à hisser sa formation au premier rang des orchestres français. » (Olivier Bellamy dans L’Événement du Jeudi) « Jacques Mercier a fait la preuve irréfutable de son grand talent fait de précision et de maîtrise, mais aussi de flamme et de panache. » (Pierre Petit, Le Figaro). Durant sept années, Jacques Mercier est chef permanent du Turku Philharmonic en Finlande : une expérience déterminante dans son approche des œuvres des compositeurs du Nord de l’Europe comme Sibelius dont il s’attache à faire découvrir le répertoire en France. Mais son talent fait de précision, de rigueur, de finesse et d’une extrême sensibilité s’illustre à merveille dans le répertoire français des XIXe et XXe siècles jusqu’à la musique d’aujourd’hui qu’il défend avec passion. Il crée en particulier des œuvres de Iannis Xenakis, Luis de Pablo, Philippe Manoury et Wolfgang Rihm, Martin Matalon, Pascal Dusapin… Pour le choix de ses enregistrements, Jacques Mercier fait preuve de curiosité et de pertinence. À sa discographie déjà prestigieuse : Grand Prix de l’Académie Charles Cros pour Bacchus et Ariane d’Albert Roussel, Prix de l’Académie du disque lyrique pour Djamileh de Bizet Jacques Mercier enchaîne les plus belles récompenses avec l’Orchestre national de Lorraine (Timpani) : en 2007, L’An Mil de Gabriel Pierné obtient un Diapason d’or de l’année. En 2008, son disque consacré à Antoine et Cléopâtre de Florent Schmitt, est Diapason d’or. En 2014, Le Petit Elfe Ferme-­‐l’Œil est Diapason d’or de l’année et Choc de l’année, enfin en mai 2015, son CD consacré à Jacques Ibert est Diapason d’or. À l’opéra, Jacques Mercier dirige tout particulièrement des œuvres issues du répertoire français : Carmen, Faust, Béatrice et Benedict, Lakmé, Les Pêcheurs de perles… Il est élu Personnalité musicale de l’année 2002 par le Syndicat professionnel de la critique dramatique et musicale. Lors d’une tournée de l’ONL la presse allemande a qualifié Jacques Mercier de « Magicien de la baguette » (Mannheim). 4
« Moitié tzigane, moitié franciscain », se définissait Liszt, qui parla aussi un jour de sa « vie trifurquée » entre Rome, Weimar et Budapest (il aurait pu ajouter Paris…), ne sachant pas très bien où étaient ses vraies attaches… De quelque côté qu’on la prenne, la personnalité du compositeur apparaît toujours comme une impossible unité entre des tendances opposées et, cependant, toutes porteuses d’innovations foudroyantes. C’est ainsi que le grand apatride du romantisme, le précurseur (dans ses dernières pièces pour piano) de la « révolution atonale » est aussi celui qui inventa le genre mi-­‐savant, mi-­‐populaire de la rhapsodie, fournissant un modèle décisif pour les si vivaces écoles nationales qui se développèrent en Europe à partir de la fin du XIXe siècle. On a pourtant reproché aux quinze Rhapsodies hongroises (dont la composition s’échelonna de 1846 à 1853) leur caractère peu « hongrois », inspiré du folklore « inauthentique » que colportaient les tziganes de l’Europe de l’Est… Née au XXe siècle à la suite, notamment, des recherches de Bartók et Kodály sur le « vrai » folklore magyar, cette polémique a beaucoup vieilli aujourd’hui, tant il apparait que ces régions d’Europe centrale furent le creuset d’influences indémêlables. Mais il est vrai que Liszt était fasciné par « l’art et la manière » des tziganes : leur faculté d’improviser, leur virtuosité, leur sens du contraste, bref par la magie d’un geste instrumental en lequel il ne pouvait pas ne pas reconnaître un miroir de son propre style. La plupart de ces pièces alternent un mouvement lent, (le lassan hongrois) et une danse rapide, souvent d’une spectaculaire et redoutable difficulté technique (la friska), ces deux parties s’encadrant d’un prologue, d’allure généralement recitativo, et d’une conclusion. Par l’attrait irrésistible de ses thèmes, ses contrastes « emblématiques » (notamment entre le prélude majestueux, presque funèbre, et le caractère débridé, voire déboutonné, de l’éblouissante friska), la Rhapsodie n° 2, en ut dièse mineur est restée la plus populaire aujourd’hui. Assisté (pour une part importante, semble-­‐t-­‐il) d’un de ses élèves, le compositeur hongrois Franz Doppler (1821-­‐1883), Liszt en réalisa une orchestration dans les années 1860. Par sa totale liberté formelle, le Poème pour violon et orchestre d’Ernest Chausson pourrait être qualifié de « rhapsodique », même si son propos est évidemment tout autre que celui de Liszt. Créée à Nancy le 27 décembre 1896 par le grand violoniste Eugène Ysaïe (puis redonnée à Paris aux Concerts Colonne le 4 avril 1897), l’œuvre s’inspirait au départ d’une nouvelle aux résonances fantastiques de Tourgueniev, Le Chant de l’amour triomphant. Il y était question d’un violoniste dont le jeu envoûte à ce point une jeune femme (mariée à l’ami du musicien…) qu’elle se découvrira enceinte d’un enfant, né, pour ainsi dire, des pouvoirs magiques d’une mélodie… De son modèle littéraire, Chausson semble surtout avoir retenu les résonances à la fois morbides et salvatrices. C’est ainsi que de la sombre rumeur orchestrale évoquant toutes les insondables mélancolies « fin du siècle », émane une « voix » à la fois aérienne et sensuelle, d’une admirable flexibilité. L’allure d’improvisation, l’intégration de la virtuosité dans un discours continûment lyrique, participent de l’intense expressivité de ce chef-­‐d’œuvre du répertoire mondial pour violon et orchestre. Dans son projet d’unir le genre concertant à un programme poétique, le compositeur avait pu trouver des antécédents chez le Berlioz d’Harold en Italie. Mais l’usage du violon soliste comme médium spirituel, voire mystique, annonce déjà ces grands concertos « idéalistes » du XXe siècle tels ceux de Berg ou de Szymanowski. 5
« C’est un morceau de virtuosité dans le goût d’une rhapsodie hongroise » disait Ravel de son Tzigane, créé à Londres le 24 avril 1924, dans sa première version avec piano, par la violoniste hongroise Jelly d’Aranyi (La création parisienne, avec orchestre, aura lieu le 30 novembre suivant aux Concerts Colonne). Ainsi Ravel semblait s’inscrire dans la tradition lisztienne, même si l’idée lui en avait été plus directement donnée par la Sonate n°1 de Bartók, entendue l’année précédente à Londres avec précisément Jelly d’Aranyi et le compositeur lui-­‐-­‐même au piano. Et l’on pourrait ajouter encore, au chapitre des influences, ces violonistes tziganes qu’il avait pu apprécier par sa fréquentation des cabarets parisiens de l’époque. À vrai dire, et c’est là toute la singularité de Tzigane, il s’agit moins d’influences que de modèles destinés à être reproduits, photographiés « tels qu’en eux-­‐mêmes ». Comme souvent avec Ravel, Tzigane tient du pastiche vertigineux, du « faux » plus vrai que nature…. Faut-­‐il pour autant l’écouter avec la distance de l’esthète ? Avec l’éclat tour à tour diabolique et charmeur de la partie soliste, des effets habilement ménagés, mais aussi ses rythmes de danse, la franchise de ses thèmes, des couleurs hongroises bien imitées (notamment par le timbre caractéristique de la clarinette), cette Rhapsodie de concert fait preuve d’un pouvoir d’attraction immédiat que lui envieraient beaucoup de pièces authentiquement populaires. Ce qui n’interdit pas d’en goûter les traits spécifiquement ravéliens : tel ce grandiose et maléfique cymbalum qu’évoque l’entrée de la harpe après la longue et prodigieuse cadence initiale du violon solo. « Galanta est une petite bourgade hongroise sur l’ancienne ligne de chemin de fer Vienne-­‐Budapest, où l’auteur a passé sept années de son enfance. À l’époque, y habitait un célèbre orchestre tzigane, aujourd’hui disparu, qui grava dans la mémoire de l’enfant, son premier « son orchestral ». Les ancêtres de ces tziganes étaient déjà célèbres cent ans auparavant. Vers 1800 étaient parus à Vienne quelques cahiers de danses hongroises dont l’un provenait de tziganes de Galanta ». Ces lignes, rédigées par Zoltán Kodály lui-­‐même lors de la création, le 23 octobre 1933 à Budapest, de ses Danses de Galanta, ne sauraient mieux affirmer la profonde imprégnation tzigane de l’âme musicale hongroise. À mi-­‐chemin entre la Suite de Danses et le genre rhapsodique, l’œuvre emprunte au Rondo, cette forme « populaire » de la tradition savante, à l’intérieur de laquelle le compositeur développe, amplifie, magnifie toute une série d’effets propres à la musique tzigane. On y rencontrera ainsi de fréquents changements de tempo de spectaculaires ralentis ou accélérés, une saveur sui generis des mélodies et des timbres (celui, royal, de la clarinette), de la virtuosité et, dans les mouvements rapides, une verve rythmique des plus éblouissantes. Cependant, à travers la ferveur majestueuse et nostalgique du thème principal (Andante maestoso), c’est l’immense fierté nationale de tout un peuple qui se fait entendre. Enfant prodige, Georges Enesco (1881-­‐1955) commença à apprendre le violon avec un « lautar », un de ces musiciens ambulants des campagnes de Roumanie, dont beaucoup, on ne s’en étonnera guère, étaient tziganes (Roms, plus précisément). Arrivé à Paris en 1895, ses dons exceptionnels de violoniste mais aussi de compositeur en firent rapidement la coqueluche du milieu musical et du public : « le nouveau Mozart », disait-­‐
on alors... Évoluant vers une écriture plus complexe et sophistiquée, ses œuvres ne devaient plus par la suite connaître le même succès (hors de son pays natal, c’est encore largement le cas aujourd’hui…). Entretemps, en 1901, Enesco aura eu la fortune d’écrire cette Rhapsodie roumaine pour orchestre, en la majeur qui acquit rapidement une extraordinaire popularité partout dans le monde. Et il vrai qu’on trouvera difficilement plus « magnétisant » que cette page brillantissime où les mélodies et danses tzigano-­‐
roumaines (avec l’imitation du chant de l’alouette, la ciocirlia) s’y enchaînent et s’y renouvellent dans une dynamique « d’échauffement » aussi caractéristique que communicative. (Texte Bernard Boland) 6
Bientôt à l’Arsenal
Café baroque III MUSIQUE A LA COUR DU PRINCE LEOPOLD Dimanche 20 janvier 2017 11h30 Modération : Anne-­‐Catherine Buchet Le Concert Lorrain Violon : Chouchane Siranossian Violoncelle : Stephan Schultz Clavecin : Menno van Delft Musique de Chambre SUITES POUR VIOLONCELLES : BACH & BRITTEN Mardi 24 janvier 2017 20h00 Violoncelle : Noémi Boutin Symphonique ORCHESTRE SYMPHONIQUE NATIONAL DE LETTONIE Jeudi 26 janvier 2017 20h00 Direction : Andris Poga Piano : Plamena Mangova Moussorgski – Ravel – Rachmaninov L’OSNL, invité par l’Orchestre national de Lorraine Toute la saison sur www.citemusicale-­‐metz.fr et sur les réseaux sociaux L’Orchestre national de Lorraine est administré et soutenu financièrement par un syndicat mixte réunissant la Ville de Metz et la Région Alsace Champagne-­‐Ardenne Lorraine. Le Ministère de la Culture et de la Communication (DRAC Alsace Champagne-­‐Ardenne Lorraine) participe également à son financement. 7