Kava-kava french.pmd
Transcription
Kava-kava french.pmd
FEUILLET d’information LE KAVA Qu’est—ce que le kava? Le kava (ou kava-kava) est un type de poivrier (nom scientifique Piper methysticum) qui pousse dans les îles du Pacifique Sud et dont la racine est employée à des fins médicinales. Pour confectionner la boisson traditionnelle appelée kava, on mâche ou on broie la racine de cette plante et on la mélange avec de l’eau ou du lait de coco. Cette boisson joue un rôle important dans les coutumes et les pratiques religieuses des peuples indigènes des îles polynésiennes. Le kava produit un état de détente, ce qui a amené les gouvernements de nombreux pays occidentaux à le considérer comme une drogue. Mise en garde En août 2002, le ministère de la Santé du gouvernement fédéral, Santé Canada, a interdit la vente de tout supplément nutritionnel contenant la plante kava en raison de préoccupations concernant son innocuité. Selon des rapports sortis d’Europe, notamment de l’Allemagne, des préparations de kava auraient provoqué de graves lésions ou dysfonctions hépatiques chez plus de 40 personnes, dont trois sont décédées. Dans six cas, une transplantation du foie s’est avérée nécessaire. En Allemagne, l’agence de réglementation des médicaments, le BfArM, a interdit la vente du kava. Au Canada, quatre cas de dysfonction hépatique ont été signalés, mais aucun décès n’a été déploré. Chez les gens qui utilisent du kava, le risque de dommages hépatiques peut s’accroître si des problèmes de foie préexistants sont présents, notamment en raison des facteurs suivants : • maladies; • abus d’alcool ou de drogues (dans le passé ou actuellement). Santé Canada propose les conseils suivants aux consommateurs : • vérifier les étiquettes des produits d’herboristerie et alimentaires pour déterminer s’ils contiennent du kava; • cesser l’usage de ces produits et les retourner au point de vente; • consulter son professionnel de la santé si des effets indésirables se produisent lors de l’utilisation de produits contenant du kava. Les symptômes suivants peuvent se produire chez les personnes atteintes de lésions hépatiques : • nausées; • vomissements; • fatigue inhabituelle; • faiblesse; • douleurs à l’abdomen ou à l’estomac; • perte de l’appétit; • urine brune; • jaunissement de la peau ou du blanc des yeux (ictère). Les professionnels de la santé et les praticiens de médecines complémentaires et alternatives peuvent continuer de déclarer tout effet indésirable suspect en se servant du formulaire approprié (disponible à www.hc-sc.gc.ca/ hpfb-dgpsa/nhpd-dpsn/arr_hcpc_f.html) ou du CATIE FEUILLET d’information Le kava, page 1 sur 5 numéro sans frais suivant : 866.234.2345. À quelles fins utiliset-on le kava? 1. Pour traiter l’anxiété Le kava est employé pour traiter les états d’anxiété et de tension non associés à la maladie mentale. Dans le cadre d’un essai effectué en Allemagne à l’aide de placebos, les participants ont consommé 100 mg d’extrait de kava trois fois par jour pendant quatre semaines. On a constaté une diminution significative de l’anxiété après une semaine de traitement. On n’a remarqué aucun signe de dépendance physique ou psychologique et aucun effet néfaste. Le kava est considéré comme un sédatif, mais une étude de petite envergure permet de penser qu’il affecte moins l’activité mentale et la coordination que les autres médicaments contre l’anxiété comme Valium et les autres benzodiazépines. Le kava n’a fait l’objet d’aucun essai chez les personnes séropositives. 2. Pour soulager la douleur Traditionnellement, on utilise le kava comme anesthésiant, le plus souvent pour soulager les spasmes et les douleurs musculaires. Des études effectuées chez des souris auxquelles on a donné des injections de kava semblent confirmer le bien-fondé de cette pratique, mais aucune étude n’a porté sur des humains. Présentation et mode d’emploi En Amérique du Nord, le kava se vend le plus souvent sous forme de capsules de 100 mg d’extrait normalisé devant contenir 70 % de kavalactone. La plupart des gens prennent une capsule deux ou trois fois par jour. Kava et lésions du foie Cette plante s’utilise couramment dans les îles du Pacifique Sud, mais peu de cas de dysfonction hépatique ont été associés à son éventuelle toxicité dans cette région du monde. D’ailleurs, la plante n’est pas interdite dans cette région. Afin de mieux éclairer la source de cette différence de toxicité, nous avons préparé quelques renseignements de base sur le kava. Usage traditionnel Le kava constitue une partie importante de la vie sociale de certaines sociétés traditionnelles du Pacifique Sud et s’utilise parfois en tant que relaxant. Aujourd’hui, on s’en sert le plus souvent en Amérique du Nord et en Europe pour atténuer les problèmes suivants : • anxiété; • dépression légère; • difficultés à s’endormir. Il paraît que le kava ne crée pas de dépendance. Les substances responsables des bienfaits du kava s’appellent « kavalactones ». Préparation de la plante Dans les îles du Pacifique Sud, la racine et l’écorce de la plante sont broyées et mélangées avec de l’eau froide ou du lait de coco. Les préparations de kava qui se vendent en Amérique du Nord et en Europe sont conçues de manière à en maximiser les concentrations du principe actif. Pour ce faire, on fait habituellement dissoudre la plante dans un mélange d’eau et d’alcool (ou d’acétone) pour créer un mélange dont le contenu en kavalactones va de 30 % à 70 %. Certains chercheurs estiment que ces techniques d’extraction et de préparation donnent lieu à un changement « peu naturel » dans le mélange de kavalactones, comparativement aux méthodes d’extraction traditionnelles. De plus, il est possible que les techniques d’extraction modernes favorisent la contamination du produit final. L’une ou l’autre de ces possibilités pourrait accroître le risque de lésions hépatiques. Absence d’un protecteur du foie Il est possible que la racine et l’écorce du kava contiennent des composés qui ne se trouvent pas dans les extraits alcoolisés ou acétoniques du kava. Certains de ces composés — dont le CATIE FEUILLET d’information Le kava, page 2 sur 5 glutathion (GSH) — pourrait protéger le foie de la toxicité des kavalactones. À fortes doses, les kavalactones risquent de priver le foie de son GSH et, par le fait même, d’accroître la vulnérabilité de certaines personnes aux dommages hépatiques associés au kava et à d’autres médicaments. En effet, dans le cadre d’une étude, les chercheurs ont relevé la tendance suivante : plus le contenu en kavalactones était important, plus le taux de GSH était faible dans les produits testés. Peut-être il sera nécessaire de mettre au point des préparations différentes du kava. Les techniques d’extraction privilégiées en Amérique du Nord et en Europe pourraient être modifiées de sorte à s’apparenter davantage à celles utilisées dans le Pacifique Sud, là où le kava est préparé avec de l’eau ou du lait de coco. Ce genre de technique pourrait préserver le contenu en GSH du kava, réduisant ainsi sa toxicité. Une autre explication éventuelle de la toxicité du kava réside dans le fait que les gens qui s’en servaient souffraient de maladies préexistantes et utilisaient plusieurs médicaments. Il est possible que le kava ne soit pas sans danger chez de telles populations. Avertissements et précautions De nombreux chercheurs continuent de faire le lien entre le kava et les risques de toxicomanie. Bien que les essais portant sur les extraits de kava n’aient permis de déceler aucune dépendance psychologique ou physique, la consommation de kava dans le cadre de pratiques traditionnelles a laissé des séquelles importantes chez certaines personnes. Dans certaines communautés indigènes du Pacifique Sud, les consommateurs chroniques souffrent de nombreuses affections habituellement associées à l’alcoolisme dont : • malnutrition; • dommages au foie; et • modifications des globules rouges. De plus, la consommation prolongée de kava produit une éruption cutanée écailleuse et jaunâtre accompagnée de démangeaisons. Effets secondaires Chez certaines personnes, l’extrait de kava provoque une éruption cutanée qui serait attribuable à une réaction allergique. La consommation de grandes quantités de kava peut causer des troubles de la vision, des vertiges et un état de stupeur. Cependant ces effets n’ont pas été constatés lorsque la plante a été employée à des fins médicinales. Les naturopathes recommandent généralement de ne pas prendre d’extrait de kava pendant plus de trois mois consécutifs pour éviter tout effet néfaste pouvant découler d’une consommation continue. Interactions medicamenteuses Le kava peut interagir avec les barbituriques (sédatifs comme Nembutal ou Seconal). On signale également une interaction entre le kava et Xanax (alprazolam), un médicament de la famille des benzodiazépines. De façon générale, on ne doit pas consommer de kava avec des barbituriques, des benzodiazépines ou des médicaments servant à traiter la schizophrénie. Selon certaines études menées sur des animaux, le kava pourrait aussi interagir avec l’alcool, mais cette possibilité n’a pas été confirmée dans le cadre d’essais chez l’humain. Les naturopathes recommandent une consommation modérée d’alcool aux personnes prenant du kava. Les personnes souffrant de la maladie de Parkinson doivent éviter le kava parce que celui-ci agit sur les neurotransmetteurs. On ignore les effets du kava chez les femmes enceintes ou qui allaitent. Crédits Auteur : Sean R. Hosein, Lori Lyons Traducteur : Alain Boutilier Révisé : Novembre 2002 Design : Renata Lipovitch CATIE FEUILLET d’information Le kava, page 3 sur 5 Références Boon H, Smith M. The Botanical Pharmacy. Kingston: Quarry Health Books, 1999. Ernst E. The risk-benefit profile of commonly used herbal therapies: Ginkgo, St. John’s wort, ginseng, echinacea, saw palmetto, and kava. Annals of Internal Medicine 2002;136(1):42-53. Jamieson DD, Duffeld PH. The antinocioceptive actions of kava components in mice. Clinical and Experimental Pharmacology and Physiology 1990;17:495-508. Lehman E, Kinzler E et al. Efficacy of a special kava extract (piper methysticum) in patients with states of anxiety, tension and excitedness of a non-mental origin - a double-blind placebocontrolled study of four weeks treatment. Phytomedicine 1996;3(2):113-9 as quoted in Boon H, Smith M. ibid. Anonymous. Kava. Lancet 1988 July;2(8605):258. http://www.hc-sc.gc.ca/english/protection/warnings/2002/ 2002_02e.htm h t t p : / / w w w. f d a . g o v / m e d w a t c h / S A F E T Y / 2 0 0 1 / Kava_deardoc.PDF w w w. h c - s c . g c . c a / e n g l i s h / p r o t e c t i o n / w a r n i n g s / 2 0 0 2 / 2002_56e.htm Anonymous. BfArM revokes kava-kava approval. SCRIP 2002;2757:5. www.uni-muenster.de/Chemie/PB/Kava/html/gelistet.html (accessed 22 August 2002) Schmidt TJ, Lyss G, Pahl HL and Merfort I. Helenanolide type sesquiterpene lactones. Part 5: the role of glutathione addition under physiological conditions. Bioorganic and Medicinal Chemistry 1999;(12):2849-2855. Anonymous. German Kava-kava ban to be tested. SCRIP 2002;2764:5. Denham A, McIntyre M and Whitehouse J. Kava — the unfolding story: Report on a work in progress. Journal of Alternative and Complementary Medicine 2002;8(3):237-263. http://news.bbc.co.uk/2/hi/health/1718164.stm (accessed 22 August 2002) Déni de responsabilité Toute décision concernant un traitement médical particulier devrait toujours se prendre en consultation avec un professionnel ou une professionnelle de la santé qualifié(e) qui a une expérience des maladies liées au VIH et des traitements en question. Le Réseau canadien d’info-traitements sida (CATIE) fournit, de bonne foi, des ressources d’information aux personnes vivant avec le VIH/sida qui, en collaboration avec leurs prestataires de soins, désirent prendre en mains leurs soins de santé. Les renseignements produits ou diffusés par CATIE ne doivent toutefois pas être considérés comme des conseils médicaux. Nous ne recommandons ni appuyons aucun traitement en particulier et nous encourageons nos clients à consulter autant de ressources que possible. Nous encourageons vivement nos clients à consulter un professionnel ou une professionnelle de la santé qualifié(e) avant de prendre toute décision d’ordre médical ou d’utiliser un traitement, quel qu’il soit. Nous ne pouvons garantir l’exactitude ou l’intégralité des renseignements publiés ou diffusés par CATIE, ni de ceux auxquels CATIE permet l’accès. Toute personne mettant en application ces renseignements le fait à ses propres risques. Ni CATIE ni Santé Canada ni leurs personnels, directeurs, agents ou bénévoles n’assume aucune responsabilité des dommages susceptibles de résulter de l’usage de ces renseignements. Les opinions exprimées dans le présent document ou dans tout document publié ou diffusé par CATIE, ou auquel CATIE permet l’accès, sont celles des auteurs et ne reflètent pas les politiques ou les opinions de CATIE ou de Santé Canada. Les opinions exprimées dans le présent document sontcelles des auteurs et ne reflètent pas nécessairement les points de vue officiels de Santé Canada. La reproduction de ce document Ce document est protégé par le droit d’auteur. Il peut être réimprimé et distribué à des fins non commerciales sans permission, mais toute modification de son contenu doit être autorisée. Le message suivant doit apparaître sur toute réimpression de ce document : Ces renseignements ont été fournis par le Réseau canadien d’info-traitements sida (CATIE). Pour plus d’information, appelez-nous au 1.800.263. 1638. CATIE FEUILLET d’information Le kava, page 4 sur 5 Communiquez avec nous par téléphone 1.800.263.1638 416.203.7122 par télécopieur 416.203.8284 par courriel [email protected] via le World Wide Web http://www.catie.ca par la poste 505-555, rue Richmond Ouest Case 1104 Toronto, Ontario M5V 3B1 Canada Financé par Santé Canada dans le cadre de la Stratégie canadienne sur le VIH/sida. CATIE FEUILLET d’information Le kava, page 5 sur 5