Exposition Manet

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Exposition Manet
MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES ET EUROPEENNES
N°11 – Avril 2011
Manet, l'inventeur du Moderne, s'expose au musée d'Orsay
Le musée d'Orsay présente, du 5
avril au 3 juillet 2011, à Paris, une
importante rétrospective de l'œuvre
d'Edouard Manet. Il s'agit de la
première manifestation d'ensemble
consacrée à Manet, en France, depuis la
mémorable
exposition
de
1983.
Rassemblant 200 peintures, dessins et
photographies,
l'exposition
veut
explorer autrement la modernité du
célèbre peintre, en prise avec le
processus historique dont il est
inséparable. Quelles ont été ses
influences, les répercussions de sa vie
sur son œuvre ? Quels ont été ses amis,
ses maîtres ? Moderne, Manet l'est
autant par son défi aux maîtres anciens que par sa volonté d'agir sur la sphère publique et
politique.
Pour Edouard Manet, le monde n'existe que pour être peint. Mieux, le monde est déjà une
peinture. Selon Joris-Karl Huysmans, écrivain et critique d'art français (1848-1907), «Manet
bouleversait toutes les théories, tous les usages, poussait l'art moderne dans une voie neuve».
L'exposition s'annonce porteuse d'idées nouvelles sur le célèbre peintre «hors du temps». Plus
qu'une rétrospective monographique, cette manifestation repense les multiples liens que Manet (18321883) a entretenus avec la culture romantique, aussi bien visuelle, littéraire que politique. Le parcours
s'attarde sur l'enseignement de Thomas Couture, l'impulsion de Baudelaire, la réforme de l'art
religieux, mais aussi l'imaginaire érotique et ses zones d'ombre, le rapport à la figure féminine, son
impressionnisme décalé.
Artiste dans l'âme, le jeune Manet suit, en 1850, une solide formation aux Beaux-Arts dans
l'atelier de Thomas Couture, le peintre des Romains de la décadence, tenu alors pour l'héritier de
Véronèse et de Rubens. Mais se trouvant en décalage avec les conceptions de l'enseignement de son
maître, il le quitte définitivement vers 1856.
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C'est vers 1860 que Manet et Baudelaire font connaissance. Une vive sympathie les rapproche
jusqu'à la mort de l'auteur des Fleurs du mal. Un imaginaire, voire un certain graphisme, lie le peintre
et le poète. Leurs œuvres se confondent, parfois, dans une même vocation, celle d'articuler la
modernité en mots et en couleurs, par une vision esthétique et une sensibilité partagées. Edouard
Manet sera également un proche d’Emile Zola et de Stéphane Mallarmé, dont il peindra les portraits.
Edouard Manet est un révolutionnaire de la peinture de son temps. Il s'oppose aux règles fixées
et veut peindre ce qu'il veut comme il le veut. «Je peins ce que je vois, et non ce qu'il plaît aux autres
de voir», avait-t-il coutume d'opposer à la doctrine académique, ouvrant ainsi la porte aux
impressionnistes. Ses premières œuvres Lola de Valence, Le vieux musicien, La mort du torero,
confirment son goût prononcé pour l'Espagne. Dans le traitement de la couleur, il recherche une
opposition entre deux grandes masses : l'une éclairée, l'autre dans l'ombre.
Edouard Manet doit une part de sa célébrité au refus de ses tableaux aux salons. L'artiste
présente son impressionnant Déjeuner sur l'herbe au Salon officiel, en 1863. Le réalisme des
personnages, grandeur nature, vus dans la lumière du plein air, et non plus étudiés à l'atelier,
scandalisa. Le tableau, refusé par le jury d'examen, est alors exposé au Salon des refusés, institué par
Napoléon III. Rompant avec l'art académique, le Déjeuner sur l'herbe et la provocante Olympia, sous
le regard du modèle Victorine Meurend, constitueront les premiers jalons de la peinture moderne.
En 1868, Manet heurte à nouveau le public parisien en présentant Le Balcon. Les personnages
sont des intimes du peintre. Au premier plan, Berthe Morizot, sa future belle-sœur, qui exposera avec
les impressionnistes. Le Balcon trouble par son espace suspendu, ses contrastes de couleur, le vert, le
noir et le blanc, son mystère et surtout le silence des trois protagonistes, représentés dans une attitude
figée, comme perdus dans une rêverie intérieure. En mettant en scène une théâtralité, il fait entrer le
public dans le tableau. C'est le face à face de la peinture et de ses spectateurs. L'artiste transgresse ainsi
les règles de la perspective.
Renoir admirait Manet pour son élégante clarté et son rejet de l'ombre : «La fine carnation de
l'Amazone qui fleurit tendrement sous son léger voile bleu». Sur la plage est peint pendant l'été 1873,
dans la petite ville côtière de Berck-sur-Mer. Les personnages tournent le dos au spectateur, donnant
au tableau une impression indéfinissable de mélancolie. L'espace est dénué de tout effet de profondeur
et semble comme aplati. Ses œuvres tardives sont souvent des doubles portraits, à la fois
psychologiques et du milieu social, comme Dans la serre (1878), Chez Le père Lathuille (1879), La
liseuse (1880).
Edouard Manet est le premier peintre moderne à faire disparaître le sujet. Son influence a été
considérable sur l'art moderne, notamment sur l'art abstrait, qui s'explique à la fois par l'utilisation de
couleurs pures et par une technique libre et rapide. «L'objet est secondaire, voire inutile, l'important
est la peinture», observait Kandinsky en initiant l'art abstrait.
Par un éclairage historique, une mise en rapport et en parallèle d'éléments d'époque, ainsi que par
la présentation de sa peinture tardive et généralement méconnue, Edouard Manet trouve, dans cette
très belle exposition, la place qui lui appartient de droit, celle de l'inventeur du moderne.
Annik Bianchini
Site Internet :
www.musee-orsay.fr : musée d'Orsay
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