Vichy dans la mémoire catholique 1970-1997
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Vichy dans la mémoire catholique 1970-1997
Vichy dans la mémoire catholique 1970-1997 C’est par l’entremise de la théologie que l’Histoire occupe une certaine place dans la vie intellectuelle du catholicisme1. Après 1945, la théologie historique connaît un nouveau souffle avec les travaux d’Oscar Cullman et de Jean Daniélou. Cette branche de l’arbre théologique entend être une réponse à la question du destin de l’homme. Sa conclusion est d’affirmer que l’Histoire n’obéit pas à des lois intramondaines par opposition aux historicismes issus de la philosophie de Hegel. Elle trouve sa finalité dans le dessein de Dieu et l’Histoire du Salut achevée à la Pentecôte de l’an 332. En conséquence, l’essentiel ayant été accompli, la vie religieuse déploie, dans une certaine mesure, son cours dans un contexte ahistorique. Cette remarque préliminaire n’est pas de vaine érudition. En effet, les artisans de la mémoire catholique de la France de Vichy adhèrent à une spiritualité pétrie par une théologie de l’Histoire empruntée à J.-A. Moehler de l’école de Tübingen3. Il importe donc de savoir si celle-ci se nourrit d’une mémoire unique et invariable ou si cette dernière, belle infidèle, se pare d’atours nouveaux au gré des humeurs du temps. En 1970, les fondements de la mémoire catholique à l’égard de la France de Vichy ont été posés depuis des lustres déjà. La crise du catholicisme4 (1968-1990) a fait resurgir un souvenir noir de cette période qui n’a pas cessé d’être peaufiné pendant la période de dénonciation de la « connivence » (1990-1997). 1 Guy BEDOUELLE, L’Histoire de l’Eglise. Science humaine ou théologie ? Paris, Mentha, 1992, 77 p. 2 Henri-Irénée MARROU, Théologie de l’Histoire Paris, Seuil, 1968, p.182 ; Raymond WINLING, La Théologie Contemporaine (1945-1980) Paris, Le Centurion, 1983, p.87 ; Evangelista VILANOVA, Histoire des Théologies Chrétiennes, tome 3, XVIII ème – XX ème siècle Paris, Cerf, 1997, p. 913 3 Jean-Louis CLEMENT, “La notion de « Résistance spirituelle » : une étude de concept à partir des cas français et italien” in Jacqueline SAINCLIVIER et Christian BOUGEARD, La Résistance et les Français. Enjeux stratégiques et environnement social Rennes, P.U.R., 1995, p. 91 1 Dès 1944, la thèse de l’inféodation politique de l’épiscopat français et de son silence pendant la persécution des Juifs avait pris corps dans la revue suisse Nova et Vetera de mars 1944, dans la revue résistante socialiste La France Intérieure du 15 septembre 1944, dans la dépêche de l’Agence France-Presse du 13 septembre 1944 et dans le journal démocrate-chrétien Temps Présent du 29 juin 1945. Le cardinal Suhard avait tenté d’allumer un contre-feu en distribuant aux prêtres du diocèse de Paris un texte daté du 8 septembre 1944 intitulé : Quelques faits et quelques textes (Mémento à l’usage de M.M. les Curés). L’Assemblée des Cardinaux et Archevêques décida de rédiger un ouvrage relatant la vie de l’Eglise catholique en France sous L’Occupation. Mgr Emile Guerry, archevêque-coadjuteur de Cambrai, qui avait déjà publié en octobre 1944 une brochure sur ce thème, fut chargé de son écriture5. La pointe de ce livre est une critique d’un certain anticléricalisme issu des rangs des catholiques résistants. Dans la conclusion, le coadjuteur de Cambrai écrivait à propos de la Résistance : “ En réalité, une révolution politique se préparait, s’organisait dès la clandestinité. Elle devait aboutir non pas seulement à un changement de gouvernement ou de régime, mais à la substitution d’une nouvelle République à l’ancienne, à l’élaboration d’une nouvelle Constitution, à l’établissement de tout un ensemble de réformes politiques et sociales selon un programme commun adopté par divers partis politiques, enfin à la prise du pouvoir.”6 Ces allusions font implicitement références aux questions qui séparaient, avant la guerre, l’aile marchante de la démocratie-chrétienne, gagnées à des idées juridiques inspirées du socialisme utopique, de la hiérarchie catholique7. Le refus épiscopal de se ranger 4 La formule est empruntée au livre de Denis PELLETIER, La Crise Catholique Paris, Payot, 2002, 321 p. 5 Mgr GUERRY, L’Eglise Catholique en France sous l’Occupation Paris, Flammarion, 1947, 379 p. 6 Ce paragraphe résume brièvement cet article : Jean-Louis CLEMENT, “Mgr Emile Guerry, historien ou apologiste ?” in Christian AMALVI (dir.) Une Passion de l’Histoire. Histoire(s), Mémoire(s) et Europe. Hommage à Charles-Olivier Carbonell Toulouse, Privat, 2002, p. 137 à 153 ( la citation : p. 152) 7 Jean-Louis CLEMENT, “Civisme épiscopal, civisme démocrate-chrétien en France 1919-1939“ Revue d’Histoire de l’Eglise n°1, 2003 ( à paraître) 2 aux avis des catholiques de la Résistance en juillet 1942 et en février 1943 avait aggravé le dissentiment8. Cette thèse disparut à la publication du livre de Mgr Guerry dans le contexte de la Guerre Froide. Bien des évêques nommés avant-guerre par Pie XI dirigèrent leur diocèse jusqu’au Concile de Vatican II qui concentra tous les espoirs réels ou illusoires d’une rénovation du catholicisme. Pendant les années soixante, une thèse conciliante fonda la mémoire catholique de Vichy. Elle tient pour une grande part à la volonté de la Cinquième République de se donner une légitimité historique pour étayer l’Etat impartial gaullien. Ce régime, né du pronunciamiento militaire du 13 mai 1958, fut ébranlé par un “quarteron de généraux à la retraite”9 en avril 1961 avant d’essuyer, à la station de métro Charonne, la fronde de la Police Nationale au mois d’octobre 1961. L’apologie de la Résistance devint une nécessité politique. Continuant une politique d’émission de timbres-poste lancée par le gouvernement Guy Mollet pour honorer les héros de la Résistance, le gouvernement Michel Debré sut faire leur place à deux membres du clergé résistants : en 1960, l’abbé René Bonpain (1908-1945) pour le clergé séculier ; en 1961, Mère Elisabeth (1890-1945) pour le clergé régulier10. Il appartint à René Rémond de donner forme à ce « consensus ». Cet ancien président de la Jeunesse Etudiante Chrétienne et ancien vice-président de l’Association Catholique de la Jeunesse Française, fonctions qui, aux yeux d’André Latreille, le qualifie pour rédiger cette étude d’histoire immédiate11, était à l’époque professeur à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris. Il était, en outre, le neveu de l’évêque de Nice, Mgr Paul Rémond, qui décéda en 1963. Il contribua au tome troisième de l’ Histoire du Catholicisme en France. Son interprétation de l’attitude des catholiques durant la guerre se fonde sur une apologétique inspirée de Maurice 8 Jean-Louis CLEMENT, Les Evêques au temps de Vichy Paris, Beauchesne, 1999, p. 163 et p. 220 9 Le Monde 25 avril 1961 repris dans Le Monde du 18 juillet 1986 : discours du général de Gaulle du 24 avril 1961 à 20 heures 10 11 Catalogue Cérès timbres-poste. Edition de 1983, p. 156 et 159 André LATREILLE, Jean-Rémy PALANQUE, Etienne DELARUELLE, René REMOND Histoire du Catholicisme en France tome 3 La période contemporaine Paris, Spes, 1962, p. 7 3 Blondel. C’est la grande époque de « l’enfouissement » du croyant dans les masses. Constatant la division des catholiques sous le régime de Vichy, il écrivait : c’est un “signe qu’au lieu de se conduire en groupe distinct ayant ses intérêts et ses vues propres, les catholiques participent aux grands courants d’opinion publique et sont largement intégrés à la vie nationale.”12 Son analyse de l’attitude politique de l’épiscopat sous le régime de Vichy confirme la thèse du ralliement réservé : “L’épiscopat exprime au Chef de l’Etat sa soumission déférente et recommande aux fidèles une obéissance loyale ; mais il ne le fait dans la plupart des cas que se conformer à la doctrine traditionnelle de l’Eglise sur le pouvoir établi.” L’auteur signale que les catholiques qui se compromettent avec le nouveau régime, sont mieux cotés à l’Hôtel du Parc que dans les évêchés13. A son su ou à son insu, cet historien reprend, en 1962, les conclusions d’un rapport reçu le 8 août 1944 par le Commissaire à l’Intérieur du Gouvernement Provisoire, Emmanuel d’Astier de la Vigerie (1900-1969), intitulé : Note sur l’épuration religieuse. La conclusion en était la suivante : “L’épuration religieuse, si elle doit être entreprise, ne saurait donc jouer en ce qui concerne l’attitude vis-à-vis du maréchal Pétain, si ce n’est à l’égard des prélats qui persisteraient à témoigner, après la Libération, une fidélité posthume à un régime déchu ; en revanche, il y aurait certainement lieu à sanctions à l’encontre de tel ou tel dignitaire de l’Eglise qui aurait, de 1940 à 1944, manifesté publiquement en faveur d’une collaboration dont le Vatican lui-même dénonçait les équivoques. Il est douteux qu’il s’en révèle beaucoup.”14 Toutefois, en 1966, le journaliste Jacques Duquesne se permet de prendre ses distances par rapport à la conclusion de René Rémond. Plus jeune que ce dernier, il fut, comme lui, dirigeant national de la Jeunesse Etudiante Chrétienne. Il fut aussi secrétaire général de l’A.C.J.F. qui traversa une crise liée à l’engagement temporel du militant. Elle la conduisit à sa mort en 195615. Ces querelles laissèrent des traces. 12 A. LATREILLE et alii, Histoire du Catholicisme … op.cit. p. 612 13 A. LATREILLE et alii, Histoire du Catholicisme … op.cit. p. 612 à 614 14 Jean-Louis CLEMENT, “Mgr Emile Guerry, historien ou apologiste ?” … op.cit. p. 138 15 Adrien DANSETTE, Destin du catholicisme français 1926-1956 Paris, Flammarion, 1957, p. 403 et 404 ; Gérard CHOLVY et Yves-Marie HILAIRE, Histoire Religieuse de la France Contemporaine tome 3 Toulouse, Privat, 1988, p.253 4 A l’heure où pouvait enfin se mettre en place l’aggiornamento tant espéré du catholicisme, il était possible d’introduire des remarques cinglantes sur l’attitude politique des évêques. Certes, remarque Jacques Duquesne, la déclaration de l’Assemblée des Cardinaux et Archevêques de juillet 1941 ne se prononce pas sur la question de la légitimité de l’Etat français. Mais il n’en constate pas moins que les évêques, individuellement, font acte d’allégeance au régime. Et de citer des déclarations de Mgr Feltin et de Mgr Guerry, les deux encore en exercice en 1966, sans tenir compte des circonstances précises pendant lesquelles ces propos ont été tenus16. Toutefois, l’accusation de silence à l’égard de la ségrégation des Juifs n’est pas porté contre l’épiscopat17. A cette époque, l’attention est encore fixée sur les « silences de Pie XII »18. Dans les remous provoqués par la crise du catholicisme, une mémoire sévère de l’Eglise catholique sous Vichy refait surface. En effet, après les années troubles suscitées par les événements de mai 1968, l’épiscopat tente, par la suppression officielle du mandat en octobre 1975, de prendre ses distances par rapport à la politisation des mouvements d’Action Catholique des jeunes et des adultes. Lors de l’Assemblée plénière de l’Episcopat à Lourdes à l’automne 1975, le cardinal François Marty donne ce programme à ses confrères : “Il est urgent que l’épiscopat français poursuive avec le sérieux qui convient l’étude de cette question du rapport entre une doctrine marxiste, qui entend promouvoir une libération sans Dieu, et un Evangile, qui propose le salut de Dieu.”19 L’évêque de Dijon, Mgr Albert Decoutray, écrit dans son bulletin diocésain le 21 novembre 1975 : “Certains mouvements apparaissent un peu comme les relais des partis avec une sorte de vague couverture chrétienne. Les 16 Jacques DUQUESNE, Les Catholiques Français sous l’Occupation Paris, Grasset, 1966, p. 53 17 Jacques DUQUESNE, Les Catholiques … op.cit. p. 254 18 Xavier BONIFACE, “Les historiens et le « silence » de Pie XII” Revue Des Deux Mondes, avril 2002, p. 132 à 142 19 cité in Denis PELLETIER, La crise catholique … op.cit. p. 240 5 chrétiens ne voyaient plus toujours l’originalité chrétienne de certains mouvements […] et l’opinion y voyait une « force d’appoint » dans les stratégies politiques.”20 Cette reprise en main doctrinale ne se fit pas sans recours à des comparaisons polémiques avec le cas du catholicisme à l’époque de Vichy. Jean Boulier, prêtre et ancien compagnon de route des communistes, se permit, le premier, un pareil parallèle dans ses mémoires paru en 1977. Lorsqu’il voit, en 1974, les militants de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne entonner, devant un parterre d’évêques médusés et Georges Marchais, secrétaire général du Parti Communiste Français, aux anges, le chant de L’Internationale, le mémorialiste n’évite pas la comparaison avec les aînés de ce même mouvement durant la deuxième guerre : “Contraste saisissant ! Cette même J.O.C. défilait naguère aux accents du cantique : « Maréchal nous voilà ! … » alors que tant de ces pauvres gars partaient allégrement pour le STO encouragés par les évêques.”21 Ce témoignage allait dans le sens de l’absence de discernement politique de la hiérarchie catholique. Il ne fit pas l’objet d’une critique négative à l’heure où tant de catholiques vibraient aux accents du Programme Commun de Gouvernement de l’Union de la Gauche. En 1979, le père Gaston Fessard publiait un essai reprenant le plan du fameux cahier clandestin de 1941 qui mettait en évidence la logique du proxénète : séduire, compromettre, détruire. Le titre même était un décalque de celui de la guerre : Eglise de France prends garde de perdre la Foi !22 Le jésuite établissait le constat d’un risque de perversion du catholicisme par le marxisme aussi grave que la perversion par le nazisme en 1941. Toutefois, dans son parallèle, il ne dédouanait pas l’épiscopat de son aveuglement tant en 1941 qu’en 1977. Il écrivait : “En 1941, le danger naissait de la « vénération » pour le maréchal qui dispensait l’Episcopat de toute analyse, tant soit peu fine, de sa « légitimité » comme de son « pouvoir », également évanescents. En 1977, le risque de contamination et de 20 cité in Ludovic LALOUX, Passion, Tourment ou Espérance ? Histoire de l’apostolat des laïcs, en France, depuis Vatican II Préface de Philippe Levillain Paris, FrançoisXavier de Guibert, 2002, p. 258 21 Jean BOULIER, J’étais un prêtre rouge : souvenirs et témoignages Paris, Editions de l’Athanor, 1977, p. 76 et 77 22 Gaston FESSARD, Eglise de France prends garde de perdre la Foi ! Paris, Julliard, 1979, 316 p. 6 perversion par le marxisme naît au contraire de la base, de la « classe ouvrière » qui, s’estimant Esclave, aspire à devenir Prince au moyen d’une « lutte de classe » dont l’Episcopat reconnaît la « légitimité », notamment à la suite de la CE23 du Monde ouvrier, sans un souci suffisamment efficace et du « principe » et de la « fin » qui inspirent ce moyen.”24 Non seulement Gaston Fessard durcissait à l’égard de l’épiscopat son jugement par rapport à celui qu’il avait formé entre 1940 et 194425 mais encore il ignorait dans cet essai la suppression du mandat, fondement pastoral de l’Action catholique spécialisée depuis Pie XI. En se dégageant des mouvements dont les orientations politiques pouvaient nuire à l’annonce de la Foi, l’épiscopat retrouvait sa liberté de parole26. Les catholiques de progrès reçurent fort mal la décision et le message implicite que contenaient et l’abrogation du mandat et le livre du père Fessard. Consacrant deux articles à célébrer la mémoire de celui qui fut un de ses fondateurs, Témoignage Chrétien, dans ses parutions des 9 et 16 novembre 1979, minimisa la valeur et la portée de cette œuvre qui se limitait “à tirer des conséquences de principes”. Le droit de réponse que sollicita Henri de Lubac pour défendre la mémoire et la pensée de son ami fut refusé par la rédaction du journal27. L’inféodation au régime de Vichy ne jouait qu’au détriment des évêques. Le drame se noua le jour où l’archevêque de Marseille, Roger Etchegaray, qui présidait la Conférence des Evêques de France, dénonça, par une allusion à la France de Vichy, la compromission de la JOC avec le marxisme : “JOC, prends garde de perdre ton âme ! Eglise, prends garde de perdre la JOC !”28 23 sigle qui signifie : Commission Episcopale 24 Gaston FESSARD, Eglise de France … op.cit. p.29 25 Jean CHAUNU, “Gaston Fessard : une conscience combattante. A propos de la réédition du « Journal de la Conscience Française” Liberté Politique n°17 automne 2001, p. 123 à 139 26 Denis PELLETIER, La crise … op.cit. p. 240 et 242 27 Henri de LUBAC, Mémoire sur l’occasion de mes écrits Namur, Culture et Vérité, 1989, p. 391 à 394 28 La Documentation Catholique, n°1743, 1er juin 1978, p. 520 et 521 7 En improvisant librement sur le titre du premier cahier clandestin du Témoignage Chrétien, le prélat s’attira les foudres de Georges Montaron. Le directeur de l’hebdomadaire des chrétiens de gauche tança vertement l’impudent qui s’opposait, par une formule jugée blasphématoire, à “l’option socialiste à référence marxiste”29. Par voie de conséquence, l’historiographie minimisa les mémoires de guerre du cardinal de Lubac qui se montrait compréhensif à l’égard de l’épiscopat. Pendant l’Occupation, il avait été un conseiller écouté de Mgr Gerlier. Son témoignage cautionnait aussi le livre écrit par Mgr Guerry en 194730. Au moyen de ce dernier mémoire, il adoucissait les jugements portés par son ami Gaston Fessard à l’encontre de l’épiscopat. Le recours à l’histoire de l’attitude des évêques au temps de Vichy devenait un moyen de pression pour mieux souligner le manque de discernement politique de la hiérarchie. Renée Bédarida est à la fois une ancienne militante du réseau clandestin Témoignage Chrétien et l’historienne de ce mouvement. Son livre paraît en 1977. Catholique sensible aux engagements temporels du croyant, elle dresse un tableau négatif de l’attitude politique des évêques dès les premières pages de son livre31 et elle conduit son lecteur à penser que les protestations épiscopales dénonçant la ségrégation raciale en août et septembre 1942 pourraient être le fruit de l’action clandestine de son mouvement de Résistance spirituelle32. L’année d’après, André Latreille, historien de l’époque napoléonienne et directeur des Cultes au ministère de l’Intérieur du mois de novembre 1944 au mois d’août 1945, se présente comme l’homme qui a voulu, dès le mois de décembre 1940, mettre en garde l’épiscopat du danger que représentait un ralliement trop empressé au gouvernement du Maréchal33. Il se pose comme un temporisateur dans la question de l’épuration de l’épiscopat, en omettant de dire que la politique suivi par le G.P.R.F. depuis le 9 29 Témoignage Chrétien, 18 mai 1978 30 Henri de LUBAC, Résistance chrétienne à l’antisémitisme. Souvenirs 1940-1944 Paris, Fayard, 1988, p. 135 à 137 31 Renée BEDARIDA, Les armes de l’Esprit. Témoignage Chrétien (1941-1944) Paris, Les Editions Ouvrières, 1977, p. 14 et 15 32 33 Renée BEDARIDA, Les armes de l’Esprit … op.cit. p. 124 André LATREILLE, De Gaulle, la Libération et l’Eglise catholique. Préface par Hubert Beuve-Méry Paris, Cerf, collection Rencontres n°7, 1978, p. 14 8 septembre 1944 était plus drastique que celle ébauchée par le gouvernement précédent qui siégeait à Alger34. Ces arguments historiques cachent le mal-être des mouvements d’Action Catholique qui ont le sentiment d’être répudiés par la hiérarchie depuis l’abolition du mandat même si la Conférence des Evêques de France continue de leur attribuer annuellement des subventions35. Ils n’ont de cesse de demander une reconnaissance à la hiérarchie catholique. Ils adhèrent à cette vision du catholicisme sous le régime de Vichy pour mieux faire pression sur les prélats peu ou mal informés sur les faits et gestes de leurs prédécesseurs. En 1986, le cardinal Decourtray, archevêque de Lyon, posait directement la question à la réunion annuelle de l’Assemblée plénière de l’Episcopat : “[…] beaucoup de laïcs demandent et demandent avec une insistance accrue à être « reconnus » ou plus « reconnus » […] L’hypothèse qui nous est venue est la suivante : cette insistance et disons même ce malentendu, ne viendrait-il pas de ce que la question du « pouvoir » est plus ou moins occultée ? Quelqu’un a fait remarquer que le mot n’avait pas été prononcé. En aurions-nous peur ? Si oui, cela veut dire qu’il nous faut dans les mois qui viennent et jusqu’au Synode prendre à bras-le-corps cette question : quel est le sens du « pouvoir » dans l’Eglise du Christ ? De quel « pouvoir » s’agit-il selon la vérité de l’Evangile compris dans l’Eglise ? Comment est-il mis en œuvre ?”36 En effet, depuis la Libération, la sensibilité démocrate-chrétienne, laquelle s’est diffractée d’ailleurs en différentes nuances – du C.D.S au P.S. en passant par le P.C.F. et l’U.D.R. –, entend être la voix politique du catholicisme français. Elle semble même avoir espéré, à l’origine, “l’approbation de l’autorité religieuse” tout en désirant “néanmoins conserver leur indépendance et leur pleine liberté d’action”37. Ce privilège lui fut refusé par l’Assemblée des Cardinaux et Archevêques du 28 février 1945. Par ailleurs, cette dernière mettait “en garde les dirigeants des 34 Jean-Louis CLEMENT, “Mgr Guerry, historien ou apologiste ?” op.cit. p. 139 35 Ludovic LALOUX, Passion, … op.cit. p. 103 à 132 36 cité in Ludovic LALOUX, Passion, … op.cit. p. 269. C’est le cardinal qui souligne. 37 Archives Nationales, F7 15292, Direction Générale de la Sûreté Nationale. Direction des Renseignements Généraux « Vers la création d’un grand parti catholique national ? » Paris 18 avril 1945 9 mouvements de jeunesse catholique contre cette assimilation et insistait sur l’indépendance nécessaire qu’ils doivent conserver, afin d’éviter qu’une nuance politique se joigne indissolublement à l’activité catholique.”38 L’intrusion de la politique avait bien eu lieu dans les mouvements avec les conséquences qui ont été évoquées précédemment. Dans les années 1980, l’Action Catholique connaît la concurrence d’autres mouvements de laïques qui se veulent dans la logique de la nouvelle évangélisation de Jean-Paul II comme le mouvement Jeunes Chrétiens Services créé le 15 août 198839 ou les différentes communautés charismatiques. L’hebdomadaire Famille Chrétienne, fondé en 1978, a une orientation éditoriale aux antipodes de son concurrent La Vie. Cette rédaction ne privilégie pas l’engagement temporel et encore moins l’option socialiste. Elle se veut spirituelle et en dehors d’une tradition historique quelconque du catholicisme français. De formation philosophique, ayant poursuivi des études à l’Institut de Philosophie Comparée créé par Marcel Clément qui fut le rédacteur en chef du journal conservateur L’Homme Nouveau, ils sont en dehors de la logique de l’Action Catholique telle qu’elle a évolué depuis 195040. En guise de réponse à ce débat, la hiérarchie catholique, par la plume du cardinal Paul Gouyon, réactivait la cause de Marcel Callo, militant jociste mort pour sa foi en accomplissant le Service du Travail Obligatoire en Thuringe. Le futur Bienheureux est présenté comme un authentique militant d’Action catholique formé et éduqué par l’Eglise au moyen de ses mouvements de jeunes. Et le prélat de souligner que l’ouvrier rennais n’avait jamais confondu l’apostolat avec l’action sociale ou politique41. Par voie de conséquence, les catholiques de sensibilité démocrateschrétiennes s’activèrent pour introduire les enquêtes préliminaires à l’ouverture des procès en canonisation de Robert Schuman et Edmond Michelet. Ce fut chose faite à l’automne 1989. Toutefois, des historiens se sont posés la question de la valeur de ces canonisations futures. Jean-Dominique Durand l’a exprimé en 1998 : “Ne risque38 Archives Nationales, F7 15292, note du service des Renseignements Généraux du 19 février 1945 annotée XP 23/M.R 39 Ludovic LALOUX, Passion, … op.cit. p. 284 40 Tel est le cas de Philippe Oswald, rédacteur en chef de Famille Chrétienne 41 Cardinal Paul GOUYON, Marcel Callo, témoin d’une génération Paris, Editions SOS, 1981, p. 6 et 82 10 t-on pas en effet de béatifier un parti politique ? En l’occurrence la démocratie chrétienne ?”42 Après la chute du Mur de Berlin le 9 novembre 1989 et les « Révolutions de velours » qui engloutirent les démocraties populaires dans le sillage de l’abandon de la théorie de la « souveraineté limitée des Etats » annoncé par Michael Gorbatchev devant l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe le 6 juillet 1989, la mémoire catholique sur Vichy connaît un nouvel éclairage dans un contexte où l’Etat français apparaît comme ne formant qu’ « un seul bloc ». D’une part, le 24 mai 1989, l’ancien chef de la Milice française de la région lyonnaise est arrêté dans un prieuré intégriste. Il apparaît assez vite que des ecclésiastiques ont aidé Paul Touvier à se soustraire à la justice pendant plus de quarante ans. Pour ce motif, le cardinal Decourtray constitue, le 29 juin 1989, une commission d’enquête dont la présidence est confiée à René Rémond43. D’autre part, le Primat des Gaules confesse, le 2 janvier 1990, au journaliste du Figaro, Jean Bourdarias, un certain compagnonnage catholique avec les communistes : “Le reproche qu’on peut faire aux pasteurs qui se situaient dans une perspective essentiellement missionnaire, c’est qu’ils n’ont pas été suffisamment sensibles à certains dangers. Dans le souci de maintenir la communion avec les plus engagés, on s’est laissé entraîner à une certaine connivence.”44 Les catholiques de sensibilité socialiste se sentirent ostracisés. L’hebdomadaire Témoignage Chrétien prit fait et cause pour l’Action Catholique Ouvrière. Celle-ci rencontra l’archevêque de Lyon qui eut le sentiment de se “trouver devant un tribunal populaire”45. Enfin, le 1er mai 1991, Jean-Paul II publie l’encyclique Centessimus Annus pour célébrer le centenaire de l’encyclique Rerum Novarum. Son enseignement replace la 42 Jean-Dominique DURAND, “Sainteté et politique. Une médiation possible ?” in Gérard CHOLVY (dir) La Sainteté 7ème Université d’été d’Histoire religieuse. SaintDidier (Vaucluse) 9-12 juillet 1998 Montpellier, Centre Régional d’Histoire des Mentalités Université Paul-Valéry, 1999, p.305 43 René REMOND et alii, Paul Touvier et l’Eglise Paris, Fayard, 1992, p. 14 et 15 44 cité in Ludovic LALOUX, Passion, … op.cit. p. 90 45 ibidem p.91 11 personne humaine au cœur de l’économie qui est au service de son épanouissement. Il rappelle que : “[…] le profit n’est pas le seul indicateur de l’état de l’entreprise. Il peut arriver que les comptes économiques soient satisfaisants et qu’en même temps les hommes qui constituent le patrimoine le plus précieux de l’entreprise soient humiliés et offensés dans leur dignité.”46 Libéraux, démocrates-chrétiens et catholiques proches du socialisme scellèrent objectivement une Sainte Alliance pour noircir la mémoire catholique de Vichy. Dans la libérale Revue Des Deux Mondes47, Jean-luc Barré, qui préparait une biographie de Jacques Maritain48, publiait un rapport attribué à tort au Père Henri de Lubac49 dénonçant l’inféodation de l’épiscopat français au régime de Vichy. Il aurait souffert “d’une grave carence au point de vue de la doctrine” et il aurait connu “une défaillance dans [le] sentiment de l’universalité de l’Eglise et de l’unité de l’épiscopat”50. Le rapport Touvier concluait, au mois de janvier 1992, sur l’incapacité des ecclésiastiques à jauger correctement une situation politique, à préférer la justice de Dieu à celle des hommes même si le rapport constate une absence de connivence entre la hiérarchie et la Milice au temps de l’Occupation51. En ce même mois de janvier 1992, paraissaient les actes du colloque international du C.N.R.S. organisé par l’Institut d’Histoire du Temps Présent entre le 11 et le 13 juin 199052. Il est intéressant de voir repris dans la communication de Renée Bédarida consacrée à l’attitude de la hiérarchie catholique des arguments déjà contenu dans le rapport attribué à Henri de Lubac : désintérêt pour le conflit mondial, repli sur les affaires de 46 Lettre encyclique « Centessimus Annus » du Souverain pontife Jean-Paul II. Edition du journal La Croix paragraphe 35 47 Revue Des Deux Mondes février 1992 p. 67 à 82 48 Jean-Luc BARRE, Jacques et Raïssa Maritain : les mendiants du ciel Paris, Stock, 1995, 657 p. 49 Jacques PREVOTAT, “Les évêques sous l’Occupation : un démenti du cardinal de Lubac” Communio, tome 17, 5-n° 103, septembre-octobre 1992, p. 126 à 132 50 Revue Des Deux Mondes … op.cit. p. 72 et 76 51 René REMOND et alii, Paul Touvier … op.cit. p. 92 et 93 ; 327 et 328 52 Jean-Pierre AZEMA et François BEDARIDA ( dir.), Vichy et les Français Paris, Fayard, 1992, 788 p. 12 l’Eglise de France53. Un argument nouveau est avancé : le silence gardé sur le drame des Juifs54. Une campagne de presse accompagne la résurgence de la thèse de la Libération à laquelle l’Assemblée des Cardinaux et Archevêques avait jugé utile de répondre par la plume de Mgr Guerry55. Cette interprétation du passé élaborée dans les feux et les passions de la Libération, sert de socle à la repentance de Drancy du 30 septembre 1997. Elle y trouve une consécration officielle. Elle fut annoncée par Mgr Olivier de Berranger, évêque de Saint-Denis, qui se fondait sur la lettre apostolique de Jean-Paul II Tertio millenio adveniente du 10 novembre 1994. Prêtre de la Congrégation du Prado fondée par Antoine Chevrier, cet évêque fut très proche de l’Action Catholique spécialisée. Il se fit le biographe de Mgr Alfred Ancel qui laissa les mouvements d’apostolat mandatés s’associer avec des formations politiques de gauche56. La connaissance historique occupe une grande place dans ses valeurs intellectuelles. Il avance que le texte lu par les évêques à Drancy “assume une lecture scientifique de l’histoire …” qu’il “a pour originalité de prendre en compte une analyse scientifique de l’histoire qui manque à la plupart des fidèles qui réagissent”57. Cette science historique lui a été apportée par François et Renée Bédarida58, ceux-là même qui ravivent la thèse de la Libération et qui appartiennent au groupe des historiens du fait religieux au sujet desquels Claude Langlois pouvait écrire : “ Certains universitaires, et des plus éminents, ne revendiquent-ils pas ouvertement de mobiliser leur compétence au service du modèle ecclésial qu’ils souhaitent voir triompher ?”59. L’évêque de SaintDenis confirme a posteriori ce fait en justifiant la repentance par une théologie 53 Renée BEDARIDA, “ La hiérarchie catholique ” in Jean-Pierre AZEMA et François BEDARIDA, Vichy et les Français … op.cit. p. 446 et 447 54 55 Renée BEDARIDA,“La hiérarchie catholique …” op.cit. p. 444 et 446 François et Renée BEDARIDA, “L’Eglise catholique sous Vichy : une mémoire trouble” Esprit, mai 1992, p. 52 à 66 ; Le Monde 17 mars 1994 (supplément) 56 Olivier de BERRANGER, Alfred Ancel (1898-1984) : un homme pour l’Evangile Paris, Le Centurion, 1988, 495 p. 57 La Nef, n° 77, novembre 1997, p. 20. Mots soulignés par l’auteur de cet article. 58 Libération, mardi 30 septembre 1997, p.13 59 Claude LANGLOIS, article « Religion » in André BURGUIERE, Dictionnaire des Sciences Historiques Paris, P.U.F., 1986, p. 576 13 historique empruntée à J.-A. Moehler dans laquelle “l’Idée d’Eglise reste l’explication et la justification de l’Histoire, le Saint-Esprit est le dernier fondement surnaturel du rapport entre l’idée et l’Histoire”60. Mgr de Berranger écrit : “Une nouvelle lecture de l’histoire s’impose après le Concile. Elle n’est pas purement factuelle et ne s’intéresse pas seulement au passé comme passé. Elle exige rigueur et honnêteté intellectuelle, comme toute œuvre scientifique. Mais elle doit aussi prendre une densité d’ordre spirituel pour devenir cette authentique memoria futuri appelée par le Document du Saint-Siège pour les Rapports religieux avec le judaïsme.”61. L’adhésion du cardinal-archevêque de Paris à ce projet de repentance mérite attention. En 1987, sont publiés les entretiens qui avaient servi à l’émission télévisée qui lui fut consacrée. Jean-Marie Lustiger dit que, dans un pays aussi profondément marquée par l’antisémitisme, “la réaction moyenne des catholiques croyants, du clergé, et des évêques, a été digne et plutôt positive.” Et de reconnaître la validité des protestations de l’épiscopat auprès du maréchal Pétain en 1941. Il reconnaît avoir lui-même bénéficié des réseaux de sauvetage catholiques pendant l’Occupation62. A quoi tient ce revirement ? Probablement à une connaissance très médiocre de l’histoire contemporaine par le haut clergé et plus sûrement par le désir de ne pas contrister l’aile gauche de la catholicité plus influente par ses réseaux que par le nombre de ses militants63. Cette mouvance œuvre en faveur de l’engagement temporel et la réconciliation entre l’Eglise et la société moderne toute tournée vers des valeurs matérielles. A la fin du XIXème siècle naissait une « mémoire » de la Réforme qui était promue mère de la démocratie par les Républicains. Emile Ollivier, dans son commentaire de l’encyclique sur la Constitution Chrétienne des Etats, réfuta cette thèse qui ne 60 Pierre CHAILLET, “Introduction : Jean-Adam Moehler historien et théologien de l’Eglise” in J.-A. Moehler, l’Unité dans l’Eglise ou le principe du catholicisme d’après l’esprit des Pères des trois premiers siècles de l’Eglise Paris, Cerf, 1938, p. XXVI 61 Mgr Olivier de BERRANGER, “Face à la Shoah : la repentance de l’Eglise catholique” Unité Chrétienne, n° 137, février 2000, p. 24 62 Jean-Marie LUSTIGER, Le choix de Dieu. Entretiens avec Jean-Louis Missika et Dominique Wolton Paris, Editions de Fallois, 1987, p. 103 et 104 63 Ludovic LALOUX, Passion, … op.cit. p. 103 et sq 14 pouvait que “rendre la liberté politique odieuse aux catholiques”64. Avant même que Georges Sorel n’ait théorisé son idée du mythe et son usage révolutionnaire65, la pratique était là. A la fin du XXème siècle, naît une « mémoire » catholique de la France de Vichy qui ne peut que rendre suspect l’enseignement social des évêques puisque leurs prédécesseurs y sont dépeints comme dénués de sens politique. Les protestations qui se sont faites entendre au lendemain de l’acte public de Drancy montrent, s’il en était besoin, que tout le monde n’adhérait pas à cette vision de l’Histoire66. La publication du motu proprio « Apostulos Suos » de Jean-Paul II du 21 mai 1998 qui fixe les règles canoniques présidant aux destinées d’une conférence nationale et l’obligation de l’unanimité dans la publication d’une déclaration, rend caduque la déclaration de Drancy signée par une minorité des membres de la Conférence Episcopale : “Mais si cette unanimité n’a pas été obtenue, la seule majorité des Evêques d’une Conférence ne peut publier une éventuelle déclaration comme magistère authentique de cette Conférence, auquel devrait adhérer tous les fidèles du territoire, à moins qu’elle n’ait obtenu la reconnaissance (recognitio) du Siège Apostolique, qui ne la donnera pas si cette majorité n’est pas qualifiée.”67 64 Emile OLLIVIER, Commentaire de l’Encyclique de Léon XIII sur la Constitution Chrétienne des Etats (Immortale Dei) – Appendice au Manuel de Droit Ecclésiastique Paris, Garnier Frères, s.d. p. 115 et 116 65 Georges SOREL, Réflexions sur la Violence. Préface de Jacques Julliard Paris, Seuil, 1990, p. 119 (première édition : 1908) “Il importe fort peu de savoir ce que les mythes renferment de détails à apparaître vraiment sur le plan de l’histoire future […] Il faut juger les mythes comme des moyens d’agir sur le présent […]“ 66 Le Pèlerin Magazine n°5993, 10 octobre 1997, p. 28 67 http://www.vatican.va Jean-Paul II Motu Proprio « Apostulos Suos » 21 mai 1998 paragraphe 22 15