Entre savoir-faire artisanal et haute technologie
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Entre savoir-faire artisanal et haute technologie
entreprise menuiserie Modernisation Entre savoir-faire artisanal et haute technologie © Érice Boizet pour l’inrs Loin du cliché du petit atelier poussiéreux de menuiserie artisanale, l’entreprise Barale s’est positionnée sur la menuiserie-ébénisterie haut de gamme en misant sur des équipements sophistiqués et la prévention. Un investissement lourd, mais rentable : les clients sont satisfaits et les salariés travaillent en sécurité. L e bureau de Franck Barale, à Mandelieu-La Napoule, dans les AlpesMaritimes, ressemble à un musée. Dans des armoires vitrées en bois massif, sont exposées des centaines de vieux outils de menuisier. « Je passe beaucoup de temps à chiner dans les brocantes », reconnait, amusé, ce chef d’entreprise menuisier-ébéniste de père en fils. Pourtant, il suffit de regarder son atelier situé juste en dessous pour constater que nous sommes bien au XXIe siècle : les machines les plus sophistiquées ont été installées. « C’est un atelier exemplaire, souligne Laurent 38 Travail & Sécurité – Septembre 2011 Au fil des ans, toutes les machines ont été changées. La plupart des tâches ont ainsi été automatisées. Cammal, contrôleur de sécurité à la Carsat Sud-Est, tant au niveau des équipements que de l’organisation. Nous avons signé avec l’entreprise en 2005 un contrat de prévention sur trois ans. » Depuis, de nombreux aménagements ont été réalisés afin de lutter contre les trois risques majeurs : manutentions manuelles, poussières de bois et solvants. Au fil des ans, toutes les machines ont été changées : plaqueuse de chants, scie à plat à commande numérique, centre d’usinage à commande numérique avec tapis de sécurité… La plupart des tâches ont ainsi été automatisées. « Regardez ce plateau TV : il faut 3 minutes pour programmer la machine et moins de 2 minutes pour la découpe. à la main, il nous faudrait deux à trois heures », explique Franck Barale. Une potence articulée a également été installée afin de transporter facilement les panneaux de bois sur les tables à billes. « Grâce aux machines, on force beaucoup moins et on gagne du temps », résume Nicolas Reilhes, menuisier, dans l’atelier depuis 2004. Réseau d’aspiration Les poussières de bois n’ont pas été oubliées. « Il existe deux sources de pollution, explique Laurent Cammal, la découpe principale et les finitions. » Un réseau principal d’aspiration aux postes de découpe et un réseau secondaire pour l’ensemble des outils électroportatifs ont été installés afin de capter ces poussières, ainsi que celle de médium, ce matériau de plus en plus utilisé à la place du bois massif. « Le médium contient des produits dangereux : du bois compressé, des colles… explique Laurent Cammal. Mais quels sont les effets sur la santé en cas d’exposition longue ? Aujourd’hui, on ne sait pas. » Les opérations de peinture et Menuiserie Barale Frères en bref • Activité : menuiserieébénisterie sur mesure (fenêtres, dressings, cuisines, salles de bain…). • Date de création : 1965. • Effectif : 17 salariés. • Surface : 900 m². • Clientèle : essentiellement étrangère (Russie, GrandeBretagne, Suisse, MoyenOrient…). de pose de vernis sont, quant à elles, réalisées dans un local dédié. « Nous avons aménagé une cabine de peinture avec aspiration à flux horizontal, un local de séchage à part, indique Franck Barale, ainsi qu’un box de préparation des peintures avec un système de lavage automatique des pistolets. » Le confort général des salariés a également fait l’objet d’investissements. Un générateur d’air chaud a été installé à l’extérieur de l’atelier afin de chauffer celui-ci en hiver, grâce aux déchets de bois récoltés. Le bruit, en revanche, est assez présent, même si le local est peu réverbérant. Les protections auditives sont donc indispensables. « En quatre ans, j’ai investi entre 600 000 et 700 000 euros, conclut Franck Barale. Mais je ne regrette rien car maintenant on travaille beaucoup plus vite et c’est beaucoup mieux fait. Travailler à l’ancienne, ce n’est pas rentable. » 1. La Carsat Sud-Est a remis à l’entreprise Barale, lors du salon Préventica à Marseille en mars 2010, un Bouclier d’or de la prévention. Jérôme Lemarié