Les transformateurs de distribution efficaces
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Les transformateurs de distribution efficaces
IEPF-FichePrisme-Transformateurs 07/10/04 08:36 Page 1 Les transformateurs de distribution efficaces Problématique Thématique: Les technologies à haute performance énergétique F i c h e t e c h n i q u e P R I S M E nº 5 Les transformateurs sont des équipements à relativement haute efficacité.Toutefois, en raison de leur fonctionnement continu et de leur longue durée de vie, une légère augmentation en efficacité peut se traduire par d’importantes économies au fil des ans. Ainsi, le coût supplémentaire des transformateurs « à haute efficacité » – des transformateurs conçus en portant une attention particulière à la réduction des pertes énergétiques – pourra être remboursé facilement au cours de la durée de vie utile des transformateurs. De nombreuses entreprises peuvent ainsi réduire leurs dépenses en optant pour des transformateurs à haute efficacité, et si les gestionnaires tenaient systématiquement compte du calcul des coûts de durée de vie en achetant un transformateur, leur entreprise pourrait réaliser d’importantes économies d’énergie et améliorer sa performance environnementale. Les transformateurs à haute efficacité existent déjà depuis des décennies, et cette technologie a déjà été éprouvée. Les normes classifient les transformateurs selon des catégories d’efficacité, ce qui simplifie le choix du transformateur adéquat selon l’utilisation voulue. Ainsi, on peut dire qu’il existe un type de transformateur optimal pour chaque site industriel. La présente fiche, en présentant les caractéristiques des différents types de transformateurs, notamment leurs caractéristiques du point de vue des pertes énergétiques associées, vise à encourager et faciliter le choix des transformateurs efficaces. Principes de base Les transformateurs constituent une partie essentielle du réseau d’approvisionnement en électricité, car ils permettent de convertir l'énergie électrique d'une certaine tension à une autre. Il existe deux types de transformateurs, présentés ciaprès, à savoir les transformateurs refroidis à l’huile et les transformateurs refroidis à l’air. Le réseau d’approvisionnement en électricité Une fois l’électricité générée par les grosses centrales, celleci doit être transportée jusqu’aux régions où elle sera consommée. Ce transport d’électricité étant plus efficace à haute tension, les transformateurs convertissent en tensions de 270 kV à 400 kV, l’énergie électrique générée à des tensions de 10 à 20 kV. Ensuite, étant donné que la plupart des installations électriques fonctionnent à de plus basses tensions, il est nécessaire de convertir la haute tension des lignes de transport électrique en niveaux de tensions plus bas. La première phase de transformation consiste donc à convertir l’électricité à une tension de 110 à 150 kV. C’est souvent le niveau auquel les compagnies de production d’électricité vendent l’électricité aux compagnies de distribution locales. C’est aussi à ce niveau que l’électricité est fournie aux clients industriels importants, les usines chimiques ou les aciéries, par exemple. Les compagnies de distribution locales et les principales usines transforment ensuite une partie de l’électricité, jusqu’à ce que la tension soit abaissée au niveau de tension du réseau national de consommation (400 / 230 V en Europe). Ainsi, l’électricité passe par une moyenne de quatre phases de transformation avant d’être consommée. Ce réseau d’approvisionnement exige un grand nombre de transformateurs de différentes classes et capacités, offrant une grande gamme de tensions de fonctionnement. Outre leurs différentes tensions de service, les transformateurs se caractérisent aussi par leur capacité, c’est-à-dire la quantité d’électricité maximale qu’ils peuvent traiter, exprimée en volts-ampères (VA). Les gros transformateurs pour hautes tensions s’appellent des « transformateurs système ». La dernière phase de transformation de l’électricité à la tension du réseau de consommation est effectuée par un « transformateur de distribution » (voir figure 1), désigné ainsi qu’il soit exploité par une compagnie publique de distribution d’électricité ou au sein d’un réseau industriel privé. Figure 1 : Transformateur de distribution (lignes ferroviaires) IEPF-FichePrisme-Transformateurs 07/10/04 08:36 Page 2 Les transformateurs de distribution efficaces Le principe de fonctionnement Un transformateur de distribution comporte généralement un noyau de fer, auquel sont rattachées des tiges, chacune correspondant à l’une des trois phases de transformation (voir figure 2). Figure 2 : Schéma de l’intérieur d’un transformateur de distribution Spires basse tension (400/230V) Noyau de fer Spires haute tension (10 kV) Séparateur Insulating Separator isolant Thématique: Les technologies à haute performance énergétique F i c h e t e c h n i q u e P R I S M E nº 5 Deux bobines sont enroulées autour de chaque tige : une bobine comporte plusieurs spires qui sont reliées au réseau à haute tension, l’autre bobine comporte moins de spires, reliées à la tension plus basse. Les deux spires sont séparées par un matériau isolant. La différence de potentiel dans l’une des bobines crée un champ magnétique dans le noyau de fer, et ce champ magnétique crée un courant électrique dans l’autre bobine. La différence de tension entre les deux bobines est déterminée par la différence du nombre de spires. 2 Transformateurs immergés ou secs ? L’une des principales façons de classer les transformateurs de distribution est de les répartir selon leur technique de refroidissement. La plupart des transformateurs sont placés dans une citerne remplie d’huile. L’huile refroidit les bobines et sert en même temps d’isolant électrique. Autrefois, l’huile de BPC était l’une des huiles isolantes les plus courantes à utiliser pour les transformateurs, grâce à sa grande résistance au feu et à ses excellentes qualités électriques. Toutefois, les BPC ne se décomposent pas facilement; ils peuvent donc s’accumuler dans la chaîne alimentaire et représenter ainsi un danger pour la santé publique. Par ailleurs, les émissions dégagées lorsqu’on brûle des BPC peuvent contenir des dioxines. Par conséquent, la plupart des pays ont imposé un programme visant à mettre hors service tous les transformateurs remplis avec des BPC. Aujourd’hui, presque toutes les huiles isolantes à base de BPC ont été remplacées par de l’huile minérale ou de l’huile de silicone. Les transformateurs refroidis à l’huile sont les plus efficaces,mais ils sont interdits dans les environnements à risque d’incendie élevé. Dans ces endroits, on utilise plutôt des transformateurs refroidis à l’air (ou «transformateurs secs»). Le refroidissement à air peut se combiner à une résine époxyde ou à du papier vernissé pour assurer l’isolation électrique. Si un transformateur sec est placé dans un bâtiment, la chaleur qu’il produit doit être évacuée à l’extérieur, donc, outre le refroidissement « naturel » effectuée par l’huile ou par l’air, il exige un refroidissement actif forcé, au moyen d’un ventilateur, par exemple. Réseaux publics ou industriels Il existe des différences importantes entre les transformateurs de distribution des réseaux de distribution locaux et publics, et ceux des réseaux industriels privés: – Les transformateurs industriels ont une plus grande capacité, d’habitude 1 000 à 4 000 kVA, alors que les transformateurs publics ont une capacité comprise entre 50 et 1000 kVA. – En général, la charge moyenne d’un transformateur industriel est plus élevée que celle d’un transformateur dans un réseau de distribution. – Dans l’industrie, les transformateurs secs sont beaucoup plus répandus que chez les compagnies de distribution publiques. – Dans l’industrie, il est assez fréquent de relever des niveaux élevés de pollution harmonique dans le réseau (voir section suivante). – Le parc de transformateurs de l’industrie est un peu plus jeune. Problèmes observés et solutions techniques Les transformateurs sont des appareils relativement efficaces par rapport à d’autres équipements électriques, ce qui ne signifie toutefois pas que les pertes occasionnées sont négligeables. Les transformateurs à haute efficacité permettent de diminuer ces pertes afin d’atteindre un optimum économique. Types de pertes Un transformateur peut occasionner les types de pertes d’énergie suivants: – Perte à vide (aussi appelée perte par le fer, ou perte par le noyau): Provoquée par un courant magnétisant dans le noyau. Cette perte est toujours présente lorsque le transformateur est connecté, mais elle demeure indépendante de la charge. Il peut s’agir d’une perte d’énergie constante – et donc importante. – Perte en charge (ou perte par le cuivre, perte par courtcircuit) : Provoquée par la perte en résistance dans les spires et les raccordements, ainsi que par les courants de Foucault dans la structure métallique et les spires. Elle varie en fonction du carré du courant de charge. – Perte due au refroidissement (seulement pour les transformateurs refroidis par ventilateur): Provoquée par la consommation d’énergie du ventilateur. Plus les autres IEPF-FichePrisme-Transformateurs 07/10/04 08:36 Page 3 Les transformateurs de distribution efficaces Les charges non linéaires du réseau, telles que les différentes vitesses des systèmes à moteur, les ordinateurs et les systèmes d'alimentation non interruptible (UPS), provoquent des harmoniques dans le réseau: il s’agit de petits courants, dont la fréquence est un multiple de la fréquence principale. Les harmoniques ont deux impacts négatifs sur les transformateurs : d'une part, ils augmentent la perte en charge, d'autre part, ils augmentent la température des spires et de la structure métallique, réduisant la durée de vie du transformateur Les répercussions concrètes des courants harmoniques dépendent en grande partie de leur fréquence, de la conception et de la charge du transformateur. Les pertes provoquées par les harmoniques augmentent de façon plus que proportionnelle avec l’augmentation de la charge. Par conséquent, dans un transformateur très chargé, les harmoniques peuvent provoquer une perte tellement importante que la température devient trop élevée à certains endroits dans les spires. Cela peut nettement réduire la durée de vie d’un transformateur, et peut même causer des dommages immédiats. – De nouvelles techniques d’amélioration par le laser de la technologie des grains de fer ont été initiées au cours des années 1980. – La récente élaboration du fer amorphe constitue un progrès important, qui permet de réduire les pertes par le fer dans les transformateurs. Figure 3 : Aperçu et évaluation des différents aciers magnétiques 0.35 0.30 0.27 0.23 0.18 Début de la production CGO 3.0 C G O 2.0 1.0 0. 35 CG O0 .30 CGO 0.23 HiB 0.23 Début de la production HiB HiB 0.30 Irridiation au laser HiB 1955 1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 Année Il est possible d’adapter deux éléments de construction afin de réduire les pertes des transformateurs : le noyau et les spires.Toutefois, la conception de transformateurs est une tâche extrêmement spécialisée, qui nécessite une équipe de concepteurs compétents et expérimentés. La plupart des caractéristiques des transformateurs de distribution sont spécifiées par des normes nationales ou internationales. Dans certains pays, le respect de ces normes est requis par la loi. Dans d’autres pays, les normes servent uniquement de référence dans les contrats d’achat. Outre la sélection de l’acier, la façon de concevoir, de couper, de fabriquer et d’assembler les noyaux des transformateurs de distribution joue un rôle essentiel sur le plan de l’efficacité énergétique. L’augmentation de la taille du noyau permet ainsi de réduire la densité du champ magnétique, ce qui améliore l’efficacité énergétique du transformateur. Une technologie intéressante en matière d’efficacité est le transformateur à noyau supraconducteur refroidi au nitrogène. Beaucoup de transformateurs de distribution de ce type ont déjà été construits; toutefois, ils demeurent nettement plus coûteux que les transformateurs traditionnels, et semblent donc prometteurs uniquement pour des applications spécialisées. Le noyau Les spires Il est possible de diminuer les pertes à vide en choisissant un acier plus performant pour fabriquer le noyau.Au fil des ans, davantage d’aciers spécialisés ont été élaborés pour les noyaux de transformateurs: Il est possible de réduire les pertes en cuivre en augmentant la taille du conducteur comportant les spires, ce qui diminue la densité de courant et, par conséquent, l’importance de la perte. Les pertes par le cuivre (en charge) sont proportionnelles au carré du courant de la charge; il est donc essentiel de prendre aussi en compte la répartition dans le temps de la charge du transformateur. Les matières qui servent à fabriquer les spires n’ont pas connu les mêmes améliorations importantes dans les dernières années que les aciers utilisés pour construire les noyaux. Néanmoins, le processus continu de laminage à froid, désormais utilisé pour la production, peut offrir une qualité plus uniforme. Solutions techniques – Vers 1900, l’acier laminé à chaud est devenu la matière de base pour construire le noyau, qui était constitué de feuilles isolantes individuelles servant à réduire les pertes à vide. L’acier laminé à froid et des techniques d’isolation plus perfectionnées ont progressivement été développés par la suite afin d’améliorer le rendement. – Les aciers de silicone à grains laminés à froid (CGO) ont été mis en marché dans les années 1950. Il s’agit d’un premier pas important vers la réduction des pertes à vide. nº 5 Pertes supplémentaires générées par les harmoniques Thématique: Les technologies à haute performance énergétique F i c h e t e c h n i q u e P R I S M E – Pertes supplémentaires, produites par les harmoniques. – Différentes techniques de revêtement et de traitement ainsi qu’un contenu réduit en silicone ont permis de créer les aciers à grains hautement perméables (HiB). Ceux-ci demeurent aujourd’hui la matière première pour la fabrication de transformateurs de distribution en Europe. Perte à vide W17/50 (W/kg) types de pertes sont importants, plus le refroidissement est nécessaire, et plus la perte en refroidissement sera élevée. 3 IEPF-FichePrisme-Transformateurs 07/10/04 08:36 Page 4 Les transformateurs de distribution efficaces Le processus d’enroulement des bobines du conducteur, puis d’assemblage avec le noyau,détermine en grande partie l’efficacité du transformateur. Il s’agit d’un processus exigeant en maind'œuvre, qui nécessite des travailleurs qualifiés. De nos jours, on utilise davantage un enroulement automatisé et contrôlé par un opérateur, surtout pour les plus petits transformateurs. Résultats attendus et stratégies de mise en œuvre En procédant à l’évaluation économique d’un transformateur, l’acheteur devrait toujours tenir compte du coût global de cycle de vie (parfois appelé coût total de possession) de l’appareil. Les pertes d’énergie contribuent généralement à deux tiers des coûts de durée de vie d’un transformateur. En raison de la longue durée de vie des transformateurs, les pertes peuvent s’accumuler et atteindre des niveaux considérables. En général, il est plus rentable d’opter pour un transformateur plus efficace, sans compter que c’est également un choix avantageux pour l’environnement. Coût des pertes de charge Les pertes de charge annuelles d’un transformateur sont exprimées en kWh, et peuvent être évaluées à l’aide de la formule suivante: Wpertes = (P0 + Pk x L2) x 8760 h Thématique: Les technologies à haute performance énergétique F i c h e t e c h n i q u e P R I S M E nº 5 Où: 4 – P0 correspond à la perte à vide, exprimée en kW. Ce facteur est indiqué dans les spécifications techniques du transformateur, ou bien il peut être mesuré. – Pk correspond à la perte par court-circuit (ou perte en charge), exprimée en kW. Ce facteur est indiqué dans les spécifications techniques du transformateur, ou bien il peut être mesuré. – L correspond à la charge moyenne du transformateur, divisée par la charge maximale. – 8760 correspond au nombre d’heures dans une année. Le coût de ces pertes, étalé dans le temps, doit être actualisé pour être ajouté au prix d’achat. Ce calcul est désigné le coût d’immobilisation total des pertes, soit le CITpertes. La formule suivante permet de calculer ce coût: (1+ r)n – 1 TCC pertes = W pertes * C * r*(1+ r)n Où: – C = le coût moyen estimé par kWh pour chaque année. – r = le taux d’actualisation estimé. – n = la durée de vie estimée du transformateur. Étant donné qu’il est impossible de prévoir exactement l’évolution du régime de charge ainsi que l’évolution du prix d’un kWh, il s’agit uniquement d’une estimation du coût total des pertes. Il est également important de tenir compte du fait que les pertes en charge ont tendance à coïncider avec les charges de pointe, pendant lesquelles un kWh coûte généralement plus cher. Ainsi, il faudrait en fait calculer les valeurs Wpertes et CITpertes en tenant compte de l’évolution de la charge et du prix de l’électricité au fil du temps. Mise en œuvre : catégories de transformateurs Il existe différents types et catégories de transformateurs de distribution.Tel que discuté à la section «Principes de base», les transformateurs sont principalement divisés entre les transformateurs immergés dans l’huile et ceux refroidis à l’air. Par ailleurs, les transformateurs de distribution immergés dans l’huile pouvant atteindre 24 kV et 2 500 kVA sont divisés en catégories normalisées, en fonction de leurs pertes. Pour chaque gamme de puissance, la première lettre indique la perte en charge, et la deuxième lettre indique la perte à vide.Toutes les combinaisons entre les spécifications reliées à la charge et à vide sont possibles, il existe donc au total neuf catégories pour chaque gamme de puissance. Les lettres sont définies en tant que valeurs de perte maximales, en tenant compte d’une tolérance spécifiée. Le transformateur de classe B-A’ subit les plus grandes pertes, et le transformateur C-C’ subit les pertes les moins importantes. Ces spécifications sont établies par l’Union européenne (Harmonisation Document 428). Il existe une différence importante d’efficacité à pleine charge, par exemple, entre un transformateur A-A’ et un transformateur C-C', soit environ 1,5 kW pour une unité de 630 kVA. Dans cette fiche, un transformateur efficace correspond aux modèles qui enregistrent des pertes de classe C-C' ou moins. Les pertes à vide peuvent être réduites à des niveaux encore plus bas que ceux des modèles de type C’, en utilisant des matériaux magnétiques de pointe. Dans le cas d’un transformateur à noyau amorphe, les pertes à vide sont environ 75% moins importantes que dans un transformateur de classe A’. Dans le cas des transformateurs de 1 000 à 4 000 kVA, les pertes définies sont de classe D-D’, avec environ 15% moins de pertes que les transformateurs de type C-C’.Toutefois, cette catégorie ne comprend pas officiellement de définition normalisée. Dans cette fiche, les transformateurs à haute efficacité correspondent aux transformateur D-D'. Comme le présente le tableau 1, les transformateurs secs de type standard sont généralement moins efficaces que les transformateurs remplis d’huile. Les sites industriels qui ne peuvent pas utiliser des transformateurs à huile,par exemple ceux caractérisés par des conditions de travail particulières, tel qu’un risque d’incendie élevé la circulation d’une grande quantité de courants harmoniques dans le réseau,devraient opter pour des transformateurs secs mais faits sur mesure. La plus grande efficacité des transformateurs faits sur mesure peut ainsi permettre de réaliser d’importantes économies sur le coût global de cycle de vie. De même, dans le cas des plus gros transformateurs, plus de quelques MVA, les coûts totaux engendrés par les pertes deviennent suffisamment élevés avec le temps pour justifier l’achat de machines faites sur mesure en fonction des pertes spécifiées dans la demande au fabricant. IEPF-FichePrisme-Transformateurs 07/10/04 08:36 Page 5 Les transformateurs de distribution efficaces Tableau 1 : Pertes d’un transformateur (normes HD428 et HD538 du CENELEC1) Puissance évaluée (kVA) 50 100 160 250 400 630 /4 %3 630 /6%3 1000 1600 2500 Pertes en charge À huile (HD428) jusqu’à 24kV2 Liste A Liste B Liste C (W) (W) (W) 1100 1350 875 1750 2150 1475 2350 3100 2000 3250 4200 2750 4600 6000 3850 6500 8400 5400 6750 8700 5600 10500 13000 9500 17000 20000 14000 26500 32000 22000 Sec (HD538) 12kV primaire (W) N/A 2000 2700 3500 4900 7300 7600 10000 14000 21000 Pertes à vide À huile (HD428) jusqu’à 24kV2 Sec (HD538) Liste A’ Liste B’ Liste C’ 12kV primaire (W) (W) (W) (W) 190 145 125 N/A 320 260 210 440 460 375 300 610 650 530 425 820 930 750 610 1150 1300 1030 860 1500 1200 940 800 1370 1700 1400 1100 2000 2600 2200 1700 2800 3800 3200 2500 4300 1. CENELEC = Comité Européen de Normalisation Électrotechnique www.cenelec.org 2. Des valeurs différentes s’appliquent pour 36 kV 3. 4 % et 6 % réfèrent à l’impédance de court-circuit En moyenne, un transformateur de distribution perd environ 1,5% de l’énergie transmise, ce qui est assez élevé, si l’on tient compte du fait que les transformateurs fonctionnent presque 24 h sur 24, 365 jours sur 365. En choisissant la technologie adéquate,cette perte moyenne peut être réduite d’environ 70%. On estime que cela représenterait une économie d’énergie totale de plus de 27 TWh par an soit 1% de la consommation annuelle d’électricité de l’Union européenne. Économies de coûts Comme le démontre le tableau 2, les délais de rentabilité des investissements en transformateurs à haute efficacité sont courts, surtout relativement à leur longue durée de vie (25 à 30 ans). Si l’on remplace un transformateur de 1600 kVA de type A-A’ par un transformateur de type C-C’ par exemple, le délai de rentabilité ne dépassera pas 1,4 année. Coût global de cycle de vie Le coût global de cycle de vie d’un transformateur est calculé en additionnant plusieurs composantes : le prix d’achat, les coûts d’installation, la valeur des pertes d’énergie, les coûts d’entretien et de réparation au long de sa durée de vie utile, ainsi que les coûts de déclassement. Ces deux derniers éléments sont relativement semblables pour tous les types de transformateurs, et ils sont donc rarement pris en compte pour comparer des transformateurs. Le prix d’achat et les pertes énergétiques sont les deux principaux facteurs à prendre en compte. Si l’on compare différentes technologies, par exemple les transformateurs secs et les transformateurs immergés dans l’huile, il faut également tenir compte des coûts d’installation, qui peuvent sensiblement varier. Tableau 2 : Économies d’énergie Transformateur 400kVA Efficacité A-A’ C-C’ A-AMDT C-AMDT (%) 98.04 98.64 99.35 99.40 Économies (kWh) – 3143 6833 7085 (€) 163 355 368 Coût à l’unité (€) 4307 4762 6332 6753 Transformateur 1600kVA Délai de Efficacité Économies rentabilité (années) (%) (kWh) (€) – 98.51 – – 2.8 98.99 9759 507 5.7 99.38 19447 1011 6.6 99.45 20972 1091 Coût à Délai de l’unité rentabilité (€) (années) 9434 – 10147 1.4 14953 5.5 15469 5.5 nº 5 Le tableau 2 démontre que les rendements énergétiques des transformateurs de distribution varient entre environ 94% pour un petit transformateur A-A’ à plus de 99% pour un transformateur CAMDT, le type standard le plus efficace sur le marché. Le taux de rentabilité interne des transformateurs efficaces demeure toujours supérieur à 10%, et peut parfois atteindre jusqu’à 70% par an. Étant donné le faible risque de l’investissement et les taux de retour capitalisés du marché, ces résultats devraient rendre les transformateurs efficaces plus rentables à la fois pour les sociétés industrielles et les compagnies de distribution publiques. Thématique: Les technologies à haute performance énergétique F i c h e t e c h n i q u e P R I S M E Économies d’énergie 5 IEPF-FichePrisme-Transformateurs 07/10/04 08:36 Page 6 Les transformateurs de distribution efficaces Avantages pour l’environnement Outre leur rentabilité économique, les transformateurs à haute efficacité procurent également un avantage environnemental important. Les centrales électriques sont parmi les principaux émetteurs de CO2. Les économies d’électricité permettent donc aux pays de respecter une partie de leur engagement à l’égard du protocole de Kyoto. La quantité exacte des émissions produites dépend du carburant utilisé. Elle est comprise entre 30 g/kWh en France, qui comprend de nombreuses centrales nucléaires, et plus de 1 kg/kWh dans les pays qui utilisent beaucoup de charbon dans leurs centrales. La moyenne européenne est estimée à environ 0,4 kg/kWh. Thématique: Les technologies à haute performance énergétique F i c h e t e c h n i q u e P R I S M E nº 5 Évaluation des harmoniques 6 La question des courants harmoniques ne doit pas être prise à la légère. Le cycle de durée de vie d’un transformateur est fortement déterminé par la température de fonctionnement la plus élevée, et cette dernière augmente de façon significative avec les courants harmoniques. Il est difficile de déterminer le taux de dégradation exact qui est attribuable aux harmoniques, mais l’expérience indique que les dommages peuvent être très graves. Si un transformateur comportait uniquement une charge constituée d’un grand nombre d’ordinateurs, les harmoniques réduiraient sa durée de vie de 40 ans à 40 jours! Bien sûr, cette illustration représente le cas extrême, puisque dans la réalité, la charge d'un transformateur varie dans le temps et est rarement constituée d'ordinateurs seulement.Toutefois, la charge non linéaire (produisant des harmoniques) représente facilement les 2/3 de la charge des bâtiments à bureaux! Voici quelques conseils: – Si le réseau comporte des sources de courants harmoniques et que le transformateur est chargé à 75% ou plus de sa capacité nominale,il est recommandé de demander à un expert de vérifier si les harmoniques endommagent le transformateur et si sa durée de vie peut être alors significativement réduite. – En achetant un nouveau transformateur, il est recommandé d’informer le fabricant sur l’envergure des harmoniques du réseau, afin qu’il puisse en tenir compte en concevant ou en choisissant le transformateur. La formule ci-dessous permet de calculer la valeur des courants harmoniques typiques d’une charge créés par un pont à semi-conducteurs: h=pxk±1 Où: – p = nombre d’impulsions du pont (6, 12). – k = nombre entier arbitraire (1, 2 …, n). – Pour un pont à 6 impulsions, les harmoniques sont: 5, 7, 11, 13, 17, 19, 23, 25, etc. – Pour un pont à 12 impulsions, les harmoniques sont : 11, 13, 23, 25, etc. On peut calculer l’influence des courants harmoniques sur la charge du transformateur en multipliant cette charge par un facteur de déclassement, ou «facteur K». La formule suivante permet de calculer ce facteur K: Où : – e = perte attribuable aux courants de Foucault exprimée par la fréquence fondamentale, divisée par la perte provoquée par un courant continu égal à la valeur efficace (RMS) du courant sinusoïdal à la température de référence. – n = rang de l’harmonique. – I = valeur efficace (RMS) du courant sinusoïdal comprenant tous les harmoniques calculés au moyen de la formule suivante: – In = intensité de la nème harmonique. – I1 = intensité du courant fondamental. – q = constante exponentielle qui dépend du type d’enroulement et de la fréquence.Par exemple,q=1,7 pour les transformateurs avec conducteurs de section plate arrondie dans les deux enroulements, et q=1,5 pour les transformateurs avec enroulement basse tension en feuilles de cuivre enroulées. Il existe des logiciels informatiques spécialisés qui permettent de calculer rapidement cette formule. Conclusion Les transformateurs à haute efficacité fonctionnent grâce à une technologie éprouvée et fiable qui existe déjà depuis des décennies. En choisissant les matériaux adéquats, des dimen sions et une conception appropriées, Il est possible de réduire considérablement les pertes d’un transformateur, avec une moyenne de 70%. Ainsi, les transformateurs industriels offrent un grand potentiel d’économies de coûts et d’énergie. En fait, en achetant un transformateur, il faut non seulement prendre en compte le prix d’achat, mais aussi le coût global de cycle de vie. Ce coût comprend à la fois les pertes à vide et les pertes en charge. Sur le plan économique, le transformateur ayant le plus faible coût global représente la meilleure option. Dans la plupart des cas, il s’agit d’un modèle à haute efficacité. Il est ensuite essentiel de procéder à une étude du réseau afin de déterminer les niveaux d’harmoniques du réseau relié au transformateur, étant donné que ces harmoniques peuvent avoir de graves répercussions à la fois sur la durée de vie et sur les pertes du transformateur. Les recommandations suivantes permettent d’éviter de façon simple les pertes importantes inutiles : – En achetant un transformateur, toujours demander au fournisseur de préciser une alternative à haut rendement énergétique en plus du modèle classique. – Pour éviter d’effectuer une évaluation énergétique de chaque transformateur acheté, il peut être souhaitable de mettre en place la politique visant à n’acquérir que des transformateurs IEPF-FichePrisme-Transformateurs 07/10/04 08:36 Page 7 Les transformateurs de distribution efficaces En Europe, il a été calculé qu’en se conformant à cette politique, l’Union européenne (UE-15) pourrait économiser plus de 27 TWh par an, ce qui correspond à une réduction de 11 millions de tonnes de CO2. Pour résumer, les transformateurs à haute efficacité peuvent représenter un important avantage pour les sociétés industrielles, ainsi que pour l’ensemble de l’économie et pour l’environnement. Références Ouvrages CENELEC, 1992. 3-phase oil-immersed distribution transformers 50 Hz, from 50 to 2500 kVA with highest voltage for equipment not exceeding 36, 12 pages. CENELEC, 1992. 3-phase dry-type distribution transformers 50 Hz from 100 to 2500 kVA, with highest voltage for equipment not exceeding 36 kV, 11 pages. Chaitkin, S. and D, Merritt, S Y., 2003. No-load versus load loss, IEEE Industry Applications, Nov-Dec/2003, 8 pages. Chaitkin, S D and Merritt, S Y., 2004. NEMA Class I Transformers. Efficiency standards for low-voltage substation transformers., IEEE Industry Applications, Mar/Apr 04, 4 pages. De Keulenaer, H, Hurens, P, and Lebot, B., 2003. Energy-Efficient Distribution Transformers: a Hidden Opportunity for Large Scale Energy Savings, ECEEE, 8 pages. Declercq, J., 2003.Transformers for wind turbines - need for new designs or business as usual, CIRED, 5 pages. Hulshorst,W., 2002. Energy saving in industrial transformers, KEMA, 59 pages. (available from http://transformers.copperwire.org) NEMA TP1-2002, 2002. Guide for Determining Energy Efficiency for Distribution Transformers, NEMA, 12 pages. Sumereder, C., 2003. Life time management of power transformers, CIRED, 4 pages. THERMIE, 1999. The scope for energy saving in the EU through the use of energy-efficient electricity distribution transformers, European Copper Institute, 60 pages. Démonstration de transformateurs efficaces en opération: www.supertrafo.com Site de référence sur les transformateurs efficaces: http://transformers.copperwire.org Outil de calcul du «facteur K»: www.cda.org.uk/download/KFCalc.exe Les fiches techniques PRISME (Programme International de Soutien à la Maîtrise de l’Énergie) sont publiées par l’IEPF. Directeur de la publication : El Habib Benessahraoui, directeur exécutif, IEPF Comité éditorial : Sibi Bonfils, directeur adjoint, IEPF Jean-Pierre Ndoutoum, responsable de programme, IEPF Supervision technique : Maryse Labriet, Environnement Énergie Consultants Rédaction : Hans De Keulenaer European Copper Institute Édition et réalisation graphique : Communications Science-Impact nº 5 – Si des transformateurs de 40 ans ou plus sont encore utilisés, il est sage, sur le plan économique, de les remplacer par de nouveaux transformateurs à haute efficacité, même s’ils n’ont pas atteint la fin de leur durée de vie. En effet, ces plus vieux transformateurs subissent de telles pertes qu’il est justifié de les remplacer immédiatement. Sites Internet L’Institut de l’énergie et de l’environnement de la Francophonie est un organe subsidiaire de l’Agence intergouvernementale de la Francophonie (AIF). Il a été créé en 1988 par la Conférence générale de l’Agence, suite aux décisions des deux premiers Sommets des chefs d’État et de Gouvernement des pays ayant en commun l’usage du français. Son siège est situé à Québec, au Canada. Sa mission est de contribuer au renforcement des capacités nationales et au développement des partenariats au sein de l’espace francophone dans les domaines de l’énergie et de l’environnement. Institut de l’énergie et de l’environnement de la Francophonie (IEPF) 56, rue Saint-Pierre, 3e étage Québec (QC) G1K 4A1 Canada Téléphone: (1 418) 692 5727 Télécopie: (1 418) 692 5644 Courriel: [email protected] Site Web: www.iepf.org Thématique: Les technologies à haute performance énergétique F i c h e t e c h n i q u e P R I S M E à haute efficacité,par exemple:des transformateurs CC’ pour les types refroidis à l’huile, et des transformateurs HD538 avec une réduction des pertes de 20% pour les types refroidis à l’air. Une telle politique permettra de réduire de façon significative le coût global de cycle de vie de l’ensemble des transformateurs de l’entreprise. 7 IEPF-FichePrisme-Transformateurs 07/10/04 08:36 Page 8 Les transformateurs de distribution efficaces Étude de cas Transformateur de type C-C’ ou D-D’ ? Raisons et description du projet Une usine de papier possède deux chaînes de production. L’une, construite dans les années 1970, est alimentée par des transformateurs de distribution immergés C-C’. L’autre, construite dans les années 1980, utilise des transformateurs immergés de type D-D’. Les transformateurs ont une capacité de 3 150 kVA. Ils sont chargés 24 heures/jour, 7 jours/semaine, à environ 85 %. Il faut tenir compte des harmoniques en raison des moteurs à 6 impulsions utilisés dans l’usine. Thématique: Les technologies à haute performance énergétique F i c h e t e c h n i q u e P R I S M E nº 5 Résultats techniques et financiers 8 Malgré son coût d’achat plus élevé, le transformateur à haute efficacité s’avère finalement le meilleur choix (voir tableau 1) : la perte à vide évaluée de ce dernier est légèrement plus élevée que pour un type standard, mais la perte en charge est bien plus faible. Étant donné le régime de charge des transformateurs (24/24 h, 7/7 jours, 85 %), l’économie d’énergie annuelle (46 816 kWh) ainsi que les économies en émissions de CO2, sont importantes pour les transformateurs à haute efficacité. Le coût capitalisé d'un transformateur à haute efficacité, sur 20 ans et incluant les pertes, est de 82 233 € contre 96 415 € pour le type standard. Grâce à la mise en oeuvre de transformateurs DD’ sur la seconde chaîne de production, l’entreprise a réalisé les économies suivantes entre 1986 et 2004: 18 ans * 46,8 MWh/a = 840 MWh par an, soit 33600 €. En supposant que la valeur du CO2 sur un marché international d’échanges de permis d’émissions atteigne 10 € par tonne de CO2, et en supposant un taux d’émission de la production d’électricité de 0,4 tonne CO2/MWh (ce taux dépend évidemment des pays voire des régions), le remplacement du transformateur par un modèle D-D’ (3150 KVA) a permis à l’usine de réduire ses émissions de CO2, ce qui représente un gain possible équivalent à : 840 MWh x 0,4 tonne/MWh × 10 €/tonne = 3 360 € Stratégie de mise en oeuvre Le résultat précédent ne signifie pas qu’il fut une erreur de choisir des transformateurs efficaces de type standard dans les années 1970. Les facteurs de choix d’un type de transformateur peuvent en effet varier avec le temps, par exemple: l’investissement dans les installations de l’entreprise, les prix de l’électricité, l’offre des fournisseurs. Faudrait-il aussi remplacer les transformateurs de la première chaîne de production? Non, il est plus sage, sur les plans économique et environnemental, de maintenir les transformateurs actuels, suffisamment efficaces, tant qu’ils ne présentent pas de signes de dégradation grave. Il est recommandé de remplacer un transformateur avant la fin de son cycle de durée de vie pour des raisons d’efficacité énergétique uniquement dans le cas de très vieux transformateurs construits avec des aciers laminés à chaud. Tableau 1 : Comparaison des deux transformateurs (sur 20 ans) Transformateur 3150 kVA Puissance Perte à vide évaluée P0 Perte en charge évaluée Pk Pertes totales annuelles Wperte 1 Pertes financières annuelles CTAperte2 Émissions CO2 @ 0,4 kg/kWh Prix d’achat Valeur actualisée pertes à vide CT03 Valeur actualisée pertes en charge CTk4 Coût total actualisé CTperte (20 ans) Délai de rentabilité5 Taux de retour interne 1. 2. 3. 4. 5. Unité kVA W W kWh/a Euro/a tonne/a Euro Euro Euro Euro Années % Transfo. 1978 3150 2870 24500 181908 7276 72,8 19329 10654 66432 96415 – – Wperte = (P0 + Pk x L2) x 8 760 h avec L=0,85 CTAperte = Wperte * pélectricité avec pélectricité =0.04 euros / kWh CT0 = Pk * pélectricité * [(1+r)n-1] / [r*(1+r)n] avec r = 7 % (taux d’actualisation) et n = 20 ans (durée de vie) CTk = Pk * pélectricité * [(1+r)n-1] / [r*(1+r)n] Délai de rentabilité (Payback) = Surcoût d’achat (5 658 euros) / Économies annuelles (1 873 euros/an) Transfo. 1986 3150 3150 16800 135092 5404 54,0 24987 11693 45553 82233 – – Différence 280 –7700 –46816 –1873 –18,8 5658 1039 –20879 –14182 3,0 33%