Deux artistes de génie, le maître et l`élève : l`un resté dans le « Nord

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Deux artistes de génie, le maître et l`élève : l`un resté dans le « Nord
Deux artistes de génie, le maître et l’élève :
l’un resté dans le « Nord » est quasi oublié ; l’autre l’ayant quitté pour faire carrière en Italie est devenu le
Prince des Sculpteurs : leurs destins furent liés à la Crise de la Renaissance.
-Jacques Dubroeucq, St Omer (ou Mons) ? vers 1505- Mons 1584, sculpteur et architecte, homme
universel de la Renaissance.
Après un apprentissage dont on ignore tout, il parfait sa formation d’artiste et d’humaniste en Italie pendant
plusieurs années. A son retour il devient maître-artiste de l’Empereur, témoignage de la reconnaissance
officielle pour ses multiples activités. Il est, en effet, un des architectes les plus importants de la haute
Renaissance dans les Pays-Bas méridionaux mais tout ce pan de son œuvre a disparu. On lui doit trois
châteaux très admirés, ceux de Boussu pour Jean de Hénin-Liétard, de Binche et de Mariemont pour la
gouvernante des Pays-Bas Marie de Hongrie. Les trois furent incendiés par les troupes du roi Henri II. Du
Broeucq donna aussi les plans de palais à Bruxelles et à Gand et construisit des Hôtels de ville, participant
au concours pour la construction de celui d’Anvers. Il fut enfin architecte militaire de Charles Quint, entre
autres.
Bref, il est très réducteur de le considérer uniquement comme un sculpteur, bien que cela soit dans ce seul
domaine que ses œuvres ont survécu, la plupart du temps mutilées à l’époque révolutionnaire. Il avait élevé,
dans la collégiale Sainte Waudru de Mons, un jubé « futuriste », à l’architecture d’une surprenante
modernité, qui fut démembré en 1797, mais furent heureusement gardés les sculptures et reliefs de marbre et
d’albâtre qui peuplaient, littéralement, ce jubé. Le Monument funéraire d’Eustache de Croÿ de la
cathédrale de Saint Omer est conservé en partie, après avoir subi un sort analogue.
-Giambologna (Jean Bologne), Douai (alors en Flandres) 1529-Florence 1608, sculpteur flamand actif en
Italie
Formé à Mons dans l’atelier de Jacques Du Broeucq, il ne rentrera pas au pays après son voyage d’initiation
à Rome. Introduit à la cour de François 1er de Médicis sur la route du retour, il se fixera à Florence et y fera
pratiquement toute sa carrière en tant que sculpteur officiel de la cour de Toscane.
Il y devient rapidement l’un des plus brillants représentants de la sculpture maniériste et insuffle une
jeunesse nouvelle à la sculpture florentine que dominaient les œuvres de deux vieux artistes : Bandinelli et
Benvenuto Cellini. Déclassant Ammanati y donnait alors le ton, Giambologna s’impose dès 1565 et après
1570 il était devenu le sculpteur le plus célèbre d’Europe. Un premier style impose d’élégantes statuettes de
bronze aux rythmes complexes, faites pour être retournées, palpées, admirées de tous les points de vue. Sa
virtuosité technique lui permet le dynamique Mercure Volant qui donne l’impression d’une statue s’élevant
dans l’espace. Le Rapt de la Sabine (1577-1583) de la Loggia dei Lanzi transpose dans un marbre
monumental cette maîtrise, synthèse d’un naturalisme flamand et de l’élégance hellénistique.
L’exceptionnelle imagination de Giambologna lui permet de créer le colossal Apennin des jardins de la
Villa Pratolino. Il brille également dans l’exercice imposé de la statue équestre. Son influence fut
prédominante et durable sur toute une génération d’artistes. Il est le maillon entre Michel Ange et le Bernin.
Bibliographie
-André Chastel, La Crise de la Renaisssance 1520-1600, Skira, Genève, 1968.
-Catalogue de l’exposition Jacques Du Broeucq organisée à Mons et Boussu pour le 500è anniversaire de sa
naissance, 2005, (175 pages)
-C. Avery, Giambologna. The Complete Sculpture, Phaidon, Oxford, 1987
-E. Dhanens, Jean Boulogne, Bruxelles, 1956
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MP Baudienville, mai 2016