1 Sophie Roux L1, deuxième semestre ÉPISTÉMOLOGIE DES

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1 Sophie Roux L1, deuxième semestre ÉPISTÉMOLOGIE DES
Sophie Roux
L1, deuxième semestre
ÉPISTÉMOLOGIE DES SCIENCES PHYSIQUES
Objet
Après une introduction générale sur ce qu’on entend par “épistémologie”, “histoire des sciences” ou
“philosophie des sciences”, on abordera des questions traditionnelles en épistémologie de la
physique, par exemple : qu’est-ce qu’une preuve expérimentale ? Quels sont les usages des
mathématiques dans les sciences de la nature ? Qu’est-ce qu’une loi de la nature ? En s’appuyant
sur quelques exemples élémentaires tirés de l’histoire des sciences classique, on mettra ainsi en
place systématiquement des couples classiques de notions comme observation/expérience,
cause/loi, induction/déduction, vérification/falsification, expérience cruciale/holisme.
Programme des séances et plan du cours
24 janvier : introduction générale
31 janvier et 7 février : Expérience commune et expérience physique, notions
La notion d’énoncé protocolaire. Sa critique. De l’expérience commune à l’expérience
physique : intruments, contruction des phénomènes, reproductibilité des expériences.
14 février : Expérience commune et expérience physique, histoire
Galilée observateur du ciel
21 février et 7 mars : La fonction des expériences en physique, notions
Le problème de l’induction et le paradoxe de la confirmation. Le schéma hypothético-déductif et
la notion de falsification. Le problème de la démarcation. La notion d’expérience cruciale et le
problème du holisme
14 mars : La fonction des expériences en physique, histoire
Torricelli, Pascal, Boyle : la notion de pression atmosphérique
21 et 28 mars : Les lois de la physique, notions
De l’explication dans les sciences. Légalité et causalité. L’universalité des lois. La forme
mathématique des lois.
Devoir écrit à rendre. Aucun retard ne sera admis.
4 avril : Les lois de la physique, histoire
La science galiléenne du mouvement
11 avril : La dynamique des sciences, notions
Progrès et réduction des théories. Révolution scientifiques et incommensurabilité des concepts.
18 avril : conclusions
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Bibliographie
Pour approfondir les études de cas tirées de la science classique, on peut consulter :
— Galilée, Le Messager céleste, tr. I. Pantin, Paris, Les Belles-Lettres, 1993.
— Galilée, Dialogues sur les deux plus grands systèmes du monde, tr. R. Fréreux et F. De
Gandt, Paris, Seuil, 1992.
— Galilée, Discours sur deux sciences nouvelles, tr. M. Clavelin, Paris, Armand Colin, 1970
(rééd. P.U.F., 1965).
— Pascal, « Œuvres physiques », in Œuvres, éd. J. Chevalier, Paris, Gallimard, 1954, p. 359
sqq. (on peut utiliser d’autres éditions)
Pour s’initier à la science classique, on peut s’appuyer sur les ouvrages d’introduction suivants :
— Balibar, F., Galilée, Newton lus par Einstein, Paris, P.U.F. 1984.
— Dugas, R., La Mécanique au XVIIe siècle, Paris, Neuchâtel, Le Griffon, 1954.
— Koestler, A., Les Somnambules, trad. G. Fradier, Paris, Calmann-Lévy, 1960.
— Kuhn, T., La Révolution copernicienne (1957), tr. A. Hayli, Paris, Fayard, 1973 et Le Livre
de Poche, 1992.
— Merleau-Ponty, J., Leçons sur la genèse des théories physiques, Paris, Vrin, 1987.
— Verdet, J.-P., Une Histoire de l’astronomie, Paris, Larousse, 1990.
Parmi les introductions à l’épistémologie et à la philosophie des sciences, on recommande :
— Bachelard, G., Épistémologie, textes choisis par D. Lecourt, Paris, PUF, 1971.
— Barberousse, A., Kistler, M., Ludwig, P., La Philosophie des sciences au XXe siècle, Paris,
Flammarion, 2002.
— Hempel, C., Éléments d’épistémologie, tr. B. de Saint-Sernin, Paris, Armand Colin, 1972.
On pourra enfin se tourner vers de grands classiques :
— De Vienne à Cambridge, recueil dirigé par P. Jacob, Paris, Gallimard, 1980.
— Philosophie des sciences, 2 vol., recueil dirigé par S. Laugier et P. Wagner, Paris, Vrin, 2004.
— Duhem, P., La Théorie physique (1914), rééd. Vrin, Paris, 1981.
— Kuhn, T., La Structure des révolutions scientifiques (1962, 1970), tr. L. Meyer, Paris, Champs
Flammarion, 1983.
— Kuhn, T., La Tension essentielle (1970), tr. M. Biezunki, Paris, Gallimard, 1990.
— Lakatos, I., Histoire et méthodologie des sciences, tr. L. Giard, C . Malamoud et J.-F. Spitz,
Paris, P.U.F., 1994.
— Laudan, L., La Dynamique de la science (1977), tr. P. Miller, Liège, Mardaga, 1987.
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— Meyerson, E., Identité et réalité (1907), Paris, Vrin, 1954.
— Popper, K., Conjectures et réfutations, tr. M.-I. et M.-B. de Launay, Paris, Payot 1986.
— Popper, K., La Logique de la découverte scientifique, tr. N. Thyssen-Rütten et P. Devaux,
Paris, Payot, 1973.
Evaluation
Pour le contrôle continu comme pour l’examen final, l’exercice obligatoire sera un exercice
écrit, au choix une dissertation ou un commentaire de texte.
Une ou deux fois dans le semestre, on procédera à un bref contrôle des connaissances acquises ;
en cas de bon résultat, la note de contrôle continu sera majorée.
Le contrôle continu est obligatoire pour tout étudiant extérieur au département de
philosophie qui suit le cours à titre d'UEO. La note obtenue sera transmise au département
d'origine de l'étudiant et le dispensera d'examen terminal.
Devoir à la maison pour le 21 mars. Aucun retard ne sera admis.
Vous traiterez au choix l’un des deux sujets suivants :
1) En quel sens peut-on dire que les sciences physiques sont fondées sur l’expérience ?
Vous répondrez à cette question dans une dissertation en argumentant et en recourant à des
exemples précis.
2) Dans les Expériences nouvelles touchant le vide (1647), Pascal présentait quantité
d’expériences similaires à celles de Torricelli. Sa conclusion était que les espaces en haut des tubes
sont « apparemment vides », c’est-à-dire vides de toute matière sensible ou perceptible, et qu’il
fallait les dire « véritablement vides », tant qu’on n’aurait pas mis en évidence l’existence d’une
matière qui les remplît. En octobre 1647, le Père Noël adresse à Pascal une lettre où il s’oppose à
ces conclusions : la lumière passant à travers le tube, il faut nécessairement que le haut du tube soit
plein d’une matière qui permette sa propagation ; toutes les expériences de Pascal peuvent
d’ailleurs s’expliquer en supposant cette matière.
Vous ferez un commentaire du texte suivant, extrait de la réponse de Pascal au Père Noël, in
Pascal. Œuvres complètes, éd. J. Chevalier, Paris, Gallimard, 1954, p. 374-375. Vous n’hésiterez ni
à utiliser des exemples, ni à reformuler les problèmes abordés par Pascal en termes actuels.
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« Toutes les fois que, pour trouver la cause de plusieurs phénomènes connus, on pose une
hypothèse, cette hypothèse peut être de trois sortes.
Car quelquefois on conclut un absurde manifeste de sa négation, et alors l’hypothèse est
véritable et constante ; ou bien on conclut un absurde manifeste de son affirmation, et alors
l’hypothèse est tenue pour fausse ; et lorsqu’on n’a pu encore tirer d’absurde, ni de sa négation, ni
de son affirmation, l’hypothèse demeure douteuse ; de sorte que, pour faire qu’une hypothèse soit
évidente, il ne suffit pas que tous les phénomènes s’en ensuivent, au lieu que, s’il s’ensuit quelque
chose de contraire à un seul des phénomènes, cela suffit pour assurer de sa fausseté.
Par exemple, si l’on trouve une pierre chaude sans savoir la cause de sa chaleur, celui-là serait–il
tenu en avoir trouvé la véritable, qui raisonnerait de cette sorte : Présupposons que cette pierre ait
été mise dans un grand feu, dont on l’ait retirée depuis peu de temps ; donc cette pierre doit être
encore chaude : or elle est chaude ; par conséquent elle a été mise au feu ? Il faudrait pour cela que
le feu fût l’unique cause de sa chaleur : mais comme elle peut procéder du soleil et de la friction, sa
conséquence serait sans force. Car comme une même cause peut produire plusieurs effets
différents, un même effet peut être produit par plusieurs causes différentes. C’est ainsi que, quand
on discourt humainement du mouvement, de la stabilité de la terre, tous les phénomènes des
mouvements et rétrogradations des planètes, s’ensuivent parfaitement des hypothèses de Ptolémée,
de Tycho, de Copernic, et de beaucoup d’autres qu’on peut faire, de toutes lesquelles une seule peut
être véritable. Mais qui osera faire un si grand discernement, et qui pourra, sans danger d’erreur,
soutenir l’une au préjudice des autres, comme, dans la comparaison de la pierre, qui pourra, avec
opiniâtreté maintenir que le feu ait causé sa chaleur, sans se rendre ridicule ?
Vous voyez par là qu’encore que votre hypothèse s’ensuivissent tous les phénomènes de mes
expériences, elle serait de la nature des autres ; et que, demeurant toujours dans les termes de la
vraisemblance, elle n’arriverait jamais à ceux de la démonstration ».
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