Téléchargez le fichier - CEREG - Université Paris

Transcription

Téléchargez le fichier - CEREG - Université Paris
Numéro 1
Juin 2003
L A L ETTRE
DU
CEREG
www.dauphine.fr/cereg
EDITO
Equipe de rédaction:
Souad Ajili
Philippe Bouquin
Aymeric Kalife
Gregory Merran
Le CEREG a le plaisir de vous présenter le premier numéro de la Lettre du CEREG. Cette lettre se
veut un support d’information et de communication à destination de tous les membres de notre centre,
mais également vis à vis de toutes les personnes intéressées par les travaux du CEREG.
Vous y trouverez donc les informations essentielles concernant la recherche au sein du centre
(thèses, publications et communications, séminaires, colloques...), ainsi que l’ensemble des activités du
laboratoire. Enfin, la lettre sera l’occasion d’aborder certains sujets touchant à l’actualité de la finance
et de la recherche. Ainsi, dans ce numéro, nous vous proposons une interview de JF Conil Lacoste, DG
de Powernext, ainsi qu’une synthèse du séminaire du Pr. Lasfer sur la publication dans les revues internationales.
Au cours de cette année 2002-2003, le CEREG a eu l’honneur d’accueillir, en tant que directrice,
le Pr. Edith Ginglinger. En vous souhaitant bonne lecture, l’équipe rédactionnelle lui « passe la parole ».
Responsable
de publication:
Pr. Edith Ginglinger
Toute l’équipe remercie
le Pr. Edith Ginglinger,
ainsi que Bernadette
Tayon-Sudant pour leur
aide précieuse.
DANS CE NUMÉRO :
Edito
1
la publication dans
les revues internatio-
1
Thèses soutenues
2
Publications récentes
2
Communications
3
Actualités du Centre
3
Les marchés de l’énergie, entretien avec
JF. Conil-Lacoste
4
« Il ne suffit pas de faire de la recherche de qualité, encore faut-il le faire savoir ! Faire savoir en
interne, faire savoir à l’extérieur, aux anciens, aux collègues de Dauphine et des autres universités, à
nos évaluateurs du CNRS...
En interne tout d’abord. Le Cereg compte près de 60 membres, tous très actifs. Et l’on découvre, au
hasard d’une conversation, qu’un article vient d’être présenté dans une conférence, qu’un séminaire a
été animé dans une université française, ou qu’une collaboration est en cours entre deux d’entre nous.
Il est important pour produire une recherche de qualité, d’être inséré dans un ensemble de réseaux,
dont le premier est notre centre de recherche d’appartenance. L’objectif de cette lettre est donc en
premier lieu de nous informer de ce que collectivement nous réalisons…. et pourquoi pas de susciter
des collaborations, des mises en commun de compétences complémentaires. Lorsque l’on observe les
publications internationales, elles sont de moins en moins fréquemment le fait d’un auteur seul, mais
plutôt écrits par deux, trois ou quatre auteurs !
Faire savoir en dehors du Cereg ensuite. La lettre du Cereg vise à maintenir un lien avec les anciens
du Cereg et à les informer de ce que nous devenons. Mais elle a également pour objet de faire un état
régulier de nos activités et de nos publications, sans attendre les échéances d’évaluation quadriennales, et d’en informer les collègues des autres centres de Dauphine ou des autres universités, intéressés
par nos travaux.
Un grand merci aux membres de l’équipe de rédaction de cette première lettre, qui ont également
tenu à souligner les liens du Cereg avec le milieu professionnel en incluant un entretien sur les marchés de l’énergie. N’oublions pas de leur faire passer toutes les informations destinées à la prochaine
édition ! »
Edith Ginglinger
Directrice du CEREG
LE POINT SUR… LA PUBLICATION DANS LES REVUES
INTERNATIONALES
Le jeudi 28 mars 2003 le professeur
Meziane Lasfer de la City University Business School de Londres, invité par le
CEREG, a animé un séminaire de recherche ayant pour thème la publication
dans les revues académiques internationales. Le Pr. Lasfer a présenté un ensemble de recommandations en vue
d’aider les doctorants à publier leurs
travaux de recherches.
Il a ainsi rappelé l’importance des publications dans la carrière d’un universitaire. Pour être publié dans une revue
académique, un travail de recherche
doit présenter une contribution significative à la littérature existante sur le sujet.
Le Pr. Lasfer résume le passage d’une
simple idée de recherche à la publication
dans ce qu’il appelle « le cycle de la publication ». D’une façon très schématique,
ce cycle regroupe la rédaction de la version préliminaire d’un article, sa présentation dans des conférences, sa soumission dans une revue, sa révision à la lumière des rapports des lecteurs anonymes, son acceptation et sa publication.
Bien qu’il n’existe pas une règle générale
pour la publication d’un travail de recher-
che, le Pr. Lasfer a mis l’accent sur quelques points essentiels pour la réussite
d’un tel travail. Il a avancé que les éditeurs s’intéressent au message scientifique de l’article, c’est pourquoi une attention particulière doit être accordée à
cet élément.
L’introduction doit donc être rédigée
dans un style clair, mettant en avant ce
message. La revue de la littérature, doit
être certes concise et complète mais
elle doit aussi présenter des références
récentes sur le sujet, si ces dernières
existent. (suite page 3)
Centre de Recherches sur la Gestion (UMR 7088) - Université Paris-Dauphine — Place du Ml. De Lattre de Tassigny 75775 Paris cedex 16
Site internet: www.dauphine.fr/cereg — Tel: 01.44.05.42.57 — Fax: 01.44.05.46.23 — Contact: [email protected]
Page 2
LA RE C H E R C H E
Thèses soutenues
Huit doctorants du CEREG ont soutenu
leurs travaux durant l’année 2002.
• Chiraz LABIDI (dir.: Prs. M. BELLALAH et
F. AFTALION) a soutenu, le 11 juin
2002, sa thèse portant sur « La modélisation des rendements par des mélanges discrets, dynamiques des surfaces
de volatilités implicites et mécanismes
de transmission internationaux ».
(mention « très honorable avec félicitations », proposition pour prix de thèse,
subvention pour publication).
• Nihel CHABRAK (dir.: Pr. J.-F. CASTA) a
soutenu, le 28 juin 2002, sa thèse portant sur « L’Etude des politiques comptables dans les organisations : vers une
théorie cognitive de l'enaction »
(mention «très honorable avec félicitations») .
AU
CEREG
• Makram BELLALAH (dir.: Prs. Y. SIMON
et R. PORTAIT) a soutenu, le 16 septembre 2002, sa thèse portant sur
« Les frictions dans les modèles d'évaluation des actifs financiers à l'international » (mention « très honorable avec
félicitations», proposition pour prix de
thèse, subvention pour publication).
• Andrea RONCORONI (dir.: Pr. H. GE-
• Thomas JEANJEAN (dir.: Pr. J.-F. CASTA)
• Juan RAPOSO (dir.: Pr. J. HAMON) a
a soutenu, le 10 décembre 2002, sa
thèse intitulée « Gestion du résultat et
gouvernement d'entreprise : étude des
déterminants et formulation d'un modèle de mesure » (mention « très honorable avec félicitations à l' unanimité »,
• Batsch L., « Le capitalisme financier », Ed. La Découverte,
•
•
•
CHARD) a soutenu, le 10 décembre
2002, sa thèse intitulée « Quelle performance stratégique pour piloter l'entreprise dans l'économie de l'internet ? ».
(mention «très honorable avec félicitations »).
• Meriem BEN SALAH (dir.: Pr. J. RI-
Ouvrages
•
• Christophe MAINEULT (dir.: Pr. J. RI-
MAN) a soutenu, le 4 novembre 2002,
sa thèse intitulée « Essais en finance
quantitative : modélisation et calibrage
dans les marchés de taux d'intérêt et
d'électricité » (mention « très honorable
avec félicitations», proposition pour prix
de thèse, subvention pour publication).
Publications récentes
•
proposition pour prix de thèse, subvention pour publication).
collection Repères, 128 p., 2002.
Batsch L., « Temps et sciences de gestion » , Economica, 76
p., 2002.
Bellalah, M. et Y. Simon, « Options, contrats à terme et gestion des risques », Economica, 2° édition, 462 p., 2003.
Fleuriot, M. et Y. Simon, « Bourse et marchés financiers »,
Economica, 2° édition, 265 p., 2003.
Hamon J. et B. Jacquillat, « La bourse », Ed. PUF, collection
Que sais-je ?, 2002.
Riva F., « Applications financières sous Excel en Visual Basic », Economica, 2002.
n° 37, p.81-84, 3ème trimestre 2002.
• Carr P., Geman H. et D.B. Madan, « Stochastic Volatility for
Lévy Processes", Mathematical Finance , 2003.
• Emonet-Fournier C., « La création de liquidité. L’exemple du
contrat Euro Notionnel », Banque et Marchés, n°57, 2002.
• Gajewski J.-F. et E. Ginglinger , « Seasoned equity issues in a
•
•
•
•
•
• Batsch L., « L’histoire et la géographie ont-elles leur place en
•
Articles
•
•
•
•
• Batsch L., « Le temps de la rentabilité et le temps de la liqui-
dité », Analyse Financière, n°6, 1er trimestre 2003.
• Batsch L., « Faut-il avoir peur de l’endettement ? », Sociétal, n
° 39, 1er trimestre 2003.
soutenu, le 16 décembre 2002, sa
thèse portant sur « Les stratégies de
placement d'ordres à la Bourse de Paris ». (mention « très honorable avec
félicitations », proposition pour prix de
thèse, subvention pour publication).
• Batsch L., « Les marchés poussent-ils à la faute ? », Sociétal,
Chapitres de livres collectifs
sciences de gestion ? », Sciences de gestion, institutionnalisme et sociologie économique : autour des travaux de Mark
Granovetter, I. Huault éd., éditions EMS, 2002.
• Batsch L., « Le défi de l’évaluation des entreprises », Les défis
du management, M. Kalika éd., éditions Liaisons., 2002.
• Ginglinger E., « Myers », Les grands auteurs en finance, M.
Albouy éd., éditions EMS, 2003.
• Hamon J., « E.F. Fama », Les grands auteurs en Finance , M.
Albouy éd., éditions EMS, 2003.
CHARD) a soutenu, le 12 décembre
2002, sa thèse portant sur « La Prévision du risque de défaillance : apprentissage par un algorithme génétique »
(mention « très honorable avec félicitations»).
•
closely held market : evidence from France » , European Finance Review, 6, 3, pp. 291-319, 2002.
Galli A., Javaheri A. et D. Lautier, « Filtering in finance », Wilmott magazine, 5, mai 2003.
Geman H., «Le financement des risques catastrophiques",
Risques, 2003.
Geman H., «Pure Jump Lévy Processes for Asset Price Modelling", Journal of Banking and Finance, 2002.
Geman H., «The Fine Structure of Asset Returns : An Empirical
Investigation", Journal of Business, 2002.
Geman H., D.B. Madan et M. Yor, «Stochastic Volatility, Jumps
and Hidden Time Changes", Finance and Stochastics, 2002.
Geman H. et C. Kharoubi, « Hedge Funds Revisited : Distributional Characteristics, Dependence Structure and Diversification », Journal of Risk, 2003.
Ginglinger E., « L’actionnaire contrôleur », Revue Française de
Gestion, 28, 141, pp. 37-55, 2002.
Hamon J., « Le rôle et l’évolution des institutions de surveillance » , Revue Française de Gestion, déc. 2002.
Lautier D., « Trois modèles de structure par terme des prix du
pétrole : une comparaison », Banque et Marchés, n°57, mars
2002.
Lautier D., « Les options réelles : une idée séduisante - un
concept utile et multiforme - un instrument facile à créer
mais difficile à valoriser », Economie et Sociétés, jan-fév
2003.
Lautier D., « Les performances des entreprises électriques
européennes », Economie et Sociétés , jan-fév 2003.
Numéro 1
Page 3
Communications
• Desmoulins-Lebeault F., « CAPM Empirical Problems and the
•
• Aboura S. , Bellalah Ma. et Mo. Bellalah, « The effect of asym-
•
•
•
•
•
•
•
•
metric information and transaction costs on asset pricing :
theory and tests », International Meeting Tunisia, Hammamet,
mars 2003.
Ajili S., « Explaining the cross-section returns in France: characteristics or covariances? », International Meeting Tunisia,
Hammamet, mars 2003.
Ajili S., « The Capital Asset Pricing Model and the Three Factor
Model of Fama and French revisited in the case of France »,
symposium of Finance, Banking and Insurance (Karlsruhe),
SIFF (Rennes) et Meeting of the Brazilian Finance Society (Rio
de Janeiro), 2002.
Beljah R., Bellalah Ma. et Mo. Bellalah, « The effect of asymmetric information on the cost of capital », International Meeting Tunisia, Hammamet, mars 2003.
Bellalah Mo. et S. Mefteh, « L'exposition au risque de change
et les déterminants de la couverture : le cas français » , Journées de l'AFFI (Paris), déc. 2002.
Casta J.-F.; « La gestion intégrée des risques: y-a-t-il des enseignements à tirer du secteur bancaire? », Le risk-management,
(Colloque CREFIGE, Université Paris-Dauphine), 2003.
Chabrak N., « The politics of transcendance: hermeneutic phenomenology and accounting policy », Congrès IPA (Madrid) et
CSM3 (Lancaster), 2003.
Chabrak N., « Idiosyncratic cognitive mapping: application of
hermeneutic phenomenology to the study of accounting policy », IPA conference (New York), 2002.
Desmoulins-Lebeault F., « CAPM Empirical Problems and the
Distribution of Returns», Bachelier Finance Society, 2002.
La publication dans les
revues internationales
(suite de la page 1) Les éditeurs apprécient généralement
une méthodologie bien expliquée et portent un intérêt particulier à l’interprétation des résultats, dont les plus importants doivent être repris dans la
conclusion. Sur le plan de la
forme, chaque revue a sa propre charte qu’il faut respecter.
Le Pr. Lasfer a insisté sur le fait
qu’il faut poser un regard objec-
•
•
•
•
•
•
•
•
•
tif sur son propre travail et
accepter les critiques des autres. La version finalisée d’un
travail de recherche ne peut
être obtenue qu’à la suite de
plusieurs lectures. Afin de
bien répondre aux remarques
des rapporteurs, il faut reprendre point par point toutes
leurs remarques et y apporter
les éclaircissements nécessaires.
En ce qui concerne la publication dans des revues américaines, il est important de
mettre en avant les différen-
ACTUALITÉ
Distribution of Returns», Journées de l’AFFI (Paris) et SIFF
(Rennes), 2002.
Emonet-Fournier C., « La liquidité systématique : Etude sur le
marché français des actions », Congrès de l'AFFI (Strasbourg),
juin 2002.
Fabre-Azéma F., « Les pratiques d’évaluation des analystes
financiers lors des introductions sur le second marché de la
Bourse de Paris : le retour vers les variables fondamentales »,
Congrès de l'AFFI (Strasbourg), juin 2002.
Gajewski J.-F., E. Ginglinger et M. Lasfer, « Why do companies
include warrants in SEOs : the case of French unit offerings »,
Congrès de la Multinational Finance Society (Chypre) et Congrès de l’AFFI (Strasbourg), 2002.
Ginglinger E. et J.-F. L'Her, « Ownership structure and open
market stock repurchases in France », Congrès de l’EFMA
(Londres), juin 2002
Jeanjean T., « Earnings management : measurement and mismeasurement », European Accouting Association annual
congress, Copenhague, avril 2002.
Lautier D., « Workshop on Options Valuation in Energy and
Environmental Issues (Karlsruhe), Institute Systems and Innovation Research, février 2003.
Lautier D., « Il y a des loups dans la forêt des options réelles »,
Congrès de l'AFFI (Strasbourg), juin 2002.
Lautier D., « Les options réelles, une idée séduisante - un
concept utile et multiforme - un instrument facile à créer mais
difficile à valoriser », Options réelles, applications et limites
(Colloque, Université Paris-Dauphine), janvier 2002.
Mefteh S., « L’utilisation des produits dérivés et les caractéristiques des entreprises non financières », International Meeting
Tunisia, mars 2003.
Thion B., « Le foncier : vraie ou fausse valeur », Actes du
Congrès sur la Valeur (Bordeaux), avril 2002.
ces institutionnelles avec le
cas américain. Les études
utilisant des bases de données autres qu’américaines
seront confrontées à l’obligation de détailler les caractéristiques de ces premières.
En conclusion, le Pr. Lasfer
a rappelé qu’un auteur doit
maîtriser tous les détails de
son travail car cette maîtrise
lui permet de faire passer le
message scientifique de son
article, même s’il peut être
amené à reformuler ses
idées. La publication est un
Séminaires
de recherche
Le 26 juin 2003 (à 13h en
A701), le Pr. J.-F. Casta et C.
Lesage, présenteront un état
de l’art sur les méthodologies positives de recherche
en audit ».
DU CENTRE
Lors de cette année universitaire, le CEREG s’est enrichi de nouveaux membres.
NURAL et Mathieu VAISSIE. Nous leur
souhaitons à tous la bienvenue.
Le Pr. Edith GINGLINGER nous a rejoint et
remplace le Pr. Jean Mathis à la direction
du CEREG. Elle devient également coresponsable du DEA 104 « Finance », avec
Fabrice RIVA. Le Pr. Jean MATHIS est détaché auprès du Ministère des Affaires
Étrangères à N’Djamena (Tchad).
Nominations
Plusieurs nouveaux doctorants ont rejoint
l’équipe cette année: Yosra BEJAR, Thi
Than Binh DAO, Siwar ELLOUZ, Adbelkarim IDI-CHEFFOU , Amani KAHLOUL, Irem
La Lettre du CEREG
processus long mais qui mérite d’être entrepris. le Pr.
Lasfer a souhaité bonne
chance aux doctorants du
CEREG.
Delphine LAUTIER est nommée directrice
adjointe du CEREG.
Toutes nos félicitations vont à Joanne
Hamet et Thierry Ané, reçus à l’Agrégation de l’enseignement supérieur, ainsi
qu'à Makram Bellalah, Meriem Ben Salah, Nihel Chabrak, Thomas Jeanjean et
Juan Raposo, qualifiés aux fonctions de
Maîtres de Conférences.
Carnet rose
Toutes nos félicitations et vœux de bonheur à Lila Guermas à l’occasion de son
mariage avec Karim, célébré à Paris le
25 avril 2003.
En bref
• Afin de la rendre plus fonctionnelle, la
salle des doctorants P402bis sera entièrement rénovée durant le mois de juillet.
• Les CV des doctorants sont désormais
mis en ligne sur le site internet du cereg,
rubrique « membres ».
Page 4
FOCUS: LE S MARCHÉS
D E L ’E N E R G I E
ENTRETIEN AVEC JEAN-FRANÇOIS CONIL-LACOSTE, D.-G. DE POWERNEXT
A l’occasion de la Conférence organisée par le Professeur Hélyette GEMAN et les étudiants du DESS 203 sur le thème de « l’ouverture des
marchés de gaz et d'électricité en Europe » le 19 mars 2003 à l’Université Dauphine, nous présentons les traits majeurs d’un marché financier en plein essor et dont les enjeux concernent tous les agents économiques. Nous tenons à remercier vivement les intervenants, responsables des acteurs majeurs du marché et anciens du DESS 203, qui ont bien voulu nous faire partager leur expérience : M. Conil Lacoste
(Directeur Général de Powernext), M. Amic (responsable Trading Gaz et pétrole chez Total-Fina-ELF), et M. Beigbeder (Président du Directoire
de Poweo).
Le marché de l’énergie présente des caractéristiques spécifiques. Ses perspectives de développement sont liées aux politiques de déréglementation, à la suite de la directive européenne de 1996, ouvrant progressivement l’accès au marché (l’accès total concernant le marché de
gros aura lieu le 1er juillet 2004, et les particuliers le 1 er juillet 2007). Participant à la rationalisation du secteur, des indices de référence sont
apparus, avec la création du marché boursier Powernext le 26 novembre 2001, dont le volume quotidien a été multiplié par 20. Ce développement très rapide exige des compétences spécifiques, concernant: l’organisation et la réglementation du marché, le trading (en r aison du
caractère non stockable de l’électricité), les offres marketing, pour garantir par exemple un prix stable aux clients frileux, ou encore la gestion des risques pour garantir la sûreté de l’approvisionnement.
Au sein de ce marché nouveau, complexe et marqué d’incertitudes, les attentes des acteurs envers les autorités de marché sont grandes :
la compétitivité, via une liquidité suffisante et un contrôle des manipulations de marché potentielles, la résolution des problèmes de congestion dans la distribution de l’électricité, via une meilleure interconnexion des réseaux européens, la sûreté des approvisionnements. La recherche est également sollicitée, dans le cadre de la modélisation des dynamiques des actifs énergétiques et de leurs produits dérivés,
compte tenu des pics de volatilité soudains et de l’incomplétude du marché.
Afin de rendre compte des caractéristiques concrètes d’un tel marché, M. Conil Lacoste, ancien Directeur d’Euronext et actuel Directeur Général de la bourse d’électricité « Powernext », a bien voulu répondre à nos questions.
Comment favoriser davantage l’augmentation des volumes sur le marché Powernext?
J.-F CONIL-LACOSTE: Le rôle du marché est de
créer les conditions les plus favorables, des
règles de marché à l’architecture technique, pour que la confiance des opérateurs
se développe. Il y a un effet d’entraînement
un peu naturel : la liquidité appelle la liquidité. Premier élément de réponse : laissons
faire les choses, maintenant que nous
avons fixé le cadre et attiré un nombre satisfaisant d’opérateurs. Progressivement,
ceux-ci vont traiter davantage, en tenant
compte de leur meilleure appréciation du
carnet d’ordre et de la profondeur de marché. Au delà de ce mécanisme de
confiance, que nous ne maîtrisons pas,
même si nous pouvons l’impulser, encourager le volume passe par l’augmentation du
nombre de membres, 30 aujourd’hui et une
dizaine en attente.
Un autre moyen d’accroître la demande
réside dans la réponse à de nouveaux besoins, en enrichissant la gamme de produits traités sur le marché Powernext, par
exemple à travers des contrats de blocs
d’heures, plutôt que chacune des 24 heures, correspondant aux périodes de base
(0h à 24h) et de pointe (8h à 20h). Dernier
élément, nous envisageons de lancer début
2004 un marché de Futures qui aura très
certainement des retombées importantes
en terme de volume.
Y a-t-il un objectif de volume et pensez-vous
qu’il sera atteint prochainement ?
J.-F. C.-L.: Oui, nous n’en sommes pas loin.
Plus que le volume spot, dont la masse critique est certes essentielle, et qui est aujourd’hui quasiment atteinte à nos yeux (23
GWh atteint récemment, proche de l’objectif affiché de 24 GWh), c’est la qualité du
prix formé sur le marché Powernext qui imLa Lettre du CEREG
porte. Ce dernier est de qualité car il est
très bien corrélé avec la courbe de consommation (plus de 90%). Il est ainsi de plus en
plus utilisé comme référence dans les
contrats de fourniture.
Quels sont les résultats des études et enquêtes menées auprès des intervenants ?
J.-F. C.-L.: Il s’agit avant tout de pouvoir proposer des contrats de maturités plus longues: la semaine, le mois, le trimestre, l’année, 2 ans et 3 ans. Toutefois il est raisonnable de concentrer dans un premier temps
la liquidité sur quelques échéances rapprochées (sur les contrats mensuels ou trimestriels par exemple), et d’agrandir l’éventail
de produit par étapes, en faisant preuve de
pragmatisme.
A quand d’autres produits énergétiques négociés sur Powernext ?
J.-F. C.-L.: Relevons d’abord le défi de l’électricité ! Il n’y a pas à ce jour d’expérience de
marché financier de l’électricité qui ait réu ssi autre que Nordpool, le marché scandinave créé il y a dix ans. Nous observons de
près le développement du marché allemand, mais il est encore trop tôt pour en
tirer des conclusions. Il ressort des caractéristiques spécifiques du marché de l’électricité (comme son extrême volatilité liée à la
météo et à l’impossibilité de stocker), une
certaine difficulté à développer ce type de
produits. Le paradoxe, c’est qu’il y a un
grand besoin d’outils de gestion du risque
dans un environnement concurrentiel où le
prix librement débattu par le marché se
substitue au tarif, précisément en raison de
l’extrême volatilité qui présente la caractéristique unique de croître lorsqu’on se rapproche de l’échéance du contrat. Ceci est
dû à l’impérieuse nécessité d’équilibrer
physiquement en permanence les injections et les soutirages sur le réseau électri-
que. Paradoxalement, plus on développera
des contrats de long terme, moins le
consommateur ou le fournisseur sera exposé au risque de fluctuation des prix.
Par ailleurs il existe déjà des produits dérivés traités en bilatéral sur le marché OTC,
appelés Forwards. Lorsque le nombre d’acteurs se sera multiplié dans le cadre d’une
ouverture accomplie, le risque de crédit et
de contrepartie en résultant justifiera alors
pleinement le rôle d’un marché organisé,
sécurisé et transparent, disposant d’une
chambre de compensation.
L’enjeu de l’extension de l’offre de produits
réside avant tout dans la maîtrise des coûts
et dans le caractère compétitif du marché
en Europe. Et cela ne sera possible qu’en
présence d’un (ou deux) grand marché financier de l’énergie pan-européen. Alors
d’autres produits pourront y être traités,
comme le gaz, les dérivés climatiques, les
permis d’émission… en utilisant une même
contrepartie centrale.
Existe-t-il des problèmes liés à l’anonymat et
aux stratégies de manipulation en raison du
faible nombre d’acteurs ?
J.-F. C.-L.: Le marché organisé est un marché
anonyme, régulé, qui fonctionne sous la
double autorité juridictionnelle, financière et
électrique, du CMF et la CRE, qui ont toute
latitude pour mener leurs investigations, si
nécessaire. Nous mêmes, nous avons bien
entendu une connaissance très précise du
comportement des acteurs. Les acteurs sont
contraints à la vertu sur un marché organisé. Dans les faits, l’acteur le plus actif sur le
marché ne représente pas plus de 15 % du
volume, et la somme des volumes traités
par les cinq premiers n’excède pas 50 % du
total, garantissant une dispersion satisfaisante des transactions sur le marché.
Numéro 1