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Bureautique : quand la massification fait polémique
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Bureautique : quand la massification fait polémique
mercredi, 24 février 2010 07:29
D’un côté, la fédération des équipements de bureau qui dénonce les
désastreuses conséquences de la massification des achats sur le tissu de PME.
De l’autre, l’UGAP et le service des achats de l’Etat qui soutiennent que leur
politique d’achat ne les exclut pas de leurs marchés. Au centre : une
polémique sur la centralisation des achats avec des protagonistes qui livrent
chacun un point de vue divergent.
La massification des achats est-elle un mal pour un bien ou plutôt « un bien entraînant le mal » ?
Depuis quelques mois, la fédération des équipements de bureaux (FEB) tire la sonnette d’alarme sur
les conséquences apparemment désastreuses de la massification grandissante des achats pour ce
secteur d’activité (1). Secteur qui, rappelons-le, fait partie des fonctions logistiques pour lesquelles le
décret relatif à la création du service des achats de l’Etat (SAE) a prévu la mutualisation des
commandes entre ministères (2). Le 10 février dernier, trois patrons d’entreprises se réunissaient,
sous la houlette de Jackie Troy, administrateur déléguée aux marchés publics de la FEB, pour décider
d’un plan de bataille. Car les fournituristes sont terriblement inquiets. Ils se disent sérieusement
menacés par le regroupement massif des commandes publiques : « En 2008, les entreprises orientées
vers la fourniture de bureau ont perdu 1710 salariés sur un effectif total de 24 150 personnes »,
s’alarme Jackie Troy. Pierre Luquet, le PDG de Buro +, un réseau de distributeurs implantés dans
l’hexagone, Bernard Sigougneau, gérant de la plateforme bordelaise de Buro +, et Bernard Verrier,
patron de la société Majuscule, dressent le même constat accablant : ils n’accèdent plus aux appels
d’offres de certains ministères avec lesquels ils avaient l’habitude de travailler depuis environ six mois.
La mise en œuvre de la révision générale des politiques publiques, qui a prévu une rationalisation des
achats et 1 milliard d’euros d’économies sur cette fonction d’ici trois ans, aurait provoqué une
centralisation telle que les marchés concernés échapperaient à ces entreprises, pour la plupart des
PME, en particulier lorsque le marché passe entre les mains de l’UGAP. C’est le cas, par exemple, du
ministère de la Défense. « Les marchés nous passent sous le nez, annonce Bernard Verrier. Le constat
est identique du côté des collectivités locales qui sont de plus en plus nombreuses à faire appel à la
centrale d’achats pour acquérir leur fournitures de bureau ou d’informatique », déclare-t-il.
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de g à d et de haut en bas : Pierre Luquet et Bernard Verrier, Jackie
Troy et Bernard Sigougneau
La politique de la terre brûlée, selon la FEB
« Les marchés de l’UGAP sont trop volumineux, nous n’avons pas la taille critique pour y répondre. Ce
sont les trois plus grosses entreprises internationales du secteur qui gagnent les marchés, au premier
rang desquels on retrouve Fiducial et Irreco », avancent les trois dirigeants. Le marché du ministère
de la Défense, qui a été organisé par l’UGAP, semble particulièrement douloureux : « Jacques Rouard,
le directeur général de Charlemagne, une PME installée dans le Var, souffre beaucoup de la perte du
marché de la Défense. Il représentait 20% de son CA et 12 emplois ! », s’exclame Jackie Troy. « Nous
ne sommes pas contre la mutualisation des achats et nous ne voulons pas de passe-droit, souligne
Bernard Verrier, mais nous voulons pouvoir accéder de nouveau aux marchés publics, ce qui n’est plus
le cas quand c’est l’UGAP qui se charge de la procédure ». Bernard Sigougneau a perdu le marché du
SGAP (secrétariat général pour l’administration de la police), qui représentait 250 000 € de chiffre
d’affaires pour son entreprise et finance deux à trois emplois, désormais menacés : « Le responsable
commercial qui avait le SGAP dans son portefeuille de clients a perdu la moitié de sa marge de
revenus, déplore le gérant. Il faut savoir que pour une société comme la mienne, l’obtention d’un
marché de 200 000 euros permet de créer un emploi. J’ai l’impression que l’on marche sur la tête car
le gouvernement dit qu’il faut défendre le tissu des PME et lance parallèlement des marchés publics
d’envergure nationale qui nous excluent », regrette le patron bordelais. « Nous ne sommes pas les
seuls touchés, ajoute Jackie Troy, le secteur de la téléphonie et de l’impression sont également
impactés par cette nouvelle politique d’achat ».
Le SAE soucieux des PME
Interrogé sur cette problématique, Jean-Baptiste Hy, le directeur adjoint du SAE, s’inscrit en faux. «
Les chiffres de la FEB indiquent que le secteur public représente 100 millions d’euros sur un montant
d’affaires total de plus de 4 milliards d’euros. On ne peut donc pas dire que la politique menée par le
secteur public est la cause principale de leurs difficultés, argue-t-il. Le SAE ne souhaite pas mettre
tous ses œufs dans le même panier car il n’a aucun intérêt à lancer des marchés
nationaux auxquels seules les entités internationales peuvent répondre. Cela
diminuerait la concurrence au bout du compte. Et l’on ne peut pas laisser dire
que le SAE ne se soucie pas des PME. D’ailleurs, Buro + et Majuscules, qui sont
de grands réseaux de distribution, continuent de candidater aux marchés
ministériels et sont tout à fait capables d’y répondre de manière compétitive,
estime-t-il. Si problème il y a, c’est peut-être du côté des collectivités locales qui
passent par l’UGAP pour leurs fournitures de bureau, considère le directeur
adjoint. Nous avons discuté de la qualité des produits avec l'UFIPA [ ndlr
association de la filière papetière] et l'AIPB [ndlr association des industriels de la
papeterie et du bureau] car l’un de leurs arguments est qu’on ne choisit les
attributaires qu’en fonction du prix. Mais c’est faux. Le prix ne représente en moyenne que 40% de la
note finale tandis que le développement durable compte pour 20%. Il suffit de télécharger un DCE
pour le vérifier », défend-il. Selon Jean-Baptiste Hy, le SAE aurait suggéré à ces fédérations
professionnelles de travailler sur la spécification des produits de bureautique dans le cadre d’un GEM
pour rédiger un guide technique sur ce sujet. Le SAE met par ailleurs en place actuellement des
missions achats au sein de chaque préfecture de Région : « Les chargés de mission achats, un agent
plus son adjoint, seront là pour s’assurer de la bonne exécution des marchés, faire remonter les
difficultés éventuelles et organiser des marchés régionaux », explique le directeur adjoint.
« La rationalisation n’assèche pas le secteur »
Quant à l’UGAP, elle préfère donner des chiffres en guide de défense : « Le chiffre d’affaires de la
profession est d’environ 5,5 Mds d’euros dont 1,5 Md € est réalisé dans le secteur public,
ce qui représente 27% du CA de leur activité, avance Denis Varène, le
directeur du marketing, du e-commerce et de la communication de l’UGAP. Le
seul marché interministériel que nous ayons concerne le papier et représente
300 millions d’euros. S’agissant des fournitures de bureau, nous avons passé
pour 6,8 M€ d’achats en 2009, ce qui représente à peine 1,13% des besoins du
secteur public. Si l’on prend l’ensemble des consommables informatiques,
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Denis Varène
papiers et fournitures de bureaux, l’UGAP a acheté pour 54,4 M€, soit 3,6% du
marché global. Au regard de ces chiffres, on ne peut pas dire que l’UGAP assèche le secteur.
Objectivement, la rationalisation des commandes ne peut impacter toute la profession des
fournituristes et nous sommes très attentifs aux PME, poursuit-il. En revanche, peut-être affecte-t-elle
des entreprises qui ont tout misé sur le secteur public. Mais dans ce cas, il s’agit d’un problème de
gestion individuelle d’entreprise et peut-être plus généralement de structuration de ce secteur
d’activité, estime le responsable. La commande publique a beaucoup évolué ces dernières années et je
pense que l’enjeu des membres de la FEB, c’est probablement d’accompagner les nouveaux besoins
des clients publics, lesquels demandent de plus en plus de produits avec le service associé et de se
moderniser. La solution pour eux passe probablement par le groupement temporaire d’entreprises ou
la sous-traitance », conclut Denis Varène.
(1) FEB : « La mission de l’UGAP ne peut pas se réaliser sur les cadavres des PME ».
(2) Décret n° 2009-300 du 17 mars 2009 portant création du service des achats de l’Etat
Sandrine Dyckmans © achatpublic.info
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