Journée de la Femme – Morija lutte contre l`excision
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Journée de la Femme – Morija lutte contre l`excision
Association humanitaire En Reutet - Case postale 114 - 1868 Collombey-le-Grand (VS) www.morija.org - CCP : 19-10365-8 Tél. : 024/472 80 70 - Fax : 024/472 80 93 Communiqué de presse Journée de la Femme – Morija lutte contre l’excision _________________________________________________________________________________________________________________ La lutte en faveur des plus démunis que Morija mène depuis 28 ans se poursuit, notamment celle liée aux mutilations génitales féminines. MGF (Mutilations Génitales Féminines), 3 lettres qui cachent une honte et un drame difficile à assumer. Quelque 3 millions de fillettes sont mutilées chaque année, soit 250’000 par mois. Pour faire écho à de nombreuses manifestations qui auront lieu le 8 mars lors de la Journée de la femme, et notamment celles qui voudront dénoncer l' excision et les mutilations génitales féminines, Morija souhaite rapporter le témoignage de 2 femmes qui sont sorties du silence, l’une victime de l’excision et l’autre ancienne exciseuse, pour dire l’urgence d’un changement. Le sexe d’une femme excisée, c’est comme une plaie constante que l’on arroserait d’alcool Amina Iza, Camerounaise de 40 ans, témoigne : «C’est à l’âge de 3 ans que j’ai été excisée. A mes multiples questions, ma mère me répondait que c’était une tradition arabe de mon ethnie choa d’exciser les femmes. Une femme qui ne l’est pas est impure; elle ne peut se marier, ni faire des prières, me disait-elle. Je croyais donc que toutes les filles du monde subissaient l’excision. Mais à 10 ans, j’ai découvert que je me trompais, car des amies d’une autre ethnie m’ont dit qu’elles savaient que j’étais excisée, contrairement à elles. A 14 ans, j’ai osé dire à ma mère que je ne ferais jamais exciser ma fille, car c’était une affreuse coutume. C’est une honte, me dit-elle, c’est le devoir d’une mère. Je me suis mariée à 16 ans. J’étais terrifiée. Le soir de mes noces, j’ai eu tellement mal que je me suis évanouie. J’ai eu mon premier enfant à 18 ans. J’ai souffert le martyre, et tous mes accouchements ont été abominables. A 30 ans, j’ai découvert comment était formé mon appareil génital et surtout la différence entre une femme excisée et une femme non excisée. Et là, j’ai ressenti une grande colère. J’ai toujours souffert de douleurs insupportables dans le ventre. Le sexe d’une femme excisée, c’est comme une plaie constante qu’on aspergerait d’alcool. Mais en Afrique, personne ne lie ces maux à l’excision. Les mères africaines sont ensuite étonnées de comprendre que l’excision est la cause de leur propre souffrance. Aujourd’hui, ma chair reste mutilée et pour moi, le sexe n’est que douleur.» Nous avons hérité cette pratique de nos parents Agée de 57 ans, Bila Dimzouré a été initiée à cette pratique par sa grand-mère. Elle témoigne: «A sa mort, elle me légua sa lame et je lui succédai pour devenir à mon tour l’experte du quartier. Entre-temps, j’ai excisé ma propre fille qui malheureusement a eu le tétanos. Grâce à Dieu, elle a survécu, mais elle n’a pas encore eu d’enfants. J’ai réalisé aujourd’hui avec les sensibilisations que c’est à cause de l’excision que ma fille ne pourra peut-être jamais enfanter. J’ai juré devant Dieu de ne plus répéter cette erreur sur un enfant. Maintenant je fais partie du groupe de sensibilisation sur le sida et l’Etat m’a donné un vélo». Les partenaires de Morija sur place luttent contre les mutilations génitales féminines par la sensibilisation, que ce soit dans les centres médicaux et les centres de nutrition, lors de causeries, ou dans les écoles lors de cours dispensés aux enfants. Si des progrès ont été accomplis, il reste néanmoins beaucoup à faire, comme en témoigne ce jeune Togolais, interrogé par le directeur du Centre Médico-Social de Farendé : «Je dirais qu’à l’heure actuelle, un jeune comme moi ne peut pas s’opposer à l’excision. Au contraire, s’il arrivait à un farfelu de s’y opposer dans un groupe, on ferait tout pour le ramener à la tradition.» Tout don sur le CCP Morija 19-10365-8 (avec mention « lutte contre les MGF ») est le bienvenu et sera attribué aux centres dans lesquels cette sensibilisation se fait jour après jour. Merci de contribuer à cet espoir de lendemains meilleurs et plus dignes. Chacun peut trouver d’autres témoignages et information en consultant www.morija.org, puis « journal », et enfin en téléchargeant le pdf « 224 - Date 03/2007 ». Encadré L’excision est en fait un acte chirurgical généralement proscrit par la loi et les règlements en vigueur. Il consiste en l’ablation partielle ou totale du clitoris, ou en l’ablation du clitoris et l’excision partielle ou totale des petites lèvres ou encore par l’excision partielle ou totale des organes génitaux externes et le rétrécissement de l’orifice vaginal. Il se fait dans des conditions déplorables laissant la petite fille moralement et physiquement traumatisée et exposée à des risques et conséquences dramatiques. Complications physiques: - la douleur: elle est atroce et insupportable au moment de l’ablation effectuée sans anesthésie. Et elle le restera, notamment pendant les rapports sexuels. - les hémorragies: au moment de l’ablation et lors d’un accouchement, elles sont souvent responsables d’anémie et de mort. - les infections: Les conditions d’hygiène douteuses dans lesquelles se pratiquent les excisions sont à l’origine de nombreux cas d’infections pouvant aboutir à la stérilité. Notons également l’exposition au sida et au tétanos. Complications obstétricales: - la cicatrice rend la vulve de la femme moins souple et l’accouchement difficile. Sans aide appropriée, l’enfant et la mère risquent la mort et succombent fréquemment. Conséquences psychosociales: - perte de sensations naturelles se manifestant par la frigidité sur le plan sexuel. - perte ou détérioration de l’image de soi dans la société. Association Morija www.morija.org 6 mars 2007 Pour tout complément d’information : Christiane Raboud, responsable de la communication - Tél. 024 472 80 70 Depuis plus d’un quart de siècle, le cœur de Morija bat en faveur des enfants malnutris, des orphelins, des veuves et des plus défavorisés. Aujourd’hui, ce combat contre la mort et la misère se poursuit grâce aux 14 projets développés au Burkina Faso, au Tchad, au Togo et au Cameroun.