Le Figaro.fr: Much Loved - Le Maroc boycotte un film sur la prostitution

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Le Figaro.fr: Much Loved - Le Maroc boycotte un film sur la prostitution
CULTURE
Much Loved: le Maroc boycotte un film sur la
prostitution
Home / CULTURE / Cinéma Par Hélène Pagesy Publié le 26/05/2015 à 12:32
Le long-métrage de Nabil Ayouch, présenté à la Quinzaine des réalisateurs du 68e Festival de
Cannes, sera interdit de projection dans le royaume chérifien. Selon le gouvernement, il
comporte un «outrage grave aux valeurs morales et à la femme marocaine».
Réaliser un film sur la prostitution n'est pas chose aisée. Elle l'est encore moins quand ce dernier est tourné à
Marrakech et met en scène des prostituées marocaines. Avant même sa sortie en salle, le film Much Loved de Nabil
Ayouch (lui-même originaire du Maroc) se voit interdit de projection, une semaine après sa présentation à la
Quinzaine des réalisateurs du 68ième Festival de Cannes.
Ce lundi 25 mai, le gouvernement emmené par les islamistes du parti Justice et développement (PJD) a
annoncé la censure du film au Maroc. «Les autorités marocaines compétentes ont décidé de ne pas autoriser
(sa) projection», indique le ministère de la Communication dans un communiqué. Une association marocaine a
également décidé de porter plainte «à la fois contre Nabil Ayouch, Loubna Abidar [qui campe le rôle du
personnage principal, ndlr] et tous ceux qui ont contribué au film».
Une deuxième offensive a été menée envers le film par une équipe du Centre cinématographique marocain
(CCM), instance chargée de délivrer les visas d'exploitation. Cette dernière explique, dans un texte cité par
l'agence MAP, avoir «regardé le film lors de sa projection dans le cadre d'un festival international» et avance
qu'il «comporte un outrage grave aux valeurs morales et à la femme marocaine, et une atteinte flagrante à
l'image du royaume».
«La prostitution est autour de nous»
Le long métrage très cru et largement inspiré de la réalité de la rue suit le destin de quatre filles de joie qui
s'invitent dans des soirées avec de riches saoudiens, des touristes français ou même des policiers corrompus. À
certains passages du film, ces hommes font preuve d'une rare violence. Nabil Ayouch a tenté de justifier sa
démarche artistique, en déclarant: «La prostitution est autour de nous et au lieu de refuser de la voir, il faut essayer de
comprendre comment des femmes qui ont eu un parcours difficile ont pu en arriver là». Le cinéaste a indiqué avoir
rencontré pour son film entre 200 et 300 jeunes femmes qui sont, ou ont été à un moment de leur vie, des
prostituées.
En 2012, Nabil Ayouch avait déjà présenté à Cannes un film qui avait fait beaucoup de bruit, Les Chevaux de
Dieu, inspiré des attentats du 16 mai 2003 commis par des kamikazes grandis dans les bidonvilles.
Much Loved : le Maroc boycotte un film sur la prostitution
Le long-métrage de Nabil Ayouch, présenté à la Quinzaine des réalisateurs du 68e Festival de Cannes, sera
interdit de projection dans le royaume chérifien. Selon le gouvernement, il comporte un «outrage grave aux
valeurs morales et à la femme marocaine».
Le figaro.fr / par Hélène Pagesy