50 ans de bo ssa no va | Mercredi 5 no vembre
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50 ans de bo ssa no va | Mercredi 5 no vembre
mercredi 5 novembre – 20h 50 ans de bossa nova À quoi ça sert l’amour Você e eu Manhã de Carnaval/Modinha/O que tenha que ser (guitare solo) O morro não tem vez Briga nunca mais Tristeza e solidão Berimbau Upa Neguinha (piano solo) Corcovado O Pato A Felicidade Aquarela do Brasil Finale Márcio Faraco, chant, guitare Raul Mascarenhas, flute et saxophone Gérard Gambus, piano Gerson Saeki, basse Inor Sotolongo, percussion Christophe de Oliveira, batterie Invités : Mariana de Moraes, chant Philippe Baden Powell, piano Marcel Powell, guitare Trio Esperança, chant 5-11 BOSSA NOVA.indd 1 50 ans de bossa nova | Mercredi 5 novembre Première partie : Márcio Faraco et invités 30/10/08 16:50:49 Seconde partie : Milton Nascimento et Jobim Trio Samba de uma nota só Águas de março Só tinha que ser com você O vento Esperança perdida Inútil paisagem Chega de saudades Eu sei que vou te amar Dias azuis Para Lennon e McCartney Cravo e Canela Samba do avião Milton Nascimento, chant, guitare Daniel Jobim, chant, piano Paulo Jobim, chant, guitare Paulo Braga, batterie Rodrigo Villa, basse Fin du concert vers 22h40. 5-11 BOSSA NOVA.indd 2 30/10/08 16:50:49 mercredi 5 novembre 50 ans de bossa nova Lorsque sort, en 1958, « Chega de Saudade », c’est un choc, pour beaucoup une révélation. Un avant et un après qui installe cette chanson signée Antônio Carlos Jobim, Vinícius de Moraes et interprétée par João Gilberto, sur le piédestal des « mythes » de la musique du XXe siècle. Même si l’histoire de la bossa nova ne peut s’y réduire, « Chega de Saudade » contient tous les éléments qui vont caractériser cette « nouvelle bossa » : un ralentissement du tempo, une syncope décalée entre la mélodie jouée à la guitare et un phrasé volontairement traînant, enfin des paroles qui captent l’air du temps et rompent radicalement avec le mélodramatisme de la samba-canção, alors prédominante. Aux femmes fatales et aux amours contrariées est préférée la légèreté d’un mode de vie de bord de mer qui s’impose à la fin des années cinquante avec le gouvernement de Kubitschek et l’érection de la nouvelle capitale, Brasilia, gloire à une modernité futuriste et heureuse. Entre la première pierre de la bossa nova, « Chega de Saudade », en 1958, et « The Girl from Ipanema » avec João Gilberto, Antônio Carlos Jobim et Stan Getz, sorti en 1964 chez Verve aux États-Unis, et le succès mondial qui s’ensuivit, la bossa nova aura eu le temps de s’affiner et de se diversifier. Encore aujourd’hui, les musiciens peinent à expliquer et reproduire l’alchimie propre à l’interprétation de João Gilberto sur « Chega de Saudade » (« il suffit de cette mélancolie »). On ne parle alors plus de notes mais d’accords qui produisent l’harmonie et le rythme en une seule fois. Surgis avec le chant, ces accords sont pourtant joués sur un rythme différent, créant cette « dissonance » propre à la bossa nova. Ceux qui cherchent dans leur coin de quoi sortir de la samba décadente, ces jeunes qui s’impatientent d’une nouvelle mode, tous s’arrêtent à l’écoute de cette façon de jouer et de chanter si moderne. Et comble de la découverte, cette avant-garde est alors impossible à reproduire, elle suscite des écoles sans l’égaler, car João Gilberto est inimitable. L’histoire raconte qu’il répétait ses chansons au bout du couloir de son appartement où il prenait à témoin ses amis : rien qu’en chuchotant, ceux-ci devaient entendre les paroles distinctement. Celui qui gagnait sa vie comme crooner dans des combos radiophoniques, dramatisant les vibratos de sa voix pour le bon plaisir de l’industrie radiophonique, venait de gagner un pari impossible, celui de chuchoter une musique et d’en ralentir le tempo jusqu’à en déformer sa syncope. Car la bossa nova n’est pas sortie de nulle part. Chacun de leur côté, trois hommes – Antônio Carlos Jobim, Vinícius de Moraes et João Gilberto – cherchent à tirer de nouvelles règles de composition de la samba qui appartient déjà à une époque révolue, celle du règne populiste de Getúlio Vargas. Antônio Carlos Jobim, pianiste, compositeur et chef d’orchestre pour la radio, est à la poursuite de nouvelles harmonies, entre jazz américain et impressionnisme européen (Ravel, Debussy). Quant à Vinícius de Moraes, diplomate et poète, il se joue déjà des canons de l’époque en publiant des poèmes et des sambas, au grand dam du ministère des affaires étrangères brésilien. Ces trois-là, bien qu’ils ne jouent qu’une seule fois ensemble pour un concert mythique au Bon Gourmet à Rio de Janeiro en 1962, vont façonner la bossa nova. L’aventure commence dès 1956 lorsque Vinícius de Moraes rencontre Antônio Carlos Jobim. Il cherche alors un compositeur pour sa pièce de théâtre Orfeu da Conceição, qui deviendra en 1959, sous la caméra de Marcel Camus, 5-11 BOSSA NOVA.indd 3 30/10/08 16:50:49 Orfeu Negro. De son côté, Jobim rencontre João Gilberto dès 1957 et comprend vite ce que cet être iconoclaste peut apporter à la musique qu’il est en train de composer. Une voix et une interprétation à la guitare (João Gilberto), des compositions avant-gardistes (Antônio Carlos Jobim) et des paroles poétiques, légères et espiègles (Vinícius de Moraes) vont donner forme à la bossa nova. La génération suivante va reprendre à son compte une musique faite à son image et des musiciens comme Roberto Menescal, Carlos Lyra ou Nara Leão vont la populariser. Après le célèbre concert de Carnegie Hall en 1962, chacun s’en va de son côté : João Gilberto reste avec Astrud Gilberto aux États-Unis, Antônio Carlos Jobim poursuit ses recherches, collaborant lui aussi avec les plus grands noms du jazz américain, pendant que Vinícius de Moraes se rapproche d’un jeune guitariste du nom de Baden Powell. À eux deux, ils vont explorer les sources africaines de la chanson brésilienne, imprimant au swing de la bossa nova une syncope afro-américaine, faisant jaillir l’âme noire sous-jacente. Prolifique, leur collaboration va donner naissance à un répertoire flamboyant et délicat à la marge de la bossa nova, sans aucun doute difficile à caractériser : ni bossa nova, ni samba, hors du temps et transcendant les époques, il sera chanté ce soir par la petite-fille de Vinícius, Mariana de Moraes, accompagnée du Trio Esperança et des deux fils de Baden Powell, Philippe et Marcel, véritable dédoublement de l’âme et de la virtuosité du père. Si la bossa nova ne perdure en tant que telle qu’une dizaine d’années tout au plus, elle marquera autant le Brésil que le monde, signant une certaine modernité. Et nul ne peut aujourd’hui comme hier se définir musicalement sans rendre des comptes à ce genre musical. Milton Nascimento, le premier. Cette voix si singulière, si étonnante dans le paysage musical brésilien – référence pour bon nombre de musiciens de jazz et d’improvisateurs contemporains – a toujours reconnu sa filiation. C’est grâce à l’opiniâtreté d’Agostinho dos Santos, le chanteur qui interpréta les chansons éternisées par le film Orfeu Negro (« Manhã de Carnaval », « Felicidade », etc.), que Milton est repéré au Festival de Musique de Rio de Janeiro en 1977. Le musicien est un ami de longue date de la famille Jobim – Antônio (dit Tom Jobim), bien sûr, mais aussi Paulo, guitariste (le fils) et Daniel, pianiste (le petit-fils) qui composent aujourd’hui avec Paulo Braga (batterie), compagnon de toujours de Milton Nascimento, le Trio Jobim. Plus proche de nous, Márcio Faraco, installé en France, a dédié son dernier album, Um Rio, à la bossa nova. Loin des reprises attendues, Márcio y affirme sa personnalité, départageant ce qu’il doit à la bossa nova de ce qui l’en éloigne, rendant ainsi un hommage dénué de pesanteurs. Sandrine Teixido Mécène de l’art de la voix Les partenaires média de la Salle Pleyel 5-11 BOSSA NOVA.indd 4 30/10/08 16:50:50