Le Couperet - La Révolution en Charentaises

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Le Couperet - La Révolution en Charentaises
Le Couperet
Extrait du La Révolution en Charentaises
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Le Couperet
- Le coin des avant-gardes - Documents à ne pas taire -
Date de mise en ligne : mardi 3 janvier 2006
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Le Couperet
Peut-on faire un film divertissant sur le chômage ? Costa-Gavras a réussi avec le Couperet,
un film plein de suspense et d'humour.
Licencié à cause d'une délocalisation, Bruno Davert est prêt à tout pour retrouver du travail. Comme tout bon produit
d'un système qui valorise l'ambition et la dévotion au travail, il ne croit pas rester au chômage longtemps (c'est pour
les autres, les faibles), mais après deux ans et demi il y est toujours. Spéculant sur la future libération d'un poste à
son niveau (parce que monsieur fait la fine bouche, ce qui n'est pas permis aux chômeurs menacés de suppression
des droits) il décide d'éliminer ses futurs concurrents. Au début on sympathise avec Bruno, mais de victime d'une
économie basée uniquement sur la compétitivité, il devient le pire exemple de ce système économique égoïste et
sans scrupules. L'histoire en elle-même est assez simple, mais à travers elle Costa-Gavras, connu pour ses films à
thème politique (Missing, Amen), aborde différents aspects du chômage et du travail.
Le psychologue a beau lui dire "Vous n'êtes pas votre travail", ça ne compte pas pour ceux qui n'en n'ont pas. Nous
vivons dans une société où la première question que l'on pose est "qu'est-ce que tu fais ?". Le chômage dans ce cas
est l'équivalent de rien. Le chômeur devient : personne. Les personnages dans le film qui ont opté pour un travail
alimentaire, en dessous de leurs capacités, sont peut-être plus sympas que le protagoniste, mais pas plus heureux,
ni plus respectés par leur entourage. Le vendeur de costumes est minutieusement contrôlé par son chef et on
ressent une méfiance qui côtoie le mépris ou la haine. Vu le travail qu'il a, il est intéressant de le comparer avec le
vendeur de grand magasin de "Un Crime Farpait" [1], qui déborde d'une trop grande estime de soi, ce qui montre
que tout est relatif.
Malgré le fait que les chômeurs soient nombreux (près de 10% de la population active, ce n'est pas rien) la solidarité
entre eux est rendue difficile par la même compétition qu'au travail. Parce qu'ils sont concurrents, les chômeurs ne
formeront pas facilement une menace pour le système et s'organiseront toujours difficilement. En plus, qui veut faire
parti d'un club des loosers ? On accepte un gâchis de personnes (sur)diplômées en adhérant à la loi des plus forts
(ou des plus dociles ?), en acceptant de travailler le double des heures pour lesquelles on est payé, en enchaînant
stage après stage en espérant pouvoir rentrer un jour dans le circuit et se trouver dépassé par le "fils de...", en
montrant un zèle pour l'entreprise, une identification avec elle, pour découvrir que la compagnie est d'abord fidèle à
ses actionnaires, qui eux ne sont fidèles à rien ni personne.
La personne qui - dans le film - a le poste convoité paraît antipathique, ce qui est souvent le cas des nantis dans les
yeux de ceux qui n'ont rien. Cependant, lui aussi est victime de ce système qui menace les employés en les
soumettant à une concurrence permanente et en les obligeant à travailler toujours plus pour conserver leur poste, au
sacrifice de leur vie personnelle et de leur santé.
Post-scriptum :
Le Couperet, Costa-Gavras, 2004. Depuis septembre 2005, le film est disponible en DVD, aux éditions Studio Canal.
[1] Un crime farpait, de Alex de la Iglesia, 2005
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