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∂ 2004 ¥ 3 Traduction: Xavier Bélorgey, architecte; E-Mail: [email protected] Résumé français Page 136 Le monde comme supermarché Plus de 90% de l’architecture commerciale est banale et formellement insatisfaisante. Les projets présentés dans ce numéro sont des contre-exemples. C’est l’individualité qui est visée, le caractère particulier d’un bâtiment doit participer à parfaire l’image de toute une marque. Quand, autrefois, une architecture unitaire se devait d’être l’emblème majeur d’une marque, aujourd’hui c’est sur une image de marque pluraliste que l’on mise pour tenter d’exprimer des valeurs communes avec des langages architecturaux différents. On trouve des exemples de cette tendance aussi bien dans la chaîne de supermarchés tyrolienne Mpreis que chez Prada. Une deuxième tendance est évidente: à une époque où aucun musée, aucun aéroport ou gare ne peut exister sans commerces, les experts en marketing ont reconnu les nouvelles chances de ces effets de synergie. La tendance se retourne: plus aucune boutique ne semble assez intéressante sans fonctions ajoutées. La nouvelle boutique Armani de Florence est rattachée à un centre de bien-être, les magasins de chaussures marchent avec les coffee shops voisins. «Dramaturgie» est le mot de passe des consultants des parcs d’aventure qui se disputent les superlatifs dans le monde entier en propageant les «supermarchés à massages de cerveaux». Le plus grand centre commercial du monde, Berjaya Times Square à Kuala Lumpur, ouvert à l’automne 2003 est traversé par un grand 8 qui s’emballe entre les 50 restaurants et les 800 boutiques distribués sur 13 étages; 36 millions de visiteurs sont attendus chaque année. Qui s’étonnera devant toutes ces tentations que le «jour sans achat» global, organisé chaque année, séduise si peu de monde? Page 138 Et après Prada ? Detail: M Scheeren, vous étiez en Chine avec Rem Koolhaas? Scheeren: nous sommes en train de concevoir l’agrandissement d’une librairie à Pékin Detail: ça sonne comme un projet banal, à part le lieu Ole Scheeren: pas tout à fait. La librairie actuelle fait 40 000 m2 et est déjà trop petite, 40 000 nouveaux m2 doivent être rajoutés. Ce sont des dimensions inimaginables dans un autre pays. Detail: quelle est votre stratégie pour que les clients ne soient pas désorientés dans un si grand magasin ? Scheeren: nous découpons des passages de plusieurs niveaux dans le volume du bâtiment pour créer des sous unités plus maîtrisables. Un espace semi public est créé à leur point de croisement à partir duquel les zones individuelles sont desservies. Le bâtiment sera pour ainsi dire retourné de l’intérieur vers l’extérieur et les façades seront conçues comme des rayonnages de livre transparents. Detail: OMA est aussi connu pour ses réflexions et les solutions complètes apportées pour une marque, par exemple pour Prada. Comment en êtes vous arrivé là ? Scheeren: Prada est venue la première fois à l’OMA au printemps 1999. Le message court mais clair de Miuccia Prada et Patrizio Bertelli était qu’ils ne pouvaient plus gérer leur affaire avec ses anciennes structures, la société étant passée, à la fin des années 90, du stade de la petite entreprise familiale à celui de l’empire de mode global. Ils recherchaient quelqu’un qui puisse conceptualiser cet énorme croissance. Bien sûr nous avons parlé dés le début de projets de nouvelles boutiques, mais pour nous il était clair que d’autres thématiques importantes devraient enrichir le parti d’ensemble, pour formuler ce type de nouveau début: le développement d’ensemble de la vente et de la position de la marque Prada dans la société. Detail: comment avez-vous procédé, avez vous consulté des experts en marketing ? Scheeren: comme nous ne sommes pas nous même des experts dans le secteur dit du commerce, nous avons entamé une phase de recherche de deux mois et demi pour nous confronter avec Prada. Nous sommes partis comme des touristes et avons visité les boutiques et les centres de production existants. C’était intéressant d’analyser la marque avec une certaine naïveté et d’essayer de comprendre ses règles. Les processus fonctionnels «back of the House » font aussi parti de l’analyse: les stocks, les show-rooms, la création de prototypes ainsi que les règles qui définissent les aménagements des boutiques. Pour ce point il a été difficile d’obtenir des informations précises, Prada voulait que nous ayons notre propre vision des choses dans un processus le plus possible indépendant. Detail: quelles types de contraintes vous a fixé votre maître d’ouvrage ? Scheeren: à notre grande surprise presque aucune contrainte, au début il n’était même pas question de programme fonctionnel mais seulement de la formulation abstraite d’un parti d’ensemble. Detail: pourquoi Prada s’est adressée à votre agence pour cette mission ? Scheeren: il faudrait peut –être plutôt le demander directement à Prada mais je crois que c’est à cause de la combinaison de notre travail analytique avec nos réalisations. Et finalement la mission consistait aussi, en plus, dans la mise au point d’une superstructure virtuelle pour la conception et l’architecture de boutiques «flagship» à New Résumé français 1 York, San Francisco, Los Angeles et Tokyo. Detail: quelle est la différence entre les flashipstores d’autres marques et l’«epicenter» de Prada ? Scheeren: les flagshipstores qui ont vu le jour dans les années 90 ne faisaient pas grand chose de plus que d’agrandir ce qui existait déjà – une multiplication de l’offre existante dans des tailles différentes. Notre parti a pour objectif de ne pas réduire ou affirmer encore plus l’identité de la marque mais au contraire de la diversifier et de l’élargir. D’où le nom d’«epicenter» qui décrit bien l’effet de modification sur son entourage. Dans le même temps, un élément important de notre proposition visait à ne pas remettre en question l’uniformité des boutiques Prada existantes mais de les conserver comme un outil de vente parfait. Nous voulions que les «epicenter» soient des centres spécifiques au sein de cette uniformité qui puissent représenter et permettre à la marque et à la vente d’être présents à un autre niveau. Detail: la boutique de New York existe déjà depuis 2 ans et fait fureur et pas seulement auprès des architectes, des designers et des propriétaires de magasins. Pouvez vous décrire le projet plus précisément ? Scheeren: Une partie du Guggenheim Museum occupait les lieux avant leur rachat par Prada. Tout le quartier de Soho a été un espace culturellement très actif et pour la plus grande part public qui a été de plus en plus racheté par le commerce. Nous avions envie à cet endroit de faire quelque chose contre le commerce et de rendre l’espace à nouveau public. Le luxe comme forme de générosité, voire même de gaspillage. C’est ainsi que nous avons déclaré la partie principale de la boutique comme faisant partie de la rue, comme espace fait pour d’autres fonctions, par exemple des performances. Pour ce faire les vitrines-cages peuvent être déplacées sur le côté et une scène qui surgit du sol transforme les gradins situés en face en un auditorium. Detail: tout cela sonne très démocratique. N’est-ce pas un calcul stratégique de marketing avec lequel Prada essaie de conquérir des clients qui n’avaient jusque là jamais dépensé autant d’argent pour la mode ? Scheeren: Il y a sans aucun doute un calcul commercial là dedans, il est dans la nature même de ce type de projet et cela n’aurait pas de sens de vouloir nier un point aussi important. Notre intention n’a jamais été de mettre en place seulement une manifestation culturelle, mais vraiment de construire une boutique qui fonctionne en tant que boutique. Qui dit que le shopping ne fait pas plaisir ou est une mauvaise chose ? Detail: dans les parties privées de la boutique il y a une zone VIP pour les clients exclusifs de «Prada 500». Achètent-ils vraiment là ou bien les clients potentiels ne sont ils pas plutôt effrayés par la masse des badauds ? Scheeren: ce qui est intéressant est que la boutique a vraiment réuni tous ces secteurs. 2 Résumé français Les stars achètent ici et il y a aussi des gens qui achètent un café en face chez Dean and Deluca et qui s’assoient sur les marches de Prada pour le boire et discuter avec leurs amis. La boutique est en même temps la deuxième à faire les meilleures ventes de Prada, elle fonctionne donc aussi sur le plan commercial. Detail: est –il encore possible aujourd’hui de créer de l’exclusivité et du luxe, quand les aménagements de boutique des marques les plus différentes se ressemblent tous ? Scheeren: à une époque où le shopping unifie tous les secteurs de la vie et où il n’y a plus de fonctionnement public sans shopping, le commerce à lui seul ne peut plus être un luxe. Il faut mettre au point et rajouter de nouvelles qualités pour pouvoir créer quelque chose qui ressemble à de l’exclusivité. Detail: quel est le rôle joué dans les epicenter par les outils technologiques qui permettent de mettre les vendeurs et les clients en communication avec un monde virtuel ? Scheeren: Ils sont une partie essentielle du parti d’ensemble parce qu’ils tentent d’épuiser les possibles des deux domaines et de les faire jouer les uns contre les autres, aussi bien du point de vue conceptuel que pratique. Cela veut dire que l’espace virtuel a des qualités que la physique ne pourra jamais lui enlever et vis et versa. L’architecture a besoin de beaucoup de temps avant d’être construite ou pour se modifier et ne peut montrer qu’un spectre déterminé de possibilités formelles. La technologie soutient les fonctions de l’espace physique et augmente les possibilités fonctionnelles et d’expression. Elle met à disposition des vendeurs des systèmes qui permettent de mieux organiser la vente et qui servent en même temps la «Machine-Aura artistique» en communiquant un contenu supplémentaire qui peut naturellement être controverse puisque répondant à d’autres lois que celle de l’espace physique. Detail: l’apport renforcé de «In shop Technology» pourrait un jour conduire à remplacer complètement le vendeur, cela n’est-il pas contradictoire avec l’idée de service parfait, que vous avez définie pour Prada et qui constitue l’un des 6 points essentiels de votre concept ? Scheeren: au contraire. Dans le domaine du luxe le self-service absolu ne peut pas être la réponse définitive. Le composant le plus important demeure l’interaction entre les personnes et même dans la vente. Un bon vendeur fera toujours plus que n’importe quel distributeur en self-service. Nous nous servons de la technologie pour qu’elle aide le vendeur et qu’elle rende disponibles des fonctions supplémentaires comme communiquer au vendeur l’état des réserves sans qu’il ai besoin de quitter son client ou lui permettre de diffuser une vidéo du dernier défilé avec le vêtement choisi. Detail: la technologie reste très retenue Scheeren: elle doit rester une alternative que l’on peut choisir sans dominer l’espace et 2004 ¥ 3 ∂ sans devenir un spectacle médiatique incontournable Detail: la mise en place des écrans reprend différents modèles: le triptyque, le peep-show ou la photo de famille sur un bureau. Doit on en déduire Prada est là pour tous, les esprits religieux, les oiseaux de nuit et les gens qui travaillent dur à leur bureau ? Scheeren: (riant) nous avons trouvé intéressant de créer dans le magasin un «confessionnal pour fashion victims». Les aspects voyeuristes de la mode sont aussi indéniables et en constituent un aspect important. Detail: concevez vous aussi les contenu, c’est à dire les vidéos, le choix des photos et leur présentation ? Scheeren: oui. AMO est responsable en permanence de l’édition et de la production des Aura-productions. Cela dépasse largement les vidéos et comprend aussi le travail des campagne de promotion, les défilés et le site Web de Prada Detail: qu’est-ce qui vous intéresse là-dedans ? Scheeren: c’est la possibilité de pouvoir prendre une position beaucoup plus complète qu’avec l’architecture seule. Cela signifie une observation permanente de Prada, de son environnement et de ses effets sur la société et vis et versa – la présentation de la marque comme une réalité en soi qui dépasse de loin les clients ou les différente groupes cibles. Je crois que c’est l’un des aspects particuliers de ce projet, que les aspects spatiaux, virtuels et sociaux puissent être développés en même temps et intégrés. Detail: cela veut dire que votre travail n’est pas fini avec l’achèvement d’une boutique ? Scheeren: exactement. Un lien très intense s’est développé entre Prada et OMA/AMO et nous sommes en train d’entreprendre la deuxième phase de la nouvelle conception Detail: l’epicenter de Los Angeles va ouvrir en juillet de cette année. Quelles seront les ressemblances ? Scheeren: il fut question dès le départ de déterminer ce qui serait semblable entre les deux epicenter, quelle continuité est importante et dans quelle mesure on peut renouveler. Développer sans cesse de nouvelles idées fait partie de l’évolution réussie d’une marque mais une certaine stabilité doit aussi être maintenue. On trouve dans nos boutiques toute une série de références directes aux anciens concepts de Prada – nous reprenons en des points particuliers le vert des boutiques traditionnelles ou le sol rayé en marbre noir et blanc de la première boutique Prada de Milan. Mais il y a aussi des liens entre nos propres projets, nous avons conçu la boutique de Los Angeles en résonance à celle de New York, les villes ayant aussi des analogies, en tant que centres sur les deux côtes opposées du pays. Les contraintes spatiales sont aussi semblables. Les deux boutiques sont des typologies horizontales, New York sur deux étages, Beverly Hills sur trois. Pour relier les 2 niveaux de façon souple nous avons repris le parti du sol mobile. Cette fois ci la vague ne va pas vers le bas mais crée plutôt une sorte de butte vers le haut qui porte une boite flottante en aluminium. Detail: y-a-t-il d’autre points communs entre les deux boutiques Prada ? Scheeren: le bâtiment de New York est classé ce qui empêche toute intervention à l’extérieur. À Beverly Hills la façade a une grande importance ou plutôt l’absence de façade. Au lieu d’un «Performance Space» ici c’est l’ouverture architectonique sur la rue qui constitue le moyen d’établir un lien avec le public. La douceur du climat permet de supprimer entièrement l’enveloppe du bâtiment et d’ouvrir la boutique sur la rue sur ses 17 mètres de large. Quand on regarde Rodeo Drive on voit une collection de boutiques avec leurs portiques en granite et travertin qui essaient de se faire remarquer. L’objectif de notre projet est de se soustraire entièrement à cette présence et plutôt de découper un trou dans le bâti. Detail: vous voulez dire qu’il n’y a même pas une fine façade de verre ? Scheeren: la journée il n’y a rien du tout, le front sur la rue est complètement ouvert. Des dispositions spécifiques ont été prises contre le vol et des rideaux d’air ultra sensibles permettent de contrôler thermiquement le climat de l’espace en cas de mauvais temps. La nuit, un mur sort du sol et vient fermer hermétiquement la boutique sur toute sa largeur. Seules les vitrines horizontales au sol restent alors visibles. Detail: quelles innovations trouvera-t-on dans les espaces de vente ? Scheeren: nous avons mis au point un nouveau matériau que nous appelons «sponge». C’est un hybride entre l’air et la matière entièrement artificiel. Il nous semblait important de ne pas limiter la recherche aux techniques d’information ou d’image mais d’investir aussi dans des matériaux et des constructions haptiques. Nous voulions rajouter quelque chose au répertoire des matériaux des aménagements intérieurs qui pourrait faire partie de l’identité de Prada. C’est un matériau très poreux qui sera traversé de lumière et qui sera aussi utilisé pour suspendre des vêtements. Tout l’intérieur de la boite en aluminium en sera recouvert. Detail: certains outils technologiques n’étaient pas tout a fait au point, les avez vous améliorés ? Scheeren: évidemment il y a un développement du laboratoire de New York. Nous avons simplifié beaucoup de fonctions dans les Dressing Room et les relations des collaborateurs à la technique sont structurées plus clairement. Il y a aussi du nouveau à Los Angeles: là où la butte rencontre la boite d’aluminium il y a une grande ouverture fermée de verre Privalite. Les cabines d’essayage sont intégrées dans ce mur de verre et constituent des unités qui peuvent être transparentes ou translucides, un véritable principe réactif ou interactif qui permet la ∂ 2004 ¥ 3 transformation de toute la pièce. Detail: certaines simplifications sont elles dues à un budget plus serré ? On a pu lire dans la presse que la boutique de New York aurait coûté 40 millions de dollars Scheeren: il faut expliquer clairement ces prix, le prix de la construction au mètre carré correspondant à la moyenne des prix des boutiques de luxe. Nous le savons parce que les entreprises de New York en réalisent beaucoup et connaissent le secteur. Bien sûr, dans le cas de Prada il faut rajouter la technologie qui correspond à une grande part du budget Detail: vous auriez eu la chance dans la 3e boutique Prada de San Francisco d’aller dans la verticale à plus grande échelle. Le projet est-il définitivement abandonné ou pourrez vous le réaliser ailleurs ? Scheeren: pour San Francisco, c’est malheureusement certain que le projet ne sera pas construit. C’est particulièrement regrettable parce que le jeu entre les trois boutiques était important, elles n’étaient pas conçues indépendamment mais pour une marque et elles étaient toutes les 3 en relation avec des liens particuliers. San Francisco était prévu pour abriter le quartier général de Prada sur la côte ouest. Depuis le 11 septembre beaucoup de choses ont changé dans le monde et les projets Prada n’ont malheureusement pas été épargnés. Page 147 Le phénomène Mpreis au Tyrol Les attributs qui pourraient définir le phénomène Mpreis oscillent, qu’on le veuille ou non, entre mémorable et singulier. Et cela pour trois raisons: d’abord parce qu’il s’agit d’une chaîne de magasins d’alimentation d’une région bien définie, le Tyrol ; deuxièmement parce que cette chaîne, à l’ère de l’anonymat des sociétés, est aux mains d’un clan familial, les Mölks, et troisièmement parce que l’image de Mpreis est définie par le caractère architectural toujours différent de chacun de ses supermarchés. Alors que la concurrence continue à poser, dans toute l’Autriche, ses boîtes les plus simples, plus ou moins décorées, Mpreis s’attaque au supermarché d’une toute autre façon: les questions urbaines sont prises au sérieux, le contexte est analysé à la loupe et les bâtiments neufs sont capables de devenir des emblèmes fondateurs d’identité de ce qui deviendrai sinon une banale zone périphérique. On se rend compte clairement quand un banal faubourg de ville est amélioré grâce à un signe architectural à la fois significatif et qualitatif. Ou quand un tel marché est capable de donner un sens à un nouveau quartier, avant même que la formation de celui-ci ne soit définitivement arrêtée, en lui conférant une atmosphère ambitieuse et durable. On pourrait ensuite nommer des dizaines de supermarchés construits par différents architectes qui comptent désormais au répertoire du tourisme architectural. Et cela, dans une branche où non seulement la Résumé français pauvreté des constructions mais surtout leur uniformité déterminent les fondements architecturaux en déformant malheureusement presque irrémédiablement leur environnement. Toute personne ressent immédiatement dans un magasin Mpreis qu’elle n’a pas à faire à un hangar décoré rempli de marchandise. Les magasins n’ont pas seulement des qualités spatiales, ils sont clairement mieux organisés que les autres supermarchés et la présentation y est bien meilleure. Ce sont des paramètres sur lesquels Mpreis travaille sans arrêt. Et ce travail d’attention dépasse largement la zone de vente pour interroger le fonctionnement des livraisons et les problèmes d’émissions qui y sont liés ou encore ceux des dessertes et des parkings. Il est aussi question de savoir dans quelle mesure un supermarché doit être ouvert et transparent vers l’extérieur, on favorise aujourd’hui une forme intermédiaire qui permet de voir dans les supermarchés et dans certains rayons tout en segmentant les vues. De plus, on retrouve dans tous les Mpreis la dite «Baguette»: un service de restauration qui permet de boire un café et de consommer des snacks. Les baguettes sont toujours positionnées pour être bien en vue des caisses et permettre un point de vue reposant dans le stress des courses. Ce sont des îlots de communication qui remplacent, dans bien des cas, en particulier dans les zones rurales, l’auberge disparue et qui sont accessibles facilement de l’extérieur, hors de la zone du franchissement des caisses. Il faut aussi évoquer un élément essentiel de la légende architecturale: Mpreis n’impose à aucun architecte ce à quoi un supermarché doit ressembler, pas de Corporate Identity qui repose sur le concept d’uniformité déjà évoqué. Mpreis n’impose même pas aux architectes où et comment le logo sera positionné et surtout Mpreis n’impose aucun matériau, pas de traitements de surfaces, pas de couleurs, seule la baguette doit être orange. En ce qui concerne la lumière, Mpreis souhaite encore améliorer ses objectifs dans le futur. Ce qui est très complexe quand les supermarchés ne sont pas hermétiquement opaques, il faut trouver en mélangeant lumière naturelle et artificielle comment les marchandises peuvent être le mieux présentées. La qualité de l’espace intérieur et les qualités urbaines et architectoniques extérieures sont les critères qui rentrent en compte dans la discussion entre architecte et manager de Mpreis. L’ouverture d’esprit caractérise les débats ce qui est déjà inhabituel. Page 160 Du marché au centre commercial – Une typologie de l’architecture commerciale L’analyse de bâtiments conçus pour le commerce montre l’importance jouée par l’architecture. Les parcours, la disposition des produits, l’atmosphère – ces facteurs et bien 3 d’autres définissent le succès de la vente. C’est pour cela que ce type de bâtiment a souvent, pour les architectes, l’odeur du commercial. Là où le seul objectif est d’attirer le client, une architecture populiste n’est pas, seule, possible. Considérer le commerce comme quelque chose de pénible plutôt que comme un fondement de l’évolution culturelle serait un malentendu élitiste. La typologie de l’architecture des boutiques est intimement liée à l’histoire du commerce. Différentes typologies architecturales sont apparues très tôt et ont eu une influence sur d’autres types ultérieurs. Comme le commerce a besoin d’un point central pour satisfaire ses deux parties, il a souvent eu l’urbanisation pour conséquence. Les villes se sont souvent développées aux croisements des routes ou des voies fluviales pouvant assurer la concentration des rencontres entre les gens et les marchandises. Le lieu du commerce, la place du marché, est le centre du développement urbain et en même temps civil. Les fonctions urbaines les plus importantes se regroupent autour de lui avec les premiers bâtiments proprement conçus pour le commerce. Avant que la basilique romaine ne devienne, à l’ère Constantine, le standard du sanctuaire chrétien, la halle à plusieurs travées avait de nombreuses fonctions: tribunal, bourse et surtout, marché. Le lien du commerce et du stockage a conduit, très tôt, à concentrer les édifices liés à l’échange des marchandises. Les greniers romains permettaient, dans leurs cours centrales, de procéder à la vente des produits stockés (vin, huile, grain etc.) et constituaient ainsi une sorte de typologie originelle du «grand magasin». Le marché couvert Le type de la halle et ses extensions typologiques (plans en croix, doubles symétries, toitures voûtées en plein cintre) connaissent leur point d’orgue au 19e siècle. Les progrès techniques grâce à la construction métallique et à la croissance urbaine ont permit aux grandes halles centrales de voir le jour, à l’exemple des halles de Paris ou des grands marchés à bestiaux européens et américains qui répondent aussi à des contraintes techniques précises: l’éclairage jusqu’au centre des équipements et leur ventilation par des moyens naturels. Le fait que ces fonctions soient aujourd’hui résolues par la technique est aussi une des raisons pour lesquelles les bâtiments à plusieurs travées ont été abandonnés au détriment de simples toitures en pente voir même encore plus souvent de la simple boîte à toiture plate. La boutique La boutique constitue la cellule originelle du commerce. Depuis l’apparition des techniques de vente modernes (anonymat, prix fixes, offres calculées au plus serré), la typologie de la boutique est de plus en plus menacée. Les pharmacies demeurent les témoins de ce qu’était le commerce servi, avec son comptoir central de séparation. Dans la plupart des cas, le principe du ser- 4 Résumé français vice tombe de plus en plus en désuétude sauf dans certains secteurs ultra spécialisés. La technique de vente la plus appropriée aux besoins d’aujourd’hui consiste en une présélection: le conseil individuel et le service s’effectuent selon le principe de libre choix sur la base d’une marchandise présentée de façon libre. De ce point de vue, le résultat des ventes est fortement dépendant des facteurs spatiaux et formels. Les parcours sont basés, en général, sur les mouvements pratiqués par un droitier, ils ont en général tendance à aller contre le sens des aiguilles d’une montre, ne sont pas rectilignes et finissent par appréhender tout l’espace. Ils ne doivent exercer aucune pression sur le client. Ce dernier principe est souvent transgressé par des commerces ayant une forte individualité (autant géographique que liée à leur secteur de marché) ou encore lorsque les bénéfices des achats spontanés doivent être générés de façon agressive, la société Ikea impose en effet à ses clients un parcours complet de tous ses rayons. Un bon éclairage général constitue seulement une base pour l’éclairage accentué d’une offre promotionelle. On parvient, avec ces systèmes, à guider subtilement le client. La mise en œuvre, dans la conception de boutiques, de facteurs attractifs d’ordre psychologique – en plus de la lumière des couleurs, des sons et des odeurs – est une condition impérative du succès. Les boutiques «flagship» Les grandes marques ont de plus en plus tendance à ouvrir leurs propres succursales, même lorsqu’elles sont suffisamment représentées dans d’autres magasins. Ces boutiques ont pour mission, en plus de celle de la vente, de faire passer des messages par leurs ambiances et leurs atmosphères. C’est là que les produits et les images sont les plus proches. La mission de l’architecte se réduit à installer, au coup par coup, dans un espace donné, les aménagements dictés par la «Corporate Identity». Des modules facilement transportables d’ aménagements prévus s’adaptent facilement à n’importe quel espace. Les boutiques dites «Flagship» constituent, dans ces conditions, la forme spécifique la plus aboutie du concept. Ce sont des succursales de grandes marques dans les métropoles à partir desquelles les sociétés parviennent aussi à créer des signes architectoniques. Elles prennent la dimension de petits grands magasins, analogues à ceux de distributeurs agissant à l’échelle mondiale et mettent ainsi en scène leur image de marque, autant à l’extérieur qu’à l’intérieur de façon analogue à celle de la représentation de la marque dans le monde. La vente est secondaire, l’essentiel se situe dans l’expérience faite du monde de la marque. L’architecture est définie par tous les moyens, de la mise en scène de l’espace aux méthodes de présentation. Les passages Le passage est devenu l’un des types archi- 2004 ¥ 3 ∂ tecturaux spécifiques du 19e siècle, il est né de l’action simultanée de la spéculation immobilière naissante avec l’expansion du commerce. Il permet de spéculer sur les intérieurs d’îlot, de raccourcir les parcours et un contrôle privé de l’espace public. Le passage idéal relie des zones urbaines très fréquentées et produit une importante clientèle de passage. Le rez-de-chaussée, et éventuellement l’étage, sont consacrés à la vente. Au cours de l’évolution du type, l’aspect fonctionnel du «passer» est passé au second plan derrière la mise en scène de la flânerie. C’est ainsi que l’on crée des halles centrales avec des grandes coupoles qui ne se contentent pas de relier mais qui deviennent des centres, comme par exemple dans les galeries Vittorio Emmanuel de Milan (1861) Umberto Ier de Naples (1892). Le principe du passage est à nouveau actuel. Après une longue domination du grand magasin en centre ville, la tendance économique de séparation du commerce et de la propriété immobilière ainsi que des nouvelles stratégies marketing, forment la base de l’évolution du type. Les passages modernes se dessinent dans les centre villes les plus côtés et ont tendance à rassembler des boutiques de marques chères. Les grands magasins L’origine du grand magasin du 19e siècle s’explique par un nouveau type de commerce, caractérisé par des prix fixes, la confection et des marges réduites. L’apparition du self-service généralisé est aussi un facteur décisif qui fait aussi passer le commerce de comptoir en second plan: des grandes surfaces peuvent être organisées en surface d’exposition et rendues accessibles librement à la clientèle. Les verrières et les coupoles sont devenues des éléments indispensables, le luxe et la modernité définissent les lignes architecturales. Les circulations sont le thème principal. La desserte des derniers niveaux ne doit pas sembler pesante, les escaliers deviennent les éléments majeurs. L’époque des grands magasins, au fonctionnement basé sur l’expansion de surface et sur la fonctionnalité, a pris fin avec la concurrence forte des grandes surfaces à meilleur marché construites à l’extérieur des villes. On note, depuis une vingtaine d’année, une reconquête des qualités qui font l’espace du grand magasin: les verrières sont remises en scène, les entrées renforcées et les surfaces de vente redistribuées. La montée en puissance de marques indépendantes a imposé la création des solutions shop-in-shop qui permettent de réorganiser les grandes surfaces en des zones d’événements définies par différentes images de marque. Les façades des grands magasins demandent une attention particulière, qu’elles soient ouvertes ou fermées. L’éclairage naturel et les liens avec l’extérieur sont farouchement évités. L’image des sociétés est renforcée par la qualité de l’architecture et par des grands noms de l’architecture, bien au delà de son public spécialisé. Le groupe anglais Selfridge va encore plus loin en confiant à Toyo Ito le site de Manchester pour attirer l’attention sur une autre ville, après Birmingham avec Future Systems. L’architecture devient ici une fraction objective dans le marketing globalisé. Les centres commerciaux, galeries marchandes L’évolution de l’architecture du commerce est caractérisée au 20e siècle par la mobilité. L’ancien facteur de centralité perd son importance, les moyens de transport individuels participent à l’urbanisation urbaine et à la délocalisation de la ville. On observe des différences, dues aux conséquences de la seconde guerre mondiale, dans les pays européens: les centres-villes sont modernisés en Allemagne et permettent à de grandes surfaces de s’implanter dans les centres alors que la France aux centres-villes anciens saturés voit plutôt la création d’agglomérats commerciaux suburbains. Aux USA, le développement en surface des villes à l’ère de l’automobile a permit d’inventer, dés les années 30, la typologie du centre commercial qui, avec sa centralité auto générée, sa taille et sa complexité, finit par remplacer les centres villes absents. L’ordre, l’atmosphère et l’offre reflètent une image lointaine du marché européen. Les sites sont dépendant des bonnes dessertes automobiles et des surfaces de parking suffisantes et font fit de toute idée de contexte. Ce type s’est développé en Europe dès les années 60 pour occuper des sites entiers aux portes des villes ou, de façon isolée, dans les agglomérations. Alors que dans les grands magasins c’est encore l’unité gérantpropriétaire qui domine, celle-ci a totalement disparue dans les centres commerciaux. Le développeur immobilier reprend son seul rôle de régie et laisse le soin de la vente aux nombreuses marques ou chaînes de filiales. À la différence du passage, le client ne doit pas «passer» mais doit entrer et rester; cela fonctionne par le mélange savant des enseignes et la tension créée grâce à des boutiques spécialisées ou de luxe et par des boutiques-aimants qui permettent de faire durer le temps de séjour du client. Le programme est complet avec un supermarché d’alimentation, dissocié dans les grands centres en un supermarché de qualité et un autre discount. Les centres commerciaux sont caractérisés par la rigidité de leurs parcours. En général, le centre est accessible d’un seul côté, de l’autre côté on peut trouver le parking, et ne laisse ressortir le client que lorsque celui-ci retrouve la même entrée. Le combat classique des planificateurs urbains tente d’obtenir les ouvertures des côtés et des façades arrière pour créer des animations de rue et de nouvelles entrées mais il est le plus souvent perdu devant la puissance des investisseurs. La rigidité des principes peut s’amoindrir dès que les centres sont en position de monopole, en bordure de ville par exemple. ∂ 2004 ¥ 3 Les centres à thèmes Les centres à thèmes sont des centres commerciaux spécifiques, leur dénomination se rapporte à une limitation choisie par eux-mêmes de leur offre. Bien que le thème ne soit pas toujours identifiable dans la réalité, il est possible de reconnaître une typologie propre à ces centres. Il s’agit de bâtiments en centre urbain, sur des parcelles compactes, organisés verticalement autour d’un centre réunissant les différentes circulations. La thématique du centre «Sevens» (Rhode Kellermann Wawrowsky, 2001) sur la Königsallee de Düsseldorf peut être résumée à ses prix élevés mais constitue un bon exemple du principe. L’espace central est occupé par une cascade d’escaliers roulants et des ascenseurs transparents; le tout baigné dans une scénographie lumineuse. L’objectif principal est d’attirer le public vers le haut. Urban Entertainment-Center, boutiques d’aéroports ou de gares Les centres commerciaux et leurs formes hybrides continuent à se développer et à grandir aussi bien du point de vue économique que typologique; ils constituent pour les centres-villes un conflit non résolu; ce sont d’un côté les aimants et les assurances de fréquentation de toute zone piétonne et d’un autre côté, avec leur management professionnel ils poussent les locataires individuels des immeubles de rapport à faire faillite et sont responsables des locaux vides et des désagréments visuels qui s’en suivent. Cette tendance a conduit dans des villes d’Allemagne de l’Est à des désertifications radicales mais peut aussi permettre à l’architecture de relever des défis, quand par exemple. les centres commerciaux sont implantés comme deuxième fonction dans des ouvrages de type gare ou station de métro. La réhabilitation de la gare centrale de Leipzig a permit de créer la plus grande surface de vente d’un seul tenant en plein centre ville. Les supermarchés La notion de supermarché s’est élaborée à partir de celle du marché d’alimentation en self-service. De nombreuses formes secondaires, spécifiques ou développées se sont formées, leur point commun est le bâtiment solitaire, le plus souvent banal, dans les faubourgs urbains. Tous les marchés en-dessous de 400m2 sont appelés «surfaces de vente». Elles occupent des surfaces louées normales dans des bâtiments plus grands et constituent la forme nouvelle du commerce de proximité. Elles sont la plupart du temps gérées sous contrat de franchise. Le terme général de supermarché définit les magasins d’alimentation en self service au dessus de 400 m2 avec des produits frais et un assortiment non-food inférieur à 25%. On trouve déjà cette forme de marché dans des bâtiments indépendants. L’hypermarché, avec une surface de 1500 m2 est le type de magasin d’alimentation standard, accessible en voiture, avec une offre d’alimentation, de produits frais et une zone non-food permettant de couvrir les besoins quotidiens. L’éta- Résumé français pe suivante est constituée par des surfaces d’au moins 5000 m2 avec un assortiment élargi de produits pour des besoins à court, moyen et long terme à des prix allant de moyen à bas. Ce type de grandes unités indépendantes se rencontre aux portes des villes. Les contraintes fonctionnelles se résument à des portées libres. Les façades sont, à l’exception de la façade d’entrée, opaques et réalisées avec constructions simples et économiques. Les parties arrières abritent des réserves et permettent de gérer les livraisons. Les plans doivent s’ouvrir sur la façade d’entrée pour permettre aux caissières d’avoir une vue vers l’extérieur autant que la taille du complexe le permette encore. Les surfaces de parking peuvent atteindre, en fonction du site deux fois la surface de vente. Le futur On peut citer deux phénomènes essentiels pour l’évolution de l’architecture commerciale. D’une part l’augmentation de la signification attribuée aux marques. Dans les grands magasins les grandes superficies d’exposition perdent de l’importance au profit des aménagements des surfaces du type shopin-shop ou de boutiques indépendantes dans les centres commerciaux. De plus, la consommation qui n’est plus existentielle est davantage mise en scène comme un événement et accompagnée d’expériences secondaires. Le second phénomène est celui de la centralisation en progression du commerce dans les différents types de centres commerciaux, accompagnée par une privatisation factice de l’ancien espace public. La ville est touchée négativement par deux fois: d’abord la fréquentation des rues commerçantes diminue au profit des galeries commerçantes ce qui ne fait que renforcer le caractère parfois artificiel de l’atmosphère urbaine dans les centres et conduit à leur dépeuplement et à la disparition de la dernière clientèle de passage. Les grands promoteurs européens devraient prendre en compte dans leurs projets la protection des centres villes dans leurs possibilités de bon fonctionnement afin de réaliser un urbanisme véritablement responsable. Page 169 Boutique de mode à New York La première boutique du styliste Carlos Miele a ouvert ses portes en juin 2003, 14th Street Manhattan West. Dans le travail de Miele les traditions brésiliennes se mélangent avec une esthétique et des formes de production contemporaines. Le parti architectural tend à interpréter cette philosophie dans l’espace. Les vitrines sont dématérialisées pour faire de l’intérieur le prolongement de la rue. C’est seulement au droit de la vitrine que l’on perçoit le volume cubique de l’espace. À l’intérieur il est enveloppé d’une forme monumentale sculpturale qui dissout les limites entre les murs, le sol et le plafond, intègre les points porteurs et con- 5 fère à l’espace une nouvelle orientation. Trois volumes, comme des sculptures du sol au plafond, s’élèvent sur le sol en époxy brillant gris et vert pâle; ils définissent différents espaces et servent de sièges et présentoirs. Les formes complexes créées par ordinateur définissent les parcours. Leurs méandres forcent à ralentir ce qui impose aux visiteurs a être attentifs aux objets présentés. Avec la palette de couleurs, du blanc au vert pâle, au bleu vert et au gris et leurs reflets, l’espace et les matériaux semblent liquides. Le cadre dématérialisé attire le regard sur les matiéres des vêtements. Des portants en acier guident les visiteurs dans le fond du magasin. Les présentoirs et les cabines translucides, éclairés par derrière, portent des accents fluorescents et dominent l’image nocturne de la boutique. Le tout est complété par des installations vidéo sur le thème du corps. Les films sont projetés sur des miroirs qui intègrent à leur tour le spectateur dans l’installation – effet illusionniste prolongé par des miroirs concaves qui approfondissent la pièce. Page 170 Pharmacie à Aspern La parcelle traversante, libérée par des démolitions se situe dans le tissu serré de l’ancien quartier d’Aspern, dans le 22e arrondissement de Vienne. Les habitudes de la fréquentation de la rue ont défini l’équipement: l’entrée des clients se fait sur la rue principale quant aux livraisons et à l’accès des employés, ils se font par une rue secondaire. Une séquence spatiale extérieure relie les différents fronts en intégrant les cours comme des espaces intérieurs dans le plan: lumière, nature et liens avec l’extérieur définissent le parti d’ensemble. Une dalle en béton brut vient se poser sur la structure des pièces et s’achève sur les rues par une courbe qui reprend les hauteurs d’égout des maisons voisines en constituant le gardecorps du toit terrasse. Les pièces préfabriquées permettent d’avoir une façade de 15m de long sans point porteur intermédiaire. Les vitrines toute hauteur libèrent la vue sur les espaces intérieurs et extérieurs et renforcent à la fois transparence et orientation pour les passants ou les clients. L’ouverture crée des images qui dépendent des heures de la journée: la transparence du jour se transforme le soir en une galerie de sculptures lumineuses. Rien ne rappelle la séparation classique du devant et du derrière le comptoir qui est remplacé ici par postes de vente ouverts. Les vitrines suspendues au plafond divisent la pièce comme des coulisses en couches transversales et font ralentir les clients. Des bandeaux lumineux encastrés au nu du mur et du plafond, en polymère translucide, accentuent la stratification de l‘espace. Une cour intérieure prolonge en été la surface de vente. Sa partie arrière est conçue comme une salle de séminaire vitrée accueillant des conférences ou manifestations diverses. L’alignement 6 Résumé français des postes de vente conduit les clients à passer devant l’officine, la cour intérieur et le bar à thé dans la profondeur de la pièce. À partir de là, un escalier conduit au toit terrasse qui s’achève en une sorte de cage de scène abritant des bureaux et des pièces de repos. Un jardin de plante médicinales sert à la fois à produire des herbes et à accueillir des visites guidées. Page 172 Magasin de mode à Tokyo L’architecture caractéristique de l’«Epicenter Store» de Prada à Tokyo a fait du bâtiment un emblème pour la marque. Le volume construit est concentré en un ouvrage vertical à l’angle d’une parcelle et volontairement traité comme un solitaire. Il permet de créer un espace libre urbain qui se transforme en place publique, autant pour les clients que pour les passants, luxe inhabituel au Japon. La forme du bâtiment est dictée par l’exploitation maximale des hauteurs autorisées dans le respect des héberges. L’impression d’une forme extérieure en perpétuel changement est renforcée par la structure des surfaces. La trame rhombique de la façade est habillée en alternance avec des panneaux de verre concaves, convexes ou plats, les réflexions des nombreuses facettes de la surface extérieure redonnent des images déformées des intérieurs. La structure de la façade porte les planchers avec trois noyaux d’acier verticaux, des tubes d’acier horizontaux viennent compléter la rigidité du bâtiment tout en créant des découpes spatiales inhabituelles. Ils permettent de créer des espaces fermés pouvant abriter les cabines et les caisses dans cet univers de transparences. Des vides au droit des escaliers et le long des façades relient les différents niveaux en un seul volume. Les noyaux d’acier verticaux aux angles arrondis se prolongent parfois en étagères et définissent les zones intérieures. Le caractère de l’intérieur est défini par des biais et des arrondis, les formes amorphes des appareillages modernes et par des éléments mobiles. Les couleurs varient du blanc aux tons de beige et lient murs, sols et meubles pour donner un fond homogène à la présentation des produits. Des matériaux naturels comme le cuir, la mousse ou le bois sont confrontés à des matières artificielles comme les résines, le silicone ou la fibre de verre et traités sur le même plan. Toutes les réserves et les services nécessaires sont regroupés en sous-sol pour permettre aux étages d’être libérés de toutes contraintes. On trouve aussi un café au soussol, accessible soit de l’intérieur du magasin soit directement de l’extérieur. Page 174 Supermarché bio à Greenwich Le supermarché «vert» Sainsbury Supermarkt a ouvert dans le quartier londonien de Greenwich, à quelques pas du dôme du millénaire. C’est un projet modèle du second géant britannique de l’alimentaire. Un cin- 2004 ¥ 3 ∂ quième des surfaces réservées aux produits frais est consacré aux produits biologiques. Grâce au parti architectural il est possible d’économiser 50 % des besoins en énergie par rapport à un supermarché conventionnel de taille comparable. Dès les espaces extérieurs, les visiteurs sont informés des objectifs de l’architecte: des grandes surfaces de panneaux solaires et des éoliennes produisent l’énergie des grands panneaux publicitaires du groupe. L’entrée principale vitrée vient diviser la façade sud cintrée. Les murs massifs du supermarché disparaissent dans la zone d’entrée derrière un habillage de planches en chêne non traité. Les surfaces de façade contiguës sont recouvertes de terre et de plantations jusqu’à 5 m de haut. Cette isolation «naturelle» protège du froid, de la chaleur et du vent et participe à la régularité de la température à l’intérieur. Les plantations sont arrosées par l’eau de pluie accumulée dans un bassin aménagé du côté nord. Une des caractéristiques principales du projet est l’utilisation de la lumière naturelle. Le revêtement de sol en terrazzo blanc reflète la lumière naturelle qui rentre par la toiture et qui éclaire aussi la sous face du toit. C’est ainsi qu’une atmosphère lumineuse et généreuse est crée. L’éclairage électrique installé au niveau des rayonnages ne fonctionne que les jours où le ciel de Londres est couvert. Cet éclairage est alors très efficace, il éclaire directement les marchandises et n’est ni réparti ni diffusé dans le reste de l’espace. En règle générale, la lumière électrique n’est utilisée qu’aux caisses ou pour la présentation des marchandises. Page 176 Supermarché TUS et cinéma multiplexe La ville de Novo Mesto, fondée en 1365, est située au sud est de la Slovénie dans la vallée du Krka. Le «Centre Portoval» remarquable par ses couleurs et formes géométriques primaires constituent le lien entre la ville ancienne et les lotissements récents. Entre la gare de bus et les terrains de sport, le complexe avec ses cubes de différentes couleurs est visible de loin. Le socle vert, sur lequel sont posés trois autres cubes , abrite le supermarché, le cube bleu des bureaux et le jaune des petits commerces. Le troisième cube, le plus grand, est orienté vers la ville et constitue la tête rouge du projet, il abrite six salles de cinéma et une salle de jeux. Le centre du projet constitue une véritable plaque tournante. Les écoliers qui attendent le bus le matin se retrouvent au café bar. Le soir, après la fermeture du supermarché, le centre se transforme en foyer pour le cinéma. À partir de là, le bâtiment est desservi en deux parties. Des grandes vitrines permettent d’avoir une bonne vue sur la rue et le parking. Le mélange des programmes assure des effets de synergie, grâce en particulier à la double utilisation, différée dans le temps, du parking qui permet au café d’avoir des clients jusqu’assez tard dans la nuit. Avec l’assemblage de plusieurs fonc- tions il a été possible de réaliser un bâtiment marquant, à la mesure de sa qualité d’entrée de ville. La nuit, les façades translucides en polycarbonate du cinéma rayonnent et sont emblématiques de la nouvelle vie aux portes de la ville. Page 178 Grand magasin à Chemnitz Dans le cadre de sa politique de redensification urbaine, ce nouveau grand magasin est censé redonner vie au centre ville de Chemnitz. Il vient remplir un vide du centre historique. Au rez-de-chaussée des boutiques indépendantes, élargissent l’offre du magasin. Le strict cube de verre réagit aux constructions qui l’entourent avec ses toits en porte à faux du côté du parking et de la station centrale voisine. Dans son concept, le projet s’oriente aux études de psychologie de vente du 20e siècle: la possibilité d’accès par tous les côtés via une entrée principale et des entrées secondaires, une bonne structuration facilitant l’orientation et une cour intérieure qui régule le flux des clients définissent le parti spatial. La surface de vente d’environ 25 000 m2 répartis sur six étages est organisée sur une trame de 10m x 10m. Les escalators sont au centre, visibles de toutes les portes et facilement accessibles. La cour central permet d’avoir une vue sur tous les niveaux et facilite l’orientation. Un restaurant est accessible sur le toit terrasse. Les espaces secondaires nécessaires sont prévus à tous les étages pour limiter les parcours. Des panneaux à hauteur d’étage isolants, transparents ou réfléchissants, sont maintenus ponctuellement soit par des câbles en acier soit dans les joints de la façade. Le parti de l’éclairage est basé sur la transparence, la présentation des produits et les affichages publicitaires se complètent. Les façades étaient pensées à l’origine comme des surfaces pour la publicité avec trois niveaux de lamelles mobiles mais pour des raisons de coût elles ont été réalisées avec de simples lamelles de protection solaire. Page 180 Namba Park Osaka «Prochain arrêt Namba train Station» voilà ce que l’on entend en venant de l’aéroport en direction du centre ville d’Osaka; à l’endroit où se trouvait autrefois le Stade Nangai on trouve désormais le plus grand centre commercial du pays: 297 000 m2 et jusqu’à 42 m de haut. La desserte par le train et le réseau routier permet à 250 000 personnes de visiter le week-end les magasins et l’«espacevert» du centre. Le lien entre, d’un côté les maisons traditionnelles à deux étages et de l’autre une tour, est résolu par le traitement en terrasse du centre. L’objectif des architectes a consisté a créer un véritable jardin en plein cœur de la métropole japonaise très dense. Les jardins suspendus proposent, en plus de la détente, la possibilité d’entretenir son propre jardin potager. Des chutes d’eau, des rochers et des arbres transforment le ∂ 2004 ¥ 3 Résumé français parc artificiel en un véritable parc d’aventures naturelles. Le «canyon commercial» du temple de la consommation japonaise est tracé d’est en ouest. Le parcours s’étire comme un 8 au cœur d’une oasis artificielle. Il conduit les visiteurs à des falaises et des cavernes, leur fait franchir des précipices par des ponts suspendus en verre et les attire jusqu’à l’intérieur. Les espaces de vente qui s’y trouvent n’ont pas beaucoup de différence avec les centres commerciaux enterrés aux standards internationaux. Les passerelles de verre qui prennent l’allure de tubes lumineux dans l’obscurité imposée conduisent les visiteurs, à travers la «jungle de la grande ville» jusqu’à l’un des 20 restaurants ou cafés à l’air libre. Edition ∂ Page 182 Les Cinq Cours à Munich L’îlot entre les rues Theatiner et Cardinal Faulhaber réunissait autrefois les sièges de la Hypo-Bank et de la Vereinsbank et, depuis 1985, la galerie d’exposition HypoKunsthalle. En 1988, après la fusion des deux banques, le nouveau groupe Hypo-Vereinsbank dans la nécessité d’un programme de rénovation et de modernisation en plusieurs phases a décidé d’abroger l’utilisation exclusivement bancaire du site pour l’ouvrir à la vie urbaine du centre ville. Le projet d’Herzog et de Meuron reprend les typologies des tissus voisins et parvient même à nouer des liens avec le parcellaire de la vieille ville et avec celui, à plus grande échelle, de la Résidence voisine et de ses cours intérieures caractéristiques. Une suite de places, cours et passages, bordée de boutiques et de bureaux permet d’ouvrir la structure du bloc compact. Les piétons peuvent se pro- mener dans une zone commerciale calme dont la qualité est augmentée par des cafés, des équipements culturels et des espaces de détente. L’ensemble de la surface atteint 24 000 m2 dont 5000 m2 de cours et passages publics. Les boutiques et équipements de restauration dominent le rez-de-chaussée alors que les étages sont occupés principalement par des bureaux et des logements: en tout 16 000 m2 de commerces, 2560 m2 de surfaces d’exposition, 55 000 m2 de bureaux comprenant la banque et 49 logements sur environ 6000 m2. La transparence et la diversité des vues sont caractéristiques pour le projet et permettent de faire cohabiter parfaitement les trois dimensions, les fonctions, les cours et les passages ensemble. Les façades et les structures existantes sont largement conservées, seulement 40% de l’existant est remplacé par du neuf. La présence sensuelle des espaces est exceptionnelle, la largeur et l’étroitesse des passages changent au cours du parcours, certaines séquences sont couvertes, d’autres ne le sont pas et permettent au «monde extérieur» avec ses rayons de soleil ou ses averses d’être toujours présent. De nombreux artistes ont participé avec des œuvres crées pour les espaces publics et quelques galeries ont pris place parmi les locataires. Le cœur artistique de l’ensemble est constitué par la galerie d’art de la banque, au deuxième étage de la cour Perusa. Sa desserte par un escalier droit d’une seule volée conduit au nœud des 4 passages et ouvre les vues sur les cours et les passages. Un café en association avec la galerie propose, en dehors des heures d’ouverture, assez de place pour le repos et le calme et assure l’interférence entre art et commerce. Page 186 Supermarché à Wattens Qu’est-ce qui amène une star française de l’architecture à construire un supermarché dans une petite commune du Tyrol ? Dominique Perrault ne s’est pas fait prier, le maître d’ouvrage lui donnant carte blanche pour le projet. La seule condition était de construire quelque chose d’exceptionnel qui se distingue des 130 autres filiales de la chaîne en respectant l’enveloppe financière habituelle. Un volume de verre flotte au dessus du terrain en pente. De jour, les reflets lumineux jouent sur les tissages d’acier inoxydable en conférant de la profondeur aux façades et en enveloppant la vie intérieure d’un nimbe mystérieux. La nuit, le supermarché s’éclaire de l’intérieur en créant des jeux d’ombres chinoises avec les silhouettes des produits. Alors que la plupart des autres grandes surfaces sont rassemblées à l’entrée de la ville, ce Mpreis est en plein centre de Wattens. Cet emplacement exposé nécessite un parti urbain comprenant des programmes supplémentaires pouvant être intégrés au supermarché sans créer de gênes réciproques. C’est comme cela que le bâtiment abrite aussi différentes surfaces pouvant accueillir d’autres enseignes mais aussi le commissariat local. Le caractère de l’ensemble est déterminé entièrement par l’architecture, les places de parking inévitables sont regroupées sous le bâtiment. De là, le client rejoint le niveau haut à l’abris et peut flâner dans les rayons, au détours d’un café. Le modèle de la traditionnelle place du marché n’est pas seulement rappelé par le site en plein centre ville mais aussi par l’atmosphère claire de l’espace de 5,20 m de haut, presque sans Fascination de l’enveloppe Façades au 21ème siècle ¯ Plus de 100 dessins et 200 illustrations ¯ Un comparatif de trente projets internationaux ¯ De la bouteille en plastique PET au rideau métallique – le plastique, le bois, le métal, le verre et le béton revus par l’innovation ¯ L’esthétique et la technique en détail – Projets de Shigeru Ban, Steven Holl, Thomas Herzog et bien d’autres Enveloppes architecturales Christian Schittich (sous la direction de), 196 pages avec de nombreux dessins et photos, format 23 ≈ 29,7 cm; ISBN 3-7643-1657-8 7 65,– plus em balla frais d’e ge et nvoi «Enveloppes architecturales» montre comment les concepts de façade les plus futuristes deviennent réalité grâce aux plus grands architectes. Autant de nouvelles perspectives pour la mise en ∞uvre d’enveloppes durables et économiques incomparables: Nous vous dévoilons les partis et les solutions architecturales des façades intelligentes. De la vision d’ensemble jusqu’aux détails à grande échelle – tous les dessins ont été pensés et exécutés avec la compétence et l’expérience de la rédaction de Detail. Commandes par fax ou téléphone: Institut für internationale Architektur-Dokumentation GmbH & Co. KG, Sonnenstr. 17, 80331 München, Deutschland, Tel.: +49 89 / 38 16 20-22, Fax: +49 89 / 39 86 70 Commandes en ligne: www.detail.de 8 Résumé français point porteurs et par la vue, entre les marchandises, vers les arbres puis les montagnes. Page 188 Petit musée ou centre commercial ? Le projet pour le supermarché dans le centre de Wattens s’organise de façon complexe. Il flotte au-dessus du terrain, son enveloppe de métal filtre la lumière et cadre la vue sur les montagnes. Les mouvements dans les espaces intérieurs sont aussi mis en scène. La générosité de l’escalier devant l’entrée se prolonge à l’intérieur en un axe principal à partir duquel les clients peuvent bifurquer dans les différents rayons. Les cours et leurs arbres, comme des sculptures, peuvent être abordées dans toutes les directions et permettent d’asseoir la scénographie. Pour répondre au contexte urbain, nous avons fini par orienter l’entrée sur un nouveau parvis dans la direction des commerces déjà existants. La gendarmerie est abritée dans un volume fermé à l’arrière du complexe, les parkings sont sous le bâtiment. Tout a été mis en œuvre pour faire de la surface de vente un corps transparent en lévitation, sans rien qui empêche de voir sur trois côté, comme un musée. Des niches de deux mètres de profondeur plantées de pins blancs permettent de donner un rythme aux façades de 60 mètres de long. Les clients qui ne veulent emprunter ni les escaliers ni les rampes peuvent accéder au magasin directement du parking, par un ascenseur de verre. Le tissage métallique protége les marchandises des rayons trop directs du soleil. Ces jeux avec son enveloppe confèrent au bâtiment une plus grande complexité. Du côté du café, les «brises-soleil» ne descendent pas jusqu’au sol pour permettre les contacts visuels avec la rue. Là, les tendeurs verticaux du tissage créent un filtre intéressant particulièrement dans la perspective rapprochée des passants. Dans les espaces intérieurs notre principale préoccupation a été de créer une atmosphère claire et ouverte par le choix des matériaux et des couleurs. Les fins poteaux sont particulièrement élégants, le plafond en bois semble flotter. La durée de la conception d’un supermarché étant plus courte que celle d’un musée, l’intensité des études de l’éclairage artificiel est moins soutenue mais, si un jour le supermarché devait être transformé en petit musée le sol de granite est bien déjà là. Page 190 M comme marché En tant qu’entreprise familiale tyrolienne nous n’avions jusque là confié l’architecture de nos magasins qu’à des architectes tyrolien. Quand il a été clair que Dominique Perrault serait présent plusieurs années à Innsbruck pour la construction de la mairie, nous avons pris le risque de confier un projet , pour la première fois, à un architecte de renommée internationale. Comme son premier projet de supermarché à Wattens nous sem- 2004 ¥ 3 ∂ blait très inspiré nous étions intéressés de voir quelles seraient ces idées sur un terrain en centre ville de la même commune. Les premières esquisses ont cependant vite montré que sur la parcelle irrégulière aucune solution satisfaisante ne serait possible. C’est seulement en absorbant aussi le terrain de la station service que nous avons pu trouver une solution à la fois généreuse et intéressante. Le mélange des fonctions souhaité s’est imposé de lui-même. Les anciens locaux de la gendarmerie étaient trop petits et le maire a proposé d’en réaliser de nouveaux dans les étages du supermarché. Le caractère urbain de la place a été amélioré par la réhabilitation des vitrines et par la démolition partielle du bâtiment plat situés en face. Au moment du projet de Wattens nous avons achevé un supermarché à Innsbruck dont le parking situé sous le bâtiment a reçu une excellente résonance. Nous avons décidé en accord avec l’architecte de reprendre le même principe pour Wattens. Les idées de cours intérieures plantées de Dominique Perrault et des grandes surfaces vitrées améliorent la qualité spatiale et donnent presque l’impression, dans le bâtiment, d’être dehors. Les coûts net de 800 Euro par m2 de surface de vente ont été respectés en dépit des grandes surfaces de vitrage. Page 192 Élancés, légers, précontraints – Ouvrages composites en bois, acier et béton La collaboration continue avec Mpreis a pour avantage de permettre de construire des structures sur la base de la confiance et de l’expérience tout en pouvant leur apporter des améliorations ou parfois de mettre au point des systèmes novateurs. Pour nous, ingénieurs structure les préoccupations du maître, d’ouvrage d’ouverture et de flexibilité, sont une opportunité. Façades composites en acier porteur La surface de vente transparente et le niveau de parking situé dessous sont reliés au bloc massif en béton armé de la gendarmerie et des livraisons. Pour répondre au souhait de l’architecte de créer des liens avec la nature les façades sont conçues porteuses sans poteaux porteurs gênants. Pour limiter la section des montants de façade des traverses horizontales ont été mises au point avec un contreventement en tube d’acier diagonal, dans le plan des poteaux. Une particularité de la façade est son remplissage en béton. Les montants creux sont remplis de béton pour améliorer la résistance à la compression et répondre aux contraintes de sécurité incendie. Les huit poteaux qui sont dans le supermarché font seulement 17 cm de section pour une hauteur de 5,33 mètres grâce à leur construction composite acier-béton armé et aux traitement spécifique de leurs extrémités. Construction du toit Les poutres d’acier dans le plan de la toiture sont des doubles profils en T qui constituent la structure principale au dessus de la surfa- ce de vente. Des plats en acier sont soudés en sous face des poutres pour permettre la fixation de panneaux sandwich en bois qui respectent les contraintes incendie F 30. Du côté des façades, le bois est arrêté par un fer qui constitue aussi la traverse haute de la façade en acier. Au-dessus de cette traverse, les éléments en bois sont renforcés par une poutre en bois intégrée qui permet de transmettre aux poteaux de façade la charge du toit. L’évacuation des eaux de pluie se fait par un système en sous pression, parallèle aux poutres d’acier, intégré dans les panneaux. Transfert de charge dans les tissages métalliques Le transfert de charge dans les tissages métalliques en rive de toit et ses conséquences pour la statique ont été difficiles à déterminer. Les tensions dans les câbles sont importantes et la force du vent vient s’y ajouter sans valeur précise. Des essais ont montré que le tissage métallique est pratiquement étanche à l’air et se comporte plutôt comme une bâche imperméable. Les forces du vent sont élevées, particulièrement par vent constant, d’autant plus que l’ouvrage est souple. Dalles en béton précontraint Nous avons proposé pour la dalle au dessus du parking une dalle plate précontrainte sans retombées de poutre. Des câbles en acier sont insérés dans des tubes en plastique avec une couche de graisse qui permet de le protéger contre la corrosion. La précontrainte permet d’obtenir des pièces élancées, des grandes portées et peu de changements de formes qui doivent être précisément calculés. La complexité de la conception et de la surveillance sur le chantier est de 30% supérieure à celle d’un ouvrage normal. Les câbles sont tendus entre 4 et 7 jours après le bétonnage. De nombreux câbles ont été nécessaires à cause des cours intérieures. Pour ce qui est des coûts, la précontrainte, grâce à ses coffrages pour la plupart plans, les délais de décoffrage plus courts et les volumes des pièces plus réduits pour une trame de 8x8 mètres, revient moins chère que le bétonnage traditionnel. Page 196 Un rideau de métal Le cheminement du détail L’un des points forts de RPM Architkten réside dans l’exécution et le suivi des chantiers. Notre collaboration depuis 10 ans avec Dominique Perrault est caractérisée par la complémentarité au cours des différentes phases du projet, de l’esquisse à l’exécution. Le rôle de RPM est celui d’économiste pendant les premières phases et de conseil auprès des administrations locales alors que Dominique Perrault coordonne activement le dossier d’exécution et son interprétation bâtie lors des dernières phases du projet. Dans le cas particulier des tissages en acier inoxydable nous pouvons nous ∂ 2004 ¥ 3 reposer sur une longue expérience. Pour pouvoir respecter le budget serré du supermarché il a été nécessaire de réunir dès l’esquisse du projet le fabricant, les consultants spécialisés et l’entreprise afin de discuter de la réalisation, de la production et du montage. Cette table ronde a permis de répondre précisément sur le choix du matériau et sur son mode de mise en œuvre par rapport aux différentes variables, formelles, techniques ou économiques. Les caractéristiques dynamiques du matériau choisi ont rendu possible sa fixation par simple vissage sans dispositif particulier pour reprendre en compte la dilatation de la matière, pour cela, la caractéristique du tissage en spirale a été un avantage. Chaque projet est par principe unique, le type et la fonction du tissage en acier est donc à chaque fois spécifique, tout comme son mode de fixation sur l’édifice. Dans le cas du supermarché, le tissage métallique a pour fonction de réguler la lumière et de servir de protection solaire. Pour ce faire il fallu obtenir des valeurs de physique de la construction pour le matériau à prendre en compte dans le bilan général du projet. Le matériau standard du fabricant a du être modifié en une version plus dense. Les calculs de la statique ont mis à jour un certain nombre de difficultés qui ont finalement conduit à renforcer les fixations hautes et basses du dispositif. La surface de vente ne dispose ni de ventilation mécanique ni de climatisation malgré ses grandes surfaces vitrées. La combinaison des tissages en acier et des lamelles de ventilation dans la façade assure une bonne régulation du climat intérieur et la grande transparence vers l’extérieur. Coupes échelle 1:20 1 double couche de bitume, couche supérieure en écaille 2 panneau bois 7400 jusqu’à 14750/2660/ 500 mm: panneau OSB 26 mm poutre longitudinale pin massif 4480/80 mm, face supérieure en pente de 1,5% entre, laine minérale 240 mm pare vapeur, panneau OSB 26 mm 3 transformateur éclairage 4 poteau de façade tube acier ¡140/60 rempli de béton en injection, noir 5 plat acier 140/20 mm 6 évacuation de l’eau système sous pression sans pente Ø 110 mm 7 poutre acier 2x HEB 320 8 support élément en bois, plat acier 290/20 mm 9 tissage en spirale acier inox 5330/3580 mm 10 constitution du sol du magasin: dalle granite 600/400 mm/10 mm chape chauffante 80 mm, film, isolant thermique 200 mm, remplissage 100 mm dalle précontrainte en béton 400 mm 11 poteau composite béton armé Ø 168,3/8 mm 12 poteau composite béton armé Ø 400/10 mm avec gouttière intégrée de la surface de vente 13 revêtement du sol du parking: asphalte fin 40 mm, asphalte 80 mm, gravier 200 mm (dans les cours dalle gazon béton) 14 garde-corps filet acier-inox Résumé français Coupe horizontale échelle 1:10 1 constitution du mur de la gendarmerie enduit 15 mm peint en blanc isolant thermique 150 mm, béton armé 200 mm 2 câble tendu acier-inox Ø 5 mm entre axe 443 mm 3 profil acier L 100/100/8 mm galvanisé 4 écarteur tube acier Ø 80/5 mm 5 rehaut dalle béton armé 340 mm 6 tissage en spirale acier-inox 5330/3580 mm 7 profil couvre-joint aluminium noir 8 vitrage de protection U= 1,1 W/m2K, g= 0,5 verre de sécurité trempé 6 mm + vide 16 mm + verre feuilleté 2 ≈ 6 mm 9 tube acier ¡ 140/60/5630mm, entre axe 1330 mm rempli de béton 10 tôle aluminium noire 11 traverse tube acier ¡ 140/60 mm 12 câblage du store de protection solaire Page 200 Selfridges Birmingham «This will be on postcards», Jan Kaplicky de Future Systems en était déjà sûr quelques mois avant l’ouverture. Et c’est sûr, Birmingham et Selfridges ont leur nouvel emblème. De l’extérieur, aucune enseigne, sans les médias qui ont accompagné l’ouverture, la sculpture architecturale serait resté un grand mystère hors d’échelle mais fascinant, avec un certain sex-appeal pour attirer des clients par milliers. En effet, ce «blob» a aussi une fonction. Cette enveloppe de qualité, réalisée pour le prix d’un projet de promoteur, remplit avec rondeur le terrain jusqu’au dernier centimètre et va même jusqu’à abriter plus de volume que prévu par le plan directeur. Des cylindres d’aluminium, qui semblent flotter, sont posés sur la façade en béton projeté bleu vif. Ils sont comme des paillettes sur une robe et, en jouant avec la lumière, ils donnent du grain et font paraître légère la masse du bâtiment. À l’intérieur, un atrium fait descendre la lumière aux niveaux bas et les escalators sont aussi spectaculaires que la façade. Page 202 Le point de vue du maître d’ouvrage Quand Gordon Selfridge a ouvert son premier magasin en 1909 il a ouvert une nouvelle page de l’histoire du commerce, c’est à nouveau le cas à Birmingham. Future Systems a parfaitement répondu à notre demande d’un signe extraordinaire qui pourra briller dans le futur. Et, le tout dans le cadre d’un budget commercial, ce fut un véritable défi pour les architectes. À l’intérieur, le magasin dispose de 4 étages de vente avec chacun sa propre identité. La façade, inspirée par une robe de Paco Rabanne, a un effet prodigieux dans le skyline de Birmingham et joue aussi un rôle important dans le processus de renouveau entrepris par la ville en y favorisant par exemple la reprise des investissements. Birmingham n’est pas seulement une ville de culture, c’est aussi la seconde ville du Royaume-uni et une plaque tournante pour le commerce. Toutes les conditions sont donc réunies pour le succès de ce nouveau grand magasin. 9 Page 203 Du Bullring au «blob» La ville et le projet La ville de Birmingham n’a pas eu de chance au siècle dernier avec son urbanisme, qui a vite pris la forme de gestion du trafic automobile. Le Bullring était la place du marché de la ville médiévale, il a été dissocié par les voies de circulation du centre et des rues commerçante et s’est vu bâti en 1964 par un centre commercial sans le moindre caractère à l’image des architectures qui faisaient la ville à l’époque. Le centre est vendu en 1987 et passe entre diverses mains malheureuses. Un groupe de promoteurs charge, en 1999, l’agence d’architecture Benoy d’un plan directeur et de la reconversion du centre commercial. L’urbanisme semble alors changer de cap à Birmingham. La tour «Rotunda » est conservée, elle est entourée d’une place urbaine sur laquelle donnent les rues commerçantes principales de la zone piétonne. Une rue bordée de cafés et restaurants vient diviser le nouveau «Bullring» pour conduire vers la deuxième place, celle de l’église gothique St Martin. Selfridge et Debenham deviennent les locataires des deux grandes surfaces du nouveau complexe commercial qui s’étend sur 110 000 m2 avec son «shopping mall» de 146 boutiques. Malheureusement l’architecture répond seulement à ce que l’on peut attendre d’une architecture commerciale moyenne. Selfridge ne s’en contenta pas. Son chef, Vittorio Radice souhaite refaire du commerce une activité sociale noble et transformer le grand magasin en une scène. Future Systems remporte le concours en proposant un bâtiment visible de loin qui soit l’emblème autant de la ville que de son maître d’ouvrage. Pour Future Systems c’est la première chance de construire à grande échelle en milieu urbain, Jan Kaplicky peut enfin prouver que ses utopies sont réalisables. La ville et son maître d’ouvrage sont à ses côtés, «enfin des gens avec qui on peut parler de concept et non pas de poignées de porte». Le défi fut de respecter le budget réduit. Il fallait trouver un habillage sans problème de tolérance pour l’enveloppe: les disques de béton sont fixés sur du béton bon marché. Tout autour de l’atrium, avec ses escalators blancs immaculés, les dalles sont laissées sans habillage. À la fin, on a obtenu, grâce aux courbes de la forme un volume plus important que celui prévu par le plan directeur pour le même prix au m2 que celui du grand magasin post-moderne d’à côté. Page 206 Les évolutions du disque La conception de la façade Selfridges voulait un bâtiment incomparable, un emblème qui puisse toujours être reconnaissable, sans enseigne et cela pour un budget bien défini. De plus, il devait être largement opaque avec des ouvertures seulement au niveau d’entrée. À partir de 10 Résumé français l’analyse urbaine, nous avons conçu un objet aux surfaces gauches enveloppant tout le volume jusqu’aux locaux techniques de la toiture. Grâce au modelage, le magasin semble moins massif, surtout de loin. De près, nous devions conférer à la façade sa profondeur et sa tension par d’autres moyens. Nous avons abandonné très vite l’idée du panneautage, chaque panneau ayant dû être réalisé sur mesure et l’ensemble ayant été trop coûteux. Nous avons testé une trentaine de matériaux et de procédés de fabrication, de la lave à la porcelaine pour nous arrêter à des disques en aluminium de 660 mm de diamètre. Les disques sont pressés puis tournés et enfin polis brillant, en dernier lieu ils sont anodisés. Pour rester dans le budget, la façade située derrière devait être très peu chère mais quand même très résistante. La solution idéale s’est avérée être le béton projeté avec un enduit haute densité, un isolant extérieur enduite puis peinte avec une peinture synthétique. Nous avons mis au point la fixation des disques avec l’ingénieur façadiste, le fabricant des disques et l’entreprise. Ils devaient pouvoir être montés simplement et rapidement, et être ajustables pour pouvoir équilibrer d’éventuelles tolérances dimensionnelles. L’ensemble devait pouvoir aussi éviter toute nichée d’oiseaux. D’autres contraintes de poids propre, de charges au vent et à la neige, au vandalisme et aux effractions étaient aussi à prendre en compte. Les disques ont été posés en rangs horizontaux tout autour du bâtiment. Des joints légèrement différents permettent de reprendre les courbes du volume. La position de chaque dixième disque a été contrôlée, les disques intermédiaires posés après. À l’origine la surface enduite devait disparaître derrière les disques comme une ombre ou un vide. Mais nous avons choisi de la peindre dans une couleur vive pour obtenir un contraste avec les disques argentés. Nous nous sommes inspirés des monochromes bleus d’Yves Klein pour qui il était aussi question de «figurer» le vide sur une surface. Le défi a été de reproduire l’intensité du bleu pour qu’elle ne passe pas avant 35 ans. Après de nombreux tests de durée de vie nous avons trouvé un traitement de surface déjà utilisé sur des phares qui s’est avéré correspondre à nos besoins. Page 209 Innovatrice, avantageuse et flexible – Construction et installations techniques Structure porteuse L’objectif principal de l’ossature d’acier consiste à fournir le support de la façade librement formée ainsi que de permettre de créer des espaces de vente suffisamment larges et hauts. Les points porteurs sont organisés avec des écarts maximum, pour être encore économiques, autour des deux atriums et tout au long de l’enveloppe. C’est ainsi qu’une structure irrégulière est formée avec des dalles de taille et de construction 2004 ¥ 3 ∂ différentes à chaque niveau. Des poutres en porte à faux pouvant atteindre 4,5 m permettent d’adapter la géométrie du bâtiment et sa structure. L’un des défis les plus complexes du projet a été de réaliser les surfaces gauches de la façade au meilleur coût. Le choix s’est arrêté au béton projeté analogue à celui utilisé pour les tunnels. Les façades sont divisées en bandes à hauteur d’étage, qui s’enroulent autour du bâtiment , constituées de tronçons de 6 mètres de haut par 10 de large et suspendues aux nez de dalles. Des joints de dilatation sont situés à leurs rives inférieures et entre chaque module. Des éléments en métal déployé, assez flexibles pour suivre les formes du bâtiment mais assez denses et rigides pour servir de supports au béton, servent de coffrage perdu. Les armatures sont préfabriquées et déjà équipées d’un fourreau pour la fixation des disques en aluminium. Le béton est injecté, lissé puis enduit. Un goujon qui sert aussi à maintenir l’isolant, est ensuite vissé dans les fourreaux pour servir à la fixation des disques. Une couche d’enduit de 10 mm est rajoutée ainsi que l’étanchéité des goujons; la peinture bleue vient ensuite, suivie de la pose des disques. Installations techniques La stratégie de vente de Selfridges doit permettre de changer ou modifier en permanence les aménagements intérieurs. Le parti des installations techniques prévoit donc des systèmes flexibles de branchement pour la distribution de l’énergie, la climatisation, le traitement des données et la gestion des installations techniques. C’est ainsi que lors des modifications de chaque rayon les coûts et le dérangement occasionné aux rayons voisins est minimisé. En plus de la flexibilité, le souhait de coûts d’entretien réduits a été un autre facteur décisif. Ceux -ci sont obtenus grâce à un système d’air frais et d’eau froide avec des volumes de courant variables pour l’air frais, l’air renouvelé et pour le système d’eau froide de la climatisation. Celle-ci fonctionne avec quatre centrales de refroidissement sur le toit dont la plupart du temps deux seulement suffisent. L’étude générale de la sécurité incendie dès les premières phases du projet, a permis de réaliser de façon sûre et économique les surfaces de vente et l’atrium qui s’élargit vers le haut. En cas d’incendie, des stores coupe-feu dissocient l’étage touché et l’atrium, chaque étage est équipé d’un réseau de sprinkler et d’extracteurs de fumée mécaniques. L’atrium peut être désenfumé en toiture. C’est ainsi que l’un des objectifs principal a pu être réalisé: utiliser l’atrium dans son niveau bas comme surface de vente. Détail de façade Jonction d’une dalle d’étage Base Échelle 1:10 1 disque d’aluminium poli anodisé naturel Ø 660 mm 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 assiette aluminium anodisé moustiquaire tissage aluminium chéneau aluminium avec membrane soudée joint de dilatation constitution du mur: peinture haute densité plastifiée enduit 10 mm, isolant 75 mm peinture haute densité élément en béton injecté 175 mm enduit intérieur 20-30 mm profil acier fi pour raidir le panneau situé en face coupe feu console de suspente des éléments en béton injecté profil acier inox panneau aluminium poli miroir 3 mm raidisseur tôle aluminium Coupe détail sur une fenêtre Échelle 1:10 1 disque d’aluminium poli anodisé nature Ø 660 mm 2 constitution du mur: enduit haute densité plastifié 10 mm, isolant 75 mm, enduit haute densité élément en béton projeté 175 mm enduit intérieur 20-30 mm 3 profil acier-inox 4 chéneau aluminium avec membrane soudée 5 tube acier | 150/250 mm 6 verre feuilleté 9 + 15 mm 7 lame de verre de sécurité trempé 16 mm 8 habillage intérieur de la fenêtre MDF 9 tôle aluminium avec membrane soudée Coupe détail sur l’entrée Échelle 1:10 1 disque d’aluminium poli anodisé nature Ø 660 mm 2 constitution du mur: enduit haute densité plastifié 10 mm, isolant 75 mm, enduit haute densité élément en béton projeté 175 mm enduit intérieur 20-30 mm 3 profil acier-inox 4 chéneau aluminium avec membrane soudée 5 tube acier | 150/250 mm 6 panneau aluminium 7 lame de verre de sécurité trempé 16 mm 8 verre feuilleté 9 + 15 mm 9 porte d’entrée verre de sécurité trempé 19 mm 10 rampe aluminium 11 béton sur bac acier, surfaçage bleu clair 12 coupe feu Détail de garde-corps Échelle 1:20 1 main-courante tube acier avec capotage collé acier-inox poli miroir 2 élément d’allége porteur fibre de verre plastique 3 capotage panneau fibre de verre plastique démontable, surfaçage gel coat 4 protection de chant cornière acier 5 poutre de rive Å 6 coupe feu 7 rideau coupe feu 8 poutre en porte à faux 9 panneau de plafond suspendu fibre de verre plastique 10 éclairage