Résumé français Page 136 Le monde comme supermarché Plus de

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Résumé français Page 136 Le monde comme supermarché Plus de
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Traduction: Xavier Bélorgey, architecte; E-Mail: [email protected]
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Le monde comme supermarché
Plus de 90% de l’architecture commerciale
est banale et formellement insatisfaisante.
Les projets présentés dans ce numéro sont
des contre-exemples. C’est l’individualité qui
est visée, le caractère particulier d’un bâtiment doit participer à parfaire l’image de
toute une marque. Quand, autrefois, une architecture unitaire se devait d’être l’emblème majeur d’une marque, aujourd’hui c’est
sur une image de marque pluraliste que l’on
mise pour tenter d’exprimer des valeurs
communes avec des langages architecturaux différents. On trouve des exemples de
cette tendance aussi bien dans la chaîne de
supermarchés tyrolienne Mpreis que chez
Prada. Une deuxième tendance est évidente: à une époque où aucun musée, aucun
aéroport ou gare ne peut exister sans commerces, les experts en marketing ont reconnu les nouvelles chances de ces effets de
synergie. La tendance se retourne: plus
aucune boutique ne semble assez intéressante sans fonctions ajoutées. La nouvelle
boutique Armani de Florence est rattachée à
un centre de bien-être, les magasins de
chaussures marchent avec les coffee shops
voisins. «Dramaturgie» est le mot de passe
des consultants des parcs d’aventure qui se
disputent les superlatifs dans le monde entier en propageant les «supermarchés à
massages de cerveaux». Le plus grand
centre commercial du monde, Berjaya Times Square à Kuala Lumpur, ouvert à
l’automne 2003 est traversé par un grand 8
qui s’emballe entre les 50 restaurants et les
800 boutiques distribués sur 13 étages; 36
millions de visiteurs sont attendus chaque
année. Qui s’étonnera devant toutes ces
tentations que le «jour sans achat» global,
organisé chaque année, séduise si peu de
monde?
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Et après Prada ?
Detail: M Scheeren, vous étiez en Chine avec
Rem Koolhaas?
Scheeren: nous sommes en train de concevoir l’agrandissement d’une librairie à Pékin
Detail: ça sonne comme un projet banal, à
part le lieu
Ole Scheeren: pas tout à fait. La librairie actuelle fait 40 000 m2 et est déjà trop petite,
40 000 nouveaux m2 doivent être rajoutés.
Ce sont des dimensions inimaginables dans
un autre pays.
Detail: quelle est votre stratégie pour que les
clients ne soient pas désorientés dans un si
grand magasin ?
Scheeren: nous découpons des passages
de plusieurs niveaux dans le volume du bâtiment pour créer des sous unités plus maîtrisables. Un espace semi public est créé à
leur point de croisement à partir duquel les
zones individuelles sont desservies. Le bâtiment sera pour ainsi dire retourné de l’intérieur vers l’extérieur et les façades seront
conçues comme des rayonnages de livre
transparents.
Detail: OMA est aussi connu pour ses réflexions et les solutions complètes apportées
pour une marque, par exemple pour Prada.
Comment en êtes vous arrivé là ?
Scheeren: Prada est venue la première fois
à l’OMA au printemps 1999. Le message
court mais clair de Miuccia Prada et Patrizio
Bertelli était qu’ils ne pouvaient plus gérer
leur affaire avec ses anciennes structures,
la société étant passée, à la fin des années
90, du stade de la petite entreprise familiale
à celui de l’empire de mode global. Ils recherchaient quelqu’un qui puisse conceptualiser cet énorme croissance. Bien sûr
nous avons parlé dés le début de projets de
nouvelles boutiques, mais pour nous il était
clair que d’autres thématiques importantes
devraient enrichir le parti d’ensemble, pour
formuler ce type de nouveau début: le développement d’ensemble de la vente et de
la position de la marque Prada dans la société.
Detail: comment avez-vous procédé, avez
vous consulté des experts en marketing ?
Scheeren: comme nous ne sommes pas
nous même des experts dans le secteur dit
du commerce, nous avons entamé une phase de recherche de deux mois et demi pour
nous confronter avec Prada. Nous sommes
partis comme des touristes et avons visité
les boutiques et les centres de production
existants. C’était intéressant d’analyser la
marque avec une certaine naïveté et d’essayer de comprendre ses règles. Les processus fonctionnels «back of the House »
font aussi parti de l’analyse: les stocks, les
show-rooms, la création de prototypes ainsi
que les règles qui définissent les aménagements des boutiques. Pour ce point il a été
difficile d’obtenir des informations précises,
Prada voulait que nous ayons notre propre
vision des choses dans un processus le
plus possible indépendant.
Detail: quelles types de contraintes vous a
fixé votre maître d’ouvrage ?
Scheeren: à notre grande surprise presque
aucune contrainte, au début il n’était même
pas question de programme fonctionnel
mais seulement de la formulation abstraite
d’un parti d’ensemble.
Detail: pourquoi Prada s’est adressée à votre
agence pour cette mission ?
Scheeren: il faudrait peut –être plutôt le demander directement à Prada mais je crois
que c’est à cause de la combinaison de notre travail analytique avec nos réalisations.
Et finalement la mission consistait aussi, en
plus, dans la mise au point d’une superstructure virtuelle pour la conception et l’architecture de boutiques «flagship» à New
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York, San Francisco, Los Angeles et Tokyo.
Detail: quelle est la différence entre les
flashipstores d’autres marques et
l’«epicenter» de Prada ?
Scheeren: les flagshipstores qui ont vu le
jour dans les années 90 ne faisaient pas
grand chose de plus que d’agrandir ce qui
existait déjà – une multiplication de l’offre
existante dans des tailles différentes. Notre
parti a pour objectif de ne pas réduire ou affirmer encore plus l’identité de la marque
mais au contraire de la diversifier et de
l’élargir. D’où le nom d’«epicenter» qui décrit bien l’effet de modification sur son entourage. Dans le même temps, un élément
important de notre proposition visait à ne
pas remettre en question l’uniformité des
boutiques Prada existantes mais de les
conserver comme un outil de vente parfait.
Nous voulions que les «epicenter» soient
des centres spécifiques au sein de cette
uniformité qui puissent représenter et permettre à la marque et à la vente d’être présents à un autre niveau.
Detail: la boutique de New York existe déjà
depuis 2 ans et fait fureur et pas seulement
auprès des architectes, des designers et des
propriétaires de magasins. Pouvez vous décrire le projet plus précisément ?
Scheeren: Une partie du Guggenheim Museum occupait les lieux avant leur rachat
par Prada. Tout le quartier de Soho a été un
espace culturellement très actif et pour la
plus grande part public qui a été de plus en
plus racheté par le commerce. Nous avions
envie à cet endroit de faire quelque chose
contre le commerce et de rendre l’espace à
nouveau public. Le luxe comme forme de
générosité, voire même de gaspillage. C’est
ainsi que nous avons déclaré la partie principale de la boutique comme faisant partie
de la rue, comme espace fait pour d’autres
fonctions, par exemple des performances.
Pour ce faire les vitrines-cages peuvent être
déplacées sur le côté et une scène qui surgit du sol transforme les gradins situés en
face en un auditorium.
Detail: tout cela sonne très démocratique.
N’est-ce pas un calcul stratégique de marketing avec lequel Prada essaie de conquérir
des clients qui n’avaient jusque là jamais dépensé autant d’argent pour la mode ?
Scheeren: Il y a sans aucun doute un calcul
commercial là dedans, il est dans la nature
même de ce type de projet et cela n’aurait
pas de sens de vouloir nier un point aussi
important. Notre intention n’a jamais été de
mettre en place seulement une manifestation culturelle, mais vraiment de construire
une boutique qui fonctionne en tant que
boutique. Qui dit que le shopping ne fait
pas plaisir ou est une mauvaise chose ?
Detail: dans les parties privées de la boutique
il y a une zone VIP pour les clients exclusifs
de «Prada 500». Achètent-ils vraiment là ou
bien les clients potentiels ne sont ils pas plutôt effrayés par la masse des badauds ?
Scheeren: ce qui est intéressant est que la
boutique a vraiment réuni tous ces secteurs.
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Les stars achètent ici et il y a aussi des gens
qui achètent un café en face chez Dean and
Deluca et qui s’assoient sur les marches de
Prada pour le boire et discuter avec leurs
amis. La boutique est en même temps la
deuxième à faire les meilleures ventes de
Prada, elle fonctionne donc aussi sur le plan
commercial.
Detail: est –il encore possible aujourd’hui de
créer de l’exclusivité et du luxe, quand les
aménagements de boutique des marques les
plus différentes se ressemblent tous ?
Scheeren: à une époque où le shopping unifie tous les secteurs de la vie et où il n’y a
plus de fonctionnement public sans shopping, le commerce à lui seul ne peut plus
être un luxe. Il faut mettre au point et rajouter
de nouvelles qualités pour pouvoir créer
quelque chose qui ressemble à de l’exclusivité.
Detail: quel est le rôle joué dans les epicenter
par les outils technologiques qui permettent
de mettre les vendeurs et les clients en communication avec un monde virtuel ?
Scheeren: Ils sont une partie essentielle du
parti d’ensemble parce qu’ils tentent d’épuiser les possibles des deux domaines et de
les faire jouer les uns contre les autres, aussi bien du point de vue conceptuel que pratique. Cela veut dire que l’espace virtuel a
des qualités que la physique ne pourra jamais lui enlever et vis et versa. L’architecture a besoin de beaucoup de temps avant
d’être construite ou pour se modifier et ne
peut montrer qu’un spectre déterminé de
possibilités formelles. La technologie soutient les fonctions de l’espace physique et
augmente les possibilités fonctionnelles et
d’expression. Elle met à disposition des vendeurs des systèmes qui permettent de
mieux organiser la vente et qui servent en
même temps la «Machine-Aura artistique»
en communiquant un contenu supplémentaire qui peut naturellement être controverse
puisque répondant à d’autres lois que celle
de l’espace physique.
Detail: l’apport renforcé de «In shop Technology» pourrait un jour conduire à remplacer complètement le vendeur, cela n’est-il pas contradictoire avec l’idée de service parfait, que vous
avez définie pour Prada et qui constitue l’un
des 6 points essentiels de votre concept ?
Scheeren: au contraire. Dans le domaine du
luxe le self-service absolu ne peut pas être
la réponse définitive. Le composant le plus
important demeure l’interaction entre les
personnes et même dans la vente. Un bon
vendeur fera toujours plus que n’importe
quel distributeur en self-service. Nous nous
servons de la technologie pour qu’elle aide
le vendeur et qu’elle rende disponibles des
fonctions supplémentaires comme communiquer au vendeur l’état des réserves sans
qu’il ai besoin de quitter son client ou lui
permettre de diffuser une vidéo du dernier
défilé avec le vêtement choisi.
Detail: la technologie reste très retenue
Scheeren: elle doit rester une alternative que
l’on peut choisir sans dominer l’espace et
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sans devenir un spectacle médiatique incontournable
Detail: la mise en place des écrans reprend
différents modèles: le triptyque, le peep-show
ou la photo de famille sur un bureau. Doit on
en déduire Prada est là pour tous, les esprits
religieux, les oiseaux de nuit et les gens qui
travaillent dur à leur bureau ?
Scheeren: (riant) nous avons trouvé intéressant de créer dans le magasin un «confessionnal pour fashion victims». Les aspects
voyeuristes de la mode sont aussi indéniables et en constituent un aspect important.
Detail: concevez vous aussi les contenu, c’est
à dire les vidéos, le choix des photos et leur
présentation ?
Scheeren: oui. AMO est responsable en permanence de l’édition et de la production des
Aura-productions. Cela dépasse largement
les vidéos et comprend aussi le travail des
campagne de promotion, les défilés et le site Web de Prada
Detail: qu’est-ce qui vous intéresse là-dedans ?
Scheeren: c’est la possibilité de pouvoir
prendre une position beaucoup plus complète qu’avec l’architecture seule. Cela signifie une observation permanente de Prada, de son environnement et de ses effets
sur la société et vis et versa – la présentation de la marque comme une réalité en soi
qui dépasse de loin les clients ou les différente groupes cibles. Je crois que c’est
l’un des aspects particuliers de ce projet,
que les aspects spatiaux, virtuels et sociaux
puissent être développés en même temps et
intégrés.
Detail: cela veut dire que votre travail n’est pas
fini avec l’achèvement d’une boutique ?
Scheeren: exactement. Un lien très intense
s’est développé entre Prada et OMA/AMO et
nous sommes en train d’entreprendre la
deuxième phase de la nouvelle conception
Detail: l’epicenter de Los Angeles va ouvrir en
juillet de cette année. Quelles seront les ressemblances ?
Scheeren: il fut question dès le départ de
déterminer ce qui serait semblable entre les
deux epicenter, quelle continuité est importante et dans quelle mesure on peut renouveler. Développer sans cesse de nouvelles
idées fait partie de l’évolution réussie d’une
marque mais une certaine stabilité doit aussi
être maintenue. On trouve dans nos boutiques toute une série de références directes
aux anciens concepts de Prada – nous reprenons en des points particuliers le vert
des boutiques traditionnelles ou le sol rayé
en marbre noir et blanc de la première boutique Prada de Milan. Mais il y a aussi des
liens entre nos propres projets, nous avons
conçu la boutique de Los Angeles en résonance à celle de New York, les villes ayant
aussi des analogies, en tant que centres sur
les deux côtes opposées du pays. Les contraintes spatiales sont aussi semblables. Les
deux boutiques sont des typologies horizontales, New York sur deux étages, Beverly
Hills sur trois. Pour relier les 2 niveaux de
façon souple nous avons repris le parti du
sol mobile. Cette fois ci la vague ne va pas
vers le bas mais crée plutôt une sorte de
butte vers le haut qui porte une boite flottante en aluminium.
Detail: y-a-t-il d’autre points communs entre
les deux boutiques Prada ?
Scheeren: le bâtiment de New York est classé ce qui empêche toute intervention à l’extérieur. À Beverly Hills la façade a une grande importance ou plutôt l’absence de
façade. Au lieu d’un «Performance Space»
ici c’est l’ouverture architectonique sur la rue
qui constitue le moyen d’établir un lien avec
le public. La douceur du climat permet de
supprimer entièrement l’enveloppe du bâtiment et d’ouvrir la boutique sur la rue sur
ses 17 mètres de large. Quand on regarde
Rodeo Drive on voit une collection de boutiques avec leurs portiques en granite et travertin qui essaient de se faire remarquer.
L’objectif de notre projet est de se soustraire
entièrement à cette présence et plutôt de
découper un trou dans le bâti.
Detail: vous voulez dire qu’il n’y a même pas
une fine façade de verre ?
Scheeren: la journée il n’y a rien du tout, le
front sur la rue est complètement ouvert.
Des dispositions spécifiques ont été prises
contre le vol et des rideaux d’air ultra sensibles permettent de contrôler thermiquement
le climat de l’espace en cas de mauvais
temps. La nuit, un mur sort du sol et vient
fermer hermétiquement la boutique sur toute
sa largeur. Seules les vitrines horizontales
au sol restent alors visibles.
Detail: quelles innovations trouvera-t-on dans
les espaces de vente ?
Scheeren: nous avons mis au point un nouveau matériau que nous appelons «sponge». C’est un hybride entre l’air et la matière
entièrement artificiel. Il nous semblait important de ne pas limiter la recherche aux techniques d’information ou d’image mais d’investir aussi dans des matériaux et des
constructions haptiques. Nous voulions rajouter quelque chose au répertoire des matériaux des aménagements intérieurs qui
pourrait faire partie de l’identité de Prada.
C’est un matériau très poreux qui sera traversé de lumière et qui sera aussi utilisé
pour suspendre des vêtements. Tout l’intérieur de la boite en aluminium en sera recouvert.
Detail: certains outils technologiques n’étaient
pas tout a fait au point, les avez vous
améliorés ?
Scheeren: évidemment il y a un développement du laboratoire de New York. Nous
avons simplifié beaucoup de fonctions dans
les Dressing Room et les relations des collaborateurs à la technique sont structurées
plus clairement. Il y a aussi du nouveau à
Los Angeles: là où la butte rencontre la boite
d’aluminium il y a une grande ouverture fermée de verre Privalite. Les cabines d’essayage sont intégrées dans ce mur de verre
et constituent des unités qui peuvent être
transparentes ou translucides, un véritable
principe réactif ou interactif qui permet la
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transformation de toute la pièce.
Detail: certaines simplifications sont elles dues
à un budget plus serré ? On a pu lire dans la
presse que la boutique de New York aurait
coûté 40 millions de dollars
Scheeren: il faut expliquer clairement ces
prix, le prix de la construction au mètre carré correspondant à la moyenne des prix des
boutiques de luxe. Nous le savons parce
que les entreprises de New York en réalisent
beaucoup et connaissent le secteur. Bien
sûr, dans le cas de Prada il faut rajouter la
technologie qui correspond à une grande
part du budget
Detail: vous auriez eu la chance dans la 3e
boutique Prada de San Francisco d’aller dans
la verticale à plus grande échelle. Le projet
est-il définitivement abandonné ou pourrez
vous le réaliser ailleurs ?
Scheeren: pour San Francisco, c’est malheureusement certain que le projet ne sera
pas construit. C’est particulièrement regrettable parce que le jeu entre les trois boutiques était important, elles n’étaient pas
conçues indépendamment mais pour une
marque et elles étaient toutes les 3 en relation avec des liens particuliers. San Francisco était prévu pour abriter le quartier
général de Prada sur la côte ouest. Depuis
le 11 septembre beaucoup de choses ont
changé dans le monde et les projets Prada
n’ont malheureusement pas été épargnés.
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Le phénomène Mpreis au Tyrol
Les attributs qui pourraient définir le phénomène Mpreis oscillent, qu’on le veuille ou
non, entre mémorable et singulier. Et cela
pour trois raisons: d’abord parce qu’il s’agit
d’une chaîne de magasins d’alimentation
d’une région bien définie, le Tyrol ; deuxièmement parce que cette chaîne, à l’ère de
l’anonymat des sociétés, est aux mains d’un
clan familial, les Mölks, et troisièmement
parce que l’image de Mpreis est définie par
le caractère architectural toujours différent
de chacun de ses supermarchés. Alors que
la concurrence continue à poser, dans toute
l’Autriche, ses boîtes les plus simples, plus
ou moins décorées, Mpreis s’attaque au supermarché d’une toute autre façon: les
questions urbaines sont prises au sérieux, le
contexte est analysé à la loupe et les bâtiments neufs sont capables de devenir des
emblèmes fondateurs d’identité de ce qui
deviendrai sinon une banale zone périphérique. On se rend compte clairement quand
un banal faubourg de ville est amélioré grâce à un signe architectural à la fois significatif et qualitatif. Ou quand un tel marché est
capable de donner un sens à un nouveau
quartier, avant même que la formation de
celui-ci ne soit définitivement arrêtée, en lui
conférant une atmosphère ambitieuse et durable. On pourrait ensuite nommer des dizaines de supermarchés construits par différents architectes qui comptent désormais
au répertoire du tourisme architectural. Et
cela, dans une branche où non seulement la
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pauvreté des constructions mais surtout leur
uniformité déterminent les fondements architecturaux en déformant malheureusement
presque irrémédiablement leur environnement. Toute personne ressent immédiatement dans un magasin Mpreis qu’elle n’a
pas à faire à un hangar décoré rempli de
marchandise. Les magasins n’ont pas seulement des qualités spatiales, ils sont clairement mieux organisés que les autres supermarchés et la présentation y est bien
meilleure. Ce sont des paramètres sur lesquels Mpreis travaille sans arrêt. Et ce travail
d’attention dépasse largement la zone de
vente pour interroger le fonctionnement des
livraisons et les problèmes d’émissions qui y
sont liés ou encore ceux des dessertes et
des parkings. Il est aussi question de savoir
dans quelle mesure un supermarché doit
être ouvert et transparent vers l’extérieur, on
favorise aujourd’hui une forme intermédiaire
qui permet de voir dans les supermarchés
et dans certains rayons tout en segmentant
les vues. De plus, on retrouve dans tous les
Mpreis la dite «Baguette»: un service de
restauration qui permet de boire un café et
de consommer des snacks. Les baguettes
sont toujours positionnées pour être bien en
vue des caisses et permettre un point de
vue reposant dans le stress des courses. Ce
sont des îlots de communication qui remplacent, dans bien des cas, en particulier dans
les zones rurales, l’auberge disparue et qui
sont accessibles facilement de l’extérieur,
hors de la zone du franchissement des caisses.
Il faut aussi évoquer un élément essentiel de
la légende architecturale: Mpreis n’impose à
aucun architecte ce à quoi un supermarché
doit ressembler, pas de Corporate Identity
qui repose sur le concept d’uniformité déjà
évoqué. Mpreis n’impose même pas aux architectes où et comment le logo sera positionné et surtout Mpreis n’impose aucun matériau, pas de traitements de surfaces, pas
de couleurs, seule la baguette doit être
orange.
En ce qui concerne la lumière, Mpreis souhaite encore améliorer ses objectifs dans le
futur. Ce qui est très complexe quand les
supermarchés ne sont pas hermétiquement
opaques, il faut trouver en mélangeant lumière naturelle et artificielle comment les
marchandises peuvent être le mieux présentées. La qualité de l’espace intérieur et les
qualités urbaines et architectoniques extérieures sont les critères qui rentrent en
compte dans la discussion entre architecte
et manager de Mpreis. L’ouverture d’esprit
caractérise les débats ce qui est déjà inhabituel.
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Du marché au centre commercial – Une
typologie de l’architecture commerciale
L’analyse de bâtiments conçus pour le commerce montre l’importance jouée par l’architecture. Les parcours, la disposition des
produits, l’atmosphère – ces facteurs et bien
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d’autres définissent le succès de la vente.
C’est pour cela que ce type de bâtiment a
souvent, pour les architectes, l’odeur du
commercial. Là où le seul objectif est d’attirer le client, une architecture populiste n’est
pas, seule, possible. Considérer le commerce comme quelque chose de pénible plutôt
que comme un fondement de l’évolution culturelle serait un malentendu élitiste.
La typologie de l’architecture des boutiques
est intimement liée à l’histoire du commerce.
Différentes typologies architecturales sont
apparues très tôt et ont eu une influence sur
d’autres types ultérieurs. Comme le commerce a besoin d’un point central pour satisfaire ses deux parties, il a souvent eu l’urbanisation pour conséquence. Les villes se
sont souvent développées aux croisements
des routes ou des voies fluviales pouvant
assurer la concentration des rencontres entre les gens et les marchandises. Le lieu du
commerce, la place du marché, est le centre du développement urbain et en même
temps civil. Les fonctions urbaines les plus
importantes se regroupent autour de lui
avec les premiers bâtiments proprement
conçus pour le commerce.
Avant que la basilique romaine ne devienne,
à l’ère Constantine, le standard du sanctuaire
chrétien, la halle à plusieurs travées avait de
nombreuses fonctions: tribunal, bourse et
surtout, marché. Le lien du commerce et du
stockage a conduit, très tôt, à concentrer les
édifices liés à l’échange des marchandises.
Les greniers romains permettaient, dans
leurs cours centrales, de procéder à la vente
des produits stockés (vin, huile, grain etc.) et
constituaient ainsi une sorte de typologie originelle du «grand magasin».
Le marché couvert
Le type de la halle et ses extensions typologiques (plans en croix, doubles symétries,
toitures voûtées en plein cintre) connaissent
leur point d’orgue au 19e siècle. Les progrès
techniques grâce à la construction métallique et à la croissance urbaine ont permit
aux grandes halles centrales de voir le jour,
à l’exemple des halles de Paris ou des
grands marchés à bestiaux européens et
américains qui répondent aussi à des contraintes techniques précises: l’éclairage jusqu’au centre des équipements et leur ventilation par des moyens naturels. Le fait que
ces fonctions soient aujourd’hui résolues par
la technique est aussi une des raisons pour
lesquelles les bâtiments à plusieurs travées
ont été abandonnés au détriment de simples
toitures en pente voir même encore plus
souvent de la simple boîte à toiture plate.
La boutique
La boutique constitue la cellule originelle du
commerce. Depuis l’apparition des techniques de vente modernes (anonymat, prix
fixes, offres calculées au plus serré), la typologie de la boutique est de plus en plus menacée. Les pharmacies demeurent les témoins de ce qu’était le commerce servi,
avec son comptoir central de séparation.
Dans la plupart des cas, le principe du ser-
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vice tombe de plus en plus en désuétude
sauf dans certains secteurs ultra spécialisés. La technique de vente la plus appropriée aux besoins d’aujourd’hui consiste en
une présélection: le conseil individuel et le
service s’effectuent selon le principe de libre
choix sur la base d’une marchandise présentée de façon libre. De ce point de vue, le
résultat des ventes est fortement dépendant
des facteurs spatiaux et formels. Les parcours sont basés, en général, sur les mouvements pratiqués par un droitier, ils ont en
général tendance à aller contre le sens des
aiguilles d’une montre, ne sont pas rectilignes et finissent par appréhender tout l’espace. Ils ne doivent exercer aucune pression sur le client. Ce dernier principe est
souvent transgressé par des commerces
ayant une forte individualité (autant géographique que liée à leur secteur de marché)
ou encore lorsque les bénéfices des achats
spontanés doivent être générés de façon
agressive, la société Ikea impose en effet à
ses clients un parcours complet de tous ses
rayons. Un bon éclairage général constitue
seulement une base pour l’éclairage accentué d’une offre promotionelle. On parvient,
avec ces systèmes, à guider subtilement le
client. La mise en œuvre, dans la conception de boutiques, de facteurs attractifs d’ordre psychologique – en plus de la lumière
des couleurs, des sons et des odeurs – est
une condition impérative du succès.
Les boutiques «flagship»
Les grandes marques ont de plus en plus
tendance à ouvrir leurs propres succursales,
même lorsqu’elles sont suffisamment représentées dans d’autres magasins. Ces boutiques ont pour mission, en plus de celle de
la vente, de faire passer des messages par
leurs ambiances et leurs atmosphères. C’est
là que les produits et les images sont les
plus proches. La mission de l’architecte se
réduit à installer, au coup par coup, dans un
espace donné, les aménagements dictés
par la «Corporate Identity». Des modules facilement transportables d’ aménagements
prévus s’adaptent facilement à n’importe
quel espace. Les boutiques dites
«Flagship» constituent, dans ces conditions,
la forme spécifique la plus aboutie du concept. Ce sont des succursales de grandes
marques dans les métropoles à partir desquelles les sociétés parviennent aussi à
créer des signes architectoniques. Elles
prennent la dimension de petits grands magasins, analogues à ceux de distributeurs
agissant à l’échelle mondiale et mettent ainsi
en scène leur image de marque, autant à
l’extérieur qu’à l’intérieur de façon analogue
à celle de la représentation de la marque
dans le monde. La vente est secondaire,
l’essentiel se situe dans l’expérience faite du
monde de la marque. L’architecture est définie par tous les moyens, de la mise en
scène de l’espace aux méthodes de présentation.
Les passages
Le passage est devenu l’un des types archi-
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tecturaux spécifiques du 19e siècle, il est né
de l’action simultanée de la spéculation immobilière naissante avec l’expansion du
commerce. Il permet de spéculer sur les intérieurs d’îlot, de raccourcir les parcours et
un contrôle privé de l’espace public. Le passage idéal relie des zones urbaines très fréquentées et produit une importante clientèle
de passage. Le rez-de-chaussée, et éventuellement l’étage, sont consacrés à la vente. Au cours de l’évolution du type, l’aspect
fonctionnel du «passer» est passé au second plan derrière la mise en scène de la
flânerie. C’est ainsi que l’on crée des halles
centrales avec des grandes coupoles qui ne
se contentent pas de relier mais qui deviennent des centres, comme par exemple dans
les galeries Vittorio Emmanuel de Milan
(1861) Umberto Ier de Naples (1892). Le
principe du passage est à nouveau actuel.
Après une longue domination du grand magasin en centre ville, la tendance économique de séparation du commerce et de la
propriété immobilière ainsi que des nouvelles stratégies marketing, forment la base de
l’évolution du type. Les passages modernes
se dessinent dans les centre villes les plus
côtés et ont tendance à rassembler des
boutiques de marques chères.
Les grands magasins
L’origine du grand magasin du 19e siècle
s’explique par un nouveau type de commerce, caractérisé par des prix fixes, la confection et des marges réduites. L’apparition du
self-service généralisé est aussi un facteur
décisif qui fait aussi passer le commerce de
comptoir en second plan: des grandes surfaces peuvent être organisées en surface
d’exposition et rendues accessibles librement à la clientèle. Les verrières et les coupoles sont devenues des éléments indispensables, le luxe et la modernité définissent les
lignes architecturales. Les circulations sont
le thème principal. La desserte des derniers
niveaux ne doit pas sembler pesante, les escaliers deviennent les éléments majeurs.
L’époque des grands magasins, au fonctionnement basé sur l’expansion de surface
et sur la fonctionnalité, a pris fin avec la concurrence forte des grandes surfaces à
meilleur marché construites à l’extérieur des
villes. On note, depuis une vingtaine d’année, une reconquête des qualités qui font
l’espace du grand magasin: les verrières
sont remises en scène, les entrées renforcées et les surfaces de vente redistribuées.
La montée en puissance de marques indépendantes a imposé la création des solutions shop-in-shop qui permettent de réorganiser les grandes surfaces en des zones
d’événements définies par différentes images de marque.
Les façades des grands magasins demandent une attention particulière, qu’elles
soient ouvertes ou fermées. L’éclairage naturel et les liens avec l’extérieur sont farouchement évités. L’image des sociétés est
renforcée par la qualité de l’architecture et
par des grands noms de l’architecture, bien
au delà de son public spécialisé. Le groupe
anglais Selfridge va encore plus loin en confiant à Toyo Ito le site de Manchester pour
attirer l’attention sur une autre ville, après
Birmingham avec Future Systems. L’architecture devient ici une fraction objective
dans le marketing globalisé.
Les centres commerciaux, galeries marchandes
L’évolution de l’architecture du commerce
est caractérisée au 20e siècle par la mobilité. L’ancien facteur de centralité perd son
importance, les moyens de transport individuels participent à l’urbanisation urbaine et
à la délocalisation de la ville. On observe
des différences, dues aux conséquences de
la seconde guerre mondiale, dans les pays
européens: les centres-villes sont modernisés en Allemagne et permettent à de grandes surfaces de s’implanter dans les centres alors que la France aux centres-villes
anciens saturés voit plutôt la création d’agglomérats commerciaux suburbains. Aux
USA, le développement en surface des villes à l’ère de l’automobile a permit d’inventer, dés les années 30, la typologie du centre commercial qui, avec sa centralité auto
générée, sa taille et sa complexité, finit par
remplacer les centres villes absents. L’ordre, l’atmosphère et l’offre reflètent une image lointaine du marché européen. Les sites
sont dépendant des bonnes dessertes automobiles et des surfaces de parking suffisantes et font fit de toute idée de contexte. Ce
type s’est développé en Europe dès les années 60 pour occuper des sites entiers aux
portes des villes ou, de façon isolée, dans
les agglomérations. Alors que dans les
grands magasins c’est encore l’unité gérantpropriétaire qui domine, celle-ci a totalement
disparue dans les centres commerciaux. Le
développeur immobilier reprend son seul
rôle de régie et laisse le soin de la vente aux
nombreuses marques ou chaînes de filiales.
À la différence du passage, le client ne doit
pas «passer» mais doit entrer et rester; cela
fonctionne par le mélange savant des enseignes et la tension créée grâce à des boutiques spécialisées ou de luxe et par des
boutiques-aimants qui permettent de faire
durer le temps de séjour du client. Le programme est complet avec un supermarché
d’alimentation, dissocié dans les grands
centres en un supermarché de qualité et un
autre discount. Les centres commerciaux
sont caractérisés par la rigidité de leurs parcours. En général, le centre est accessible
d’un seul côté, de l’autre côté on peut trouver le parking, et ne laisse ressortir le client
que lorsque celui-ci retrouve la même entrée. Le combat classique des planificateurs
urbains tente d’obtenir les ouvertures des
côtés et des façades arrière pour créer des
animations de rue et de nouvelles entrées
mais il est le plus souvent perdu devant la
puissance des investisseurs. La rigidité des
principes peut s’amoindrir dès que les centres sont en position de monopole, en bordure de ville par exemple.
∂ 2004 ¥ 3
Les centres à thèmes
Les centres à thèmes sont des centres commerciaux spécifiques, leur dénomination se
rapporte à une limitation choisie par eux-mêmes de leur offre. Bien que le thème ne soit
pas toujours identifiable dans la réalité, il est
possible de reconnaître une typologie propre
à ces centres. Il s’agit de bâtiments en centre urbain, sur des parcelles compactes, organisés verticalement autour d’un centre
réunissant les différentes circulations. La thématique du centre «Sevens» (Rhode Kellermann Wawrowsky, 2001) sur la Königsallee de Düsseldorf peut être résumée à ses
prix élevés mais constitue un bon exemple
du principe. L’espace central est occupé par
une cascade d’escaliers roulants et des ascenseurs transparents; le tout baigné dans
une scénographie lumineuse. L’objectif principal est d’attirer le public vers le haut.
Urban Entertainment-Center, boutiques
d’aéroports ou de gares
Les centres commerciaux et leurs formes
hybrides continuent à se développer et à
grandir aussi bien du point de vue économique que typologique; ils constituent pour les
centres-villes un conflit non résolu; ce sont
d’un côté les aimants et les assurances de
fréquentation de toute zone piétonne et d’un
autre côté, avec leur management professionnel ils poussent les locataires individuels
des immeubles de rapport à faire faillite et
sont responsables des locaux vides et des
désagréments visuels qui s’en suivent. Cette
tendance a conduit dans des villes d’Allemagne de l’Est à des désertifications radicales mais peut aussi permettre à l’architecture de relever des défis, quand par exemple.
les centres commerciaux sont implantés
comme deuxième fonction dans des ouvrages de type gare ou station de métro. La
réhabilitation de la gare centrale de Leipzig
a permit de créer la plus grande surface de
vente d’un seul tenant en plein centre ville.
Les supermarchés
La notion de supermarché s’est élaborée à
partir de celle du marché d’alimentation en
self-service. De nombreuses formes secondaires, spécifiques ou développées se sont
formées, leur point commun est le bâtiment
solitaire, le plus souvent banal, dans les faubourgs urbains. Tous les marchés en-dessous de 400m2 sont appelés «surfaces de
vente». Elles occupent des surfaces louées
normales dans des bâtiments plus grands et
constituent la forme nouvelle du commerce
de proximité. Elles sont la plupart du temps
gérées sous contrat de franchise. Le terme
général de supermarché définit les magasins d’alimentation en self service au dessus
de 400 m2 avec des produits frais et un assortiment non-food inférieur à 25%. On trouve déjà cette forme de marché dans des bâtiments indépendants. L’hypermarché, avec
une surface de 1500 m2 est le type de magasin d’alimentation standard, accessible en
voiture, avec une offre d’alimentation, de
produits frais et une zone non-food permettant de couvrir les besoins quotidiens. L’éta-
Résumé français
pe suivante est constituée par des surfaces
d’au moins 5000 m2 avec un assortiment
élargi de produits pour des besoins à court,
moyen et long terme à des prix allant de
moyen à bas. Ce type de grandes unités indépendantes se rencontre aux portes des
villes. Les contraintes fonctionnelles se résument à des portées libres. Les façades sont,
à l’exception de la façade d’entrée, opaques
et réalisées avec constructions simples et
économiques. Les parties arrières abritent
des réserves et permettent de gérer les livraisons. Les plans doivent s’ouvrir sur la
façade d’entrée pour permettre aux caissières d’avoir une vue vers l’extérieur autant
que la taille du complexe le permette encore. Les surfaces de parking peuvent atteindre, en fonction du site deux fois la surface
de vente.
Le futur
On peut citer deux phénomènes essentiels
pour l’évolution de l’architecture commerciale. D’une part l’augmentation de la signification attribuée aux marques. Dans les grands
magasins les grandes superficies d’exposition perdent de l’importance au profit des
aménagements des surfaces du type shopin-shop ou de boutiques indépendantes
dans les centres commerciaux. De plus, la
consommation qui n’est plus existentielle est
davantage mise en scène comme un événement et accompagnée d’expériences secondaires.
Le second phénomène est celui de la centralisation en progression du commerce
dans les différents types de centres commerciaux, accompagnée par une privatisation factice de l’ancien espace public.
La ville est touchée négativement par deux
fois: d’abord la fréquentation des rues commerçantes diminue au profit des galeries
commerçantes ce qui ne fait que renforcer
le caractère parfois artificiel de l’atmosphère
urbaine dans les centres et conduit à leur
dépeuplement et à la disparition de la dernière clientèle de passage. Les grands promoteurs européens devraient prendre en
compte dans leurs projets la protection des
centres villes dans leurs possibilités de bon
fonctionnement afin de réaliser un urbanisme véritablement responsable.
Page 169
Boutique de mode à New York
La première boutique du styliste Carlos Miele a ouvert ses portes en juin 2003, 14th
Street Manhattan West. Dans le travail de
Miele les traditions brésiliennes se mélangent avec une esthétique et des formes de
production contemporaines. Le parti architectural tend à interpréter cette philosophie
dans l’espace. Les vitrines sont dématérialisées pour faire de l’intérieur le prolongement de la rue. C’est seulement au droit de
la vitrine que l’on perçoit le volume cubique
de l’espace. À l’intérieur il est enveloppé
d’une forme monumentale sculpturale qui
dissout les limites entre les murs, le sol et le
plafond, intègre les points porteurs et con-
5
fère à l’espace une nouvelle orientation.
Trois volumes, comme des sculptures du sol
au plafond, s’élèvent sur le sol en époxy
brillant gris et vert pâle; ils définissent différents espaces et servent de sièges et présentoirs. Les formes complexes créées par
ordinateur définissent les parcours. Leurs
méandres forcent à ralentir ce qui impose
aux visiteurs a être attentifs aux objets présentés. Avec la palette de couleurs, du
blanc au vert pâle, au bleu vert et au gris et
leurs reflets, l’espace et les matériaux semblent liquides. Le cadre dématérialisé attire
le regard sur les matiéres des vêtements.
Des portants en acier guident les visiteurs
dans le fond du magasin. Les présentoirs et
les cabines translucides, éclairés par derrière, portent des accents fluorescents et
dominent l’image nocturne de la boutique.
Le tout est complété par des installations vidéo sur le thème du corps. Les films sont
projetés sur des miroirs qui intègrent à leur
tour le spectateur dans l’installation – effet illusionniste prolongé par des miroirs concaves qui approfondissent la pièce.
Page 170
Pharmacie à Aspern
La parcelle traversante, libérée par des démolitions se situe dans le tissu serré de l’ancien quartier d’Aspern, dans le 22e arrondissement de Vienne. Les habitudes de la
fréquentation de la rue ont défini l’équipement: l’entrée des clients se fait sur la rue
principale quant aux livraisons et à l’accès
des employés, ils se font par une rue secondaire. Une séquence spatiale extérieure relie les différents fronts en intégrant les cours
comme des espaces intérieurs dans le plan:
lumière, nature et liens avec l’extérieur définissent le parti d’ensemble. Une dalle en béton brut vient se poser sur la structure des
pièces et s’achève sur les rues par une
courbe qui reprend les hauteurs d’égout des
maisons voisines en constituant le gardecorps du toit terrasse. Les pièces préfabriquées permettent d’avoir une façade de
15m de long sans point porteur intermédiaire. Les vitrines toute hauteur libèrent la vue
sur les espaces intérieurs et extérieurs et
renforcent à la fois transparence et orientation pour les passants ou les clients.
L’ouverture crée des images qui dépendent
des heures de la journée: la transparence
du jour se transforme le soir en une galerie
de sculptures lumineuses. Rien ne rappelle
la séparation classique du devant et du derrière le comptoir qui est remplacé ici par
postes de vente ouverts. Les vitrines suspendues au plafond divisent la pièce comme des coulisses en couches transversales
et font ralentir les clients. Des bandeaux lumineux encastrés au nu du mur et du plafond, en polymère translucide, accentuent la
stratification de l‘espace. Une cour intérieure
prolonge en été la surface de vente. Sa partie arrière est conçue comme une salle de
séminaire vitrée accueillant des conférences
ou manifestations diverses. L’alignement
6
Résumé français
des postes de vente conduit les clients à
passer devant l’officine, la cour intérieur et le
bar à thé dans la profondeur de la pièce. À
partir de là, un escalier conduit au toit terrasse qui s’achève en une sorte de cage de
scène abritant des bureaux et des pièces
de repos. Un jardin de plante médicinales
sert à la fois à produire des herbes et à accueillir des visites guidées.
Page 172
Magasin de mode à Tokyo
L’architecture caractéristique de l’«Epicenter
Store» de Prada à Tokyo a fait du bâtiment
un emblème pour la marque. Le volume
construit est concentré en un ouvrage vertical à l’angle d’une parcelle et volontairement
traité comme un solitaire. Il permet de créer
un espace libre urbain qui se transforme en
place publique, autant pour les clients que
pour les passants, luxe inhabituel au Japon.
La forme du bâtiment est dictée par l’exploitation maximale des hauteurs autorisées
dans le respect des héberges. L’impression
d’une forme extérieure en perpétuel changement est renforcée par la structure des surfaces. La trame rhombique de la façade est
habillée en alternance avec des panneaux
de verre concaves, convexes ou plats, les
réflexions des nombreuses facettes de la
surface extérieure redonnent des images déformées des intérieurs. La structure de la
façade porte les planchers avec trois noyaux
d’acier verticaux, des tubes d’acier horizontaux viennent compléter la rigidité du bâtiment tout en créant des découpes spatiales
inhabituelles. Ils permettent de créer des espaces fermés pouvant abriter les cabines et
les caisses dans cet univers de transparences. Des vides au droit des escaliers et le
long des façades relient les différents niveaux en un seul volume. Les noyaux d’acier
verticaux aux angles arrondis se prolongent
parfois en étagères et définissent les zones
intérieures. Le caractère de l’intérieur est défini par des biais et des arrondis, les formes
amorphes des appareillages modernes et
par des éléments mobiles. Les couleurs varient du blanc aux tons de beige et lient
murs, sols et meubles pour donner un fond
homogène à la présentation des produits.
Des matériaux naturels comme le cuir, la
mousse ou le bois sont confrontés à des matières artificielles comme les résines, le silicone ou la fibre de verre et traités sur le même plan. Toutes les réserves et les services
nécessaires sont regroupés en sous-sol pour
permettre aux étages d’être libérés de toutes
contraintes. On trouve aussi un café au soussol, accessible soit de l’intérieur du magasin
soit directement de l’extérieur.
Page 174
Supermarché bio à Greenwich
Le supermarché «vert» Sainsbury Supermarkt a ouvert dans le quartier londonien de
Greenwich, à quelques pas du dôme du
millénaire. C’est un projet modèle du second
géant britannique de l’alimentaire. Un cin-
2004 ¥ 3 ∂
quième des surfaces réservées aux produits
frais est consacré aux produits biologiques.
Grâce au parti architectural il est possible
d’économiser 50 % des besoins en énergie
par rapport à un supermarché conventionnel
de taille comparable. Dès les espaces extérieurs, les visiteurs sont informés des objectifs de l’architecte: des grandes surfaces de
panneaux solaires et des éoliennes produisent l’énergie des grands panneaux publicitaires du groupe. L’entrée principale vitrée
vient diviser la façade sud cintrée. Les murs
massifs du supermarché disparaissent dans
la zone d’entrée derrière un habillage de
planches en chêne non traité. Les surfaces
de façade contiguës sont recouvertes de terre et de plantations jusqu’à 5 m de haut. Cette isolation «naturelle» protège du froid, de la
chaleur et du vent et participe à la régularité
de la température à l’intérieur. Les plantations
sont arrosées par l’eau de pluie accumulée
dans un bassin aménagé du côté nord.
Une des caractéristiques principales du projet est l’utilisation de la lumière naturelle. Le
revêtement de sol en terrazzo blanc reflète
la lumière naturelle qui rentre par la toiture et
qui éclaire aussi la sous face du toit. C’est
ainsi qu’une atmosphère lumineuse et
généreuse est crée. L’éclairage électrique
installé au niveau des rayonnages ne fonctionne que les jours où le ciel de Londres est
couvert. Cet éclairage est alors très efficace,
il éclaire directement les marchandises et
n’est ni réparti ni diffusé dans le reste de
l’espace. En règle générale, la lumière électrique n’est utilisée qu’aux caisses ou pour
la présentation des marchandises.
Page 176
Supermarché TUS et cinéma multiplexe
La ville de Novo Mesto, fondée en 1365, est
située au sud est de la Slovénie dans la vallée du Krka. Le «Centre Portoval» remarquable par ses couleurs et formes géométriques
primaires constituent le lien entre la ville ancienne et les lotissements récents. Entre la
gare de bus et les terrains de sport, le complexe avec ses cubes de différentes couleurs est visible de loin. Le socle vert, sur lequel sont posés trois autres cubes , abrite le
supermarché, le cube bleu des bureaux et
le jaune des petits commerces. Le troisième
cube, le plus grand, est orienté vers la ville
et constitue la tête rouge du projet, il abrite
six salles de cinéma et une salle de jeux. Le
centre du projet constitue une véritable plaque tournante. Les écoliers qui attendent le
bus le matin se retrouvent au café bar. Le
soir, après la fermeture du supermarché, le
centre se transforme en foyer pour le cinéma. À partir de là, le bâtiment est desservi
en deux parties. Des grandes vitrines permettent d’avoir une bonne vue sur la rue et
le parking. Le mélange des programmes assure des effets de synergie, grâce en particulier à la double utilisation, différée dans le
temps, du parking qui permet au café
d’avoir des clients jusqu’assez tard dans la
nuit. Avec l’assemblage de plusieurs fonc-
tions il a été possible de réaliser un bâtiment
marquant, à la mesure de sa qualité d’entrée de ville. La nuit, les façades translucides en polycarbonate du cinéma rayonnent
et sont emblématiques de la nouvelle vie
aux portes de la ville.
Page 178
Grand magasin à Chemnitz
Dans le cadre de sa politique de redensification urbaine, ce nouveau grand magasin est
censé redonner vie au centre ville de Chemnitz. Il vient remplir un vide du centre historique. Au rez-de-chaussée des boutiques indépendantes, élargissent l’offre du magasin.
Le strict cube de verre réagit aux constructions qui l’entourent avec ses toits en porte à
faux du côté du parking et de la station centrale voisine. Dans son concept, le projet
s’oriente aux études de psychologie de vente du 20e siècle: la possibilité d’accès par
tous les côtés via une entrée principale et
des entrées secondaires, une bonne structuration facilitant l’orientation et une cour intérieure qui régule le flux des clients définissent le parti spatial. La surface de vente
d’environ 25 000 m2 répartis sur six étages
est organisée sur une trame de 10m x 10m.
Les escalators sont au centre, visibles de
toutes les portes et facilement accessibles.
La cour central permet d’avoir une vue sur
tous les niveaux et facilite l’orientation. Un
restaurant est accessible sur le toit terrasse.
Les espaces secondaires nécessaires sont
prévus à tous les étages pour limiter les parcours. Des panneaux à hauteur d’étage isolants, transparents ou réfléchissants, sont
maintenus ponctuellement soit par des câbles en acier soit dans les joints de la façade. Le parti de l’éclairage est basé sur la
transparence, la présentation des produits et
les affichages publicitaires se complètent.
Les façades étaient pensées à l’origine comme des surfaces pour la publicité avec trois
niveaux de lamelles mobiles mais pour des
raisons de coût elles ont été réalisées avec
de simples lamelles de protection solaire.
Page 180
Namba Park Osaka
«Prochain arrêt Namba train Station» voilà ce
que l’on entend en venant de l’aéroport en
direction du centre ville d’Osaka; à l’endroit
où se trouvait autrefois le Stade Nangai on
trouve désormais le plus grand centre commercial du pays: 297 000 m2 et jusqu’à 42 m
de haut. La desserte par le train et le réseau
routier permet à 250 000 personnes de visiter le week-end les magasins et l’«espacevert» du centre. Le lien entre, d’un côté les
maisons traditionnelles à deux étages et de
l’autre une tour, est résolu par le traitement
en terrasse du centre. L’objectif des architectes a consisté a créer un véritable jardin
en plein cœur de la métropole japonaise très
dense. Les jardins suspendus proposent, en
plus de la détente, la possibilité d’entretenir
son propre jardin potager. Des chutes d’eau,
des rochers et des arbres transforment le
∂ 2004 ¥ 3
Résumé français
parc artificiel en un véritable parc d’aventures naturelles. Le «canyon commercial» du
temple de la consommation japonaise est
tracé d’est en ouest. Le parcours s’étire
comme un 8 au cœur d’une oasis artificielle.
Il conduit les visiteurs à des falaises et des
cavernes, leur fait franchir des précipices
par des ponts suspendus en verre et les attire jusqu’à l’intérieur. Les espaces de vente
qui s’y trouvent n’ont pas beaucoup de différence avec les centres commerciaux enterrés aux standards internationaux. Les passerelles de verre qui prennent l’allure de tubes
lumineux dans l’obscurité imposée conduisent les visiteurs, à travers la «jungle de la
grande ville» jusqu’à l’un des 20 restaurants
ou cafés à l’air libre.
Edition ∂
Page 182
Les Cinq Cours à Munich
L’îlot entre les rues Theatiner et Cardinal
Faulhaber réunissait autrefois les sièges de
la Hypo-Bank et de la Vereinsbank et, depuis 1985, la galerie d’exposition HypoKunsthalle. En 1988, après la fusion des deux
banques, le nouveau groupe Hypo-Vereinsbank dans la nécessité d’un programme de
rénovation et de modernisation en plusieurs
phases a décidé d’abroger l’utilisation exclusivement bancaire du site pour l’ouvrir à
la vie urbaine du centre ville. Le projet d’Herzog et de Meuron reprend les typologies
des tissus voisins et parvient même à nouer
des liens avec le parcellaire de la vieille ville
et avec celui, à plus grande échelle, de la
Résidence voisine et de ses cours intérieures caractéristiques. Une suite de places,
cours et passages, bordée de boutiques et
de bureaux permet d’ouvrir la structure du
bloc compact. Les piétons peuvent se pro-
mener dans une zone commerciale calme
dont la qualité est augmentée par des cafés,
des équipements culturels et des espaces
de détente. L’ensemble de la surface atteint
24 000 m2 dont 5000 m2 de cours et passages publics. Les boutiques et équipements
de restauration dominent le rez-de-chaussée alors que les étages sont occupés principalement par des bureaux et des logements: en tout 16 000 m2 de commerces,
2560 m2 de surfaces d’exposition, 55 000
m2 de bureaux comprenant la banque et 49
logements sur environ 6000 m2. La transparence et la diversité des vues sont caractéristiques pour le projet et permettent de
faire cohabiter parfaitement les trois dimensions, les fonctions, les cours et les passages ensemble. Les façades et les structures
existantes sont largement conservées, seulement 40% de l’existant est remplacé par
du neuf. La présence sensuelle des espaces est exceptionnelle, la largeur et l’étroitesse des passages changent au cours du
parcours, certaines séquences sont couvertes, d’autres ne le sont pas et permettent au
«monde extérieur» avec ses rayons de soleil
ou ses averses d’être toujours présent. De
nombreux artistes ont participé avec des
œuvres crées pour les espaces publics et
quelques galeries ont pris place parmi les
locataires. Le cœur artistique de l’ensemble
est constitué par la galerie d’art de la banque, au deuxième étage de la cour Perusa.
Sa desserte par un escalier droit d’une seule
volée conduit au nœud des 4 passages et
ouvre les vues sur les cours et les passages. Un café en association avec la galerie
propose, en dehors des heures d’ouverture,
assez de place pour le repos et le calme et
assure l’interférence entre art et commerce.
Page 186
Supermarché à Wattens
Qu’est-ce qui amène une star française de
l’architecture à construire un supermarché
dans une petite commune du Tyrol ?
Dominique Perrault ne s’est pas fait prier, le
maître d’ouvrage lui donnant carte blanche
pour le projet. La seule condition était de
construire quelque chose d’exceptionnel
qui se distingue des 130 autres filiales de la
chaîne en respectant l’enveloppe financière
habituelle. Un volume de verre flotte au dessus du terrain en pente. De jour, les reflets
lumineux jouent sur les tissages d’acier
inoxydable en conférant de la profondeur
aux façades et en enveloppant la vie intérieure d’un nimbe mystérieux. La nuit, le supermarché s’éclaire de l’intérieur en créant
des jeux d’ombres chinoises avec les silhouettes des produits. Alors que la plupart
des autres grandes surfaces sont rassemblées à l’entrée de la ville, ce Mpreis est en
plein centre de Wattens. Cet emplacement
exposé nécessite un parti urbain comprenant des programmes supplémentaires
pouvant être intégrés au supermarché sans
créer de gênes réciproques. C’est comme
cela que le bâtiment abrite aussi différentes
surfaces pouvant accueillir d’autres enseignes mais aussi le commissariat local. Le
caractère de l’ensemble est déterminé entièrement par l’architecture, les places de
parking inévitables sont regroupées sous le
bâtiment. De là, le client rejoint le niveau
haut à l’abris et peut flâner dans les rayons,
au détours d’un café. Le modèle de la traditionnelle place du marché n’est pas seulement rappelé par le site en plein centre ville
mais aussi par l’atmosphère claire de l’espace de 5,20 m de haut, presque sans
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8
Résumé français
point porteurs et par la vue, entre les marchandises, vers les arbres puis les montagnes.
Page 188
Petit musée ou centre commercial ?
Le projet pour le supermarché dans le centre de Wattens s’organise de façon complexe. Il flotte au-dessus du terrain, son enveloppe de métal filtre la lumière et cadre la
vue sur les montagnes. Les mouvements
dans les espaces intérieurs sont aussi mis
en scène. La générosité de l’escalier devant
l’entrée se prolonge à l’intérieur en un axe
principal à partir duquel les clients peuvent
bifurquer dans les différents rayons. Les
cours et leurs arbres, comme des sculptures, peuvent être abordées dans toutes les
directions et permettent d’asseoir la scénographie. Pour répondre au contexte urbain,
nous avons fini par orienter l’entrée sur un
nouveau parvis dans la direction des commerces déjà existants. La gendarmerie est
abritée dans un volume fermé à l’arrière du
complexe, les parkings sont sous le bâtiment. Tout a été mis en œuvre pour faire de
la surface de vente un corps transparent en
lévitation, sans rien qui empêche de voir sur
trois côté, comme un musée. Des niches de
deux mètres de profondeur plantées de pins
blancs permettent de donner un rythme aux
façades de 60 mètres de long. Les clients
qui ne veulent emprunter ni les escaliers ni
les rampes peuvent accéder au magasin directement du parking, par un ascenseur de
verre. Le tissage métallique protége les marchandises des rayons trop directs du soleil.
Ces jeux avec son enveloppe confèrent au
bâtiment une plus grande complexité. Du
côté du café, les «brises-soleil» ne descendent pas jusqu’au sol pour permettre les
contacts visuels avec la rue. Là, les tendeurs
verticaux du tissage créent un filtre intéressant particulièrement dans la perspective
rapprochée des passants. Dans les espaces
intérieurs notre principale préoccupation a
été de créer une atmosphère claire et ouverte par le choix des matériaux et des couleurs. Les fins poteaux sont particulièrement
élégants, le plafond en bois semble flotter.
La durée de la conception d’un supermarché
étant plus courte que celle d’un musée, l’intensité des études de l’éclairage artificiel est
moins soutenue mais, si un jour le supermarché devait être transformé en petit musée le
sol de granite est bien déjà là.
Page 190
M comme marché
En tant qu’entreprise familiale tyrolienne
nous n’avions jusque là confié l’architecture
de nos magasins qu’à des architectes tyrolien. Quand il a été clair que Dominique Perrault serait présent plusieurs années à Innsbruck pour la construction de la mairie, nous
avons pris le risque de confier un projet ,
pour la première fois, à un architecte de renommée internationale. Comme son premier
projet de supermarché à Wattens nous sem-
2004 ¥ 3 ∂
blait très inspiré nous étions intéressés de
voir quelles seraient ces idées sur un terrain
en centre ville de la même commune. Les
premières esquisses ont cependant vite
montré que sur la parcelle irrégulière aucune solution satisfaisante ne serait possible.
C’est seulement en absorbant aussi le terrain de la station service que nous avons pu
trouver une solution à la fois généreuse et
intéressante. Le mélange des fonctions souhaité s’est imposé de lui-même. Les anciens
locaux de la gendarmerie étaient trop petits
et le maire a proposé d’en réaliser de nouveaux dans les étages du supermarché. Le
caractère urbain de la place a été amélioré
par la réhabilitation des vitrines et par la démolition partielle du bâtiment plat situés en
face. Au moment du projet de Wattens nous
avons achevé un supermarché à Innsbruck
dont le parking situé sous le bâtiment a reçu
une excellente résonance. Nous avons décidé en accord avec l’architecte de reprendre
le même principe pour Wattens. Les idées
de cours intérieures plantées de Dominique
Perrault et des grandes surfaces vitrées
améliorent la qualité spatiale et donnent
presque l’impression, dans le bâtiment,
d’être dehors. Les coûts net de 800 Euro par
m2 de surface de vente ont été respectés en
dépit des grandes surfaces de vitrage.
Page 192
Élancés, légers, précontraints – Ouvrages
composites en bois, acier et béton
La collaboration continue avec Mpreis a
pour avantage de permettre de construire
des structures sur la base de la confiance et
de l’expérience tout en pouvant leur apporter des améliorations ou parfois de mettre au
point des systèmes novateurs. Pour nous,
ingénieurs structure les préoccupations du
maître, d’ouvrage d’ouverture et de flexibilité, sont une opportunité.
Façades composites en acier porteur
La surface de vente transparente et le niveau de parking situé dessous sont reliés au
bloc massif en béton armé de la gendarmerie et des livraisons. Pour répondre au souhait de l’architecte de créer des liens avec
la nature les façades sont conçues porteuses sans poteaux porteurs gênants. Pour limiter la section des montants de façade des
traverses horizontales ont été mises au point
avec un contreventement en tube d’acier
diagonal, dans le plan des poteaux. Une
particularité de la façade est son remplissage en béton. Les montants creux sont remplis de béton pour améliorer la résistance à
la compression et répondre aux contraintes
de sécurité incendie. Les huit poteaux qui
sont dans le supermarché font seulement 17
cm de section pour une hauteur de 5,33 mètres grâce à leur construction composite
acier-béton armé et aux traitement spécifique de leurs extrémités.
Construction du toit
Les poutres d’acier dans le plan de la toiture
sont des doubles profils en T qui constituent
la structure principale au dessus de la surfa-
ce de vente. Des plats en acier sont soudés
en sous face des poutres pour permettre la
fixation de panneaux sandwich en bois qui
respectent les contraintes incendie F 30. Du
côté des façades, le bois est arrêté par un
fer qui constitue aussi la traverse haute de la
façade en acier. Au-dessus de cette traverse, les éléments en bois sont renforcés par
une poutre en bois intégrée qui permet de
transmettre aux poteaux de façade la charge du toit. L’évacuation des eaux de pluie
se fait par un système en sous pression, parallèle aux poutres d’acier, intégré dans les
panneaux.
Transfert de charge dans les tissages métalliques
Le transfert de charge dans les tissages métalliques en rive de toit et ses conséquences
pour la statique ont été difficiles à déterminer. Les tensions dans les câbles sont importantes et la force du vent vient s’y ajouter
sans valeur précise. Des essais ont montré
que le tissage métallique est pratiquement
étanche à l’air et se comporte plutôt comme
une bâche imperméable. Les forces du vent
sont élevées, particulièrement par vent
constant, d’autant plus que l’ouvrage est
souple.
Dalles en béton précontraint
Nous avons proposé pour la dalle au dessus
du parking une dalle plate précontrainte
sans retombées de poutre. Des câbles en
acier sont insérés dans des tubes en plastique avec une couche de graisse qui permet
de le protéger contre la corrosion. La précontrainte permet d’obtenir des pièces élancées, des grandes portées et peu de changements de formes qui doivent être
précisément calculés. La complexité de la
conception et de la surveillance sur le chantier est de 30% supérieure à celle d’un
ouvrage normal. Les câbles sont tendus entre 4 et 7 jours après le bétonnage. De nombreux câbles ont été nécessaires à cause
des cours intérieures. Pour ce qui est des
coûts, la précontrainte, grâce à ses coffrages pour la plupart plans, les délais de décoffrage plus courts et les volumes des pièces plus réduits pour une trame de 8x8
mètres, revient moins chère que le bétonnage traditionnel.
Page 196
Un rideau de métal
Le cheminement du détail
L’un des points forts de RPM Architkten réside dans l’exécution et le suivi des chantiers. Notre collaboration depuis 10 ans
avec Dominique Perrault est caractérisée
par la complémentarité au cours des différentes phases du projet, de l’esquisse à
l’exécution. Le rôle de RPM est celui d’économiste pendant les premières phases et
de conseil auprès des administrations locales alors que Dominique Perrault coordonne
activement le dossier d’exécution et son interprétation bâtie lors des dernières phases
du projet. Dans le cas particulier des tissages en acier inoxydable nous pouvons nous
∂ 2004 ¥ 3
reposer sur une longue expérience. Pour
pouvoir respecter le budget serré du supermarché il a été nécessaire de réunir
dès l’esquisse du projet le fabricant, les
consultants spécialisés et l’entreprise afin
de discuter de la réalisation, de la production et du montage. Cette table ronde a
permis de répondre précisément sur le
choix du matériau et sur son mode de mise en œuvre par rapport aux différentes
variables, formelles, techniques ou économiques. Les caractéristiques dynamiques
du matériau choisi ont rendu possible sa
fixation par simple vissage sans dispositif
particulier pour reprendre en compte la dilatation de la matière, pour cela, la caractéristique du tissage en spirale a été un
avantage. Chaque projet est par principe
unique, le type et la fonction du tissage en
acier est donc à chaque fois spécifique,
tout comme son mode de fixation sur l’édifice. Dans le cas du supermarché, le tissage métallique a pour fonction de réguler la
lumière et de servir de protection solaire.
Pour ce faire il fallu obtenir des valeurs de
physique de la construction pour le matériau à prendre en compte dans le bilan
général du projet. Le matériau standard
du fabricant a du être modifié en une version plus dense. Les calculs de la statique
ont mis à jour un certain nombre de difficultés qui ont finalement conduit à renforcer les fixations hautes et basses du dispositif. La surface de vente ne dispose ni
de ventilation mécanique ni de climatisation malgré ses grandes surfaces vitrées.
La combinaison des tissages en acier et
des lamelles de ventilation dans la façade
assure une bonne régulation du climat intérieur et la grande transparence vers l’extérieur.
Coupes échelle 1:20
1 double couche de bitume, couche supérieure
en écaille
2 panneau bois 7400 jusqu’à 14750/2660/
500 mm:
panneau OSB 26 mm
poutre longitudinale pin massif
4480/80 mm,
face supérieure en pente de 1,5%
entre, laine minérale 240 mm
pare vapeur, panneau OSB 26 mm
3 transformateur éclairage
4 poteau de façade tube acier ¡140/60
rempli de béton en injection, noir
5 plat acier 140/20 mm
6 évacuation de l’eau système sous pression
sans pente Ø 110 mm
7 poutre acier 2x HEB 320
8 support élément en bois,
plat acier 290/20 mm
9 tissage en spirale acier inox 5330/3580 mm
10 constitution du sol du magasin:
dalle granite 600/400 mm/10 mm
chape chauffante 80 mm, film, isolant thermique 200 mm, remplissage 100 mm
dalle précontrainte en béton 400 mm
11 poteau composite béton armé Ø 168,3/8 mm
12 poteau composite béton armé Ø 400/10 mm
avec gouttière intégrée de la surface de vente
13 revêtement du sol du parking: asphalte fin
40 mm, asphalte 80 mm, gravier 200 mm (dans
les cours dalle gazon béton)
14 garde-corps filet acier-inox
Résumé français
Coupe horizontale échelle 1:10
1 constitution du mur de la gendarmerie
enduit 15 mm peint en blanc
isolant thermique 150 mm,
béton armé 200 mm
2 câble tendu acier-inox Ø 5 mm
entre axe 443 mm
3 profil acier L 100/100/8 mm galvanisé
4 écarteur tube acier Ø 80/5 mm
5 rehaut dalle béton armé 340 mm
6 tissage en spirale acier-inox 5330/3580 mm
7 profil couvre-joint aluminium noir
8 vitrage de protection U= 1,1 W/m2K, g= 0,5
verre de sécurité trempé 6 mm +
vide 16 mm + verre feuilleté 2 ≈ 6 mm
9 tube acier ¡ 140/60/5630mm,
entre axe 1330 mm rempli de béton
10 tôle aluminium noire
11 traverse tube acier ¡ 140/60 mm
12 câblage du store de protection solaire
Page 200
Selfridges Birmingham
«This will be on postcards», Jan Kaplicky de
Future Systems en était déjà sûr quelques
mois avant l’ouverture. Et c’est sûr, Birmingham et Selfridges ont leur nouvel emblème.
De l’extérieur, aucune enseigne, sans les
médias qui ont accompagné l’ouverture, la
sculpture architecturale serait resté un grand
mystère hors d’échelle mais fascinant, avec
un certain sex-appeal pour attirer des clients
par milliers. En effet, ce «blob» a aussi une
fonction. Cette enveloppe de qualité, réalisée
pour le prix d’un projet de promoteur, remplit
avec rondeur le terrain jusqu’au dernier centimètre et va même jusqu’à abriter plus de
volume que prévu par le plan directeur. Des
cylindres d’aluminium, qui semblent flotter,
sont posés sur la façade en béton projeté
bleu vif. Ils sont comme des paillettes sur
une robe et, en jouant avec la lumière, ils
donnent du grain et font paraître légère la
masse du bâtiment. À l’intérieur, un atrium
fait descendre la lumière aux niveaux bas et
les escalators sont aussi spectaculaires que
la façade.
Page 202
Le point de vue du maître d’ouvrage
Quand Gordon Selfridge a ouvert son premier
magasin en 1909 il a ouvert une nouvelle page de l’histoire du commerce, c’est à nouveau
le cas à Birmingham. Future Systems a parfaitement répondu à notre demande d’un signe extraordinaire qui pourra briller dans le
futur. Et, le tout dans le cadre d’un budget
commercial, ce fut un véritable défi pour les
architectes. À l’intérieur, le magasin dispose
de 4 étages de vente avec chacun sa propre
identité. La façade, inspirée par une robe de
Paco Rabanne, a un effet prodigieux dans
le skyline de Birmingham et joue aussi un
rôle important dans le processus de renouveau entrepris par la ville en y favorisant par
exemple la reprise des investissements. Birmingham n’est pas seulement une ville de
culture, c’est aussi la seconde ville du Royaume-uni et une plaque tournante pour le commerce. Toutes les conditions sont donc réunies pour le succès de ce nouveau grand
magasin.
9
Page 203
Du Bullring au «blob»
La ville et le projet
La ville de Birmingham n’a pas eu de chance au siècle dernier avec son urbanisme,
qui a vite pris la forme de gestion du trafic
automobile. Le Bullring était la place du
marché de la ville médiévale, il a été dissocié par les voies de circulation du centre et
des rues commerçante et s’est vu bâti en
1964 par un centre commercial sans le
moindre caractère à l’image des architectures qui faisaient la ville à l’époque. Le centre est vendu en 1987 et passe entre diverses mains malheureuses. Un groupe de
promoteurs charge, en 1999, l’agence d’architecture Benoy d’un plan directeur et de
la reconversion du centre commercial. L’urbanisme semble alors changer de cap à
Birmingham. La tour «Rotunda » est conservée, elle est entourée d’une place urbaine
sur laquelle donnent les rues commerçantes principales de la zone piétonne. Une rue
bordée de cafés et restaurants vient diviser
le nouveau «Bullring» pour conduire vers la
deuxième place, celle de l’église gothique
St Martin. Selfridge et Debenham deviennent les locataires des deux grandes surfaces du nouveau complexe commercial qui
s’étend sur 110 000 m2 avec son «shopping
mall» de 146 boutiques. Malheureusement
l’architecture répond seulement à ce que
l’on peut attendre d’une architecture commerciale moyenne. Selfridge ne s’en contenta pas. Son chef, Vittorio Radice souhaite
refaire du commerce une activité sociale
noble et transformer le grand magasin en
une scène. Future Systems remporte le concours en proposant un bâtiment visible de
loin qui soit l’emblème autant de la ville que
de son maître d’ouvrage. Pour Future Systems c’est la première chance de construire
à grande échelle en milieu urbain, Jan Kaplicky peut enfin prouver que ses utopies
sont réalisables. La ville et son maître
d’ouvrage sont à ses côtés, «enfin des gens
avec qui on peut parler de concept et non
pas de poignées de porte». Le défi fut de
respecter le budget réduit. Il fallait trouver
un habillage sans problème de tolérance
pour l’enveloppe: les disques de béton sont
fixés sur du béton bon marché. Tout autour
de l’atrium, avec ses escalators blancs immaculés, les dalles sont laissées sans habillage. À la fin, on a obtenu, grâce aux
courbes de la forme un volume plus important que celui prévu par le plan directeur
pour le même prix au m2 que celui du grand
magasin post-moderne d’à côté.
Page 206
Les évolutions du disque
La conception de la façade
Selfridges voulait un bâtiment incomparable, un emblème qui puisse toujours être reconnaissable, sans enseigne et cela pour
un budget bien défini. De plus, il devait être
largement opaque avec des ouvertures
seulement au niveau d’entrée. À partir de
10
Résumé français
l’analyse urbaine, nous avons conçu un objet aux surfaces gauches enveloppant tout
le volume jusqu’aux locaux techniques de la
toiture. Grâce au modelage, le magasin
semble moins massif, surtout de loin. De
près, nous devions conférer à la façade sa
profondeur et sa tension par d’autres
moyens. Nous avons abandonné très vite
l’idée du panneautage, chaque panneau
ayant dû être réalisé sur mesure et l’ensemble ayant été trop coûteux. Nous avons testé une trentaine de matériaux et de procédés de fabrication, de la lave à la
porcelaine pour nous arrêter à des disques
en aluminium de 660 mm de diamètre. Les
disques sont pressés puis tournés et enfin
polis brillant, en dernier lieu ils sont anodisés. Pour rester dans le budget, la façade
située derrière devait être très peu chère
mais quand même très résistante. La solution idéale s’est avérée être le béton projeté
avec un enduit haute densité, un isolant extérieur enduite puis peinte avec une peinture synthétique. Nous avons mis au point la
fixation des disques avec l’ingénieur façadiste, le fabricant des disques et l’entreprise. Ils devaient pouvoir être montés simplement et rapidement, et être ajustables pour
pouvoir équilibrer d’éventuelles tolérances
dimensionnelles. L’ensemble devait pouvoir
aussi éviter toute nichée d’oiseaux. D’autres
contraintes de poids propre, de charges au
vent et à la neige, au vandalisme et aux effractions étaient aussi à prendre en compte.
Les disques ont été posés en rangs horizontaux tout autour du bâtiment. Des joints
légèrement différents permettent de reprendre les courbes du volume. La position de
chaque dixième disque a été contrôlée, les
disques intermédiaires posés après. À l’origine la surface enduite devait disparaître
derrière les disques comme une ombre ou
un vide. Mais nous avons choisi de la peindre dans une couleur vive pour obtenir un
contraste avec les disques argentés. Nous
nous sommes inspirés des monochromes
bleus d’Yves Klein pour qui il était aussi
question de «figurer» le vide sur une surface. Le défi a été de reproduire l’intensité du
bleu pour qu’elle ne passe pas avant 35
ans. Après de nombreux tests de durée de
vie nous avons trouvé un traitement de surface déjà utilisé sur des phares qui s’est
avéré correspondre à nos besoins.
Page 209
Innovatrice, avantageuse et flexible –
Construction et installations techniques
Structure porteuse
L’objectif principal de l’ossature d’acier
consiste à fournir le support de la façade librement formée ainsi que de permettre de
créer des espaces de vente suffisamment
larges et hauts. Les points porteurs sont organisés avec des écarts maximum, pour
être encore économiques, autour des deux
atriums et tout au long de l’enveloppe. C’est
ainsi qu’une structure irrégulière est formée
avec des dalles de taille et de construction
2004 ¥ 3 ∂
différentes à chaque niveau. Des poutres
en porte à faux pouvant atteindre 4,5 m permettent d’adapter la géométrie du bâtiment
et sa structure. L’un des défis les plus complexes du projet a été de réaliser les surfaces gauches de la façade au meilleur coût.
Le choix s’est arrêté au béton projeté analogue à celui utilisé pour les tunnels. Les façades sont divisées en bandes à hauteur
d’étage, qui s’enroulent autour du bâtiment ,
constituées de tronçons de 6 mètres de
haut par 10 de large et suspendues aux nez
de dalles. Des joints de dilatation sont situés à leurs rives inférieures et entre chaque module. Des éléments en métal déployé, assez flexibles pour suivre les formes
du bâtiment mais assez denses et rigides
pour servir de supports au béton, servent
de coffrage perdu. Les armatures sont préfabriquées et déjà équipées d’un fourreau
pour la fixation des disques en aluminium.
Le béton est injecté, lissé puis enduit. Un
goujon qui sert aussi à maintenir l’isolant,
est ensuite vissé dans les fourreaux pour
servir à la fixation des disques. Une couche
d’enduit de 10 mm est rajoutée ainsi que
l’étanchéité des goujons; la peinture bleue
vient ensuite, suivie de la pose des disques.
Installations techniques
La stratégie de vente de Selfridges doit permettre de changer ou modifier en permanence les aménagements intérieurs. Le parti des installations techniques prévoit donc
des systèmes flexibles de branchement
pour la distribution de l’énergie, la climatisation, le traitement des données et la gestion
des installations techniques. C’est ainsi que
lors des modifications de chaque rayon les
coûts et le dérangement occasionné aux
rayons voisins est minimisé. En plus de la
flexibilité, le souhait de coûts d’entretien réduits a été un autre facteur décisif. Ceux -ci
sont obtenus grâce à un système d’air frais
et d’eau froide avec des volumes de courant variables pour l’air frais, l’air renouvelé
et pour le système d’eau froide de la climatisation. Celle-ci fonctionne avec quatre
centrales de refroidissement sur le toit dont
la plupart du temps deux seulement suffisent.
L’étude générale de la sécurité incendie
dès les premières phases du projet, a permis de réaliser de façon sûre et économique les surfaces de vente et l’atrium qui
s’élargit vers le haut. En cas d’incendie, des
stores coupe-feu dissocient l’étage touché
et l’atrium, chaque étage est équipé d’un
réseau de sprinkler et d’extracteurs de fumée mécaniques. L’atrium peut être désenfumé en toiture. C’est ainsi que l’un des objectifs principal a pu être réalisé: utiliser
l’atrium dans son niveau bas comme surface de vente.
Détail de façade
Jonction d’une dalle d’étage
Base
Échelle 1:10
1 disque d’aluminium poli
anodisé naturel Ø 660 mm
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
assiette aluminium anodisé
moustiquaire tissage aluminium
chéneau aluminium avec membrane soudée
joint de dilatation
constitution du mur:
peinture haute densité plastifiée
enduit 10 mm, isolant 75 mm
peinture haute densité
élément en béton injecté 175 mm
enduit intérieur 20-30 mm
profil acier fi pour raidir le panneau situé en face
coupe feu
console de suspente des éléments en béton injecté
profil acier inox
panneau aluminium poli miroir 3 mm
raidisseur tôle aluminium
Coupe détail sur une fenêtre
Échelle 1:10
1 disque d’aluminium poli anodisé nature Ø 660 mm
2 constitution du mur: enduit haute densité plastifié
10 mm, isolant 75 mm, enduit haute densité
élément en béton projeté 175 mm
enduit intérieur 20-30 mm
3 profil acier-inox
4 chéneau aluminium avec membrane soudée
5 tube acier | 150/250 mm
6 verre feuilleté 9 + 15 mm
7 lame de verre de sécurité trempé 16 mm
8 habillage intérieur de la fenêtre MDF
9 tôle aluminium avec membrane soudée
Coupe détail sur l’entrée
Échelle 1:10
1 disque d’aluminium poli
anodisé nature Ø 660 mm
2 constitution du mur: enduit haute densité plastifié
10 mm, isolant 75 mm, enduit haute densité
élément en béton projeté 175 mm
enduit intérieur 20-30 mm
3 profil acier-inox
4 chéneau aluminium avec membrane soudée
5 tube acier | 150/250 mm
6 panneau aluminium
7 lame de verre de sécurité trempé 16 mm
8 verre feuilleté 9 + 15 mm
9 porte d’entrée verre de sécurité trempé 19 mm
10 rampe aluminium
11 béton sur bac acier, surfaçage bleu clair
12 coupe feu
Détail de garde-corps Échelle 1:20
1 main-courante tube acier avec capotage collé
acier-inox poli miroir
2 élément d’allége porteur fibre de verre plastique
3 capotage panneau fibre de verre plastique démontable,
surfaçage gel coat
4 protection de chant cornière acier
5 poutre de rive Å
6 coupe feu
7 rideau coupe feu
8 poutre en porte à faux
9 panneau de plafond suspendu fibre de verre
plastique
10 éclairage