JT LPAH 2016
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JT LPAH 2016
École doctorale 525 : Lettres, Pensée, Arts et Histoire Appel à communications des journées thématiques « Donner, recevoir : transmettre » Dans le cadre de ses journées thématiques, qui auront lieu les 14 et 15 mars 2016 à l’Université de Limoges, l’Ecole Doctorale « Lettres, Pensée, Arts et Histoire » invite à s’interroger sur la notion de transmission, en la confrontant notamment à des problématiques inédites, comme le développement des nouvelles technologies et la transformation des moyens de communication. Par son caractère intergénérationnel, la transmission est au cœur des questions qui traitent des interactions humaines. Ce constat émane de la prise en compte croissante des héritages passés et de ceux qui passeront, qu’ils soient immatériels ou matériels. La dématérialisation de l’information est le moyen d’une diffusion accrue des idées et des objets, dont le corollaire est le développement de l’immédiateté, de l’instantané. Aussi, il devient légitime de s’interroger sur la place de l’humain dans ce processus. En outre, à l’aune des nouvelles possibilités offertes par le numérique, quelle est la place du contenu dans ce qui est transmis ? La démocratisation et la transmission du savoir sont-elles en danger face à la dissolution voire la falsification de ce dernier ? Indubitablement, les questions se concentrent, aujourd’hui, autour des mutations technologiques ; celles-ci ont imposé un renouvellement des formes de dons, impliquant des formes de réception différentes et, par-là, la nécessité de questionner les modes de transmission actuels et leurs évolutions passées ou envisageables pour le futur. L’indignation suscitée par la destruction de sites historiques – résultat d’une longue phase de patrimonialisation – ou l’incompréhension d’une société culturelle face aux pratiques d’une autre, occupent une place essentielle dans la réflexion, car ce qui est en jeu continuellement, c’est la mémoire1– le souvenir et la survie d’une idée, de valeurs, de monuments ou autres – qui construit et/ou perpétue des identités. La tradition ne doit pas être occultée dans l’analyse : Hannah Arendt envisage la « fidélité à la tradition comme condition nécessaire pour innover »2. Comment l’acte de transmission a-t-il évolué, sans pour autant perdre de sa qualité de lien social fondamental? Analyser l’acte de transmettre de son amont (donner) à son aval (recevoir) passe par l’étude du rôle de certaines institutions et de communautés – bibliothèques, archives, musées, associations pour la mémoire – puis par celle des acteurs, engagés avec plus ou moins 1 Reprendre sur ce point, par exemple, les travaux de l’historien Pierre NORA (dir.), Les lieux de mémoire, 3 tomes, Paris, Gallimard, 1984-1992. 2 ARENDT, Hannah, « Qu’est-ce que l’autorité », in La crise de la culture, Paris, Gallimard, 1972, p.121. de force dans le processus – enseignants, famille, amis, mécènes, collectionneurs, donateurs. Qui transmet quoi, vers qui, de quelle(s) manière(s) et dans quel(s) but(s)? La transmission a longtemps mobilisé les chercheurs, qu’ils soient anthropologues, ethnologues, historiens, littéraires, etc.3, par son caractère éminemment polysémique et polymorphe, c’est un champ largement transdisciplinaire. Au cours de ces journées thématiques, nous ne chercherons pas à redéfinir le concept du terme mais plutôt à questionner sa pratique en confrontant la transmission aux enjeux et aux bouleversements récents. Désormais, une pluralité d’acteurs a recours aux nouvelles technologies, au numérique, pour renseigner, sauvegarder et transmettre un patrimoine culturel aux générations futures. Nombreuses sont les institutions qui souhaitent perpétuer un patrimoine en usant de modes de médiations jusqu’alors inédits. L’événement Museomix, la grande bibliothèque numérique européenne Europeana, ou le Google Art Institute sont des exemples de ces nouvelles banques muséales. La finalité première reste d’œuvrer « pour que ce que nous vivons, croyons et pensons ne meure pas avec nous »4. Dans le cadre de ces journées thématiques, il s’agira d’échanger sur le rôle du numérique au sein des institutions chargées de conserver et de transmettre ce patrimoine : de quelle(s) manière(s) les musées, les banques d’archives papier, sonores ou encore photographiques, s’adaptent aux évolutions de l’outil numérique ? La discussion tentera de repérer les modifications – ou non – de l’objet transmis : valeurs, idées, œuvres diverses, menus objets de la vie courante. La littérature a un rôle fondamental, en tant que pratique de transmission à part entière : face aux livres numériques, la production médiatique est-elle sur le point de préciser davantage son rôle de transmetteur ou, a contrario, de se fondre dans une masse d’informations abstraites provenant de la « toile » Internet ? Les littéraires engagent en outre une réflexion sur le processus de la réception5 qui doit être prise en compte. Enfin, il serait intéressant de mesurer les évolutions des actes de donner, de recevoir, donc de transmettre, dans des domaines aussi divers et essentiels que l’art, la littérature, la musique, la philosophie, la politique, l’éducation et l’enseignement, la religion, la médecine, etc. L’approche du thème des journées à travers les technologiques numériques n’est, bien évidemment, pas exclusive. Comité d’organisation : Hélène Parveau, Yaniv Arroua, Dwayne Chavenon, Nicolas Perez-Prada Comité Scientifique : Martine Yvernault, Isabelle His, Didier Poton, Anne-Claude Ambroise-Rendu (CRIHAM), Dominique Gay-Sylvestre (FRED), Bertrand Westphal (EHIC) Date limite pour les inscriptions en ligne et l’envoi des propositions de communication : 20 janvier 2016 Les propositions de communication sont à adresser à [email protected] Format de la proposition de communication : 300 mots maximum 3 On peut citer ici les travaux fondateurs suivants, traitant en particulier de la question du don : MAUSS, Marcel, Essai sur le don (1925) ; DERRIDA, Jacques, Donner le temps (1991) ; BOURDIEU, Pierre et PASSERON, JeanClaude, Les héritiers. Les étudiants et la culture (1994) ; plus récemment, DEBRAY, Régis, Transmettre (1997) ; TSIKOUNAS, Myriam, Comment les traditions naissent et meurent. La transmission culturelle (2008). 4 DEBRAY, Régis, Transmettre, Paris, Odile Jacob, 1997, p.18. 5 JAUSS, Hans Robert, Pour une esthétique de la réception, Paris, Gallimard, 1978.