2007-un-anniversaire
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2007-un-anniversaire
UN ANNIVERSAIRE En cette année 2007, nous célébrons le 190e anniversaire de notre Institut Les anniversaires que nous soulignons ainsi nous permettent de remercier Dieu d’avoir maintenu des êtres ou des groupements dans l’existence et de le remercier, en même temps, de toutes les grâces reçues de sa part. Quand il s’agit d’un Institut comme le nôtre, nous devons joindre nos mercis envers celui qui en a été le fondateur : Marcellin Champagnat. Sans lui, nous ne serions pas réunis ici ce matin; vous ne verriez pas ce personnage plus grand que nature, là, sur ce mur du chœur de notre rappelle; vous ne verriez pas ses compagnons qui sont groupés de l’autre côté. D’ailleurs, cette chapelle où nous sommes ne serait pas là non plus et vous n’auriez pas l’occasion d’entendre ce que je vais vous dire concernant un homme illustre, car je tiens à placer Marcellin Champagnat parmi ce groupe imposant de nos grands hommes de l’histoire : De viris illustribus. À l’occasion de ce 190e anniversaire de fondation, je veux mettre en lumière trois caractéristiques de l’esprit de Marcellin Champagnat. Cela ne provient pas de mon invention personnelle : je viens de le découvrir dans la dernière circulaire de notre Frère Supérieur général, page 69. Voici ce passage important : « Marcellin n’était pas un imprudent, mais il était audacieux, novateur dans ses réponses, et intrépide sans ses actions. » Par souci de précision, j’ouvre le Larousse à chacun de ces adjectifs : Audacieux : qui est décidé, téméraire. (Je remplace le mot téméraire - que je n’aime pas et qui ne convient pas ici - par un mot familier : fonceur.) Novateur : qui introduit quelque chose de nouveau. Intrépide : qui ne craint pas le danger, qui ne se laisse pas arrêter par l’obstacle. En quoi Marcellin Champagnat fut-il un audacieux novateur intrépide? 1- Champagnat, un audacieux Marcellin Champagnat se rendait compte de l’ignorance religieuse autour de lui. Il s’est dit : Il faut faire quelque chose. Il ne s’est pas rendu chez son évêque pour lui dire : « Mgr, je me rends compte de l’ignorance religieuse chez les gens du diocèse et je la déplore…Comme vous êtes le responsable de ce diocèse, faites quelque chose! » Il s’est plutôt dit : «Tout cela, Mgr le sait trop bien! Je vais faire quelque chose moi-même. » À ses confrères maristes, il disait donc souvent : « Il nous faut des Frères pour enseigner la 1 jeunesse. » Il a répété cela 25 fois à ses confrères de la Société de Marie. Fatigués d’entendre ce petit refrain, ils ont fini par lui dire : « Vous nous parlez souvent des Frères! C’est votre idée. Chargez-vous-en! » C’est tout ce qu’il voulait se faire dire! Alors, l a foncé. Il n’a pas attendu que des gens viennent à lui en lui offrant leurs services pour devenir membres de sa communauté virtuelle! Il a invité… Le 2 janvier 1817, - il y a 190 ans aujourd’hui même - il achetait une petite maison où il réunissait un vétéran des guerres de Napoléon, environ 23 ans, et un jeune enfant d’un peu plus de 13 ans. Voilà ses deux premières pierres de fondation! Mais je ne rédigerai pas ici « le journal quotidien » de cette communauté naissante avant même qu’elle porte le nom de « Petits Frères de Marie. » 2- Champagnat, un novateur Dans son idée bien arrêtée, il ne voulait pas des Frères coadjuteurs des Pères Maristes. Il ne voulait pas non plus des Frères catéchistes. Il ne voulait pas des Frères sacristains. Il voulait des Frères enseignants. Donc des religieux non-prêtres, dépendant de leur supérieur général Frère, enseignant les diverses matières profanes et la religion en coopération avec les curés des paroisses. Pour grouper et former des religieux, il fallait des permissions…comme celle de Mgr de Lyon, le Cardinal Fesch, oncle de Napoléon. Ce dernier était à Rome, éloigné de son diocèse pour des raisons politiques. Il dut donc rencontrer le Vicaire général, M. Bochard, qui était tout à fait fermé au plan du Père Champagnat. Qu’à cela ne tienne : Marcellin ira de l’avant et les Petits Frères de Marie commenceront quand même grâce à l’arrivée et à la sympathie de l’administrateur apostolique, Mgr Gaston de Pins. Mais, il faut aussi une permission de l’État pour fonder une école. On la demandera plus tard quand il y aura des écoles…Ce sera le fait accompli pour répondre à un besoin déjà là. Les Frères vivront en petits groupes de deux ou trois dans les villages pour enseigner en coopération avec les mairies et les curés. Pour réduire les coûts, ils demanderont des petits salaires et ils auront un petit jardin à leur disposition. Tout est petit, même leur nom… Comme l’école ne dure alors que quelques mois par année, les Frères seront groupés pour travailler le 2 reste du temps à la maison principale. Mais ce novateur ne partait pas de zéro. En homme pratique, il a tenu à s’inspirer des méthodes en vigueur chez les Frères des écoles chrétiennes pour l’enseignement. Mais eux allaient dans les villes laissant de côté les villages. Ses Frères à lui iront donc dans ces villages 3- Champagnat : un intrépide Pour loger ses Frères, les établir et les former comme religieux et comme enseignants, il fallait de l’argent. Il emprunte à gauche et à droite en contractant ces dettes sous sa responsabilité personnelle. Il accepte aussi les dons de généreux donateurs. Quand son confesseur se rend compte qu’il s’endette encore et encore, malgré ses conseils, pour agrandir et développer son œuvre, il lui dit de se trouver un autre confesseur…Malgré cette situation, il poursuit son œuvre. Mais, quand Marcellin meurt, en 1840,- son Institut n’avait que 23 ans - les Frères découvrent, avec étonnement, que celui qui avait été endetté presque toute sa vie, n’avait que peu de dettes… Il ne restait qu’un emprunt qui fut rapidement payé par un bienfaiteur. Ce fondateur intrépide n’a pas voulu laisser de dettes en héritage à ses Frères. Intrépide encore quand, vers 1830, des troubles politiques éclatent, Contrairement aux autres communautés, Marcellin continue à recevoir des sujets, à les former, à ouvrir des écoles. Vêtures et professions continuent comme en temps der paix! Conclusion Ce novateur audacieux et intrépide a toujours compté sur la Providence et sur Notre-Dame. Nous vivons à une période où l’Église fait face à de graves problèmes : l’ignorance religieuse progresse tandis que les vocations sacerdotales et religieuses se raréfient…Des situations tellement analogues à celles que notre Fondateur a connues de son temps. Devant tout cela, demandons au Seigneur et à Marie, notre Ressource Ordinaire, de susciter chez nous des novateurs audacieux intrépides. Château-Richer, le 2 janvier 2007 F. Laurent Potvin 3 4