Action commune pour un projet socialiste
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Action commune pour un projet socialiste
Action commune pour un projet socialiste Mémorandum logement, sécurité sociale, emploi, services publics, fiscalité, logement, sécurité sociale, emploi, services publics, fiscalité, logement, sécurité sociale, emploi, services publics, fiscalité, logement, sécurité sociale, emploi, services publics, fiscalité, logement, sécurité sociale, emploi, services publics, fiscalité, logement, emploi. Action commune Introduction Introduction Adam Smith peut se retourner dans sa tombe : sa richesse des nations qui a tant inspiré les libéraux a montré ses limites... et a fini par se muer en disparité et pauvreté à l’échelle mondiale. Le modèle libéral est arrivé en bout de course, la crise virtuelle des marchés boursiers est devenue bien réelle. Ses répercussions sont peut-être sans précédent pour les actionnaires, mais elles le sont surtout pour ceux dont les travailleurs actifs en non actifs qui ne pouvaient s’offrir le luxe de constituer des réserves pour les temps difficiles. Chacun d’entre nous pourra rappeler les innombrables mises en garde contre le laisser faire libéral, contre le tout au marché. Il nous faut aujourd’hui réagir de manière vigoureuse, sans complaisance. En n’agissant pas, contrairement à ceux d’en face, comme des démagogues opportunistes, mais bien en élaborant une opposition constructive assortie de propositions concrètes. C’est pourquoi depuis novembre 2008, les membres de l’action commune de Liège-Huy-Waremme se sont réunis régulièrement afin de définir, ensemble, les priorités et les revendications à défendre dans cinq domaines différents : la fiscalité, les services publics, la sécurité sociale, l’emploi, et le logement. Vous trouverez ci-dessous un résumé succinct des travaux réalisés dans les différents groupes. Vous pouvez vous procurer l’entièreté du document auprès de votre USC. Le groupe de pilotage Willy DEMEYER (PS), Jean-Claude MARCOURT (PS), Jean-Marc CLOSE (Solidaris), Jean-Pascal LABILLE (Solidaris), Marc GOBLET (FGTB) et Jean-François RAMQUET (FGTB) 3 L’action commune réunit des membres actifs du PS, de Solidaris Mutualité (FMSS) et de la FGTB. Action commune Fiscalité Fiscalité Propositions 1. Reprendre la lutte des classes en exigeant un impôt juste 2. Rééquilibrer les recettes fiscales entre les acteurs économiques 3. Lutter contre la fraude fiscale pour que chaque contribuable soit traité égalitairement 4. Rendre aux pouvoirs publics leur rôle de régulation, de contrôle et d’intervention sur les marchés Il existe deux sortes d’impôts. L’impôt sur le revenu (progressif) et l’impôt sur la consommation. L’impôt progressif est le plus juste. En effet, il sollicite davantage les catégories de population les plus aisées et bénéficie majoritairement aux revenus faibles. En dehors d’une telle organisation collective, la plupart d’entre nous ne pourraient accéder à l’ensemble de services cités plus haut. En d’autres termes, nous, travailleurs actifs et non actifs, sommes presque toujours gagnants à payer des impôts. La partie de notre salaire qui est prélevé par l’État est un salaire dit invisible. Il ne tombe pas directement dans notre poche. Nous ne pouvons le dépenser comme nous le voulons. Mais, il nous donne droit à de nombreux services en retour que nous n’avons plus à payer avec notre salaire poche, c’est-àdire notre salaire visible. Le véritable enjeu est probablement moins « combien d’impôt », mais plutôt « qui paye réellement ces impôts » et « que voulons nos comme services publics ». Avec l’impôt progressif, ce sont donc les plus hauts revenus qui payent le plus. En bas de l’échelle, les 20 % des ménages qui ont un revenu net imposable annuel inférieur à 10.000 euros, déclarent 4 % des revenus nets imposables et contribuent à moins de 1 % des recettes fiscales à l’IPP. À l’autre bout de l’échelle, les 20 % des ménages qui ont un revenu net imposable annuel supérieur à 35.000 €, génèrent près de la moitié des revenus imposables et près des 2/3 des recettes fiscales à l’IPP. Reprendre la lutte des classes en exigeant un impôt juste Pour reprendre la lutte des classes en exigeant un impôt juste, nous devons d’abord rendre son crédit à la progressivité de l’impôt. Aussi, il faut en revenir à 7 tranches d’imposition réaménagées, voire au relèvement de la quotité exemptée, toujours dans le but d’accroître la progressivité. D’autres corrections doivent également être apportées pour que, sur un revenu identique, l’impôt soit le même quelque soit la nature des revenus, le statut de la personne ou du ménage. Aussi, il importe de lutter efficacement contre les ingénieries fiscales qui permettent aux plus fortunés d’éluder l’impôt (ex. : SPRLU, scission fictive des revenus…). 4 La Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) est l’impôt le plus injuste puisque égale pour tous alors que les revenus sont extrêmement différents. Pour un revenu net imposable de 200 000 €, 1 000 € de TVA équivalent à imposition au taux moyen de 0,5 % sur ce revenu. Par contre, pour un revenu net imposable de 15 000 €, ces mêmes 1 000 € équivalent à une imposition de 6,7 %, soit un taux implicite 13,3 fois plus élevé que dans le premier cas. Action commune Fiscalité Pour les revenus autres que ceux du travail, l’objectif est que le taux implicite rattrape celui appliqué sur les revenus du travail. Ainsi pour les revenus mobiliers, il faut revoir l’article 313 du Code des Impôts sur les Revenus 1992 afin de taxer plus lourdement les revenus spéculatifs, mais également mettre en place un cadastre et un impôt sur la fortune. Enfin, pour les revenus immobiliers, il faut mettre en route une nouvelle péréquation des revenus cadastraux. Et les sociétés doivent également contribuer à une justice fiscale entre tous les types de revenus. En matière de TVA de manière générale et prioritairement une réduction sur les produits de nécessité comme l’énergie ainsi que dans certains secteurs afin de décourager le travail au noir est nécessaire. Rééquilibrer les recettes fiscales entre les acteurs économiques Rééquilibrer les recettes fiscales entre les sociétés et les personnes physiques, c’est d’abord mettre un terme à tous les mécanismes qui discriminent les sociétés entre elles et qui permettent généralement au plus grandes de payer moins, voire pas, d’impôt. Pour ce faire, l’ISoc doit être dû proportionnellement à l’activité de la société sur le territoire belge et non sur base des bénéfices que la société veut bien déclarer. Il faut également revoir les mesures qui affaiblissent la base taxable (règle d’amortissement, intérêts notionnels…). Enfin, il faut également instaurer une taxe sur le chiffre d’affaires des entreprises dont le taux dépendrait d’un indice laboristique sectoriel. Lutter contre toutes les fraudes pour que chaque citoyen soit traité égalitairement. Cette ambition nécessite des moyens en personnel et des outils performants, mais aussi la levée du secret bancaire et une collaboration accrue entre la justice et les finances aboutissant à constitution d’un auditorat et d’un tribunal fiscal. Rendre aux pouvoirs publics leur rôle de régulation, de contrôle et d’intervention sur les marchés. Cela passe entre autres par une remise en valeur du service public et une diversification de l’action du service public (cf. revendications du groupe « services publics »). 5 Rappelons que la personne qui détient ce portefeuille depuis 1999 qualifiait, durant sa dernière campagne électorale, d’ « assistés » ceux qui cherchaient un emploi. Rappelons aussi ce qu’il a fait en quelques années du ministère qu’il dirige : l’amnistie fiscale devenue permanente, qui permet de blanchir l’argent noir à moindre frais ; l’opposition à toute forme d’imposition des gains boursiers, encouragement aux spéculateurs financiers qui agissent en dehors de toute taxation ; la désorganisation progressive du ministère, avec un contrôle de plus en plus inopérant ; une lutte contre la grande fraude fiscale étrangement ralentie, qui a permis à des « proches » richissimes de conserver leurs magots,… Action commune Fiscalité Conclusion : Il apparaît des réflexions précitées qu’une revendication nécessaire et légitime serait de réclamer le portefeuille des finances. L’action de Didier Reynders n’a fait que renforcer l’injustice sociale et a décrédibilisé l’impôt. Ce sont pourtant ceux qui défendent l’idée d’une société plus juste quant à la contribution de chacun selon ses revenus, ceux qui cherchent ainsi à rendre la société plus solidaire, qui sont les plus aptes à diriger le ministère responsable de la collecte de l’impôt. Répartitions des recettes fiscales en 2007 Impôts directes sur les personnes physiques 27% Impôts directes sur les sociétés 43% Autres impôts directes Autres taxes indirectes Accises 8% TVA 7% 2% 13% 6 Action commune Services publics Propositions Enseignement maternel, primaire, secondaire et supérieur, formations, radios et télévisions publiques, opéras, musées, police, services incendies, tribunaux, prisons, croix rouge, armée, crèches, ramassage des déchets ménagers, primes à la rénovation d’immeuble, aides à la recherche, à l’investissement, à l’innovation et à l’embauche, etc. Tous ces services et bien d’autres encore sont fournis gratuitement ou à un prix réduit. C’est ce qu’on appelle les services publics. C’est l’État qui les met en places et qui les finance grâce à l’impôt. Redonner aux services publics ses lettres de noblesse Selon une opinion très répandue, le secteur privé serait nécessairement plus efficace que le public. C’est faux. Certes, la gestion publique a parfois connu quelques dérapages, notamment au travers de travaux publics inutiles. Toutefois, ces dépenses inutiles existent également dans le cadre d’une gestion privée. Dans ce cas, elles ne sont pas payées par le contribuable, mais bien par le consommateur, ce qui, finalement, revient au même. Aussi, dans l’ensemble, la gestion publique est plutôt une réussite. Elle n’a en tout cas ni mené à des catastrophes financières, ni plongé des économies entières dans la crise comme seul le secteur privé sait le faire lorsqu’il n’est pas suffisamment régulé. Seul le public peut mener une activité d’intérêt général qui tend à améliorer la qualité de vie tant des travailleurs que des usagers c’est-à-dire, en fin de compte, des citoyens. Les services publics répondent, dès lors, à une série de concepts tels que : ►L’égalité des usagers grâce à une répartition des coûts sur l’ensemble des bénéficiaires. L’universalité des services sur tout le territoire grâce à l’application de tarifs forfaitaires identiques que les régions soient 7 Un élève dans le maternel et le primaire coûte en moyenne près de 2 500 €/an, un élève dans le secondaire près de 5 000 €/an, un universitaire près de 7 000 €/an et un élève dans l’enseignement spécial près de 10 000 €/an. L’ensemble des dépenses publiques de police, justice, service d’incendie représente 540 €/an par habitant. 1,4 milliard € de subsides font des trains belges parmi les moins chères d’Europe. Près de 2 milliards € permettent de financer la recherche publique et la recherche en entreprises. Environ 240 millions € permettent d’entretenir les routes au niveau wallon. Le fonctionnement de notre démocratie (principalement les salaires des élus et de ceux qui les contrôlent) représente 289 millions €, soit 0,3 % des dépenses publiques fédérales ou encore moins de 30 €/an par habitant. Services publics 1. Redonner aux services publics ses lettres de noblesse 2. Étendre les services publics à différents secteurs 3. Rendre aux pouvoirs publics leur rôle de régulation, contrôle et intervention sur les marchés 4. Lutter contre les menaces qui pèsent sur les services publics Action commune excentrées ou urbaines afin de maintenir une cohésion territoriale. ►L’accessibilité aux services pour tout citoyen quel que soit ses moyens grâce à la solidarité entre les citoyens les plus aisés et les moins nantis, essentielle à la cohésion sociale. ►L’efficacité en rapport avec la qualité du service, la lutte contre les gaspillages, mais aussi l’attention portée aux usagers par des travailleurs en nombre suffisant. ►La mutabilité ou volonté d’intégrer les évolutions technologiques et organisationnelles nécessaires au bon fonctionnement des services publics ainsi que l’évolution des besoins. ►La rentabilité sociale en lieu et place d’une rentabilité financière, car le profit, s’il existe, n’est qu’un moyen de garantir la pérennité du service et non un objectif en soi. ►Le statut de ces travailleurs afin d’assurer l’indépendance du secteur public face aux changements politiques. Enfin, même d’un point de vue strictement financier, rappelons que le service public a deux grands avantages sur le service privé : * Son but n’est pas de faire du profit ; ce qui devrait normalement lui permettre d’être moins cher que le privé. * Il s’accompagne généralement d’un monopole ce qui permet de réduire les couts administratifs de gestion des clients et de marketing généralement associés au secteur privé. Étendre les services publics à différents secteurs À partir de l’instant où l’État décide qu’un service doit pouvoir être fourni à l’ensemble de sa population, il devrait faire partie des services publics. Tous les services sans lesquels la qualité de vie des citoyens serait entravée devraient, au minimum, pouvoir compter sur une alternative publique par rapport au marché privé. Ainsi, le compte bancaire, l’ADSL, l’eau, le gaz, l’électricité… devraient être publics. 8 Services publics ►La continuité en raison du caractère essentiel du service à rendre et de la primauté de l’intérêt général sur les critères de rentabilité financière. L’organisation publique est nécessaire, soit parce que le privé ne juge pas que certains secteurs soient suffisamment rentables soit parce que, sans intervention de l’État, les prix demandés seraient nettement plus élevés, ce qui exclurait d’office une large part d’entre nous. Sans services publics, tous les enfants ne pourraient pas aller à l’école, tout le monde ne pourrait pas se faire soigner, la sécurité serait réservée à ceux qui peuvent s’offrir des gardes privés… Action commune Rendre aux pouvoirs publics leur rôle de régulation, contrôle et intervention sur les marchés Contrairement à ce qu’on a pu nous répéter, les marchés ne se régulent pas d’eux-mêmes. Le but du secteur privé c’est le bénéfice maximum et à tout prix. Exacerbé par la pression des marchés financiers, l’intérêt de court terme de chaque entreprise prise individuellement prime dès lors sur tout le reste. ►La mise en place d’une série de règles. ►La mise en place d’organismes de contrôle efficaces aux pouvoirs étendus, ou leur renforcement pour ceux déjà existants. ►Une remise en valeur du service public, tant décrié par l’idéologie libérale. ►Une diversification de l’action du service public. Lutter contre les menaces qui pèsent sur les services publics • La libéralisation Depuis quelques années, les discussions à l’OMC patinent. L’AGCS qui devait entrer en vigueur en 2005 n’est toujours pas d’application. Aux négociations multilatérales dans l’impasse ont succédé des traités bilatéraux desquels peu d’informations ont filtré. On ne peut dès lors affirmer qu’il n’y a plus eu de nouvelles attaques contre les services publics quelque part dans le monde. Dans l’Union européenne, la directive « service » a été approuvée et doit encore être transposée pour fin 2009. Elle est fondée sur les sacro-saintes règles du marché et n’apporte, dès lors, aucune garantie pour le développement des services publics. Ce faisant, elle laisse le champ libre à la Cour européenne de justice pour une interprétation restrictive du rôle des services publics comme dans l’arrêt Altmark. Nous devons dès lors combattre toutes les attaques contre les services publics et refuser de cautionner des règles qui mettent à mal ces derniers que ce soit juridiquement ou plus 9 En substance, l’arrêt Altmark régit l’attribution des aides d’État versées en compensation de la réalisation d’un service public par une entreprise privée. Il n’y aurait pas de la classe moyenne sans services organisés par les pouvoirs publics. Il est évident qu’il faut défendre les services publics existants, mais il faut également développer de nouveaux services publics y compris dans les secteurs où des entreprises privées sont actives. Services publics Face aux différents échecs du marché libéralisé, nous devons repenser la nécessité d’un service public fort, compétent, performant, représenté en proportion suffisante et dont l’objectif est de réguler et de contrôler le marché, mais également d’agir directement au sein de celui-ci. Cela sous-entend notamment : L’exemple de la fourniture d’énergie en Californie est cinglant. Cet État qui figure parmi les plus riches du monde s’est retrouvé sans électricité : les privés n’avaient pas investi dans l’outil, préférant la sousproduction pour opérer un prix élevé… un comportement suicidaire à long terme, mais très lucratif à court terme. Un échec plus proche et plus récent est celui de la libéralisation du marché de l’électricité en Belgique. Action commune sournoisement, financièrement. Nous devons également réclamer la création d’un poste de commissaire européen chargé des matières relatives aux services d’intérêts généraux afin de contrebalancer le commissaire à la concurrence. • La politique de financement non globalisée Il en est fini du temps où l’on gaspillait l’eau et l’énergie, où l’on produisait des montagnes d’immondices… Il faut responsabiliser la population et le principe du pollueur-payeur est un moyen a priori efficace pour atteindre cet objectif. Toutefois, les mécanismes de financement mis en place, même s’ils ont des objectifs environnementaux louables, vont à l’encontre d’un financement solidaire et universel des services publics. Par conséquent, ils doivent, à tout le moins, être encadrés pour maintenir la cohésion sociale. Il faut par exemple prévoir des fournitures minimales gratuites ou des prix réellement progressifs de manière à ne pas pénaliser une seconde fois ceux qui sont déjà dans les difficultés financières. Il faut également éviter de stigmatiser les populations à faible revenu. Reconnaissons que la responsabilisation des citoyens par le principe du pollueur-payeur n’est vraisemblablement efficace que pour la classe moyenne. Elle a peu d’incidence sur les plus riches tandis qu’elle écrase financièrement les plus pauvres. Un financement global sur base de l’impôt doit dès lors être préféré. 10 Services publics La fourniture de services à travers une organisation collective est un instrument de répartition des richesses qui a fait ses preuves. Toutefois, cette efficacité sociale peut fortement être affaiblie lorsque le financement des services publics ne repose pas sur l’universalité du budget, mais bien sur une logique d’affectation de l’impôt ou de redevances. Que ce soit pour l’eau, le gaz, l’électricité, les immondices ou encore la téléphonie, ces dernières années ont été marquées par le développement de modes alternatifs de financement, notamment au travers de politiques de cout-vérité, de redevances pour utilisation du réseau… Action commune Sécurité Sociale Propositions 1. Défendre une sécurité sociale forte et solidaire, notamment par la mise en place d’un financement alternatif. 2. Défendre le caractère fédéral de notre sécurité sociale et refuser toute forme de privatisation. Défendre une sécurité sociale forte et solidaire, notamment par la mise en place d’un financement alternatif. Que faire alors face à la dégradation inexorable du taux de remplacement du revenu professionnel perdu en cas de chômage ou d’incapacité temporaire ou permanente de travail ? Si on écoute l’idéologie libérale, les gens n’ont qu’à se constituer une épargne individuelle pour se mettre réellement à l’abri des risques sociaux. Pour nous, chaque citoyen doit bénéficier de la protection sociale quelque soit son statut, sa nationalité, son sexe, son niveau de salaire. Mais ça implique aussi que chaque citoyen doit être solidaire de tous les autres. Cotisations sociales ou impôts sont les modes de financement solidaire de la protection sociale. Il faut dépasser le clivage assurance/assistance, pour gérer la protection sociale selon quatre axes : prestation individuelle ou prestation collective pour rencontrer les besoins sociaux ; adaptation continue et permanente à l’évolution des besoins sociaux ; continuité des prestations, quel que soit le statut social de la personne ; coordination étroite entre secteurs de la protection sociale. Pour garantir l’égalité de tous, il convient de renforcer le caractère solidaire de la protection sociale par l’individualisation des droits à cette protection, qui lie l’obtention de ces derniers au versement d’une cotisation personnelle proportionnelle aux ressources dont chacun dispose. 11 Sécurité sociale À écouter la droite libérale, notre protection sociale n’est plus payable au travers de ses sources de financement traditionnelles. Elle encourage, d’ailleurs, les assurances groupes sectorielles ou d’entreprises (deuxième pilier) et des épargnes/assurances individuelles (troisième pilier) pour donner accès aux soins de santé et à la pension. Pour les autres revenus de remplacement, la droite considère une véritable liaison des allocations sociales au bien-être trop coûteuse. Actuellement, la sécurité sociale est financée par les cotisations sociales des employeurs, des salariés, des fonctionnaires et des indépendants, ainsi que par les impôts (via les subventions directes à la sécurité sociale et son financement alternatif) Action commune Afin de ne pas laisser dériver notre protection sociale vers un système majoritairement sélectif, ayant abandonné toute prétention à garantir la citoyenneté sociale de toutes et tous, trois voies d’accès sont nécessaires : 1. Revoir le financement de la protection sociale : les revenus autres que ceux du travail doivent apporter une contribution juste et équitable au bon fonctionnement de la protection sociale. 2. Mieux utiliser les ressources à la disposition du système : toutes les ressources consacrées à la protection sociale ne sont pas affectées de façon optimale. Il est possible de faire mieux avec les mêmes moyens. C’est particulièrement vrai dans le secteur des soins de santé et dans nombre d’autres services sociaux. Si 30 milliards € sont nécessaires demain pour assurer tous les soins nécessaires à la population, l’assurance obligatoire soins de santé, les assurances complémentaires privées et/ou les patients devront mettre cet argent sur la table. Si 35 milliards € sont nécessaires demain pour financer une pension correcte à chaque retraité, les systèmes de pensions, premier, deuxième et troisième piliers confondus, devront mettre cet argent sur la table. 3. Redéfinir le système de protection sociale de façon à assurer un niveau de vie décent à tous, stopper l’érosion actuelle du taux de remplacement assuré par les revenus de remplacement de notre système principalement fondé sur les assurances sociales. Il faut ainsi imposer une solidarité descendante entre les différents niveaux. Les seconds et troisièmes piliers de pensions, les assurances complémentaires en matière de soins de santé, doivent contribuer au financement du système de protection sociale universelle. Certains incitants fiscaux actuels aux assurances extra-légales contre les risques sociaux doivent être revus à la baisse, voire supprimés. La liste des avantages extra-salariaux non soumis à cotisations sociales doit être évaluée au cas par cas. Enfin, la prévention des risques sociaux constitue un axe majeur du futur développement de la protection sociale. Elle est actuellement bien trop peu développée dans notre pays. Sans l’implication des différents niveaux de pouvoir de notre pays, sans une gestion performante du système de protection sociale, sans les ressources nécessaires au financement de ce dernier, aucune protection sociale de l’ensemble de la population n’est envisageable. 12 Sécurité sociale Le système de protection sociale doit être bâti de telle façon que la priorité absolue soit donnée aux prestations sociales universelles, y compris au niveau des partenaires sociaux. Action commune • Stratégie de long terme du financement de la protection sociale Trois lignes de force à une stratégie de long terme : 1. augmenter la croissance économique et son contenu en emplois, par toute politique adéquate, de préférence au niveau européen ; 2. désendettement des pouvoirs publics pour libérer des marges de manœuvre budgétaire, et arbitrages sur leur utilisation entre les différentes politiques à activer pour assurer une protection sociale efficiente de la population ; 3. clarifier et développer le « financement alternatif », afin d’élargir et de stabiliser le financement de la protection sociale. Pas de formule miracle, mais un faisceau de mesures simples susceptibles de fournir des nouvelles ressources durables au système de protection sociale. Il faut également simplifier et harmoniser les dispositifs de réduction de cotisations patronales, et mieux cibler leur utilisation. Pour y arriver, on peut identifier sept sources potentielles de financement complémentaire de la protection sociale (CSG, écofiscalité, impôt à la consommation, taxe sur les transactions financières, impôt sur le patrimoine, cotisation sur les assurances complémentaires privées contre les risques sociaux, cotisations sociales sur les facteurs de production autres que le travail). Elles présentent toutes des avantages et des inconvénients. Lorsque nous tentons d’arbitrer entre elles, il semble indiscutable que deux types de mesures émergent comme « préférables aux autres » dans le cadre d’un financement alternatif de la sécurité sociale : la taxe CO2/énergie du côté des impôts indirects et la taxation des revenus du patrimoine du côté des impôts directs. Enfin, une CSG pourrait, pour nous, avoir leur raison d’être, pour autant que leur produit soit affecté au relèvement du niveau des prestations sociales. L’effet redistributif des revenus en faveur des plus faibles compenserait alors le prélèvement initial. 13 Au total, ce ne sont pas moins de 25 % de la richesse nationale qui financent les besoins de notre système de protection sociale. L’essentiel des moyens investis provenant de la sécurité sociale (71 %) et du Gouvernement fédéral (23 %). Pour les moyens issus du niveau fédéral, on ne peut que regretter que l’essentiel des ressources provient de prélèvements sur les seuls revenus du travail. Sécurité sociale Les transferts courants aux particuliers représentent près de 60 % des dépenses des pouvoirs publics, hors charges d’intérêt. Les aînés sont des bénéficiaires nets des transferts publics (ils reçoivent plus qu’ils ne contribuent aux recettes publiques), tandis que les personnes actives sont des contributeurs nets. Le niveau de vie tant absolu que relatif des retraités est en moyenne meilleur que celui des jeunes actifs. Il existe clairement un déséquilibre dans la redistribution entre les générations, au détriment des jeunes générations. Il convient, en terme de justice sociale, de corriger ce déséquilibre par des politiques sociales, fiscales et budgétaires appropriées. Action commune Défendre le caractère fédéral de notre sécurité sociale et refuser toute forme de privatisation. Une solidarité forte et durable ne peut être le fruit de la coordination d’actions purement volontaires de la part d’individus et de collectivités. C’est l’intervention contraignante des pouvoirs publics qui permet à ce type de solidarité d’exister. L’autorité publique a le devoir de définir les options politiques de base de la protection sociale. Il est le seul à pouvoir développer une approche multidimensionnelle de la protection sociale. De leur côté, les interlocuteurs sociaux jouent aujourd’hui un rôle plus essentiel dans la politique de l’emploi et dans la politique des revenus (modération salariale) que dans la gestion globale de la sécurité sociale. Dans la gestion globale, les interlocuteurs sociaux sont aujourd’hui une force de propositions et des conseillers du Gouvernement fédéral. Enfin, il ne faut pas oublier le secteur associatif, les réseaux informels de solidarité, qui permettent d’offrir une ultime chance d’être aidé à ceux que la protection sociale organisée et officielle n’a pas su capter. Ce réseau associatif ne peut toutefois devenir un prétexte à l’immobilisme de la protection sociale formelle, à la non-adaptation de cette dernière à l’évolution des risques et besoins sociaux de la population. • Ni privatisation, ni défédéralisions de la protection sociale Si la protection sociale n’assure plus une couverture suffisante des risques sociaux, un marché s’ouvre pour des opérateurs privés, du secteur marchand ou non. Contraindre les citoyens à recourir à des opérateurs privés, à des assurances groupes ou individuelles, pour garantir pleinement l’exercice de leurs droits économiques et sociaux est inacceptable. Une telle couverture complémentaire privée n’est pas accessible à tous. Elle génère dès lors des inégalités dans la jouissance des droits économiques et sociaux entre individus. 14 • • • • • • • • • incapacité primaire de travail ou d’invalidité chômage accidents de travail santé dommages anormaux liés aux prestations de soins de santé, vieillesse (retraites, pertes d’autonomie) risques liés à la famille exclusion sociale handicaps mentaux ou physiques Sécurité sociale Indirectement, les partenaires sociaux exercent une grande influence sur l’évolution de la protection sociale. Plus en effet, syndicats et employeurs négocient des avantages extra-légaux au niveau sectoriel ou de l’entreprise, plus ils réduiront les éventuelles marges de manœuvre pour développer la solidarité générale, touchant l’ensemble de la population. L’évolution des technologies de l’information et de la communication rend pour certains inutiles les cogestionnaires de la sécurité sociale que sont syndicats et mutualités. L’État attend lui de chacun des organismes de sécurité sociale une plus grande responsabilisation dans la gestion du secteur dont ils ont la charge, c’est particulièrement vrai pour les syndicats et les mutualités. Certains voudraient aller jusqu’à généraliser le système de gestion privée du secteur des assurances contre les accidents du travail, c’est non pour les progressistes. Les risques ou besoins sociaux à couvrir par la protection sociale sont actuellement : Action commune La protection sociale concerne tous les niveaux de pouvoir. Chacun a sa part de responsabilité et son rôle à assumer dans l’accès de tous à la sécurité d’existence. Aller plus loin dans la répartition des compétences entre pouvoir fédéral et entités fédérées en matière de protection sociale, c’est opter pour une optique confédérale, voire séparatiste. Comme avec la privatisation, on créerait des inégalités entre individus dans le cadre de l’exercice de leurs droits économiques et sociaux. Différents arguments au moins peuvent être avancés pour refuser toute défédéralisions : la concurrence fiscale et sociale réduit les moyens à la disposition de la protection sociale ; la solidarité est une et indivisible ; la protection sociale est un système de solidarité entre personnes ; il faut maintenir l’unité dans la diversité du pays ; la solidarité entre les communautés et régions est l’essence même des systèmes fédéraux. Post-Scriptum — autres propositions : Et matière de pensions Nous chiffrons cet objectif idéalement à 75 % du dernier revenu professionnel net d’impôts. Cet objectif est à atteindre pour un travailleur pouvant justifier une carrière complète. Pour les travailleurs n’ayant pas une carrière complète, il convient de fixer un montant minimum absolu de pension équivalant au moins au salaire minimum garanti. En matière d’aide aux familles : Il est urgent d’accroître les places disponibles dans les crèches et les conditions d’accès et de coût, notamment pour le parent demandeur d’emploi. Nous revendiquons que les familles puissent avoir accès aux services d’aide aux familles existants : les aides familiales, les gardes-malades, les gardes d’enfants malades,... avec une contribution financière adaptée à leur situation familiale et leurs revenus, et qui suit les évolutions des coûts de la vie. Un relèvement substantiel de l’allocation familiale pour le 1er enfant (250 €) nous apparaît comme une piste à étudier voire à privilégier sur d’autres mécanismes d’aide aux familles. Tous les frais médicaux (y compris les médicaments, sauf ceux dits de confort) doivent être pris en charge par l’État. 15 Sécurité sociale Toute personne accédant à la retraite doit bénéficier d’une retraite « satisfaisante », c’est-à-dire lui permettant de vivre sans rupture sensible de niveau de vie par rapport à sa vie active sans devoir recourir financièrement à l’aide de tiers. Action commune Conclusion Les perspectives économiques belges de moyen terme plombée par la crise financière n’annoncent aucune marge de manœuvre « spontanée » au niveau du budget fédéral et de celui de la sécurité sociale pour les prochaines années. Que du contraire, des milliards € d’économies vont devoir être réalisés au niveau des budgets des différents pouvoirs publics. La Droite veut absolument que cela se réalise pour partie sur le dos de la protection sociale. Si nous voulons financer des améliorations de la protection sociale, il faudra prévoir de nouvelles recettes. Sécurité sociale 16 Action commune Emploi Propositions 1. Réformer l’enseignement technique et professionnel et l’orientation des jeunes en y associant les acteurs socio-économiques tout en garantissant sa double fonction formative et éducative 2. Mieux accompagner encore les demandeurs d’emploi 3. Méfinir de nouveaux modèles d’organisation du travail : groupement d’employeurs et Réduction Collective du Temps de Travail Réformer l’enseignement technique et professionnel et l’orientation des jeunes en y associant les acteurs socioéconomiques tout en garantissant sa double fonction formative et éducative. Pour que les pénuries de main-d’œuvre qui freinent le développement de nos entreprises soient significativement résorbées, si l’effort de formation et de qualification des demandeurs d’emploi doit être poursuivi, il est toutefois indispensable d’attaquer le problème en amont, notamment en réformant en profondeur l’enseignement technique et professionnel afin que son image soit revalorisée et qu’il ne constitue plus une filière de relégation. L’orientation des demandeurs d’emploi vers les fonctions critiques et des étudiants vers les études qui y conduisent pourrait, elle aussi, être améliorée. Par ailleurs, la validation des compétences acquises par l’expérience professionnelle est un moyen qui pourrait aussi contribuer à une solution globale. Il existe un dispositif légal (Consortium de validation des compétences) qui devrait être davantage promu, à commencer par les partenaires sociaux. 17 Qu’est-ce qui crée la pénurie d’emploi ? L’image, les exigences des entreprises en termes d’expériences, de compétences particulières, mais aussi d’âge des travailleurs qu’elles engagent, manque de gestion prévisionnelle des ressources humaines, méconnaissance de l’aide que peuvent apporter les pouvoirs publics, et en particulier le service public de l’emploi ou encore les conditions de travail au sens large : salaire, type de contrat (intérim, CDD, franchisés), horaires de travail, pénibilité… Emploi Néanmoins, il semble clair que l’amélioration de l’enseignement et de la formation ne puisse pas venir à bout de toutes les difficultés de recrutement et que d’autres causes à l’origine des pénuries doivent être combattues. Il convient donc aux partenaires sociaux de négocier des dispositions visant d’une part une politique réfléchie de gestion du capital humain (par exemple en exigeant de chaque entreprise qu’elle élabore, à destination des organisations syndicales et du ministre de l’Emploi, un cadastre à 3 et 5 ans de ses perspectives de recrutements) et d’autre part, à améliorer les conditions de travail et ainsi, dégager une attractivité intrinsèque pour chaque métier. Ce qui précède vaut davantage encore pour les PME/ TPE sous-traitantes des grandes entreprises. Action commune Afin d’améliorer l’orientation scolaire, il conviendrait d’organiser un système intégré, alliant les dimensions éducative et socio-économique. Dès l’entrée dans l’enseignement secondaire, l’évaluation des capacités cognitives et affectives du jeune devrait être complétée d’une information complète et actualisée sur les métiers et les réalités du marché du travail. À cet égard, le rôle des centres PMS devrait être élargi à la prévention du décrochage scolaire d’une part, à une collaboration structurelle avec les organismes régionaux compétents pour l’information sur le marché de l’emploi (e.a. les CEFO), d’autre part. L’enseignement général francophone est un bon enseignement. De même que l’enseignement technique et professionnel qui offre le paradoxe suivant : les jeunes qui en sortent certifiés sont bien qualifiés et préparés à l’exercice de leur métier. Toutefois, près de 80 % des jeunes quittent cet enseignement en situation d’échec. Dès lors, les filières techniques et professionnelles devraient constituer des choix initiaux. Pour atteindre cet objectif, l’image et la représentation, mais aussi les réalités matérielles de certains métiers devraient être améliorées. Au-delà d’un travail sur les mentalités, qui s’inscrit de facto dans la durée, l’urgence réclame que tant les programmes que les outils et les méthodes d’enseignement soient adaptés, en ce compris la formation initiale et continue des enseignants. Ainsi, aucun programme ne devrait pouvoir être conçu sans concertation avec les secteurs professionnels, en veillant à éviter toute marchandisation de l’enseignement. Eduquer et former, ça doit être compatible et faisable. La revalorisation de ces filières pourrait également résulter de la création d’un « bac professionnel » permettant aux élèves de l’enseignement professionnel d’accéder à l’enseignement supérieur et à la spécialisation. Pour en terminer sur le volet enseignement, deux dernières considérations sont formulées : l’intérêt absolu de revaloriser la fonction d’enseignant d’une part, l’abaissement de l’âge de l’obligation scolaire à 16 ans, d’autre part. 18 Emploi Dans la mesure où un métier s’apprend dans l’entreprise, ces filières devraient être systématiquement organisées en alternance. Dans ce sens, les entreprises devraient s’engager fermement à accueillir des étudiants : dès lors que certaines entreprises font état de difficultés de recrutement (cf. pénuries), elles devraient recourir à la formation en alternance. Par définition, s’il y a un emploi à pourvoir, il y a une place de stage. Toutefois, si l’entreprise doit former, il n’est pas attendu d’elle qu’elle éduque. Il appartiendra aux écoles et opérateurs d’inculquer aux jeunes les compétences nécessaires à l’immersion dans l’entreprise (respect des horaires, compréhension, des instructions...). En attendant et en ce sens, la réforme de la formation en alternance doit être poursuivie. Action commune Mieux accompagner encore les demandeurs d’emploi Pour favoriser le retour à l’emploi, l’accompagnement devrait être renforcé et se traduire par la signature systématique d’un contrat stipulant les droits, mais aussi les devoirs du demandeur d’emploi (dont le fait d’accepter un emploi pour autant qu’il soit véritablement convenable) et définissant un plan d’action personnalisé, adapté à sa situation. Pour certains jeunes demandeurs d’emploi, il semble de plus en plus opportun d’inclure des formations de type « comportemental ». L’un de ces droits pourrait consister en l’offre d’un contrat d’emploi au demandeur d’emploi qui démontre, après deux ou trois évaluations positives, qu’il fournit suffisamment d’efforts de recherche d’emploi. À défaut ou à côté d’engagements fermes des employeurs du secteur privé, le secteur public et le secteur non marchand devraient pouvoir élargir leurs réservoirs d’emplois, considérant que certains besoins de la collectivité le réclament (accueil de la petite enfance, aide aux personnes dépendantes, environnement…). En effet, un nombre croissant d’employeurs indique que ce qui fragilise l’entrée des jeunes dans l’emploi et dans l’entreprise aujourd’hui est moins le manque de qualifications que la possession des compétences relationnelles et générales (motivation), à savoir, respect des horaires et des instructions, travail en équipe, capacité à réagir seul ou à prendre des initiatives, « en vouloir », tout simplement… Il conviendrait également de définir un statut particulier pour les demandeurs d’emploi qui ne peuvent – temporairement ou définitivement – intégrer le marché du travail, pour des raisons de maladie, d’assuétude, de difficultés sociales, voire personnelles. Par ailleurs, le coût de la mobilité ne doit pas constituer un frein à la recherche d’un emploi. Aussi les demandeurs d’emploi doivent-ils être au maximum financièrement soutenus dans leurs démarches d’insertion socioprofessionnelle (par l’obtention de cartes de transports en commun 19 Emploi Ainsi, les rôles du FOREM et des CPAS gagneraient à être clarifiés : en effet, la priorité des CPAS doit rester l’intégration sociale des bénéficiaires et la recherche de solutions intégrées à leurs problèmes, alors que celle du FOREM est l’insertion sur le marché du travail. Même s’il est évident que le travail est un des leviers les plus puissants d’insertion sociale, il convient que ces deux institutions se recentrent sur leurs fonctions organiques tout en nouant des partenariats définissant leurs interventions respectives vis-à-vis de tel ou tel bénéficiaires. La redéfinition de cette relation est devenue cruciale suite aux effets du Plan d’accompagnement et a fortiori si celui-ci devait être réformé. Par ailleurs, la question se pose de savoir si tout le monde doit participer au marché de l’emploi. Si nous sommes d’accord pour dire que nul dans notre société ne peut rester au bord du chemin, sans doute faut-il aborder la question de la nature et l’origine du soutien financier adressé à certains allocataires sociaux. Dit autrement, le monde du travail doit-il seul contribuer aux mécanismes de solidarité vis-à-vis des plus démunis ? Action commune prépayées, par exemple). Autant que possible, l’obtention du permis de conduire devrait également être financée pour les demandeurs d’emploi inscrits dans un parcours d’insertion socioprofessionnelle. Le retour à l’emploi implique également que le travailleur ne soit pas victime d’un piège à l’emploi et voit son revenu augmenter lorsqu’il accepte un travail. Aussi doit-il être possible de lui garantir un différentiel d’au moins 25 % entre les allocations qu’il percevait et son revenu net. Cette condition implique notamment une révision de l’Allocation de garantie de revenu pour les travailleurs qui acceptent un emploi à temps partiel afin d’échapper au chômage. Enfin, certains avantages (réductions de l’intervention des parents dans les frais de crèche…) accordés aux allocataires devraient être maintenus, en fonction des revenus, pendant une période déterminée, et ce, afin d’organiser un phasing in dans l’emploi et d’en garantir la durabilité. Définir de nouveaux modèles d’organisation du travail : Groupement d’employeurs et Réduction Collective du Temps de Travail Nous devons imaginer de nouveaux modèles d’organisation du monde du travail. Ceux-ci doivent s’articuler autour des concepts suivants : création d’emploi, partage de l’emploi et stabilisation de l’emploi. Ces concepts devraient se concrétiser au sein d’une triangulation qui allie l’entreprise et sa nécessaire compétitivité, le travailleur et un emploi de qualité (quel que soit le niveau de qualification) ainsi qu’une sécurité sociale solide, capable de pallier les accidents de l’existence. Il faut oser affronter la notion de flexibilité et en définir la portée en veillant à ce que, si elle est favorable à l’entreprise, elle ne porte aucun préjudice au travailleur. Ainsi, flexibilité va souvent de pair avec travail intérimaire ou toute forme de contrat qui déroge à l’archétype qu’est le contrat à durée indéterminée et le corpus légal qui l’entoure. S’il est souhaitable que l’entreprise puisse continuer à recourir à l’intérim, il est indispensable d’en réguler l’usage et d’en interdire l’abus ou l’utilisation injustifiée (durée, substitut à la période d’essai…). Il y a une exigence à poser vis-à-vis des employeurs afin qu’ils mettent en place des plans de carrière intégrant formation et capitalisation des compétences. Plus loin encore, et pour une mise en œuvre effective de la Stratégie de Lisbonne, il est nécessaire de créer un droit, exerçable, à la formation tout au long de la vie. Bref, de nouveaux modèles devront être né20 Aujourd’hui trop de travailleurs sont soumis à des contrats précaires (intérim, CDD, temps partiel, horaires coupés…) ce qui les empêche de construire des projets de vie, de fonder une famille et d’accéder à tout ce qui y contribue : prêts hypothécaires ou personnels, garde d’enfants, allocations de chômage maximales, titres de séjour pour les non-Européens, ou plus prosaïquement, partir en vacances… Par ailleurs, des différences de statut (cf. employés/ouvriers) placent les travailleurs dans des situations inéquitables face à la précarité. Emploi Le besoin de compétitivité est incontestable et implique que l’État puisse être aux côtés de l’entreprise en créant les conditions favorables à son développement, tant sur le plan économique que sur le plan social en adaptant le droit du travail, notamment en termes de flexibilité. Action commune gociés permettant d’allier richesse économique et sécurité d’existence. Ainsi, pourquoi ne pas tester et implémenter un modèle alternatif à la flexicurité tel que convenu à ce jour, à savoir le Groupement d’employeurs. Le développement de la réflexion autour du groupement d’employeurs plutôt que l’intérim pour engager des travailleurs mis à disposition auprès de différentes entreprises tout en garantissant aux travailleurs un contrat à durée indéterminée doit permettre d’assurer la sécurité et la protection sociale nécessaires. Cela peut également consister en une réponse aux manquements de l’intérim en termes de sécurité au travail qu’entraine l’utilisation de l’intérim. Le succès du groupement d’employeurs dépendra de l’implication des interlocuteurs sociaux. Ceux-ci devront en définir le cadre général et déterminer les besoins de main-d’œuvre et assurer les formations nécessaires. Une proposition est également émise qui, à côté de la problématique du financement de la sécurité sociale, consiste à envisager de moduler différemment les aides à l’emploi via réductions de cotisations sociales en tenant compte de nouveaux profils sociétaux où les situations personnelles sont de plus en plus diversifiées, liées aux aléas de la vie (par ex. les familles monoparentales). La réduction collective du temps de travail n’est pas une notion neuve — elle a d’ailleurs fait l’objet d’incitants financiers, mais elle n’a jamais été mise en œuvre de manière structurelle. Le modèle proposé est le suivant : les employeurs se voient octroyer des réductions de cotisations sociales proportionnellement à la diminution de la durée du travail dans l’entreprise et au nombre d’embauches compensatoires réalisées. Le système est incitatif et non obligatoire. Pour être efficace, il doit être accompagné des moyens de contrôle et de formation nécessaires. La réduction collective du temps de travail n’a par ailleurs de sens que si, en parallèle, on stoppe les incitants aux heures supplémentaires comme, ces dernières années, l’octroi d’avantages fiscaux. 21 Emploi Enfin, création d’emploi et partage de l’emploi sont deux dimensions qui doivent être abordées simultanément tant il est vrai que le monde économique est de plus en plus fragmenté selon le secteur ou la taille de l’entreprise. Ainsi, en fonction de la consommation et/ou des aléas de la conjoncture, certaines entreprises seront créatrices (cf. le secteur pharmaceutique) sans oublier le potentiel que représente le secteur public et le non-marchand (e.a. aide aux personnes) tandis que d’autres, en fonction de la nature de leurs activités ou du contexte macroéconomique, pourraient davantage entrer dans une logique de partage du temps de travail (cf. le secteur du nettoyage, la sidérurgie…). La réduction collective du temps de travail ne peut ni coûter à l’entreprise ni signifier une perte de revenu pour le travailleur. Le modèle que l’on propose permet de couvrir l’augmentation salariale. Action commune Logement Propositions 1. Le logement privé : • La liaison du loyer au revenu cadastral • Généralisation du permis de location à l’ensemble du secteur du logement • Faciliter l’accès au logement et simplifier les aides à l’amélioration de l’habitat 2. • • • • • • • Le logement public : Augmenter le nombre de logements mis en location Faire respecter les programmes d’ancrage communal Concevoir les nouveaux logements dans une perspective de développement durable Mise en œuvre d’un véritable plan d’isolation Mise en œuvre d’un taux de TVA de 0 % sur la construction et la rénovation Insérer du logement public et intergénérationnel dans l’habitat existant Imposer la création d’un certain nombre de logements modestes aux promoteurs de grands projets 3. Devenir propriétaire, une garantie La politique du logement s’articule sur deux axes : le logement privé et le logement public. Cependant, celle-ci a un seul objectif : améliorer la qualité du cadre de vie et le bienêtre des occupants. Le logement privé La mission des pouvoirs publics est de réguler, encadrer et sécuriser les relations entre propriétaires et locataires. ● La liaison du loyer au revenu cadastral ● Généralisation du permis de location à l’ensemble du secteur du logement ► L’encadrement des loyers. 22 Rappelons que le revenu cadastral est censé représenter le revenu théorique moyen d’une habitation à une époque déterminée. Logement Il est proposé de lier le loyer au revenu cadastral. Dès lors, pour tout bien loué, les services du cadastre seraient tenus d’établir un nouveau revenu cadastral. Plus le propriétaire veut augmenter le loyer demandé, plus son revenu cadastral devra être élevé, c’est à dire, plus il sera lui aussi tenu d’investir dans l’amélioration du logement mis en location. Si, à l’inverse, il ne veut pas investir, alors, il devra se contenter d’un mince loyer. Action commune Ce système a l’ambition de sortir de l’opposition bailleur-locataire afin de parvenir à une situation Win Win. Il veut responsabiliser les acteurs du marché de l’immobilier. En effet, si le bailleur fixe le prix du loyer en étant 20 % audessus du prix encadré (fixé en accord avec le pouvoir public pour un type de logement défini), l’ensemble des revenus de cette location sera, dès lors, intégré à l’impôt des personnes physiques (IPP). A contrario, si ce même bailleur se conforme au prix encadré, il pourra faire appel à un nouveau fonds, qui serait dénommé « Fonds des Indemnités de Location », en cas de non-paiement des loyers par le locataire. Il aurait ainsi une assurance de revenu. Par ailleurs, il serait intéressant d’examiner la possibilité pour le locataire de bénéficier, à travers sa déclaration fiscale, d’exonération pour frais de logement, un peu à l’image du système des charges professionnelles. ► La création d’un label « qualité logement ». Le montant du loyer encadré serait lié à la qualité du logement selon des modalités à définir. Il s’agirait de mettre en œuvre un contrat « type » qui reprendrait les obligations à charge du propriétaire (surface, taux d’isolation, accès aux PMR, modes de chauffage et d’éclairage peu énergivores…) et du locataire (obligation de respect et d’entretien du logement loué + contrôle). ● Faciliter l’accès au logement et simplifier les aides à l’amélioration de l’habitat. Conséquences pour le propriétaire : Celui-ci devrait s’acquitter de l’imposition éventuelle si le loyer demandé excède la norme « encadrée », mais verrait le montant de celui-ci lié à la qualité du logement mis en location. Conséquences pour le locataire : Il devrait pouvoir bénéficier d’un logement de meilleure qualité. ► Le guichet du Logement : Les guichets « Énergie » mis en place par la Région wallonne prouvent leur utilité. Il serait bon d’envisager la création de tels guichets dans le secteur du Logement. Pour la concrétisation, deux options : 23 Logement 1. Confier cette mission supplémentaire aux Sociétés de logements publics ainsi qu’aux A.I.S qui s’ouvriraient ainsi à un public plus large, intéressé aussi bien par du logement privé que public. 2. Une autre solution serait de former et d’affecter, sous tutelle de l’échevinat du Logement, des fonctionnaires aux guichets « Logement ». Ils veilleraient au recensement des logements inoccupés et au contrôle de la qualité du logement au sein de chaque commune. Action commune Il est bien évident que le personnel affecté à ces nouvelles tâches devrait être rémunéré par la Région afin d’éviter de faire porter les charges budgétaires par les pouvoirs subordonnés. Il serait également judicieux de développer une information, une aide de proximité et d’accompagnement sous l’égide de l’échevinat du Logement. Il semble encore nécessaire de renforcer et de revaloriser le rôle des agences immobilières sociales (A.I.S.) en leur octroyant les moyens de fonctionnement suffisants. Dans le cadre, notamment, des primes « isolation et énergie », le système du tiers investisseur ou les crédits à O % doivent se généraliser pour les personnes à faibles revenus. Il s’agit de poursuivre la ligne entamée actuellement par le Gouvernement wallon. Le logement public Une politique de logement public dynamique et efficace. Le logement public doit rester une priorité de l’action des gouvernements régionaux. ● Augmenter le nombre de logements mis en location. Le pourcentage du budget régional affecté au secteur du logement doit augmenter. ● Faire respecter les programmes d’ancrage communal. Il est inacceptable que certaines communes n’acceptent pas de logements publics sur leur territoire (10 %/commune). Les sanctions doivent être plus lourdes pour les communes qui ne respectent pas le plan d’ancrage et le pourcentage imposé. ● Concevoir les nouveaux logements dans une perspective de développement durable par la mise en œuvre d’un véritable plan d’isolation tout en veillant à l’entretien et à la rénovation des logements existants. ● Favoriser, encourager et renforcer la cohésion et la mixité sociales, en insérant du logement public et intergénérationnel dans l’habitat existant. 24 Logement ● Les pouvoirs publics doivent pouvoir imposer, aux promoteurs de grands projets, la création d’un certain nombre de logements moyens ou modestes, locatifs ou acquisitifs qui répondent, par exemple, aux conditions d’octroi de prêts à taux réduits par la SWL. Action commune Devenir propriétaire, une garantie Acquérir son propre logement est une priorité pour la majorité de la population. La Région wallonne doit intervenir pour aider les personnes à faibles revenus en garantissant les emprunts et en élargissant les catégories de personnes ayant droit à un emprunt à taux préférentiel. Il s’agit donc de poursuivre la politique menée actuellement. Logement 25