DP Tsunami 2 ans VF - Action Contre La Faim
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DP Tsunami 2 ans VF - Action Contre La Faim
TSUNAMI 2 ANS APRES Finalisation des actions et apparition de nouveaux besoins Décembre 2006 Informations presse : Lucile Grosjean, 01 43 35 82 22, [email protected] Sylvain Trottier, 01 43 35 82 24, [email protected] Portables week-end et jours fériés : 06 70 01 58 34 ou 06 70 01 58 43 1 SOMMAIRE Préambule : Indonésie, Sri Lanka, 2 pays aux évolutions opposées page 3 Action contre la Faim en Asie du sud-est en un coup d’œil page 4 I. SRI LANKA : DEGRADATION DE LA SITUATION ET RETOUR A L’URGENCE page 5 ? Phase 1 : répondre à l’urgence (décembre 2004 à av ril 2005) - Maintenir un accès à l’eau et à l’assainissement - Sécurité alimentaire : répondre aux besoins de première nécessité page 5 ? Phase 2 : vers un retour à l’autonomie (avril 2005 à avril 2006) page 6 - eau et assainissement : répondre durablement aux besoins en eau potable - Sécurité alimentaire : aider à la réinstallation des familles - Prendre en compte les souffrances psychologiques ? Phase 3 : reprise du conflit et apparition de nouveaux besoins (depuis avril 2006) - massacre de Muttur, le déroulé des faits page 8 ? Bilan : Action contre la Faim au Sri Lanka en chiffres page 11 ? Un contexte d’intervention extrêmement difficile - reprise du conflit - radicalisation vis à vis des ONG - la sécurité des acteurs humanitaires page 12 II. INDONESIE : FAIRE FACE A DE NOUVEAUX ENJEUX page 13 ? Phase 1 : l’urgence de janvier à avril 2005 - Résoudre les problèmes logistiques - Maintenir un accès à l’eau, à l’assainissement et à la nourriture page 13 ? Phase 2 : vers un retour à l’autonomie alimentaire (avril 2005 à mai 2006) page 14 - Garantir des conditions d’hygiène décentes et un accès durable à l’eau potable - Relancer l’agriculture - Réhabiliter l’économie familiale : un objectif indispensable mais complexe ? Phase 3 :depuis mai 2006, agir dans tout l’archipel indonésien page 15 ? Bilan : Action contre la Faim en Indonésie en chiffres page 17 ? Contexte humanitaire : prudence et prévention - Un processus de paix en bonne voie - La nécessaire mise en place d’un système d’alerte précoce - Les effets pervers de l’assistance page 18 III. LES COMPTES : QUELLE UTILISATION DES FONDS COLLECTES page 20 ? Bilan des fonds collectés ? Dépenses : des fonds utilisés pour lutter contre la faim ? Une gestion transparente assurée par des solides garanties page 20 page 21 page 22 Ne les oublions pas ! page 23 2 BILAN 2 ANS APRES LE TSUNAMI : INDONESIE, SRI LANKA, 2 PAYS AUX EVOLUTIONS OPPOSEES 2 ans après le tsunami qui a ravagé l’Asie du sud et alors que le Sri Lanka s’enfonce dans la guerre civile, où en sont les populations victimes de la catastrophe ? Intervenir en urgence puis accompagner jusqu’à l’autonomie A la suite du tsunami du 26 décembre 2004 en Asie du sud, Action contre la Faim, déjà présente au Sri Lanka depuis 1996 et en Indonésie depuis 1997, avait réagi immédiatement. Des actions de première urgence d’assainissement des camps, de distribution d’eau potable, de distributions de kits de première nécessité… avaient été rapidement mises en place. Fidèle à son mandat de venir en aide aux populations en situation d’urgence mais également de les accompagner jusqu’à ce que leur autosuffisance alimentaire soit rétablie, nous avons eu le souci d’inscrire cette action dans la durée. C’est pourquoi depuis près de 2 ans maintenant, les équipes d’Action contre la Faim au siège et sur le terrain ont poursuivi leur aide avec et auprès des populations les plus vulnérables. Depuis le début de la crise Action contre la Faim est venue en aide à plus de 165 000 Srilankais et 170 000 Acehnais1. Grâce à la formidable mobilisation de la communauté internationale, il n’y a pas eu de crise liée à la malnutrition au Sri Lanka et en Indonésie, un accès suffisant à l’eau potable a pu être préservé, le développement d’épidémies évité et la reconstruction de maisons et d’infrastructures se poursuit. Où en est-on, aujourd’hui ? 2 ans après le tsunami, on ne peut plus parler d’une même voix sur le Sri Lanka et l’Indonésie : alors que ces 2 pays connaissaient le même contexte au moment du tsunami : tous deux frappés par une catastrophe de grande ampleur, tous 2 en proie à un conflit latent,… ces 2 pays ont suivi au fur et à mesure des mois des directions opposées : un accord de paix a été signé à Aceh (Indonésie) et un conflit ouvert a repris au Sri Lanka. Les évolutions politiques ont toujours un impact direct sur la situation humanitaire : si les populations civiles s’enfoncent dans la crise au Sri Lanka replongeant le pays dans une situation d’urgence, en revanche, dans la province d’Aceh en Indonésie, la réhabilitation a laissé place à la phase de reconstruction lourde des infrastructures. Ces 2 situations illustrent à quel point la résolution durable d’une crise reste liée à la stabilisation politique et donc économique, sociale et humanitaire du pays. Si Action contre la Faim peut aujourd’hui se retirer de la province d’Aceh, en revanche et malgré des difficultés sans précédent, Action contre la Faim relance des programmes d’urgence au Sri Lanka. Ce dossier est dédié aux 17 travailleurs humanitaires d’Action contre la Faim qui ont payé de leur vie leur volonté d’agir aux côtés des populations victimes du tsunami et du conflit au Sri Lanka. Merci à eux. 1 Chiffre cumulant le nombre total de bénéficiaires pour chaque activité : dans les faits, une seule et même personne peut être bénéficiaire de plusieurs programmes d’aide. 3 Ø ACTION CONTRE LA FAIM EN ASIE DU SUD EN UN COUP D’ŒIL SRI LANKA Base de Jaffna - programmes de sécurité alimentaire - programmes d’eau et d’assainissement - suivis et évaluations Base de Trincomalee et Mutur, base de Batticaloa et Kalmunaï - programmes de sécurité alimentaire - programmes d’eau et d’assainissement - suivis et évaluations Base de Colombo - coordination/ représentation - soutien des activités en capitale INDONESIE => 200 - Food aid, Water Aceh: Sanitation,6Food Security, 2004 and AgriculturalRecove ry Maluku => 2004- Food Aid, Water Food 1999 Sanitation,and Security Aceh – côte ouest (sur 130 km de côte: Calang, Teunom, Lamno, Krueng Sabe …) REMOTE E ISLAND S - programmes de sécurité alimentaire - programmes d’eau et d’assainissement - suivis et évaluations 2006: West and Central Java: Food aid, Water and Sanitation NTT – assessment 2006 Global Irian and Alorlands Sumba and 1998 Water West Java is , NTT - Timor Sanitation ( province de Yogjakarta - Jakarta) Timor - mission exploratoire en sécurité alimentaire et - programmes de sécurité alimentaire - programmes d’eau et d’assainissement - programmes de prévention des risques de catastrophe naturelle eau et assainissement 4 SRI LANKA, DEGRADATION DE LA SITUATION ET RETOUR A L’URGENCE Nombre total de bénéficiaires des programmes d’Action contre la Faim au Sri Lanka : environ 165 0002 personnes Ø PHASE 1/ DEBUT 2005, REPONDRE A L’URGENCE (décembre 2004 à avril 2005) Présente depuis 1996 à Jaffna, Batticaloa, et Trincomalee (côte est), Action contre la Faim a réagi dans les heures qui ont suivi le tsunami. • Maintenir un accès à l’eau et à l’assainissement Volontaires expatriés et employés nationaux ont participé, dans les premiers jours, à la collecte des corps, puis à l’acheminement d’eau potable vers les points de regroupement (écoles, lieux de culte,…) où points d’eau, latrines et douches d’urgence ont été parallèlement mis en place. Dans le même temps, des «camps de transit » ont commencé à se construire pour permettre d’abriter à moyen terme les personnes déplacées en attendant la reconstruction de leur maison. Action contre la Faim était alors présente dans certains de ces camps et dans les villages dans lesquels la population se réinstalle. L’association y développait, entretenait et approvisionnait les installations d’eau et d’assainissement qui permettaint aux rescapés de vivre dans des conditions sanitaires décentes (construction de latrines d’urgences, approvisionnement en eau potable… • Sécurité alimentaire : répondre aux besoins de première nécessité Au milieu du chaos des premières semaines de la catastrophe, l’important était de ne pas se limiter à une action quantitative à court terme, mais d’anticiper le retour des déplacés et les moyens de leur réinstallation. Des évaluations de sécurité alimentaire ont été menées pour évaluer avec précision les besoins des populations rescapées pour reprendre leur activité, se réinstaller et retrouver leur autonomie. Ces évaluations ont permis de déterminer et de préétablir plusieurs types de kits contenant du matériel nécessaire à la population. Une fois le processus de retour enclenché, les équipes d’Action contre la Faim ont distribué ces kits (de nettoyage, d’hygiène, d’outils, …) aux familles sinistrées. Ces kits permettaient aux familles de déblayer leur maison et d’avoir le minimum vital sur leurs lieux de refuge. Action contre la Faim n’intervient que sur la base des besoins réels des bénéficiaires en mettant en place non pas des distributions aveugles, mais des distributions ciblées, en fonction de situations suivies quotidiennement par nos équipes. L’impact de ces distributions est ensuite régulièrement évalué et suivi par nos équipes afin, au besoin, de réorienter nos programmes. 2 Nombre total de bénéficiaires: dans les faits, une seule et même personne peut être bénéficiaire de plusieurs programmes d’aide. 5 Ø PHASE 2 / VERS UN RETOUR A L’AUTONOMIE (avril 2005 à avril 2006 ) L’urgence a ensuite fait place à une phase de réhabilitation d’environ un an. Tout au long de ces mois, l’association a donc continué son soutien au processus de retour des déplacés en s’adaptant le plus possible au rythme des populations, à leurs besoins et à leurs lieux de réinstallation (camps, familles d’accueil, villages d’origine, nouveaux villages). • • Eau et assainissement : répondre durablement aux besoins en eau potable - Action contre la Faim est intervenue dans certains Centres d’hébergement provisoires (TAC) dans lesquels ont été regroupés à moyen terme les déplacés. L’association y assure l’approvisionnement en eau et la gestion de l’assainissement (déchets, latrines…) afin de garantir des conditions d’hygiène décentes. - Un programme spécifique de recherche à long terme a été lancé puis a dû être transféré en Inde à cause de la reprise du conflit : Action contre la Faim travaillait en partenariat avec l’Institut de Recherche et Développement (IRD) dans le cadre d’un programme intégrant recherche et action dont l'objectif était de répondre durablement aux besoins en eau potable des populations sinistrées. Après l'urgence des premiers moments qui a commandé l'action immédiate, il est apparu nécessaire de mieux comprendre les impacts du tsunami pour pouvoir proposer des réponses adéquates et pérennes. Les eaux souterraines qui sont largement utilisées par les populations ont été contaminées et leur fonctionnement a été perturbé par le tsunami. Pour répondre aux besoins des victimes, notamment dans la perspective de la construction d'infrastructures pour leur réinstallation, il est indispensable de comprendre les mécanismes et de quantifier les impacts du raz-de-marée sur les ressources en eau souterraine des zones côtières et internes. - De plus, un système de surveillance de la situation sanitaire des camps de transit (TAC) a été mis en place afin de pouvoir réagir au plus vite en cas de détérioration de la situation. Sécurité alimentaire : des distributions ciblées pour aider à la réinstallation des familles Action contre la Faim suit une logique globale dans son intervention au Sri Lanka : il s’agit de venir en aide aux plus vulnérables ; qu’ils aient été victimes directement du tsunami ou que ce dernier n’ait été qu’un événement déstabilisant de plus pour des personnes déjà victimes de la guerre. Les programmes de sécurité alimentaire au Sri Lanka visent à rétablir l’autonomie alimentaire des familles par un support à l’activité économique : - la pêche : la filière pêche dans son ensemble a été largement sinistrée par le passage du tsunami. Après avoir mené des distributions ciblées de filets de pêche, de bateaux, de matériels de pêche auprès des pêcheurs, Action contre la Faim s’est ensuite attachée à la relance des autres organes de la filière (réhabilitation de petites infrastructures locales, production de glace, reconstruction des « chemins » de pêche) 6 - l’agriculture : moins touchée que les pêcheurs, les agriculteurs ont essentiellement subi la perte de leur matériel et de leur stock agricole. Des kits de matériels agricoles ont donc été distribués ainsi que 101 tonnes de semences en prévision des récoltes de décembre 2005 et janvier 2006. Ces distributions sont assorties de formations agricoles variées afin d’améliorer le rendement des champs cultivés. - les autres activités génératrices de revenus : distributions de k its artisans (maçons, charpentiers…) ou par des programmes de « travail contre rétribution3 » (réhabilitation de routes, de champs…). Ce soutien permet aux familles bénéficiaires de reprendre leur activité professionnelle originelle après la perte de leurs outils et ainsi de pouvoir à nouveau subvenir seules à leurs besoins. Enfin, afin de répondre au mieux aux besoins des populations tout en les intégrant au maximum dans les projets, une approche participative a été mise en place : les populations sont à la source des projets en déterminant ce qui, selon elles, amélioreraient leurs conditions de vie. • Prendre en compte les traumatismes et les souffrances psychologiques Des programmes de santé mentale ont également été mis en place. L’objectif de ces programmes est de mieux prendre en compte l’individu dans sa dimension sociale, psychologique et culturelle et d’intégrer cette approche dans les programmes d’eau et d’assainissement et de sécurité alimentaire. Les principales activités ont été : - des groupes de discussion puis des activité pour les personnes âgées afin de parler de leurs peurs, de leurs chagrins, de leurs difficultés puis de mettre en scène sous forme de saynètes ses traumatismes dans les camps afin de provoquer la discussion avec toutes les autres personnes déplacées. - des consultations individuelles ou en groupes auprès des parents de « bébés post-tsunami », des distributions de trousseaux de naissance et des informations aux parents sur les soins à apporter aux bébés. En parallèle, un soutien a été apporté aux mères dépressives pour les soutenir dans leur rôle parental. 3 littéralement « cash for work » : programme proposant aux personnes les plus vulnérables de réaliser un travail d’intérêt communautaire (réhabilitation de routes, nettoyage des champs, des rues…) contre une rétribution. 7 Ø PHASE 3 / DEPUIS AVRIL 2006 : REPRISE DU CONFLIT ET NOUVELLE PHASE D’URGENCE Depuis janvier 2006, la dégradation des conditions de sécurité, notamment dans l’Est et le Nord du pays, faisait craindre un retour à une guerre ouverte entre les Tigres Tamouls et le gouvernement Sri Lankais. En avril-mai, des combats ouverts reprennent avec notamment des bombardements dans le district de Trincomalee. Avec, à cette période, les pires violences depuis les accords de paix de 2002, les personnes situées dans les zones de combat recommencent à fuir pour se rassembler dans des bâtiments publics. Action contre la Faim est intervenue en urgence auprès de 2000 déplacés en construisant des latrines et en distribuant des jerricans afin de leur préserver des conditions d’hygiène décentes sur leur lieux de refuge. Les équipes sur place ont porté une attention particulière à l’état de la sécurité alimentaire des familles : les prix des denrées périssables ayant doublé (voire triplé par endroit) en l’espace d’un mois. En raison de l’escalade de la violence que connaît le pays à cette période, notamment liée à la radicalisation des forces en présence, l’accès aux populations est de plus en plus difficile : les possibilités de mouvements sont faibles et extrêmement laborieuses tant pour le transport de matériel que pour celui des personnes (jusqu’à un mois d’attente pour convoyer un camion dans le nord du pays). Au jour le jour et malgré la réduction croissante de l’espace humanitaire, Action contre la Faim tente de continuer à venir en aide aux populations, qui ont plus que jamais besoin de soutien. De ce fait et pour limiter les risques, Action contre la Faim recentre ses programmes vers les actions d’urgence uniquement, auprès des victimes du conflit. Un plan de contingence (organisation, stock…) est mis en place pour être immédiatement réactif en cas d’urgence, notamment dans le domaine de l’eau. En août, lors de la bataille de Muttur qui fera des dizaines de milliers de déplacés et des centaines de victimes, 17 membres d’Action contre la Faim sont assassinés sur leur base de Muttur. Face à ce massacre sans précédent dans l’histoire des ONG, Action contre la Faim suspend ses activités dans le pays pour laisser place au deuil et prendre le temps d’analyser la situation. 8 MASSACRE DE MUTTUR, LE DEROULE DES FAITS 1er août : alors que la situation est encore calme à Muttur, l’équipe ACF qui était à Trincomalee les jours précédents, rejoint sa base de Muttur. L’après midi même, la « bataille de Muttur » commence : les routes sont fermées, les voies navigables également ; l’équipe ne peut plus quitter de la ville. Du 1er au 4 août : L’équipe de Muttur est confinée dans la base ACF, les autres équipes à Trincomalee tentent de trouver un passage pour les évacuer et préviennent les différentes forces en présence que des humanitaires neutres sont dans la ville. Des contacts radio ont lieu toutes les 30 minutes. 4 août – Action contre la Faim perd tout contact avec ses 17 employés bloqués à Muttur alors en proie à de violents combats. 6 août – L’Agence de Coordination Humanitaire (CHA) découvre les cadavres de 17 employés locaux d’Action contre la Faim, faces gisant contre terre, tués par balles. 7 août – ACF se rend à Muttur malgré la poursuite des combats pour récupérer les corps de 17 de ses employés dont l’exécution avait été confirmée la veille. 8 août – Les 17 corps sont autopsiés dans l’après-midi par des médecins légistes sri-lankais en présence de représentants d’ACF et des Nations unies. Les corps sont ensuite rendus a leur famille. 11 août – Benoît Miribel, Directeur Général et Florence Daunis, Directrice des Ressources Humaines se rendent à Trincomalee pour se joindre aux familles lors d’une cérémonie d’hommage aux victimes. Au même moment, une minute de silence est respectée au siège ainsi que sur toutes les missions et bases d’ACF dans le monde. 20 août - Action contre la Faim a terminé d’indemniser toutes les familles des victimes. 29 août – La Mission d’observation de la trêve au Sri-Lanka (SLMM) affirme dans un rapport que « les forces gouvernementales sont largement et de manière constantes considérées comme responsables » de la mort des 17 employés d’ACF. Le lendemain, le ministre des Affaires Etrangères sri lankais qualifie ce rapport de « scandaleux ». ACF prend acte de ces déclarations et rappelle qu’elle souhaite que les auteurs de ce crime soient identifiés et jugés. 6 septembre – Un mois après la découverte des corps, une cérémonie en hommage aux 17 victimes est organisée dans le campement des Nations unies à Colombo. Suite à un conseil d’administration exceptionnel, Action contre la Faim décide au vu des besoins humanitaires dans le pays, des besoins de l’enquête et pour protéger les personnes impliquées, de rester au Sri Lanka. ACF annonce alors qu’elle réduit de 70 % ses activités au Sri Lanka pour se concentrer sur les opérations d'urgence. 16 septembre – Les corps de deux victimes sont exhumés à la demande d’Action contre la Faim pour procéder à de nouvelles autopsies. ACF réclame l’exhumation des autres corps pour lesquels les familles ont donné leur accord. 9 4 octobre – Une audience de mise en état de l’affaire se tient à Trincomalee. L’enquête est officiellement ouverte. 6 octobre – Une conférence de presse est organisée au siège d’ACF en souvenir des victimes et pour demander à ce que toute la lumière soit faite sur ce massacre. Un appel international signé par 28 ONGs en faveur de l’accès aux populations victimes du conflit est lancé à l’initiative d’ACF. 17 octobre – Le Directeur général d’ACF se rend à Trincomalee à la veille des exhumations pour transmettre le soutien de toute l’organisation aux familles des victimes. 18 octobre – Les corps de 9 des 17 victimes du massacre de Muttur sont exhumés à Trincomalee sur décision du juge en charge de l’affaire, en présence de représentants d’Action contre la Faim. Les corps sont transportés à Colombo pour une seconde autopsie en présence d’un expert australien. 6 novembre – 3 mois après le massacre de Muttur, Action contre la Faim reste mobilisée et organise dans la tradition sri-lankaise une vaste cérémonie d’hommages aux victimes. Toutes les missions d’Action contre la Faim dans le monde, ainsi que toute la communauté humanitaire et les Nations Unies sont appelées à observer une minute de silence en leur mémoire. Décembre 2006 - Action contre la Faim suite à des évaluations dans plusieurs zones du pays, ré-ouvre une base dans le district de Batticaloa afin de mener des programmes d’urgence auprès des déplacés du conflit. Le district de Batticaloa est l’une des régions les plus affectées par le conflit et qui compte plus de 75 000 déplacés. Alors que les combats se poursuivent et que l’aide arrive de manière intermittente, les équipes d’Action contre la Faim mettront en œuvre des programmes d’urgence dans plusieurs camps de la zone. Ces programmes visent à apporter ponctuellement de la nourriture, à approvisionner en eau potable et à améliorer les conditions d’hygiène de près de 10 000 personnes. 10 Ø ACTION CONTRE LA FAIM AU SRI LANKA EN CHIFFRES BILAN TOTAL DES ACTIVITES D’EAU ET D’ASSAINISSEMENT Activités dans les 3 bases d’Action contre la Faim au Sri Lanka : Jaffna, Trincomalee et Batticaloa. - Latrines, douches, aires de lavage : 2 554 - Points d’eau réhabilités, nettoyés, construits : 3 674 - Approvisionnement en eau potable : environ160 000 litres / jour pour 12 500 personnes (pour 2005) et 98 000 litres/jour pour 19 795 personnes. - distributions de kits d’hygiène assorties de formation pour 37 681 personnes bénéficiaires Nombre total de bénéficiaires des activités d’eau et d’assainissement : environ 100 000 personnes3 BILAN DES PROGRAMMES DE SECURITE ALIMENTAIRE Activités dans les 3 bases d’Action contre la Faim. - Distributions de kits d’aide à la reconstruction (outils, ustensiles de nettoyage, ustensiles de cuisine) : 3 411 kits distribués. - Distributions liées à la relance d’activités génératrices de revenus (1 506 kits de pêches, 3 441 kits « activités » - charpentiers, menuisiers… - et activités de « travail contre rétribution » : plus de 20 000 bénéficiaires - réhabilitation agricole : distributions de semences (riz, tomates, maïs, arachides, piments, concombres, lentilles…) et d’outils agricoles pour plus de 18 512 bénéficiaires (5 211 kits distribués). 500 hectares plantés, distribution et plantation de 1 082 arbres fruitiers. - mise en place de diverses activités ciblées : distribution de bétail à 148 familles, construction de canaux d’irrigation agricole, … Nombre total de bénéficiaires des activités de sécurité alimentaire : plus de 65 000 personnes3. Nombre total de bénéficiaires des programmes d’Action contre la Faim au Sri Lanka : 165 000 personnes3 - Action contre la Faim au Sri Lanka avant le tsunami présence depuis 1996 dans le pays auprès des populations déplacées par le conflit opposant les séparatistes Tamouls au gouvernement dans l’Est du pays : programmes hydrauliques programmes de sécurité alimentaire (relance agricole, relance économique…) 3 Chiffre cumulant le nombre total de bénéficiaires pour chaque activité : dans les faits, une seule et même personne peut être bénéficiaire de plusieurs programmes d’aide. 11 UN CONTEXTE D’INTERVENTION DIFFICILE Ø L’avancée des programmes reste liée à l’évolution de certaines problématiques plus générales, dont est aujourd’hui tributaire le bon déroulement de l’aide sur le terrain. • Reprise du conflit Depuis la fin de l'année 2005, la multiplication des accrochages sérieux entre les parties prenantes remet chaque jour un peu plus en cause le cessez-le-feu conclu en 2002 entre rebelles Tamouls et gouvernement Sri Lankais. Avec une succession d’accalmies puis de reprises violentes des combats, la situation est extrêmement tendue au Sri Lanka : de nombreux massacres ont lieu, les populations fuient par milliers, chacune des parties au conflit se radicalisent et l’accès aux zones de conflit est de plus en plus problématique pour les humanitaires. En novembre 2006, on comptait 191 634 personnes4 déplacées dans le pays. La péninsule de Jaffna est totalement coupée du reste du pays, l’approvisionnement est extrêmement difficile faisant craindre de lourdes conséquences pour la population notamment en terme sanitaire et nutritionnel. L’engrenage de la violence alimentée fait craindre l’émergence d’une crise humanitaire à grande échelle dans le Nord et l’Est du pays notamment. La plupart des analystes, comme les populations, sont pessimistes quant à une amélioration de la situation dans les mois à venir. • Radicalisation vis à vis des ONG Les partis religieux et nationalistes ont pris pour cible les ONG accusées pêle-mêle, de ne pas être neutres et impartiales, de faire du prosélytisme, de manquer de respect aux us et coutumes locaux et de ne pas faire mieux pour que la reconstruction avance. Certains allant même jusqu’à surnommer les ONG les « tigres blancs », en lien avec les Tigres de Libération de l’Ealam Tamoul, en raison de leur présence principalement dans l’Est et le Nord du pays – où sont concentrés les besoins les plus forts des populations civiles. Il est aujourd’hui quasiment impossible pour les ONG d’agir en zone sous contrôle LTTE : le passage tant des biens que des personnes est refusé. Dans les zones sous contrôle gouvernemental dans l’Est du pays, les procédures administratives aux check-points se multiplient afin de mieux contrôler les actions des ONG. Depuis l’été 2006, chaque travailleur humanitaire doit être en possession d’un permis de travail extrêmement long à obtenir auquel s’ajoute désormais un permis de circuler. Des lourdeurs administratives qui contraignent chaque fois un peu plus le travail des ONG au quotidien. • La sécurité des acteurs humanitaires Avec la dégradation du climat politique et social, la gestion de la sécurité des équipes humanitaires est devenue aussi une priorité. Malgré les lourdes règles de sécurité d’Action contre la Faim, 17 membres de l’association ont été massacrés à Muttur – perpétrant ainsi l’acte le plus grave jamais commis à l’encontre de travailleurs humanitaires. Fin novembre encore, un membre de Terre des Hommes a été tué. Ces menaces sur la vie du personnel humanitaire local et les entraves à l’accès libre et direct aux victimes freinent dangereusement les opérations humanitaires alors que la population a plus que jamais besoin d’aide. Ainsi se pose la question du non respect du Droit International Humanitaire par les parties au conflit. Avec la multiplication de cas similaires dans de nombreux pays d’intervention des ONG, assurer la sécurité des humanitaires est une question majeure et urgente ; afin de continuer à apporter une aide aux populations vulnérables. 4 source : UNHCR, 03/11/2006. 12 INDONESIE FAIRE FACE A DE NOUVEAUX ENJEUX Total des bénéficiaires des programmes d’Action contre la Faim en Indonésie : environ 171 4094 personnes Ø PHASE 1 : L’URGENCE de janvier à avril 2005 Sur place le 2 janvier 2005, et après une première phase d’évaluation auprès des populations sinistrées de la côte ouest d’Aceh, les équipes ont lancé des programmes d’aide alimentaire, d’eau et d’assainissement à Calang, Lam’no, Teunom, Arrongang et Samatiga. • Dans les premières semaines, une urgence : résoudre les problèmes logistiques pour apporter une aide aux populations les plus isolées L’accès à la zone était extrêmement difficile et ne pouvait se faire que par hélicoptère ou bateau, les routes et les moyens de communication ayant été détruits par le raz de marée. Face à ces contraintes, Action contre la Faim a décidé de dédier certaines bases uniquement à la logistique (Medan, Banda Aceh, Meulaboh) afin que les programmes soient approvisionnés dans les meilleurs délais et de façon continue. Une fois ces difficultés logistiques surmontées, Action contre la Faim a fermé ses bases de Médan et de Meulaboh. • Garantir un accès à l’eau et l’assainissement, combler la pénurie alimentaire Des travaux d’eau et d’assainissement ont été effectués sur toutes les bases. Au total, ce sont des centaines de latrines, plusieurs dizaines de douches et d’aires de lavage, de puits, de sources, de forages traditionnels qui ont été nettoyés, réhabilités ou construits. Mises en place en urgence, ces constructions ont d’abord été faites en matériaux temporaires - mais rapides à mettre en place-, avant dans un deuxième temps de mettre en place des solutions permanentes. Des distributions alimentaires ont également été accomplies dans toutes les zones rurales et ce, dès la mi-janvier 2005. Le but de ces distributions était de répondre aux besoins immédiats en nourriture. Les récoltes ayant été dévastées, les routes coupées et les réserves des populations détruites, il a fallu en urgence combler le manque alimentaire : Près de 300 000 rations alimentaires ont ainsi été distribuées à une moyenne de 82 000 personnes pendant 4 mois de janvier à avril 2005. Suite à cette période d’urgence, nos équipes ont organisé la sortie progressive des activités de distribution alimentaire pour se consacrer, à moyen terme, à des programmes de réhabilitation ; tout en maintenant une capacité de réaction en cas de crise (constitution d’un stock d’urgence comprenant des rations alimentaires pour 2000 bénéficiaires). 4 Chiffre cumulant le nombre total de bénéficiaires pour chaque activité : dans les faits, une seule et même personne peut être bénéficiaire de plusieurs programmes d’aide. 13 Ø PHASE 2 : Depuis avril 2005, vers un retour à l’autonomie alimentaire • Garantir des conditions d’hygiène décentes et un accès durable à l’eau Après avoir construit des structures temporaires dans les camps d’urgence, les équipes d’hydrauliciens d’Action contre la Faim ont construit de façon durable des latrines, des douches, des points d’eau, des aires de lavage… pour garantir des conditions décentes d’hygiène dans les camps de regroupement et dans les zones de retour des déplacés. • Réhabiliter l’agriculture pour un retour à l’autosuffisance alimentaire des familles Le tsunami de décembre 2004 a largement endommagé les outils des agriculteurs et les surfaces agricoles sur les bandes côtières d’Aceh : appauvrissement des sols, problème de drainage des eaux, présence de déchets et de branchages, canaux d’irrigation détruits, taux anormalement élevés de sel et de sédiments dans les sols… Or, à Aceh notamment, 80% de la population était dépendante de l’agriculture : elle constituait la première source de revenu des ménages avant le tsunami. Suite aux distributions alimentaires de janvier à avril 2005, la deuxième étape du projet a consisté à réhabiliter les surfaces agricoles endommagées afin qu’elles soient à nouveau cultivables. Essentiellement menée à travers des programmes de «travail contre rétribution5 », cette phase permettait, en outre, aux familles d’avoir une source de revenus stable (2140 familles bénéficiaires à Aceh). Cette phase n’a été menée que sur 4 mois afin de ne créer ni dépendance ni confusion quant au rôle des ONG. Puis, les distributions de semences ont marqué une nouvelle phase du projet sur le chemin d’un retour à l’autonomie alimentaire et économique des populati ons affectées par le tsunami. Ces distributions ont été accompagnées tout au long de la saison d’un soutien technique afin de soutenir les populations et d’améliorer le rendement des champs cultivés. Par ailleurs, afin d’assurer une réponse toujours plus adaptée aux besoins des populations, des évaluations de surveillance de la sécurité alimentaire des familles sont régulièrement menées, ainsi que des programmes de recherche sur la qualité et la topographie des sols - en partenariat avec ASUR, association liée au CIRAD (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement). • Réhabilitation de l’économie familiale : un objectif indispensable mais complexe Dans le même objectif d’un retour à l’autonomie des familles affectées par le tsunami, Action contre la Faim a également mis en place un programme de relance des activités génératrices de revenus. Ces activités sont de trois types : celles liées à la transformation alimentaire (transformer des matières premières en nourriture consommable) telle que la fabrication de « martabak », de « tempe » (sorte de crêpe locale) ou de tofu. Soit, elles sont liées à des métiers de reconstruction : charpentiers, tailleurs de pierre. Soit, enfin, liées à des activités de service : barbier, coiffeur, couturier, locations de motos et de vélos… Action contre la Faim a adopté une approche participative sur ces activités : ce sont les populations qui sont à l’origine des projets soutenus. Ces programmes permettent : - d’améliorer le niveau de vie des foyers en injectant de l’argent directement, - d’aider au retour des familles dans leur lieu de vie d’origine, - d’aider les petits commerçants à reprendre leur activité initiale, - un retour à la dignité et à l’indépendance des familles qui sont plus autonomes, - de couvrir les besoins de base des familles (nourriture, vêtements, éducation…) 5 littéralement « cash for work » : programme proposant aux personnes les plus vulnérables de réaliser un travail d’intérêt communautaire (réhabilitation de routes, nettoyage des champs, des rues…) contre une rétribution. 14 Ø PHASE 3 / DEPUIS MAI 2006, AGIR DANS TOUT L’ARCHIPEL INDONESIEN • Mise en place d’un processus de sortie de la province d’Aceh La phase de réhabilitation a laissé place à la reconstruction lourde sur la côte ouest d’Aceh. Action contre la Faim a poursuivi et est en train de finaliser ses programmes de relance agricole, de soutien aux activités génératrices de revenus et d’eau et d’assainissement. Afin d’être sûr que des populations n’ont pas été laissées de côté ou des besoins oubliés, Action contre la Faim a mené des enquêtes le long de la côte ouest d’Aceh. Les résultats de ces enquêtes montrent qu’il n’y a plus de besoins dans le mandat6 et les domaines d’activité d’Action contre la Faim : les besoins sont aujourd’hui dans le domaine de la construction ou de la reconstruction d’infrastructures lourdes (routes, hôpitaux, …) qui sont davantage du domaine de l’Etat. Dans le même temps, avec l’ouverture des zones montagneuses non affectées par le tsunami mais marquées par 30 ans de conflit, Action contre la Faim a lancé de vastes enquêtes de sécurité alimentaire et d’eau et assainissement dans ces zones pour évaluer les besoins potentiels des populations. Les problèmes principaux rencontrés dans ces zones sont davantage liées à des causes structurelles dues au manque d’investissement dans les infrastructures publiques ou dans l’amélioration de l’activité économique. Au vu du mandat6 d’Action contre la Faim, la situation des populations dans les zones montagneuses d’Aceh ne justifiait pas une intervention de l’association. Les besoins persistant dans la province d’Aceh ne sont donc plus liés à des risques humanitaires immédiats. Ils nécessitent davantage l’intervention de l’Etat ou des agences bilatérales internationales. Suite à ce constat, Action contre la Faim a donc décidé de se retirer progressivement de la province d’Aceh. Des activités de surveillance et d’impact des programmes réalisés se poursuivront jusqu’en février 2007, en même temps que la mise en œuvre concrète de la fermeture des bases de l’association (en terme de ressources humaines, de logistique…) • Ouverture d’une mission au Timor occidental La province de NTT (Nusa Tenggara Timur - province indonésienne dont le Timor occidental fait partie) est constituée de quatre îles principales, Flores, Sumba, Timor et Adonara, et de plus de 500 petites îles. Elle est la province la plus pauvre d’Indonésie. Ces îles particulièrement isolées sont soumises à une pauvreté extrême et à une faible présence du gouvernement central : 30% de la population de la province de NTT vit sous le seuil de pauvreté et 78% sont dans une situation d’insécurité alimentaire. Une mission exploratoire pour évaluer les besoins en sécurité alimentaire, en eau et assainissement ainsi qu’en nutrition a donc eu lieu dans cette région pendant 6 semaines. Suite à cette enquête, Action contre la Faim a décidé d’intervenir dans la province. Des évaluations plus précises pour mettre en place les programmes sont actuellement en cours. 6 « Action contre la Faim se fixe pour mission d’intervenir sur le terrain pour sauver des vies et préserver et restaurer la sécurité alimentaire des populations. » extrait du Projet associatif d’Action contre la Faim 15 • Limiter les conséquences humaines d’une catastrophe dans l’archipel indonésien L’archipel indonésien connaît très régulièrement des catastrophes naturelles. Les séismes sur l’île de Java (mai 2006) et le tsunami qui a touché les côtes sud de Java (juillet 2006) sont encore une fois le démonstration de l’exposition de l’archipel indonésien aux risques naturels (séismes, éruptions volcaniques, inondations, tsunami…). Face à ces risques, Action contre la Faim a mis en place un plan de contingence avec notamment la constitution de stocks d’urgence (matériel en eau et assainissement, kits de survie, kits d’hygiène, kits de cuisine…) pour pouvoir répondre en urgence à toutes éventuelles catastrophes. Par ailleurs, Action contre la Faim met parallèlement en place dans les quartiers pauvres de Jakarta des programmes de prévention des risques naturels (« disaster prepardness »). Situés dans les bidonvilles de la capitale, au bord d’un fleuve, ces quartiers sont régulièrement et gravement inondés. Ces programmes ont pour but de réduire la vulnérabilité des populations face aux inondations et d’améliorer les capacités de gestion des catastrophes. Cette problématique de prévention des désastres est plus généralement intégrée à chacun des programmes en Indonésie. Plus globalement, il s’agit pour les équipes d’Action contre la Faim de rester extrêmement réactives face aux risques majeurs de catastrophes naturelles dans tous le pays. • Intervenir suite aux catastrophes naturelles Action contre la Faim est intervenu suite au séisme du 27 mai 2006 dans la région de Yogjakarta, sur l’île de Java auprès des sinistrés de ce tremblement de terre, ainsi qu’auprès des sinistrés du tsunami qui a touché le sud de l’île de Java le 18 juillet dernier. 17 tonnes de biscuits protéinés ont été distribuées à plus de 12 000 familles ainsi que 3 277 kits d’hygiène, de cuisine et d’outils. Par ailleurs, Action contre la Faim a également distribué 8 800 jerricans, nettoyé plus de 600 puits et réhabilité ou construit plus de 1000 latrines. Plus 60 000 personnes ont au total bénéficié de ces programmes. Les équipes d’Action contre la Faim restent également vigilantes face aux risques liés depuis plusieurs mois au volcan Mérapi. Avec la constitution d’un stock d’urgence et un plan de contingence précis, l’association se tient prête à intervenir en urgence sur l’archipel en cas de crise. 16 Ø ACTION CONTRE LA FAIM EN INDONESIE EN CHIFFRES BILAN DES ACTIVITES DE SECURITE ALIMENTAIRE - Distribution alimentaire générale dans 12 zones (Lam’no, Teunom, Arrongang, Krueng Sabe, Samatiga, Calang…) de rations constituées d’huile, de riz, de poissons, de biscuits et de nouilles (16 kg par mois, soit pour une ration = 2034,4 Kcal) 286 029 rations ont été distribuées à une moyenne de 82 072 personnes pendant 4 mois. - 21 631 personnes ont bénéficié des programmes de travail contre rétribution - 23 116 personnes ont bénéficié de l’implantation des activités génératrices de revenus. - projet de réhabilitation agricole : 17 000 personnes bénéficiaires. Distributions sur les 3 bases d’Action contre la Faim (côte ouest d’Aceh : Lamno, Calang, Teunom) de 90 tonnes de semences de riz soit entre 30 et 50 kg par famille et de semences maraîchères (chili, concombre, aubergine, épinards, arachides). Ces distributions se doublent de distributions d’outils agricoles : herses, fléaux, faux, pompes à eau… environ 700 hectares ont ainsi été réhabilités. - 2 rapports de surveillance de la sécurité alimentaire des familles et 7 newsletter ont été publiés et diffusés auprès des acteur s sur place (autorités, organisations internationales…) Nombre total des bénéficiaires des activités de sécurité alimentaire : 143 819 personnes BILAN DES ACTIVITES D’EAU ET D’ASSAINISSEMENT Points d’eau réhabilités, construits, nettoyés ou approvisionnés : 1211 Construction de 2 systèmes gravitaires d’approvisionnement en eau Latrines construites et entretenues : 1043 Douches et aires de lavage construites et entretenues : 247 38 points de distribution d’eau par citerne : 58 500 litres / jour en 2005; puis 30 500 litres par jour jusqu’en mars 2006 557 sessions de promotion à l’hygiène ont été conduites en lien avec les activités eau et assainissement ainsi que des formations à la maintenance des installations auprès de membres des communautés bénéficiaires. nombre total de bénéficiaires des activités d’eau et d’assainissement : 27 590 personnes. BILAN DES ACTIVITES DE NUTRITION Enquête nutritionnelle menée dans le district d’Aceh Jaya sur la côte ouest (65 000 personnes) en partenariat avec l’Unicef et le Ministère de la Santé de janvier à mars 2005. Action contre la Faim a défini la méthodologie de cette enquête et en a plus précisément réalisé une sur une zone dans laquelle aucun phénomène de malnutrition nécessitant une intervention n’a été relevé. Au total, les équipes d’Action contre la Faim sont venus en aide à environ 171 409 7 Acehnais. 7 Chiffre cumulant le nombre total de bénéficiaires pour chaque activité : dans les faits, une seule et même personne peut être bénéficiaire de plusieurs programmes d’aide. 17 Ø CONTEXTE HUMANITAIRE : PRUDENCE ET PREVENTION De la même manière qu’au Sri Lanka, certaines questions transversales guident l’intervention d’Action contre la Faim sur place et sont révélatrices de la situation humanitaire actuelle dans la région. • Un processus de paix en bonne voie Le Mouvement Aceh Libre (GAM) et le gouvernement indonésien ont signé un traité de paix le 15 août 2005 sous la pression de la Communauté Internationale. Un an et demi après cette signature, la paix semble enfin accessible à cette province profondément marquée par 30 années de conflit : sur le terrain, la campagne de désarmement du GAM s’est déroulée sans heurt et la présence de militaire a été considérablement allégée. Les premières élections locales dans l’histoire de la pr ovince sont actuellement en cours. Malgré ces éléments positifs, la démobilisation des anciens guérilleros ne va pas sans problèmes au quotidien. En particulier, et comme souvent en de telles circonstances, la dissolution des unités combattantes se traduit par une hausse sensible de la criminalité et de la circulation d’armes. Le processus de paix a eu pour conséquence positive l’ouverture de zones jusqu’alors interdites et la multiplication des échanges entre la zone côtière et l’intérieur du pays. Sans surprise, ce conflit prolongé a porté de graves dommages aux infrastructures communautaires et à l’appareil productif (agriculture, artisanat…). De façon générale, la population de ces zones apparaît relativement vulnérable sans pour autant bénéficier de l’assistance massive des habitants de la côte. Cette situation, perçue comme une injustice, attise les rivalités communautaires et pose un nouveau défi d’équité. Essentiellement structurels et loin de l’attention médiatique de la côté, ces problèmes ne doivent pas être pour autant oubliés des autorités locales et nationales pour développer durablement ces zones. • La nécessaire mise en place d’un système d’alerte précoce Si le tsunami de décembre 2004 ou le séisme de Yogjakarta ont bien mis en lumière l’exposition de l’Indonésie aux catastrophes naturelles, le problème est bien plus vaste que l’occurrence épisodique de désastres. Situé tout au long de la ceinture de feu du Pacifique, le pays est sujet perpétuellement aux secousses de moyenne et haute intensité : durant les 5 dernières années, 120 séismes de 6 ou plus sur l’échelle de Richter ont été enregistrés. Les destructions liées aux activités sismiques ont affectées plus de 3 millions de personnes ces deux dernières années et ont eu de graves conséquences sur l’activité économique du pays. Au-delà des séismes, l’Indonésie est également particulièrement sujette aux autres débordements de la nature : glissements de terrain, feux de forêt, sécheresses, inondations…. Ces catastrophes sont quasiment à chaque fois meurtrières, destructrices et source d’une vulnérabilité croissante. D’un point de vue plus global, si ces événements climatiques sont de plus en plus nombreux, ils affectent également de plus en plus de monde, du fait de la croissance démographique et surtout de l’activité humaine. En effet, l’augmentation des glissements de terrain est liée à la déforestation, les pratiques de culture sur brûlis sont à la source de nombre de feux de forêts et l’urbanisation non réfléchie des zones péri-urbaines a un impact direct sur l’intensité des inondations. Action contre la Faim soutient techniquement les autorités locales dans leurs efforts pour la prévention des désastres : peu de choses sont faites en amont pour anticiper et mitiger les effets des potentielles catastrophes et les responsabilités de chaque institution dans la gestion de ces catastrophes sont encore assez floues, malgré les promesses faites après le tsunami. 18 • Les effets pervers de l’assistance 2 ans après le tsunami, l’aide extérieure joue encore un rôle prépondérant dans la vie des Acehnais : 95% des foyers interviewés en mai et juin 2006 par l’équipe de surveillance de la sécurité alimentaire d’Action contre la Faim, recevaient de la nourriture, des biens nonalimentaires, des services, de l’argent et du soutien pour les activités agricoles. Cette gigantesque aide extérieure a causé une forte dépendance des populations envers les organisations humanitaires : la nourriture est fournie à travers les distributions alimentaires, l’activité économique est relancé à travers les distributions d’argent et de kits d’outils, des distributions d’eau ont toujours lieu… Bien que la présence du gouvernement augmente peu à peu, la vie entière des communautés dépend des organisations humanitaires. Ce système peut être extrêmement pervers à long terme : les populations préfèrent recevoir la nourriture du Programme Alimentaire Mondial plutôt que cultiver leur champs (dont ils ne verront les bénéfices que 3 mois après), beaucoup abandonnent l’activité agricole (qui était auparavant le premier secteur d’activité) pour ouvrir une petite affaire à l’aide des ONG - au risque de saturer le marché ou pour travailler dans le secteur de la reconstruction -dont les possibilités d’emplois ne seront pas éternelles. Aujourd’hui, les besoins dans le secteur de la reconstruction, notamment des infrastructures, sont encore importants et certaines organisations ont prévu de rester encore au moins 4 ans. Si ce système économique lié aux organisations humanitaires est donc encore viable pour quelques années, il accroît la dépendance des populations et peut ne pas être durable à long terme. 19 BILAN 2 ANS APRES : QUELLE UTILISATION DES FONDS COLLECTES ? Le nombre de victimes, l’immensité des dégâts, l’étendue des zones touchées et le relais médiatique sans précédent générés par le tremblement de terre et les tsunamis du 26 décembre 2004 dans l’Océan Indien ont provoqué un élan de générosité lui-même sans précédent. A la fois touchée et reconnaissante de la confiance des donateurs lors de cette crise, l’association souhaite encore une fois les remercier de leur engagement. Le principe de l’affectation « a priori » des dons est une mesure exceptionnelle décidée car l’ampleur des fonds récoltés nous le permettait. En règle générale, tous les dons reçus de nos donateurs particuliers ne sont affectés qu’a posteriori à un pays en particulier. Sont affectés au tsunami : - Les dons reçus par Internet entre le 27 décembre 2004 et le 31 janvier 2005 ; - Les dons reçus spontanément par courrier avec une référence à la «crise Asie » ou au tsunami (sur l’enveloppe, le chèque ou un courrier d’accompagnement); - Les dons des entreprises qui ont spécifié une demande d’affectation sur le Tsunami ou l’Asie - Les dons collectés par les autres sièges du réseau dans le cadre du Tsunami Ø BILAN DES FONDS COLLECTES 17.2 millions d’euros ont été collectés et Action contre la Faim a dépensé 14.4 millions d’euros pour l’Indonésie et le Sri Lanka au 30 septembre 2006 Provenance des 17,2 M€ disponibles Réseau ACF International 10% Dons des particuliers 33% Financements institutionnels 30% Financements entreprises 27% 20 Ø DEPENSES : des fonds utilisés pour lutter contre la faim L’élan de générosité exceptionnel provoqué par le tsunami nous a permis de mettre en œuvre des programmes ciblés pour assister les populations sinistrées d’Asie. Ces dons ont été et sont toujours utilisés à travers des programmes d’urgence, de réhabilitation et de retour à l’autonomie alimentaire des populations. Les dépenses liées aux missions sociales incluent toutes les personnes et moyens qui participent sur le terrain et au siège à la réalisation des programmes sur le terrain. 21 AVANT, PENDANT ET APRES LE TSUNAMI UNE GESTION TRANSPARENTE ASSUREE PAR DE SOLIDES GARANTIES DES GARANTIES INTERNES… La Charte d’intervention d’Action contre la Faim exprime clairement que toute intervention nécessite un accès libre et direct aux victimes. Le respect en toutes circonstances de ce principe permet à l’association de toujours contrôler l’aide qu’elle apporte et de savoir avec certitude qu’elle ne bénéficie qu’aux plus vulnérables. Action contre la Faim n’a pas attendu la crise en Asie pour avoir des organes de contrôle solides. Administrateurs sur le terrain, gestionnaires de mission au siège, direction financière et conseil d’administration contrôlent les budgets de l’association. Aucun fond ne peut être engagé sans validation des services du siège. Dans le cadre de son intervention suite au tsunami et devant l’importance, tant des fonds récoltés que des programmes développés sur place, Action contre la Faim a recruté spécifiquement au siège un logisticien (chargé du contrôle de la qualité, des achats, …), un gestionnaire de mission (contrôle de gestion des missions) et un responsable du suivi des programmes en charge du suivi des missions en Indonésie et au Sri Lanka. Tous ont effectué un contrôle régulier du siège et se sont rendus fréquemment sur place. … ET EXTERNES • Action contre la Faim est une association Loi 1901 reconnue d'Utilité Publique, label délivré par le Conseil d'État. A ce titre, Action contre la Faim doit transmettre ses comptes annuels au Ministère de l'Intérieur et au Ministère des Affaires Étrangères. • Action contre la Faim est membre du Comité de la Charte de déontologie des organisations sociales et humanitaires faisant appel à la générosité du public. Cet organisme de surveillance rassemble des associations et fondations françaises qui ont en commun le respect d'une série de principes déontologiques gouvernant rigueur budgétaire et transparence des comptes. • Des commissaires aux comptes indépendants garantissent chaque année la rigueur de notre gestion et la transparence de nos comptes, publiés chaque année. • Les grands bailleurs de fonds institutionnels internationaux (ECHO, USAID) exercent un contrôle permanent sur nos comptes, au siège comme sur le terrain. Ainsi, tout contrat signé avec USAID est audité et depuis juillet 2005, ECHO procède à un audit complet des procédures d’Action contre la Faim et de 25 contrats signés avec eux. • Action contre la Faim, comme beaucoup de structures ayant reçues des dons suite au tsunami a été auditée par la Cour des Comptes et l'IGAS (Inspection Générale des Affaires Sociales). La confiance de nos partenaires institutionnels Pour être efficace et reconnue, une organisation humanitaire ne travaille jamais de façon isolée. Divers institutions et agences, aussi bien nationales qu'internationales soutiennent les programmes d’Action contre la Faim. Durant l’année 2004, nous avons ainsi travaillé avec : • l' Union européenne (38,4 % des ressources de l’association), notamment à travers ECHO (l'Office Humanitaire de la Communauté Européenne). • OFDA/USAID : l'Agence pour l’aide humanitaire des Etats-Unis (10,9 % des ressources) • les Agences des Nations unies (HCR, PNUD, UNICEF, PAM ...) • le gouvernement français, à travers les ministères de la Coopération, des Affaires Etrangères ainsi que la Délégation à l'action humanitaire (moins de 5%) • des Agences de coopération nationales, notamment européennes. 22 23