DP Tsunami 2 ans VF - Action Contre La Faim

Transcription

DP Tsunami 2 ans VF - Action Contre La Faim
TSUNAMI 2 ANS APRES
Finalisation des actions et apparition
de nouveaux besoins
Décembre 2006
Informations presse :
Lucile Grosjean, 01 43 35 82 22, [email protected]
Sylvain Trottier, 01 43 35 82 24, [email protected]
Portables week-end et jours fériés : 06 70 01 58 34 ou 06 70 01 58 43
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SOMMAIRE
Préambule : Indonésie, Sri Lanka, 2 pays aux évolutions opposées
page 3
Action contre la Faim en Asie du sud-est en un coup d’œil
page 4
I. SRI LANKA : DEGRADATION DE LA SITUATION ET RETOUR A L’URGENCE
page 5
? Phase 1 : répondre à l’urgence (décembre 2004 à av ril 2005)
- Maintenir un accès à l’eau et à l’assainissement
- Sécurité alimentaire : répondre aux besoins de première nécessité
page 5
? Phase 2 : vers un retour à l’autonomie (avril 2005 à avril 2006)
page 6
- eau et assainissement : répondre durablement aux besoins en eau potable
- Sécurité alimentaire : aider à la réinstallation des familles
- Prendre en compte les souffrances psychologiques
? Phase 3 : reprise du conflit et apparition de nouveaux besoins (depuis avril 2006)
- massacre de Muttur, le déroulé des faits
page 8
? Bilan : Action contre la Faim au Sri Lanka en chiffres
page 11
? Un contexte d’intervention extrêmement difficile
- reprise du conflit
- radicalisation vis à vis des ONG
- la sécurité des acteurs humanitaires
page 12
II. INDONESIE : FAIRE FACE A DE NOUVEAUX ENJEUX
page 13
? Phase 1 : l’urgence de janvier à avril 2005
- Résoudre les problèmes logistiques
- Maintenir un accès à l’eau, à l’assainissement et à la nourriture
page 13
? Phase 2 : vers un retour à l’autonomie alimentaire (avril 2005 à mai 2006)
page 14
- Garantir des conditions d’hygiène décentes et un accès durable à l’eau potable
- Relancer l’agriculture
- Réhabiliter l’économie familiale : un objectif indispensable mais complexe
? Phase 3 :depuis mai 2006, agir dans tout l’archipel indonésien
page 15
? Bilan : Action contre la Faim en Indonésie en chiffres
page 17
? Contexte humanitaire : prudence et prévention
- Un processus de paix en bonne voie
- La nécessaire mise en place d’un système d’alerte précoce
- Les effets pervers de l’assistance
page 18
III. LES COMPTES : QUELLE UTILISATION DES FONDS COLLECTES
page 20
? Bilan des fonds collectés
? Dépenses : des fonds utilisés pour lutter contre la faim
? Une gestion transparente assurée par des solides garanties
page 20
page 21
page 22
Ne les oublions pas !
page 23
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BILAN 2 ANS APRES LE TSUNAMI :
INDONESIE, SRI LANKA, 2 PAYS AUX EVOLUTIONS OPPOSEES
2 ans après le tsunami qui a ravagé l’Asie du sud et alors que le Sri Lanka s’enfonce
dans la guerre civile, où en sont les populations victimes de la catastrophe ?
Intervenir en urgence puis accompagner jusqu’à l’autonomie
A la suite du tsunami du 26 décembre 2004 en Asie du sud, Action contre la Faim,
déjà présente au Sri Lanka depuis 1996 et en Indonésie depuis 1997, avait réagi
immédiatement. Des actions de première urgence d’assainissement des camps, de
distribution d’eau potable, de distributions de kits de première nécessité… avaient été
rapidement mises en place. Fidèle à son mandat de venir en aide aux populations en
situation d’urgence mais également de les accompagner jusqu’à ce que leur autosuffisance
alimentaire soit rétablie, nous avons eu le souci d’inscrire cette action dans la durée. C’est
pourquoi depuis près de 2 ans maintenant, les équipes d’Action contre la Faim au siège et
sur le terrain ont poursuivi leur aide avec et auprès des populations les plus vulnérables.
Depuis le début de la crise Action contre la Faim est venue en aide à plus de 165 000 Srilankais et 170 000 Acehnais1.
Grâce à la formidable mobilisation de la communauté internationale, il n’y a pas eu
de crise liée à la malnutrition au Sri Lanka et en Indonésie, un accès suffisant à l’eau potable
a pu être préservé, le développement d’épidémies évité et la reconstruction de maisons et
d’infrastructures se poursuit.
Où en est-on, aujourd’hui ?
2 ans après le tsunami, on ne peut plus parler d’une même voix sur le Sri Lanka et
l’Indonésie : alors que ces 2 pays connaissaient le même contexte au moment du tsunami :
tous deux frappés par une catastrophe de grande ampleur, tous 2 en proie à un conflit
latent,… ces 2 pays ont suivi au fur et à mesure des mois des directions opposées : un
accord de paix a été signé à Aceh (Indonésie) et un conflit ouvert a repris au Sri Lanka. Les
évolutions politiques ont toujours un impact direct sur la situation humanitaire : si les
populations civiles s’enfoncent dans la crise au Sri Lanka replongeant le pays dans une
situation d’urgence, en revanche, dans la province d’Aceh en Indonésie, la réhabilitation a
laissé place à la phase de reconstruction lourde des infrastructures. Ces 2 situations illustrent
à quel point la résolution durable d’une crise reste liée à la stabilisation politique et donc
économique, sociale et humanitaire du pays.
Si Action contre la Faim peut aujourd’hui se retirer de la province d’Aceh, en
revanche et malgré des difficultés sans précédent, Action contre la Faim relance des
programmes d’urgence au Sri Lanka.
Ce dossier est dédié aux 17 travailleurs humanitaires d’Action contre la Faim qui ont
payé de leur vie leur volonté d’agir aux côtés des populations victimes du tsunami et du
conflit au Sri Lanka. Merci à eux.
1
Chiffre cumulant le nombre total de bénéficiaires pour chaque activité : dans les faits, une seule et même personne peut
être bénéficiaire de plusieurs programmes d’aide.
3
Ø ACTION CONTRE LA FAIM EN ASIE DU SUD EN UN COUP D’ŒIL
SRI LANKA
Base de Jaffna
- programmes de sécurité
alimentaire
- programmes d’eau et
d’assainissement
- suivis et évaluations
Base de Trincomalee et
Mutur,
base de Batticaloa et
Kalmunaï
- programmes de sécurité
alimentaire
- programmes d’eau et
d’assainissement
- suivis et évaluations
Base de Colombo
- coordination/
représentation
- soutien des activités en
capitale
INDONESIE
=> 200 - Food aid, Water
Aceh:
Sanitation,6Food
Security,
2004
and
AgriculturalRecove
ry
Maluku => 2004- Food Aid, Water
Food
1999 Sanitation,and
Security
Aceh – côte ouest
(sur 130 km de côte: Calang, Teunom,
Lamno, Krueng Sabe …)
REMOTE
E
ISLAND
S
- programmes de sécurité alimentaire
- programmes d’eau et d’assainissement
- suivis et évaluations
2006: West and Central Java: Food
aid, Water and
Sanitation
NTT
–
assessment
2006
Global
Irian
and
Alorlands
Sumba
and
1998
Water
West
Java
is
,
NTT - Timor
Sanitation
( province de Yogjakarta - Jakarta)
Timor
- mission exploratoire en sécurité alimentaire et
- programmes de sécurité alimentaire
- programmes d’eau et d’assainissement
- programmes de prévention des risques de
catastrophe naturelle
eau et assainissement
4
SRI LANKA,
DEGRADATION DE LA SITUATION ET RETOUR A
L’URGENCE
Nombre total de bénéficiaires des programmes d’Action contre la Faim au Sri Lanka :
environ 165 0002 personnes
Ø PHASE 1/ DEBUT 2005, REPONDRE A L’URGENCE
(décembre 2004 à avril 2005)
Présente depuis 1996 à Jaffna, Batticaloa, et Trincomalee (côte est), Action contre la Faim a
réagi dans les heures qui ont suivi le tsunami.
•
Maintenir un accès à l’eau et à l’assainissement
Volontaires expatriés et employés nationaux ont participé, dans les premiers jours, à la
collecte des corps, puis à l’acheminement d’eau potable vers les points de regroupement
(écoles, lieux de culte,…) où points d’eau, latrines et douches d’urgence ont été
parallèlement mis en place.
Dans le même temps, des «camps de transit » ont commencé à se construire pour
permettre d’abriter à moyen terme les personnes déplacées en attendant la reconstruction
de leur maison. Action contre la Faim était alors présente dans certains de ces camps et
dans les villages dans lesquels la population se réinstalle. L’association y développait,
entretenait et approvisionnait les installations d’eau et d’assainissement qui permettaint aux
rescapés de vivre dans des conditions sanitaires décentes (construction de latrines
d’urgences, approvisionnement en eau potable…
•
Sécurité alimentaire : répondre aux besoins de première nécessité
Au milieu du chaos des premières semaines de la catastrophe, l’important était de ne
pas se limiter à une action quantitative à court terme, mais d’anticiper le retour des
déplacés et les moyens de leur réinstallation. Des évaluations de sécurité alimentaire ont été
menées pour évaluer avec précision les besoins des populations rescapées pour reprendre
leur activité, se réinstaller et retrouver leur autonomie. Ces évaluations ont permis de
déterminer et de préétablir plusieurs types de kits contenant du matériel nécessaire à la
population. Une fois le processus de retour enclenché, les équipes d’Action contre la Faim
ont distribué ces kits (de nettoyage, d’hygiène, d’outils, …) aux familles sinistrées. Ces kits
permettaient aux familles de déblayer leur maison et d’avoir le minimum vital sur leurs lieux
de refuge.
Action contre la Faim n’intervient que sur la base des besoins réels des bénéficiaires en
mettant en place non pas des distributions aveugles, mais des distributions ciblées, en
fonction de situations suivies quotidiennement par nos équipes. L’impact de ces distributions
est ensuite régulièrement évalué et suivi par nos équipes afin, au besoin, de réorienter nos
programmes.
2
Nombre total de bénéficiaires: dans les faits, une seule et même personne peut être bénéficiaire de plusieurs programmes
d’aide.
5
Ø PHASE 2 / VERS UN RETOUR A L’AUTONOMIE (avril 2005 à avril 2006 )
L’urgence a ensuite fait place à une phase de réhabilitation d’environ un an. Tout au long de
ces mois, l’association a donc continué son soutien au processus de retour des déplacés en
s’adaptant le plus possible au rythme des populations, à leurs besoins et à leurs lieux de
réinstallation (camps, familles d’accueil, villages d’origine, nouveaux villages).
•
•
Eau et assainissement : répondre durablement aux besoins en eau potable
-
Action contre la Faim est intervenue dans certains Centres d’hébergement provisoires
(TAC) dans lesquels ont été regroupés à moyen terme les déplacés. L’association y
assure l’approvisionnement en eau et la gestion de l’assainissement (déchets,
latrines…) afin de garantir des conditions d’hygiène décentes.
-
Un programme spécifique de recherche à long terme a été lancé puis a dû être
transféré en Inde à cause de la reprise du conflit : Action contre la Faim travaillait en
partenariat avec l’Institut de Recherche et Développement (IRD) dans le cadre d’un
programme intégrant recherche et action dont l'objectif était de répondre
durablement aux besoins en eau potable des populations sinistrées. Après l'urgence
des premiers moments qui a commandé l'action immédiate, il est apparu nécessaire
de mieux comprendre les impacts du tsunami pour pouvoir proposer des réponses
adéquates et pérennes. Les eaux souterraines qui sont largement utilisées par les
populations ont été contaminées et leur fonctionnement a été perturbé par le
tsunami. Pour répondre aux besoins des victimes, notamment dans la perspective de
la construction d'infrastructures pour leur réinstallation, il est indispensable de
comprendre les mécanismes et de quantifier les impacts du raz-de-marée sur les
ressources en eau souterraine des zones côtières et internes.
-
De plus, un système de surveillance de la situation sanitaire des camps de transit
(TAC) a été mis en place afin de pouvoir réagir au plus vite en cas de détérioration
de la situation.
Sécurité alimentaire : des distributions ciblées pour aider à la réinstallation des familles
Action contre la Faim suit une logique globale dans son intervention au Sri Lanka : il s’agit de
venir en aide aux plus vulnérables ; qu’ils aient été victimes directement du tsunami ou que
ce dernier n’ait été qu’un événement déstabilisant de plus pour des personnes déjà victimes
de la guerre. Les programmes de sécurité alimentaire au Sri Lanka visent à rétablir
l’autonomie alimentaire des familles par un support à l’activité économique :
- la pêche : la filière pêche dans son ensemble a été largement sinistrée par le passage
du tsunami. Après avoir mené des distributions ciblées de filets de pêche, de bateaux, de
matériels de pêche auprès des pêcheurs, Action contre la Faim s’est ensuite attachée à la
relance des autres organes de la filière (réhabilitation de petites infrastructures locales,
production de glace, reconstruction des « chemins » de pêche)
6
- l’agriculture : moins touchée que les pêcheurs, les agriculteurs ont essentiellement
subi la perte de leur matériel et de leur stock agricole. Des kits de matériels agricoles ont
donc été distribués ainsi que 101 tonnes de semences en prévision des récoltes de
décembre 2005 et janvier 2006. Ces distributions sont assorties de formations agricoles
variées afin d’améliorer le rendement des champs cultivés.
- les autres activités génératrices de revenus : distributions de k its artisans (maçons,
charpentiers…) ou par des programmes de « travail contre rétribution3 » (réhabilitation de
routes, de champs…). Ce soutien permet aux familles bénéficiaires de reprendre leur activité
professionnelle originelle après la perte de leurs outils et ainsi de pouvoir à nouveau subvenir
seules à leurs besoins.
Enfin, afin de répondre au mieux aux besoins des populations tout en les intégrant au
maximum dans les projets, une approche participative a été mise en place : les populations
sont à la source des projets en déterminant ce qui, selon elles, amélioreraient leurs
conditions de vie.
•
Prendre en compte les traumatismes et les souffrances psychologiques
Des programmes de santé mentale ont également été mis en place. L’objectif de ces
programmes est de mieux prendre en compte l’individu dans sa dimension sociale,
psychologique et culturelle et d’intégrer cette approche dans les programmes d’eau et
d’assainissement et de sécurité alimentaire. Les principales activités ont été :
- des groupes de discussion puis des activité pour les personnes âgées afin de parler de leurs
peurs, de leurs chagrins, de leurs difficultés puis de mettre en scène sous forme de saynètes
ses traumatismes dans les camps afin de provoquer la discussion avec toutes les autres
personnes déplacées.
- des consultations individuelles ou en groupes auprès des parents de « bébés post-tsunami »,
des distributions de trousseaux de naissance et des informations aux parents sur les soins à
apporter aux bébés. En parallèle, un soutien a été apporté aux mères dépressives pour les
soutenir dans leur rôle parental.
3
littéralement « cash for work » : programme proposant aux personnes les plus vulnérables de réaliser un travail d’intérêt
communautaire (réhabilitation de routes, nettoyage des champs, des rues…) contre une rétribution.
7
Ø PHASE 3 / DEPUIS AVRIL 2006 : REPRISE DU CONFLIT ET NOUVELLE PHASE
D’URGENCE
Depuis janvier 2006, la dégradation des conditions de sécurité, notamment dans l’Est et le
Nord du pays, faisait craindre un retour à une guerre ouverte entre les Tigres Tamouls et le
gouvernement Sri Lankais.
En avril-mai, des combats ouverts reprennent avec notamment des bombardements
dans le district de Trincomalee. Avec, à cette période, les pires violences depuis les accords
de paix de 2002, les personnes situées dans les zones de combat recommencent à fuir pour
se rassembler dans des bâtiments publics.
Action contre la Faim est intervenue en urgence auprès de 2000 déplacés en construisant
des latrines et en distribuant des jerricans afin de leur préserver des conditions d’hygiène
décentes sur leur lieux de refuge. Les équipes sur place ont porté une attention particulière à
l’état de la sécurité alimentaire des familles : les prix des denrées périssables ayant doublé
(voire triplé par endroit) en l’espace d’un mois.
En raison de l’escalade de la violence que connaît le pays à cette période,
notamment liée à la radicalisation des forces en présence, l’accès aux populations est de
plus en plus difficile : les possibilités de mouvements sont faibles et extrêmement laborieuses
tant pour le transport de matériel que pour celui des personnes (jusqu’à un mois d’attente
pour convoyer un camion dans le nord du pays). Au jour le jour et malgré la réduction
croissante de l’espace humanitaire, Action contre la Faim tente de continuer à venir en
aide aux populations, qui ont plus que jamais besoin de soutien.
De ce fait et pour limiter les risques, Action contre la Faim recentre ses programmes vers les
actions d’urgence uniquement, auprès des victimes du conflit. Un plan de contingence
(organisation, stock…) est mis en place pour être immédiatement réactif en cas d’urgence,
notamment dans le domaine de l’eau.
En août, lors de la bataille de Muttur qui fera des dizaines de milliers de déplacés et
des centaines de victimes, 17 membres d’Action contre la Faim sont assassinés sur leur base
de Muttur. Face à ce massacre sans précédent dans l’histoire des ONG, Action contre la
Faim suspend ses activités dans le pays pour laisser place au deuil et prendre le temps
d’analyser la situation.
8
MASSACRE DE MUTTUR, LE DEROULE DES FAITS
1er août : alors que la situation est encore calme à Muttur, l’équipe ACF qui était à
Trincomalee les jours précédents, rejoint sa base de Muttur. L’après midi même, la « bataille
de Muttur » commence : les routes sont fermées, les voies navigables également ; l’équipe
ne peut plus quitter de la ville.
Du 1er au 4 août : L’équipe de Muttur est confinée dans la base ACF, les autres équipes à
Trincomalee tentent de trouver un passage pour les évacuer et préviennent les différentes
forces en présence que des humanitaires neutres sont dans la ville. Des contacts radio ont
lieu toutes les 30 minutes.
4 août – Action contre la Faim perd tout contact avec ses 17 employés bloqués à Muttur
alors en proie à de violents combats.
6 août – L’Agence de Coordination Humanitaire (CHA) découvre les cadavres de 17
employés locaux d’Action contre la Faim, faces gisant contre terre, tués par balles.
7 août – ACF se rend à Muttur malgré la poursuite des combats pour récupérer les corps
de 17 de ses employés dont l’exécution avait été confirmée la veille.
8 août – Les 17 corps sont autopsiés dans l’après-midi par des médecins légistes sri-lankais en
présence de représentants d’ACF et des Nations unies. Les corps sont ensuite rendus a leur
famille.
11 août – Benoît Miribel, Directeur Général et Florence Daunis, Directrice des Ressources
Humaines se rendent à Trincomalee pour se joindre aux familles lors d’une cérémonie
d’hommage aux victimes.
Au même moment, une minute de silence est respectée au siège ainsi que sur toutes les
missions et bases d’ACF dans le monde.
20 août - Action contre la Faim a terminé d’indemniser toutes les familles des victimes.
29 août – La Mission d’observation de la trêve au Sri-Lanka (SLMM) affirme dans un rapport
que « les forces gouvernementales sont largement et de manière constantes considérées
comme responsables » de la mort des 17 employés d’ACF. Le lendemain, le ministre des
Affaires Etrangères sri lankais qualifie ce rapport de « scandaleux ».
ACF prend acte de ces déclarations et rappelle qu’elle souhaite que les auteurs de ce
crime soient identifiés et jugés.
6 septembre – Un mois après la découverte des corps, une cérémonie en hommage aux 17
victimes est organisée dans le campement des Nations unies à Colombo.
Suite à un conseil d’administration exceptionnel, Action contre la Faim décide au vu des
besoins humanitaires dans le pays, des besoins de l’enquête et pour protéger les personnes
impliquées, de rester au Sri Lanka. ACF annonce alors qu’elle réduit de 70 % ses activités au
Sri Lanka pour se concentrer sur les opérations d'urgence.
16 septembre – Les corps de deux victimes sont exhumés à la demande d’Action contre la
Faim pour procéder à de nouvelles autopsies. ACF réclame l’exhumation des autres corps
pour lesquels les familles ont donné leur accord.
9
4 octobre – Une audience de mise en état de l’affaire se tient à Trincomalee. L’enquête est
officiellement ouverte.
6 octobre – Une conférence de presse est organisée au siège d’ACF en souvenir des
victimes et pour demander à ce que toute la lumière soit faite sur ce massacre. Un appel
international signé par 28 ONGs en faveur de l’accès aux populations victimes du conflit est
lancé à l’initiative d’ACF.
17 octobre – Le Directeur général d’ACF se rend à Trincomalee à la veille des exhumations
pour transmettre le soutien de toute l’organisation aux familles des victimes.
18 octobre – Les corps de 9 des 17 victimes du massacre de Muttur sont exhumés à
Trincomalee sur décision du juge en charge de l’affaire, en présence de représentants
d’Action contre la Faim. Les corps sont transportés à Colombo pour une seconde autopsie
en présence d’un expert australien.
6 novembre – 3 mois après le massacre de Muttur, Action contre la Faim reste mobilisée et
organise dans la tradition sri-lankaise une vaste cérémonie d’hommages aux victimes. Toutes
les missions d’Action contre la Faim dans le monde, ainsi que toute la communauté
humanitaire et les Nations Unies sont appelées à observer une minute de silence en leur
mémoire.
Décembre 2006 - Action contre la Faim suite à des évaluations dans plusieurs zones du pays,
ré-ouvre une base dans le district de Batticaloa afin de mener des programmes d’urgence
auprès des déplacés du conflit.
Le district de Batticaloa est l’une des régions les plus affectées par le conflit et qui
compte plus de 75 000 déplacés. Alors que les combats se poursuivent et que l’aide arrive
de manière intermittente, les équipes d’Action contre la Faim mettront en œuvre des
programmes d’urgence dans plusieurs camps de la zone. Ces programmes visent à
apporter ponctuellement de la nourriture, à approvisionner en eau potable et à améliorer
les conditions d’hygiène de près de 10 000 personnes.
10
Ø ACTION CONTRE LA FAIM AU SRI LANKA EN CHIFFRES
BILAN TOTAL DES ACTIVITES D’EAU ET D’ASSAINISSEMENT
Activités dans les 3 bases d’Action contre la Faim au Sri Lanka : Jaffna, Trincomalee et
Batticaloa.
- Latrines, douches, aires de lavage : 2 554
- Points d’eau réhabilités, nettoyés, construits : 3 674
- Approvisionnement en eau potable : environ160 000 litres / jour pour 12 500 personnes
(pour 2005) et 98 000 litres/jour pour 19 795 personnes.
- distributions de kits d’hygiène assorties de formation pour 37 681 personnes bénéficiaires
Nombre total de bénéficiaires des activités d’eau et d’assainissement : environ 100 000
personnes3
BILAN DES PROGRAMMES DE SECURITE ALIMENTAIRE
Activités dans les 3 bases d’Action contre la Faim.
- Distributions de kits d’aide à la reconstruction (outils, ustensiles de nettoyage, ustensiles de
cuisine) : 3 411 kits distribués.
- Distributions liées à la relance d’activités génératrices de revenus (1 506 kits de pêches, 3
441 kits « activités » - charpentiers, menuisiers… - et activités de « travail contre rétribution » :
plus de 20 000 bénéficiaires
- réhabilitation agricole : distributions de semences (riz, tomates, maïs, arachides, piments,
concombres, lentilles…) et d’outils agricoles pour plus de 18 512 bénéficiaires (5 211 kits
distribués). 500 hectares plantés, distribution et plantation de 1 082 arbres fruitiers.
- mise en place de diverses activités ciblées : distribution de bétail à 148 familles,
construction de canaux d’irrigation agricole, …
Nombre total de bénéficiaires des activités de sécurité alimentaire : plus de 65 000
personnes3.
Nombre total de bénéficiaires des programmes d’Action contre la Faim au Sri Lanka :
165 000 personnes3
-
Action contre la Faim au Sri Lanka avant le tsunami
présence depuis 1996 dans le pays auprès des populations déplacées par le conflit
opposant les séparatistes Tamouls au gouvernement dans l’Est du pays :
programmes hydrauliques
programmes de sécurité alimentaire (relance agricole, relance économique…)
3
Chiffre cumulant le nombre total de bénéficiaires pour chaque activité : dans les faits, une seule et même personne peut
être bénéficiaire de plusieurs programmes d’aide.
11
UN CONTEXTE D’INTERVENTION DIFFICILE
Ø
L’avancée des programmes reste liée à l’évolution de certaines problématiques plus
générales, dont est aujourd’hui tributaire le bon déroulement de l’aide sur le terrain.
• Reprise du conflit
Depuis la fin de l'année 2005, la multiplication des accrochages sérieux entre les parties
prenantes remet chaque jour un peu plus en cause le cessez-le-feu conclu en 2002 entre
rebelles Tamouls et gouvernement Sri Lankais. Avec une succession d’accalmies puis de
reprises violentes des combats, la situation est extrêmement tendue au Sri Lanka : de
nombreux massacres ont lieu, les populations fuient par milliers, chacune des parties au
conflit se radicalisent et l’accès aux zones de conflit est de plus en plus problématique pour
les humanitaires. En novembre 2006, on comptait 191 634 personnes4 déplacées dans le
pays. La péninsule de Jaffna est totalement coupée du reste du pays, l’approvisionnement
est extrêmement difficile faisant craindre de lourdes conséquences pour la population
notamment en terme sanitaire et nutritionnel.
L’engrenage de la violence alimentée fait craindre l’émergence d’une crise
humanitaire à grande échelle dans le Nord et l’Est du pays notamment. La plupart des
analystes, comme les populations, sont pessimistes quant à une amélioration de la situation
dans les mois à venir.
•
Radicalisation vis à vis des ONG
Les partis religieux et nationalistes ont pris pour cible les ONG accusées pêle-mêle, de
ne pas être neutres et impartiales, de faire du prosélytisme, de manquer de respect aux us et
coutumes locaux et de ne pas faire mieux pour que la reconstruction avance. Certains
allant même jusqu’à surnommer les ONG les « tigres blancs », en lien avec les Tigres de
Libération de l’Ealam Tamoul, en raison de leur présence principalement dans l’Est et le Nord
du pays – où sont concentrés les besoins les plus forts des populations civiles.
Il est aujourd’hui quasiment impossible pour les ONG d’agir en zone sous contrôle LTTE : le
passage tant des biens que des personnes est refusé.
Dans les zones sous contrôle gouvernemental dans l’Est du pays, les procédures
administratives aux check-points se multiplient afin de mieux contrôler les actions des ONG.
Depuis l’été 2006, chaque travailleur humanitaire doit être en possession d’un permis de
travail extrêmement long à obtenir auquel s’ajoute désormais un permis de circuler. Des
lourdeurs administratives qui contraignent chaque fois un peu plus le travail des ONG au
quotidien.
• La sécurité des acteurs humanitaires
Avec la dégradation du climat politique et social, la gestion de la sécurité des équipes
humanitaires est devenue aussi une priorité. Malgré les lourdes règles de sécurité d’Action
contre la Faim, 17 membres de l’association ont été massacrés à Muttur – perpétrant ainsi
l’acte le plus grave jamais commis à l’encontre de travailleurs humanitaires.
Fin novembre encore, un membre de Terre des Hommes a été tué.
Ces menaces sur la vie du personnel humanitaire local et les entraves à l’accès libre
et direct aux victimes freinent dangereusement les opérations humanitaires alors que la
population a plus que jamais besoin d’aide.
Ainsi se pose la question du non respect du Droit International Humanitaire par les
parties au conflit. Avec la multiplication de cas similaires dans de nombreux pays
d’intervention des ONG, assurer la sécurité des humanitaires est une question majeure et
urgente ; afin de continuer à apporter une aide aux populations vulnérables.
4
source : UNHCR, 03/11/2006.
12
INDONESIE
FAIRE FACE A DE NOUVEAUX ENJEUX
Total des bénéficiaires des programmes d’Action contre la Faim en Indonésie :
environ 171 4094 personnes
Ø PHASE 1 : L’URGENCE de janvier à avril 2005
Sur place le 2 janvier 2005, et après une première phase d’évaluation auprès des
populations sinistrées de la côte ouest d’Aceh, les équipes ont lancé des programmes
d’aide alimentaire, d’eau et d’assainissement à Calang, Lam’no, Teunom, Arrongang et
Samatiga.
•
Dans les premières semaines, une urgence : résoudre les problèmes logistiques pour
apporter une aide aux populations les plus isolées
L’accès à la zone était extrêmement difficile et ne pouvait se faire que par hélicoptère
ou bateau, les routes et les moyens de communication ayant été détruits par le raz de
marée. Face à ces contraintes, Action contre la Faim a décidé de dédier certaines bases
uniquement à la logistique (Medan, Banda Aceh, Meulaboh) afin que les programmes
soient approvisionnés dans les meilleurs délais et de façon continue. Une fois ces difficultés
logistiques surmontées, Action contre la Faim a fermé ses bases de Médan et de Meulaboh.
• Garantir un accès à l’eau et l’assainissement, combler la pénurie alimentaire
Des travaux d’eau et d’assainissement ont été effectués sur toutes les bases. Au total, ce
sont des centaines de latrines, plusieurs dizaines de douches et d’aires de lavage, de puits,
de sources, de forages traditionnels qui ont été nettoyés, réhabilités ou construits. Mises en
place en urgence, ces constructions ont d’abord été faites en matériaux temporaires - mais
rapides à mettre en place-, avant dans un deuxième temps de mettre en place des
solutions permanentes.
Des distributions alimentaires ont également été accomplies dans toutes les zones rurales
et ce, dès la mi-janvier 2005. Le but de ces distributions était de répondre aux besoins
immédiats en nourriture. Les récoltes ayant été dévastées, les routes coupées et les réserves
des populations détruites, il a fallu en urgence combler le manque alimentaire : Près de
300 000 rations alimentaires ont ainsi été distribuées à une moyenne de 82 000 personnes
pendant 4 mois de janvier à avril 2005.
Suite à cette période d’urgence, nos équipes ont organisé la sortie progressive des
activités de distribution alimentaire pour se consacrer, à moyen terme, à des programmes
de réhabilitation ; tout en maintenant une capacité de réaction en cas de crise (constitution
d’un stock d’urgence comprenant des rations alimentaires pour 2000 bénéficiaires).
4
Chiffre cumulant le nombre total de bénéficiaires pour chaque activité : dans les faits, une seule et même personne peut
être bénéficiaire de plusieurs programmes d’aide.
13
Ø PHASE 2 : Depuis avril 2005, vers un retour à l’autonomie alimentaire
•
Garantir des conditions d’hygiène décentes et un accès durable à l’eau
Après avoir construit des structures temporaires dans les camps d’urgence, les équipes
d’hydrauliciens d’Action contre la Faim ont construit de façon durable des latrines, des
douches, des points d’eau, des aires de lavage… pour garantir des conditions décentes
d’hygiène dans les camps de regroupement et dans les zones de retour des déplacés.
•
Réhabiliter l’agriculture pour un retour à l’autosuffisance alimentaire des familles
Le tsunami de décembre 2004 a largement endommagé les outils des agriculteurs et les
surfaces agricoles sur les bandes côtières d’Aceh : appauvrissement des sols, problème de
drainage des eaux, présence de déchets et de branchages, canaux d’irrigation détruits,
taux anormalement élevés de sel et de sédiments dans les sols… Or, à Aceh notamment,
80% de la population était dépendante de l’agriculture : elle constituait la première source
de revenu des ménages avant le tsunami.
Suite aux distributions alimentaires de janvier à avril 2005, la deuxième étape du projet a
consisté à réhabiliter les surfaces agricoles endommagées afin qu’elles soient à nouveau
cultivables. Essentiellement menée à travers des programmes de «travail contre
rétribution5 », cette phase permettait, en outre, aux familles d’avoir une source de revenus
stable (2140 familles bénéficiaires à Aceh). Cette phase n’a été menée que sur 4 mois afin
de ne créer ni dépendance ni confusion quant au rôle des ONG.
Puis, les distributions de semences ont marqué une nouvelle phase du projet sur le chemin
d’un retour à l’autonomie alimentaire et économique des populati ons affectées par le
tsunami. Ces distributions ont été accompagnées tout au long de la saison d’un soutien
technique afin de soutenir les populations et d’améliorer le rendement des champs cultivés.
Par ailleurs, afin d’assurer une réponse toujours plus adaptée aux besoins des
populations, des évaluations de surveillance de la sécurité alimentaire des familles sont
régulièrement menées, ainsi que des programmes de recherche sur la qualité et la
topographie des sols - en partenariat avec ASUR, association liée au CIRAD (Centre de
coopération internationale en recherche agronomique pour le développement).
• Réhabilitation de l’économie familiale : un objectif indispensable mais complexe
Dans le même objectif d’un retour à l’autonomie des familles affectées par le tsunami,
Action contre la Faim a également mis en place un programme de relance des activités
génératrices de revenus.
Ces activités sont de trois types : celles liées à la transformation alimentaire (transformer des
matières premières en nourriture consommable) telle que la fabrication de « martabak », de
« tempe » (sorte de crêpe locale) ou de tofu. Soit, elles sont liées à des métiers de
reconstruction : charpentiers, tailleurs de pierre. Soit, enfin, liées à des activités de service :
barbier, coiffeur, couturier, locations de motos et de vélos… Action contre la Faim a adopté
une approche participative sur ces activités : ce sont les populations qui sont à l’origine des
projets soutenus.
Ces programmes permettent :
- d’améliorer le niveau de vie des foyers en injectant de l’argent directement,
- d’aider au retour des familles dans leur lieu de vie d’origine,
- d’aider les petits commerçants à reprendre leur activité initiale,
- un retour à la dignité et à l’indépendance des familles qui sont plus autonomes,
- de couvrir les besoins de base des familles (nourriture, vêtements, éducation…)
5
littéralement « cash for work » : programme proposant aux personnes les plus vulnérables de réaliser un travail d’intérêt
communautaire (réhabilitation de routes, nettoyage des champs, des rues…) contre une rétribution.
14
Ø PHASE 3 / DEPUIS MAI 2006, AGIR DANS TOUT L’ARCHIPEL INDONESIEN
•
Mise en place d’un processus de sortie de la province d’Aceh
La phase de réhabilitation a laissé place à la reconstruction lourde sur la côte ouest
d’Aceh. Action contre la Faim a poursuivi et est en train de finaliser ses programmes de
relance agricole, de soutien aux activités génératrices de revenus et d’eau et
d’assainissement. Afin d’être sûr que des populations n’ont pas été laissées de côté ou des
besoins oubliés, Action contre la Faim a mené des enquêtes le long de la côte ouest d’Aceh.
Les résultats de ces enquêtes montrent qu’il n’y a plus de besoins dans le mandat6 et les
domaines d’activité d’Action contre la Faim : les besoins sont aujourd’hui dans le domaine
de la construction ou de la reconstruction d’infrastructures lourdes (routes, hôpitaux, …) qui
sont davantage du domaine de l’Etat.
Dans le même temps, avec l’ouverture des zones montagneuses non affectées par le
tsunami mais marquées par 30 ans de conflit, Action contre la Faim a lancé de vastes
enquêtes de sécurité alimentaire et d’eau et assainissement dans ces zones pour évaluer les
besoins potentiels des populations. Les problèmes principaux rencontrés dans ces zones sont
davantage liées à des causes structurelles dues au manque d’investissement dans les
infrastructures publiques ou dans l’amélioration de l’activité économique. Au vu du mandat6
d’Action contre la Faim, la situation des populations dans les zones montagneuses d’Aceh
ne justifiait pas une intervention de l’association.
Les besoins persistant dans la province d’Aceh ne sont donc plus liés à des risques
humanitaires immédiats. Ils nécessitent davantage l’intervention de l’Etat ou des agences
bilatérales internationales.
Suite à ce constat, Action contre la Faim a donc décidé de se retirer progressivement de
la province d’Aceh. Des activités de surveillance et d’impact des programmes réalisés se
poursuivront jusqu’en février 2007, en même temps que la mise en œuvre concrète de la
fermeture des bases de l’association (en terme de ressources humaines, de logistique…)
• Ouverture d’une mission au Timor occidental
La province de NTT (Nusa Tenggara Timur - province indonésienne dont le Timor occidental
fait partie) est constituée de quatre îles principales, Flores, Sumba, Timor et Adonara, et de
plus de 500 petites îles. Elle est la province la plus pauvre d’Indonésie. Ces îles
particulièrement isolées sont soumises à une pauvreté extrême et à une faible présence du
gouvernement central : 30% de la population de la province de NTT vit sous le seuil de
pauvreté et 78% sont dans une situation d’insécurité alimentaire. Une mission exploratoire
pour évaluer les besoins en sécurité alimentaire, en eau et assainissement ainsi qu’en
nutrition a donc eu lieu dans cette région pendant 6 semaines. Suite à cette enquête,
Action contre la Faim a décidé d’intervenir dans la province. Des évaluations plus précises
pour mettre en place les programmes sont actuellement en cours.
6
« Action contre la Faim se fixe pour mission d’intervenir sur le terrain pour sauver des vies et préserver et restaurer la
sécurité alimentaire des populations. » extrait du Projet associatif d’Action contre la Faim
15
•
Limiter les conséquences humaines d’une catastrophe dans l’archipel indonésien
L’archipel indonésien connaît très régulièrement des catastrophes naturelles. Les séismes sur
l’île de Java (mai 2006) et le tsunami qui a touché les côtes sud de Java (juillet 2006) sont
encore une fois le démonstration de l’exposition de l’archipel indonésien aux risques naturels
(séismes, éruptions volcaniques, inondations, tsunami…). Face à ces risques, Action contre la
Faim a mis en place un plan de contingence avec notamment la constitution de stocks
d’urgence (matériel en eau et assainissement, kits de survie, kits d’hygiène, kits de cuisine…)
pour pouvoir répondre en urgence à toutes éventuelles catastrophes.
Par ailleurs, Action contre la Faim met parallèlement en place dans les quartiers pauvres de
Jakarta des programmes de prévention des risques naturels (« disaster prepardness »). Situés
dans les bidonvilles de la capitale, au bord d’un fleuve, ces quartiers sont régulièrement et
gravement inondés. Ces programmes ont pour but de réduire la vulnérabilité des
populations face aux inondations et d’améliorer les capacités de gestion des catastrophes.
Cette problématique de prévention des désastres est plus généralement intégrée à chacun
des programmes en Indonésie. Plus globalement, il s’agit pour les équipes d’Action contre la
Faim de rester extrêmement réactives face aux risques majeurs de catastrophes naturelles
dans tous le pays.
•
Intervenir suite aux catastrophes naturelles
Action contre la Faim est intervenu suite au séisme du 27 mai 2006 dans la région de
Yogjakarta, sur l’île de Java auprès des sinistrés de ce tremblement de terre, ainsi qu’auprès
des sinistrés du tsunami qui a touché le sud de l’île de Java le 18 juillet dernier. 17 tonnes de
biscuits protéinés ont été distribuées à plus de 12 000 familles ainsi que 3 277 kits d’hygiène,
de cuisine et d’outils. Par ailleurs, Action contre la Faim a également distribué 8 800 jerricans,
nettoyé plus de 600 puits et réhabilité ou construit plus de 1000 latrines. Plus 60 000 personnes
ont au total bénéficié de ces programmes.
Les équipes d’Action contre la Faim restent également vigilantes face aux risques liés depuis
plusieurs mois au volcan Mérapi. Avec la constitution d’un stock d’urgence et un plan de
contingence précis, l’association se tient prête à intervenir en urgence sur l’archipel en cas
de crise.
16
Ø ACTION CONTRE LA FAIM EN INDONESIE EN CHIFFRES
BILAN DES ACTIVITES DE SECURITE ALIMENTAIRE
- Distribution alimentaire générale dans 12 zones (Lam’no, Teunom, Arrongang, Krueng Sabe,
Samatiga, Calang…) de rations constituées d’huile, de riz, de poissons, de biscuits et de
nouilles (16 kg par mois, soit pour une ration = 2034,4 Kcal)
286 029 rations ont été distribuées à une moyenne de 82 072 personnes pendant 4 mois.
- 21 631 personnes ont bénéficié des programmes de travail contre rétribution
- 23 116 personnes ont bénéficié de l’implantation des activités génératrices de revenus.
- projet de réhabilitation agricole : 17 000 personnes bénéficiaires. Distributions sur les 3
bases d’Action contre la Faim (côte ouest d’Aceh : Lamno, Calang, Teunom) de 90 tonnes
de semences de riz soit entre 30 et 50 kg par famille et de semences maraîchères (chili,
concombre, aubergine, épinards, arachides). Ces distributions se doublent de distributions
d’outils agricoles : herses, fléaux, faux, pompes à eau… environ 700 hectares ont ainsi été
réhabilités.
- 2 rapports de surveillance de la sécurité alimentaire des familles et 7 newsletter ont été
publiés et diffusés auprès des acteur s sur place (autorités, organisations internationales…)
Nombre total des bénéficiaires des activités de sécurité alimentaire : 143 819 personnes
BILAN DES ACTIVITES D’EAU ET D’ASSAINISSEMENT
Points d’eau réhabilités, construits, nettoyés ou approvisionnés : 1211
Construction de 2 systèmes gravitaires d’approvisionnement en eau
Latrines construites et entretenues : 1043
Douches et aires de lavage construites et entretenues : 247
38 points de distribution d’eau par citerne : 58 500 litres / jour en 2005; puis 30 500 litres par
jour jusqu’en mars 2006
557 sessions de promotion à l’hygiène ont été conduites en lien avec les activités eau et
assainissement ainsi que des formations à la maintenance des installations auprès de
membres des communautés bénéficiaires.
nombre total de bénéficiaires des activités d’eau et d’assainissement : 27 590 personnes.
BILAN DES ACTIVITES DE NUTRITION
Enquête nutritionnelle menée dans le district d’Aceh Jaya sur la côte ouest (65 000
personnes) en partenariat avec l’Unicef et le Ministère de la Santé de janvier à mars 2005.
Action contre la Faim a défini la méthodologie de cette enquête et en a plus précisément
réalisé une sur une zone dans laquelle aucun phénomène de malnutrition nécessitant une
intervention n’a été relevé.
Au total, les équipes d’Action contre la Faim sont venus en aide à environ 171 409 7 Acehnais.
7
Chiffre cumulant le nombre total de bénéficiaires pour chaque activité : dans les faits, une seule et même personne peut
être bénéficiaire de plusieurs programmes d’aide.
17
Ø CONTEXTE HUMANITAIRE : PRUDENCE ET PREVENTION
De la même manière qu’au Sri Lanka, certaines questions transversales guident l’intervention
d’Action contre la Faim sur place et sont révélatrices de la situation humanitaire actuelle
dans la région.
•
Un processus de paix en bonne voie
Le Mouvement Aceh Libre (GAM) et le gouvernement indonésien ont signé un traité de
paix le 15 août 2005 sous la pression de la Communauté Internationale. Un an et demi après
cette signature, la paix semble enfin accessible à cette province profondément marquée
par 30 années de conflit : sur le terrain, la campagne de désarmement du GAM s’est
déroulée sans heurt et la présence de militaire a été considérablement allégée. Les
premières élections locales dans l’histoire de la pr ovince sont actuellement en cours.
Malgré ces éléments positifs, la démobilisation des anciens guérilleros ne va pas sans
problèmes au quotidien. En particulier, et comme souvent en de telles circonstances, la
dissolution des unités combattantes se traduit par une hausse sensible de la criminalité et de
la circulation d’armes.
Le processus de paix a eu pour conséquence positive l’ouverture de zones jusqu’alors
interdites et la multiplication des échanges entre la zone côtière et l’intérieur du pays. Sans
surprise, ce conflit prolongé a porté de graves dommages aux infrastructures
communautaires et à l’appareil productif (agriculture, artisanat…). De façon générale, la
population de ces zones apparaît relativement vulnérable sans pour autant bénéficier de
l’assistance massive des habitants de la côte. Cette situation, perçue comme une injustice,
attise les rivalités communautaires et pose un nouveau défi d’équité. Essentiellement
structurels et loin de l’attention médiatique de la côté, ces problèmes ne doivent pas être
pour autant oubliés des autorités locales et nationales pour développer durablement ces
zones.
•
La nécessaire mise en place d’un système d’alerte précoce
Si le tsunami de décembre 2004 ou le séisme de Yogjakarta ont bien mis en lumière
l’exposition de l’Indonésie aux catastrophes naturelles, le problème est bien plus vaste que
l’occurrence épisodique de désastres.
Situé tout au long de la ceinture de feu du Pacifique, le pays est sujet perpétuellement aux
secousses de moyenne et haute intensité : durant les 5 dernières années, 120 séismes de 6
ou plus sur l’échelle de Richter ont été enregistrés. Les destructions liées aux activités
sismiques ont affectées plus de 3 millions de personnes ces deux dernières années et ont eu
de graves conséquences sur l’activité économique du pays.
Au-delà des séismes, l’Indonésie est également particulièrement sujette aux autres
débordements de la nature : glissements de terrain, feux de forêt, sécheresses,
inondations…. Ces catastrophes sont quasiment à chaque fois meurtrières, destructrices et
source d’une vulnérabilité croissante.
D’un point de vue plus global, si ces événements climatiques sont de plus en plus
nombreux, ils affectent également de plus en plus de monde, du fait de la croissance
démographique et surtout de l’activité humaine. En effet, l’augmentation des glissements de
terrain est liée à la déforestation, les pratiques de culture sur brûlis sont à la source de
nombre de feux de forêts et l’urbanisation non réfléchie des zones péri-urbaines a un impact
direct sur l’intensité des inondations.
Action contre la Faim soutient techniquement les autorités locales dans leurs efforts pour la
prévention des désastres : peu de choses sont faites en amont pour anticiper et mitiger les
effets des potentielles catastrophes et les responsabilités de chaque institution dans la
gestion de ces catastrophes sont encore assez floues, malgré les promesses faites après le
tsunami.
18
•
Les effets pervers de l’assistance
2 ans après le tsunami, l’aide extérieure joue encore un rôle prépondérant dans la vie
des Acehnais : 95% des foyers interviewés en mai et juin 2006 par l’équipe de surveillance de
la sécurité alimentaire d’Action contre la Faim, recevaient de la nourriture, des biens nonalimentaires, des services, de l’argent et du soutien pour les activités agricoles. Cette
gigantesque aide extérieure a causé une forte dépendance des populations envers les
organisations humanitaires : la nourriture est fournie à travers les distributions alimentaires,
l’activité économique est relancé à travers les distributions d’argent et de kits d’outils, des
distributions d’eau ont toujours lieu… Bien que la présence du gouvernement augmente peu
à peu, la vie entière des communautés dépend des organisations humanitaires.
Ce système peut être extrêmement pervers à long terme : les populations préfèrent
recevoir la nourriture du Programme Alimentaire Mondial plutôt que cultiver leur champs
(dont ils ne verront les bénéfices que 3 mois après), beaucoup abandonnent l’activité
agricole (qui était auparavant le premier secteur d’activité) pour ouvrir une petite affaire à
l’aide des ONG - au risque de saturer le marché ou pour travailler dans le secteur de la
reconstruction -dont les possibilités d’emplois ne seront pas éternelles.
Aujourd’hui, les besoins dans le secteur de la reconstruction, notamment des
infrastructures, sont encore importants et certaines organisations ont prévu de rester encore
au moins 4 ans. Si ce système économique lié aux organisations humanitaires est donc
encore viable pour quelques années, il accroît la dépendance des populations et peut ne
pas être durable à long terme.
19
BILAN 2 ANS APRES :
QUELLE UTILISATION DES FONDS COLLECTES ?
Le nombre de victimes, l’immensité des dégâts, l’étendue des zones touchées et le relais
médiatique sans précédent générés par le tremblement de terre et les tsunamis du 26
décembre 2004 dans l’Océan Indien ont provoqué un élan de générosité lui-même sans
précédent. A la fois touchée et reconnaissante de la confiance des donateurs lors de cette
crise, l’association souhaite encore une fois les remercier de leur engagement.
Le principe de l’affectation « a priori » des dons est une mesure exceptionnelle décidée car
l’ampleur des fonds récoltés nous le permettait. En règle générale, tous les dons reçus de nos
donateurs particuliers ne sont affectés qu’a posteriori à un pays en particulier.
Sont affectés au tsunami :
- Les dons reçus par Internet entre le 27 décembre 2004 et le 31 janvier 2005 ;
- Les dons reçus spontanément par courrier avec une référence à la «crise Asie » ou au
tsunami (sur l’enveloppe, le chèque ou un courrier d’accompagnement);
- Les dons des entreprises qui ont spécifié une demande d’affectation sur le Tsunami ou
l’Asie
- Les dons collectés par les autres sièges du réseau dans le cadre du Tsunami
Ø BILAN DES FONDS COLLECTES
17.2 millions d’euros ont été collectés et Action contre la Faim a dépensé 14.4 millions
d’euros pour l’Indonésie et le Sri Lanka au 30 septembre 2006
Provenance des 17,2 M€ disponibles
Réseau ACF
International
10%
Dons des
particuliers
33%
Financements
institutionnels
30%
Financements
entreprises
27%
20
Ø
DEPENSES : des fonds utilisés pour lutter contre la faim
L’élan de générosité exceptionnel provoqué par le tsunami nous a permis de mettre en
œuvre des programmes ciblés pour assister les populations sinistrées d’Asie. Ces dons ont été
et sont toujours utilisés à travers des programmes d’urgence, de réhabilitation et de retour à
l’autonomie alimentaire des populations.
Les dépenses liées aux missions sociales incluent toutes les personnes et moyens qui
participent sur le terrain et au siège à la réalisation des programmes sur le terrain.
21
AVANT, PENDANT ET APRES LE TSUNAMI
UNE GESTION TRANSPARENTE ASSUREE PAR DE SOLIDES GARANTIES
DES GARANTIES INTERNES…
La Charte d’intervention d’Action contre la Faim exprime clairement que toute intervention
nécessite un accès libre et direct aux victimes. Le respect en toutes circonstances de ce
principe permet à l’association de toujours contrôler l’aide qu’elle apporte et de savoir
avec certitude qu’elle ne bénéficie qu’aux plus vulnérables.
Action contre la Faim n’a pas attendu la crise en Asie pour avoir des organes de contrôle
solides. Administrateurs sur le terrain, gestionnaires de mission au siège, direction financière et
conseil d’administration contrôlent les budgets de l’association. Aucun fond ne peut être
engagé sans validation des services du siège.
Dans le cadre de son intervention suite au tsunami et devant l’importance, tant des fonds
récoltés que des programmes développés sur place, Action contre la Faim a recruté
spécifiquement au siège un logisticien (chargé du contrôle de la qualité, des achats, …), un
gestionnaire de mission (contrôle de gestion des missions) et un responsable du suivi des
programmes en charge du suivi des missions en Indonésie et au Sri Lanka. Tous ont effectué
un contrôle régulier du siège et se sont rendus fréquemment sur place.
… ET EXTERNES
• Action contre la Faim est une association Loi 1901 reconnue d'Utilité Publique, label délivré
par le Conseil d'État. A ce titre, Action contre la Faim doit transmettre ses comptes annuels
au Ministère de l'Intérieur et au Ministère des Affaires Étrangères.
• Action contre la Faim est membre du Comité de la Charte de déontologie des
organisations sociales et humanitaires faisant appel à la générosité du public. Cet
organisme de surveillance rassemble des associations et fondations françaises qui ont en
commun le respect d'une série de principes déontologiques gouvernant rigueur budgétaire
et transparence des comptes.
• Des commissaires aux comptes indépendants garantissent chaque année la rigueur de
notre gestion et la transparence de nos comptes, publiés chaque année.
• Les grands bailleurs de fonds institutionnels internationaux (ECHO, USAID) exercent un
contrôle permanent sur nos comptes, au siège comme sur le terrain. Ainsi, tout contrat signé
avec USAID est audité et depuis juillet 2005, ECHO procède à un audit complet des
procédures d’Action contre la Faim et de 25 contrats signés avec eux.
• Action contre la Faim, comme beaucoup de structures ayant reçues des dons suite au
tsunami a été auditée par la Cour des Comptes et l'IGAS (Inspection Générale des Affaires
Sociales).
La confiance de nos partenaires institutionnels
Pour être efficace et reconnue, une organisation humanitaire ne travaille jamais de façon
isolée. Divers institutions et agences, aussi bien nationales qu'internationales soutiennent les
programmes d’Action contre la Faim. Durant l’année 2004, nous avons ainsi travaillé avec :
• l' Union européenne (38,4 % des ressources de l’association), notamment à travers ECHO
(l'Office Humanitaire de la Communauté Européenne).
• OFDA/USAID : l'Agence pour l’aide humanitaire des Etats-Unis (10,9 % des ressources)
• les Agences des Nations unies (HCR, PNUD, UNICEF, PAM ...)
• le gouvernement français, à travers les ministères de la Coopération, des Affaires
Etrangères ainsi que la Délégation à l'action humanitaire (moins de 5%)
• des Agences de coopération nationales, notamment européennes.
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