UN CHEVAL NOMME GASPARD Quel nom bizarre direz
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UN CHEVAL NOMME GASPARD Quel nom bizarre direz
UN CHEVAL NOMME GASPARD Quel nom bizarre direz-vous ? C’est vrai, mais lorsque vous saurez d’où il vient, vous verrez que la vie elle-même est parfois bizarre. Ce n’est pas mon patron qui me l’a donné, mais une bande de jeunes adolescents lors d’un séjour de vacances. Je n’ai jamais su pourquoi GASPARD plutôt que TONNERRE ou EMIR. Le hasard sans doute, comme la rencontre avec GDK. Prenez l’habitude de ces initiales, car c’est comme cela que l’on appelle mon patron. Pour en revenir à mon nom de cheval, c’est d’autant plus inadapté qu’à la base, je suis espagnol. Pas un Andalou ou pure race, non. Un simple cheval espagnol, vivant sur la frontière, avec une mère fleur de prairie (espagnole) et un père incertain mais entier. A cette époque, les papiers n’étaient pas obligatoires, et notre lignée était plus que floue. On peut dire que toute ma vie est placée sous le signe du hasard. GDK dirait certainement que c’est davantage dû au principe du chaos qu’à celui du hasard mais bon, j’aurai l’occasion de vous expliquer son point de vue une autre fois. Comment expliquer, sinon, que j’atterrisse un jour de juin 1982 dans ce petit ranch de Camargue, appelé ‘‘Les Trois Cloches’’ ? D’autant que le loueur de chevaux qui m’y a amené, en compagnie de 20 autres jeunes chevaux, devait en déposer dans ce ranch et dans d’autres ailleurs. Vous voyez donc que le fait que je reste à Laverune, petit village du sud de la France, n’était pas écrit. En plus, je n’étais pas un cheval facile, mais peureux, irritable, nerveux, sans respect pour les humains qui, jusque là, ne m’avaient fait que du mal. Et puis j’avais déjà très mauvais caractère. En fait, toute l’histoire commence par l’idée de GDK et de son ami Miguel (de Tours), de mettre en place des randonnées équestres et d’arrêter les séjours ‘‘cheval’’ en fixe. Cela faisait plusieurs années que l’un et l’autre animaient des « colos» de jeunes, avec des thèmes différents, les derniers en date en 1981 et 1982, dans ce ranch. Ca ne bougeait pas assez, c’était trop traditionnel, et à cette époque le tourisme équestre n’existait pas. Miguel n’y connaissait rien (ou presque) aux chevaux, et GDK était cavalier plutôt classique. Mais cela n’empêche pas les idées d’avancer. Ils ont travaillé toute l’année et le projet a été accepté : Il s’agissait d’une randonnée équestre en Camargue. Je vous raconterai cette épopée, car c’en fut une, dans un deuxième tome. GDK et Miguel se sont rendus sur place pour préparer cette super randonnée, et c’est comme cela qu’ils ont écrit mon histoire, celle qui a véritablement commencé en 1979, dans les montagnes pyrénéennes. 1981. Mon futur patron GDK est directeur de centres de vacances. En fait, il fait ce boulot depuis qu’il est sorti d’une grande école d’animateur socioculturel, dirigée par l’Union Française des Centres de Vacances (UFCV). Cela se passait près de Meaux, dans un village appelé Fublaines. Après des années de divers métiers, de peintre en bâtiment à restaurateur, en passant par chanteur guitariste, une espèce de prise de conscience en 1979 fit qu’il abandonna tout ce qu’il avait pour repartir à l’école. En fait on devrait dire « partir » à l’école, car il n’avait alors en poche que le certificat d’études primaires et des CAP de peintre en bâtiment. Et là, sa vie a basculé. Il savait bien que ce qui le passionnait, c’était les gens, les autres, et pas l’argent, ni le travail, ni les affaires. Alors, cette école l’a transformé. Evidemment il a « morflé », souffert de se rendre compte qu’il n’était pas ce qu’il croyait être. L’animation professionnelle, c’est de la psychologie, de la sociologie, de l’analyse, de l’échange, de la politique… Tout ce qu’il n’avait jamais fait. Occupé jusqu’ici par lui et seulement par lui-même, il lui a fallu attendre toutes ces années pour commencer à se rendre compte qu’il existait autre chose que son nombril. Il a compris qu’il ne serait jamais comme les autres, que sa vie serait parallèle, marginale. Il est revenu à la vie « civile » complètement changé, avec dans sa poche un diplôme important, le DEFA (Diplôme d’Etat aux Fonctions d’Animateur). Il a également compris qu’il ne pourrait pas travailler dans des instituts, des endroits fermés, avec un patron sur le dos. Le voilà donc parti pour s’occuper de centres de vacances, de façon saisonnière. On ne doit pas passer sous silence que le GDK en question faisait du cheval, enfin de l’équitation, depuis très longtemps. Il a commencé chez un de ses amis, près de Bordeaux, dans un ranch appelé Romainville. Le ranch est devenu un centre équestre plus tard, et l’amitié avec le moniteur, Yvan COTT n’a jamais cessé. Il a fait de la chasse à courre chez un certain Pierre DESSON à Lubec, du saut d’obstacles à Gradignan, il a passé des degrés, car à cette époque, les examens n’étaient pas des galops, mais des degrés. Tout ceci pour que l’on comprenne bien pourquoi un jour, GDK et moi on s’est rencontrés. Au cours d’un séjour dans un centre avec des jeunes, aux environs d’Uzès, il a repris contact avec le cheval, qu’il avait abandonné depuis quelques années. L’année suivante, avec une association parisienne, il se retrouve dans ce ranch, à Laverune, petit village près de Montpellier. Il s’agit d’un séjour en fixe, avec des ados, et avec le cheval comme activité principale, mais pas exclusive. Premier séjour super, a t’il dit. Il s’entend bien avec le patron du ranch, avec ses fils également. Finalement, cela se passe très bien, d’autant que les chevaux, pour la plupart, appartiennent au ranch, et les autres sont dressés. Promenades à cheval, mais aussi à vélo, la colo est une réussite. A tel point qu’il y reste un peu plus longtemps et qu’il revient dans l’année pour aider le patron dans des travaux. Dans cette colo, il est secondé par son ami « Miguel » de Tours, moins bon cavalier sans doute, mais un randonneur indianiste. Les voilà donc en train d’imaginer non pas un camp fixe, mais une randonnée à cheval. Il en parle au patron du ranch, puis au responsable de l’association organisatrice. Finalement, c’est d’accord. A eux deux de créer cette nouvelle activité équestre pour l’année qui suit en compagnie de Jo qui maîtrise l’environnement social. Nous sommes donc en 1981. Toute l’année, ils travaillent sur ce projet, reviennent à Laverune pour mettre en place cette randonnée, longue de presque 3 semaines. Heureux les simples d’esprit, le royaume des cieux leur appartient. Ils étaient des novices, mais qui pouvait les arrêter ? Miguel s’y connaissait assez en orientation, GDK montait bien à cheval. Les chevaux devaient être dressés et une accompagnatrice expérimentée attachée au ranch devait les accompagner, il semblait qu’il ne devait y avoir aucun problème. La suite des événements devait mettre un bémol à cette histoire idyllique.