Vol. 22, No. 9 -Contraception urgence

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Vol. 22, No. 9 -Contraception urgence
Juin 2013
Vol. 22, no 9
LA CONTRACEPTION D’URGENCE
INTRODUCTION
Toute femme en âge de procréer peut, un jour, avoir besoin de contraception d’urgence
afin d’éviter une grossesse non désirée. Il y a deux types de contraception d’urgence : la
contraception orale, communément appelée « pilule du lendemain », et le stérilet
d’urgence. Bien que disponible au Canada depuis près de 30 ans, environ une femme
sur deux seulement connaît l’existence de la contraception orale d’urgence (COU).
Beaucoup de mythes persistent autour de son utilisation, dont celui de son efficacité
limitée aux 24 premières heures post relation, ou celui d’une éventuelle tératogénicité en
cas de grossesse. De plus, de nombreuses études démontrent que faciliter l’accès à la
COU n’augmente pas les relations sexuelles non protégées, tant chez les adolescentes
que les femmes adultes.
ÉTAT DE LA SITUATION
Selon une enquête réalisée en 2010 auprès d’étudiants de dix collèges du Québec par
le Centre d’Études sur les conditions de vie des besoins de la population (ÉCOBESRecherche et transport), 11,5 % des cégépiennes des trois constituantes du Cégep
régional de Lanaudière, soit Joliette, Terrebonne et L’Assomption, avaient utilisé la
contraception orale d’urgence au cours de la dernière année.
Les échecs contraceptifs, le problème d’accessibilité à la contraception et la sousutilisation de la contraception d’urgence sont les trois causes les plus importantes du
nombre élevé d’interruptions volontaires de grossesse (IVG). Malheureusement, les
médecins ne donnent souvent ni prescription ni conseils sur la contraception orale
d’urgence et le stérilet d’urgence lors des visites médicales et de la prescription d’un
moyen contraceptif. Et pourtant, la majorité des grossesses chez les jeunes femmes de
moins de 20 ans se terminent par une IVG.
Dans la région de Lanaudière, les chiffres sont assez éloquents. En effet, depuis la
période 1998-2000, les taux d’IVG sont à la hausse chez tous les groupes d’âge,
excepté chez les 14-17 ans. Cependant, les différences ne sont statistiquement
significatives que pour les 30-34 ans et les 35-49 ans. Cette tendance ne s’observe pas
nécessairement pour l’ensemble du Québec.
Dans Lanaudière, en 2011, il y a eu 32 interruptions volontaires de grossesse pour 100
naissances.
Taux d’interruption volontaire de grossesse, selon le groupe d’âge, pour 1 000 femmes,
Lanaudière, années 1998-2000 et 2007-2009
40
35
39,4
36,1
36,8
35,4
30
26,2
25
18-19 ans
24,6
20-24 ans
20
15
14-17 ans
18,6
14,1
30-34 ans
13,0
10
25-29 ans
5
11,0
35-49 ans
3,9
3,1
0
1998-2000
2007-2009
Note : Les IVG chez les femmes de moins de 14 ans sont incluses dans le groupe d’âge 14-17 ans et les IVG chez les
femmes de 50 ans et plus sont incluses dans le groupe d’âge 35-49 ans.
Source : INSPQ, Infocentre de santé publique, octobre 2012.
CE QUI EXISTE
La contraception orale d’urgence (COU)
Le Plan B consiste en 1 co de Lévonorgestrel q 12 heures ou une double dose en une
seule fois. La méthode Yuzpe (Ovral 2 co q 12 h), ou une combinaison de différents
contraceptifs oraux existants, peut aussi être utilisée, mais est dépassée en raison des
nombreux effets secondaires comme les nausées et les vomissements. On privilégie
donc nettement le Plan B. Le taux d’échec, c’est-à-dire le pourcentage de femmes qui
se retrouvent enceintes malgré le traitement, est plus élevé pour les utilisatrices de
l’Ovral : 3,2 % versus 1,1 % avec le Plan B. De plus, le Plan B est efficace plus
longtemps après la relation non protégée. Le calcul du nombre de grossesses qui
auraient pu avoir lieu si aucun traitement n’avait été pris a montré que le Plan B a évité
85 % des grossesses contre 57 % avec l’Ovral.
La COU peut être prise dans les cinq jours (120 heures) suivant la relation sexuelle. Les
pourcentages d’efficacité du Plan B sont :
95 % si pris dans les 24 heures,
85 % si pris dans les 24-48 heures,
61 % si pris dans les 48-72 heures.
Il demeure une certaine efficacité dans les 72-120 heures suivant une relation sexuelle
non ou mal protégée.
La seule contre-indication à la prise du Plan B est la grossesse prouvée, la
contraception d’urgence n’étant pas un abortif. Il est important de recommander un test
de grossesse 21 jours après l’utilisation de la COU s’il n’y a pas de menstruations. Il est
à noter que la COU est moins efficace chez les femmes qui ne prennent pas le
traitement tel qu’indiqué et chez celles ayant des rapports sexuels non protégés APRÈS
l’avoir pris au cours du même cycle.
Il est important de ne pas confondre la COU avec les médicaments oraux abortifs
comme le Méthotrexate. Ceux-ci, contrairement à la contraception d’urgence, agissent
APRÈS le début de la grossesse.
Le stérilet d’urgence
Le stérilet d’urgence peut être installé dans les sept jours après une relation sexuelle
non ou mal protégée. Il s’agit du stérilet de cuivre. Il a l’avantage d’être un excellent
moyen de contraception par la suite si la patiente désire le garder. Le stérilet Mirena n’a
pas encore cette indication. Le stérilet d’urgence a une efficacité de 98,7 %, donc
supérieure à celle de la COU.
RECOMMANDATIONS
Évaluer
 Demeurer toujours vigilant concernant les relations sexuelles chez les adolescentes,
questionner celles-ci ouvertement sur le sujet.
 Discuter de contraception d’urgence lors des visites de routine, de demande et de
suivi de contraception.
 Vérifier l’observance contraceptive au cours des dernières semaines et le nombre
d’incidents contraceptifs lors du dernier mois.
 Ne pas oublier que l’examen gynécologique n’est pas nécessaire lors de la
prescription de la COU.
Conseiller
 Défaire certains mythes associés à la COU : 1) les effets secondaires sont minimes
et très rares, 2) ce n’est pas une pilule abortive et 3) elle peut être prise jusqu’à cinq
jours après une relation.
 Rappeler aux femmes que l’utilisation du condom est souhaitable s’il y a des risques
d’infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS) ou des erreurs de
contraception en cours de cycle.
Aider
 Donner une prescription de Plan B en cas d’accident contraceptif serait l’idéal pour
toutes les femmes ayant une vie sexuelle active.
 Penser au stérilet de cuivre comme moyen de contraception d’urgence efficace, qui
agit jusqu’à sept jours après une relation sexuelle non ou mal protégée.
 Se rappeler que toutes les formes de COU peuvent être prescrites aux femmes,
même à celles qui ont une contre-indication aux contraceptifs oraux combinés.
RÉFÉRENCES
AGENCE DE LA SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX DE LANAUDIÈRE. Système
Lanaudois d'Information et d'Analyse (SYLIA). Joliette, ASSS de Lanaudière, Direction
de santé publique, Service de surveillance, recherche et évaluation. Page consultée en
juin 2013 : http://www.agencelanaudiere.qc.ca/sylia/Pages/Statistiques.aspx.
BELLEHUMEUR, Patrick. « Différences filles-garçons chez les cégépiens : santé et
habitudes de vie », On surveille pour vous. Bulletin d’information lanaudois, numéro 19,
mars 2013, 2 p,
BERNATCHEZ, M et J BÉRUBÉ. Étude sur le degré de connaissance de la population
étudiante et des femmes de 20 à 45 ans, mars 2000.
CMAJ Media Inc. or its licensors. « La contraception d’urgence derrière le comptoir ».
Canadian Medical Association Journal, Vol. 172, no 7, Éditorial du 29 mars 2005.
COMMITTEE ON ADOLESCENCE. « Emergency Contraception », Pediatrics : Official
Journal of the American Academy of Pediatrics, décembre 2012.
DUNN, S et É GUILBERT. Directive clinique de la SOGC no 280, Contraception
d’urgence, septembre 2012 (remplace la directive no 131 d’août 2003).
FITZPATRICK, E et B WALTON-MOSS. « Barriers to emergency contraception for
adolescents », The journal for nurse practitioners, avril 2011.
KATZMAN, DK et D TADDEO. La contraception d’urgence, Société canadienne de
pédiatrie, Comité de santé de l’adolescent, 1er août 2010.
RABIN, RC. « Teenagers and the morning after pill », The New York Times Health and
Science, décembre 2012.
Publication : Direction de santé publique (DSP), Agence de la santé et des services sociaux de Lanaudière (ASSSL)
Responsable de la publication : Dalal Badlissi, Md, MSc, FRCPC santé publique et médecine préventive, service de
prévention et promotion
Rédaction : Sophie Mazur, Md, service de prévention et promotion
Mise en pages : Josée Charron, service de prévention et promotion
Comité de lecture : Ginette Lampron, coordonnatrice, Dalal Badlissi, médecin conseil, Marie-Andrée Bossé, agente de
planification, de programmation et de recherche, André Guillemette, agent de planification, de programmation et de
recherche
La version PDF de ce document est disponible à la section
Santé publique, dans la rubrique Documentation sous l’onglet Professionnels de la santé du site de l’Agence au :
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© Agence de la santé et des services sociaux de Lanaudière, 2013
Dépôt légal : 2e trimestre 2013
ISSN : 1718-9497 (imprimé)
ISSN : 1920-2555 (en ligne)
Bibliothèque et Archives nationales du Québec