STRUCTURES DE PRECOLLECTE DES DECHETS SOLIDES (SPD

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STRUCTURES DE PRECOLLECTE DES DECHETS SOLIDES (SPD
Note de capitalisation du programme de
recherche sur les déchets solides dans les
villes africaines (1996 –1999)
STRUCTURES DE PRECOLLECTE DES DECHETS
SOLIDES (SPD) DANS LES VILLES DE
OUAGADOUGOU ET COTONOU :
Comment consolider leur rôle et place dans les plans de
gestion des déchets qui se mettent en place
Paul Bayili, chargé de programme Alter Ego
Ouagadougou
Novembre 2000
1
Avant Propos
Les villes d’Afrique subsahariennes sont engagées depuis quelques années dans
un processus de réflexion et d’études en vue de définir des schéma directeurs ou
des plans de gestion des déchets. Ceux-ci visent une amélioration de la gestion
des déchets solides à travers une organisation intégrée des actions et la définition
de cadres financiers, institutionnel et réglementaire adapté aux réalités locales.
Cotonou a dans ce cadre élaboré avec l’appui de l’ACDI et du bureau d’étude
DESSAU un schéma directeur en 1996 et Ouagadougou est engagée dans ce
même processus depuis 1996. Grâce à un financement de la Banque Mondiale, le
bureau d’étude DESSAU-SOPRIN mène actuellement dans cette ville une étude
pour définir un schéma directeur de gestion des déchets, dont le rapport provisoire
a été déposé en Août 2000. Ces plans proposent une organisation qui comprend
trois (03) principales étapes :
•
La précollecte, assurée par les opérateurs privés et les associations et le
déversement dans des bennes localisées dans des centres de collectes
aménagés. A cet effet, tout le territoire de la commune est découpée en zones
de précollecte afin d’optimiser le travail des précollecteurs.
•
Les bennes remplies sont transportées sous la responsabilité du gestionnaire
du centre d’enfouissement technique (CET) jusqu’au CET pour les y vider.
•
Au CET, une partie des déchets est immédiatement enfouie dans les cellules.
L’autre partie est acheminée sur une plate forme pour le compostage.
Si les deux dernières étapes du plan sont facile à maîtriser d’un point de vue
technique, il en est autrement de l’étape de la précollecte qui nécessite un effort
d’organisation et d’appui important. En effet, dans les deux villes, les structures de
précollecte n’évacuent que le 20% de l’ensemble des déchets produits, alors que
les plans prévoyent qu’ils en évacuent le 80%.
Ainsi, améliorer la gestion des déchets passe immanquablement par une maîtrise
de cette étape complexe et proche des ménages.
2
INTRODUCTION
L’émergence et la floraison des structures de précollecte des déchets (SPD) et la
multiplication des initiatives de proximité pour l’amélioration des conditions et du
cadre de vie constituent actuellement un phénomène politique, économique et
social majeur dans la gestion des villes africaines, ces dix (10) dernières années.
En effet, dans la quasi totalité des villes d’Afrique subsahariennes, des initiatives
se sont développées dans les quartiers défavorisés, avec l’appui d’organismes
pour créer des caisses d’épargne crédit, construire des infrastructures socioéducatives ou assurer la collecte et l’élimination des ordures ménagères.
Ces initiatives constituent dans bon nombre de cas, des tentatives de réponses à
la dégradation des conditions de vie et à l’incapacité des structures étatiques et
municipales d’assurer un fonctionnement correct et régulier des services publics et
des équipements urbains ( SOUMARE, PDM 1994).
La ville de Ouagadougou au Burkina Faso et celle de Cotonou au Bénin illustrent
bien de cette nouvelle évolution. En effet le nombre des structures non
gouvernementales (SNG) communautaires et privées intervenant dans la
précollecte et la valorisation des ordures ménagères est passé entre 1991 et 1998
de deux (02) à vingt (20) pour Ouagadougou et de dix (10) à plus de cinquante
(50) pour Cotonou. Cet accroissement montre la place de plus en plus importante
qu’elles occupent dans l’assainissement urbain.
C’est dans ce contexte que le programme FNRS ALTER EGO a lancé une
recherche action sur la problématique de la gestion et de la valorisation des
déchets solides urbains dans les deux (02) villes. Ce travail de recherche s’est
particulièrement intéressé aux structures de précollecte des déchets afin de
renforcer leur capacité d’intervention et partant améliorer les conditions de
salubrité des quartiers populaires et périurbains qui ne sont couverts ni par les
services techniques municipaux, ni par les grandes entreprises privées.
Le programme s’est attelé à travers des études et un appui accompagnement a
améliorer l’organisation interne des SNG, leur ancrage social et culturel, leur
3
capacité de gestion technique et financière et le développement d’un partenariat
durable avec les autres acteurs du secteur en particulier les services techniques et
les autorités municipales.
Les lignes qui suivent constituent un résumé des leçons et conclusions du travail
mené dans les deux (02) villes. Notre souhait est qu’il puisse servir de guide aux
intervenants dans le secteur de l’assainissement, qui pour mieux structurer sa
SNG, qui pour mieux orienté son appui à l’endroit des SNG, tout cela avec comme
objectif d’optimiser leurs interventions dans l’assainissement des quartiers partant
améliorer le cadre et les conditions de vie dans les centres urbains.
1. Les structures de précollecte : condition d’émergence et catégorisation
selon la logique d’intervention
1.1. A l’origine, la crise économique
Les années 1980 marque une étape critique dans l’évolution économique des
villes africaines. Après vingt années d’expansion, la chute vertigineuse des cours
des matières premières entraînent une réduction drastique des ressources
financières.
Les prévisions budgétaires sont revues à la baisse. Le service de collecte des
déchets voit ses dotations réduites et n’est plus assuré que dans les quartiers
administratifs et résidentiels. Les conditions sanitaires et environnementales se
dégradent dans la plupart des quartiers populaires.
Parallèlement, la crise a des conséquences sociales importantes notamment dans
le domaine de l’emploi. L’Etat le principal pourvoyeur d’emploi recrute peu et
parfois procède à des licenciements. Les premiers étudiants sans emplois font
leur apparition sur le marché du travail.
Les jeunes sans emplois vont investir le secteur des déchets pour créer les
premières micro-entreprises. Ils interviennent essentiellement chez les usagers
qui peuvent s’acquitter d’une redevance. Nombre de quartiers populaires sont
4
toujours exclus du service. Des ONG nationales et internationales vont susciter
l’émergence
d’initiatives
communautaires,
comme
PrAPE
à
Cotonou
et
Laguemyam à Ouagadougou pour les jeunes et les femmes sans emploi.
Tableau 1 Emergence des structures de précollecte
Crise économique des années
1980.
Réductions budgétaires
Réduction services de
collecte des déchets: Crise
environnementale
Crise de l'emploi
chômage
Développement d'initiatives
pour améliorer la situation
environnementale des
quartiers et resorber le
chômage
Création de SPD
communautaire avec l'appui
des ONG dans les quartiers
pauvres
Création de micro entreprises
qui interviennent auprès des
ménages qui peuvent s'acquitter
d'une redevance
1.2 catégorisation selon la logique d’intervention
Les structures de précollecte peuvent être regroupées en deux (02) grandes
catégories suivant les logiques d’intervention. On peut ainsi distinguer :
-
Les structures non gouvernementales marquées par une logique sociale,
communautaire et environnementale.
-
Les micro entreprises privées dominées par une logique commerciale et de
recherche du profit.
5
1.2.1 Les structures de précollecte avec une logique communautaire
Les appellations utilisées pour désigner les structures non gouvernementales
varient d’un pays à un autre. Au Mali on parle de Groupement d’Intérêt
Economique
(GIE).
Au
Bénin
on
rencontre
plus
des
Structures
Non
Gouvernementales (SNG) tandis que qu’au Burkina Faso on a plutôt des
associations et des coopératives.
Sans entrer dans une polémique sur les points communs et les différences entre
ces structures, on peut rappeler que leur émergence est intimement liée à la mise
en œuvre des approches de participation communautaire, développement
communautaire ou encore développement participatif. Ces différentes approches
s’inscrivent dans le cadre d’une stratégie ascendante qui vise l’implication des
populations à la base dans les décisions visant l’amélioration de leur conditions de
vies. Elles tirent leur fondement du fait que les individus sont plus motivés au sein
des communautés réduites à se prendre en charge en participant aux décisions,
aux partages des coûts et au contrôle (Guène et al, 1999).
Le concept de communauté recouvre différentes définitions selon les auteurs.
Nous allons retenir trois (03) d’entre elles qui semblent bien camper le concept
(Guène et al, 1999). La première conçoit la communauté comme un groupe
d’individus vivant dans un même espace géographique, partageant les mêmes
valeurs de base et la même organisation sociale. Cette définition renvoie plus aux
communautés villageoises traditionnelles où les habitants partagent la même
langue, culture, religion etc… Elle ne correspond pas à la réalité urbaine marquée
par des populations qui viennent d’horizon géographiques, ethniques et culturels
différents.
La deuxième définition traduit la communauté comme étant un groupe d’individus
ayant les mêmes intérêts. Cette définition apparaît très vague et ne permet pas de
bien cerner la notion de communauté en zone urbaine.
Quant à la troisième et dernière définition, elle fait référence à la santé publique et
est relative à une population cible ou groupe cible à risque homogène par rapport
à des caractéristiques données. Cette dernière définition bien que vague est plus
6
proche de la réalité dans les centres urbains notamment dans le cas des risques
liés à l’insalubrité.
Les SPD communautaires dans les deux villes ont été mises en place avec l’appui
des ONG internationales et locales. On en dénombre dix neuf (19) à Cotonou et
six (06) à Ouagadougou.
TABLEAU DES SPD COMMUNAUTAIRES
Villes
Nombre
Nombre de
Nombre de
Nombre
charrettes
tracteurs
d’abonnés
Cotonou
19
63
7
8332
Ouagadougou
6
39
-
2677
Les projets PrPAPE à Cotonou et Laguemyam à Ouagadougou font ressortir bien
le cheminement de mise en place et les principales caractéristiques de ce type de
SPD.
-
Le projet PRAPE à Cotonou
Tout commence avec la construction de l’Hôpital Bethesda par l’église protestante
en 1990 dans la communauté de Sainte Rita. Cette petite communauté s’étend
sur trois (03) Km² et compte environ 36 453 habitants. Elle abrite de nombreuses
zones marécageuses et les habitants partagent les mêmes problèmes liés à :
-
L’insalubrité par le jet des ordures ménagères dans les bas fonds,
-
Les inondations en saison pluvieuse,
-
La multiplication des germes microbiens surtout des mouches et anophèles
vecteurs de parasitoses et du paludisme,
-
Le niveau de vie globalement bas,
-
La faible mobilisation des populations pour la prise en charge de
l’assainissement.
7
Pour améliorer la situation sanitaire des populations, Béthesda et la commune de
Sainte Rita ont mis en place le Projet Assainissement et Protection de
l’Environnement (Pr.A.P.E.). Le projet adopte une démarche participative et
communautaire. Durant dix sept (17) mois des actions de sensibilisation sont
entreprises à travers des visites de domiciles, des rencontres dans les écoles, les
églises et les marchés, les chefs de quartiers, les maires sur les risques de
l’insalubrité. Ce processus a permis de mettre en place le projet Pr.A.P.E.
Ces actions financées par la Mission Française de Coopération et d’Action
Culturelle (MICA) et le centre de santé Béthesda ont permis de :
-
Sensibiliser et mobiliser la population et conclure un contrat collectif pour la
précollecte des déchets,
-
Assurer la précollecte des déchets dans 1500 maisons à l’aide de charrettes,
-
Transporter les ordures des dépotoirs vers le site de tri à 28 Km de Cotonou.
A la fin du financement de la MICA qui a duré quatorze (14) mois, des difficultés
de fonctionnement sont apparues et le transport et le traitement ont été
pratiquement suspendus. Un autre financement a été négocié avec l’EZE sur deux
(02) ans afin de consolider la première phase.
L’un des objectifs du projet de renforcement de Pr.A.P.E. était de parvenir à
l’autofinancement de la précollecte et d’en faire une opportunité d’emplois
permanents pour les jeunes et le désengagement de Béthesda de cette activité.
Cet objectif a été en grande partie atteint. En effet Béthesda, les élus locaux et les
associations de développement des quartiers ont confié la précollecte des ordures
ménagères de Sainte Rita à des groupements des jeunes qui se sont constitués
en GIE. Ainsi huit (08) GIE composées de 23 personnes ont été retenus suite à un
appel d’offre. Selon les termes du contrat tripartite signé entre Béthesda, les GIE
et le comité communal de transition représentant la communauté de Sainte Rita,
ils collectent les fonds qui sont repartis comme suit :
! 65% pour le GIE et 25% pour la caisse communautaire. Le contrôle et la
supervision des activités est assuré conjointement par Béthesda à travers le
8
Département du développement communautaire et Assainissement du milieu
(DCAM) et le comité communal de transition (CCT).
Pr.A.P.E. constitue une référence dans la sous région. Au delà des facilités dont il
a bénéficiées dans la mobilisation des ressources (appui français de quatre vingt
(80) millions), il faut apprécier l’ancrage communautaire du projet.
Quels enseignements pouvons-nous tirer de cette expérience ?
-
Sainte Rita comme beaucoup de communes péri urbaines dans les villes
africaines est cosmopolite et connaît de véritables problèmes d’insalubrité,
-
Dans le contexte de crise économique généralisée, les populations sont très
peu sensibles aux initiatives communautaires pour résoudre les problèmes
d’insalubrité,
-
Une ONG, présente dans la commune à travers un hôpital initie une action de
prévention des maladies et débouche sur un projet de collecte des déchets,
-
Dans sa démarche, elle mobilise à travers une grande sensibilisation la
communauté qui s’engage dans le projet,
-
Des jeunes issus des différents quartiers appuyés par la communauté se
constituent en GIE pour assurer la précollecte des déchets,
-
Ils consentent de verser 25% des ressources collectées à la caisse de la
communauté, ce qui renforce le lien avec le quartier dans lequel ils
interviennent qui assure la supervision et le contrôle.
L’ONG Béthesda a joué un rôle essentiel dans le déclenchement du processus
d’éveil et de naissance de la dynamique communautaire dans le quartier. Cette
démarche participative à l’avantage tout au long du processus de responsabiliser
l’ensemble de la communauté et de garantir par la même occasion la pérennité du
service de précollecte.
- Le projet Wogodogo à Ouagadougou
Wogodogo est un quartier situé au secteur 10 dans l’arrondissement de Baskuy.
Sous l’impulsion du secrétaire général de la commune de Baskuy, un groupe de
jeunes a adressé en 1991 une demande au Centre Régional pour l’Eau Potable et
9
l’Assainissement à Faible coût (CREPA) pour la mise en place d’un projet de
précollecte des déchets afin de résorber le chômage.
Après les premiers contacts entre le CREPA, les autorités administratives et la
population la première équipe de projet est mise en place au cours d’une
assemblée générale avec la population sur la base du volontariat. En effet au
démarrage, les associations actives dans le quartier étaient très peu motivées par
le métier de ramassage des ordures. Vingt (20) personnes dont douze (12)
femmes toutes issues du quartier ont été choisies pour travailler dans le projet.
Pour superviser l’équipe du projet, un comité de pilotage où sont représentés les
leaders d’opinion, les personnes ressources, le responsable administratif du
secteur ainsi que les associations de développement présentent dans le quartier
est mise en place. Le projet dans son évolution va se débarrasser des jeunes qui
ne faisaient pas preuve d’une grande ardeur au travail. Les femmes du projet vont
se constituer en association qui a pris le nom de Laguemyam qui veut dire
unissons nos esprits ou notre savoir.
L’association couvre actuellement 50% des ménages du quartier et mène des
activités de compostage. Elle dispose actuellement de six (06) charrettes qui sont
tractées par des ânes. Il faut cependant relever que depuis quelques années, le
comité de pilotage ne joue plus son rôle. Les rencontres avec l’association sont
quasi inexistante. Le lien entre l’association et la communauté à travers le comité
de pilotage s’est dilué au fil des années.
Les tableaux qui suivent montre la situation actuelle des deux (02) projets. Le
projet PrAPE a conservé son ancrage communautaire alors que Laguemyam est
devenu le Projet du groupe de femme qui le gère appuyé de temps en temps par
le CREPA et les Services Techniques Municipaux pour l’évacuation des déchets
du dépôt.
Consolider les interventions des SPD communautaires passe avant tout par le
renforcement du lien avec les populations à travers leurs représentants élus ou
reconnus. Cela implique la prise en compte des trois (03) critères suivants :
10
-
Appartenir à un même espace ou territoire : il est important que les
membres de la SNG vivent sur un même territoire de préférence de taille
réduite par exemple un quartier, un secteur ou un sous secteur selon les
villes.
-
Partager les mêmes risques liés à la non évacuation des ordures
ménagères.
-
Bénéficier
d’une
reconnaissance
de
la
communauté,
de
ses
représentants ou personnes ressources ou leader d’opinion.
A côtés des structures communautaires de précollecte soutenus et accompagnés
par les ONG, s’est développé d’autres initiatives qui ont aboutit à la création de
structure individuelle ou de groupe avec une logique de profit officiellement
affirmée comme c’est le cas des micro entreprises de Ouagadougou ou sous le
couvert de structures non gouvernementales comme à Cotonou.
Projet PrAPE
Sainte Marie Cotonou
Projet CREPA Wogodogo
Ouagadougou
Communauté
urbaine
Mairie centrale
Mairie d'arrondissement
Comité
communal
Bethesda
DECAM
Comité de
pilotage du
secteur
CREPA
GIE
Précollecte
Populations
Association
Laguemyam
Populations
11
1.2.2 Les structures de précollecte marquée par une logique de profit
Si les premières SPD qui se sont investies dans la précollecte des déchets avec
l’appui des ONG était préoccupée par l’assainissement des quartiers, de
nouveaux acteurs vont trouver dans l’activité une source de revenus mettant en
avant la dimension économique du service.
- Les SPD unipersonnelles
A l’origine on a toujours une personne qui dispose d’une charrette et qui exerce
dans un autre secteur d’activité qui recrute un manœuvre pour la tracter. Dans la
ville de Cotonou, sur les cinquante quatre (54) structures non Gouvernementales
(SNG) recensées en 1998, dix sept (17) ne sont équipées que d’une seule
charrette. L’ensemble de ces structures desservent environ mille quatre cent (1
400) abonnés.
Tandis qu’une seule SPD comme PrAPE couvre à elle seule deux mille trois cent
quatre vingt un (2 381) abonnés avec dix (10) charrettes et deux (02) tracteurs.
TABLEAU DES SPD UNIPERSONNELLES
Villes
Nombre
Nombre de
Nombre
charrettes
d’abonnés
Cotonou
17
17
1373
Ouagadougou
2
3
120
Des SPD unipersonnelles se sont développées également au Burkina Faso dans
les années 1994 (Mana Mana). Elles ont disparus actuellement pour des difficultés
de divers ordres. Il faut signaler que les SPD équipées d’une seule charrette qu’on
retrouve à Cotonou sont très proches des opérateurs informels de précollecte des
déchets dans la ville de Ouagadougou. Il est très difficile de les recenser en raison
de leur grande mobilité. En effet la collecte des déchets est pour eux une activité
secondaire. En effet très peu passent des contacts même non écrits avec leurs
clients. Le prix est toujours négocier en fonction du volume des déchets.
12
Les critères suivant peuvent aider à caractériser les SDP unipersonnelles :
-
L’initiateur intervient dans plusieurs quartiers qui peuvent être autre que
son lieu de résidence,
-
La structure n’a généralement aucun lien avec la communauté de sa zone
d’intervention,
-
Elle est très peu active dans la sensibilisation des populations
desservies,
-
Elle est plus préoccupée par l’amélioration de ces revenus que
l’amélioration du cadre de vie.
Les SPD unipersonnelles ont un impact très limitée dans l’amélioration des
conditions de salubrité des quartiers.
- Les SPD micro entreprises avec un statut non gouvernemental
Une caractéristique fondamentale des associations, ONG et autres OCB c’est la
recherche du bien-être du groupe et non le profit personnel. S’il arrive qu’elles
mènent des activités qui procurent des revenus, ceux-ci ne peuvent et ne doivent
en aucun cas être partagé entre les différents membres mais réinvestit au profit de
la communauté.
Bon nombre de structures dites non gouvernementales intervenant dans la
précollecte et la collecte se cache derrière cette appellation pour bénéficier des
subventions en équipements de la part des partenaires, des ONG et structures
d’appui et aussi pour se soustraire au paiement des impôts. Elles fonctionnent
dans le fait comme des micro entreprises. Les actionnaires sont constitués par les
membres du bureau qui sont généralement les initiateurs ou les fondateurs de la
structure. Ils utilisent un personnel salarié généralement sous payé et qui ne
participe pas à la vie de l’association. Ils se fixent eux-mêmes des salaires ou
encore se partagent les plus values. Comme exemple de SNG micro entreprises
on peut citer l’Association des Jeunes pour la Salubrité dans les Cités (AJSC) à
Ouagadougou et PPGO ? à Cotonou.
13
Comment reconnaît-on une micro entreprise SNG ?
-
Le ou les initiateurs sont des sans emplois qui en font leur activité
principale et leur principale source de revenu,
-
On note un éparpillement de leurs abonnés parce qu’ils sont dans tous
les quartiers où les gens peuvent s’acquitter de la redevance,
-
Les liens entre les communautés des zones d’intervention (leaders
d’opinion, personnes ressources, etc…) sont pratiquement inexistants,
-
Des crises font toujours leur apparition pour des divergences sur la
gestion et/où le partage des bénéfices.
Les SNG entreprises gagneraient à clarifier leur situation pour être plus efficace
dans leurs activités et bénéficient des appui conséquents.
-
Les micro entreprises officiellement déclarées
Les SPD dans la plupart des villes de la sous région ouest africaine hésitent à
franchir le cap du statut de GIE, coopérative et association vers celui de petite
entreprise individuelle officiellement déclarée. Parmi les raisons qui motivent cet
état de fait, on peut retenir les charges fiscales que cela implique, et la perte des
avantages en terme de subventions dont bénéficient les associations de la part
des ONG.
Ainsi à Cotonou toutes les micro structures de précollecte se font enregistrer
comme des SNG. Il est bon de relever qu’à l’opposé de Ouagadougou où la
grande entreprise privée avec des équipements lourd de collecte est absente,
Cotonou est couvert par un secteur privé dynamique qui assure de la collecte des
déchets et l’évacuation vers la décharge.
Le contexte de Ouagadougou est encore marqué par une prépondérance du
secteur public à travers les services techniques municipaux au niveau de la
collecte et le transport vers la décharge. La micro entreprise a stratégiquement
occupé le maillon de la précollecte.
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Le tableau qui suit fait le point des micro entreprises SPD.
TABLEAU DES SPD MICRO ENTREPRISES DECLAREES
Villes
Cotonou
Nombre
7
Nombre de
Autres
Nombre de
Nombre
charrettes
tracteurs
d’abonnés
12
1
1716
19
9593
4 bâchées
Ouagadougou
9
8
et 2
camions
Le cheminement d’ECOFA illustre bien cette évolution vers la micro entreprise
déclarée.
-
ECOFA : de la coopérative à la micro entreprise
L’express précoopérative du Faso (ECOFA) a été créée en 1990 par un groupe de
jeunes étudiants sans emploi et exerçait dans la vente du poisson et le charbon de
bois. En 1991, ils vont étendre leurs activités à la collecte des ordures avec l’appui
de l’Office National des Services d’Entretien de Nettoyage et d’Embellissement
(ONASENE). Les promoteurs au démarrage s’investissant bénévolement dans le
projet, on va assister à des départs pour ne se retrouver avec deux promoteurs.
Progressivement, la structure gagne en maturité et bénéficie d’appuis pour la
formation, l’équipement en tracteurs, etc… Le nombre des abonnés passent de 24
à plus de 4000 entre 1991 et 1995. Le chiffre d’affaire passe de six (6) millions à
plus de trente (30) millions. Des problèmes de leadership dans la gestion de la
structure vont conduire à sa dissolution et le partage du patrimoine. On assiste à
la naissance des deux premières micro entreprises officiellement déclarées qui ont
comme principale activité la collecte des ordures ménagères. Il s’agit de :
-
L’Entreprise de Collecte des Ordures et de Nettoyage du Faso (ECONFA)
-
L’Entreprise de Collecte et de Valorisation des déchets du Burkina (ECOVOB)
15
A côté de ces deux structures , d’autres petites entreprises au nombre de huit (8)
exercent dans le secteur de la précollecte comme activité secondaire ou d’appoint.
Les SPD communautaires ou privées sont reconnus de tous comme des acteurs
importants dans les plans de gestion qui se mettent en place dans les deux villes.
A Ouagadougou comme à Cotonou, la séquence de précollecte leur est
Concédée. Dans la situation actuelle des deux villes, les SPD peuvent-elles
assurer intégralement la précollecte ? Quelles sont conditions à remplir ou les
mesures d’accompagnement à prendre consolider leur la place dans les plans de
gestion des déchets ?
2. Quelques pistes pour consolider la place des SPD dans la GDS
Renforcer la place des SPD dans les plans de gestion des déchets nécessite
d’abord une clarification de leur statut.
2.1. La clarification des SPD pour mieux cibler des appuis
Plusieurs opérateurs interviennent au niveau de la précollecte avec des statuts
allant de la micro entreprise individuelle privée aux associations communautaires.
Dans le contexte actuel, il est difficile de faire une classification des différents
opérateurs. Celle-ci est cependant essentielle pour mieux cibler les appuis à
même de renforcer les capacités d’intervention des SPD.
A la lumière de l’analyse qui précède on pourrait dégager trois (03) types de SPD :
-
La micro entreprise type ECONFA
-
L’association communautaire type PrPAPE
-
les SPD unipersonnelles très proche du secteur informel.
Le tableau qui suit met en relief les forces et les faiblesses de chaque opérateur.
16
Type
Caractéristiques
Forces
Faiblesses
Défis à relever
d’opérateur
SPD
Préoccupation
Lien étroit avec Autofinancement
commu-
environnementale la population
nautaire
et sociale
du projet
autofinancement et les
Appui des
Gestion
Intervention dans ONG
communautaire
les quartiers
lourde
pauvres.
Equilibre entre
Concentration
préoccupations
sociales.
Maintenir la
dans une seule Stimulation des
zone.
promoteurs.
mobilisation
sociale.
SPD micro
Logique
Equilibre
Absence de
Mise en place
entreprises
économique
financier.
structures de
des mécanismes
financement.
de financement.
Services
Paupérisation
Création des
proposés
croissante des
conditions
uniquement à
populations.
cadres
profit.
Gestion simple.
ceux qui peuvent
favorables.
payer.
SPD
Instabilité.
unipersonnelles et/ou
informelles
Flexibilité
Isolement.
(plusieurs
Logique de
activités).
survie.
Regroupement
pour créer des
Impact faible.
structures plus
importantes.
Autofinancement.
Pour décanter la situation, les autorités devraient définir les types d’opérateurs
autorisés à intervenir comme structure de précollecte. Les plans de gestion et le
découpage de la ville en zone de collecte offre l’occasion de clarifier la situation en
dégageant les zones réservées aux micro entreprises et celles qui seraient
attribuées aux structures communautaires.
17
Un programme d’accompagnement des SPD unipersonnelles à se regrouper en
micro entreprises devrait être envisagé.
Au cours des quatre (04) années, le programme de recherche à travailler à
renforcer les capacités d’intervention des SPD. Des appuis ont été développés
dans le domaine de l’organisation interne, de l’auto organisation, de la mobilisation
sociale, du renforcement du partenariat avec la municipalité. Le tableau qui suit
dégagent quelques acquis et insuffisances de ce travail.
18
2.2. L’appui du programme au SPD
Opérateur
Domaine d’appui
Renforcement de
l’organisation interne
Renforcement des
connaissances en
compostage
Auto-organisation
SPD communautaire
Mobilisation sociale
Renforcement
partenariat avec la
mairie
Mobilisation des
ressources
Equipement
Activités
Formation en
gestion
Formation à la vie
associative
Formation au
compostage
Structures d’appui
CREPA/ALTER EGO
CREPA/ALTER EGO
CREPA/ALTER EGO
ALTER EGO
Animation de
rencontres de discussion
ALTER EGO
Rédaction des
documents de base
Journées de
ALTER EGO/MAIRIE
salubrité
Campagne radiotélé
Journée de salubrité ALTER EGO
Journée des maires
Ateliers communs
-
-
-
-
Acquis
Insuffisances
Renforcement de la
cohésion des
associations
Faible capitalisation des
acquis de la formation
Maîtrise de la technique
de compostage.
Absence de site pour
pratiquer.
Mise en place de la
CAVAD à Ouaga et la
COGESDA à Cotonou
Structures toujours pas
très fonctionnelles et
traversées par une crise
interne
Action ponctuelle non
systématisée par la
CAVAD et la COGESDA
Plus grande
connaissance des
activités des SPD
Absence de cadre de
Création d’espace
d’échanges Mairies SPD concertation structurée
Participation aux actions
sur le schéma directeur
-
-
19
-
Auto organisation
-
Animation de
rencontres de
discussion
-
ALTER EGO
Rédaction de
Mise en place de la
Structure en fragile à
CEGED
renforcer
Publicité pour les micro
Activité non reprise par
entreprises
la CEGED
documents de base
-
Mobilisation sociale
-
Journées de
salubrité
SPD entreprises
ALTER EGO/MAIRIE
Campagne radiotélé
-
Renforcement
•
Journées de
Création d’espace
salubrité
d’échanges
Pas encore de cadre de
•
Journées des maires ALTER EGO/MAIRIE
Implication dans le
concertation structuré
•
Atelier sur le rôle
processus de définition
des micro
du schéma directeur
partenariat avec la
Mairie
entreprises dans le
schéma directeur
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Mobilisation des
redevances
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Equipement
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2.3. Leçons et enjeux futurs de l’appui aux SPD
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Améliorer l’organisation interne
L’analyse de leur évolution fait ressortir des difficultés organisationnelles qui se
traduisent par la démission de certains membres (cas des jeunes de l’association
Laguemyam avec le projet Wogodogo), la scission en plusieurs groupes (ECOFA
à Ouagadougou) ou encore l’arrêt total des activités (Mana Mana à Sighnonhin).
L’analyse et le suivi nous a permis de dégager quelques points qui, s’ils sont pris
en compte à leur mise en place, peut contribuer à améliorer le fonctionnement
interne et partant réduire les crises :
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L’homogénéité du groupe : la SPD communautaire doit être composé de gens
qui vivent dans le même quartier ou secteur qui se connaissent bien et qui ont
des liens communs comme la religion (église ou mosquée du quartier), âge
(jeunes), genre (femmes) etc. L’expérience des groupes mixtes fait ressortir
une vassalisation des femmes par les hommes qui se transforment en
bureaucrates pendant que les femmes s’échinent sous le soleil avec des
charrettes (association Bao manégré à Ouagadougou). Il nous semble
essentiel de privilégier les groupes de femmes au Burkina.
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Choix d’un leader fort et ouvert au dialogue : la performance d’une SNG est en
grande partie liée à la capacité du chef de maintenir la cohésion du groupe en
mettant en avant l’intérêt du groupe. Un mauvais choix dans ce domaine peut
conduire à une paralysie de la structure.
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Limitation du nombre des membres : cela pour faciliter la prise de décision. Il
faut éviter de dépasser dix membres.
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Clarté et simplicité des textes constitutifs : les textes de base doivent être
compris et connus de tous les membres. La structure doit être légalement
reconnue.
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Implication et responsabilisation des membres : la tenue régulière de réunions
permet aux membres de faire le point sur les tâches qui leurs sont dévolues et
d’avoir le même niveau d’information sur la vie de la structure.
-
Rémunération selon le travail à partir de critère préalablement établis et
acceptées de tous.
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Transparence dans la gestion des ressources : équipements, hommes et
finances.
Une SPD qui est bien structurée doit bien organiser ses interventions sur le
terrain. Ce qui pose le choix des équipements de collecte, l’organisation des
circuits, en somme le montage technique.
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Adapter et maîtriser les choix techniques aux réalités
Les SPD font du porte à porte. Elles utilisent comme équipements pour la plupart
des charrettes tractées par des hommes (Cotonou) ou par des ânes
(Ouagadougou) ou des tracteurs. Les charrettes facile d’entretien ont des
insuffisances liées à la faible capacité des chariots (0,8m3) et leur lenteur. Pour
qu’elles aient un bon rendement, il est indispensable que ce système soit bien
articuler aux autres séquences de la filière. Deux conditions doivent être réunies
pour assurer une efficacité technique et environnementale des interventions des
SPD.
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Existence d’un point de rabattement des déchets à une distance raisonnable
(200 à 300m de distance). Ce point est essentiel car dans les deux (02) villes
beaucoup de SPD font du déplacement de déchets et participent à la pollution
de la ville. A Cotonou les marécages et les bas fonds servent de point de
rabattement des déchets et cela dans les conditions anarchiques et non
maîtrisées. A Ouagadougou ce sont les anciennes carrières situées en pleine
ville qui servent de dépotoirs. Pour pallier cette situation, des ONG comme le
CREPA et EAST ont soutenu quelques SPD à Ouagadougou dans
l’aménagement de point de rabattement des déchets communément appelés
sites de transferts ou encore centre de collecte. La mise en place du site pose
de nombreux problèmes aussi bien au niveau de sont statut, de sa conception
technique que de sa gestion. En effet le plan cadastral de la ville n’a pas prévu
des sites pour servir de centres de collecte. Les SPD se trouvent obliger de se
rabattre sur les terrains destinés aux espaces verts et réserves administratives.
Tous les sites aménagés par le CREPA (2) et EAST (6) ne disposent que
d’autorisation temporaire. Ce qui les expose à des retraits de la part de
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l’administration en cas de nécessité. L’exemple le plus récent est celui du
secteur 10 (Wogodogo) qui vient d’être retiré et rasé pour la construction d’un
marché, sur réquisition du maire, dans le cadre du programme équipements
marchands financés par la Caisse Française de Développement.
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Régularité dans l’évacuation des points de regroupement : ce point est
essentiel dans le renforcement et la consolidation des activités des SNG dans
les secteurs. Dans les villes de Ouagadougou et de Cotonou l’ensemble des
dépôts ne sont pas régulièrement évacués et sont aujourd’hui transformés en
dépôts sauvages qui ne sont même plus utilisés par les SPD en particulier
dans l’arrondissement de Sighnonghin. Cela pose des problèmes pour le
voisinage et conduit à de nombreuses résiliations d’abonnements ou encore au
refus de payer la redevance.
La mauvaise gestion des points de regroupement renvoie au problème de la
mobilisation et la gestion des ressources financières.
-
Consolider le principe de la redevance et favoriser l’accès au
financement
Mis à part les SPD unipersonnelles qui se développent à partir des ressources
propres du promoteur propriétaire, les autres ont comme nous l’avons souligné
plus haut bénéficié du soutien d’organisme d’appui en terme d’équipements ou de
fonctionnement.
Certaines
ont
reçu
des
subventions
et
d’autres
prêts
remboursables à des conditions très souples.
La diversité des modes et sources de financement rend difficile la définition d’une
grille d’appréciation pour analyser la viabilité économique et financière.
Rappelons cependant que dans le contexte actuel, le fonctionnement courant des
SPD est assuré par les redevances perçues auprès des usagers qui varient de
500 à 1000 FCFA dans les deux (02) villes. Globalement le taux de recouvrement
est acceptable. Il oscille entre 70 et 90%.
Pour améliorer les capacités de gestion financière, une initiation en la matière de
gestion s’impose. Nous n’allons pas approfondir cet aspect des choses comme
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par exemple la tenue d’un journal de caisse, le compte de résultat d’exploitation
simplifié etc. Nous recommandons de se référer au guide pour l’intervenant dans
le domaine de l’assainissement réalisé par l’Association Française des Volontaires
du Progrès et la Mission Française de Coopération et d’Action Culturelle paru à
Bamako en Avril 1997.
Notons également que les SPD évoluent dans les deux villes dans un contexte de
libre marché que la municipalité doit obligatoirement réglementer pour inscrire les
interventions dans la durée. La municipalité doit également améliorer les
conditions cadres au niveau du financement pour :
-
consolider le principe du paiement de la redevance directe
-
intégrer la redevance dans un plan global de financement
-
faciliter l’accès au crédit équipement.
L’amélioration des conditions cadres renvoie aux choix politiques dans la
commune qui ne sont jamais acquis d’avance.
-
Renforcer le partenariat public - SPD - grandes entreprises
Dans les deux villes, malgré les choix clairement annoncés aussi bien au niveau
local que sous régional (conférence d’Abidjan sur la gestion durable des déchets
solides urbains, 1996) pour une reconnaissance des SPD comme partenaires des
autorités dans la GDS, les actes tendent soit à les étouffer ou à les ignorer dans
les actions entreprises. Ainsi dans le processus d’accompagnement des SPD, il
est apparu la utile d’encourager leur regroupement pour mieux faire entendre leur
voix auprès des autres partenaires en particulier les autorités municipales.
Le programme a accompagné le processus en jouant le rôle de médiateur et de
facilitateur. Répondant à la demande des SPD, le programme de recherche a
dans les deux villes engagé une concertation à travers une démarche graduelle et
sectorielle pour aboutir à la mise en place de la CAVAD et la CEGED à
Ouagadougou et la COGESDA à Cotonou. Ce processus qui a duré deux années
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a été jalonné de multiples difficultés : querelles de leadership, conflit d’intérêt,
querelle entre structure d’appui etc.
Nonobstant cela, ces deux coordinations contribuent grandement à l’amélioration
de la concertation et la collaboration interne aux SPD et joue un rôle essentiel
d’interface auprès des autres acteurs notamment les autorités municipales. A cet
titre, ils contribuent grandement à la mise en place des schémas directeurs de
GDS dans les deux villes.
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Engager le zonage pour rationaliser les interventions
Optimiser les interventions des SPD passe par les suppressions des
chevauchements des circuits de collecte entre opérateurs. En effet le contexte de
libre marché dans lequel on évolue dans les deux villes se caractérise par une
certaine « anarchie » dans la recherche des abonnés. Par exemple au secteur 4
de la ville de Ouagadougou cinq opérateurs interviennent.
Le programme s’est particulièrement intéresser à cette question. Une analyse
spatiale a été menée en collaboration avec le projet ITS de l’EIER. Ce travail a
permis de classer la voirie en trois catégories selon la praticabilité, les quartiers en
fonction du standing et enfin les circuits des différents opérateurs.
Ouagadougou a été découper en trois grandes zones :
-
La zone A correspond au centre ville et regroupe la zone commerciale,
administrative et les quartiers de haut standing. Une collecte de porte à porte
avec des bennes tasseuses et un transport direct à la décharge est prévu. Il
n’y aura pas d’intervention des SPD.
-
La Zone B regroupe les quartiers de moyen standing avec une voirie
praticable. Elle sera couverte Par les SPD privés.
-
La Zone C regroupe les secteurs périphériques nouvellement lotis avec une
voirie non aménagée et des habitants pauvres . Elle sera couverte par les SPD
communautaires.
Le programme a par ailleurs développé avec la cellule SIG de l’EIER un prototype
pour la gestion des déchets solides mis à la disposition des services techniques
municipaux . Cet outil vise à faciliter le stockage des données de base (population,
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superficie des secteurs ,etc…) et spécifiques (gros producteurs, circuits de
collecte, etc…) pour une bonne planification et suivi des interventions des
différents opérateurs. Une formation a été dispensée aux utilisateurs pour faciliter
l’exploitation.
Le processus de découpage de la ville en zone homogène qui sera concédé aux
SPD est déjà enclenché. La CAVAD et la CEGED ont engagé des discussions
pour une proposition d’auto zonage qui pourrait servir de base d’échange avec la
municipalité.
Conclusion
Dans le contexte actuel des villes africaines marqué par une paupérisation
croissante d’une frange de plus en plus importante de la population, on ne peut
que se féliciter de la place accorder aux structures de précollecte dans les
schémas et plans de gestion des déchets qui se mettent en place dans les villes
de Cotonou et de Ouagadougou. Un telle option permet non seulement de
valoriser le potentiel énorme sous exploité des SPD dans le domaine de la
mobilisation des communautés pour apporter des solutions locales aux problèmes
de salubrité mais aussi de générer des emplois pour des couches de populations
démunies en particulier les jeunes et les femmes.
Il faut néanmoins relever que sans un appui et un encadrement adéquat de la part
des autorités municipales, les SPD ne sont pas à même d’assurer une couverture
totale de la ville pour plusieurs raisons :
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le niveau d’équipement actuel des structures de précollecte qui est bas. Il
permet de couvrir à peine 30% des ménages. Augmenter ce taux de
couverture implique l’acquisition de nouvelles charrettes et de nouveaux
tracteurs qui sont hors de portée dans le contexte actuel où les institutions
financières locales spécialisées dans ce type d’opération sont inexistantes ou
exigent des garanties hors de portée;
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Les conditions cadres ne sont pas encore favorables et sécurisant pour attirer
des investissements dans le secteur (redevance, recouvrement).
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Consolider le rôle et la place des SPD dans les plans de gestion des déchets qui
mettent en place à Cotonou et Ouagadougou est un processus long et complexe
qu’il faut construire prudemment. Le travail entrepris dans le cadre du programme
malgré ses limites imputables au manque d’expérimentation à travers des projets
pilotes, a permis de dégager quelques leçons et recommandations qui s’inscrivent
dans ce processus. Beaucoup reste cependant encore à faire en particulier dans
le domaine de définition d’outils et de mécanismes pour renforcer la capacités
d’équipements des SPD mais aussi les formes de relations à développer et
entretenir avec les populations dans les quartiers.
Le rôle de la municipalité et de l’Etat est fondamental pour la consolidation dans le
rôle des SPD dans la SDGD. Elle doit traduire les bonnes volontés en actions
d’appuis concrètes allant dans le domaine :
-
l’accès au financement
-
des contrats de longue durée qui permettent d’amortir les investissements
-
le soutien dans la mobilisation des populations dans les secteurs.
PB/Alter Ego/nov. 2000