Troubles de l`équilibre – Test Santé – Août 2005 – No 68 - Test
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Troubles de l`équilibre – Test Santé – Août 2005 – No 68 - Test
TROUBLES DE L'ÉQUILIBRE Quand le monde tourne Le vertige est une plainte très courante. Qui n’a senti, un jour, le monde tourner, la nausée monter, une sueur froide arriver… Que se passe-t-il au juste ? Existet-il plusieurs types d’étourdissements et de vertiges ? Quelles peuvent en être les causes ? Près de 40 % de la population adulte connaît, au moins une fois dans sa vie, cette sensation de vertige. Un diagnostic précis des causes n’est pourtant pas toujours facile à établir, car les patients utilisent les termes "étourdissement" ou "vertige" pour désigner des symptômes parfois très différents. Il importe donc de circonscrire clairement le problème. Chercher la cause Quand une personne se plaint de vertige ou d’étourdissement, le médecin tentera, en premier lieu, de comprendre ce que cette personne entend réellement par là. S’agit-il d’une impression d’évanouissement, de tournis, d’une sensation de tête légère? De fait, les gens utilisent les termes "étourdissement" ou "vertige" pour décrire des symptômes aussi variés qu’un mal de tête, de la nausée, de la confusion, une impression 26 TEST SANTÉ n° 68 août-septembre 2005 de vide dans l’estomac, etc. Pour que le médecin puisse poser son diagnostic, il est important que le patient réponde très précisément à ses questions (voir encadré : "Que demande le médecin ?"). Sur base des informations obtenues, le médecin peut alors mettre un nom plus précis sur le malaise ressenti et proposer un traitement ciblé. On distingue, globalement, deux grandes catégories de symptômes : le vertige et l’impression d’évanouissement. Tout tourne On parle de vertige quand on a l'impression de tourner ou celle que le monde tourne autour de nous. Cette impression est causée par un problème dans le centre de l'équilibre : la partie de l'oreille interne responsable de la transmission des informations au cerveau concernant la position de notre corps et notre équilibre (voir encadré : "Comprendre l'oreille"). On distingue deux sous-types de vertiges ayant tous les deux une cause spécifique. Le vertige périphérique Avec le vertige périphérique, le problème se situe dans le centre de l'équilibre lui-même. Plusieurs causes peuvent l'expliquer : • quand on place ce centre de l'équilibre en situation extrême. Tourner sur soi-même et s’arrêter brutalement, par exemple, peut provoquer un vertige physiologique. Presque tout le monde a déjà connu cette sensation. Autre exemple, quand on a une impression de vertige en étant assis en voiture. Cela provient du fait que les systèmes responsables de la perception de l'équilibre (centre de l'équilibre, système proprioceptif et vision) envoient des informations contradictoires au QUE DEMANDE LE MÉDECIN ? Pour poser son diagnostic, le médecin posera une série de questions du type : – de quelle impression s’agit-il : tournis, sensation de tomber dans les pommes, nausée, sueur, vue trouble…? – quand cela a-t-il commencé ? Soudainement ou progressivement ? – combien de temps la sensation dure-telle ? – le malaise a–t-il tendance à partir, revenir, partir, etc. ? Si oui, une raison peut-elle à chaque fois l’expliquer : changement de position, mouvement de la tête, de la nuque ou des yeux, variation soudaine de température, émotions… Ou survient-il spontanément ? – cette sensation est-elle constamment présente ? Si oui, toujours avec la même intensité ? Y a-t-il des circonstances qui la renforcent ou la diminuent ? – avez-vous déjà connu un tel malaise, même plusieurs années auparavant ? De la même manière ou y a-t-il une différence ? – va-t-il de pair avec d’autres symptômes : mal de tête, dédoublement de la vision, perte de force ou de sensibilité, fourmillements dans le corps, altération de la conscience, douleur ou point dans la poitrine, difficultés à respirer, etc. ? – le ressentez-vous maintenant ? Cette dernière question est très importante. Un examen physique étant plus précis si les symptômes sont présents. Dans le cas contraire, le médecin peut tenter de les provoquer au moyen d'exercices spécifiques. cerveau. Le système proprioceptif, par exemple, peut signaler que l'on est assis et immobile, alors que la vision "prétend" que l’on est en mouvement. Le centre de l'équilibre, qui vient en troisième position, doit alors "trancher". En fonction de la capacité d'adaptation, on sera ou non, plus ou moins, pris de vertige. La meilleure solution est d'anticiper. En faisant des pauses régulières pour manger, en regardant au loin, en ne lisant ni dans l'auto ni dans le bus, en se plaçant dans le sens de la marche ou, si c'est sur un bateau, en restant au milieu. Si c'est vraiment insuffisant, une médication peut éventuellement apporter une solution. • Autre forme très courante de vertige périphérique, le vertige positionnel. Cet étourdissement intense et immédiat peut se produire quand on change la tête de position. Le vertige apparaît dans les secondes qui suivent le changement, mais disparaît aussi vite. Parfois, il s'accompagne de mouvements de va-et-vient des yeux. Pour vérifier que c’est bien du vertige positionnel dont il s’agit, le médecin peut tenter de le provoquer, en consultation, en plaçant le patient dans différentes positions. De cette manière, il est plus facile, pour lui, d'analyser les différents symptômes. La plupart du temps, un traitement spécifique n'est pas nécessaire. En quelques semaines, ce vertige disparaît spontanément. Il suffit le plus souvent d’éviter simplement les situations et positions qui le provoquent. Le médecin peut aussi vous conseiller des exercices à faire, grâce auxquels vous pourrez habituer le centre de l'équilibre à supporter ces changements. Ces exercices sont à pratiquer régulièrement à la maison (voir illustration: "Exercices pour entraîner le centre de l'équilibre"). • Troisième cause possible : la maladie de Menière. Cette affection touche autant les hommes que les femmes et se manifeste le plus souvent entre 20 et 50 ans. Elle apparaît lors d'un changement dans la production et l'élimination du liquide se trouvant dans l'oreille interne. De ce fait, le centre de l'équilibre est touché ainsi que l'oreille interne (le limaçon). Ces changements provoquent des crises de vertige avec perte d'audition et bourdonnement d'oreilles, ces derniers touchant la plupart du temps une seule oreille, même s’ils peuvent se manifester des deux côtés. Autres symptômes possibles : nausées, sueur froide, perte de couleurs, etc. La maladie de Ménière est caractérisée par des crises récurrentes de vertige. Ce dernier survient soudainement, sans le moindre avertissement et peut durer COMPRENDRE L’OREILLE L’organe de l’équilibre, aussi appelé système vestibulaire se situe dans l’oreille interne. Cet organe reçoit et envoie, à tout moment, des informations concernant la position du corps, venant de et allant vers le cerveau. Cet organe est assisté, dans sa tâche, par la vision et le système proprioceptif (ensemble des récepteurs présents dans les muscles et les articulations, qui envoient des informations sur la position du corps vers le cerveau). Le vestibule est un organe osseux qui débouche sur les canaux semi-circulaires. Il comprend deux chambres membraneuses remplies de liquide (endolymphe). À l’intérieur de ces chambres se trouvent des cellules réceptrices. Celles-ci sont stimulées par les mouvements du corps et de la tête et génèrent, en conséquence, une série d’impulsions envoyées au cerveau via un nerf. Ces informations viennent s’ajouter, dans le cervelet, à celles transmises par la vue et le système proprioceptif. L’information part alors vers le cortex, le processus complet devant délivrer au cerveau les informations correctes pour assurer l’équilibre du corps. Pavillon de l’oreille Osselets Canaux semicirculaires Nerf vestibulaire et nerf acoustique Limaçon Trompe d’Eustache Tympan TEST SANTÉ n° 68 août-septembre 2005 27 plusieurs heures. Lors d'une crise, mieux vaut se reposer dans un endroit calme. Pour diminuer la transmission de stimuli du centre de l'équilibre vers le cerveau, une médication peut se révéler efficace : diazépam, méclozine et sulpiride. Par ailleurs, on peut aussi suivre quelques recommandations telles que diminuer le stress, l'alcool, la caféine, le sel, etc. Dans quelle mesure ces recommandations peuvent faire une différence n’est pas encore très clair. Par contre, les exercices pour le centre de l'équilibre présentés ci-dessous peuvent sans conteste aider. Dans certains cas, des médecins prescrivent une médication préventive, mais la plupart des gens touchés par cette maladie apprennent à vivre avec elle. • Il peut s’agir aussi d’une inflammation du nerf vestibulaire. Bien que la cause exacte n'en soit pas connue, on soupçonne un virus d'en être à la base. La crise de vertige va le plus souvent de pair avec de la nausée, des vomissements, des sueurs froides… et peut durer quelques jours. Ensuite, elle disparaît d'elle-même. Si un traitement est prescrit, ce sera le même que pour la maladie de Ménière. Quand on s'évanouit Le vertige central Le vertige central est causé par une perturbation dans les nerfs qui transmettent les stimuli du centre de l'équilibre vers le cerveau. Cette perturbation peut être causée, par exemple, par une tumeur sur le nerf vestibulaire, une hémorragie, certaines lésions, la sclérose en plaques… On parle de syncope, quand on s'évanouit vraiment. Celle-ci peut suivre un étourdissement ou une sensation de tête légère. Cette sensation est causée par une chute brutale de l'irrigation du cerveau en raison d'une chute de tension. Dans la plupart des cas, on pâlit, on a l'impression de voir flou, on sent des sueurs froides et on entend des bruits étranges. On a une sensation de Le vertige central est plus rare, et quand il survient, va souvent de pair avec une série d'autres symptômes neurologiques, comme des difficultés à avaler et à parler, un dédoublement de la vue, des mouvements incontrôlables, une paralysie du visage, une perte de force, une insensibilité de certaines parties du corps, etc. Si ces symptômes se présentent, consultez un médecin le plus rapidement possible. Autres causes d'étourdissements Dans des situations rares, l'étourdissement peut n’être que la manifestation externe d'autres affections comme la migraine, l’épilepsie partielle, des troubles de l'anxiété (agoraphobie, peur des endroits vides), etc. Les étourdissements sont alors pris comme prétexte pour expliquer l'angoisse. Les personnes souffrant de ces troubles de l'angoisse présentent le plus souvent d'autres symptômes comme des crises de panique avec hyperventilation, douleur légère dans la poitrine, mains moites, bouche sèche, sueur, diarrhée, nausées, etc. lourdeur dans les membres inférieurs. Finalement, on tombe et on perd brièvement conscience. Le retour à un état de conscience normal est rapide et spontané. Ici aussi, on distingue deux types en fonctions des causes. La syncope vasovagale Près de la moitié des syncopes appartiennent à ce type. Normalement, elle est bénigne et provoquée par une série de facteurs comme une trop grande chaleur, des émotions intenses, une impression désagréable, une douleur aiguë, etc. Bien qu'elle puisse arriver à tout le monde, certaines personnes y sont plus sujettes que d'autres. Quand ce type de syncope revient régulièrement, il est conseillé de consulter un médecin. Il pourra alors faire un électrocardiogramme et, dans certains cas, effectuer un test spécifique pour provoquer une syncope : le patient est couché sur une table que l'on relève jusqu'à un maximum de 70°. Pour faciliter le test, le médecin administre parfois un médicament augmentant le rythme cardiaque, ce qui provoque la syncope et permet un diagnostic précis très rapide. Le meilleur des traitements consiste à éviter les situations provoquant la syncope. Ce n'est qu'en cas extrêmes que le médecin prescrira une médication. Autres causes possibles • La syncope cardiaque : elle survient dès que le cœur pompe moins bien. Quand c'est le cas, la quantité de sang propulsée par le cœur vers les veines et les artères diminue. La plupart du EXERCICES POUR ENTRAÎNER LE CENTRE DE L'ÉQUILIBRE Assis sur un lit, tirer la tête vers l'arrière (en gardant les yeux ouverts puis en les fermant). 28 TEST SANTÉ n° 68 août-septembre 2005 Couché sur le lit, rouler du côté droit puis du côté gauche alternativement. Faire cinq pas vers l'avant et cinq pas vers l'arrière (d'abord avec les yeux ouverts, ensuite avec les yeux fermés). LE VERTIGE CHEZ LA PERSONNE ÂGÉE À ce propos, nous avons quelques remarques à formuler. Les personnes âgées connaissent surtout un sentiment d'instabilité couplée à une peur de tomber. Il s'agit ici plutôt d'un sentiment subjectif d'étourdissement qui peut être court ou plus ou moins long. Bien que dans certains cas cette sensation découle vraiment d'un problème d'oreille, le plus souvent elle n'est que la manifestation extérieure d'une dépression (même si la personne en question le nie) ou d'un trouble de l'anxiété. Cela ne signifie pas du tout que le problème n'est pas important. Au contraire, le médecin devra examiner le patient avec soin. D'autant plus que l’on sait que les symptômes sont souvent plus vagues chez les personnes âgées. Le médecin doit pouvoir exclure toutes les affections dont nous avons parlé (le vertige positionnel, certains problèmes d'arythmie cardiaque, etc.) et voir quels traitements médicaux sont suivis par le patient pour soigner ou contrôler d’éventuelles autres affections. En sachant que ces médicaments peuvent parfois eux-mêmes provoquer un étourdissement en effet secondaire. Quel traitement peut être prescrit ? En premier lieu, soyons clairs, les traitements les plus couramment utilisés pour soigner les problèmes d'étourdissement des personnes âgées, sont souvent inefficaces. En outre, ces médicaments ont des effets secondaires dont il n'est pas souvent tenu compte alors qu'ils peuvent être à l'origine de nouvelles plaintes. C'est pourquoi l'idéal serait que le médecin ne fasse de prescription que quand c'est absolument nécessaire et après avoir examiné tous les médicaments déjà pris par le patient. En second lieu, il est surtout important de stimuler la confiance des personnes âgées via d'autres méthodes. Les exercices pour entraîner le centre de l'équilibre sont très efficaces dans ce cas. De même, un traitement des aspects psychologiques peut s'avérer important. temps, d'autres symptômes y sont associés, comme une douleur dans la poitrine, des difficultés de respirer, etc. La syncope est l’un des symptômes caractéristiques des troubles du rythme cardiaque. On parle de tels troubles quand les battements du cœur s'accélèrent anormalement, ralentissent ou deviennent irréguliers. Quand un médecin soupçonne ce problème, il peut demander une série de tests. L'un d'entre eux est le port d'un appareil réalisant un électrocardiogramme pendant 24 heures. • La syncope liée à une baisse de tension soudaine : lors d'un changement brusque de position, la pression sanguine peut baisser soudainement et provoquer une syncope (par ex. quand on se relève trop vite d'une position couchée ou assise). • La syncope de miction : elle touche surtout les personnes âgées et principalement les hommes. Elle se présente avant ou pendant que la personne urine et résulte de l'effort nécessaire à la miction. Cet effort diminue l'afflux de sang vers le cœur, ce qui peut provoquer une syncope. Uriner assis (surtout pendant la nuit ou pour la première urine du matin) peut permettre de l'éviter. L'idéal est de toujours s'asseoir pour uriner dès que l'on sent que la vessie est pleine. • La syncope liée à la toux : cette forme de syncope est provoquée par une quinte de toux soudaine et très forte. On la rencontre régulièrement chez des personnes souffrant d'affections pulmonaires. Que faire ? Le vertige et les troubles de l'équilibre sont, le plus souvent, sans danger et passagers. Néanmoins, quand la sensation se prolonge, elle peut être le signe d'une autre affection, plus grave. Quand c'est le cas, mieux vaut consulter un médecin. Surtout quand ces vertiges sont accompagnés de symptômes neurologiques (voir le vertige central) • En cas de crise de vertige, fermez les yeux et maintenez la tête immobile. Un petit mouvement ne peut qu’aggraver la situation et, par ex., provoquer des vomissements. • Lors d'une syncope, on sent souvent à l'avance que l'on "s'affaisse" avant de tomber. Le mieux que l'on puisse faire est de se coucher de manière à ne pouvoir tomber. Si c'est impossible, essayez au moins de vous asseoir en baissant la tête entre les jambes. Si vous êtes confronté à quelqu’un qui perd conscience, procédez comme suit : – couchez la personne dans un endroit aéré et frais; – dégagez vêtements et accessoires entravant le cou et la taille (cravate, ceinture, etc.); – surélevez légèrement les jambes, de manière à provoquer un retour du sang vers le haut du corps. Normalement, la personne doit rapidement reprendre conscience d'ellemême. Mais il lui est conseillé de rester encore couché quelques minutes avant de se redresser. D A. D'haene et R. Sas TEST SANTÉ n° 68 août-septembre 2005 29