L`incorporation des médecins
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L`incorporation des médecins
Incorporation Incorporation L'incorporation des médecins Enfin, elle s’en vient Après des mois, voire des années d’attente, l’incorporation des médecins pourra enfin être permise d’ici peu. Au Collège des médecins, on nous dit qu’à moins d’une embûche majeure, on espère que les médecins pourront exercer leur profession par le truchement d’une société d’ici 6 mois. L’incorporation de votre pratique n’aura pas d’impact sur la façon dont vous prodiguez des services médicaux ou sur votre horaire, vos façons de faire et votre facturation; cependant, l’exercice de la profession médicale en société entraînera plusieurs avantages d’ordre fiscal et organisationnel. Les médecins qui s’incorporeront bénéficieront de véhicules financiers très avantageux pour la planification de leur retraite et l’épargne à l’abri du fisc. Serez-vous de ceux qui en profiteront? Où en sommes-nous? L’incorporation des professionnels est désormais permise dans la très grande majorité des provinces du Canada, y compris le Québec. Ce sont les ordres professionnels de chacune des professions qui doivent déterminer si leurs membres peuvent pratiquer en société. Dans le cas qui nous intéresse, c’est le Collège des médecins du Québec qui supervise le projet et qui doit l’encadrer, de concert avec l’Office des professions. Dès 2003, le Collège des médecins a autorisé la pratique de la médecine par le truchement d’une société, tout en proposant des modifications à son code de déontologie pour assurer que les médecins incorporés soient soumis aux mêmes conditions d’exercice que les médecins qui ne le sont pas. Tout allait pour le mieux; après les avocats, les comptables agréés et les notaires, les médecins auraient pu incorporer leur pratique et ainsi obtenir la parité fiscale avec les autres entrepreneurs et travailleurs autonomes du Canada. Malheureusement, en 2004, Louise Harel, alors porte-parole de l’opposition officielle en matière de santé à l’Assemblée nationale, a fait déraper le processus d’incorporation des médecins en dénonçant et contestant publiquement ce que les médias ont appelé les loyers à rabais ou de faveur consentis aux médecins prescripteurs par les pharmaciens propriétaires. Pour éviter que la presse et les électeurs s’en prennent à un gouvernement qui aurait toléré apparence de conflits d’intérêts dans les relations commerciales entre les médecins et les pharmaciens, on a exigé du Collège des médecins qu’il retourne faire ses devoirs et qu’il s’assure de l’indépendance professionnelle de ses membres avant même que l’Office des professions envisage de recommander au Conseil des ministres d’accepter le projet d’incorporation des médecins. L’Office des professions devait aussi s’assurer qu’une fois l’incorporation permise, les plus hauts standards déontologiques et professionnels auraient été respectés par les médecins et les pharmaciens. En fait, « l’Office des professions a décidé de lier les deux dossiers, soit l’incorporation des médecins et les relations commerciales entre les médecins et les pharmaciens », nous disait Me Christian Gauvin, directeur et secrétaire adjoint à la Direction des services juridiques du Collège des médecins. « Dès que l’on aura débloqué au niveau des relations commerciales entre pharmaciens et médecins, l’incorporation des médecins sera permise », nous disait-il. Pourtant, la position du Collège des médecins sur les relations commerciales entre pharmaciens et médecins a toujours été claire et publique : les médecins et les pharmaciens sont des gens d’affaires dont la complémentarité ne peut être contestée et la proximité de leurs commerces n’entraîne pas nécessairement conflit d’intérêts. Elle est même essentielle pour certaines clientèles, notamment les personnes âgées. De plus, les médecins et les pharmaciens ont un code de déontologie et ils sont tenus de le respecter. La Loi sur la tenue des pharmacies interdit aussi formellement à tout individu non pharmacien de bénéficier directement ou indirectement de la vente des médicaments ou d’être propriétaire, en totalité ou en partie, d’une officine pharmaceutique. Pourquoi donc exiger des mesures supplémentaires, les médecins étant soumis aux mêmes lois que tout un chacun, surtout quand on mise beaucoup, dans l’ensemble du système de santé, sur l’interdisciplinarité entre professionnels? Malgré ces argumentations, le Collège des médecins a dû accepter de faire des concessions qui allaient apaiser les craintes de l’Office des professions. Il a donc proposé d’interdire l’association en société des médecins et des pharmaciens, ainsi que des médecins et des vendeurs de prothèses. Il a acquiescé à la majorité des demandes de l’Office des professions, notamment de modifier le Code de déontologie des médecins simultanément avec l’entrée en vigueur de l’incorporation des médecins, de créer une nouvelle ligne directrice déontologique et de mettre sur pied un programme d’inspection professionnelle. « Le Collège des médecins a fait ses devoirs, nous disait Me Gauvin. On ne peut pas en faire davantage ». L’Office des professions semble maintenant satisfaite du projet de règlement proposé par le Collège des médecins. Le Conseil des ministres pourra l’approuver immédiatement après la recommandation de l’Office des professions. La société professionnelle médicale L’incorporation de votre pratique vous permettra d’être à la tête de votre propre entreprise : la société professionnelle médicale. Une société professionnelle médicale est une entreprise possédée et exploitée par un ou plusieurs membres du Collège des médecins. Ces membres sont actionnaires et propriétaires de la compagnie, que l’on appelle société par actions (SPA) ou société professionnelle (SP). La société professionnelle doit limiter ses activités à l’exercice de la Î 37 36 S A N T É I N C . J U I L L E T / A O Û T 2 0 0 6 J U I L L E T / A O Û T 2 0 0 6 S A N T É I N C . Incorporation médecine, telle que ses actionnaires l’exercent présentement. D’un point de vue plus technique ou légal, l’entreprise n’est pas membre du Collège des médecins et n’a pas le « droit » de pratiquer la médecine; seul le médecin demeure celui qui porte le titre professionnel et qui rend un service médical. À la différence du système de rémunération actuel, le médecin dont la pratique est incorporée n’est pas rémunéré directement par la Régie d’assurance maladie du Québec (RAMQ) : c’est sa SP qui reçoit les honoraires professionnels qu’il a facturés. Le médecin devient un employé salarié de son entreprise. L’organisation de sa facturation n’est cependant aucunement modifiée; seuls ses honoraires sont versés dans un nouveau compte bancaire corporatif. Il faut donc retenir que l’incorporation d’une pratique n’a aucune influence sur l’exercice de la médecine comme telle, les modes de rémunération ou la facturation; il ne s’agit que de la mise sur pied d’une structure légale distincte du médecin, qui lui permet d’économiser de l’impôt. Et pour certains médecins, l’incorporation sera franchement intéressante. Il faut comprendre que le taux d’imposition fédéral et provincial des petites entreprises est inférieur au taux d’imposition personnel. Il est de 22,02 % pour les premiers 300 000 $, par rapport à un taux d’imposition personnel de 48,22 % à partir de 118 285 $. Ainsi, le salaire que vous vous verserez à partir de l’entreprise sera imposé personnellement comme c’est le cas présentement (à hauteur de 48,22 %); cependant, les sommes que vous ne vous verserez pas en salaire seront imposées au taux des petites entreprises. Après impôt corporatif, le solde qui restera dans les coffres de votre entreprise pourra vous servir de différentes façons. C’est grâce à ce solde que l’incorporation est fiscalement intéressante. Exemples Prenons l’exemple de trois médecins : le premier a des revenus de profession de 150 000 $; le second de 250 000 $; le troisième de 350 000 $. Les trois médecins évaluent leurs besoins personnels pour payer les dépenses courantes de 38 S A N T É I N C . J U I L L E T / A O Û T 2 0 0 6 Comparaison des fonds additionnels Professionnel non incorporé 1er médecin Honoraires professionnels Dépenses courantes et impôts Fonds non utilisés Impôts (48,22 %) Fonds nets restants 150 000 $ 100 000 $ 50 000 $ 24 100 $ 25 900 $ Honoraires professionnels Dépenses et salaire du médecin Fonds non distribués Impôts (22,02 %) Fonds nets restants Fonds additionnels dans la SP 150 000 $ 100 000 $ 50 000 $ 11 010 $ 38 990 $ 13 090 $ 2e médecin Honoraires professionnels Dépenses courantes et impôts Fonds non utilisés Impôts (48,22 %) Fonds nets restants 250 000 $ 175 000 $ 75 000 $ 36 150 $ 38 850 $ Honoraires professionnels Dépenses et salaire du médecin Fonds non distribués Impôts (22,02 %) Fonds nets restants Fonds additionnels dans la SP 250 000 $ 175 000 $ 75 000 $ 16 515 $ 58 485 $ 19 635 $ 3e médecin Honoraires professionnels Dépenses courantes et impôts Fonds non utilisés Impôts (48,22 %) Fonds nets restants 350 000 $ 225 000 $ 125 000 $ 60 250 $ 64 750 $ Honoraires professionnels Dépenses et salaire du médecin Fonds non distribués Impôts (22,02 %) Fonds nets restants Fonds additionnels dans la SP 350 000 $ 225 000 $ 125 000 $ 27 525 $ 97 475 $ 32 725 $ Société professionnelle (SP) leur ménage et leur pratique à 100 000 $, 175 000 $ et 225 000 $ respectivement. En tant que salariés de leur propre compagnie, ils se versent des salaires couvrant ces dépenses; ce salaire est imposé à hauteur de 48,22 %. On peut voir que les trois médecins ont des revenus plus importants que ce que leur train de vie nécessite. Si ces médecins ont une pratique incorporée, ils peuvent laisser dans le compte bancaire de la compagnie les sommes excédentaires à leurs besoins courants. Bien qu’elles seront imposées au taux des petites entreprises, ces sommes excédentaires permettront de bénéficier de fonds supplémentaires importants qui pourront croître à l’abri de l’impôt. Trois stratégies d’utilisation des fonds supplémentaires 1. Report d’impôts L’avantage le plus évident et le plus important de l’incorporation de votre pratique est le report d’impôts potentiel. Reprenons l’exemple du second médecin, dont les honoraires profession- nels sont de 250 000 $. Le tableau nous montre qu’il dispose de 19 635 $ supplémentaires qu’il peut maintenant investir au nom de sa compagnie. Tel un compte de placement personnel, il peut s’en servir pour acheter des fonds communs, des actions et obligations, un immeuble à revenus, de l’équipement médical, souscrire une police d’assurance, etc. Son gestionnaire de portefeuille ou conseiller en placement actuel peut d’ailleurs investir ces sommes en son nom. Les sommes supplémentaires à la disposition du médecin dans sa compagnie représente un report d’impôt de 26,2 % (la différence entre le taux d’imposition personnel et le taux d’imposition des petites entreprises). Vous aurez compris que le report d’impôts permettra d’accumuler des sommes importantes, au fil des années, en complémentarité avec vos placements REER actuels. Le médecin peut les investir, avec report d’impôts, durant des années et augmenter son capital disponible pour l’achat d’une maison, pour l’accumu- Incorporation lation d’un capital de retraite, pour voyager, etc. Tout comme un REER, le report d’impôts cesse lorsque l’argent est distribué au médecin. Cependant, il bénéficie d’une souplesse dans sa rémunération, puisque cette distribution peut s’effectuer non seulement sous forme de salaire, mais aussi de dividende (un dividende étant imposé à niveau moindre qu’un salaire). Le médecin peut d’ailleurs à tout moment de sa vie retirer en totalité ou en partie les sommes disponibles dans sa compagnie. La flexibilité est illimitée. 2. Fractionnement de revenus Si le règlement du Collège des médecins le permet, les membres de votre famille et vos enfants pourront être actionnaires de votre société professionnelle, ouvrant la porte à des stratégies de fractionnement de revenus. Le versement de dividendes en faveur de votre conjoint(e) ou de votre enfant majeur permet le versement des sommes supplémentaires à un moindre taux d’imposition, dans la mesure où ces individus ont un faible revenu ou n’en ont pas du tout. En effet, puisque notre système fiscal prévoit une taxation progressive des revenus, leur taux d’imposition sera inférieur au vôtre, qui est maximisé si vos revenus dépassent 118 285 $. Si le règlement ne le permet pas ou si vous préférez ne pas impliquer d’autres individus dans l’actionnariat de votre entreprise, il sera aussi toujours possible pour votre entreprise d’embaucher des membres de votre famille (y compris les enfants mineurs aptes à travailler) et de leur verser un salaire raisonnable pour divers services administratifs et de secrétariat essentiels à la saine gestion de votre entreprise ou pratique. 3. Régime de retraite individuel Dans le même ordre d’idées qu’un régime de retraite collectif, un régime de retraite individuel (RRI) est un régime de retraite à prestations déterminées que votre société professionnelle (« l’employeur ») peut établir en votre faveur, de façon complémentaire à vos placements REER actuels. Le principe d’un RRI est relativement simple : en tant que son 40 S A N T É I N C . J U I L L E T / A O Û T 2 0 0 6 prestataire et bénéficiaire, vous vous engagez, pour une durée déterminée, à y verser annuellement une somme d’argent qui est entièrement déductible de vos revenus personnels et professionnels; cette somme croît à l’abri de l’impôt. À votre retraite, vous pouvez retirer des sommes d’argent de votre RRI; elle seront alors imposées, tout comme un REER. Le détail des sommes maximales que vous pouvez déposer dans votre RRI fait l’objet annuellement de calculs actuariels complexes. Cependant, on sait qu’à un certain âge (plus on se rapproche de la retraite), les cotisations maximales au RRI sont supérieures aux cotisations maximales d’un REER qui s’établissement à 18 000 $ en 2006. Les médecins qui participeront à la deuxième croisière-formation Santé inc., qui aura lieu du 10 au 17 février 2007 dans les Caraïbes, pourront assister à une conférence plus approfondie sur l’incorporation, en plus de bénéficier de consultations individuelles avec un expert en planification financière et incorporation médicale. Ainsi, bien que le RRI ne permette pas autant de flexibilité dans l’entrée et la sortie d’argent que des placements non enregistrés, il peut être nettement plus avantageux pour le médecin qui le constitue. C’est un véhicule financier très intéressant, non disponible pour les travailleurs autonomes qui ne sont pas incorporés. Notez que vous pouvez bénéficier de la stratégie de report d’impôts présentée quelques lignes auparavant, en plus de la mise sur pied d’un RRI, si des sommes non utilisées sont encore à votre disposition. La mise sur pied d’un RRI nécessite assurément les services d’un planificateur financier. Coûts d’une société professionnelle > Coûts de gestion et complexité Les coûts initiaux de la mise sur pied d’une société professionnelle peuvent facilement atteindre entre 4 000 et 6 000 $ en frais juridiques et comptables. Si vous incorporez votre pratique avec d’autres actionnaires, envisagez la signature d’une convention unanime entre actionnaires qui prévoit, notamment, les modalités de séparation en cas de mésentente avec vos associés. De plus, puisque l’entreprise est considérée comme une personne morale distincte de son propriétaire, vous devez tenir à jour des registres comptables distincts dans des comptes bancaires distincts. Vous devez aussi produire des états financiers et une déclaration fiscale pour votre entreprise (en plus de votre déclaration fiscale personnelle). L’entreprise, qui est votre « employeur », doit aussi produire des relevés T-4 à la fin de l’exercice financier et des relevés T-5 pour les dividendes. L’entreprise doit aussi comptabiliser la TPS et la TVQ, qu’elle paye et qu’elle reçoit. Les frais comptables annuels et récurrents seront donc d’un minimum de 2 000 $. > Charges sociales accrues En tant qu’employeur, la société professionnelle doit assumer de nouvelles charges sociales, notamment des frais pour l’assurance emploi, le Fonds de services de santé et le Régime des rentes du Québec (RRQ). Cependant, en tant que travailleur autonome, vous assumez déjà une très grande partie de ces frais; même qu’en tant que salarié, vous verrez diminuer de moitié les charges du RRQ que vous payez personnellement en tant que travailleur autonome. L’augmentation des charges sociales globales (employeur et employé) sera donc marginale par rapport à vos charges actuelles. Procédures et règlements déontologiques > Incorporation C’est le Registraire des entreprises, un organisme sous supervision du ministère du Revenu provincial, qui gère l’incorporation des entreprises du Québec. Moyennant 300 $ et quelques considérations administratives, n’importe qui peut incorporer une entreprise; visitez le www.req.gouv.qc.ca pour la marche à Incorporation suivre. Votre entreprise devra être constituée de manière à ce que le ou les médecins possèdent au minimum 51 % des droits de vote rattachés à leurs actions. Les pharmaciens et vendeurs de prothèses ne pourront participer à l’actionnariat de votre SP. > Documents à remettre au Collège des médecins Chaque médecin qui désire exercer en société devra acquitter des frais de 100 $ auprès du Collège des médecins lors du dépôt de sa déclaration. La déclaration devra notamment contenir les renseignements suivants : le nom ou la dénomination sociale de la société; une autorisation écrite irrévocable donnant droit à la communication et l’obtention de divers documents de la société, notamment les statuts et règlements de la société au sein de laquelle il exerce, la convention unanime des actionnaires, le registre complet et à jour des actions et des administrateurs de la compagnie, etc.; le statut du médecin au sein de la société; une confirmation écrite d’une autorité compétente que le médecin détient pour la société une assurance responsabilité professionnelle supplémentaire; sur demande, il devra aussi fournir au Collège des médecins une confirmation écrite par l’autorité compétente attestant l’existence de la société et son immatriculation. > Obligation de détenir une assurance responsabilité supplémentaire Dans le régime actuel des sociétés par action, la responsabilité des actionnaires est limitée à leur contribution financière, puisque l’entreprise est une entité légale distincte. L’actionnaire n’est normalement responsable ou redevable d’aucune réclamation faite contre l’entreprise, à l’exception notamment des fraudes. Cependant, l’incorporation de votre pratique médicale ne saurait lever votre obligation déontologique d’engager personnellement et pleinement votre responsabilité civile. Le code de déontologie des médecins interdit d’ailleurs à un médecin d’éluder sa responsabilité face à un patient ou de tenter de l’éluder, ou de requérir d’un patient ou d’une personne une renonciation à ces recours en cas de faute professionnelle de sa part. Le médecin incorporé devra donc transmettre au Collège des médecins une preuve que sa société est éligible à l’aide offerte par l’Association canadienne de protection médicale et maintenir cette éligibilité à l’égard de la responsabilité qu’elle peut encourir en raison des fautes ou négligences commises par les médecins dans l’exercice de leur profession au sein de cette société. > Autres obligations déontologiques Le fait de pratiquer via une société professionnelle ne modifie en rien vos obligations déontologiques actuelles. Tel que mentionné auparavant, la société professionnelle n’est qu’une entité légale et n’est pas membre du Collège des médecins. Seul le médecin demeure celui qui porte le titre professionnel, celui qui rend un service médical et celui qui est membre de l’Ordre. Les mêmes obligations envers les patients, le syndic du Collège, la tenue des dossiers, la confidentialité des données et autres, demeureront toujours en vigueur. Les honoraires seront cependant versés à l’entreprise afin que le traitement fiscal propre aux sociétés puissent s’appliquer. Question : L’incorporation des médecins a-t-elle été retardée par le gouvernement de par ses négociations avec les fédérations médicales? Réponse : Ce serait encore une fois très surprenant. Tout d’abord, le ministre responsable de ce dossier est celui de la Justice, contrairement aux négociations avec les fédérations médicales qui sont du ressort du ministre de la Santé. En second lieu, il faut encore une fois comprendre que la loi actuellement en vigueur permet déjà l’incorporation des médecins de même que celle de tous les autres corps professionnels. Il ne saurait être question d’utiliser l’incorporation des médecins comme outil de négociation. Questions et réponses Question : Y a-t-il des avantages à incorporer ma pratique si je me verse la totalité des honoraires en salaire? Réponse : Beaucoup moins. Vous aurez à ce moment la possibilité de contribuer soit dans un REER, soit dans un régime de retraite individuel. Question : Est-il possible que les médecins ne puissent jamais s’incorporer? Réponse : Ce serait très surprenant. La loi 169 (la Loi modifiant le Code des professions et d’autres dispositions législatives concernant l’exercice des activités professionnelles au sein d’une société), adoptée le 21 juin 2001, permet aux 45 ordres professionnels québécois d’autoriser l’incorporation de leurs membres. La loi ne fait aucune distinction entre les différents corps professionnels; les médecins n’ont donc aucun traitement de faveur ou de défaveur et les membres de trois autres corps professionnels québécois peuvent déjà s’incorporer. En conclusion L’incorporation de la pratique médicale sera sans aucun doute l’une des stratégies fiscales et financières les plus importantes et intéressantes à la disposition des médecins, jeunes ou vétérans. À la lumière des exemples présentés dans ce dossier, nous vous encourageons fortement à évaluer avec votre planificateur financier les possibilités de l’appliquer à votre patrimoine. Vous en savez assez pour savoir si vous êtes un candidat potentiel à l’incorporation de votre pratique. En attendant, si vous avez des questions, n’hésitez pas à communiquer avec Julien Martel, par téléphone ou courriel. ⌧ Question : Comment fonctionnera le paiement de mes honoraires par la RAMQ? Réponse : Ce n’est pas encore entièrement défini, mais il semblerait qu’il n’y ait aucun changement dans les processus ou codes de facturation en vigueur actuellement. Les médecins factureront la RAMQ comme ils le font présentement, qui leur versera leurs honoraires. Par Julien Martel Éditeur, Magazine Santé inc. [email protected] Avec la collaboration de : Nicole Gauron-Phavorachith, MBA, Pl. fin., Vice-présidente, planification en placements et retraite, RBC Banque Royale [email protected] Merci à Me Christian Gauvin, directeur et secrétaire adjoint à la Direction des services juridiques du Collège des médecins du Québec, pour sa collaboration à cet article 42 S A N T É I N C . J U I L L E T / A O Û T 2 0 0 6