Vivre debout
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N o v e m b r e 2 0 0 5 Vivre debout Dans cette édition ■ ■ ■ L’appareillage, une opération difficile Amputé à la cuisse, Amadé marche à nouveau Quatre frères myopathes, sources de réconfort www.morija.org N o 2 0 8 Sommaire Editorial: (Re)faire ses premiers pas L’ instant est magique: vous voyez un tout jeune enfant debout, qui hésite, qui avance un pied, puis l’autre… et qui se lance! Quelle étape franchie au seuil de sa vie d’homme. Des pas, il en fera d’autres. Vous le verrez plus tard courir, puis, comme dans un film, construire petit à petit sa vie et son avenir. Mais le film parfois se rompt et survient l’accident, la maladie. L’amputation. «Qui est à chaque fois vécue comme un drame», témoigne notre collaborateur Albert Zongo au Burkina Faso. Car elle touche la personne dans son intégrité physique et bouleverse toute sa manière de vivre. Dans les régions d’Afrique où nous travaillons, les amputations sont bien plus fréquentes que chez nous. En cause, l’extrême pauvreté et l’impossibilité d’accéder aux soins. Dans notre Centre pour Handicapés de Kaya (CHK), les soignants ajustent l’accompagnement psychologique et l’appareillage pour permettre aux personnes touchées de se relever et de retrouver une dignité. Des instants magiques y surviennent alors aussi. Comme lorsque ce jeune garçon marche debout – et non plus plié en deux – pour la première fois de sa vie grâce à sa toute nouvelle prothèse tibiale. Comme lorsque Amadé, 32 ans, amputé au niveau de la cuisse suite à un accident de la route, peut à nouveau se déplacer debout avec fierté grâce à la confection sur mesure d’une prothèse fémorale. Merci de contribuer à relever d’autres personnes handicapées et d’offrir à des enfants de marcher pour la toute première fois, ou à des jeunes d’accomplir de nouveaux premiers pas. Car ces pieds artificiels, ces chevilles, ces tubes en aluminium et ces genoux articulés sont des pièces hors de prix dans ces régions du monde. «Ma vie a été restaurée!» (page 4) Vous vous êtes occupé de mon enfant avec affection (page 5) Des malades qu’on envie (page 8) L’équipe de Morija But: Aide aux plus déshérités d’Afrique, du Sahel en particulier, sans distinction de race ou de religion. Association humanitaire En Reutet 1868 Collombey-le-Grand Tél. 024/472.80.70 Fax 024/472.80.93 E-Mail: [email protected] CCP 19-10365-8 Association sans but lucratif Fondée en 1979 selon les articles 60ss du Code civil Suisse MORIJA FRANCE: Jérôme Prékel La Pierre 74410 St Eustache CCP 13.875-50 W 029, Marseille Les 3 piliers de l’aide sont: • le secours d’urgence • l’amélioration des conditions de vie • les projets de développement L’esprit dans lequel notre aide est apportée prend ses racines dans l’Evangile. Siège social: Collombey-le-Grand Vérificateur des comptes: Fiduciaire: R. Künzlé SA – Monthey Rédaction: Morija Mise en page: Jordi SA, Belp Impression: Jordi SA, Belp Mensuel d’information Prix de l’abonnement: CHF 25.– / € 15.– Abonnement de soutien: CHF 50.– / € 30.– Tout don supplémentaire est le bienvenu. MERCI L’appareillage, une opération difficile A ccidents de la route, du travail, mais aussi chute du haut d’un arbre, brûlures, maladies vasculaires, infections, tumeurs malignes, absence de tout ou d’une partie d’un membre à la naissance: l’amputation a des causes multiples. Les cas recensés par le Centre des Handicapés de Kaya (CHK) au Burkina Faso – qui offre des soins de kinésithérapie et confectionne des appareils orthopédiques – exigent à chaque fois une réponse appropriée avec des budgets dérisoires. «Quel que soit le niveau ou la cause, l’amputation est vécue à chaque fois comme un Amputé congénital, ce jeune garçon a reçu une prothèse tibiale au CHK drame humain», souligne le directeur du centre Albert Zongo. «Elle touche douloureusement le malade dans son intégrité physique, elle bouleverse sa manière de vivre, dans son activité quotidienne, ses études, son métier ou ses loisirs. L’amputation crée un état pathologique contre lequel la rééducation fonctionnelle et l’appareillage orthopédique luttent de façon complémentaire et remportent souvent de grandes victoires, car ils redonnent le goût et la joie de vivre ou de revivre à la personne. En effet, la kinésithérapie prépare le malade en lui fournissant une information réaliste et un soutien moral attentif associant l’entourage. Outre la préparation et l’accompagnement psychologique, la kinésithérapie prépare le moignon pour qu’il s’adapte à la prothèse en renforçant ses muscles. Des retouches chirurgicales sont parfois nécessaires, mais si le moignon est de bonne qualité, le patient est ensuite admis en appareillage pour la prise de mesures. Les techniciens orthopédistes réalisent un moulage du moignon avec des bandes plâtrées. Le fût fait de matériel thermoformable (polypropylène) dans lequel s’emboîtera le moignon, est construit à partir de ce moule qu’on appelle le négatif. Le fût ainsi construit est uni à des éléments variables selon le Moulage d’un moignon pour la fabrication d’une prothèse fémorale niveau d’amputation. Il s’agit d’un pied, d’une cheville et d’un tube en aluminium de longueur variable qui repré- L’amputation est vécue à chaque fois comme un drame humain sente le squelette de la jambe pour les amputés de jambe. Pour les amputés de la cuisse, il faut en plus un genou artificiel et le segment de squelette de la cuisse. Le pied, la cheville, le tube aluminium et le genou sont des pièces artificielles fabriquées dans les pays industrialisés. Leurs coûts sont très élevés et la quasi totalité des patients ne peut honorer les prix de ces pièces (le prix d’une prothèse tibiale est de 75 000 CFA / CHF 187.–, celui d’une prothèse fémorale est de 120 000 CFA / CHF 300.–). De plus, celles-ci sont rares sur le marché local. Nous recevons alors d’Europe des prothèses usagées avec lesquelles nous réalisons de nouvelles prothèses. Mais la quantité de prothèses usagées que nous recevons est insuffisante pour satisfaire la demande. Nous avons ainsi beaucoup de difficultés à appareiller certains patients!» Albert Zongo, directeur du CHK de Kaya au Burkina Faso 3 «Ma vie a été restaurée» A madé est né en 1974 à Rikou, un village du nord du Burkina Faso. Il n’a jamais été à l’école. A l’âge de 20 ans, il est parti chercher du travail dans la capitale, Ouagadougou. Arrivé en ville, il est confronté à la grande difficulté de trouver en emploi. Il est enfin engagé pour tirer une charrette de marchandises au profit de commerçants qui viennent s’approvisionner en ville ou qui se rendent au marché. Très courageux et avec l’aide de son patron, Amadé a réussi à obtenir un permis de conduire en 1998. Il aban- donne alors la charrette pour devenir chauffeur d’un camion de transport de marchandises. Il commence à voyager entre Ouagadougou et la ville de Bamako, au Mali. Amadé n’est toutefois pas au bénéfice d’un contrat écrit entre lui et son nouveau patron, n’est pas déclaré à la caisse de sécurité sociale et n’a pas de salaire précis. C’est dans ces conditions de travail que le 6 décembre 2003 au soir, il charge des marchandises pour Bamako. Avant de partir, il insiste auprès de son patron pour que celui-ci renouvelle le contrat d’assurance du camion déjà échu depuis trois jours. Mais le chef le convainc de partir et Aujourd’hui, Amadé marche à nouveau comme tout le monde … Amadé a retrouvé sa dignité grâce à une prothèse fémorale de renouveler ledit contrat d’assurance à Bobo Dioulasso, à 360 km de Ouagadougou. Bon gré mal gré, Amadé démarre à 8 heures du soir. Vers minuit, dans un virage à environ 215 km de Ouagadougou, le camion entre en collision avec un véhicule remorque. Amadé s’en tire avec une fracture ouverte de la cuisse gauche. Il est transporté au matin dans un hôpital de la capitale. Pour lui sauver la vie, le chirurgien décide une amputation fémorale. Après cette amputation, Amadé est misérable. Il ne peut se déplacer qu’avec des béquilles qui lui font mal aux épaules et commence alors à Arrivé dans un état qu’il jugeait honteux au CHK… utiliser ses mains pour se déplacer. Il est dégoûté de la vie et a honte de ce qu’il est devenu. Il dit aujourd’hui avoir alors préféré mourir plutôt que de vivre ainsi diminué. En mai dernier, Amadé se rend au centre de Kaya pour s’informer de la possibilité de se voir confectionner une prothèse et à quel prix. Il revient au CHK au début du mois de juillet pour une prise en charge et la confection d’une prothèse fémorale. A ce jour, Amadé a sa prothèse et il est très content. «Ma vie a été restaurée», témoigne-til. «Je suis heureux et rends grâce à Dieu». Il peut se promener partout et nul ne sait qu’il porte une jambe artificielle. Il marche à nouveau comme tout le monde. Il remercie Morija d’avoir construit ce centre qui porte secours à de nombreuses personnes en situation de handicap. Albert Zongo Coût du traitement Hospitalisation et soins pour Amadé: Prothèse: Total: CHF 282.50 CHF 525.— CHF 807.50 Sa contribution comme patient salarié: CHF 282.50 «Vous vous êtes occupé de mon enfant avec affection» N é en décembre 1995, Abdoulaye est le troisième enfant d’une fratrie de six. A sa naissance, il ne présentait aucun signe qui pouvait présager le handicap moteur dont il est victime aujourd’hui. C’est à environ dix ou onze mois que l’hydrocéphalie s’est déclarée. Après avoir appliqué des médicaments traditionnels pendant trois jours sans succès et devant l’aggravation de son état, ses parents ont fini par l’amener au dispensaire du village. L’infirmier a Tous les villageois ont été étonnés de le voir debout administré à l’enfant un traitement contre la fièvre et ce qu’il pensait être la cause de la maladie, puis suggéra aux parents de le transférer à Ouagadougou pour des exa- mens médicaux poussés et une meilleure prise en charge médicale ou chirurgicale. Les parents ont refusé cette proposition faute d’argent pour payer les soins et examens complémentaires auxquels ils auraient eu à faire face. Heureusement, l’état d’Abdoulaye s’est stabilisé quelques semaines plus tard, laissant néanmoins un déficit moteur important: l’enfant ne pouvait plus mouvoir ses membres inférieurs et sa tête était très grosse. Il présentait également des troubles du mouvement dans ses membres supérieurs. Rentrés chez eux après cinq semaines passées au dispensaire, les parents d’Abdoulaye continuèrent à chercher ce qui pourrait guérir leur enfant. Plusieurs guérisseurs et charlatans ont alors été consultés sans aucun résultat satisfaisant. Pire: certains d’entre eux prétendirent qu’Abdoulaye était un démon ou un mauvais esprit et qu’il fallait le tuer avant qu’il ne fasse du mal… Après cinq années de vaines recherches, les parents d’Abdoulaye le conduisirent au CHK pour une prise en charge. «Au début, j’ai été fort surprise que vous traitiez mon enfant comme les autres enfants normaux», nous a confié sa mère. «Au village, la plupart des gens le fuient et ne veulent pas le toucher; mais ici, vous le touchez, vous l’aidez, vous l’encouragez et vous lui parlez comme vous le faites avec les autres enfants. Cela m’a redonné de l’affection pour lui et, devant les progrès qu’il fait, je l’ai moi aussi encouragé». Après six mois de traitement au CHK, Abdoulaye marche avec une canne; ses parents sont contents de le ramener au village où tout le monde est étonné de le voir debout. Nous avons rendu visite à Abdoulaye en juin dernier: il revenait des champs situés à plus d’un kilomètre de sa maison. Il ne peut pas y travailler, mais il accompagne ses parents pour ne pas Abdoulaye a réappris à marcher rester seul. Son père voudrait l’inscrire à l’école la rentrée prochaine, bien qu’il ait maintenant 10 ans. Albert Zongo Coût du traitement Ses parents ont été contents de le ramener au village Hospitalisation et soins pour Abdoulaye: Chaussures orthopédiques: Total: CHF 2707.50 CHF 67.50 CHF 2775.— Contribution famille modeste: CHF 91.50 Nos collaborateurs en formation continue Albert Zongo, fiche signalétique Albert Zongo, directeur du CHK… E n septembre 1997, Albert Zongo a été engagé en qualité de masseur kinésithérapeute au Centre pour Handicapés de Kaya après une formation à Dakar, au Sénégal, financée par Morija. A cette fonction s’est ajoutée la fonction de directeur dudit centre depuis juin 1999. Albert Zongo dirige donc depuis plus de cinq ans le CHK. Treize personnes y sont actuellement employées. La mission du CHK, rappelonsle, est de dispenser des soins de kinésithérapie et de produire des appareils orthopédiques pour les malades et les personnes en situation de handicap physique. Au fil de sa pratique, Albert Zongo a senti le besoin de se former en gestion des ressources humaines. Il a obtenu de l’ONG Handicap International Burkina Faso un financement pour sa première année d’étude en vue d’obtenir un Master en Education et Promotion de la Santé. A l’issue de sa formation de deux ans, il pense être en mesure d’accomplir de meilleure façon ses fonctions de cadre directeur. Et souhaite pouvoir: –offrir une prise en charge globale à toute personne en situation de handicap physique, –favoriser la prévention et le dépistage précoce des handicaps, –transformer le centre en un institut, où on entre malade et dont on sort guéri et valide. «Le suivi de cette formation me permettra de mieux gérer le centre dont j’ai la charge», indique-t-il. «Je souhaite aussi après ces deux ans pouvoir partager mes savoirs et savoir-faire avec d’autres collègues n’ayant pas pu s’inscrire à cette école». Christiane Raboud …et sa femme Emilienne Formations en kinésithérapie Le CHK draine un nombre sans cesse croissant de patients chaque année. L’affluence depuis 2002 est telle que le personnel engagé en kinésithérapie (quatre employés) est très souvent débordé. Devant l’impossibilité de trouver un professionnel prêt à être embauché, le CHK a sélectionné un jeune homme, Roger Congo, pour être formé à l’Ecole Nationale des Auxiliaires Médicaux (ENAM) de Lomé, au Togo. La formation dure 3 ans. Roger vient de terminer sa première année de formation. Né en 1976, il pense que la kinésithérapie est «un moyen de libérer et de restaurer les personnes handicapées». «C’est pour cela que je me suis porté candidat au test de recrutement d’un étudiant à former en kinésithérapie», indique-t-il. «J’ai été retenu, je suis très content et je remercie grandement l’association Morija qui finance mes études». Il y a maintenant plus d’une année, le comité de gestion du CHK a en outre proposé à Emilienne Zongo, la femme du directeur du centre de Kaya, de se former comme aide kinésithérapeute. «Je n’en croyais pas mes oreilles! J’étais très heureuse car j’étais animée du désir d’aider ces personnes malades alors que j’entrais souvent dans la salle de rééducation et dans l’atelier d’appareillage pour voir les employés travailler. J’adresse mes très sincères remerciements à l’association Morija qui a accepté de payer ma formation». Emilienne l’a actuellement terminée et travaille à plein temps au CHK. Roger Congo et Emilienne Zongo Etudiant en kinésithérapie, Roger Congo se réjouit de travailler au CHK «Je n’ai plus mal et je marche!» B inta Nione a 29 ans, elle est mariée et a un enfant. Elle est venue de Garango, une localité située à 470 km de Kaya. Binta souffrait d’une plaie chronique au pied droit depuis 8 ans. Mal soignée, cette plaie s’est compliquée en ostéite très douloureuse. Binta ne pouvait plus marcher et s’occuper de son bébé alors âgé de 4 mois. Grâce à la sensibilisation et à l’aide financière d’un organisme communautaire de Garango, elle a accepté de venir à Kaya pour être amputée à l’Hôpital régional et appareillée au CHK. Tout s’est bien passé pour l’amputation et Binta a été admise au CHK. Elle s’y est cependant retrouvée très découragée, malgré la disparition de la douleur. Et effet, comment travailler et s’occuper des tâches ménagères quand on a les deux mains prises par une paire de cannes? Alors qu’on lui faisait encore des pansements en attendant la cicatrisation complète de sa plaie pour entamer la rééducation puis l’appareillage, son moral est remonté un peu à la vue d’autres personnes handicapées. Elle a réalisé qu’elle n’était pas la seule dans son cas. Puis c’est la rééducation en salle de kinésithérapie et les échanges avec d’autres amputés déjà appareillés qui a fait renaître en elle l’espoir Les autres patients ont beaucoup encouragé Binta et la confiance. «Je pourrai marcher», s’est-elle dit. Enfin la prothèse a été posée. Et Binta a fait ses premiers pas! Elle a alors été complètement consolée. «Vous m’avez fait oublier mon handicap; je n’ai plus mal et je marche», a-t- elle confié au personnel soignant. «Je remercie le CHK et l’association Morija de m’avoir redonné espoir et joie de vivre. Que Dieu vous bénisse!» Albert Zongo Le CHK toujours plus sollicité Chaque année, le nombre de patients augmente. En cinq ans, les consultations ont plus que doublé (925 en 2004 contre 458 en 1999). Le nombre de séances en kinésithérapie est passé de 6097, il y a cinq ans, à 10 071 et celui des patients appareillés de 67 à 148. «Ces chiffres témoignent de la bonne qualité des prestations dispensées malgré l’insuffisance de personnel en kinésithérapie et le besoin de perfectionnement des aides techniciens orthopédistes», relève le directeur Albert Zongo. «Le centre est bien fréquenté et nous sommes heureux de contribuer à la lutte contre le handicap physique», ajoute-t-il. Non sans remercier chaque donateur en particulier qui permet l’essor du travail accompli. Parrainez une personne handicapée du centre de Kaya! Avec CHF 100.– / € 66.– par mois et sur un an (voir prospectus ci-joint), vous permettez à un patient du CHK – d’être traité dignement – de recevoir des soins médicaux appropriés – de bénéficier de traitements en kinésithérapie – de recevoir un appareil orthopédique adéquat Nous vous remercions de faire un pas vers eux pour qu’ils puissent en faire à leur tour! Il était une fois quatre frères myopathes… I l y a treize ans, le directeur du CHK découvrait dans un village du nom de Foubé, à 80 km de Kaya, quatre frères atteints de myopathie. Ces enfants, à l’exception du plus jeune nommé Adama, ne pouvaient déjà plus marcher. Ils avaient tous connus un début de croissance normal avant l’apparition des premiers signes de déficit musculaire vers l’âge de trois ans. Très vite, chacun s’est retrouvé incapable de marcher mais aussi affaibli des mains et de tout le corps. Dans de telles situations, le pronostic vital est réservé audelà de 20 ans. Cependant, Oumarou, Rasmané, Karim et Adama, qui ont aujourd’hui respectivement 28, 26, 24 et 22 ans, se portent très bien. Admis et pris en charge au CHK, les frères Zoré ont en outre été alphabétisés en français avec d’autres enfants et adultes en situation de handicap physique pendant six ans. Ils ont tous obtenu le Certificat d’Etudes Elémentaire en juin 2000. Ils ont surmonté leur handicap et s’épanouissent vraiment. Ils réparent actuellement des postes radios, des radios cassettes et de petits appareils électriques. Plusieurs personnes s’étonnent de voir ces garçons heureux et effectuer des réparations d’appareils qu’ils voient quelque fois pour la première fois. Adama le plus jeune est apprenti électromécanicien. Il se rend chaque matin à l’atelier de Les frères Zoré et leur maman, des sources de réconfort pour les patients du CHK son patron à environ 2 km du centre. Leur mère a été engagée depuis bientôt cinq ans comme cuisinière au CHK. Avec son mari, elle ne cesse de rendre grâce à Dieu et de remercier Morija qui a fait de ces jeunes hommes des personnes enviables. Ils sont un réconfort moral pour tous les malades qui arrivent découragés au CHK.