AGNES VARDA pour Le voyage à Nantes 2012

Transcription

AGNES VARDA pour Le voyage à Nantes 2012
AGNES VARDA pour Le voyage à Nantes 2012
DES CHAMBRES EN VILLE ET DES TELEVISEURS
Une boutique de télés dans le Passage Pommeraye évoque le film
de Jacques Demy "Une Chambre en ville " mais les téléviseurs sont pleins
d'images, de gens et de mouvement, c'est de la vie qui passe.
C'est ici même et maintenant.
Plus haut, une chambre est occupée par des squatteurs virtuels
Un lit, un poêle, un caddie de nourriture - besoins basiques mais objets
détournés - contiennent des téléviseurs. Là aussi, les témoignages
de leur réalité nous arrivent par le filtre de ces petits écrans.
Version plus détaillée
DES CHAMBRES EN VILLE ET DES TELEVISEURS
LE MAGASIN DE TELEVISEURS
Dans le Passage Pommeraye, un panneau d'agence immobilière
propose des chambres à louer. Il est posé sur une boutique de télés,
évocation et hommage au film de Jacques Demy "Une Chambre en ville".
Mais en 2012 les téléviseurs sont pleins d'images et de mouvement :
des gens qui passent dans le Passage, des chalands qui passent sur le fleuve
Huang Pu (Shanghai), des acheteurs et des votants (ceux du 6 mai 2012).
Ce sont des morceaux de vie enfermés dans ces petits écrans, y compris le
programme en direct de FR3. On est habitués à ces filtres de la réalité.
Dans l'arrière-boutique un écran mural révèle quelques scènes
du film de Demy tourné dans ce Passage,
C'est du cinéma, de l'opéra, une vie réinventée.
LA CHAMBRE OCCUPEE (PAROLES DE SQUATTEURS)
Et au 2ème étage, on voit un autre type de chambre.
C'est un squatt, une chambre occupée par des sans logis.
Elle est racontée par les objets de leurs besoins de base, un lit,
un poêle, un caddie plein de nourriture,
mais ces objets sont détournés pour servir de support à trois téléviseurs.
Des témoignages filmés et les voix de ceux qui n'ont pas d'autre choix que de
squatter nous arrivent ici, encore filtrés par le médium des écrans de télé.
Un plat de cassoulet bien chaud tourne sans fin dans un four à micro-ondes.
On le voudrait rassurant mais la menace d'expulsion sans préavis
rend invivable cette habitation d'infortune.
Agnès Varda 1er mai 2012
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