La Confédération paysanne veut interdire l`insecticide Regent TS
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La Confédération paysanne veut interdire l`insecticide Regent TS
jeudi 26 février 2004, 19h34 La Confédération paysanne veut interdire l'insecticide Regent TS PARIS (Reuters) - Plusieurs dizaines d'apiculteurs et de membres de la Confédération paysanne ont occupé jeudi après-midi la Direction générale de l'alimentation (DGAL) à Paris pour réclamer l'interdiction immédiate de l'insecticide Régent TS. Le ministère de l'Agriculture a annoncé son intention de porter plainte pour les "dégradations et effractions" commises, selon lui, par les manifestants. Les manifestants, qui jugent insuffisantes les décisions prises par le ministère de l'Agriculture, réclament "l'arrêt définitif de l'utilisation de l'insecticide Régent TS", a déclaré à Reuters le porte-parole de la Confédération paysanne, José Bové. Les apiculteurs, "qui ont vu mourir des millions d'abeilles, ont apporté leurs sacs de couchage et sont prêts à rester le temps nécessaire" dans les locaux de la DGAL, a-t-il ajouté. Le ministre de l'Agriculture Hervé Gaymard a demandé mardi l'interdiction de la commercialisation de six insecticides, dont le régent TS, contenant du Fipronil, une molécule soupçonnée de décimer les abeilles. Il a toutefois autorisé l'usage des stocks existants et les mises en culture pour ce printemps. "Cela veut dire que pour l'année 2004, la situation des apiculteurs sera exactement la même que pour l'an passé puisque les champs seront pollués par cet insecticide", a dit José Bové. "M. Gaymard n'a fait qu'un effet d'annonce". Parmi les manifestants figurent quelques céréaliers et deux députés Verts, Yves Cochet et Martine Billard. Le Régent TS est commercialisé depuis mars 2003 par la société BASF Agro. jeudi 26 février 2004, 20h31 José Bové et Gilles Lemaire interpellés à Paris PARIS (AFP) - Le leader de la Confédération paysanne José Bové et le secrétaire national des Verts Gilles Lemaire ont été interpellés jeudi à Paris après l'occupation des locaux de la Direction générale de l'alimentation (DGAL), a-t-on appris de source policière.Selon le porte-parole nationale de la confédération paysanne Nicolas Duntze, MM. Bové, Lemaire, et une trentaine de manifestants ont été conduits au commissariat central du XVe arrondissement. Les CRS étaient intervenus jeudi vers 17H30 pour mettre fin à l'occupation par des militants de la Confédération Paysanne des locaux de la Direction générale de l'alimentation (DGAL). "Il n'y a eu ni effraction ni violence de la part des manifestants", a déclaré M. Duntze, affirmant que des vitres avaient été brisées par "des coups de matraque des policiers". Le syndicat entendait protester par cette action contre la décision du ministre de l'Agriculture d'autoriser l'utilisation des stocks de semences traitées au fipronil, produit accusé de décimer les abeilles. Le ministère de l'Agriculture a décidé de porter plainte contre les militants de la Confédération Paysanne qui se sont introduits "de force" dans les locaux, a-t-il annoncé jeudi dans un communiqué. jeudi 26 février 2004, 20h37 Régent: la Confédération paysanne occupe un temps un service du ministère de l'Agriculture PARIS (AP) - La Confédération paysanne a occupé jeudi après-midi la Direction générale de l'alimentation (DGAL) à Paris pour exiger l'interdiction immédiate de l'utilisation des insecticides à base de fipronil, dont la vente est prohibée mais dont les stocks peuvent encore être écoulés. Les militants, parmi lesquels figurait José Bové, ont ensuite été évacués en fin d'après-midi par les forces de l'ordre. "Nous sommes une cinquantaine à occuper le bureau du directeur" général de l'alimentation, a déclaré à l'Associated Press Brigitte Allain, porte-parole de la Confédération paysanne. "On est quelques-uns à s'être enchaînés". Les militants qui avaient investi la DGAL à 14h ont téléphoné au cabinet du ministre de l'Agriculture Hervé Gaymard pour faire part de leurs revendications. "On demande qu'il annonce clairement l'interdiction de semer du tournesol traité au Régent et l'interdiction de toute semence traitée au Gaucho", a indiqué Brigitte Allain. "Le simple fait de le suspendre reconnaît qu'il est dangereux, mais le ministre dit qu'on peut semer ce qui est dans les stocks. On demande l'arrêt pur et simple de la mise en culture", a-t-elle ajouté. Les CRS sont intervenus à 17h30, ont coupé les chaînes des militants qui s'étaient attachés et ont interpellé une trentaine de personnes dont José Bové, a précisé jeudi soir Brigitte Allain, jointe au téléphone depuis un fourgon de CRS. Dans un communiqué de presse, le ministère de l'Agriculture a annoncé qu'il avait décidé de porter plainte contre les auteurs des "dégradations et effractions constatées au moment du départ" des manifestants du bureau du directeur général de l'alimentation. "On n'a rien dégradé", a assuré la porte-parole de la Confédération paysanne. "S'il y a eu dégradation et effraction, c'est le fait de la police qui a cassé une vitre pour nous faire sortir. Ils ont poussé fortement la porte". La Confédération paysanne exige dans un communiqué "la libération immédiate de ses militants, ainsi que celle de Gilles Lemaire, secrétaire nationale des Verts, interpellé" avec José Bové et Brigitte Allain. M. Gaymard avait décidé lundi soir de suspendre la vente et l'utilisation des insecticides agricoles à base de fipronil, une molécule accusée de tuer les abeilles. Mais il avait aussi autorisé les agriculteurs à utiliser pour les semis de printemps les semences déjà enrobées d'insecticide dont ils disposent. Le directeur général de l'alimentation Thierry Klinger était absent lorsque les militants ont investi son bureau et y ont installé deux ruches habitées, a rapporté Brigitte Allain. L'UFC-Que Choisir ne se satisfait pas non plus de la simple suspension de commercialisation du Régent. L'association de consommateurs demande son interdiction immédiate et définitive, celle du Gaucho également et l'interdiction d'utiliser les stocks de semences déjà enrobées par ces produits. Dans un communiqué diffusé jeudi, elle rappelle qu'elle "dénonce depuis 1998 les dangers de ces pesticides pour l'équilibre des écosystèmes et les risques pour la santé de l'homme". Comme la Confédération paysanne, l'UFCQue Choisir fustige les procédures d'homologation actuelles. Elle exige que cette tâche soit confiée à une "agence indépendante". Les insecticides à base de fipronil sont interdits en France jusqu'à ce que l'Autorité européenne de sécurité des aliments (AESA) prenne position d'ici la fin 2005. Le fipronil est accusé de provoquer la mort des abeilles, mais les conclusions des rapports scientifiques divergent sur ses conséquences sur la santé humaine. AP cb/com/mw José Bové, porte-parole de la Confédération paysanne, a été interpellé jeudi puis relâché après avoir occupé la Direction générale de l'alimentation (DGAL), à Paris, pour demander l'interdiction totale des insecticides à base de fipronil accusés de décimer les abeilles. • Jean Ayissi (AFP - jeudi 26 février 2004, 23h06 jeudi 26 février 2004, 23h06 Insecticide Fipronil: occupation de la DGAL, Bové interpellé puis relâché PARIS (AFP) - José Bové, porte-parole de la Confédération paysanne, a été interpellé jeudi puis relâché après avoir occupé la Direction générale de l'alimentation (DGAL), à Paris, pour demander l'interdiction totale des insecticides à base de fipronil accusés de décimer les abeilles. José Bové est ressorti jeudi soir du commissariat du XVe arrondissement après près de trois heures de garde à vue, a-t-on appris de source policière. Le secrétaire national des Verts, Gilles Lemaire, interpellé en même temps, est sorti un peu plus tard, selon cette même source. Le ministère de l'Agriculture a annoncé qu'il portait plainte pour les dégradations causées dans les locaux de la DGAL - une direction du ministère - située rue de Vaugirard, dans le XVe arrondissement. En début d'après-midi, munis de trois ruches, les militants s'étaient introduits, avec deux députés Verts de Paris, Yves Cochet et Martine Billard, ainsi que Gilles Lemaire, dans le bureau du directeur de la DGAL, Thierry Klinger, absent au moment des faits. Ils entendaient protester contre la décision du ministre de l'Agriculture Hervé Gaymard d'autoriser l'utilisation des stocks de semences traitées au fipronil, pour les semis de printemps. Les militants de la Confédération paysanne, essentiellement des apiculteurs, ses deux porte-parole, José Bové et Brigitte Allain, ainsi que M. Lemaire, ont été délogés par les CRS vers 17H30, alors que M. Cochet avait déjà quitté les lieux. Mme Billard n'a pas été inquiétée. Le ministère de l'Agriculture a décidé de porter plainte contre les militants qui se sont introduits "de force" et ont "dégradé" les locaux, selon lui. Le ministère "porte plainte contre tous les auteurs des dégradations, la justice fera son travail", a précisé un porteparole du ministère. Hervé Gaymard a annoncé lundi la suspension de la vente des insecticides à base de fipronil, en premier lieu le Régent du groupe BASF, tout en autorisant les agriculteurs à utiliser les stocks de semences déjà traitées pour les semis de printemps. "La revendication des apiculteurs et de la Confédération Paysanne est très claire: l'arrêt définitif de l'utilisation du Régent et pas simplement la suspension de sa commercialisation", avait déclaré dans l'après-midi José Bové. "Le ministre doit prendre une décision ferme et définitive d'arrêt de l'utilisation du Régent, c'est-à-dire demander le retour dans les entreprises de toutes les semences qui ont été traitées avec du Régent", a-t-il ajouté. "Nous avons trouvé un document émanant du ministère indiquant que le retrait des stocks de semences déjà traitées pour les semis de printemps coûterait beaucoup plus cher que les indemnisations versées en cas de problèmes découlant de l'utilisation de ces produits", a affirmé à l'AFP Brigitte Allain. Martine Billard a justifié l'occupation de la DGAL par la nécessité de "prendre ses responsabilités. C'est tellement scandaleux de faire semblant de prendre une décision et en fait de ne pas vraiment décider: quand le ministre ne prend pas ses responsabilités, heureusement que des citoyens prennent les leurs", a-t-elle déclaré. Elle a affirmé que les parlementaires étaient venus "en protection": "la répression est dure et s'il y a des parlementaires, ils n'osent pas taper". Le syndicat agricole avait obtenu le soutien de Greenpeace-France, pour qui "la décision du ministère (...) est incohérente et fait fi du principe de précaution". José Bové et Gilles Lemaire interpellés après avoir occupé la Direction générale de l'alimentation LEMONDE.FR | 27.02.04 | 09h22 Le porte-parole de la Confédération paysanne et le secrétaire national des Verts protestaient contre la décision du ministère de l'agriculture de ne pas interdire immédiatement l'insecticide Régent TS. José Bové, porte-parole de la Confédération paysanne et le secrétaire national des Verts, Gilles Lemaire, ont été interpellés jeudi 26 février puis relâchés après avoir occupé la Direction générale de l'alimentation (DGAL) à Paris, pour demander l'interdiction totale des insecticides à base de Fipronil accusés de décimer les abeilles. José Bové est ressorti jeudi soir du commissariat du XVe arrondissement après près de trois heures de garde à vue, a-t-on appris de source policière. Le secrétaire national des Verts, Gilles Lemaire, interpellé en même temps, est sorti un peu plus tard, selon cette même source. Les militants de la Confédération paysanne, essentiellement des apiculteurs, ses deux porte-parole, José Bové et Brigitte Allain, ainsi que M. Lemaire, ont été délogés par les CRS vers 17 h 30, alors que M. Cochet avait déjà quitté les lieux. Mme Billard n'a pas été inquiétée. "Ils sont montés dans les bureaux, dont ils ont cassé les vitres, et ont interpellé tous les militants, dont Bové et Lemaire, a raconté un militant. Ceux-ci ont été ensuite transférés à bord de fourgons, parfois brutalement, au commissariat de l'arrondissement et interrogés." Le ministère de l'agriculture a annoncé qu'il portait plainte pour les dégradations causées selon lui dans les locaux de la DGAL - une direction du ministère - située rue de Vaugirard, dans le XVe arrondissement. CONTRE LA DÉCISION D'HERVÉ GAYMARD En début d'après-midi, munis de trois ruches, les militants s'étaient introduits, avec deux députés Verts de Paris, Yves Cochet et Martine Billard, ainsi que Gilles Lemaire, dans le bureau du directeur de la DGAL, Thierry Klinger, absent au moment des faits. Ils entendaient protester contre la décision du ministre de l'agriculture, Hervé Gaymard, d'autoriser l'utilisation des stocks de semences traitées au Fipronil, pour les semis de printemps. Hervé Gaymard a annoncé lundi la suspension de la vente des insecticides à base de Fipronil, en premier lieu le Régent, du groupe BASF, tout en autorisant les agriculteurs à utiliser les stocks de semences déjà traitées pour les semis de printemps. "Cela veut dire que, pour l'année 2004, la situation des apiculteurs sera exactement la même que pour l'an passé puisque les champs seront pollués par cet insecticide, a dit José Bové. M. Gaymard n'a fait qu'un effet d'annonce." "La revendication des apiculteurs et de la Confédération paysanne est très claire : l'arrêt définitif de l'utilisation du Régent et pas simplement la suspension de sa commercialisation", avait déclaré dans l'après-midi José Bové. "Le ministre doit prendre une décision ferme et définitive d'arrêt de l'utilisation du Régent, c'est-à-dire demander le retour dans les entreprises de toutes les semences qui ont été traitées avec du Régent", a-t-il ajouté. "Nous avons trouvé un document émanant du ministère indiquant que le retrait des stocks de semences déjà traitées pour les semis de printemps coûterait beaucoup plus cher que les indemnisations versées en cas de problèmes découlant de l'utilisation de ces produits", a affirmé Brigitte Allain. Martine Billard a justifié l'occupation de la DGAL par la nécessité de "prendre ses responsabilités. C'est tellement scandaleux de faire semblant de prendre une décision et en fait de ne pas vraiment décider : quand le ministre ne prend pas ses responsabilités, heureusement que des citoyens prennent les leurs", a-t-elle déclaré. Elle a affirmé que les parlementaires étaient venus "en protection" : "La répression est dure et s'il y a des parlementaires, ils n'osent pas taper." Avec AFP et Reuters Insecticides : les notes confidentielles du ministère révélées par José Bové LE MONDE | 27.02.04 | 14h10 Des militants de la Confédération paysanne ont découvert, lors d'une occupation mouvementée, jeudi 26 février, du ministère de l'agriculture, un dossier sur le Régent, soupçonné de tuer les abeilles. Pour le syndicaliste, "les considérations financières l'ont emporté sur les impératifs sanitaires". L'initiative voulait marquer les esprits. Des manifestants de la Confédération paysanne ont investi, jeudi 26 février, à 14 h 30, le bureau du directeur général de l'alimentation, au ministère de l'agriculture, à Paris. Ils entendaient protester contre la décision du ministre, Hervé Gaymard, d'autoriser les agriculteurs et les semenciers à écouler en 2004 leurs stocks de Régent, un enrobage pesticide dont la molécule active, le fipronil, est soupçonnée de tuer les abeilles. José Bové, porte-parole du syndicat paysan, a participé à l'occupation. Le préfet Thierry Klinger, directeur général de l'alimentation, n'était pas dans son bureau au moment de l'intrusion : il finissait de déjeuner dans le bistrot d'en face. M. Klinger a alors proposé aux manifestants d'ouvrir une discussion dans une salle adjacente mais s'est vu opposer un refus : les protestataires ne souhaitaient parler qu'au ministre ou à un de ses conseillers. "Ce sont des mœurs qui n'ont rien à voir avec la légalité française,a affirmé M. Klinger, bloqué dans le hall. Je ne comprends pas ces gens qui bravent la loi pour réclamer la légalité." Sur le fond du dossier, le directeur général de l'alimentation a expliqué : "Les apiculteurs disent : "le Régent, le Régent, le Régent" comme, dans Molière, les médecins disent : "le poumon, le poumon, le poumon". Ils refusent d'admettre que d'autres problèmes existent qui peuvent expliquer les mortalités d'abeilles." Dans le bureau du directeur, au sixième étage de la rue de Vaugirard (15e arrondissement) se trouvaient une bonne trentaine de manifestants. Des apiculteurs de la Confédération paysanne "Des intermittents de l'apiculture plutôt, plaisantait l'un d'eux. Un jour, tu as des ruches, un jour tu n'en as plus" - mais également des éleveurs et des céréaliers solidaires, venus de différentes régions. Participaient également à l'opération deux députés (Verts) de Paris, Yves Cochet, ancien ministre de l'environnement, et Martine Billard. Gilles Lemaire, secrétaire général du parti écologiste, était également du nombre. SACS DE COUCHAGE Plusieurs personnes avaient amené des sacs de couchage, prêts à supporter un siège. "Nous ne quitterons pas ce bureau tant que le ministre ne reviendra pas sur sa décision", affirmaient-ils. Sur les bureaux trônaient trois ruches transportées depuis les Yvelines. Etaient également posé un répulsif pour fourmis et un sac de semences de maïs traités au Régent. "On ne peut pas bâtir une agriculture qui provoque la disparition d'une partie des siens. Or c'est exactement ce que provoque le Régent avec les apiculteurs, explique Jean-Jacques Bailly, céréalier en Haute-Marne. On met les agriculteurs dans la position d'être demain dénoncés comme pollueurs et assassins. On est en train de se faire hara-kiri." "Moi, je fais du tournesol et je n'utilise pas de Régent, affirme Francis Huchot, céréalier dans l'Yonne. Il y a d'autres solutions qui permettent d'obtenir des rendements égaux. Ces produits-là bénéficient plus aux firmes qui les produisent qu'aux agriculteurs." Les syndicalistes ont trouvé - "sur le bureau" du directeur, affirme José Bové - un dossier sur le Régent, contenant plusieurs documents confidentiels. Une lecture à haute voix en a été faite dans un brouhaha de réprobation et des photocopies ont commencé à circuler. José Bové, avec un verre de marcillac, a attendu vainement un appel du ministre. PHOTOCOPIES A 16 h 57, une cinquantaine de CRS ont donné l'assaut. Ils ont d'abord essayé d'entrer par la porte, contre laquelle s'étaient arcboutés les militants de la Confédération paysanne. A 17 h 10, deux CRS postés sur la terrasse ont brisé une des baies vitrées, projetant des éclats de verre dans toute la pièce. L'irruption des forces de l'ordre a mis fin à l'épreuve de force. Les manifestants, une quarantaine, se sont assis et n'ont plus opposé qu'une résistance passive. Au chahut a succédé un grand silence seulement perturbé par le bruit du verre broyé sous les pas. Quelques abeilles échappées des ruches et engourdies ont été écrasées. Sans brutalité, les forces de l'ordre ont transporté un à un les protestataires. José Bové s'était enchaîné au bureau, il a fallu le dégager avec une pince coupante avant de l'emmener. A 17 h 26, l'évacuation était achevée. Le dernier à quitter le bureau, le journaliste du Monde, a pu constater le désordre occasionné tant par les manifestants que par l'intervention de la force publique. Il a pu s'assurer à cette occasion que le coffre-fort était fermé. Des officiers de police judiciaire et M. Klinger se sont alors isolés dans le bureau afin de procéder au constat, tandis que les manifestants étaient évacués. Cinq minutes plus tard, ils sont sortis en déclarant : "Il y a eu effraction et vol, la police judiciaire est saisie." Il a été affirmé que la porte du coffre-fort avait été retrouvée entrebâillée. Tandis que les manifestants étaient conduits dans deux fourgons, les journalistes étaient retenus dans le hall. Ils ont subi une palpation, opérée avec civilité sur le journaliste du Monde par les matricules 463 318 et 484 559, qui ne dénichèrent rien. Des photocopies ont en revanche été retrouvées sur deux confrères. Des journalistes ont alors été conduits au commissariat du 15e arrondissement, tout proche. Ils y ont été entendus comme témoins, de manière brève et courtoise, par un agent de police judiciaire. Ils ont pu quitter les locaux de la police vers 21 h 30, retrouvant sur le trottoir les manifestants qui avaient été également relâchés. "J'ai déclaré au commissaire divisionnaire qui m'interrogeait que je n'avais rien à déclarer", affirmait José Bové, qui devait s'envoler pour Bamako (Mali) vendredi. Il a pris acte de la plainte pour dégradation, annoncée par le ministère de l'agriculture. Avant d'allumer sa pipe et de lancer à la cantonade : "Bon, où est-ce qu'on peut boire un coup maintenant ?" Benoît Hopquin • ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 28.02.04 Terre Descente en piqué des apiculteurs Emmenés par José Bové, des manifestants ont envahi la Direction de l'alimentation pour exiger l'interdiction immédiate du Fipronil. Par Alexandra FEYTIS vendredi 27 février 2004 l était 14 heures hier lorsqu'une quarantaine de manifestants, apiculteurs, agriculteurs céréaliers et autres membres de la Confédération paysanne se sont retrouvés sur le pied de guerre, devant le bâtiment de la Direction générale de l'alimentation (DGAL), rue d'Alleray à Paris. A leur tête, José Bové, porte-parole de la Confédération, mène efficacement la délégation, accompagné d'Yves Cochet et Martine Billard, députés Verts, et de Gilles Lemaire, secrétaire national du parti. La tension est forte et les manifestants, déterminés. Chargés de sacs de pesticides et de trois ruches d'abeilles, ils montent au sixième étage du bâtiment, et investissent d'autorité les bureaux de Thierry Klinger, directeur de la DGAL. A peine arrivé, José Bové s'installe au bureau de Thierry Klinger, mystérieusement absent ce jour-là. Entouré d'apiculteurs en tenue, enchaînés aux meubles, Bové entame sa conférence de presse. Son inévitable pipe vissée au coin des lèvres. Sacs de couchage. Face aux nombreux journalistes présents, il fustige la «moitié de mesure» prise par le ministre de l'Agriculture, Hervé Gaymard. «Nous nous installons jusqu'à nouvel ordre dans les bureaux de la DGAL afin d'exiger l'interdiction immédiate de tout usage du fipronil ainsi que le retrait des semences traitées et la remise à plat des procédures d'homologation, annonce-til. Si Hervé Gaymard reste sur ses positions, 2004 sera une année de cauchemar pour les apiculteurs. Nous sommes donc décidés à rester le temps qu'il faudra pour que le ministre assume ses responsabilités.» Sacs de couchage, nougat et bouteilles de vin : les membres de la Confédération paysanne sont équipés pour tenir un siège. «Plusieurs jours» si nécessaire. Chez les Verts, l'attitude est plus modérée. Yves Cochet n'a pas apporté son sac de couchage, pour cause de «meeting à Lyon». Mais il espère tout de même «gagner cette bagarre et obtenir une réglementation» à l'échelle européenne. Martine Billard, députée de Paris, fulmine : «Il est scandaleux de faire semblant de prendre une décision.» De nombreux agriculteurs céréaliers, membres de la Confédération, sont présents sur les lieux afin de témoigner des dégâts infligés par des pesticides tels que le Régent ou le Gaucho et apporter leur soutien aux apiculteurs. «Nous sommes scandalisés par le fait qu'un produit aussi toxique que le Régent soit commercialisé sans autorisation réelle», explique François Servel, apiculteur en Ariège. Un fait d'autant plus choquant que, selon certains agriculteurs céréaliers présents, «il existe de nombreuses alternatives» à l'utilisation de ces pesticides. Issues bloquées. Tout au long de l'après-midi, José Bové essaie de joindre le ministère de l'Agriculture. Mais ses tentatives restent sans réponse. Confiants, les manifestants attendent patiemment un appel du ministre ou de son chef de cabinet. Pendant ce temps, les forces de police s'amoncellent au pied du bâtiment et bloquent toutes les issues. Plus personne ne peut rentrer ou sortir jusqu'à nouvel ordre. Les autorités n'ont d'ailleurs pas lésiné sur les moyens. Trois cars de CRS et plus d'une dizaine de camions de police sont alignés sur le trottoir. Ils attendent les instructions, qui ne tardent pas à arriver. Vers 17 h 30, le coup d'envoi est donné. Les CRS bloquent le sixième étage et font une entrée fracassante dans les bureaux de la DGAL. La vitre du balcon vole en éclats et ouvre le passage aux forces de police. Toutes les personnes présentes dans la pièce sont alors évacuées du bureau, de gré ou de force, selon un photographe encore sur les lieux. L'interpellation est sauvage et se fait sans aucune distinction. Tous les acteurs du drame sont logés à la même enseigne : José Bové, Gilles Lemaire et les journalistes sur place sont énergiquement embarqués au commissariat. Seuls les députés Verts échappent à cette opération, protégés par leur statut de parlementaires. Les personnes interpellées sont ensuite réparties dans des bus grillagés par «manque de place» au commissariat du XVe. Puis fouillées par la police judiciaire qui cherche un mystérieux document disparu. Le ministère de l'Agriculture a annoncé qu'il portait plainte pour les dégradations causées dans les locaux de la DGAL. © Libération